"Benjamin !? Dépêche toi ! Nous allons être en retard !"
"J'arriiiiiiive !"

Je sautais sur ma valise pour la fermer en essayant de me dépêcher. Je m'y étais pris en avance pourtant ! Mais il y avait toujours deux-trois petites choses à rajouter au dernier moment. Ma réserve de Patacitrouille et de Chocogrenouilles par exemple. Ou encore mon doudou oiseau-tonnerre. Un vrai qui bougeait, faisait du vent et tout ! Hors de question que je le laisse à la maison. Il allait s'ennuyer tout seul. Je me tortille donc sur ma valise pour la fermer alors que j'entends des pas dans les escaliers. Aïe... J'étais bon... Je pousse un profond soupir et me laisse glisser doucement par terre à côté de ma valise entrouverte lorsque papa entra dans la chambre.

"Et bien alors Benji ? Tu n'as pas entendu ta mère ?"

Je posais le regard sur lui en me tortillant légèrement.

"J'arrive pas à fermer ma valise."

Je baissais la tête penaud alors que mon père éclatait de rire et m'ébouriffais les cheveux. Je bougonnais en me recoiffant alors qu'il fermait ma valise d'un mouvement de baguette magique. C'était trop facile comme ça ! Moi aussi je pouvais le faire ! Tricheur. Je poussais un profond soupir alors qu'il se tournait vers moi.

"Tu as tout revérifié ? Tu as tout ? Chaudron ? Baguette ? Livres ? Uniforme ? Chaussettes ?, je hochais la tête à chacune de ses questions. Doudou ?"

Un sourire malicieux s'esquissa sur ses lèvres alors que mes joues prenaient une douce couleur rouge. Comment il avait deviné ? Je le fixais surpris alors qu'il éclatait de rire en descendant les escaliers, ma valise devant lui. J'avais hâte de pouvoir utiliser la magie moi aussi. Je voulais apprendre pleins de choses moi aussi. Je voulais faire comme papa et maman. Je ne savais pas encore si je préférais Auror ou Médicomage mais moi aussi, je voulais être aussi fort qu'eux. J'arrivais dans la cuisine avec un grand sourire, bombant le torse comme un grand. J'avais hâte d'arriver à Poudlard et de me faire pleins de copains, de découvrir mon dortoir et ma maison. L'impatience me faisait presque sautiller sur place. Depuis que j'avais reçu ma lettre cet été, je ne tenais pas en place. J'avais supplié maman d'aller acheter toutes mes fournitures presque aussitôt. Retrouver le capharnaüm du Chemin de Traverse en sachant que cette fois, c'était pour moi.

"Bon... Tu es prêt ?"

Je hochais la tête avec un grand sourire. J’agrafais ma cape tout en observant mes parents enfiler leurs vêtements de moldus. C'était assez drôle de les voir habillés comme ça. Je sortis le premier à l'extérieur alors que papa attrapait ma main et la tenait fermement dans la sienne pour le transplanage d'escort. Je ne bougeais pas et restait bien sagement à côté de lui. J'étais tellement excité à l'idée d'entre à Poudlard. Et si je croisais Harry Potter ? Oh comment ce serait trop bien ! Et si j'étais dans sa maison moi aussi ? J'avais trop trop trop trop hâte. Je lâchais rapidement la main de mon père alors que nous arrivions dans une allée isolée du regard des moldus. J'esquissais un sourire en direction de maman qui venait d'arriver. Elle passa sa main dans mes cheveux pour les recoiffer et m'adressa un petit sourire tendre.

"En route mon grand."

Je hochais la tête en avançant le cœur léger vers la gars et vers la voix 9 3/4. J'attendis mes parents qui avaient pris un chariot pour poser la cage de Vif d'Or et ma valise. Je posais un regard sur mon hibou avant de traverser le portail. J'espérais qu'il n'aurait pas trop peur. Mais il s'en sortit comme un chef et je lui adressais un sourire fier. Je tournais la tête vers papa qui semblait reconnaître beaucoup de monde. Il salua beaucoup de monde avant de m'emmener vers l'un des wagon. Il continua à discuter avec d'autres gens en me présentant comme son fils avec un sourire fier. Il se tourna d'ailleurs vers moi à un moment.

"J'espère qu'il sera envoyé à Gryffondor. Sinon, je te renie fiston."

Je le regardais avec de grands yeux surpris avant qu'il n'éclate de rire et que maman ne lui lance un regard de reproche.

"Tu iras dans la maison que tu souhaites mon chéri."

"Évite Serpentard quand même !"

J'esquissais une grimace à l'évocation de Serpentard. Ah ça non, jamais. J'embrassais une dernière fois mes parents après qu'ils eurent installés ma valise et la cage de Vif dans un wagon. Je crus apercevoir maman essuyer ses yeux alors que je montais dans le train. Je leur fis coucou à travers la vitre avec un grand sourire avant de m'installer confortablement sur mon siège. J'avais encore plus hâte maintenant que le train était parti. Je me permis d'ailleurs de regarder autour de moi qui se trouvait dans mon wagon. Je posais les yeux sur un garçon de mon âge ou peut-être plus âgé d'un an.

"Salut ! Moi c'est Benji !"

Je lui adressais un grand sourire ravi.

"Tu penses à quoi ?"

Mon regard se posa sur Balthazar qui terminait d'enfiler son costume moldu alors que Milka, notre elfe, terminait de boucler nos valises et les emportaient dans le vestibule.

"A rien"

Ce n'était pas tout à fait vrai mais je n'avais pas envie de m'étendre sur mes pensées avec mon jumeau. Il avait ses propres démons à gérer. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser à ma mère, à ce qu'elle aurait pensé de nous. Aurait-elle été fière de nous voir enfiler l'uniforme de Poudlard ? Dans quelles maisons serons-nous envoyés ? Serons-nous ensemble ? J'avais peur que Serpentard ne soit la maison qui me représente. J'avais peur de devenir comme mon père. Pourtant, je ne pouvais pas nier mon passé familial. Mangemort. Ce nom tournoyait autour de nos têtes depuis notre naissance et bien avant. Il n'avait pas arrêté pour ça pourtant. Non, il avait été plus malin que ça. Pas assez pour ne pas tuer sa femme sans se faire prendre par contre. Cet homme ne m'inspirait que dégoût et haine. Alors devenir comme lui un jour m'effrayait au plus haut point. Mais je ne voulais pas parler de mes doutes. Je ne voulais pas accentuer le stress de Balthazar alors je me contentais de finir de m'habiller en silence, un léger sourire rassurant aux lèvres.

Une fois prêts nous rejoignirent grand-mère dans le salon. Elle semblait nous attendre en lisant un livre. Lorsqu'elle nous vit entrer, elle esquissa un sourire en se levant pour venir nous embrasser un à un. C'était la seule encore capable de nous parler de notre mère. De sa beauté et de sa douceur. A travers, elle nous arrivions encore à la faire vivre un peu. Je me reculais en silence alors que nous nous préparions pour partir. Il n'y aurait pas d'autres effusions à l'extérieur du manoir. Ce serait nos seules embrassades avant un an. Mais cela ne me dérangeait pas plus que cela au fond. J'inspirais profondément. que dirait-elle si j'étais envoyé à Serpentard ? Et Balthazar ? Lui qui n'y avait pas sa place du tout serait réparti avant moi. J'espérais pouvoir veiller sur lui en étant dans son dortoir. Comme nous partagions déjà tout, le faire pendant encore sept ans ne semblait pas dérangeant.

Nous arrivâmes rapidement sur le quai. Peut-être trop. J'aurais aimé garder encore un peu de mon ignorance et de mon innocence. Même si cette dernière avait disparu depuis bien longtemps. Je retrouvais rapidement Solal qui disait au revoir à sa famille. J'esquissais un rapide sourire à ma grand-mère en la saluant brièvement avant d'aller rejoindre mon ami. Je savais que lui avait été réparti à Serpentard. Il en était plus que fier d'ailleurs. Mais c'était son héritage. Lui aussi faisait parti de ces grandes familles de Sang-Pur. Lui aussi avait un rang à tenir et il le faisait à merveille. J'entrais à sa suite dans son wagon et m'y installait comme le mien. Il commença à me raconter son été alors que Balthazar s'installait silencieusement à côté de moi.

A travers la vitre du train, je pus voir la silhouette de ma grand-mère diminuer petit à petit jusqu'à complètement disparaître. Je poussais un léger soupir. Elle allait me manquer. Malgré tout, le confort du manoir n'était pas négligeable. Je laissais mon jumeau raconter notre été à Solal avant de tourner la tête vers l'entrée du wagon lorsque la porte de ce dernier s'ouvrit pour laisser apparaître deux filles de mon âge, une rousse et une brune. Je les fixais avant d'esquisser un léger sourire.

"Cassandre, Eugénie..."

Mon regard s'arrêta sur cette dernière alors que je me poussais pour lui faire de la place à côté de moi. Je savais parfaitement ce que la bonne société attendait de moi. Que je charme cette fille et en fasse ma femme. Mais je n'avais pas l'intention de me plier à leurs règles stupides. Pas tant que j'aurais mon mot à dire. Tout comme pour ma maison, je n'avais pas l'intention de me laisser envoyer à Serpentard sans rien dire.