« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
La fin du monde est proche, alors préférez vous mourir ici ou dans un Jaeger ?
Comme tout le monde, lorsque les premiers kaijus avaient envahis la Terre, Evangeline avait cru à la fin du monde. Des monstres géants, ressemblant à des reptiles à quatre pattes, capable de raser des villes entières en quelques heures à peine… Comment croire à la moindre alternative face à ces choses ? On avait beau avoir vaincus les premiers, ils ne cessaient de revenir, plus fort, plus gros, plus indestructible à chaque fois. Une apocalypse lente, une mort à retardement. Rien au monde n’avait su la mettre plus hors d’elle que cette idée simple : le monde était en train d’agoniser et il n’y avait strictement rien à faire. Rien, à part attendre, et peut-être pour certain, prier. Mais pour elle, il était hors de question de rester les bras croisés.
Les militaires pouvaient bien faire joujoux avec leurs robots géants, elle préférait se reposer sur des faits, du tangible. Quelque chose de clair et net, pas simplement des coups de chances dans des combats titanesques. Les kaijus étaient des organismes vivants, complexes, non pas les bêtes stupides qu’on avait singé et mimé une bonne partie de son adolescence, lorsque le premier kaiju avait été vaincu. Déceler leur faiblesse n’était pas l’unique option des recherches pour laquelle pourtant elle était payé, Evie en était absolument certaine ! Il y avait plus à découvrir, forcément, plus à comprendre, plus à apprendre ! C’était là, la clef de l’énigme, elle en était sûre ! Comme sa mère le lui avait toujours répété, ce n’était pas la force qui triomphait, mais l’intelligence. Même si, il fallait bien l’avouer, pour l’instant, c’était encore grâce à la force qu’ils étaient tous encore en vie…
-Evie! Evie ramène toi! Viens vite voir! s'écria soudain une voix se rapprochant dangereusement, l'obligeant à relever la tête de son microscope.
-Quoi encore, Newton?
-Pour l'amour du ciel, Newt, répliqua le jeune docteur, je t'appelle bien 'Evie'. Et dépêche toi, viens voir!insista-t-il, l’attrapant même par le bras pour la forcer à changer de pièce.
Au milieu d’un ‘chaos organisé’ par Newton, la télévision montrait les images terrifiantes d’un nouveau kaiju.
-Le Kaiju a détruit le Mur de la Vie ! s’égosillait la journaliste, dans un élan de panique. Il est passé au travers !
-Pire que dans du beurre, confirma Newton, de son humour particulier.
-On sait de quel niveau il est? coupa court Evie, s’approchant de la télévision tout en coupant le son d’une main.
Le Kaiju était énorme, aussi bien en taille qu’en masse. Une peau écailleuse, mais pas seulement, fluorescente à certains endroits. La crête au milieu de son crâne fusionnait avec celle de son dos, et devait être une forme de bélier surpuissant, voir une masse en cas d’attaque. Sur ses pattes antérieures, des griffes longues mais irrégulières, en guise d’armes principales et sur son dos… Son analyse fut brusquement interrompu par les visages aux expressions diamétralement opposées des Striker Eureka, qui la forcèrent à se redresser.
-Niveau IV apparemment, fit Newton, songeur. Je l’avais bien dis, que ce mur ne servait à rien!
-On l’a tous dit, il n’y a que ces imbéciles de bureaucrates qui y ont cru, répliqua Evie, se mordillant furieusement le pouce.
Des millions dépensés dans ce stupide projet alors qu’ils auraient pu les financer pour…
-Il faut que je leur parle de notre théorie.
-Ta théorie et c’est hors de question Newt ! J’ai déjà assez de mal à conserver le peu de financement que nous avons alors ne nous tire pas une balle dans le pied en allant raconter à qui que ce soit tes élucubrations!
-Ce ne sont pas des élucubrations ! Si on pouvait créer un pont neuronale avec eux, on pourrait en apprendre beaucoup plus!
-Ce sont des monstres géants, Newt, pas des humains ! Les chances qu’un pont neuronal se créer entre l’une de ces choses et toi sont de une sur dix millions!
-Faux, dix sur dix millions.
Levant les yeux au ciel, Evangeline finit par tourner les talons, retournant dans ‘son côté’ du labo, avant de se pencher sur son microscope mais ce n’était qu’une attitude. Sa main tremblait. Elle n’allait pas assez vite. Il fallait qu’elle trouve, une solution, un miracle, n’importe quoi, mais il fallait qu’elle trouve. Qu’elle trouve vite. Le plus vite possible. Ils n’avaient plus de temps… Les Kaijus se renforçaient. Elle ne savait pas comment ils faisaient, mais il était plus qu’évident que ces renforcements suivaient un schéma précis, calculé. Rien n’était du au hasard avec ces choses, rien, jamais. Ils se renforçaient. Evoluaient. S’adaptaient, en quelque sorte…
Il fallait qu’elle expose cette théorie à Stacker. Le colonel était loin d’être un imbécile, il pourrait peut-être comprendre ce que les autres militaires se refusaient à bien vouloir admettre : les Kaijus étaient en train de gagner, et ce n’était pas une question de puissance. C’était une question d’adaptation, d’analyse. Les Kaijus, elle en était absolument certaine, prévoyaient leur attaque, contrairement à la croyance populaire qui les voulaient stupides et anarchiques. Et prédire leur niveau ne suffirait bientôt plus à avoir une puissance équivalente en face, si ils continuaient ainsi ! Il fallait absolument qu’on lui donne les moyens d’étayer sa théorie, qu’on lui donne le matériel pour étudier leur cerveau, qu’on lui donne des statistiques, des chiffres, du biologique ! Il fallait qu’on lui donne les moyens de faire un miracle avant que d’autres vies ne soient gâchées…
-Evie ! Mes colis sont arrivés, faut que tu montes avec moi! l’interrompit -à nouveau- Newton.
-Et en quel honneur?
-Y en a trois, et j’ai que deux bras.
Réponse aussi plate qu’évidente. Evie ne put cependant s’empêcher de lever les yeux au ciel, déposant son stylo sur sa paillasse -un simple bureau transparent, en réalité- avant de lui emboîter le pas. Newton était un garçon exhubérant et, par moment, exaspérant avec sa fascination des Kaijus, mais il n’en demeurait pas moins l’un des plus brillants esprits avec lequel elle eue jamais travaillé. Et un ami, dans une certaine mesure.
-Tu vas voir, c’est trop cool, ils m’ont dégotés un morceau tout frais, un véritable trésor! s’exclama-t-il, quand les portes de l’ascenseur se refermèrent.
-Tu es répugnant.
-Je suis un scientifique fanatique.
-Exactement. Fanatique. Le fanatisme n’amène jamais rien de bon.
-Fais pas ta rabat-joie, c’est Noël pour moi aujourd’hui!
-C’est Noël à chaque livraison, marmonna-t-elle, comme pour elle même, lorsque les portes s’ouvrirent au niveau du pont principal.
Le pont grouillait toujours de monde mais avec l’annonce de ce nouveau Kaiju abattu, c’était l’effervescence. A croire que l’on avait rebooter le programme JAEGER… Des hélicoptères arrivaient et décollaient en même temps, provoquant des rafales de vents et des giclées d’eau glacée. Pour une fois, Evie fut absolument ravie d’avoir prit son manteau à capuche.
-Bon tu te dépêches, j’ai pas envie de mourir noyé sur le pont!
Acquiesçant rapidement, Newton se dirigea vers un hélicoptère, cependant qu’Evie trépignait sur place, soufflant sur ses mains glacés par le vent et l’eau. L’ébullition du pont lui fit étrangement du bien, lui permettant de se concentrer sur autre chose que la panique qui lui avait étreint le coeur et le ventre au laboratoire. Il fallait qu’elle reste lucide. Cohérente. Scientifique. Il n’y avait que comme ça qu’elle ferait avancer les choses…
Perdue dans ses pensées, elle observa les aller retour de deux hélicoptères, avant que Newton ne revienne vers elle, poussant devant lui un chariot emplit d’un liquide jaunâtre.
-Quoi, c’est tout?!
-Non, y en a encore, mais c’est pas dans cet hélico ! Ils arriveront plus tard!
-La prochaine fois, tu te débrouilles! s’énerva-t-elle, saisissant la poignée d’inox pour pousser le chariot remplit de liquide et d’une… Masse de chair bleuâtre à l’intérieur.
Véritablement, répugnant.
-Attendez ! Attendez ! La porte! s’égosilla Newton en les voyant se refermer, soupirant de soulagement quand une main vint pour en retenir la fermeture.
S’engouffrant à leur tour dans l’immense ascenseur, Evie appuya par réflexe sur le niveau du laboratoire, relâchant le caisson avant de s’essuyer les mains sur ses cuisses.
-Ouf, merci! C’est… C’est super ! Colonel.
-Newton, le salua le Colonel Stacker. Evangeline.
-Colonel. Mako, continua-t-elle avant de se tourner vers un nouveau venu dont le visage lui rappelait vaguement quelque chose. Et vous êtes?
Quand j’étais enfant, chaque fois que je me sentais petit ou trop seul, je levais la tête vers les étoiles. Je me demandais s’il y avait de la vie là-haut. En réalité je regardai dans la mauvaise direction : quand une vie extraterrestre est arrivée dans notre monde, elle a surgi des profondeurs de l’océan Pacifique. Une fissure entre deux plaques tectoniques. Un portail entre deux dimensions : La Brèche.
J’avais quinze ans quand le premier kaiju est sorti de l’eau à San Francisco. Le temps que les chars d’assaut, les avions de chasse et les missiles l’abattent six jours plus tard et cinquante kilomètres plus loin… Trois villes étaient détruites. Les morts se comptaient par dizaines de milliers. Nous les avons pleurés, élevés des monuments commémoratifs et reprit nos vies. Soudain, à peine six mois plus tard, la deuxième attaque a frappé Manille. Puis la troisième frappa Cabo au Mexique. Puis la quatrième… Là, nous avons compris que ça ne s’arrêterait pas.
Ça n’était que le commencement.
Il nous fallait une nouvelle arme. Le monde entier s’est uni, mettant en commun ses ressources et faisant abstraction des vieilles rivalités pour le bien de tous. Pour combattre les monstres, nous avons créés nos propres monstres : le programme JAEGER était né. Au début, y’a eu des revers. La charge neuronale de l’interface du Jaeger s’est révélée trop lourde pour un seul pilote… Un système à deux pilotes à été mis en place : l’un contrôlant l’hémisphère gauche, l’autre l’hémisphère droit. Nous avons commencé à gagner. Les jaeger arrêtaient les kaijus partout. Mais les jaegers n’étaient bons que si leurs pilotes l’étaient ; alors les pilotes sont devenus des rock-stars. Le danger s’est transformé en propagande. Et les kaijus en jouets.
Nous sommes devenus des experts en victoire. Et puis… Tout à changé.
* * *
ALASKA - CONSTRUCTION DU MUR MIRACLE
« Je suis a Sydney où il s’est produit, il y a quelques heures, une nouvelle attaque de Kaiju ! » S’exclama une journaliste au ton légèrement paniquée. Sans doute pas encore remise de ses émotions. « Celui-ci, un énorme catégorie 4, à transpercé le mur côtier en moins d’une heure. Le mur de la Vie était considéré comme inviolable par ses constructeurs ! »
« Alors pourquoi on en construit d’autres ? » Marmonna une voix juste à la droite d’Adam.
Quelques regards se tournèrent mais tous revinrent rapidement sur les images qui défilaient sur le petit écran de télévision.
« Cette chose… A traversé le mur comme s’il n’y avait rien… » Chuchota Ethan, un travailleur du mur comme lui.
Le plan changea pour montrer deux visages en tenue de combat.
« C’est le Jaeger récemment désaffecté Striker Eurêka, piloté par Eurl et Chuck Hansen qui a finalement descendu le monstre ! »
Des images filmées par des caméras de la ville montrèrent un énorme poing métallique s’abattant sur la face du monstre aux lignes fluorescentes. Les hurlements de la foule provoquèrent un frisson d’horreur le long de la colonne d’Adam, encore plus que de voir les bâtiments se briser en mille morceaux lorsque le Kaiju vola en arrière sous un deuxième coup. Le changement d’angle montra alors le Jaeger en train d’ouvrir sa plaque centrale pour révéler plusieurs missiles, qu’il tira en direction de son adversaire afin de l’exterminer. Une vue du sol suivi l’effondrement de ce dernier en plein dans les rues de Sydney, faisant résonner les alarmes des voitures qu’il écrasa au passage sous sa masse imposante.
« Ecoutez, ils ont démontés le programme Jaeger parce que les pilotes sont mauvais. » Commenta Chuck Hansen au micro de la journaliste. « Ce n’est pas plus compliqué. C’est le dixième succès de Striker Eurêka. C’est un nouveau record. »
« Et vous partez quand même pour Hong-Kong ? Malgré ce qu’il se passe ici ? » S’enquit la journaliste.
Adam n’entendit pas la réponse, trop occupé à fendre la foule des curieux pour s’y frayer un chemin et s’éloigner de cette source de mauvaises nouvelles. Il venait de descendre des hauteurs du mur où il avait travaillé les six dernières heures, il n’avait qu’une seule envie : manger. Grappiller la maigre ration qu’il avait réussi à obtenir et espérer qu’il y en aurait une autre le lendemain. Ethan sur les talons, l’homme s’avança en direction de la porte principale et entendit alors le tintamarre odieux provoqué par les pales d’un hélicoptère se posant dans la cour. A bien y regarder, il s’agissait d’un engin militaire. Adam en avait déjà vu dans sa vie : quand on était pilote de Jaeger, c’était l’armée qui vous dirigeait. On savait les reconnaître. Et on savait les éviter comme la peste… Jusqu’à aujourd’hui.
« Monsieur Wittelsbach. » Déclara l’homme tout habillé de noir en descendant de l’appareil, s’avançant à la rencontre d’Adam.
« Colonel… Très classe le manteau. »
« Ca fait un bail. »
« Cinq ans et quatre mois. »
Il s’en souvenait. Il s’en souviendrait toujours et ne pourrait jamais l’oublier. Ce fameux jour où il avait ramené un jaeger en solitaire jusqu’à la terre. Ce fameux jour où il avait perdu une partie de l’usage de son bras. Et ce fameux jour… Où sa mère était morte alors qu’ils étaient encore connectés.
Il y a quelques années, ce n’était pas sa mère Kate et lui qu’on aurait choisi comme héros. Jamais de la vie. Ils n’avaient jamais été les meilleurs. Jamais premiers de la classe. Jamais assez riches pour faire des études. Jamais assez bien pour les gens du quartier… Mais ils savaient se défendre en cas de bagarre. Et on avait décelé chez eux un don unique : ils étaient compatibles pour la Dérive. Technologie Jaeger. Partie des recherches sur le pilotage d’avions de chasse par le système neuronal. Deux pilotes aux cerveaux connectés par des souvenirs dans le corps d’une machine géante. Plus profond était le lien… Mieux ils combattaient. Mais il y avait eu le Kaiju de trop. Le combat de trop. L’ordre donné et la résistance éclatée. Et tout cela était parti en fumée, envolée, avant même d’avoir commencé…
Le colonel et Adam se dirigèrent à l’écart de la foule, s’engouffrant sous les arches métalliques du mur en construction où ils purent enfin s’entendre sans le grondement de l’hélicoptère.
« J’ai mis du temps à vous retrouver. Londres. Cheldon Point. Mexico. »
« Un homme dans ma situation se déplace en fonction du mur pour gagner sa croûte à coût d’heures sup’. » Il se retourna après s’être installé sur quelques marches de pierre, vestige d’un temps où l’endroit était une ville et non pas un chantier géant étalé sur des ruines. « Vous voulez quoi ? »
« J’ai passé ces six derniers mois à réhabiliter tout ce que j’arrivais à trouver. Il y a un vieux jaeger, un modèle III, ça vous dit peut-être quelque chose ? Il a beosin d’un pilote. »
« Je suppose que j’étais pas votre premier choix. » Le coupa Adam. Il le comprenait. Qui voudrait d’un pilote qui avait perdu la moitié de son esprit et de ses capacités ?
« Vous êtes mon premier choix. Tous les autres pilotes de modèle III sont morts. »
Super nouvelles… Adam poussa un soupir, passant une main dans ses cheveux courts pour les repousser en arrière avant de se lever. Il jaugea le colonel puis détourna le regard, visiblement tiraillé entre deux décisions contraires. Absolues. Dangereuses. Trop de souvenirs fluctuèrent dans sa tête et il la secoua comme pour les en chasser. Ce n’était pas l’heure de faire du sentiment !
« Ecoutez… J’peux pas laisser quelqu’un d’autre entrer dans ma tête. » Finit-il par répondre. « Je suis fini. J’étais encore connecté à ma mère quand elle est morte. Je peux pas revivre ça, désolé. »
Il passa à côté du colonel avec un air désolé sur le visage, commençant déjà à s’éloigner pour reprendre la routine glaciale qui lui servait de quotidien. Les murs, le dernier espoir d’une humanité brisée, malmenée, violentée dans ses certitudes.
« N’avez vous pas entendu monsieur Wittelsbach ? » L’intonation du militaire le poussa à s’arrêter. Et à se retourner. « La fin du monde est proche. Alors, où préférez-vous mourir ? Ici ? Ou dans un jaeger ?! »
* * *
BAIE DE HONG-KONG – SHATTERDOME – HANGAR A JAEGER
Qu’est-ce que c’était que ça ? Ces trucs qui flottaient dans un liquide jaune ? Adam fronça les sourcils en observant l’espèce de masse bleue composée de tuyaux et d’autres formes indéchiffrables qui baignait tranquillement dans son jus…
« N’approchez pas ! Les échantillons de Kaiju sont extrêmement rares donc on regarde mais on ne touche pas s’il vous plait ! » S’emporta un homme dans le dos d’Adam, le faisant se décaler d’un pas tranquille.
« Newton. Evangeline. » Commenta le colonel.
« Colonel. Mako… Et vous êtes ? »
Avant qu’elle n’abaisse sa capuche épaisse de sa tête, Adam n’avait pas remarqué qu’il s’agissait d’une jeune femme. Grande d’une tête et demi de moins que lui, elle avait pourtant le regard acéré et une détermination lasse qui se lisait au fond de ses yeux. Une contestation à elle seule, chétive dans ses affaires civiles mais avec une petite ride sur le front qui lui donnait l’air aussi sévère qu’un général.
« Monsieur Wittelsbach, voici notre équipe de recherche : le Docteur Geiszler et le Docteur Dust. »
« Oh non, appelez-moi Newt ! y’a que ma mère qui m’appelle docteur ! »
Ce gars-là avait l’air d’être un petit rigolo enjoué… Il retira sa veste en cuir détrempée par le temps infernal de Hong-Kong et remonta les manches de sa chemise dans un tout aussi piteux état, révélant des tatouages colorés aux formes bien connues.
« Eh Evie ! Ca c’est des êtres humains alors tu pourrais dire bonjour correctement. » S’exclama-t-il à l’adresse de sa collègue.
Evie. C’était simple, court, facile à retenir. Un peu piquant sur les bords. Adam esquissa un sourire en coin quand ils se chamaillèrent comme des enfants se connaissant depuis des années.
« C’est qui ? » Questionna-t-il quand le scientifique fit apparaître la figure à pics d’un Kaiju dessiné sur son avant-bras. « Yamarachi ? »
« Ce petit Kaiju ? » Newton s’appuya contre le chariot qu’ils avaient ramenés dans le monte-charge, faussement négligent. « Ouais, vous avez l’œil ! »
« Ma mère et moi on l’a éliminé en 2017. »
« Vous savez que c’est l’un des plus gros kaiju de catégorie III qu’on ai vu ? » S’emporta le docteur, pris d’un engouement palpable et transmissible. « Il faisait presque deux milles cinq cents tonnes de splendeur ! »
Splendeur… Adam tourna la tête en direction de Mako Mori et du Colonel Stakers, avant que ses yeux ne croisent ceux d’Evie Dust. Un silence gênant s’installa dans l’habitacle, faisnat hausser un sourcil à l’ancien pilote quant il reporta son attention sur son vis-à-vis.
« … Ou d’horreur ? »
La jeune femme sembla exaspérée par sa façon de parler et le réprimanda sans gêne.
« Je ne suis pas un fanatique, Evie, je les étudie ! » Se défendit Newton. « Et contrairement à bien des gens, moi je veux en voir un vivant ! Et de près cette fois-ci ! »
Il avait l’air si sûr de lui. Si… Le monte-charge s’immobilisa et les portes s’ouvrirent sur le laboratoire. Le colonel ainsi que Mako se décalèrent d’un pas tandis que Newton saisissait la poignée en inox pour tirer le long tube rempli de liquide jaunâtre. Alors qu’il franchissait la porte, Adam se pencha en avant et posa une main sur son épaule.
« Croyez-moi : vaut mieux pas. »
Il croisa à nouveau le regard d’Evie, parcouru par une étrange décharge agréable… Et manqua de se prendre la porte de fermeture de l’ascenseur ! Déstabilisé, il n’entendit qu’à moitié les plaintes de Newton quant à l’état de son échantillon qui venait lui aussi de se faire bousculer, l’aidant à redresser le chargement avant que celui-ci ne s’écrase sur le sol. Il ne faudrait pas avoir à ramasser un truc aussi répugnant à la main… Maladresse : 1 – dignité d’Adam : 0.
Evangeline Leviosa
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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• Mais Eggsy ... Qu'est ce que tu as fais ?
• Non mais fais moi confiance ! T'vas voir on va bien s'amuser !
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• ... Il n'est que 7h et vous m'épuisez déja les filles ...
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La fin du monde est proche, alors préférez vous mourir ici ou dans un Jaeger ?
Dès qu’ils s’extirpèrent du monte-charge, Evie ressentit une étrange sensation,comme un picotement dans la nuque, qui la déconcentra. Elle était persuadée d’avoir déjà croiser ce.. Wittelsbach-quelque chose. Pourtant, elle était tout aussi persuadée de ne l’avoir jamais croisé, à aucun instant de sa vie jusque là. Paradoxe dérangeant qui la fit légèrement desserrer sa prise autour des manettes du colis de Newton, qui généra un léger déséquilibre, qu’il lui reprocha aussitôt et qu’elle réfuta avec tout autant de véhémence. Hors de question qu’elle ramasse un truc aussi répugnant à la main !… Même si elle aussi éprouvait un certain respect pour les créatures immenses qu’ils étudiaient tout les deux, elle se refusait catégoriquement à plonger ses mains de ce substrat de liquide amniotiques des plus douteux !
-Il est superbe, s’extasia-t-il, dès qu’ils eurent rejoins leur laboratoire, retroussant déjà ses manches rien à l’idée d’ouvrir ce petit cocon. Tu ne trouves pas qu’il est superbe Evie ! Un pur morceau de chef-d’oeuvre !
Levant les yeux au ciel, Evie retira rapidement son manteau, le suspendant au porte-manteau prévu à cet effet -et à la suspension du milliard de gadgets plus ou moins utiles que Newton ramenait ici au lieu de les stocker dans sa chambre- avant d’aller se glisser devant son ordinateur. Elle devait en avoir le coeur net. Cela n’avait pas été qu’une impression, elle était sûre d’avoir déjà vu ce visage, cette mâchoire angulaire très particulière, et cette expression aussi rustique qu’un vieux chêne quelque part au Texas. Dans l’autre pièce, elle pouvait entendre le bourdonnement des propos de Newton, qui commençait déjà à étaler les morceaux sur sa paillasse -une vraie paillasse pour le coup et non plus un simple bureau transparent- tandis qu’elle tapait le nom qu’avait prononcé Stacker dans l’ascenseur dans la base de données.
Le résultat ne mit pas longtemps à venir. Adam de Wittelsbach. Jaeger : Gipsy Danger. Partenaire : Katherine de Wittelsbach. Décédée, il y avait de cela 5 ans. Aussitôt, Evie ne pu s’empêcher de cliquer, recherchant plus d’informations, ne pouvant s’empêcher d’écarquiller les yeux en lisant le dernier rapport de mission. Elle avait beau avoir une certaine animosité pour les pilotes en général, qui n’était qu’une bande d’imbéciles nourris à l’adrénaline et dévorés par le syndrome du héros, elle devait bien avouer que cet homme avait accomplit quelque chose de facilement qualifiable d’héroïque. Ramener un Jaeger à terre, seul, après une telle ‘déconnexion’… Malgré elle, elle se laissa retombé dans sa chaise, observant son écran avec une expression nouvelle. Celle qui figurait en introduction du dossier de Monsieur Wittelsbach aussi, exprimait une expression nouvelle. Plus enjouée que celle qu’elle avait croisé dans l’ascenseur. Plus… Adolescente, en quelque sorte.
Un instant, Evie se remit à mordiller son pouce. Si Stacker avait fait revenir un ancien pilote de Jaeger, cela voulait dire que son plan avançait. Et qu’elle n’allait pas assez vite. Il fallait qu’elle trouve, et cela, au plus vite, il fallait qu’elle ai des certitudes et non plus de simples hypothèses ! Il lui fallait du temps… Mais elle n’en avait pas assez… Se relevant, elle attacha sommairement ses cheveux en chignon, avant de revenir à sa paillasse et à son tableau sur lequel elle commença à tracer des chiffres et des équations. Ces recherches là étaient abouties, certaines. Elle pouvait les montrer, les expliquer, elle savait de quoi il retournait. C’était même plutôt simple, de simples prévisions. Un schéma mathématique. Facile à expliquer, normalement abordable pour ces fichus militaires. Du moins, elle l’espérait sincèrement car sinon elle ne pouvait plus rien pour eux…. Mais Stacker avait eue l’air de comprendre quand elle lui avait rendu le résultat de ses recherches, donc, les autres pouvaient bien faire l’effort également non ? Enfin… Si ils avaient tous l’intelligence de Chuck…
Un bruit dans son dos lui indiqua que le monte-charge remontait et elle s’activa, traçant des formules de plus en plus vite. Stacker lui avait dit que de nouveaux pilotes devaient arrivés aujourd’hui et que cela nécessiterait probablement une explication de ses travaux. Perchée sur un escabeau, elle fit de son mieux pour tout tracer à temps, ce qui fit pouffer de rire Newton.
-Quoi encore Newt? demanda-t-elle, un peu sèchement.
-Rien, c’est juste… T’as l’air tellement… Stressée ! C’est quoi, c’est les militaires qui te fichent la frousse ?
-Les militaires sont tous des crétins et tu connais très bien mon opinion sur la question, marmonna-t-elle, terminant de tracer les dernières équations. Mais si je veux que nous conservions le minimum de nos financements, je dois à tout prix les convaincre...
Dans son dos, le monte-charge eue un grincement, et avant qu’elle n’ai pu redescendre de son escabeau, Evie put apercevoir Stacker accompagné de Earl Hansen, ce qui la fit, malgré elle, pousser un petit soupir de soulagement. Earl et Stacker étaient bien les seuls militaires qu’elle parvenait à tolérer sur ce bâtiment, probablement parce qu’il étaient assez intelligent pour ne pas être demeurés.
-Evangeline, la salua-t-il à nouveau, nous vous écoutons.
-Au début, les attaques de Kaijus étaient espacés de vingt-quatre semaines, expliqua-t-elle sans prendre la peine d’introduire son propos, puis de douze, puis de six, puis de toutes les deux semaines. Et cette fois, à Sydney, ça ne fait qu’une semaine. Dans quatre jours, on devrait voir un Kaiju toutes les huit heures, jusqu’à ce qu’ils débarquent toutes les quatre minutes. Messieurs, nous devrions assister à une double attaque dans les sept jours qui vienne.
Le pronostique n’était guère optimiste, mais il s’agissait de pur fait, bien que les deux hommes en face d’elle affichèrent deux expressions assez différentes. Neutre et décidé pour Stacker. Plus touché pour Hansen.
-Mademoiselle Dust, je vais largué une bombe thermonucléaire d'une tonne deux. J'ai besoin de plus qu'une simple précision.
Elle s’apprêta à ouvrir la bouche pour défendre son analyse quand une voix bien trop espiègle pour appartenir aux deux militaires en face d’elle l’interrompit.
-Alors là, vous avez un problème. Parce qu'elle, elle pourra rien vous donner d'autre qu'une simple prévision.
Les mains recouverte de viscères de Kaiju, Newton se retourna vers eux, s’avançant de quelques pas tout en déversant des petits bouts organiques sur le sol.
-Pas d’entrailles de Kaijus de mon côté du laboratoire, Newton! s’énerva-t-elle aussitôt, aussi bien pour les viscères que pour sa tentative, un poil trop paternaliste, de la défendre.
Du moins, elle espérait qu’il s’agissait de cela…
-Oh ça va ! Ce n’est qu’un peu d’intestin, c’est pas la fin du monde.
-Dis ça à la dizaine de tenues souillées qui repose à la laverie!
-Eh! trancha la voix ferme de Hansen. On s'égare.
Remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, Evie s’obligea à se remettre bien droite face aux militaires.
-Les chiffres ne mentent pas, il va y avoir une double attaque. Et très peu de temps après, ils seront trois, puis quatre, et...
-Et puis nous serons mort, trancha Stacker.
-Hélas, fit-elle, avant d’inspirer grandement pour rassembler tout son courage, relevant le menton. Mais c’est ici qu’intervient la bonne nouvelle.
Rapidement, elle les emmena jusqu’à son ordinateur, refermant rapidement le dossier de Monsieur Wittelsbach dans un petit toussotement pour activer le modèlisateur 3D qu’elle avait à sa disposition.
-ça résuma-t-elle en traçant un cercle, c’est notre univers, et ça, c’est le leur. Et ceci, continua-t-elle en reliant les deux, c’est ce que nous appelons ‘La Gorge’, nous savons qu’elle est atomique par nature. Je prédis que l’augmentation du trafic va forcer la brèche à se stabiliser, et à rester ouverte le temps que le dispositif y pénètre et face exploser sa structure.
-Oui, et c’est là, il faut que j’intervienne parce que moi aussi, j’ai une théorie qui peut nous permettre de remporté la guerre.
-Newton, je t’en prie, l’interrompit-elle aussitôt, en lui faisait les gros yeux.
-Non mais écoutez moi ! Ecoutez moi une seconde. Ok, alors, pourquoi rangeons-nous les Kaijus par niveau? reprit-il, gonflant le torse de fierté en les voyant s’approcher. C’est parce qu’aucun ne ressemble au précédent. Vous voyez de quoi je parle ? Y en a qui a une tête de requin, l’autre une tête de poiss...
-Docteur Geizsler ? Venez en aux faits.
-Le fait, c’est que je ne pense pas qu’ils soient si différents qu’on le croit. Attendez, fit-il, s’éloignant pour aller exhiber des coupes d’organes de Kaijus.ça, ce sont des prélèvements que j’ai rassemblé, d’accord ? Celui-là a été prélevé à Sydney, et celui-là a été prélevé à Manihi, il y a six ans. Ils ont exactement le même A.D.N. Ce sont des clones. conclut-il, après une pause théâtrale.
Malgré elle, Evie sentit son ventre se contracter, craignant que les militaires ne le tournent en ridicule. Mais Newton n’avait clairement pas encore exposé toute sa théorie, et Evie fut presque aussi impressionnée qu’horrifiée de le voir aller jusqu’au bout.
-Il y a… tant de choses que nous ne comprenons pas chez le Kaijus, résuma-t-il, en appuyant sur quelques boutons qui firent descendre une immense cuve contenant un bout de cerveau en plus ou moins bon état. Et on a fait qu’effleurer la surface ! Ça, c’est un morceau de cerveau de Kaijus. Sauf que malheureusement, il est endommagé. Il est un peu faiblard. Mais il est encore vivant ! Et je pense que je peux aller à l’intérieur en utilisant justement la technologie qui permet aux deux pilotes des Jaeger de partager un pont neuronal ! Est-ce que vous vous rendez compte ? Je pourrais vous dire exactement comment pénétrer dans la brèche...
-Vous suggérez qu'on initialise une dérive avec un Kaiju?
-Non, non, non, pas avec tout un Kaiju, juste un tout petit bout de cervelle!
-Non, le pic neuronal serait trop violent pour le cerveau humain, contra Hansen.
-Je suis d'accord, conclu Stacker, mettant fin à l'entretient.
-Euh, moi, je suis pas d’accord!
Après un léger soupir, Stacker se tourna finalement vers Evangeline.
-Evangeline, je veux vos données sur mon bureau le plus vite possible.
-Euh non, mais c’est, je... tenta malgré tout Newton, dans une dernière tentative.
-Merci Newt, le coupa net Stacker, posant malgré tout une main affectueuse sur son épaule avant de quitter leur laboratoire pour le monte-charge.
-Non mais attendez !! C’est le truc le plus stupéfiant qu’on ai imaginer depuis...
-Newt. Laisse tomber, le coupa-t-elle, lui offrant une douce accolade.
Parfois ce scientifique déguindé lui faisait vraiment penser à un enfant.
-Mais j’en suis capable Evie, j’en suis sûr !
-Je sais Newt. Mais ce sont des militaires, pas des scientifiques. Ce qu’ils ont besoin, c’est de fait, de choses… Inéluctables. Nos théories et nos prévisions… Ils ne peuvent pas comprendre.
L’air déçu de Newt la toucha, et elle se dépêcha de lui ébouriffer les cheveux.
-Et puis de toutes manières, c’est beaucoup trop dangereux, tu les as entendus. Tu risquerais de te tuer.
-Ou alors je deviendrais une rock-star!
Bruyamment, elle soupira avant de lever les yeux au ciel, rassurée cependant de le voir toujours aussi investi et motivé. Newton était un rêveur mais ces militaires pouvaient vraiment avoir le chic pour vous saper le moral…
-Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai faim. Je monte au réfectoire, tu viens?
-Non, je dois finir de disséquer mon nouvel ami. Dis bonjour à rate de niveau 3, fit-il d’un ton menaçant, saisissant l’organe bleue sur la table d’opération où il travaillait.
Dans un gémissement dégoûté, Evie s’extirpa vite du laboratoire, se calant au fond du monte-charge pour réfléchir un instant. Elle était plutôt d’accord avec la théorie de Newton, bien qu’elle considère l’expérience comme suicidaire. Le pont neuronal était une science fragile, complexe, il ne suffisait pas juste de se ‘brancher’ à un cerveau de Kaiju ! Il y avait forcément des conséquences, et elle penchait pour des conséquences similaires à celle de la tentative de faire entrer de forcer un melon dans une boite trop petite… Explosion assurée.
Sur ces constatations morbides, elle défit ses cheveux, avant de se rendre dans le réfectoire, entourée brusquement de bruits, d’odeurs et de vapeur. Le menu du jour n’avait rien de ragoutant, mais elle savait qu’il s’agissait déjà d’une sacrée chance, de pouvoir manger à sa faim alors elle ne faisait pas la difficile. Sans un mot, elle remercia les cuisiniers, prenant son plateau pour aller s’asseoir à une table vide. En tant que personnel scientifique, elle ne passait pas beaucoup de temps hors de son laboratoire et son a-priori sur le personnel militaire ne l’avait pas vraiment aidé à nouer des liens, chose qui ne la dérangeait pas temps., Newton faisant à la fois office d’ami, de collègue, de frère et de gamin à surveiller.
-Mais ça alors, qu'est-ce que vois là? fit soudain une voix, accompagné d’un bruit de métal et d’un reniflement de chien.
Aussitôt, Evie se crispa, relevant un sourcil tout en dévisageant Chuck Hansen. De tous les militaires de ce bâtiment, c’était probablement celui qu’elle détestait le plus…
-Les rats de labo quittent leur locaux? Ton pote Mute ne s’est pas fait explosé j’espère, ce serait bête de te retrouver toute seule en bas...
-C’est ‘Newt’, souligna-t-elle, se demandant bien pourquoi elle faisait l’effort de lui parler.
-Fantastique. Heureusement que les surdoués sont là pour nous corriger, qu’est-ce qu’on ferait sans vous ? Ah oui. Notre job.
-Chuck est-ce que je peux savoir ce que tu me veux? le coupa-t-elle, cinglante.
-Oh mais tout un tas de chose ma Belle...
Un frisson de gêne intense lui parcourut l’échine et elle se pencha au-dessus de la table, le fixant du regard.
-Premièrement, je ne suis pas ta Belle, et ensuite, va te faire voir.
Un rictus mauvais tordit la commissure des lèvres de Chuck mais avant qu’il ne puisse prononcer le moindre mot, le son de la voix de Earl se fit entendre et Chuck se raidit aussitôt.
-Hong-Kong! Toute la beauté d'un port de commerce! résuma-t-il, s’asseyant à la droite d’Evie. Pas de rationnement, on a des pommes de terres, des petits pois, des haricots blancs, du assez bon hachis. Passe les patates. Adam, lui c’est mon fils, Chuck. C’est mon co-pilote. Et elle, c’est Evangeline Dust, l’une de nos scientifiques.
-J’ai déjà eue l’occasion de croiser Monsieur De Wittelsbach, fit-elle simplement, la voix encore saturée d’énervement, se tournant cependant vers lui pour le saluer du menton.
Un tel parcours, cela valait bien au moins une salutation. Même pour un idiot de militaire….
Ne put s’empêcher de demander Adam lorsqu’ils furent sortis du monte-charge à un niveau inférieur. Un allumé qui se prenait pour une Rockstar et une femme un peu sévère qui semblait pouvoir s’envoler au moindre coup de vent… Non pas qu’il ait des aprioris mais, tout de même, si leurs derniers espoirs reposaient sur ces deux-là, c’était que l’armée avait vraiment joué toutes ses cartes et quasiment perdu la partie. C’était presque triste à dire, encore pire à réaliser.
« Les temps ont changés. » Répondit Stacker, suivant mademoiselle Mori qui actionna une carte et composa le code d’une lourde porte. « Nous ne sommes plus une armée, Monsieur Wittelsbach. Nous sommes la Résistance. Bienvenue dans le Shatterdome. »
Les deux portes s’ouvrirent pour révéler une immense pièce fourmillante d’humains et d’activité, haute comme des immeubles et couverte de bruits de scieries ou d’autres mécaniques plus ou moins complexes. Un jaeger rouge vif se trouvait entreposé sur la gauche, avant un très long tunnel menant visiblement à l’extérieur si ses souvenirs étaient bon. Quand on manipule des robots de plusieurs mètres de haut, il convient d’adapter l’intégralité de leur environnement. Le fourmillement. Le brouhaha. Tant de souvenirs familiers qui lui donnaient l’impression d’être un peu… Rentré à la maison. Aucun visage familier ne le croisa sur l’instant mais c’était comme s’il n’était jamais parti.
Quand ils franchirent l’entrée, Adam remarqua une horloge au dessus de cette dernière qui indiquait 14 heures, 35 minutes, 37 secondes. Il s’immobilisa pour l’observer, ses pensées s’éparpillant face aux multitudes d’informations qui remontaient ainsi et cherchaient à retrouver leurs places.
« L’horloge de guerre. On la remet à zero après chaque attaque de Kaiju, ça nous aide à rester mobilisé. » Expliqua Stacker en avançant au travers du hangar sans une seule hésitation. Rien à voir avec Adam qui observait partout à la fois en les suivant, lui et Mako, d’un pas plus lent. « La fréquence des attaques s’accélère. »
« Il reste combien de temps avant la prochaine ? »
« Une semaine. Avec de la chance. Les experts pensent qu’il y aura une attaque de Kaiju bien avant. »
A force de marcher à reculons, il manqua de percuter un petit véhicule qui pila et klaxonna d’indignation. Adam s’excusa du menton auprès du conducteur mais celui-ci démarra rapidement sans un seul regard à son attention… Effectivement, il n’avait qu’à regarder où il allait. Il s’empressa de rattraper les deux autres et de se positionner à leur hauteur, écoutant la suite des explications du Colonel tandis qu’il lui faisait visiter le Shatterdome.
« Ce complexe abritait trente jaegers répartis dans cinq aires comme celle-là. » Il avait un ton fier, appuyant son implication dans le programme aujourd’hui en voie de disparition. « Maintenant il ne nous reste que quatre jaegers. »
Ah ouais, quand même.
« Je ne savais pas que c’était à ce point-là… »
Où étaient passés les moyens ? Où étaient passés les militaires ? Certes le programme des Murs de la Vie était le projet le plus prometteur d’après leurs gouvernements – et ça avait permis à Adam de survivre jusque-là – mais il n’avait jamais eu idée d’à quel point le monde était désemparé face aux menaces Kaijus. Ils couraient droit à l’apocalypse et les moyens commençaient sérieusement à manquer. Inexorablement. Implicitement. Et ce n’était pas toute cette fourmilière de gens et d’activité qui allaient le rassurer, bien au contraire… Dans quoi est-ce qu’il s’était encore fourré en acceptant de revenir ?
« C’est à ce point là. » Confirma Stacker, lui désignant un Jaeger rouge vers lequel ils se dirigeaient. « Crimson Tyfool, chinois. L’un des meilleurs. Assemblé à Shangzu, noyau en titane pur, pas d’alliage. Trente moteurs diesel par fibre musculaire. D’une précision implacable. Il est piloté par les frères Wai Tang, des triplés. Des gars du coin. »
Adam les repéra, à proximité de leur machine de guerre, en train de s’improviser un match de basket avec un panier accroché sur un échafaudage.
« Ils ont défendus avec succès le port de Hong Kong à sept reprises. » Ce qui était un exploit non négligeable quant on connaissait les adversaires qu’ils avaient eu à affronter. « Ils se mettent en formation Cumulo Nimbus. »
« Ah oui, la technique du triple bras. »
Il en avait déjà entendu parler… Ce n’était pas parce qu’il était un pilote « à la retraite » qu’il ne se tenait pas au courant des capacités des autres jaegers toujours « en activité ». Adam était un passionné, comme la plupart des humains de cette planète ; mais c’était sa mère qui avait toujours été plus au courant que lui sur les caractéristiques poussées de chacun. Il la chassa de ses pensées pour se concentrer sur le reste du trajet : ils franchirent un hall où était déplacé lentement un immense Jaeger verdâtre à l’allure massive et peu amicale.
« Ce tacot, le dernier des T90 : Cherno Alpha, première génération du modèle I. Le Jaeger le plus lourd et le plus ancien du service mais ne vous y trompez pas, monsieur Wittelsbach, c’est une machine de guerre féroce. » Devant le monstre de métal, un homme et une femme aux cheveux platines avançaient en tenant leurs casques sous le bras, parés d’une tenue de combat anthracite et le mentn haut, ils n’étaient pas difficiles à reconnaître. « Et ces deux-là : Sasha et Alexeï Kaidonovsky. »
« Ouais, je sais qui ils sont. Patrouilleurs du périmètre du mur Sibérien. »
« Grace à leur vigilance le mur est resté intact pendant six ans. Six ans… »
Ce laps de temps aurait pu paraître ridicule… Mais c’était un exploit des plus impressionnant compte tenu de l’apparition de plus en plus fréquente des Kaijus. Ils continuèrent leur route jusqu’à entendre les aboiements d’un chien et de se rapprocher deux deux visages qu’Adam avait vu récemment…
« Earl. Chuck. » Appela le Colonel Stacker. « Messieurs, soyez les bienvenus à Hong Kong ! »
« Max ! Viens me voir ! » S’exclama Mako, prenant pour la première fois la parole depuis leur arrivée, en s’accroupissant pour caresser le gros chien enjoué qui couru vers elle à la recherche de caresses. « Tu te souviens de moi ? »
« Et ne bave pas sur mademoiselle Mori ! » Gronda Earl, arrivant à leur hauteur. Il tendit la main pour serrer c’elle d’Adam, qui lui rendit sa salutation volontiers. « Quand il voit une jolie fille, il ne se contrôle plus. »
« Adam je vous présente Earl Hansen, un vieil ami de l’époque glorieuse des modèles 1. »
« Je te connais mon pote, on a déjà bossé ensemble. »
« Ouais. » Opina le concerné. « Il y a six ans, avec ma mère. Un drop groupe de trois jaegers. »
« C’est ça, à Manihi. Désolé pour ta mère. »
« Merci m’sieur. »
Adam hocha la tête comme toute réponse, appréciant malgré lui l’attention du pilote pour la mémoire de Kate. Ils n’étaient pas nombreux à se rappeler d’elle bien qu’ils aient défendus les rives du pacifique pendant plusieurs années. A dire vrai, ils n’étaient pas nombreux à être encore vivants pour pouvoir le faire.
« Earl et Chuck seront aux commandes de l’opération sur Striker Eurêka. »
Il leur désigna la bête métallique juste derrière eux.
« Le jaeger le plus rapide du monde. Le premier et le dernier des modèles V. L’Australie l’a désaffecté la veille de l’attaque de Sydney… Heureusement qu’on était restés dans le coin. »
« Oui. Il va diriger la mission. »
« Attendez… Quelle mission ? » Parce que le colonel n’avait pas vraiment développé ce point-là au débauchage. Et Adam n’aimait pas franchement être laissé sur la touche quand des informations aussi importantes circulaient avec sa vie en jeu. « Vous m’avez même pas encore dit ce que je fais ici. »
Stacker ne se laissa pas démonter, bien qu’il eut un instant de gêne.
« On s’attaque à la brèche, monsieur Wittelsbach. » Avoua-t-il, d’un ton plus confidentiel que précédemment. « Nous allons fixer une ogive thermonucléaire d’une tonne deux sur Striker. Et faire exploser l’équivalent d’un million deux de tonnes de TNT et vous, ainsi que deux autres jaegers, seraient chargés de sa protection. »
« Je croyais qu’on était la Résistance ? » Il passa du colonel à Earl, puis vice-versa. « D’où vous sortez un truc aussi énorme ? »
« Vous savez les russes qu’on a croisé ? Ils nous trouvent tout ce qu’on veut. »
Super… Donc ils étaient baignés dans l’illégalité mais avec du matos de l’armée mondiale. A quel moment est-ce que tout ça avait dérapé, exactement ? Le Colonel recula d’un pas pour marquer la fin de la conversation et décida de clore tout débat en laissant Adam avec Mako.
« Earl, allons-y. »
« C’est bien de se retrouver ! » Lança Earl en lui emboitant le pas.
« Oui, m’sieur… »
Il les observa s’éloigner en se mordant l’intérieur de la joue. Toute cette histoire ne lui disait franchement rien qui vaille… Et il y avait un plus gros problème encore : ce plan n’avait rien de révolutionnaire. C’était plutôt du suicide, un véhicule envoyé contre un mur une fois de plus.
« Je vous conduit à votre Jaeger. » L’informa Mako, le tirant de ses pensées.
« Mademoiselle Mori… Vous m’excusez une minute ? » La coupa-t-il, avant de se mettre à courir vers les deux hommes. « Colonel ! On a bombardé la brèche plusieurs fois, ça ne marche pas. Y’a rien qui passe à travers. Qu’est-ce qui a changé ? »
Jamais le Colonel ne reprendrait cette technique s’il n’avait pas de nouvelles données. Et ce n’était sûrement pas la taille des Kaijus qui jouait dans la balance.
« J’ai un nouveau plan. Il faut que vous soyez prêt, c’est tout. »
Une nouvelle fois il clôtura la conversation de cette manière et s’éloigna avec Earl Hansen. Superbe. Donc il lui demandait de lui faire confiance après toutes ces années et de le suivre aveuglément ? L’ennui, c’est qu’Adam n’était pas un gentil chien bien dressé… Et il ne comptait pas risquer inutilement sa vie ou ceux des autres sans avoir la certitude que ça allait fonctionner. Mako, poliment, lui suggéra de la suivre et cette fois il obtempéra, franchissant d’autres hall jusqu’à passer dans un autre sas.
« Le voilà. » Désigna-t-elle, tendant son bras muni d’un calepin en direction du haut d’un Jaeger.
Adam s’arrêta rapidement, soufflé dans son élan en reconnaissant le faciès si familier de la machine. Un bleu acier. Un casque au regard jaune. Des lignes rouges. Tout était familier. Proche. Reconnaissable. Identifiable. Tout était…
« Gypsy Danger… j’en reviens pas. » Murmura-t-il, admiratif et choqué à la fois. Si on lui avait d’un qu’un jour il le reverrait… Il s’approcha d’une rembarde pour le voir de plus près, partagé entre une multitude de sentiments qui lui retournèrent l’estomac comme lui enserrèrent le cœur d’une douce chaleur. « Regardez-ça… Tellement beau. Il à l’air flambant neuf. »
« Il est mieux que neuf : son réacteur nucléaire a deux noyaux. Il est unique en son genre maintenant. »
Elle eut un petit sourire de fierté. C’était vrai qu’elle travaillait sur le programme de réhabilitation des Jaeger de catégorie III, celle où appartenait Gypsy.
« Il l’a toujours été. »
Et il le serait toujours…
« Qu’est-ce que tu dis de ton engin, Wittelsbach ?! » La voix résonna derrière lui, le fsaisant tourner vivement la tête alors qu’un homme apparaissant, en costume marron et nœud papillon rouge. « Coque en un seul bloc de métal, pas d’alliage, quarante blocs moteurs par fibre musculaire, arbre d’hypertension dans chaque membre et nouveau système synaptique hydraulique ! »
Adam en lâcha son sac d’affaire, un sourire aux lèvres en le reconnaissant.
« Tendo ! » S’exclama-t-il, le gratifiant d’une accolade lourde et amicale.
« Dans mes bras ! »
« Ca fait plaisir de te voir ! »
Plus de cinq ans et cet homme n’avait pas changé d’un pouce ! Enfin, quelques rides au coin des yeux mais absolument rien de très marqué… Plus qu’un soulagement, Adam était sincèrement heureux qu’il fasse toujours parti du projet Jaeger.
« Ca fait plaisir de te voir aussi mon grand ! C’est comme au bon vieux temps… »
* * *
Une fois que Mako lui eut montré sa nouvelle chambre, Adam se glissa dans une douche comme si c’était la chose la plus merveilleuse au monde. A dire vrai, il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il avait pu en profiter et ce fut un vrai bonheur ! S’habillant rapidement de vêtements simples, l’appel de son ventre eu raison de lui et il décida de se rendre au réfectoire. Les indications d’une base militaires étaient aussi simples qu’un plan et il se retrouva rapidement dans la grande pièce, croisant les triplés chinois qui le toisèrent comme d’un adversaire qu’on évaluerait… Adam remarqua aussi la fratrie russe près d’une table mais ne s’en approcha pas. Il n’était pas venu ici pour faire ami-ami avec des combattants ou des pilotes. Il était venu parce que… Il n’avait nul part où aller pour se sentir utile ; à vrai dire. Et cette cruelle révélation l’agaça comme elle le confronta à sa réalité : il lui fallait de l’adrénaline pour se sentir vivant. Remonter à bord d’un Jaeger allait lui en fournir pour toute une vie.
Faim. Il avait faim. Et la perspective de pouvoir manger emplissait son corps d’une impatience pourtant teintée d’amertume. Il s’était passé tellement de choses dans les dernières heures qu’il n’était pas sûr d’être capable d’avaler quoi que ce soit de réellement consistant. Vrai paradoxe vivant.
« Adam ! » L’interpella la voix d’Earl, descendant des escaliers métalliques avec deux plateaux dans les mains. « Viens t’asseoir avec nous. »
Il lui tendit l’un des plateaux comme si c’était parfaitement naturel.
« Non, c’est sympa, merci. Je vais juste… »
« Allez ! » Insista l’homme, le poussant à attraper le contenant et à le suivre. « Viens, y’a plein de places à notre table ! »
Effectivement… Si on excluait les trois types qui venaient de s’installer à côté d’une jeune femme aux cheveux blonds qu’Adam avait déjà croisé un peu plus tôt et de l’autre gars : Chuck. Ce dernier semblait doué d’une propension à agacer les autres, rien qu’à le voir les muscles du pilote se tendirent et il fut pris d’une violente envie de lui aplatir son poing dans la figure. En tout bien, tout honneur. Earl s’installa à côté d’Evie et Adam se retrouva en face de cette dernière, séparé de Chuck par leur chien, Max, qui semblait inconscient des dualités autour de lui.
« Hong-Kong! Toute la beauté d'un port de commerce ! Pas de rationnement, on a des pommes de terres, des petits pois, des haricots blancs, du assez bon hachis. Passe les patates. Adam, lui c’est mon fils, Chuck. C’est mon co-pilote. Et elle, c’est Evangeline Dust, l’une de nos scientifiques »
« J’ai déjà eue l’occasion de croiser Monsieur Wittelsbach. »
Il hocha le menton pour la saluer en retour. Effectivement, ils s’étaient vu dans le monte charge. L’une des deux scientifiques… Ses yeux lâchèrent leur contemplation du morceau de pain – du pain ! Il n’en avait pas vu depuis longtemps – pour l’observer à la volée : elle avait l’air agacée et lança un regard acide à Chuck. Tiens, elle aussi ne supportait pas le gamin ? Bon à savoir.
« C’est plutôt lui le co-pilote. Pas vrai papa ? » Intervint Chuck en s’installant à califourchon sur le banc, lançant un regard malicieux à son père. « Alors… C’est toi, hein ? C’est toi qui va assurer mes arrières dans ton vieux tas d’ferraille ? »
Ne pas s’énerver… Adam échangea un regad avec Evie avant de mordre avidement dans un morceau de pomme de terre. Bon Dieu, de la nourriture chaude… ! Ses papilles en frémir de satisfaction. Il s’obligea à manger lentement mais il aurait été capable d’engloutir littéralement toute son assiette en quelques secondes.
« Ouais, c’est le plan. »
« Bien, alors… » Chuck fouilla dans son assiette puis tandis la main pour attraper un petit morceau de viande qui venait de tomber de celle de la scientifique, sans gène aucune. « … C’était quand ton dernier pilotage, Arthur ? »
« Il y a environ cinq ans. »
Est-ce que ce gamin se foutait de sa gueule ? Ou bien il était réellement un abruti ? Et pourquoi est-ce que la proximité dont il faisait preuve avec Evie lui donnait la nausée ? Bien que cette dernière n’ai pas l’air encline à quoi que ce soit, il se permit de lui adresser un petit clin d’œil en continuant de lui piquer des aliments dans son plateau.
« T’as fait quoi pendant cinq ans ? Un truc important je suppose. »
« J’étais dans la construction. » Répondit Adam après s’être mordu l’intérieur de la joue pour ne pas lui lancer une pique violente. Sa mâchoire lui faisait mal à force d’être serrée sous un contrôle qu’il s’efforçait de garder.
« Wow, génial ! » Chuck n’avait l’air en rien emballé, plutôt condescendant. « C’est vrai ça peut être super utile, tu trouves pas ma Belle ? » Il lança une œillade à la scientifique comme s’il s’agissait de son alliée. Entrangement, Adam ne les aurait pas vu ensemble ces deux-là… Il faut croire qu’il avait toujours autant de mal à jauger les gens au premier regard. « Tu pourrais… Une fois dans la bagarre, tu pourrais construire une issue de secours, Arthur. »
« C’est Adam. »
« C’est pareil. »
Et son poing dans la figure, c’était pareil ? Les deux hommes s’affrontèrent du regard dans une atmosphère aussi électrique que douloureuse.
« Ecoute : Stacker ne jure que par toi et mon partenel semble t’apprécier. Mais c’est des mecs comme toi qui ont coulé le programme Jaeger. Pour moi, t’es un poids mort. »
Il se leva du banc, prenant l’orange qu’Evie était en train de peler pour la faire sauter dans sa main. Si des yeux pouvaient tuer, Adam l’aurait fait sur le champ. De quel droit se permettait-il de le juger de la sorte ? De quel droit le tenait-il responsable de la déchéance du programme ? De quel droit bafouait-il la mémoire de tous ceux qui étaient morts pour que lui puisse continuer à piloter un jaeger à son niveau ? Adam avait déjà vu certains prendre la grosse tête grace à leurs réussite, mais c’était étonnant que celle-ci n’ai pas explosée vu la taille qu’elle faisait.
« Si tu me ralentis, j’te laisse tomber comme un sac de merde de Kaiju. A un de ces quatre, Adam ! »
Il chaussa une casquette militaire et jeta l’orange à Max, qui l’englouti sans même la mâcher. Un clin d’œil et un claquement de langue en direction d’Evangeline et Chuck Hansen s’éloigna d’eux sans un seul autre coup d’œil en arrière.
Adam avait serré le poing si fort sur sa cuisse que ses jointures lui faisaient mal.
« J’en assume la responsabilité. » Fini par déclarer Earl, s’adressant à la fois à Evangeline et à lui. Il leur lança un regard désolé. « Je l’ai élevé tout seul. Il est pas bête mais… Je sais jamais si je dois l’embrasser ou lui botter le train. »
Adam prit une inspiration.
« Sauf votre respect, monsieur… »
« Je sais de quoi il a besoin. » Compléta Evie d’un air résolu.
Et quelque chose lui soufflait qu’ils étaient tous les deux du même avis.
Evangeline Leviosa
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Lily James
• Mais Eggsy ... Qu'est ce que tu as fais ?
• Non mais fais moi confiance ! T'vas voir on va bien s'amuser !
╰☆╮
• Tututut et c'est parti pour une nouvelle journée !
• Ouiii Emy ! Chantons ensemble !
• ... Il n'est que 7h et vous m'épuisez déja les filles ...
| Conte : Cendrillon | Dans le monde des contes, je suis : : Marraine la BonneFée
La fin du monde est proche, alors où préférez vous mourir? Ici? Ou dans un Jaeger ?
Jamais de sa vie elle n’avait voulu à ce point faire voler son plateau en plein dans la mâchoire de ce crétin de Chuck ! Ce petit con était pire qu’un sombre crétin et au moins deux fois aussi égocentrique mais qu’il se permette de la ridiculiser de la sorte !.. De frustration, elle planta rageusement sa fourchette dans la purée de pomme de terre à laquelle elle n’avait absolument pas touché et à laquelle elle ne toucherait probablement plus du tout…
-Tu sais que c’est pour te charier, tenta Earl, de ce ton paternaliste d’un autre âge qui ne fit qu’achever de lui couper l’appétit. Au fond, il t’aime beaucoup, c’est juste qu’il ne sait pas y faire avec les femmes.
-Sans vouloir te vexer Earl, le coupa-t-elle aussi net, se tournant vers lui avec un regard vipérin, les théories patriarcales prônant que l’agressivité des garçons envers les filles sont ‘juste’ un moyen d’attirer leur attention sont dépassées depuis au moins un siècle.
A côté d’elle, elle put clairement voir Earl se trémousser sur son banc, gêné probablement mais cela ne réduisit en rien l’agacement d’Evie, au contraire. Il était son père, pour l’amour des Cieux, il ne pouvait pas faire preuve d’un peu d’autorité !
-C’est un bon garçon, tenta-t-il malgré tout, dans une dernière tentative d’excuser ou de justifier son comportement.
-Je ne peux même pas te dire que c’est certainement le cas avec toi puisque même toi, il te manque ouvertement de respect.
D’un geste, elle tourna le visage vers son vis-à-vis, sentant son regard couler vers elle. Elle avait conscience d’être probablement injuste envers ce pauvre Earl qui, bien que ne l’ayant absolument pas défendue une seule seconde, n’était en rien responsable du comportement de demeuré de son abruti de fils. Et aux yeux du militaire qui lui faisait face, elle devait probablement avoir l’air d’une harpie, aussi serra-t-elle malgré elle les dents, prête à encaissée l’un des éternels sermons dont le corps militaire avait le secret, surtout envers elle… Mais rien ne vint. En réalité, elle eue même le sentiment qu’il approuvait sa colère et son agacement. Ce qui l’étonna plus que ne la rassura, en réalité. Décidément, ce Wittelsbach était différent…
-Excuse moi Earl. Ce n’est pas contre toi que je devrais m’énerver.
-Non, c’est moi qui devrait m’excuser, je.. Vais aller lui parler. Lui dire d’arrêter de te traiter de la sorte. Et si tu lui plaît, il n’a qu’à venir te le dire, au lieu de jouer les imbéciles.
Malgré elle, Evie eue une sorte de grimace, qui n’échappa pas à son vis-à-vis qui étouffa un ricanement dans une bouchée de pain. Pour l’amour des Cieux, il ne manquait plus que ce crétin en pince pour elle…
-Tu veux un peu de patate ? demanda-t-il gauchement, pas certain de ne pas reprendre une engueulade.
-Non merci. Je n’ai plus faim, répliqua-t-elle simplement, pliant un genoux contre sa poitrine en se tournant à demi vers eux.
Earl eue une nouvelle moue de gêne, avant de reprendre son discours là où il l’avait laissé quand son fils l’avait interrompu. En quelques minutes, il résuma l’historique de la plate-forme, faisant par instant appel à Evie qui répondit surtout sur les aspects architecturaux du bâtiment. Elle avait intégrer l’équipe scientifique depuis quatre ans à peine, mais elle avait parfois l’impression qu’elle était là depuis toujours. Ce bâtiment, c’était devenu, à force, sa maison. Elle ne pouvait pas vraiment dire qu’elle s’y sentait toujours à l’aise, mais c’était le seul endroit où elle pouvait prétendre avoir sa place. Plus rien ne l’attendait, en dehors de ces murs…
-Et merde ! s’exclama soudain Earl, après avoir jeter un coup d’oeil à sa montre. Stacker m’attend, il faut que je file. Adam, ça été un plaisir, on se revoit bientôt. Evie.
Elle hocha la tête à son tour, l’observant partir avant de revenir à son vis-à-vis, qui terminait le fruit qui lui servait de dessert.
-Vous êtes sûre que vous n’en voulez pas ? insista-t-il, pour la troisième fois en lui désignant sa pomme du menton.
-Non merci, sans façon. Alors, Monsieur Wittelsbach, ajouta-t-elle après un petit silence, dans quel quartier vous ont-ils remisés?
-Quartier B15, cellule 7.
Malgré elle, elle haussa les sourcils, avant d’avoir une sorte de sourire.
-Vous les avez à ce point énervé?
Il eue une sorte de rire, presque un ricanement, et Evie ne put s’empêcher de faire de même. D’un geste plutôt galant, il mit son plateau sur le sien, se levant pour débarrasser à sa place et avant qu’il ne puisse se retourner, elle lui avait emboîter le pas.
-C’est si moche que ça, de finir au quartier B15 ?
-Le pire des sorts qui soit, renchérit-elle, enjouée sans trop savoir pourquoi.
-Et vous alors, parlez moi de vous, fit-il après un léger silence, se tournant à demi vers elle tout en continuant à marcher pour sortir du réfectoire. Subir les petites frappes de l’armée, officier avec un ‘fanatique’, vous devez vraiment aimer votre travail, non?
-On ne peut pas tous être pilote, railla-t-elle, avec un petit rictus moqueur.
-Vous avez tenté ? demanda-t-il, frontalement, comme pour lui être en mesure de lui asséner la difficulté de la tâche, qu’Evie ne connaissait que trop bien…
-J'ai été recalée, si vous voulez. Quand je me suis engagée ici, continua-t-elle, en le voyant hausser les sourcils, ce n’était pas en temps que scientifique. Mais ‘on’ a décidé que je valais mieux en tant que personnel scientifique que personnel de terrain.
-Votre score au simulateur ?
-Cinquante et un drop, cinquante et un succès.
Il fallait avouer qu’elle était plutôt fière de ce résultat, bien qu’il fut totalement inutile désormais. Pourtant, Wittelsbach semblait penser différemment.
-C’est impressionnant. Et vous n’êtes pas candidate pour demain ?
-Demain?
-Mademoiselle Nori a organisé une sorte de tournois. Pour déterminer qui sera mon prochain co-pilote...
En prononçant ce mot, sa voix baissa, et son visage se referma un instant. Evie se mordit aussitôt la lèvre, consciente de ce à quoi il devait penser.
-On ne… Convie pas le personnel scientifique à ce genre de réunion, fit-elle platement, espérant naïvement le détourner de ses pensées douloureuses. Les… Stacker a ses raisons.
-Oui, il en a toujours. Mais avec un tel score, je ne vois pas pourquoi il ne vous ont pas prévenu.
Comme pour elle même, Evie haussa les épaules. Cela faisait longtemps que ses rêves de sauver le monde s’était éteint. Tout ce qu’elle pouvait faire désormais, c’était prédire les choses et peut-être réussir à comprendre leur ennemi pour mieux les vaincre. C’était tout ce dont elle était capable, tout ce qu’on lui permettait de faire… Peu importait la rage qui pouvait encore l’habiter ou la tristesse qui pouvait la dévorer jusqu’au creux de son sommeil certaines nuits. Ce n’était pas suffisant pour devenir une pilote, encore moins pour tenter de prévenir l’Apocalypse imminente.
-Bon, eh bien. C’est ma ‘chambre’, fit soudain Wittelsbach, sortant brutalement Evie de ses pensées où elle s’était perdu depuis quelques minutes.
Battant des paupières, elle releva la tête, avisant le ‘7’ gravé sur le côté gauche de l’écoutille verticale qui servait de porte à toutes les ‘chambres’ des habitants de cette plate-forme.
-Oh ! Euh… Eh bien. Très bien, bonne… Bonne fin de journée, je suppose.
Poliment, elle lui tendit la main, qu’il serra avec une certaine douceur, avant de tourner les talons… Pour remonter les marches de la cellule faisant face à la sienne. D’un geste, elle en ouvrit la porte, relevant ses cheveux pour saisir l’un des élastiques qui traînait toujours sur son bureau, avisant au sol les quelques feuilles faisant lieu de ‘courrier’ émanant des quelques services actifs dans le bâtiment. Elle les ramassa rapidement, les parcourant des yeux tout en se tournant pour fermer sa ‘porte’, quand elle se figea brusquement.
Son épaule et son torse était parcourut de cicatrices. Les traces chauffées à blanc d’un métal poussé aux limites de ses capacités. Des traces fines, droites, de véritables rouages. La signature d’un acte héroïque, pourtant sans succès. Malgré elle, Evie se figea, ses pupilles se dilatant rien qu’à imaginer la douleur que cela avait du être. Aussi bien physique… Que mentale. Elle eue une seconde de flottement avant de relever les yeux, avisant ceux de Wittelsbach poser sur elle. Merde. Rapidement, elle referma sa porte, ne pouvant s’empêcher de passer sa main sur son front. Elle avait lu son dossier mais ça… ça c’était autre chose…
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Dans un cri étouffée, elle se cabra dans son lit, reculant en rampant jusqu’à sentir son dos heurté le mur de sa cellule. Son souffle emballé soulevait les couvertures et elle du s’y reprendre à deux fois pour parvenir à actionner l’interrupteur de sa seule lampe, éclairant sa cellule d’un halo cru qui lui déchira les pupilles. Peu importait. Elle se fichait bien de la douleur. Elle se fichait bien d’être groggy, essoufflée, crispée. Elle se fichait bien de tout cela…
Soixante quatre jours.
Cela faisait soixante quatre jours qu’elle n’avait pas refait cet horrible cauchemar.
A bout de souffle, elle se pencha, enlaçant ses genoux avec force. Il fallait qu’elle se calme. Il fallait qu’elle respire. Elle était une scientifique pour l’amour du ciel, elle savait qu’il ne s’agissait que d’un rêve !… Respirer. Prendre de courte inspiration. Inhaler par le nez, expirer par la bouche. Reprendre un rythme cardiaque neutre.
Il lui fallut encore quelques secondes, presque une minute avant qu’elle ne parvienne à déplier ses jambes pour se diriger vers le lavabo, allumant le jet d’eau pour boire quelques gorgées avant de s’asperger le visage.
Ce n’était qu’un cauchemar. Rien de plus.
Pourtant, elle ne put s’empêcher d’aller s’asseoir à son bureau, tendant la main vers une photo aux bords racornis, déchirés. Représentant trois visages. Aux couleurs du passé…
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-Evie ? Eh tu m’écoutes au moins ?
-Quoi?
Un poing posé sur sa hanche, son pouce à moitié dévoré, Evie se retourna, faisant face à son acolyte de toujours.
-Excuse moi, tu disais?
-Je disais que c’était l’heure, et aussi que tu étais franchement dans la lune depuis ce matin ! Déjà je pense arrivé super tôt et t’es déjà là depuis deux heures mais en plus, t’es complètement dans ta bulle.
-Je… Je suis désolée, excuse moi. J’ai pas beaucoup dormi.
Aussitôt, elle put voir une ride se frayer un chemin entre les deux yeux de Newton, mais elle ne le laissa pas s’exprimer.
-Je m’absente un quart d’heure, ne fais pas tout explosé entre temps! fit-elle, reprenant son élastique pour s’attacher les cheveux en un chignon rapidement fait.
-Tu vas où ? Tu montes sur le pont ? Oh tu peux me ramener un truc à manger, genre une orange ou quelque chose, j’ai super faim moi !
Elle eue une sorte de rire, levant les yeux au ciel avant de lui promettre de passer au réfectoire avant d’appeler le monte-charge pour s’y glisser. Personnel scientifique ou pas, Evie demeurait d’une profonde curiosité… Et elle avait bien envie de savoir qui Mademoiselle Nori avait sélectionné comme potentiel co-pilote de Wittelsbach. Et qui il allait choisir...
Les gens qui vivaient ici ne venaient pas du même monde que ceux qu’il avait côtoyé ces dernières années. Il passait de l’anonymat le plus complet, l’effort pour quémander sa pitance et l’espoir aveugle en un seigneur qui les avait abandonnés à… Ca. Cet endroit. Cette euphorie teintée de mélancolie. Cet espoir fou que tout pouvait être possible au travers de machines de quelques milliers de tonnes. Cette idée simple d’exterminer une fois pour toute la menace, ou de perdre à jamais l’humanité. A bien y réfléchir, et à choisir, Adam connaissait la réponse à la question du colonel : ce n’était pas au pied d’un mur inachevé et inefficace qu’il voulait mourir. Ce n’était pas enfermé dans une ville ou à l’abri des tous-terrains. Ce n’était pas en subissant passivement ce qui leur arrivait. Sa mère ne l’avait pas élevé pour être un parfait petit garçon ordonné et il n’était pas devenu cadre ou un de ces premiers de classe bien rangé avec son attaché-case et son petit costume ; non, ils s’étaient battus toute leur vie contre l’adversité et il ne comptait pas baisser les bras maintenant. Abandonner ? Il avait eu un aperçu de ce que cela donnait et il était hors de question de recommencer.
Relevant le nez vers le miroir de sa salle de bain, Adam croisa le regard de Katherine de Wittelsbach, sa mère. La photp était vieille, racornie, imprimée à l’ère où tout un chacun ne pensait qu’à son téléphone mobile sans s’attacher aux souvenirs physiques… Lui était content d’avoir pu les conserver. Les portables ne servaient plus à rien, seul comptait le peu de choses que contenaient son paquetage. Sa vie entière dans deux sacs. Uniquement. Simplement. Mais il y gardait tous les souvenirs de son existence et en particulier ce petit sourire malicieux qui remplissait son cœur de douleur. Elle le réchauffait, aussi, en un sens. Elle avait été là du début à la fin. Elle l’avait conduit à devenir un pilote. Elle l’avait poussé à donner le meilleur de lui-même et elle avait toujours accepté son tempérament flamboyant… Qu’aurait-elle pensé s’il avait refusé cette opportunité ? Il ne le faisait pas vraiment pour la gloire. Il ne le faisait pas non plus par bienveillance humaine et empathie extrême. Il le faisait pour lui, pour tous ceux qui restaient encore à sauver et pour… Un instinct. Une envie solennelle. Un sentiment de devoir qui lui pourrissait l’existence et une appartenance propre à cette planète.
Il voulait pouvoir de nouveau lever le nez vers le Ciel ne plus rien avoir à craindre des océans.
Il s’essuya le visage, pris une inspiration et se redressa. Stacker. Hansen. Mori. Tendo. Dust. Ils étaient tous là pour des raisons personnelles mais tournaient autour d’un seul objectif : exterminer une fois pour toute les Kaijus. Ça tombait bien, lui aussi. Et il allait devenir leur bras armé, à la condition de trouver un partenaire compatible. Laisser de nouveau entrer quelqu’un dans sa tête. Partager des souvenirs communs. Se rapprocher plus que jamais de l’autre et… Accepter, peut-être, de perdre à nouveau quelqu’un ou d’être celui qui disparaît. A ses risques et périls. Il y avait quelque chose en Evangeline qui l’attirait, une espèce d’alchimie pernicieuse qui le poussait en avant comme un aimant. Il ne saurait l’expliquer mais une pensée le titillait, l’attirait, le prenait au corps et réclamait d’en avoir le cœur net. Qui sait, peut-être qu’il parviendrait à convaincre Mako et le Colonel du bien fondé d’une telle idée ? Dans un monde où tout espoir était bon à prendre, peut-être qu’une scientifique surefficace pouvait être son alter-ego… Il eut un sourire en coin à cette idée, éteignant la lumière avant de se jeter sur son lit.
Il eut une nuit sans rêves mais, aussi, sans cauchemars.
* * *
EPREUVES DE SELECTION – 06 : 30 HEURES
Ça avait commencé depuis déjà trente minutes. Adam était installé dans un dôjo, la réplique de celui où ils s’entraînaient avec sa mère six ans auparavant, et affrontait un à un les candidats choisis par Mako pour se trouver un partenaire. Une consigne simple et un bâton en bois. Un affrontement d’égal à égal. Pas de coups portés. La simple consigne de mettre son adversaire en porte-à-faux et d’en apprécier les réponses. L’équivalence. Le réflexe. La rapidité. L’alterabilité. Il ne manquait rien et sous les yeux des curieux, il se sentaient encore plus animal de foire qu’il ne l’était déjà. Bien qu’habitué aux projecteurs du temps où il était pilote, supportant la pression avec une remarquable manière de faire, Adam était légèrement distrait. Un tantinet. Un tout petit peu. Suffisamment.
« Quatre points à zéro. » Commenta Mako, alors qu’il venait de mettre au sol un nouvel adversaire.
Elle le nota sur sa tablette tandis qu’il se redressait, se tournant pour se mettre en position. Au mouvement de menton du colonel, droit comme un i dans son costume, un homme s’avança en faisant rouler son arme rapidement autour de son bras. Offensif. Concentré. Il fit un demi-tour sur lui-même puis vint percuter celle d’Adam, qui para le coup. Reculer. Suivre. Comme une vague, onduler et faire croire à un ressort pour mieux rebondir. Le claquement du bois. Le haut. Le bas. Puis profiter de l’ouverture, se glisser sur le côté et saisir l’occasion : d’un geste souple il toucha la nuque de son vis-à-vis et aplati le bâton dessus, le faisant basculer avec lui jusqu’au sol où, un genou à terre, il le maintint cinq secondes. Suffisantes. Complètes. Significatives.
« Quatre points à un. »
Il releva le nez en libérant le candidat. C’est à ce moment-là qu’il la vit : blonde, les yeux cernés mais l’air déterminé, se mordre légèrement la lèvre parmi la foule de curieux spectateur. Alors elle était venue ? Intéressant. Intéressé.
Stacker eut un nouveau geste et l’adversaire suivant entra sur le tatami. Ils maîtrisaient les arts martiaux, tous autant qu’ils étaient, et étaient d’une force apparemment égale à Adam. Certains plus petits, tous mêmes, mais aux qualités physiques exceptionnelles. Ça n’empêchait pourtant pas cette sensation de manque. D’inintérêt notoire. Ils étaient idéaux, maniant leurs armes dans des gestes rapides, précis, frappant le bois contre le bois mais se faisant surprendre au bout de quelques secondes qui marquaient la fin du combat. Une ou deux fois il avait cru pouvoir trouver un adversaire mais… Celui-ci s’était laissé prendre de cours. De vif. Ils suivaient tous des schémas qu’il connaissait par cœur pour les avoir lui aussi appris et ne recelait en rien de cette étincelle d’imprévisibilité que Mako lui avait reproché d’utiliser à son avantage. On n’apprenait pas tout dans les livres, heureusement.
Adam était offensif. Il n’hésitait pas, ne reculait que pour mieux avancer, et prenait les hommes au revers. D’un geste vif il glissa l’extrémité de son bâton derrière les genoux du nouveau et le fit violemment perdre l’équilibre, n’ayant qu’à pencher son arme vers sa gorge une fois celui-ci au sol. Encore gagné. Mais encore perdu. Un regard en coin, d’abord pour Evie. Appuyé. Soutenu. Déconcentré. Provocateur.
« Quatre points à deux. » Trancha mademoiselle Mori, ferme.
Il se redressa avec vivacité et agacement. Transpirant de ces efforts.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » Lança soudain Adam, s’avançant de quelques pas en direction de la foule et, plus particulièrement, d’Evie. C’était elle qu’il fixait en tout cas. « Ils vous plaisent pas ? Vous les auriez pas sélectionné personnellement ? »
C’était une provocation à l’encontre de Mako mais Adam n’en avait que faire, plantant le bâton devant lui avant d’y apposer ses deux mains. La scientifique eut l’air surprise, lançant des regards autour d’elle comme pour s’assurer qu’il s’adressait bien à elle, mais…
« A chaque fois qu’un match se termine, vous faites ce petit… » Il imita son froncement de sourcil et son mouvement de la tête. « … Froncement de sourcil. Comme si vous critiquiez leurs performances. »
« Ce n’est pas leur performance, c’est la vôtre. » Se défendit-elle, agacée, outrageuse. Outrageante. « Vous faites des manœuvres inutiles. Vous auriez pu battre chacun d’eux deux coups plus tôt. »
Des murmures enflèrent dans la salle. Adam haussa un sourcil surpris, d’abord par son entrain et par ses manières, ensuite de constater qu’elle en connaissait un rayon en dehors de son laboratoire… Et une espèce de sourire enjoué apparu sur son visage, malgré la réaction du Colonel Stacker qui laissait présager qu’il n’allait pas la laisser continuer plus longtemps. L’ancien pilote le prit de vitesse.
« Vous croyez-ça ? »
« J’en suis sûre. »
« Alors changement de programme. » Il se tourna en direction de Mako et du colonel, désignant Evangeline de son arme de bois. « Pourquoi elle essayerait pas, elle ? »
Les murmures s’accentuèrent, quelques plaintes de la part des candidats résonnèrent et Mako eut l’air surprise, adressant au colonel un regard intrigué. Elle qui avait l’air si ordonné devait être surprise dans son organisation… Encore un coup d’imprévisibilité qu’elle lui avait reproché. Comme quoi, même lui parvenait à la surprendre alors qu’elle avait eu l’air si sûre de l’avoir cerné.
« Non. » Répondit Stacker, sans hésitation. « Nous nous en tenons à la liste des candidats prévus. »
Mako ouvrit la bouche comme pour répliquer et Adam ne le vit pas mais, Evangeline venait de faire de même. Stacker les toisa toutes les deux en essayant d’ignorer leurs attitudes, ce qui ne manqua pas de l’interpeller cette fois. Il se passait quelque chose. Braver l’autorité était dans ses gènes, certes, mais il n’était pas complètement suicidaire. Pourtant il avait la très ferme sensation que c’était la chose à faire. Insister. Contrer. Obtenir ce qu’il voulait, parce qu’il sentait que c’était la bonne solution.
« Les seuls candidats compatibles pour la dérive. »
« Mais je suis compatible ! »
Le chuchotement avait été prononcé un peu trop fort. Un peu trop spontané. Le colonel se tourna lentement vers elle.
« Evie, il ne s’agit pas seulement de connexion neuronale. Il y a aussi la compatibilité physique… »
Vaciller ? Adam releva le menton par défi. Satisfaction. Etait-il en train de réellement flancher ? Il décida d’en rajouter une couche odieuse.
« Qu’est-ce qu’il se passe, Colonel ? Votre meilleur élément n’est… Pas assez forte pour moi ? »
Le regard de pur défi que lui lança Evie fut une réponse encore plus délicieuse que l’air surpris et agacé de son supérieur. Il venait de lui donner l’envie de se battre et, malheureusement, de toucher peut-être dans le mil : on ne gagnait pas cinquante-et-un drop par le pur fruit du hasard ou de la chance. Simulateur ou pas, cette fille était douée et quelque chose poussait Adam à vouloir le constater de lui-même… Sous les yeux même de l’intégralité – ou presque – du Shatterdome.
Il y eut un silence. Quelques bruissements. Stacker déglutit, se tourna de Mako à Evie une dernière fois. Puis il poussa un soupir et hocha le menton. Mademoiselle Mori eu une esquisse de sourire.
« Allez-y. » Déclara-t-elle à la scientifique, la nota sur sa tablette.
Les murmures, toujours, alors qu’Evangeline relevait elle aussi le menton. Il l’avait cherché, il allait la trouver. Elle s’avança au bord du tatami et retira ses chaussures ainsi que sa veste. Les militaires de la base étaient tous plus ou moins vêtus pareil, aussi Adam ne fut pas étonné de la voir en débardeur et pantalon sombre devant lui. Face à lui. Chétive et pourtant farouche. Déterminée et vengeresse. Elle saisit un bâton et déposa soigneusement ses rangers correctement.
« Quatre touche, c’est la victoire. » Rappela le Colonel derrière la jeune femme.
Adam jubila intérieurement, bien qu’une tension s’empara de ses sens. L’adrénaline comme il ne l’avait pas encore retrouvée. Un soupçon de défi. Des souvenirs enfouis. Elle voulait prouver à tous qu’elle pouvait être pilote ? Ce serait elle ou rien. C’était sa chance. C’était leur chance.
Et il ne comptait pas la laisser filer.
Evangeline Leviosa
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Lily James
• Mais Eggsy ... Qu'est ce que tu as fais ?
• Non mais fais moi confiance ! T'vas voir on va bien s'amuser !
╰☆╮
• Tututut et c'est parti pour une nouvelle journée !
• Ouiii Emy ! Chantons ensemble !
• ... Il n'est que 7h et vous m'épuisez déja les filles ...
| Conte : Cendrillon | Dans le monde des contes, je suis : : Marraine la BonneFée
La fin du monde est proche, alors où préférez vous mourir ? Ici ? Ou dans un Jaeger ?
Pour qui est-ce qu’il se prenait-il ? De quel droit est-ce qu’il la mettait au pied du mur de la sorte ? Certes, secrètement, elle éprouvait une fichue fierté, en enlevant sa veste et ses chaussures sous le regard de tout ces abrutis de militaires qui ne l’avaient jamais considéré comme quoi que ce soit d’autre qu’un gros cerveau, ou un tout autre morceau de viande appétissant… Fierté parce que c’était elle qu’on appelait sur le tatamis, elle à qui on donnait sa chance et pas un autre gros bras de plus. Fierté aussi, même si elle se refusait à l’avouer, de combattre contre lui. C’était tout de même une espèce de légende pour eux tous, un monument, et rien qu’à l’idée de le battre, elle ne pouvait que jubiler par avance de la tête qu’ils feraient tous, des regards qui changeraient quand ils la croiseraient désormais… D’un geste un peu sec, elle rassembla ses cheveux en un chignon serré, mais négligé, avant d’aller se munir du katana de bois qui leur servirait d’arme légale.
Pendant tout ce temps, elle n’avait ciller à aucun instant, le fixant obstinément avec une expression revancharde. Si il voulait jouer, elle était prête à jouer aussi. Plus qu’une revanche sur ses collègues, c’était un défi personnel qu’il venait de lui lancer. Jamais il n’aurait du être au courant de ses résultats au simulateur, jamais cela n’aurait pouvoir l’utiliser contre elle… Etait-ce vraiment ce qu’il venait de faire ? En un sens, oui, et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une sourde forme de… Gratitude.
-N'oubliez pas qu'il s'agit d'un test de compatibilité, lança-t-il, simplement, s'avançant vers elle tandis qu'elle faisait de même, échangeant leur place d'instinct. C'est un dialogue, non un combat. Mais je ne vais pas ralentir mes gestes...
-D’accord, lança-t-elle sur le même ton, se retournant pour lui faire face. Alors moi non plus.
Derrière elle, une rumeur se mit à enfler, mais elle aurait tout aussi bien pu ne pas exister. A cet instant, dans son esprit, seul trois choses existaient. Elle. Adam. Et ce dialogue… D’un geste fluide, ample, elle fit tournoyer son katana, englobant son corps avant de revenir face à lui, l’arme pointé vers le sol. Lui eue une entrée en matière plus mesurée, quelques mouvements de poignets avant de ramener son arme sur le flanc, pointée vers le ciel. Pendant quelques secondes, ils se jaugèrent, les muscles d’Adam se crispant comme pour prévenir du prochain coup. Il ne tarda pas, son katana filant vers le visage d’Evie, comme pour la frapper, mais le coup cessa à quelques centimètres de son front, la faisant à peine cligner des yeux, remontant même le menton vers lui dans un petit accès de défi.
-Un-zéro..., dit-il, avec un demi-sourire en coin, mais Evie releva aussitôt son arme, dégageant la sienne avec une violence qu’il ne vit clairement pas venir, son arme s’arrêtant elle aussi à quelques centimètres de sa joue.
-Un partout, rectifia-t-elle, un demi-sourire aux lèvres à son tour.
A nouveau, ils se jaugèrent, avant qu’Evie ne range son arme au côté… Et qu’Adam ne la frappe sur la hanche opposée, déclenchant aussitôt une moue exaspérée chez Evie.
-Deux-un, fit-il, narquois. Concentrez-vous.
Elle du véritablement se concentrer pour ne pas lever les yeux au ciel face à une telle mesquinerie. Etait-il sérieux ? Avait-il l’intention de lui donner de petite tape insignifiante dans le seul but de gagner ? Si elle devait perdre, que ce soit avec panache et non pas à cause d’un misérable coup de pacotille ! Il était capable de bien mieux faire, et elle aussi ! Vexée, elle contre-attaqua aussitôt, faisant résonner les bois l’un contre l’autre, attaquant son flanc, son épaule, son torse même si cela devait la forcer à se jeter en avant pour le forcer à reculer… Et baisser sa garde. Le katana frôla pratiquement son front, et la mâchoire d’Adam se contracta par anticipation.
Elle s’était montré sous son meilleur jour la veille, cela ne signifiait en aucun cas qu’il pouvait se moquer d’elle. Surtout pas en un tel instant. Une seconde, elle manqua de reprendre conscience de l’enjeu, de la foule, mais très vite, Adam abaissa son arme, la tenant pratiquement comme elle la tenait. Aussitôt, Evie rentra le menton. Tenir son arme de la sorte lui donnerait plus de force, et à n’en pas douter, il en avait bien plus qu’elle… Galbant ses muscles, elle recula, remontant sa garde face à l’avalanche de coups qui se mirent à pleuvoir, parant de toutes parts avant d’user de la force de son adversaire, pour l’envoyer au tapis, faisant glisser son arme le long de ses hanches… Et la relevant au moment où il faisait de même. La lame de bois caressa presque son visage et pourtant, ce fut un sourire qui traversa le visage d’Adam. Un rictus. Un air goguenard.
Autour d’eux, quelques applaudissements retentirent, mais Evie ne parvint pas à détourner les yeux. Sans qu’elle sache pourquoi, elle pressentait dans cette moue quelque chose d’infiniment satisfaisant…
-Trois-deux, fit-elle, le souffle court, se redressant pour revenir en garde.
-Evangeline... prévint la voix de Stacker derrière elle, et pendant une seconde, elle cilla, reprenant corps à la réalité, à l’instant, au dojo, au combat…
La réaction d’Adam fut instantanée. D’un élan, il se releva, la dominant de toute sa taille, la forçant à relever les yeux. A le regarder. A ne surtout pas ciller. A aucun prix. Comme un défi, mais un peu aussi comme une prière. Quelque chose de profond et d’un peu désespéré. Ses mâchoires se serrèrent et elle releva le menton, écartant une mèche qui s’était égarée, avant de glisser sur le côté, esquivant un coup pour en parer un seconde, l’attaquant à son tour avec toute la force dont elle était capable. Le coup porta suffisamment pour le forcer à reculer, mais l’attaque revint plus vive, la forçant à parer, à frapper, à… La lame de bois l’entraîna comme une gifle, la retournant pour retomber de tout son poids sur le sol, la forçant à rouler sur ses genoux pour ne pas se laisser toucher. Avec un petit cri de rage, elle releva son katana, frappant le sien avec suffisamment de hargne pour pouvoir se relever, le fixant d’un regard noir. Avant de se jeter en avant.
Le katana manqua de peu de lui déboîter l’épaule, Adam ne l’esquivant que de justesse. D’un retour, elle l’attaqua par le flanc, puis l’opposé, parant pour ne pas avoir la mâchoire de brisée, avant de plonger pour frapper. Adam la para sans hésiter, relevant le coup pour le porter à la tête, se retrouvant obligé de tourner sur lui même à son tour avant de reculer. Les lames s’entrechoquant résonnaient dans le dojo avec une violence grandissante, chacun se refusant à laisser l’autre gagner ou perdre, attaquant sans relâche, au point de sentir les os vibrer sous les coups, les poignets hurler sous le joug des attaques, les mâchoires se détendre pour étouffer des râles de frustration ou de colère. De rage, Evie rasa le sol de son arme, forçant Adam à sauter pour esquiver et elle plongea, relevant ses genoux pour le mettre dos au sol, jubilant par avance de sa victoire… Mais elle avait surestimé son équilibre. La force brute d’Adam la tira en avant, la faisant tomber à même le sol, à califourchon au dessus de lui. Cela ne l’empêcha cependant pas un instant de lui mettre la lame à même la gorge.
-Assez.
La voix de Stacker fut comme un gong, et les applaudissements se mirent à retentirent autour d’eux, les ramenant à la réalité. Pourtant, pendant quelques secondes essoufflées, Evie ne parvint pas à détourner les yeux de son adversaire, qui abordait le même rictus satisfait qu’auparavant. Elle dut faire appel à tout son bon sens pour se relever cependant, réalisant peu à peu ce qui venait de ce passer.
Elle venait de se battre contre une légende vivante des Jaegers. Elle venait de battre Adam de Wittelsbach. Et bien plus que ça…
-J’ai vu ce que je voulais voir... commença Stacker, mais il fut vite interrompu par Adam, qui se releva à côté juste en face d’elle.
-Moi aussi. C’est elle ma co-pilote.
Elle du se retenir de sourire à cette simple énonciation, ressentant comme un déclic au plus profond d’elle même. Elle le savait. Tout comme lui le savait. Ils étaient compatibles pour la dérive.
-ça ne pourra pas se faire.
-Pourquoi?! s’insurgea-t-il, se retournant pour faire face à Stacker, permettant à Evie de voir son visage. Et de se crisper aussitôt.
-Parce que je le dis, Monsieur Wittelsbach. Ma décision est prise. Soyez au Shatterdome dans deux heures, et vous découvrirez qui sera votre copilote, trancha-t-il, inflexible, avant de tourner les talons.
L’élan qui la poussa en avant la fit frôler Adam, qui la dévisagea avec un regard aussi déçu que perdu. Elle du serrer les dents pour ne pas fondre en larmes, tant elle sentait la rage lui enserrer la gorge. Elle connaissait suffisamment Stacker pour savoir quand est-ce qu’il prenait une décision. Et toutes les conséquences que cela impliquait… De colère, elle envoya son katana au sol, se détournant pour aller récupérer sa veste et ses chaussures, avant de se figer. A l’entrée du dojo, arborant un sourire à la fois satisfait, cruel et fier, Chuck la dévisagea avec une profonde joie, qui lui troua littéralement la peau.
-Pas de bol, ma Belle, siffla-t-il, mesquin.
-Ferme ta grande gueule.
Sa voix était étouffée, blessée, vipérine pourtant et Chuck eue une sorte de rictus, ignoble, qui la poussa à le bousculer au passage, se précipitant dans les couloirs de la base sans jeter le moindre regard en arrière. A cet instant, elle haïssait tout et tout le monde dans la base, mais Stacker était au sommet de la liste. Juste devant Chuck.
-Evie? C'est t... Pourquoi t'es pieds-nus? lança Newton, en la voyant arrivée au laboratoire.
-Je ne suis pas d'humeur Newt, le coupa-t-elle, envoyant valser sa veste, attrapant son ordinateur et son calepin pour revenir vers le monte-charge.
-Euh.... Ok, mais Evie, il faut que je te dise, c'est dingue, j'ai trouvé comment faire une dérive avec un....
Mais Evie s'était déjà engouffré dans le monte-charge, retournant à son quartier tout en enfilant ses chaussures. Mais elle pu à peine faire quelques mètres avant de devoir se figer.
-Evie!
Elle se retourna, prête à lui expliquer à quel point vouloir parlementer avec Stacker serait vain mais elle du très vite reculer, tant l'énervement d'Adam était palpable.
-Vous m’expliquez ce qui se passe ? Enfin, je suis pas cinglé, vous l’avez bien sentit vous aussi ? On est compatible pour la dérive!
-.... Je sais. Mais je crois qu'il n'y a rien de plus à dire...
Quand Stacker prenait une décision, elle faisait paroles de Dieu. Elle mieux que quiconque savait cela... Et peu importait ce qu'elle avait pu... Ressentir durant ce combat... Cela n'arriverait plus jamais. D'ailleurs, il fallait qu'elle l'évite au maximum désormais. Rien que de l'avoir aussi près d'elle... ça la rongeait. La dévorait. Lui donnait envie de le frapper et de l'enlacer tout à la fois. C'était pire que tout. Pressentir... Mais ne jamais pouvoir...
-C'est ma chambre, fit-il soudain, interrompant ses pensées et son geste, totalement focalisée sur cette fichue porte qui refusait de s'ouvrir.
Elle fit rapidement volte-face, se retrouvant à nouveau face à ce sourire en coin, cet air goguenard. Sauf que cette fois, elle en était sûre, elle rougissait.
La jeune femme traversa le couloir au pas de course, évitant sciemment de le regarder, et commença à s’acharner sur sa propre serrure. Adam poussa un soupir, se tournant vers elle.
« Non mais, attendez ! Je croyais que vous vouliez être pilote. » L’interrompit-il. « Evie… Ca vaut le coup de se battre. »
La porte grinça lentement quand elle la poussa, mais la jeune femme accepta cependant de se tourner dans sa direction. L’air grave. Concentré. Douloureux presque. Adam secoua la tête, appuyant ses paroles pour la convaincre d’accepter.
« On n’est pas obligés de lui obéir. »
« Ce n’est pas de l’obéissance, monsieur Wittelsbach. » Trancha-t-elle, redressant le menton en s’avançant à sa hauteur. « C’est du respect. »
Son regard affronta le sien, comme s’il ne pouvait comprendre ce qu’elle ressentait à cet instant et il eut violemment envie de lui demander ce qu’elle avait dans le crâne. Mais à la place, il du la regarder repartir vers sa chambre. Il fallait faire quelque chose, cette situation ne pouvait pas se terminer ainsi ! Depuis sa mère, Adam n’avait jamais ressentis une cohésion si impressionnante envers quelqu’un – et il ne la connaissait que depuis une journée – il était hors de question de la laisser filer ! Il n’accordait pas souvent sa confiance mais quelque chose en elle l’attirait, le poussait en avant. Le poussait à outrepasser les limites et à s’accrocher. Se raccrocher.
Comme cette foutue apocalypse qui pointait le bout de son nez.
« Vous pouvez au moins me dire ce qui lui pose problème ? » La héla-t-il, tandis qu’elle refermait la porte.
Mais Evangeline se contenta d’un regard agacé et de clore le battant métallique, mettant fin à toute conversation. Décidément, c’était une manie ici de réagir comme ça ?! Le pilote poussa un soupir, résigné pour le coup mais ne s’avouant pas complètement vaincu. Hors de question. S’il devait monter de nouveau dans un jaeger, il devait savoir pourquoi on lui refusait le meilleur pilote de la base.
* * *
TEST NEURONAL DE GYPSY DANGER – H MOINS 40 MINUTES
« Au lendemain du drame de Sydney, qui a prouvé l’inefficacité du Programme Mur de la vie, Nombreux sont ceux qui mettent en doute les choix du gouvernement et se demandent pourquoi le programme Jaeger a été abandonné. Des émeutes se sont déclenchées dans plusieurs villes le long de la côte Pacifique. »
Récita la journaliste en voix off du reportage filmé lors de l’attaque du Kaiju. Le bandeau de Breaking News indiquait Protestations en masse après l’échec de Sydney. Adam n’y jeta qu’un regard bref, occupé à se préparer après une bonne douche bien méritée.
« A présent, nous avons déplacé des millions de civils et du ravitaillement à 500 kilomètres à l’intérieur des terres dans les zones sûres. » Le président des Etats-Unis venait d’apparaître à l’écran.
« Pour les riches et les puissants, mais nous dans tout ça ? Et qu’est-ce que vous entendez précisément ?! » Cria un journaliste au-dessus du brouhaha que la conférence de presse provoquait.
« Je pense que les Murs de la Vie restent notre meilleure option pour l’instant. »
Adam passa un pull sombre et laissa son regard vagabonder sur le mur brut où il avait affiché quelques photographies, les derniers vestiges de sa vie et tout ce qui lui restait de souvenirs. Quelques clichés de lieu, d’autres de logos, il avait aussi des images de merveilles archéologiques – sa passion avant que tout ne débute – mais il apposa son index et son majeur sur une photographie particulière : celle de sa mère et lui, prise après leur première victoire Jaeger. Si lui souriait comme l’adolescent qu’il était, elle était un peu plus sérieuse mais pourtant si enjouée. Satisfaite. Son cœur se serra au souvenir de cette époque… Il mordit l’intérieur de sa joue, poussant un soupir. Ça recommençait. Ça allait recommencer. Il était de nouveau dans une base militaire mais sans elle.
Peut-être que ça allait se terminer brutalement mais… Il voulait y croire. C’était, après tout, le peu d’espoir qu’il restait à toute l’humanité qui se trouvait entre ces murs.
« Et je n’ai rien d’autre à vous dire sur la question. Je vous remercie.» Termina le président dans le post de télévision.
Adam ne prit même pas la peine de le couper, attrapant ses clefs il saisit son sac à dos, quitta sa chambre et s’engouffra dans le couloir métallique où résonnait : « Le test neuronal pour Gipsy Danger débutera dans vingt minutes. » Le glas.
Un instant, il hésita. S’arrêta. Puis revint sur ses pas et grimpa les deux marches qui menaient à la chambre d’Evie. Il leva la main, prêt à frapper…. Mais s’immobilisa. Derrière lui, Mako Mori se tenait avec son éternel calepin et, aussi étonnant soit-il, elle lui fit signe de la suivre. L’ex-pilote marqua une pause avant de finalement consentir à lui emboiter le pas, laissant Evie tranquille une fois pour toute.
« Il y a quelque chose que vous devez savoir, monsieur Wittelsbach. » Commença-t-elle sur le ton de la confidence, marchant d’un pas décidé en direction du Shatterdome. « Il y a bien longtemps, le colonel Stacker a fait une promesse à la mère d’Evie Dust. Je ne suis pas au courant de la teneur de cette promesse, mais sachez qu’elle s’appelait Andromeda Dust et qu’elle était pilote de jaeger. Solar Prophet a protégé pendant plus d’un an la côte du Peru jusqu’en Patagonie avant d’être vaincu. »
Adam ralentit le pas et Mako l’imita, continuant de le fixer avec importance. C’était pour cela qu’Evie lui disait quelque chose : son nom ne lui était pas inconnu. Il savait à peu de choses prêt la liste des pilotes qui avaient officiés dans le programme, soit pour les avoir rencontrés soit par leur réputation, et Hela ne faisait pas exception à la règle. Elle avait donc ça dans le sang ! Il se retint de sourire, se doutant que la teneur des propos de la jeune femme était importante et dramatique à la fois.
« Evie a postulé en tant que pilote auprès du colonel Stacker, mais il a refusé sa candidature et lui a adjoint le service scientifique. Comprenez que je la connais très bien, depuis de longues années, et que je sais qu’elle tient toujours à devenir pilote de jaeger. »
« Ce n’est pas l’impression qu’elle m’en a donné. »
Il ne voulait pas être défaitiste, mais Evie s’était refermée comme une huitre après leur affrontement dans le Dojo et elle n’avait aucunement laissé entrevoir sa volonté de braver les interdits. Adam était un homme d’action et de spontanéité, qui écoutait son cœur plutôt que sa tête. Pour lui, elle était sa partenaire idéale. Si elle se décoinçait un peu.
Mako fronça les sourcils.
« Evie respecte l’autorité de la base, ainsi que le Colonel. » Elle marqua une longue pause, lui faisant face en ignorant le flot de personnes qui convergeait dans la même direction qu’eux. « Adam, êtes vous certain, comme moi, qu’elle est compatible avec vous pour la dérive ? »
Il affronta son regard sans crainte, parcouru de mille émotions à la fois mais une plus forte que les autres : l’espoir.
« J’en suis certain. C’est elle ma co-pilote, personne d’autre.
La connexion s’était faite avant même qu’il ne soit en dérivation… Il y avait des indices. Une complémentarité. Une attirance et une similitude qui le poussait à être persuadé de cela. Son instinct le guidait… Et Adam ne réfutait jamais son instinct. Mademoiselle Mori le toisa comme pour être certaine de son honnêteté puis, après une inspiration résolue, elle reprit sa marche avec lui. Rapide.
« Bien. Alors, je vais vous aider. Je ne fais aucune promesse mais… Laissez moi dix minutes. Je vais tenter de convaincre le Colonel. »
Il lui lança une œillade reconnaissante. Il savait à quel point Stacker pouvait être dur à faire pencher, la tâche semblait quasiment impossible… Mais elle avait l’air décidé. Il hocha la tête en réponse, nourrissant le secret espoir qu’elle réussisse. Il ignorait ce qu’il s’était passé, quand les données personnelles envahissaient l’esprit professionnel ça devenait toujours compliqué, mais il espérait que cette vieille promesse n’allait pas priver Evie du rôle de sa vie : elle était pilote, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure !
Mako le quitta à l’entrée du Shatterdome, posant une main compatissante sur son bras.
« Allez vous préparer, après tout vous êtes la star du jour. » Elle eut un petit sourire, comme si elle savait d’avance qu’Adam allait se comporter comme une vraie diva. C’était mal le connaître. Avant, peut-être, mais aujourd’hui… « Bonne chance… »
Il la remercia d’un signe de tête et s’engouffra dans la véritable fourmilière où régnait un chaos organisé.
* * *
TEST NEURONAL DE GYPSY DANGER – H MOINS 5 MINUTES
Revoir Gipsy Danger en phase de démarrage lui enserra le cœur plus violemment qu’il ne l’aurait cru. Il dut se concentrer et prendre quelques respirations longues pour parvenir à ne pas se laisser déborder, se pliant volontiers aux phases d’examens et de préparation qu’on lui demandait. L’armure des pilotes était composée de deux couches de protection, l’une plus fine qu’ils enfilaient comme une combinaison et la seconde renforcée comme les chevaliers qu’ils représentaient. Le pilote apprécia que la couleur ait changée : de blanc, le voilà désormais vêtu d’un anthracite brillant et vif. Cela ne le perturba qu’un instant et il remercia le ciel pour ce choix stylistique judicieux. Sa précédente armure lui aurait rappelé bien trop de moments douloureux.
Lorsqu’il fut apprêté, il grimpa dans la tête de Gipsy, non sans avoir passé sa main sur l’entrée et serré le métal un cours instant. C’était bon de revoir cet immense Jaeger en forme et entier, amélioré. Il apprécia son premier pas à l’intérieur malgré le stress qui commençait à l’envahir plus que de raison. Le moment fatidique était bientôt arrivé. Il parcouru du regard l’intérieur familier, reconnu le moindre détail et prit le temps de les emmagasiner dans son esprit.
Ne pas penser à sa mère. Ne pas penser à sa mère. Ne pas penser à sa mère…
« Ajustage des harnais en mode test. » Déclara Adam, activant les fonctions avant de baisser le bras. « En attente du second pilote. »
Il avait entendu la voix de Tendo lui répondre par l’affirmatif, bien à l’abri dans son poste de contrôle. S’il avait cru retrouver un vieil ami après cinq ans… Sa présence avait quelque chose de rassurant, comme si son passé n’était pas complètement effacé et que son histoire méritait d’exister encore. On lui faisait confiance parce qu’il était le dernier pilote de Gypsy Danger encore en vie, il ne comptait pas faillir à sa tâche.
Les bras neuronaux s’abaissèrent en attente de la connexion. Adam, son casque à la main, se positionna sur le côté droit de l’appareil et attendit, tendu. Le cœur battant. Tous les entraînements du monde ne préparaient pas à la tension que c’était de se retrouver là… Et pourtant, ce n’était qu’une phase de test.
« Deux pilotes à bord. » Annonça une voix automatique.
Ça y est. On y était. Il poussa un soupir bref sans se retourner.
« Je prend ce côté-là si ça t’ennuie pas. » Déclara-t-il. « Mon bras gauche est un peu faiblard. »
« Bien sûr. »
Relevant les yeux, Adam eut alors la surprise… De découvrir Evie qui lui souriait timidement, comme si elle se retenait de crier de joie et d’impatience. Lui-même fut parcouru d’une immense bouffée de soulagement, un poids s’échappant de ses épaules et de son cœur face à la jeune femme apprêtée de son armure aussi sombre que la sienne. Elle était là. Mako avait réussi.
« Est-ce que tu vas dire quelque chose ? »
Elle ressemblait à une adolescente à qui ont venait de faire un cadeau de noël mais qui n’était pas sûr que ce soit accepté par son vis-à-vis. Adam sourit, un peu gêné d’être aussi heureux de la voir, et releva le menton comme un air de défi.
« Pour quoi faire ? Dans cinq minutes, tu seras dans ma tête. »
Ils se jaugèrent. C’était fou à quel point la confiance pouvait se propager facilement… Son cœur tambourina dans son torse, mais moins d’appréhension que de satisfaction. Evie était là, à côté de lui. Il eut l’envie violente de la prendre dans ses bras mais se retint.
« Ca te va bien. »
Elle était venue en pilote. La partie pouvait commencer.
Evangeline Leviosa
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Lily James
• Mais Eggsy ... Qu'est ce que tu as fais ?
• Non mais fais moi confiance ! T'vas voir on va bien s'amuser !
╰☆╮
• Tututut et c'est parti pour une nouvelle journée !
• Ouiii Emy ! Chantons ensemble !
• ... Il n'est que 7h et vous m'épuisez déja les filles ...
| Conte : Cendrillon | Dans le monde des contes, je suis : : Marraine la BonneFée
La fin du monde est proche, alors où préférez vous mourir ?
Ici ? Ou dans un Jaeger ?
Les cheveux vaguement relevés, Evie compulsait son encyclopédie anatomique de Kaijus, offerte au Noël précédant par Newt. Cadeau le plus étrange qu’on lui ai jamais fait, mais depuis qu’elle l’avait reçu, elle ne pouvait s’empêcher de le compulser obsessivement, surtout lorsqu’elle était contrariée. Très contrariée. Comme elle l’était à cet instant. Se perdre dans des données brutes, des photos, des connaissances lui permettait d’un peu oubliée l’immonde déception qu’elle ressentait au plus profond d’elle, cette frustration qui la rongeait depuis des années mais qui avait brusquement refait surface avec l’arrivée de Wittelsbach. Pourquoi est-ce qu’elle avait accepté ce combat ? Pourquoi est-ce qu’elle avait accepté de plonger tête baissée dans ce qu’elle désirait le plus au monde, juste pour en être mieux arrachée ensuite ? Elle était compatible pour une dérive avec Wittelsbach, elle pouvait le sentir dans la moindre fibre de son corps. La moindre cellule. Le moindre tour de sang. Mais sur ce tas de ferraille, Stacker était Dieu. Et personne ne pouvait faire changer d’avis Dieu.
Des coups discrets à la porte de sa cellule lui firent relever les yeux, avant de soupirer. Elle lui avait pourtant dit qu’elle ne descendrait pas au laboratoire aujourd’hui, alors si il s’avisait de jouer les grands frères inquiet, Evie se ferait une joie de remettre ce fanatique halluciné dans sa boite à malice !
-Newton, je n’ai aucune envie...
-Bonjour, Evie.
Stacker était probablement la dernière personne qu’elle s’attendait à voir sur le seuil de sa cellule. Même la venue de Wittelsbach aurait été plus plausible et machinalement, Evie se raidit. Elle se raidissait toujours quand Stacker se trouvait dans les parages.
-Je peux entrer un instant ?
-C’est vous le patron de ce tas de ferraille, non? fit-elle, un peu mauvaise, reculant dans sa cellule avant de lui faire face, les bras croisés sur sa poitrine.
Stacker eue un sourire un peu figé, presque las, et Evie se sentit aussitôt coupable. Lorsque sa mère était morte, Stacker avait prit soin d’elle et de son frère, et même si elle était la majeur partie du temps en conflit avec lui, elle ne pouvait pas renier qu’il avait bien prit soin d’eux. Puis d’elle. Pendant un instant, tout deux demeurèrent en silence, se fixant du regard avec distance et rancoeur pour l’une, lassitude et bienveillance pour l’autre.
-Il y a bien longtemps, j’ai fais une promesse. A ta mère.
Aussitôt, Evie rentra la tête dans les épaules. Elle ne parlait jamais de sa mère. Jamais de sa famille. Ces sujets étaient beaucoup trop… Douloureux pour elle. Elle avait tout perdu en l’espace de quelques secondes, et son deuil ne s’était jamais fait.
-Ta mère était un brillant soldat...
-La meilleure qui soit dans la première génération des Jaegers, oui, je sais tout ça, le coupa-t-elle, mal à l’aise, souhaitant coupé court à son discours mielleux sur l’importance du devoir et des responsabilités qu’il engage.
Evie ne connaissait que trop bien toutes les raisons pour lesquelles il l’avait empêcher de devenir pilote, et elle n’avait jamais avalé la moindre de ses paroles. Pourtant, cette fois, c’était différent. Doucement, Stacker s’avança vers elle, posant un regard doux sur elle.
-Ta mère était aussi mon amie. J’étais avec elle, quand elle...
Il laissa un silence, et Evie ne put s’empêcher de relever le menton vers lui.
-Est morte. Je ne suis plus une petite fille, vous pouvez utiliser les vrais mots.
A nouveau, Stacker eue un sourire doux, habitué au tranchant de la jeune femme.
-Quand elle est morte. Elle m’a fait promettre de ne pas vous laisser devenir pilote. Elle ne voulait pas que vous ayez à mourir pour une cause perdue.
Malgré elle, Evie fronça les sourcils, choquée d’entendre Stacker parler en ces termes. Stacker n’était pas fataliste, ce n’était pas son genre. Aussi conclue-t-elle qu’il s’agissait des derniers mots de sa mère… Etait-ce là tout ce qu’elle avait penser, au moment de mourir ? Que le combat était déjà perdu ? Andromeda était morte il y avait presque dix ans. Avait-elle déjà comprit que l’humanité courrait à sa perte ? Rien que d’y penser, Evie sentit sa gorge se serrer. Evie n’avait jamais connu sa mère apeurée. Craintive. Pour elle, elle avait toujours été un symbole, de force et d’héroïsme. Avait-elle eue peur au moment de mourir ?
-J’ai respecté ma promesse aussi longtemps que je l’ai pu. Quand tu t’es engagée, il y a quatre ans, c’était par vengeance.
De nouveau, Evie releva le menton, prête à répliquer mais Stacker l’interrompit en levant la main.
-Et je t’ai écarté pour t’éviter le sort que ta mère t’avais prédit. Chercher ton frère… Aurait été une cause perdue.
-Je vous interdit de dire ça, siffla-t-elle, ses poings se serrant.
-Mais aujourd’hui, je crois… Qu’il est temps de te laisser faire tes propres choix.
Le visage d’Evie perdit toute expression un instant, avant de prendre un masque de méfiance. Qu’est-ce qu’il était en train de raconter ? Est-ce qu’il… Elle attendit un instant avant de finalement écarquiller les yeux, le dévisageant sans trop savoir quoi dire. Qu’est-ce qui était arrivé ? Qu’est-ce qui l’avait fait changé d’avis ? Est-ce qu’elle avait bien entendu ce qu’il était en train de… Ses yeux s’emplirent d’un milliard de question, auxquelles Stacker répondit simplement.
-Prépare toi.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour se remettre de ses émotions. Quelques autres pour se précipiter dans le monte-charge. Une poignée de plus pour enfiler sa tenue de pilote, aidée de Mako, qui avait presque l’air plus excité qu’elle.
-Tu es magnifique, Evangeline, lui dit-elle, levant ses deux pouces en l’air.
-Mako, c’est toi qui a convaincue Stacker de me laisser piloter?
-Tu surestimes grandement mon charisme...
Le ton était à la blague, mais Evie la fixa d’un regard soupçonneux. Elle ne savait pas qu’elle argument elle avait trouvé, mais elle en était certaine, elle devait ce coup d’éclat à Mako, et à Mako seule. Elle se promit mentalement de lui rendre la pareille, peu importait comment, avant d’inspirer un grand coup. Bon choix ou mauvais choix, c’était l’heure de vérité.
"Deux pilotes à bord" annonça une voix métallique.
Wittelsbach ne prit même pas la peine de tourner la tête, lui demandant juste de prendre le côté droit, et Evie du prendre une petite inspiration pour lui répondre. Le sourire de Wittelsbach fit écho au sien, visiblement soulagé et tout aussi satisfait qu’elle. Quelque chose d’électrique passa entre eux, et Evie du se retenir de ne pas glousser de joie, se reprenant très vite lorsqu’il mentionna leur prochain pont neuronal. Elle savait très bien ce que cela impliquait. Elle allait rentrer dans sa tête. Elle allait connaître le moindre de ses secrets, le moindre de ses désirs, la moindre de ses douleurs et… Lui aussi. Il allait la connaître, totalement, et sans la moindre retenue. Il allait tout apprendre d’elle en un éclair, et cela aurait des conséquences. Evidentes. Son coeur se serra un instant, prise d’une peur soudain, mais son compliment la fit sourire. La rassura.
Au fond, elle préférait que ce soit lui, plutôt que n’importe qui.
-Préparation jonction neuronale, indiqua la voix de Stacker, depuis le poste de commandement, les ramenant un peu à la réalité.
La voix de Tendo reprit son ordre, cependant qu’Evie et Adam s’installaient à leur poste. L’armure était un peu rigide, un peu trop neuve. Peu de femmes pilotes avaient combattus depuis le Shatterdome. Mais au fond, ça lui allait très bien.
"Lancement de la séquence" annonça une voix métallique, au moment où elle enfila son casque.
-Bon, on est plus dans le simulateur là, Evie, alors n’oublie pas. Ne pars pas dans la L.U.N.E. Liaison Utopique Neuro Emotive. Ne t’accroches pas aux souvenirs, laisse venir. Déconnecte toi, reste dans la dérive. La dérive, et le silence.
Elle avait l’impression qu’il l’a prévenait de quelque chose, peut-être de la douleur qui habitait ses propres souvenirs. Elle aurait voulu lui dire que lui aussi devrait se préparer aux siens, mais elle se retint, mordillant sa lèvre. Après tout, il l’avait dit. Dans cinq minutes, il serait dans sa tête...
Cinq, quatre, trois, deux, un. Dérive enclenchée.
L’afflux de souvenirs fût brusque et intense. Tour à tour, elle vit ses propres souvenirs défiler devant ses yeux, mêler à ceux de Wittelsbach. Adam. Des images de sa propre mère et de la sienne, des souvenirs insignifiants de petit déjeuner chaud, de glaces un après-midi d’été, des voix familières qui les appelaient tour à tour, des sourires et des visages. Des sourires un peu ensanglantés d’un Adam plus jeune, rabroué par sa mère, fière de lui. Sa mère qui lui brossait les cheveux devant une commode. Son grand frère encore enfant en train de peindre dans le salon. Le premier baiser d’Adam, dans un rayon de soleil. La musique d’une boîte de nuit trop forte. La même musique crier par une chaine hifi dans un salon. Un paquet cadeau doré. Le seul chat qu’Evie ai jamais eue. Un baiser fier de la mère d’Adam sur sa joue. Leur première rencontrer, quelque jours plus tôt.
Il y eue une sorte de secousse, un retour en arrière. Le Jaeger eue un sursaut, avant que chacun des pilotes ne finisse par ouvrir les yeux.
Sans s’en rendre compte, Adam et Evie levèrent ensemble chacun de leur bras, avant de se mettre en position de défense.
Prêt pour mise en route Jaeger.
-Bien, Gyspy. Ça s’aligne correctement, les informa Tendo, ce qui provoqua un petit sourire éhontément fier de la part d’Evie. Aller, on va assouplir tout ça.
Pendant quelques minutes, Tendo leur donna quelques indications, des mouvements à reproduire pour être en parfaite symbiose, et achever le calibrage. Puis tout dérapa.
La coque, il a percé la coque ! hurla une voix dans sa tête. Adam ! Adam, écoute moi, il faut que...
La douleur la plus intense lui déchira les tympans et le coeur, et Evie sentit une peur sans nom lui enserrer le ventre et avant qu’elle ne comprenne, elle fut aspirer par ses propres souvenirs.
Le métro s’était effondré. Elle avait du courir jusqu’au centre ville, remontant la foule à contre-courant. Le Kaiju était apparu à l’est de la ville mais l’avait rapidement rejointe, dévastant tout sur son passage. Les sirènes hurlaient tout autour d’elle, les gens hurlaient de panique et de peur, et tout le monde lui faisait signe de repartir en arrière, mais elle ne pouvait pas s’arrêter. Il fallait qu’elle y retourne. Il fallait qu’elle rentre chez eux. Elle devait le retrouver coûte que coûte, même si cela impliquait de… Des avions de reconnaissances balayèrent l’air, lui perçant les tympans et envoyant la moitié des fuyards au sol, terrorisé. Evie les enjamba tous, profitant de ce trou dans le passage, bousculant même les policiers qui tentèrent de l’intercepter.
-Mon frère est là-bas! leur hurla-t-elle en guise de réponse, se précipitant dans la mêlée.
Sebastian était resté à l’appartement toute l’après-midi, elle l’avait eue quelques minutes avant l’arrivé du Kaiju au téléphone. Elle savait qu’il était encore dans l’immeuble, Sab avait peur des foules trop importante ! Il l’avait attendu, elle était certaine qu’il l’avait attendu ! Il fallait qu’elle le retrouve, il fallait qu’elle y retourne, il fallait…
Le cri du Kaiju la figea sur place, son sang se glaçant dans ses veines. Son apparence était hideuse. Une masse brute et craquelé, une peau sombre et verte à la fois. Son souffle s’accéléra dans sa poitrine, terrorisée, mais elle finit par reprendre sa course, même si ça signifiait courir droit vers lui. Sebastian était là. Juste à quelques rues. Elle devait y arriver, elle devait le tirer de là ! En quelques minutes, elle finit par arriver jusqu’à leur immeuble, tapant de ses doigts tremblant le code d’entrée avant de monter les étages en courant. Sebastian et elle habitaient au troisième étage et les cris du Kaijus n’avaient de cesse de se rapprocher. Elle finit par arriver devant la porte mais les clefs lui échappèrent, la faisant éclater en sanglot nerveux, déverouillant la porte avec désespoir.
-Sebastian ! Sebastian !
Elle se précipita dans le salon, avant de se ruer vers sa chambre, mais elle n’y trouva personne, pas même sous son lit. Terrorisée, elle retourna dans le salon, avisant un post-it laissé sur le frigo, à côté d’une photo vieillit d’elle, de Sebastian et de leur mère.
Je sors, je serais pas long :)
Son coeur se serra violemment, incapable de respirer ou de bouger, tremblant de tout ses membres avant de parvenir à se retourner.
L’oeil du Kaiju la fixait depuis la baie vitrée du salon.
Stacker fixait les écrans de contrôle ainsi que l’activation du jaeger avec un intérêt certain. Très certain. Lorsque Tendo fit craquer ses doigts, il serra sa mâchoire et échangea un regard avec Earl. Lourd de sens. Lourd de responsabilités. Lourd de tout, en réalité, et porteur de leur dernier espoir.
« Colonel ! » S’exclama la voix de Mako, peu encline à crier d’ordinaire, arrivant en courant à leur hauteur. « Colonel Stacker ! »
Le concerné se retourna, pris au dépourvu, et fronça les sourcils.
« Il faut que je vous parle ! »
« Pas maintenant, mademoiselle Mori. Je pense que vous pouvez comprendre ce que ce test représente pour moi. »
Il reporta son attention vers le jaeger, redressant son dos en ayant la ferme intention de la faire patiente. Mais la jeune femme ne l’entendait pas de cette oreille : elle se planta devant lui et s’immobilisa.
« Newton a créé un pont neuronal avec des bouts de viande et a dérivé avec un Kaiju. »
Cette fois, ce furent Earl et Stacker qui la regardèrent. Parfait, elle avait toute leur attention !
* * *
« Je l’ai trouvé parterre et il est un peu hébété. » Mako guidait son supérieur à travers le laboratoire, traversant le côté ordinairement occupé par Evie pour rejoindre le second scientifique. « Je ne savais pas trop quoi faire, alors je suis venue vous chercher. »
Assis sur une chaise, la main de Newton tremblait même en tenant le verre d’eau que Mako lui tendit. Il saignait du nez et avait l’air encore plus misérable qu’auparavant… Comme s’il s’était prit un choc électrique, ou pire. Il porta la main à son visage et constata le liquide carmin, les cheveux encore ébouriffés et le visage marqué de taches sombres, brûlées. Les yeux bouffis et rougis, Newton se tourna sur sa chaise lorsqu’ils furent tous les trois à sa hauteur. Il leva la main, un petit sourire satisfait aux lèvres même s’il semblait sur le point de s’évanouir de tristesse.
« J’avais dit que ça marcherait… »
« En effet, vous l’aviez dit. Alors, qu’avez vous vu ? » Stacker avait une voix incertaine, comme s’il craignait lui-aussi les révélations.
« J’avais que des fragments de cerveau alors en réalité, tout ce que j’ai pu voir c’est une.. Une série d’im… d’images. » Il buttait sur ses mots, tremblait encore, parlait à toute vitesse. « Des impressions. Vous savez co… Comme quand on arrête pas de cligner des yeux. T… Tout ce qu’on voit c’est des images mises… Mise bout à bout… »
Le colonel saisit un tabouret non loin et l’approcha, s’installa à la hauteur du scientifique.
« Newton. » L’interpella-t-il, se penchant pour poser sa main sur son poignet. Attirer son attention. « Newton, regardez-moi. Vous allez prendre votre temps et être le plus précis possible. »
C’était une question de vie ou de mort, à l’heure actuelle. Newt prit une grande inspiration, plongeant dans son regard, à bout de souffle. A bout de force.
« D’accord. D’accord, et bien… Je n’ai pas l’impression qu’ils se contentent de suivre une pulsion animale du genre chasseur-cueilleur. J’ai plutôt l’impression qu’ils nous attaquent sur ordre. »
Il savait que c’était fou. Que cela remettait en cause beaucoup de théories et d’hypothèses proposées ces dernières années sur l’existence et le but des Kaijus. Pourtant il était certain de ce qu’il avançait. Il l’avait vu. Aperçu.
« C’est impossible. » Commenta prudemment Mako.
« Impossible ?! »
`« C’est impossible. »
« J’ai dérivé avec un kaijus bordel ! » S’emporta Newton, sur les nerfs, ce qui fit taire Mako. Ça et le regard sombre de Stacker.
« Taisez-vous, mademoiselle Mori. Et vous, vous continuez. »
« Ces… Ces créatures, ces maîtres… C’est des colonisateurs. Ile occupent des monde et ils… ils s’en repaissent et ensuite i… Ils passent au suivant. Ils sont déjà venus ici avant et ils.. Ils ont fait quelques essais ! Au temps des dinosaures ! » Ca paraissait fou. Complètement fou. Pourtant il l’avait vu. Su, instinctivement, quand sa mémoire s’était lié avec le fragment. « Mais l’atmosphère était pas adaptée alors ils ont patientés. Ils ont patientés… Et avec le trou dans la couche d’ozone, le monoxyde de carbone et la pollution des eaux ont leur a pratiquement terraformé nous-même la planète ! » Sa voxi partait dans les aigus, signe de son stress et de sa nervosité. « Alors là ils reviennent. Et… Et c’est parfait ! »
Stacker se redressa, comprenant peu à peu ce que les paroles de Newton pouvait signaler pour l’avenir de leur planète… Et pour l’humanité toute entière. Mademoiselle Mori l’écoutait avec de grands yeux effarés, presque effrayés, et seule sa dignité l’empêchait de faire trembler la tablette qu’elle tenait dans les mains.
« Les premiers kaijus, les catégories… 1 à 4 ce.. Ce n’était rien ! Ce n’étaient que des chiens de meute. Leur seul but c’était de viser les zones peuplées et d’éliminer la vermine : nous ! La seconde vague, c’est les exterminateurs… Ils vont terminer le boulot ! Et… Et ensuite… les nouveaux locataires vont s’installer. »
Stacker mordit violemment l’intérieur de sa joue, son regard se perdant dans le vague de ses pensées. Il se leva sans un mot, l’impression atroce d’un immense poids reposant sur ses épaules et dans son crâne.
« C’est pour ça que j’ai retrouvé deux adn identiques chez deux kaijus ! C’est parce qu’ils sont fabriqués… »
Le colonel se tourna lentement vers lui. Son visage avait perdu toute trace de fermeté, c’était plutôt… Une forme d’adrénaline et d’impatience risquée. Dangereuse.
« Newton, il faut que vous le refassiez. Il me faut davantage d’informations. »
Le scientifique ouvrit la bouche de surprise, traversé par une nausée et un haut-le-cœur sous la nouvelle. Il bredouilla, bafouilla, incapable d’aligner trois pensées cohérentes et tout autant de mots dans sa gorge. Le refaire ? Le refaire et revoir ça ?!
« Euh.. Je… J’peux pas… Je peux pas… le refaire. » S’eexcusa-t-il, paniqué. Angoissé. « Enfin, pas tant que vous avez pas un cerveau frais de Kaiju sous la main. »
Leurs regards se croisèrent. Les sourcils de Newton se plissèrent soudain.
« … Vous en avez un ?! »
* * *
Tout le monde s’était rassemblé dans le Shatterdome pour assister à l’essai de pilotage pour Gypsy Danger. Tout le monde était à l’affut, applaudissant lorsque la liaison fut réussie, impatient de découvrir la suite des évènements…
« Plutôt impressionnant. » Constata Earl avec admiration.
« Ouais… » Répondit Chuck, debout à côté de lui, d’un air nonchalant et sarcastique. « Il se souvient où sont les commandes. »
« Eh oh ! » Son père le toisa des pieds à la tête, l’air désapprobateur. « Un peu de respect. Quand sa mère est morte, il a ramené le jaeger tout seul. Je connais qu’un seul autre pilote qui soit capable de le faire. »
Chuck l’affronta dans les yeux mais se mordit l’intérieur de la joue, giflé dans son ego. Heureusement pour lui, Adam n’entendit pas sa réflexion stupide. Il n’entendait rien du tout même, focalisé sur le visage d’Evie qui ne lui répondait plus. Focalisé sur l’alignement qu’ils venaient de quitter lorsque la voix de sa mère avait résonné dans leurs crânes respectifs…
« Gypsy ! Gypsy, vous sortez de l’alignement ! »
« C’est bon pour moi… » Répondit Adam, les mâchoires serrées et le corps douloureux face à l’effort pour rester conscient. Quitter un alignement pouvait être fatal aux deux pilotes.
« Tu es stabilisé mais Evie est partie loin ! Elle est dans la L.U.N.E. ! »
« Evie ! » L’interpella-t-il, incapable de la rejoindre pour la secouer, immobilisé par le bras qui lui permettait la maitrise du jaeger. « Evie, ne te laisse pas coincer dans tes souvenirs. Reste. Avec moi ! Reste dans le présent, ne t’engage pas dans un souvenir… »
Sa vision se brouilla et l’habitacle du jaeger disparu peu à peu dans l’obscurité, faisant place au silence entrecoupé d’une respiration lourde. Epaisse. Rapide. Celle d’une jeune femme debout dans une salle à manger, couverte de poussière et à qui il manquait une manche de sa veste. Ses cheveux blonds étaient relevés en une queue de chevale et ses grands yeux clairs fixaient avec horreur la baie vitrée entachée d’un œil immense… Adam se tenait à côté d’elle, en tenue de pilote. Découvrant en silence une partie de ce souvenir. Une partie de sa vie. Une partie de sa terreur.
Le post-it voleta quand il s’échappa de sa main. Elle ne bougeait pas, tremblante comme une feuille et paralysée par la peur. Etouffée par la peur.
« Evie… » Murmura-t-il prudemment, tendant la main dans sa direction en s’approchant prudemment. Calmement. « Ce n’est qu’un souvenir. Rien de tout ça n’est vrai. »
Il y eu un crépitement et elle eut un sursaut, écartant les bras de son corps comme sur le qui-vive. Le monstre derrière la vitre gronda et un craquèlement étrange – sans doute le bruit du Kaiju – empli l’air alentour. Le sol se mit à trembler lorsqu’il bougea, dévoilant un faciès aussi horrible que ses congénères et des mâchoires semblables à un crabe qui s’ouvrir les unes sur les autres. Les bâtiments autour de lui s’effondraient comme s’ils n’étaient fait que de sable afin qu’il puisse se mettre bien face à la baie vitrée.
Quand il se projeta soudain dans leur direction, Evangeline hurla à en vriller les tympans du pilote et jeta ses bras en avant pour se protéger…
Dispositif d’armement enclenché.
La voix automatique résonna dans l’habitacle tandis qu’au bout du bras tendu d’Evie, paume ouverte, les nano-glyphes venaient de s’enrouler sur son poignet ganté. Une cible se dessina tandis que le programme activait les menus nécessaires sur leur écran de contrôle, balayant la caméra extérieur pour un menu de chargement :
Plasma Cannon – Powering Up : 25%.
« Oh non… » Souffla Tendo dans le micro.
Les alarmes résonnèrent au-dessus de la tête d’Adam, tandis que le bras droit de Gypsy Danger imitait celui d’Evie ; les mécaniques s’activèrent et les plaques métalliques bougèrent de part en part afin de révéler le canon dans la paume géante. Une lumière bleutée et aveuglante commença à grandir à l’intérieur, pointée directement sur la tour de contrôle où se trouvaient Tendo, Earl, Chuck ainsi que tous les opérateurs. L’air se mit à crépiter sous les décharges d’énergie emmagasiné et, au sol, le personnel commença à s’inquiéter. A paniquer. Certains se mirent à courir pour s’éloigner le plus possible de l’immense Jaeger.
Il y avait un problème. Un très gros problème.
« Dispositif d’armement déclenché ! Activez la sécurité ! » Hurla Tendo à l’opérateur concerné.
« L’anti récepteur neuronal ne réagit pas ! Elle est inopérante, y’a un problème ! »
Il se précipita sur son propre bureau, levant la vitre de protection d’un immense bouton rouge et rua sa paume dessus de toutes ses forces. Mais rien ne vint. Rien ne réagit. Rien ne se coupa et le canon continuait de charger, devenant de plus en plus aveuglant.
« La connexion est trop puissante ! »
« EVACUEZ IMMEDIATEMENT ! » Hurla-t-il, poussant les opérateurs vers les portes de sécurité. « TOUT LE MONDE DEHORS ! »
Plasma Cannon – Armed.
« EVIE ! » Hurla Adam pour tenter de la raisonner. De la ramener. « EVIE, c’est un SOUVENIR ! Rien de tout ça n’est vrai ECOUTE-MOI ! »
Il la sentait dans son crâne. Il la voyait dans son esprit. Il ressentait sa terreur et son effroi face au Kaiju qui avait ravagé sa ville. Sa vie. Son cœur. Tout. Il pouvait voir à travers ses yeux ce qu’elle était en train de vivre. En train de subir et sentir son cœur s’affoler autant que le sien dans son torse. Ressentir. Retrouver. Exprimer. Survivre.
« L’alimentation ! » Cria Earl, désignant les cables dans la tour de contrôle. « L’alimentation principale ! »
Il s’était rué dessus, aidé de Chuck, et Tendo les rejoignit pour tenter de tout débrancher. Si Gypsy lâchait une décharge de son canon à Plasma, tout le Shatterdome allait exploser… Et eux avec ! Il était hors de question que cela se fasse ! Hors de question que leur dernier espoir cause la perte de tout un programme !
« Déconnectez-les ! »
Stacker venait d’entrer dans la tour de contrôle, se joignant à eux.
« Déconnectez-les immédiatement ! »
Tendo tira de toutes ses forces et fut propulsé en arrière lorsque le câble principal lâcha enfin, le tenant à bout de bras.
« Ca y est ! » Souffla-t-il, tandis que tous les regards se portaient sur Gypsy Danger derrière eux.
Les secondes qui s’écoulèrent furent les plus longues de toute leur vie – ou presque – mais quand la voix automatique résonna dans le Shatterdome, ce fut pour leur apporter la nouvelle qu’ils attendaient tous :
Dispositif d’armement désactivé.
Le canon perdit de sa luminosité et un bruit inverse résonna, tandis que le bras métallique s’abaissait lentement vers le reste du corps du géant. Imité lentement par celui d’Evangeline.
« Evie ! Evie bon sang ! »
Lorsqu’Adam n’entendit plus sa voix dans sa tête, il su que la liaison avait été désactivée. Il retira violemment son casque et se détacha du support, courant la rejoindre malgré la lourdeur de leur équipement. Enclenchant le dispositif de détachement, il vit le corps de sa co-pilote glisser, inanimée, et il la rattrapa de justesse avant qu’elle ne s’effondre sur le sol de la cabine.
Exercice de pont neuronal non valide.
Il lui retira son casque et croisa son regard, à la fois présent et absent. Ses yeux clairs papillonnaient lentement de droite à gauche, à demi consciente, a demi présente.
« Ca va aller… » Souffla-t-il en la serrant contre lui. « Ca va aller, Evie… Tout va bien. »
Son cœur tambourinait dans sa poitrine, aussi vif qu’il y a cinq ans. Aussi perdu qu’il y a cinq ans. Et l’épée de Damoclès qui se trouvait au-dessus de sa tête sembla s’abattre lourdement sur eux. Ils avaient pris un risque. Ils avaient insisté. Et… Rien ne s’était passé comme prévu.
Séquence de dérive avortée. Souhaitez-vous recommencer ?