Amelia répartissait son temps entre trois endroits principaux : sa maison (évidemment) où elle partageait de doux moments avec ses grands enfants, sa boutique qu'elle ne faisait plus tourner toute seule depuis qu'une charmante jeune femme prénommée Cassie était venue lui demander si elle recrutait (ce qui, de base n'était pas le cas mais ça, Amelia ne l'avait pas mentionnée : elle avait tellement accroché avec Cassie qu'elle l'avait embauchée le jour même et cela faisait donc un bon mois qu'elles travaillaient de concert) et l'hôpital, où elle se rendait tous les jours pour voir son mari et lui racontait sa journée, même si les médecins avaient dit qu'il ne l'entendait probablement pas. Détail, détail... Manifestement, le corps médical ne croyait pas au pouvoir de l'amour, sans doute parce qu'il ne connaissait pas la chanson du même nom de Céline Dion.
Parfois, cependant, cette petite routine était troublée par des événements plus ou moins prévisibles. Ce jour-là, en l'occurrence, Amelia se rendait à la mairie pour refaire sa carte d'identité. Elle s'y rendait sereinement, sachant que, depuis qu'elle avait Cassie, la boutique pouvait tourner sans elle - mais pas trop quand même car la pâtissière s'y sentait comme chez elle.
La quadragénaire se rendit au guichet et expliqua à la jeune femme derrière le comptoir la raison de sa venue.
- Ah, commenta la jeune femme avec nonchalante. Le Vous savez quoi ? Z'avez qu'à aller voir l'adjoint, le bureau est juste là-bas, indiqua la fille en pointant vaguement dans une direction.
Amelia la suivit du regard, l'enregistra puis reporta son attention sur la secrétaire :
- C'est très aimable à vous, sourit-elle. Merci et bonne journée !
La pâtissière rajusta son sac à main et se rendit vers le bureau indiqué. Elle frappa, on lui signala qu'elle pouvait entrer et c'est ce qu'elle fit. Puis Amelia se figea en découvrant Regina derrière le bureau.
- Oh pardon Regina, je cherchais l'adjoint du maire. J'ai dû me tromper.
Amelia referma la porte et, ce faisant, nota qu'il y avait bel et bien noté que c'était le bureau de l'adjoint. Donc elle rouvrit la porte, l'air perplexe.
- Attends mais... qu'est-ce que tu fais là, en fait ? C'est pas... comment il s'appelle déjà... Hadès qui est l'adjoint ?

Amelia papillonna des yeux, demeurant bouche bée pendant plusieurs instants. Elle tenait encore la poignée de la porte mais s'en rendait à peine compte. Il fallut, en fait, un peu de temps à son cerveau pour faire le point entre les différents faits, à savoir la raison de sa venue à la mairie et la découverte qu'on l'avait envoyée voir Regina.
La pâtissière en était restée à la Maison Rose et à la Regina 2.0 qui avait troqué les tailleurs pour des tenues plus décontractées et sexy. Et maintenant... Ca avait encore changé ! L'ancienne Regina était de retour, tailleur inclus. Et Amelia ne savait naturellement plus où donner de la tête.
Son cerveau se remit cependant peu à peu en marche et la quadragénaire déclara :
- OK je vais déjà commencé par m'asseoir et ensuite tu vas m'expliquer comment tu passes de mère maquerelle à adjoint du maire parce que là, je sèche.
Amelia joignit le geste à la parole et s'installa, son sac à main sur les genoux. Elle observa un peu plus attentivement dans lequel elles se trouvaient.
- C'est un chouette bureau. Il devait plaire à... Hadès ! se souvint Amelia.
Ce qui l'amena à percuter une autre information importante :
- Attends un peu... Il est où Hadès du coup ? Et le blond rigolo pour qui j'ai voté il est encore là ?
Amelia était tellement suspicieuse et perplexe qu'elle ne réalisa même pas qu'elle n'était pas censée dire pour qui elle avait voté. De toute façon, elle n'y comprenait pas grand chose à la politique. Et maintenant que Wyatt se prenait pour la Belle au Bois Dormant il ne risquait pas d'éclairer sa chandelle.
Malgré tout, elle avait encore toutes ses demandes en tête et sortit donc précipitamment sa carte d'identité pour la poser sur le bureau massif devant elle :
- Quand tu auras fini de tout me dire il faudrait aussi que tu mettes un tampon là-dessus. Mais je me tais maintenant. Vas-y parle, je t'écoute.

Oh Amelia n'allait quand même pas s'évanouir. Mais elle ne refusa pas le verre d'eau si gentiment proposé pour autant. A parler autant et aussi vite elle se desséchait rapidement. Ce n'était pas plus mal que ce ne soit plus à elle de parler, comme ça elle put descendre le verre que Regina lui avait donné d'une seule traite tout en comprenant un peu mieux la situation. Qui était étrange, comme tout ce qui arrivait dans cette ville, en fin de compte. La pâtissière se trouvait presque bête d'être surprise. D'ailleurs, peut-être qu'un jour elle aussi finirait assise derrière ce bureau en se demandant à quel moment elle avait décroché dans la suite logique des événements et si c'était bel et bien logique.
Il apparut cependant que même Regina hésitait quant à l'explication de cette nouveauté, ce qui rendait la situation encore plus floue. Finalement, c'était peut-être du café dont la pâtissière aurait eu besoin. Et d'une pâtisserie pleine de sucres rapides qui auraient reboosté ses neurones visiblement épuisés par tout ceci.
De la mairie, Regina en vint à la maison rose qui avait brûlé (à cette nouvelle, Amelia écarquilla les yeux, à la fois choquée par la nouvelle, se demandant s'il y avait eu des morts et des blessés mais aussi surprise par la nonchalance de Regina qui, si on y réfléchissait, s'expliquait peut-être par le fait qu'elle possédait des pouvoirs conséquents) pour devenir un bar, le Roni's. Ce qui voulait dire que Regina était à la fois barmaid et adjointe. C'était bien mieux que mère maquerelle mais ça restait une association surprenante.
Evidemment, les explications de Regina suscitèrent de nouvelles questions auxquelles elle n'avait peut-être pas de réponses, d'ailleurs. Mais croyez-bien que cela n'empêcha nullement Amelia de les poser en fronçant les sourcils.
- Attends un peu... Si je comprends bien tu es barmaid et adjointe. Mais... tu as le temps pour tout ça ? Ca fait beaucoup et à moins de se dédoubler... Tu sais te dédoubler en fait ? Je me rends compte que j'ai jamais demandé. Et puis... pourquoi tu es aussi nonchalante alors que ta maison rose a brûlé ? C'est atroce ! Mais tu aurais pu reconstruire la même chose, pourquoi tu ne l'as pas fait ? Tu avais l'air de bien te plaire dans cette nouvelle vie et ces nouvelles tenues. Mais surtout, ça je crois que c'est la question la plus importante : pourquoi les dieux n'ont pas le droit d'être maire ? C'est qui qui a décidé ça ? Et s'ils n'ont pas le droit pourquoi Hadès l'est quand même ? Il est un peu loufoque mais je suis sûre qu'il est plus intelligent qu'il ne veut bien le faire croire. Et de toute façon tu as dit qu'il était au courant. Alors... pourquoi ?
Les bras en tombaient à Amelia ce qui était heureusement une métaphore car elle aurait eu du mal à pâtisser sans eux. Ca aurait été aussi difficile de récupérer - machinalement - la carte tamponnée qu'Amelia rangea immédiatement dans son sac à main. Elle n'aimait pas cette carte d'identité car elle n'avait pas eu le droit de sourire sur la photo, ce qu'elle trouvait cruel.
Mais elle y penserait plus tard : Regina avait encore beaucoup de réponses à lui donner.
L'espace d'un instant, Amelia regretta que son mari ne soit pas là. Lui il aurait eu quelque chose de sensé et rassurant à dire.

Amelia opina pendant que son cerveau enregistrait les nouvelles informations : projection astrale, Robin et Killian. Pour le moment ça allait, ses neurones s'en sortaient plutôt bien avec tout ça mais il lui fallait de la concentration ce qui, pour une fois, réduisait son flot de paroles.
La pâtissière fronça les sourcils quand Regina détailla ce qu'elle ressentait vis-à-vis de son ancien commerce, incertaine de vraiment suivre sa logique. Pourquoi une reine aurait-elle besoin d'aider des femmes à se prostituer ? Dans son esprit, la question n'avait que peu de sens et comme elle n'était pas certaine que la réponse que Regina aurait pu y apporter lui soit absolument nécessaire, Amelia décida de purement et simplement laisser tomber cet aspect des choses.
- C'est vraiment méchant de brûler les affaires des autres, commenta-t-elle néanmoins, outrée par cette partie de l'histoire. Si quelqu'un faisait ça à ma boutique, je ne sais pas ce que je ferais mais je ne serais pas contente, ça c'est sûr ! poursuivit la pâtissière avec toute la détermination dont elle était capable. Par chance, pour le moment je me contente d'un pirate qui a détruit une partie du toit en sautant dessus et d'une jeune fille un peu pompette qui a détruit la vitrine. Ca va, j'ai une bonne assurance, affirma la commerçante.
Elle se garda cependant bien de mentionner que ledit pirate - Jack Sparrow - était probablement l'homme qu'elle détestait le plus en ville (ce qui, en soi, était un exploit puisqu'Amelia ne détestait pas souvent quelqu'un) et que la jeune fille s'avérait être sa sœur et avoir été bien plus que simplement "pompette".
Les explications continuaient d'aller bon train et Amelia crut enfin saisir un peu la situation. Elle était soulagée car elle s'était presque encore une fois trouvée idiote.
- Je crois que j'ai compris, annonça-t-elle avec un sourire fier. Mais c'est quand même compliqué cette histoire ! Je crois qu'en tant qu'adjointe tu devrais suggérer de rendre les choses moins compliquées à Storybrooke quand il y aura le prochain conseil municipal. Ca ne ferait de mal à personne une ville un peu plus simple et vous auriez plus de votes pour vous aux prochaines élections, assura la pâtissière en dépit de son manque de connaissances en politique.
Elle s'aperçut alors d'un autre détail important et reprit :
- Oh excuse moi Regina. Je parle, je parle et je parle, parce que c'est l'une des choses que je fais le mieux mais tu dois avoir des tonnes de trucs à faire non ? En plus moi aussi j'en ai plein à faire ! Maintenant que je ne travaille plus seule j'ai encore plus de temps pour mettre en route de nouvelles choses ! C'est formidable, tu devrais passer à la pâtisserie un de ces quatre ! Tu pourrais rencontrer Cassie qui vient d'une Terre parallèle, c'est vraiment une histoire hallucinante ! Mais je suis bête, se reprit Amelia. Tu travailles à la mairie donc tu dois déjà être au courant de tout ça !
Amelia s'était déjà levée et avait pris son sac à main, prête à repartir s'occuper de sa boutique, même si Cassie pouvait très bien la gérer toute seule.

- Quand tu parles comme ça tu me fais un peu peur parce que j'ai l'impression d'être face à la Méchante Reine, avoua Amelia d'une voix blanche sans cligner des yeux.Cela dit je comprends ta réaction, reprit-elle rapidement.
Même si la pâtissière n'aurait jamais eu la même. C'était déjà difficile de la mettre vraiment en colère (au cours de l'année écoulée ce n'était arrivé qu'une seule fois, d'ailleurs), alors la pousser à se venger ou se faire justice par elle-même (ce qui, au final, revenait sans doute au même car Amelia ne saisissait pas tellement la différence entre ces deux concepts) était carrément impossible. Sauf si on s'appelait Hitler, peut-être.
Amelia ne précisa cependant pas tout cela à son amie, jugeant que ça ne l'intéresserait probablement pas. En revanche, une réflexion pertinente lui vint à l'esprit :
- Tu penses que ce sont des représailles ? Je veux dire... je sais que tu as changé, j'en suis l'un des meilleurs témoins et je ne crois pas que tu aies fait de mal récemment mais... Est-ce que tu penses qu'il y a des gens qui sont vraiment très rancuniers ? J'aime à croire que non, que le temps adoucit toujours les cœurs mais je sais que je suis un peu naïve sur la nature humaine alors on avis ne vaut pas grand chose, conclut simplement la pâtissière.
Une fois encore, elle préféra ne pas lui préciser que son mari et la meilleure amie de sa sœur avaient toujours un peu de mal à voir la nouvelle Regina d'un œil confiant. De toute façon, ça ne faisait pas d'eux des suspects ! Wyatt, en plus d'être dans le coma, était la plus douce personne qu'Amelia connaissait et Anita était une personne droite et digne, même envers ceux qu'elle n'appréciait pas.
Mais la pâtissière laissa tout cela de côté, effleurant le sujet agaçant qu'était Jack Sparrow pour se concentrer sur les bonnes nouvelles. Naturellement, elle ne parla pas de l'état de son mari puisque ceci n'entrait pas dans la case "bonnes nouvelles". Or, la raison d'être d'Amelia était de délivrer amour, joie et espoir autour d'elle. Et quand elle le faisait, elle avait effectivement tendance à donner le tournis.
- T'en fais pas, on me le dit souvent ! s'écria Amelia en balayant d'un revers de main la remarque à ce propos de Regina. Allez, suis-moi ! Cassie sera ravie de te voir et si on a de la chance elle aura fait du thé. Elle ne le fait pas aussi bien que son amie Honey Lemon - elle a littéralement un nom de bonbon et elle en a aussi l'attitude, est-ce que c'est pas fantastique ça ? - mais elle le fait bien.
En parlant, Amelia avait bondi hors du fauteuil en cuir où elle était jusqu'à présent installée pour entrainer aussi rapidement que possible son amie vers sa boutique - qui n'était pas très loin. Quand elle avait acheté le local, vingt ans plus tôt, Amelia s'était arrangée pour choisir un emplacement stratégique, c'est-à-dire au cœur de la ville. Du moins, c'était ce que ses faux souvenirs lui disaient.
Il ne leur fallut pas longtemps pour pousser la porte de la boutique.
- C'est NOUUUS ! les annonça Amelia.
Cassie était alors derrière le comptoir. Elle releva la tête et leur offrit un sourire chaleureux. Amelia commença ensuite les présentations :
- Cassie, je te présente mon amie, Regina Mills, la nouvelle adjointe au maire. Regina, voici Cassie qui vient de Terre 2 où elle tenait la pâtisserie salon de thé le Lucky Cat. Mais maintenant nous travaillons ensemble.
- Waouh, madame l'adjoint du maire ! s'écria Cassie en serrant vivement la main de Regina. Est-ce que j'aurais dû mieux m'habiller pour l'occasion ? Probablement. Mais est-ce que je savais que l'occasion allait se présenter ? Assurément que non. C'est bon Cassie, tu fais au mieux. Zen, zen, zen.... Et donc, qu'est-ce qui vous ferait plaisir aujourd(hui ?