- Si tu es sûre de ton coup, alors je te fais confiance, assura la profiler.
Ce n'était qu'en avançant qu'elle pourrait connaitre le fin mot de cette histoire et, en bonus, le pourquoi du comment ces types avaient changé de ville. La journée promettait d'être intense, et d'autant plus qu'elle s'était transformée en leçon de tir sans qu'Anya n'ait rien vu venir.
La jeune femme n'était pas très à l'aise avec cette idée - ce qui pourrait sembler cocasse pour une employée de la police de Storybrooke - car elle n'avait pas imaginé faire aussitôt autre chose que des profils de suspect. Ses yeux bleus observèrent longuement et intensément la boîte à gants qui renfermait la seconde arme de Carrie. Anya essayait de s'imaginer. Elle savait que les armes à feu ne se déclenchaient pas tant qu'on les maniait avec prudence et c'était justement ce qu'elle ferait. Elle se rappelait aussi de sa mission en Russie qu avait été au moins tout aussi dangereuse - sans compter toutes les fois où la magie avait attenté à sa vie.
Au fond, une arme à feu n'était pas plus dangereuse qu'un sort de Raspoutine.
Anya se ressaisit et ouvrit précipitamment la boite à gants pour attraper l'arme de secours de Carrie. Quand elle se tourna vers elle, la policière camouflait son insigne. Anastasia opina. Anya observa rapidement les alentours puis renchérit :
- Je suis presque sûre que les flics n'aiment pas ce quartier non plus.
Elle, en tout cas, n'avait pas envie de s'y établir indéfiniment. Portant, elle sortait tout aussi rapidement de la voiture de Carrie que cette dernière et la suivit avec la même détermination dans la ruelle déserte où, apparemment, elle allait la former à l'art délicat du maniement des armes à feu.
Anastasia l'observa pendant qu'elle disposait les bouteilles qui feraient office de cible. Elle tenait son arme dans la main gauche et l'observait avec attention, comme pour en apprendre chaque détail. Le baril. La gâchette. Le cran de sécurité qu'il fallait d'abord enclencher.
C'était comme dans les films, sauf que c'était pour du vrai.
Anya avait récupéré des balles à blanc pour l'exercice. Elle attendit que sa collègue se poste à ses côtés avant de lever l'arme et de fermer l'œil gauche pour mieux viser et attendit de se sentir prête pour tirer sur la bouteille de gauche.
La déflagration fit sursauta Anya qui loupa son tir. Elle observa les alentours, se demandant si quelqu'un allait venir, mais ce ne fut pas le cas. Le jeune femme rajusta son tir pour viser la seconde bouteille qu'elle frôla. La rouquine réitéra l'ajustement et fut en mesure de pulvériser les deux dernières bouteilles.
Alors seulement elle se tourna vers Carrie qui, elle le savait, n'avait rien manqué de l'exercice.
- J'espère que ce quartier est habitué aux coups de feu à tort et à travers, sinon on est cuites, déclara la rouquine, factuelle.
Elle ouvrit le réservoir de son arme et observa les deux dernières balles à blanc qu'il contenait.
- Il m'en reste deux si tu veux encore m'apprendre quelque chose, fit-elle savoir.

Anastasia pensait que l'entrainement était terminé et qu'elles allaient reprendre l'enquête mais elle fut bien vite détrompée quand Carrie sortit une cible du coffre de sa voiture. La jeune profiler sentit sa mâchoire tomber et lutta pour ne pas paraitre totalement ahurie. Depuis quand les flics se baladaient avec un truc pareil dans leur coffre ? Même si la présence de la cible tombait à pic, cela restait tout de même surprenant - contrairement au fait que l'entrainement continue. Ca, c'était plutôt une bonne chose, car ce n'était sans doute pas en quatre tirs qu'Anastasia allait devenir une experte - ni en six, très certainement d'ailleurs.
Mais il faudrait sans doute faire avec et croire en sa bonne étoile. Les deux femmes n'avaient pas quinze jours de formation devant elles, surtout pas dans un quartier aussi mal fréquenté.
Anya laissa cette idée de côté pour se concentrer sur la cible que Carrie avait installée de l'autre côté du passage et effectuer l'exercice. Viser le milieu. Ca ne pouvait pas être si compliqué, si ?
La jeune femme se concentra et tira une balle. Le résultat ne fut pas aussi parfait que celui de Carrie, qui avait des années d'expérience couplées à un sang froid à toutes épreuves quand il s'agissait de manier une arme mais Anya n'était pas mécontente de son résultat. De toute façon, si d'aventure elle était amenée à utiliser son arme, elle ne pouvait s'imaginer en train de viser la tête ou le cœur. Tuer, selon elle, ne devait qu'être l'ultime option.
Malheureusement, ce n'était pas l'avis des méchants en général.
Anya n'était pas certaine d'avoir compris ce qui s'était passé. Tout ce qu'elle savait, c'était que Carrie l'avait poussée pour la protéger d'un danger qu'elle n'avait pas vu venir - mais qu'elle avait entendu quand le coup était parti d'un autre pistolet que le sien.
A présent, les deux femmes étaient cachées derrière une poubelle malodorante qui avait au moins le mérite de les couvrir et de permettre la mise en place d'une stratégie. Anya n'hésita pas quand Carrie lui tendit un chargeur, cette fois rempli à balles réelles.
La jeune femme admirait Carrie pour son courage et son sang froid. Elle n'hésita pas à sortir de leur cachette pour abattre leur assaillant puis partir s'assurer que le périmètre était sécurisé. Anya, elle, se sentait presque lâche à rester cachée. Elle savait cependant que c'était ce qu'il y avait de plus prudent à faire pour le moment. Et cette décision s'avéra d'autant plus pertinente quand Carrie fut prise à revers. Elle se retrouva K.O. en moins de deux, sans doute parce que les coups dans le dos était la seule chose que son super esprit ne voyait pas. Et si Anya avait été avec elle, elles auraient été deux à se faire assommer.
Anastasia s'adossa au mur de briques derrière la poubelle pour réfléchir. Six balles, une ville inconnue, pas de permis de conduire et une collègue piégée. Ca ne s'annonçait pas bien et la situation empira bientôt quand la Veuve Noire imposa son ultimatum. D'accord. Anya ferma les yeux et tenta de faire le vide. Elle avait entendu la voiture démarrer juste après ce court échange et se savait seule, en sécurité, pour ainsi dire. Les conditions n'étaient pas idéales pour réfléchir mais au moins sa vie n'était pas en danger immédiat, ce qui lui enlevait un poids certain.
Concentre-toi Anastasia, s'intima-t-elle mentalement. Quelles sont tes options ? Interroger les témoins ? Trop long, Carrie n'aurait aucune chance. Etablir un profil complet ? On sait déjà qu'elle est très confiante et semble en vouloir personnellement à Carrie - peut-être la raison pour laquelle elle ne m'a rien fait ? Elle aurait eu l'opportunité, on est littéralement dans une impasse. Il me faudrait les souvenirs de Carrie pour compléter le profil et consulter les dossiers sur la Veuve Noire pour établir un périmètre.
La jeune femme fit tourner son arme songeuse entre ses doigts avant de finalement la ranger dans sa poche où sa main frôla son téléphone.
Il faudrait plus qu'un téléphone, songea encore la jeune femme tandis qu'une idée naissait dans son esprit.
Sans perdre de temps, la rouquine fourragea dans son sac à main pour en sortir de drôles de lunettes qu'elle emportait partout avec elle, des fois que. Eh bien pour une fois elles allaient servir. Overwatch n'avait pas totalement pris sa retraite, elle avait seulement changé d'intitulé de poste.
La jeune femme enfila rapidement ses lunettes et regarda son téléphone portable. A présent, elle disposait de l'ordinateur dont elle avait besoin et du numéro de téléphone de Carrie. Avec ça, la profiler était à peu près certaine de pouvoir faire quelque chose, sauf si sa collègue l'avait éteint. Il fallait espérer que nom.
- Overwatch, géolocaliser le téléphone portable de Carrie Wells, demanda la jeune femme.
L'instant d'après, le logiciel dernier cri affichait devant ses yeux les mouvements du téléphone et de la voiture qui les transportait, lui et Carrie. Anastasia se hâta de retrouver une artère passante et réquisitionna un taxi en montrant sa plaque.
- Sympa les lunettes, nota le chauffeur.
En effet, Anastasia les avait toujours sur le nez et n'avait pas manqué de noter les regards interloqués qu'on lui avait lancé. Elle ne répondit pas à sa remarque, se contentant de demander au taxi de suivre les indications qu'elle allait lui transmettre au fur et à mesure sans faire obstruction à son enquête. Il s'exécuta.

Une bonne demi-heure plus tard, le taxi s'arrêtait près des docks et plus précisément aux abords d'une usine désaffectée et donc désertée. Le chauffeur de taxi demanda à Anya si elle était sûre de son coup et ne la retint pas quand elle paya plus que généreusement la course. Prudemment, la jeune femme s'aventura vers l'endroit que lui indiquait le signal de ses lunettes. Elle examina les lieux, à la recherche d'une entrée qu'elle ne trouva pas, alors Anya s'en remit au logiciel. Il lui indiqua une porte de service dissimulée qui paraissait un point d'accès sûr. La profiler s'en remit à la technologie. Quelques instants plus tard, elle apercevait Carrie dans un piteux état. Comme la jeune femme semblait seule - ce qu'Anya trouvait stupide de la part de ses ravisseurs - elle avait une opportunité qu'elle devait saisir dès à présent. Alors la rouquine n'hésita pas. Elle se saisit d'un vieil outil et, arrivant par l'arrière de Carrie, sectionna rapidement ses liens en disant :
- Trouvé, la prochaine fois choisis une meilleure cachette. Maintenant c'est à toi de compter. Et surtout à nous de se barrer, on est seules mais je ne sais pas combien de temps ça va durer, reprit-elle plus sérieusement.

La détermination dont Carrie fit preuve juste après avoir retrouvé l'usage de son corps dans son ensemble semblait indiquer que la policière allait bien - et voulait sa revanche. Anya ne savait pas ce que la Veuve Noire lui avait fait mais ça avait l'air d'être du sérieux ! D'ailleurs, la jeune femme ne croyait pas si bien dire...
Moins de deux minutes plus tard, la fameuse Veuve Noire se montrait - non sans être accompagnée de gros bras - et lui apprenait la raison pour laquelle Carrie lui courait après. Et quelle raison, songea Anya, profondément désolée pour sa collègue. Elle ne préférait même pas imaginer dans quel était elle serait si Dimitri venait à lui mourir dans les bras. La princesse se rappelait seulement qu'elle avait bien cru que c'était le cas, des années plus tôt, quand ils vivaient encore dans le monde des contes, et que ça n'avait rien eu de plaisant.
Anastasia aurait voulu prendre le temps de compatir mais la Veuve Noire n'était pas là pour ça. Alors la jeune femme se contenta de lui presser amicalement la main. Pour elle qui n'était pas très douée dans l'épanchement de sentiments, c'était déjà un premier pas encourageant. Plus tard, quand le gros baraqué - évidemment - aurait rendu son arme à Carrie, là, elle aurait le temps de réellement compatir, d'autant plus si la Veuve Noire était derrière les verrous dans cet hypothétique plus tard.
- Tu ne veux pas plutôt prendre mon arme et exécuter la suite de ton plan ? souffla Anastasia.
Elle ne voyait pas trop comment Carrie comptait s'y prendre sans être armée et en pesant deux fois moins lourd que le colosse. La jeune femme l'avait déjà sortie de la poche de sa veste pour la lui proposer - ou la lui rendre, en fait, puisque c'était la seconde arme de Carrie qu'elle portait.
- J'ai du spray au poivre sinon, fit-elle remarquer, un peu désabusée.

Les instructions de Carrie étaient claires comme de l'eau de roche. Anya opina en silence, n préférant pas se déconcentrer dans des paroles superflues. La profiler à présent désarmée savait exactement ce qu'elle avait à faire. Rien dans son esprit ne pouvait l'en distraire. La jeune femme avait totalement fait le vide. Elle n'entendait que les instructions de sa collègue qui tournaient en boucle dans son esprit et le bruit de son cœur dont les pulsations avaient triplé. Les yeux perçants d'Anya étaient rivés sur la barrique au fond de l'usine, son prochain objectif.
Quand Carrie lui en donna l'ordre, elle bondit telle une panthère sur sa proie. Contrairement à sa collègue, elle se retrouva bientôt à couvert tandis que les balles fusaient. La jeune femme ne s'était pas arrêtée pour admirer le spectacle et n'avait même pas tenter de penser au fait qu'elle pouvait en Puis son regard se posa sur les corps sans vie qui, eux, n'avaient pas été épargnés par les tirs féroces de Carrie. Anya n'avait pas souvenir d'avoir vu autant de sang et de mort. Mais ce qu'elle vit bientôt la glaça presque davantage : Carrie était désarmée et quoiqu'il y ait dans la seringue que tenait sa Némésis, ce n'était sans doute pas agréable à recevoir dans les veines.
Anastasia n'hésita pas longtemps pour ramasser l'arme qui avait rouler à ses pieds, dans un hasard rpgique très pratique. Elle visa en direction de la Veuve Noire qui, évidemment, n'entendait pas se laisser faire. Il fallait d'ailleurs bien admettre qu'elle avait un bon moyen de pression - même si Carrie la téméraire ne semblait pas s'en soucier outre mesure.
Le temps parut alors s'étirer encore et encore. Anastasia visait toujours la Veuve Noire, la gâchette à moitié enfoncée, comme figée dans cette situation particulièrement tendue. L'espace d'une seconde, la profiler s'agaça mentalement que Carrie se croit obligée de lui souffler son plan. Comme si elle ne pouvait pas le deviner elle-même ! En plus, ce faisant, elle avertissait son ennemie, retirant tout l'effet de surprise.
Naturellement, Anastasia adopta un plan différent.
La jeune femme continua encore un instant de viser la Veuve Noire, prétendant qu'elle allait suivre le plan de Carrie mais, au dernier moment, elle tira à environ deux mètres au-dessus des têtes de Carrie et Evanora. La balle vint se loger dans un vieux tuyau de canalisation d'eau qui céda, déversant son contenu rafraichissant sur les deux femmes. Là, avec l'effet de surprise, Carrie avait plus de chances que si Anya avait suivi son idée si brillamment criée à la cantonade dans l'usine. Anya, elle, se satisfaisait de n'avoir blesser personne et d'avoir encore en sa possession une arme presque entièrement chargée, au cas où. S'il fallait se résoudre à la descendre, Anastasia le ferait, mais si elle pouvait éviter, elle ne comptait pas s'en priver !

Anastasia s'était doutée que Carrie serait surprise, l'espace de quelques instants, par son tir. Mais elle savait également que sa collègue était une flic particulièrement intelligente et badass et qu'elle saurait saisir l'opportunité plus rapidement que leur adversaire ne comprendrait de quoi il retournait. La profiler ne s'y était d'ailleurs pas trompée et éprouvait une certaine fierté, si ce n'est un certain pouvoir, à cerner aussi bien les choses. La plupart du temps, du moins. La rouquine ne voulait pas faire l'erreur de devenir trop confiante et sûre d'elle, ce serait, dans son métier, le meilleur moyen de se faire tuer. Et s'il y avait une chose dont elle s'était fait la promesse, c'était qu'Abigaëlle, contrairement à sa maman, ne grandirait pas sans ses deux parents.
Carrie était très forte, mais Anastasia préféra tout de même l'assister dans l'arrestation d'Evanora, afin de s'assurer qu'elle ne filerait pas. Elle ne fit aucun commentaire sur les coups pas très professionnels que lui donna sa collègue. Anya ne pouvait pas dire quelle aurait été sa réaction si quelqu'un avait tué l'homme qu'elle aimait. Sans doute aurait été éprouvé les mêmes envies que Carrie.
Une autre envie qu'elles avaient en commun c'était bien sûr de rentrer chez elles pour se reposer. Anastasia opina vivement à cette proposition. Et au fait qu'elles étaient un duo plutôt pas mal.
- On a bien mérité de se reposer, approuva la jeune femme.
Il fallait cependant encore rouler jusqu'à Storybrooke. Estimant que la conductrice allait potentiellement manquer de forces, Anya l'invita dans le premier café qu'elles trouvèrent. De ça aussi, les deux femmes avaient sans doute besoin. Puis elles se remirent en route. Une fois de retour au poste, les deux femme se séparèrent mais qui sait ? de nouvelles aventures les réuniront peut-être bientôt de nouveau.
Ou alors simplement une sortie entre filles. Ce genre d'aventures aussi pouvait être sympa - et plus reposant !

Fin