« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
La journée était longue à n'en plus finir. Quand j'avais quitté la chambre, la porte s'était refermé. J'avais beau eu taper dessus plusieurs coups, et tenté d'abaisser la poignée, ça ne donnait rien. Quelqu'un retenait Eulalie prisonnière de cette chambre et j'étais persuadé de savoir de qui il s'agissait. Pourquoi s'amusait-il à nous pourrir notre matin de Noël ? Tapant plusieurs fois contre la porte, je m'étais stoppé, me rendant compte que ça commençait à me faire mal. Poussant un râle, j'avais entrepris de me laisser tomber par terre et de m'appuyer contre le mur jouxtons la porte. Ce n'était pas amusant du tout !
Tout à coup, la porte s'était entrouverte. Je n'avais même pas eu envie de jeter un oeil dedans. Si c'était encore pour avoir une hallucination, non merci. J'en pouvais plus qu'il me montre des gens que je ne connaissais pas, même si je les trouvais sexy. Et si Eulalie était toujours dans la chambre, elle aurait réussi à en sortir. Elle avait une force surhumaine qui lui venait de sa naissance. Et elle aussi était terriblement sexy !
« Je ne viendrais pas... » murmurais-je à l'intention de mon ancien ami au nez rouge.
Une voix enfantine murmura à son tour. Elle émanait de l'intérieur de la chambre.
« C'est parce que tu as peur du noir ? »
Quelque chose m'intrigua dans la voix que j'entendais. J'avais la sensation de la connaître, mais de ne plus l'avoir entendu depuis très très très longtemps. Je n'avais pas bougé, secouant simplement la tête de gauche à droite. Il ne m'aurait pas cette fois ci. J'allais sagement attendre ici qu'une solution me tombe dans la main. Et puis, on finirait bien par venir me chercher.
La porte se poussa délicatement, afin de s'ouvrir en intégralité. Je n'avais pas tourné la tête. Je ne voulais pas voir dans la chambre. Là où j'étais, ça m'allait très bien. Par contre, j'avais remis correctement le manteau de la grande femme blonde sur moi, car il y avait un petit courant d'air frais.
« Nous n'avons jamais eu peur du noir. » prononça la petite fille qui venait d'arriver à côté de moi.
Elle m'observait d'un air interrogateur, tandis que je lui avais adressé à peine un regard. Elle portait un ciré et des bottes jaunes. Elle était vêtue comme la toute première fois où elle avait rencontré le clown. J'avais reniflé avant de regarder de l'autre côté, comme si de rien était.
« Pourquoi tu boudes ? » dit-elle avec une moue.
« Laisse moi tranquille... » murmurais-je dans un sanglot.
La petite se plaça à côté de moi, tout en essayant de m'imiter. C'était pas gentil. Pas gentil du tout. J'avais tourné la tête dans sa direction et je l'avais fusillé du regard tout en passant une main sur mes yeux.
« Qu'est ce que tu attends de moi ? Tu n'as pas déjà eu tout ce que tu voulais ? Nous faire souffrir ne te suffit pas ? »
« Je ne cherche qu'à t'aider, c'est tout. »
J'avais attendu quelques instants, avant de me relever, m'appuyant contre le mur. Mais j'avais failli tomber, perdant l'équilibre. Une fois bien stable, j'avais entrepris de finir ma montée et je m'étais retrouvé debout, face à la petite fille. La première chose qui m'était venu en tête, c'était de la pointer du doigt.
« Tu ne veux pas m'aider ! Tu m'as laissé toute seule quand j'étais trop grande pour m'amuser avec toi ! Puis, tu reviens là et tu nous fait des misères ! Je sais très bien que ce n'est pas une petite fille face à moi ! Tu crois que je suis débile au point de ne pas me reconnaître ? Tu es vraiment... vraiment... vraiment très méchant ! »
J'avais arrêté de le pointer du doigt avant de renifler. Puis, petit à petit, la petite fille s'était allongé, levée et avait pris la forme du clown. Ce dernier avait la tête baissé, tout en levant de temps en temps les yeux dans ma direction.
« Je suis désolé. Je ne sais pas vraiment comment m'y prendre. » murmura t'il d'une toute petite voix.
J'avais passé une main sur mon nez, avant de lui adresser un petit regard. Je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance ou pas. Il était tellement gentil avec moi par le passé. Qu'est ce qui aurait pu le faire changer à ce point ? Peut-être que ça avait été plus facile pour lui de s'amuser avec moi qu'avec eux. Comme j'étais différente moi aussi et que les autres ne me comprenaient pas, ça simplifiait notre relation. J'avais hésité avant de faire un pas vers Grand Sourire et de passer une main sur son bras. Puis, je l'avais caressé de bas en haut en lui adressant un petit sourire.
« Je vais t'apprendre. » lui dis-je. « Il faut déjà que tu nous laisses sortir d'ici. Ils ont peur quand ils sont dans cette maison. On est tellement habitué à se faire agresser par divers grands méchants, qu'on n'est jamais tranquille. Ils sont juste effrayés. Mais quand ils sauront à quel point tu peux te montrer adorable, ils accepteront de t'aider à trouver un endroit où dormir et tu pourras vivre avec nous. »
Je m'étais avancé une nouvelle fois pour lui faire un petit bisou sur la joue. Puis, je lui avais souris à nouveau. Une idée avait germée dans mon esprit.
« Tu sais, si tu te sens trop seul ici, une fois qu'on sera dehors, tu pourras venir vivre avec moi. C'est beau chez Granny. Elle te trouvera une chambre à toi aussi. Et elle prendra bien soin de toi. »
J'adorais ma chambre chez Granny. Elle était grande et jolie.
« Ca serait tellement chouette. » dit-il les épaules basses, l'air soucieux. « Mais c'est pas trop possible. »
« Mais si, ne t'en fais pas ! Je m'occupe de tout. Tu vas voir, ça va marcher. On va aller retrouver le groupe et tu vas déjà commencer par t'excuser. Puis... ah oui, faut faire revenir Eulalie. Elle est où d'ailleurs ? » demandais-je intriguée.
Il fit mine de réfléchir.
« C'est toi qui a ouvert la première porte en me parlant quand personne me voyait. Je n'étais qu'un écho. Mais tu m'as vue. Tu m'as regardé comme personne m'a jamais regardé. »
J'avais plissé les yeux d'un air totalement sceptique. Qu'est ce qu'il voulait dire par là ?
« Euh... » laissais-je échapper. « Où est le problème ? Tu es là. Tu peux venir avec. »
Il avait toujours la tête penchée et l'air ailleurs. Comme si il méditait. C'était bizarre. J'espérais que ça ne lui faisait pas mal.
« J'ai grignoté ta tête. J'ai pris ton enfance et j'ai grandit à l'intérieur de toi. Pendant longtemps j'ai cru que c'était ta mort qui me permettrait de passer directement de l'autre côté, chez toi. Chez toi, dans ton monde. Ton jolie monde. »
Hein ? Qu'est ce qu'il disait là ? De quel grignotage il parlait ? J'étais entière, complète. On ne m'avait pas grignoté quoi que ce soit. C'était Sherlock à qui il manquait un bras. Et encore, pas d'après la petite fille. Tout ça n'était qu'un jeu, n'est ce pas ? Il posa brusquement sa main glacée sur ma joue.
« Tu as toujours été un petit clown, tu le sais ? » murmura t'il d'un ton tendre.
J'avais souris. Qu'est ce qu'il était gentil. Puis, il frotta son pouce contre ma joue et je sentis comme si il y avait quelque chose sous ma propre peau. Passant une main sur ma joue, où il avait toujours son pouce, je m'étais rendu compte que quelqu'un chose se trouvait dessus. J'avais observé ma main, la ramenant devant moi. On aurait dit une sorte de poudre blanche. Comme de la craie. Je regardais Grand Sourire sceptique.
« Je ne comprends pas. » avouais-je.
Le mur face à moi s'était transformé en un miroir. Je pouvais voir mon visage se refléter dedans. Il était peinturé de blanc, avec un nez rouge et des joues tout aussi rouges. On aurait dit un clown. Ca m'avait fait sourire, même si quelque chose ne m'inspirait pas trop confiance.
« Je suis comme toi. » lui murmurais-je.
« On est pareil. » précisa t'il avec un gloussement. « C'est presque terminé. Bientôt tu ne te souviendras plus de rien. Et tu pourras rester ici à ma place. »
Hein ? Je ne comprenais vraiment pas grand chose à tout ça. Ou alors peut-être que si, mais j'avais un mal fou à l'accepter. Est ce que pendant toutes ces années, il avait vraiment fait ça dans le seul but d'être libéré de cet endroit ? Mais où était-on ? J'hésitais à poser la question. Est ce que ça l'aiderait vraiment de pouvoir en sortir ? Il n'était pas seul. J'étais là avec lui, moi. C'était... mon ami. Un ami d'enfance.
« On est où exactement ? » demandais-je à voix haute d'un air intrigué. « Si c'est un autre monde, je connais déjà. J'en viens aussi. On vient tous d'un autre monde. Et je connais quelqu'un qui peut ouvrir des portails et te faire nous rejoindre. Sans que tu ais besoin de... enfin tu vois. »
Il secoua la tête frénétiquement.
« Non. » répondit-il. « Ca ne marche pas pareil ici. C'est compliqué. Mais je suis sûr que cette fois ça va marcher. »
Il commençait à me faire flipper.
« Pourquoi t'as attendu toutes ces années ? Et pourquoi les avoir emmené eux, si c'était moi que tu voulais ? »
« J'ai eu besoin de réfléchir. Tu es jalouse de ne pas avoir été la seule ? »
Il pensait vraiment ça de moi ?
« Non. C'est juste que je ne comprends pas pourquoi tu les as amenés avec. Il se passe quoi quand on est ici ? Quand on prend ta place ? »
Il haussa les épaules.
« Je ne sais pas. Faudra que tu me racontes, si jamais on se revoit. »
Je commençais à comprendre là où il voulait en venir.
« C'est grâce à toi que j'ai grandis toute seule ? Que les autres ne grandissaient pas, mais moi si ? »
Durant toute mon enfance, je n'avais pas cessé de grandir. Je m'étais retrouvé souvent très seule. Car quand je descendais de ma chambre pour rejoindre Granny en bas, elle me disait toujours la même chose. Comme quoi j'avais grandis. Mais elle le disait chaque jour, de chaque année. Tous ceux qui venaient dans son auberge disaient la même chose. Je trouvais cela normal. Pourtant, eux ne grandissaient pas. Tout comme les autres enfants. Ils finissaient par ne plus jouer avec moi, car j'étais trop grande pour eux. J'en avais discuté avec Granny, mais elle disait que c'était parce que j'étais une grande fille que je grandissais.
« Aucune idée. » conclu t'il.
« Et... une fois que tu seras de ce côté. Tu les laisseras tranquilles ? Ils pourront rentrer chez eux. »
Il hocha d'un geste vif la tête à plusieurs reprises.
« Ah oui promis !! » assura t'il énergique.
« D'accord... » murmurais-je.
J'aimais bien vivre chez Granny. Mais je vivais seule. Personne s'intéressait réellement à moi à l'exception de quand on me disait que j'avais grandis. Je ne connaissais pas les gens qui étaient avec moi ici, en dehors de Eulalie. Je n'avais pas de réels amis. Pas de famille. J'étais seule. Seule depuis bien longtemps. Je comprenais ce qu'il ressentait. Ici ou là bas ça ne changerait pas grand chose pour moi.
« Dit moi ce que je dois faire pour t'aider. Tu pourras venir dans mon joli monde. » dis-je en lui souriant pour le rassurer.
Le couloir était plongé dans le noir. J'avais tourné la tête afin de trouver l'interrupteur. Mais on n'était plus trop au même endroit je crois. C'était à ça que ressemblait son monde ? Je commençais légèrement à paniquer. Il devait bien y avoir une bougie ou quelque chose. Il me prit la main, ce qui me rassura.
« Nous n'avons pas peur du noir petite Lily. » murmura t'il.
Je n'avais pas peur du noir. Mon ami était avec moi. Je ne pouvais pas avoir peur du noir.
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
« Une petite devinette pour toi Sherlock : Qu’est-ce qui peut déstabiliser ou affaiblir une créature qui puise sa force dans les émotions négatives de ses victimes ? »
Ce fut ses dernières paroles. Tirant une bouffée rapide sur sa cigarette, il sentit la fumée grisâtre envahir d’abord sa gorge, puis ses poumons. Quelques secondes après, ses membres restant cessèrent de trembler. La regardant partir avec un léger pincement au coeur, il se retrouva seul, au milieu de la pièce. C’était le seul endroit qu’il avait vu de cette maudite maison, et il n’avait absolument pas envie d’en voir plus. Sherlock se sentait beaucoup trop faible pour continuer à se battre. Il allait abandonné. Enfin, il aurait certainement abandonné si Angelika n’avait pas été là pour raviver la flamme. Pour être l’étincelle qui pouvait faire repartir le feu qui sommeillait en lui. Avec une simple devinette… Sans elle, il aurait abandonné. La nicotine faisait peu à peu son effet sur son cerveau, il cracha à nouveau une bouffée. D’abord il pensa à l’amour. Après tout, d’après ce qu’on avait essayé de lui dire à son sujet, c’était lui qui était sensé chasser les émotions négatives. Mais c’était trop simple, trop évident et trop basique pour que ce soit ça. D’un air calculateur, il observa sans le voir le mur que Balthazar avait effrité et frappé avec les coups de son propre révolver. Qu’est ce qui chassait les émotions négatives ? Si on partait depuis le début ? Qu’est ce qui avait uni les hommes pour la première fois ? Qu’est ce qui avait fait fuir les ténèbres ? Trouvant la réponse à sa petite devinette, le Détective se mit à ricaner tout seul. Il avait la réponse.
Revigoré grâce à sa compagne d’infortune, il s’était levé d’un bon, et observait désormais le mur en face de lui. Penny avait hurlé qu’il y avait la jeune femme qui s’était éclipsé en premier. Mais comme à son habitude, Graves n’avait rien écouté. C’était exaspérant de savoir que quelqu’un d’aussi têtu, et d’aussi borné que lui existait dans ce monde. Décidément, il était donc condamné à détester cet homme au plus haut point. Frappant à plusieurs reprises sur les jointures et fissures qui étaient apparu, grace à des mouvements précis. Malgré son handicap, une nouvelle force avait jailli en lui, quelque chose qu’il ne connaissait pas auparavant et qu’il avait acquis grâce à Penny : la Foi. Il devait y croire. C’était elle qui l’avait dit. Pour se donner du courage, il répéta cette citation, qu’il marmonna tout en frappant le mur de toutes forces.
« Toute la création est fiction et illusion. La matière est une illusion pour la pensée ; la pensée est une illusion pour l'intuition ; l'intuition est une illusion pour l'idée pure ; l'idée pure est une illusion pour l'être… »
Au fur et à mesure qu’il récitait le poème, le mur s’effrita, puis se brisa pour laisser le corps de Maara tomber comme une poupée de chiffon. Murmurant toujours à faible voix, il déclara d’un ton calme pour terminer sa phrase. « Tu es le mensonge suprême... »
Sherlock la réceptionna comme il put à cause de son infirmité et l’allongea au sol avec toute la précaution dont il était capable. Vérifiant le pouls, et d’autres signes vitaux, elle semblait en bonne santé, simplement inconsciente. Plissant des yeux, il remarqua qu’elle était encore dans la même posture que lorsqu’elle s’était figée dans le restaurant. Mais alors qu’il terminait de prendre les mesures nécessaire sur Maara, une odeur, particulièrement forte et issue de son enfance jaillit dans les narines de Sherlock. Le détective se leva brutalement et fit volte-face.
Un petit chien, l’observait la tête penchée sur le côté, et se tenait dans l’embrasure de la porte donnant sur le Hall. Son regard était curieux, son pelage soigné et familier. Lorsque son regard croisa celui de Sherlock, le détecte porta brusquement une main sur sa tempe. Le souvenir modifié de Mycroft ressurgit alors sous forme de flash-back accéléré. Sa vision se troubla… Non. Réouvrant les yeux, il fixa le chien dans les yeux, se tenant droit comme un « I » en posture neutre. L’écho de la voix de Mycroft résonnait encore dans sa tête… « Ce n’est pas toi Sherlock ! ». Si c’était lui. Maintenant il se souvenait. Et c’était aussi un accident. Souriant à la vu du chien, il s’accroupit pour l’appeler en sifflant, mais ce dernier ne bougea pas d’un pouce. Se redressant, il garda toujours son rictus figé sur ses lèvres. Il savait le petit jeu auquel voulait jouer le Clown. S’avançant vers l’animal, ce dernier se frotta après lui très affectueusement. Il ressemblait à son ancien chien, dont le souvenir avait ressurgi. Mais il était très différent à la fois. Cela prouvait deux choses : Le Clown fouillait dans leurs esprits pour chercher des informations. Mycroft Holmes avait tellement réussi à brouiller les pistes, que le Clown n’avait du avoir qu’une entrevue imparfaite de ce moment. Gardant son rictus et se sentant aller beaucoup mieux depuis qu’il avait retrouvé sa logique implacable, il haussa les sourcils lorsqu’il remarqua que sur le collier du chien, était écrit le nom de…
« Sherlock ? C’est assez grossier... » dit-il avec un ton légèrement déçu. Visiblement il avait surestimé son ennemi cette fois-ci. Caressant mélancoliquement le chien, ce dernier partit en courant dans les dédales du couloir. Ricanant ironiquement, il déclara d’une voix faible, mais sûre d’être entendu par le clown omniscient : « Evidemment. Allez, emmène moi jusqu’au bout, qu’on en finisse. »
Aucune réponse. L’ignorance était visiblement le meilleur des mépris. Se baissant pour écraser sa cigarette, il forma un smiley avec le un nez rond de clown au sol. Ricanant à sa propre petite blague, il s’engouffra à son tour dans le couloir. Faiblement éclairé, il n’arrivait qu’à distinguer le papier peint usé et démodé. Au loin, on pouvait voir le petit chien, en train de fouiller dans un petit monticule de trésor personnel. Haussant les sourcils, il l’observa faire, prudent et à bonne distance. Ce dernier, après avoir fouillé avec l’énergie d’un jeune chiot, trouva enfin ce qu’il cherchait. Courant joyeusement avec un espèce de bâton dans la gueule, il revint vers Sherlock, sa queue frétillante derrière lui. Plus il s’approchait, plus Sherlock arrivait à distinguer ce qu’il avait dans la gueule… Fier comme Artaban, le petit chien s’assit, le bras de Sherlock dans les mains. « C’est très gentil de ta part, mais je crois que malheureusement on ne peut plus rien pour lui mon cher Sherlock. »
Se penchant pour prendre son bras, le chien se mit alors à grogner et à serrer sa prise un plus fort.. Au même moment, son membre fantôme le lança d’une vive douleur. Fronçant les sourcils, il recula d’un pas et observa l’emplacement vide à la place de son bras. Rien. Encore un petit jeu du clown. Le détective s’accroupit, et observa ce chien avec son bras dans la gueule qui avait l’air si réel. Son ancien membre suintait d’un liquide noir et visqueux, semblable à celui qu’il avait vu dans la grille d’égout du restaurant. Brusquement, l’index de son bras présent dans la gueule du chien se dressa, indiquant les escaliers. « Charmant. »
Montant ses derniers, en suivant la piste sinistre, il arriva enfin au premier étage. Plusieurs portes étaient fermées, mais l’une était restée entre ouverte. Le cocker qui était resté jusqu’à présent à côté de lui se lança sur la porte et commença à y gratter comme un fou furieux et glapissant comme un nouveau né. Devait-il entrer ? Bien sûr, il n’avait plus rien à perdre. Sauf peut être un autre bras. Alors qu’il s’approchait de la porte, la température baissa, ainsi que la luminosité. N’ayant jamais eu peur ni de l’un, ni de l’autre, il s’y engouffra avec le coeur aussi gros que les héros de jadis. Plus il avançait dans la pièce, plus le décor semblait se désintégrer, s’effacer. Tout devint plus sombre, et le détective eut du mal à voir le chien qui se dirigeait vers le fond de la salle en courant comme un fou. Plus les secondes passaient, plus l’obscurité et le froid l’envahissait. S’en moquant éperdument, il plissa les yeux. La porte avait disparu, et il n’y avait désormais que quatre élément autour de lui qu’il pouvait sentir et voir. Le chien, l’obscurité, le froid et… Une jeune femme blonde, assise dans les ténèbres, tenant son ventre ensanglanté. Accélérant le pas, il se rua sur elle et s’accroupit à son niveau. « Emily ? »
Elle sembla l’observer un long moment, comme pour savoir si ce qui était en face d’elle était bien réel. Le chien déposa le bras de Sherlock sur les genoux de la jeune femme, puis disparut dans un glapissement sonore, laissant les deux malheureux seuls et face à face. La jeune blonde toussota, puis fixa Sherlock. Elle dut mettre plusieurs minutes avant de le reconnaître, car son regard mis du temps à s’adoucir légèrement à sa vue. « Sherlock ? Qu’est ce que tu fais ici ? »
Soudain, son regard se posa sur le bras qu’elle avait sur les genoux.
« Oh putain c’est quoi ce truc ?! » dit-elle d’une voix enraillée.
Pour toute réponse, Sherlock Holmes la fixa avec tendresse et lui posa son autre main sur l’épaule. « Calme toi, c’est une longue histoire. Disons que nous sommes parti chacun de notre côté à la recherche de la personne que nous avions perdu. Visiblement, je t'ai retrouvé. Enfin, dire que c'est grâce à moi est un peu prétentieux. Disons que nous sommes tombés dans le même piège. C'est mon bras. Dit moi ce qui s’est passé. »
Le détective la regardait calmement mais avec attention. Malgré sa faiblesse, elle conservait tous ses tiques corporels, ce qui confirma à Sherlock qu’il s’agissait bien d’elle mais pas d’une illusion. Il avait remarqué que depuis le début, les illusions du Clown semblait légèrement déviées de la réalité concrète. Malgré un gros effort sur le détail, il n’était pas en mesure de tout faire à la perfection. « Rien, faut qu’on bouge »
A l’issue de ces paroles, elle se leva péniblement en s’aidant d’un mur invisible à cause des ténèbres. Se redressant en même temps que le détective, elle murmura d’un ton faible : « Désolée pour ton bras, je... T'aurais pas dû venir me chercher. »
Sherlock plissa des yeux de curiosité, elle fuyait son regard ? Une première pour elle. L’observant curieusement inquiet, il déclara d’un ton neutre mais rassurant :
« Je ne crois pas que ce soit possible de sortir d'ici... Nous avons déjà essayé. »
Mais elle ne semblait l’écouter. Tremblante à quelques pas de lui, elle déclara d’un ton faible et étranglé : « Pourquoi… Pourquoi moi ? » « C'est une des nombreuses questions qui ne trouvent pas de réponses pour le moment. »
Analysant la jeune femme une dernière fois pour comprendre de quoi elle souffrait mentalement, il s’avança lentement, et la serra dans son bras. Une première pour Sherlock Holmes, qui n’avait jamais fait cela depuis l’enfance.
« Je crois que c'est ce que font les personnes qui doivent réconforter ceux qui sont dans la détresse... Mais j'en suis pas sûr. C'est bientôt terminé. raconte moi juste ce qui s'est passé et si tu as des informations pour sortir d'ici. »
Fuyant à nouveau son regard, elle grimaça et déclara pour changer de sujet : « Laisse tomber… Tu vas tenir le coup ? »
Sherlock recula un peu pour l’observer à nouveau en détails, elle avait été tout d’abord crispée, puis comme si une barrière invisible avait été brisée, et se laissa faire à sa prise, et déclara d’une voix tremblante et très émue : « C'est plutôt toi qui devrais avoir besoin d'un câlin, tu as un bras en moins je te rappelle.. »
Sherlock sourit, puis essaya de repousser légèrement Emily. Mais elle restait inlassablement accroché à lui. Comme si pour la première dans sa vie, elle avait eu besoin de cette étreinte. Sentant son coeur battre fort et une lutte intérieure, elle finit par briser ce qui la retenait comme un verre de cristal qui se casse sur le sol. « Il m’a bouffé. Il m'a emmené ici, il m'a enfermé. Il faisait noir, j'y voyais rien.... J'ai essayé.... de me tirer, sans succes. Un moment, il est venu et il s'est approché de moi. J'ai essayé de me défendre, j'ai tout fait pour l'éloigner mais j'ai pas réussi. Il était trop fort.... »
Une ombre d’inquiétude passa dans le regard de Sherlock. Elle pleurait ? Qui avait donc réussi à anéantir à ce point la carapace d’acier qui entourait Emily Lame-Duck pour qu’elle en soit à ce point choquée. Ce type était un vrai malade. Sentant la colère montait comme une vieille amie dans son sang, il ne l’interrompit pas cependant. Les larmes coulaient sur son visage.
« Je me suis débattu, je lui ai envoyé tous les coups que je pouvais, mais j'ai pas réussi. J'étais pas assez forte. Et lui, ça l'amusait....ça l'excitait... Il a fini par m'immobiliser et j'ai senti ses dents... Qui se plantaient... Dans mon ventre et... Et il a tiré et...»
Elle s’interrompit et se mura dans un court silence. Dans l’esprit de Sherlock, quelque chose se brisa également. Les barrières protectrices de Mycroft s’effacèrent instantanément. Sentant Emily serré contre lui, sa détresse fit jaillir en lui une haine sans limite. Bouillonnant de rage, son sang tournait dans ce qu’il restait de son corps. Aussitôt, 14 façons de tuer le Clown de manière lente et douloureuse lui vint à l’esprit. Elle reprit d’une voix grave et sans vie : « J'ai senti ma chaire s'arracher. Et j'avais beau hurler j'ai rien pu faire... »
Alors, Sherlock fit quelque chose qu’il n’avait jamais fait. Déposant doucement un baiser sur le front d’Emily d’un geste fraternel et sincère, il déclara d’un ton dur. « Je suis désolé, c'est ma faute. Tu serais resté avec moi, ça ne se serait peut etre pas passé comme ça. C’est terminé. »
Sentant que cela l’avait calmer de se confier et d’être enfin aimé par quelqu’un, un regain d’énergie se fit sentir en elle. Alors que leurs corps se détachèrent ensemble doucement, elle déclara avec cette fois-ci plus de détermination : « Non, c’est ma faute. Mais... Merci d'être venu Sherlock.maintenant... faut qu'on se tire de ce trou à rat et qu'on fasse la peau à ce monstre. »
« Tu as raison… » murmura-t-il.
Reculant d’un pas, Sherlock observa Emily, et lui sourit. Un dernier sourire, avant de basculer à son tour dans les ténèbres pour vaincre ce monstre qui en suintait de tout pores. Son visage se durcit, ses yeux s’embrasèrent d’une colère sans limite. Jamais Sherlock Holmes n’avait un jour songé qu’il romprait cette barrière. Désormais, il n’était plus détective, mais criminel. La limite entre ces deux mondes avaient toujours été faible, mais le fait de voir Emily ainsi, Angelika souffrir, Katelyn disparaître avait tout brisé. Absolument tout. C’était une épreuve mentale, il l’avait su dés le début. Mais il n’aurait jamais pensé en arriver là. Se jurant intérieurement de n’utiliser son cerveau que pour détruire, tuer et envoyer au néant le Clown, il déclara d’une voix grave, autoritaire et sinistre.
« Montre toi. »
Maara Blackhunter
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Katie McGrath
| Conte : Les 5 Légendes | Dans le monde des contes, je suis : : Nightmare
Voilà pourquoi j'avais horreur de travailler avec des gens : on ne pouvait pas compter sur eux. Et personne ne pourrait me contredire : la fine équipe qui m'accompagnait m'avait laissé dans ce fichu trou dans le mur. Après que l'autre cinglé au pistolet ait tiré dans le mur, tout le monde s'était barré. Et moi j'étais restée comme une pauvre conne, coincée. J'étais donc furax quand je réussis à m’extirper delà. Hors de question de rejoindre cette bande de tarés. J'avais parfaitement avancé sans eux. Ou presque. Et puisqu'ils ne s'étaient pas donnés trop de peine vis à vis de moi, je décidais de partir de mon côté. Parce que ces idiots avaient oublié de prendre mon bâton. Hors j'en avais besoin. Et puis Geo risquait l’infarctus s'il apprenait que je l'avais égaré quelque part...
Me dirigeant vers l'entrée, je ne croisais pas les autres. La porte n'offrit pas de résistance, ce qui était une bonne comme une mauvaise chose : j'aurais bien voulu me décharger de ma frustration sur une porte récalcitrante. Au-dehors, la nuit était sombre, emplie de ténèbres. Exactement ce qui me plaisait. Ceci dit, on parvenait quand même à y voir. Le décor était glauque avec les pendus qui oscillaient dans le vent, mais bon, rien qui ne me perturbe réellement. Jusqu'à ce que je le vois. Un gamin qui sortit d'un arbre, façon enfant perdu et arbre creux. Creux qui semblait très très noir d'ailleurs... En tout cas, le minot me repéra bien vite et m'observa avec méfiance. Je sentais qu'il avait peur, mais manifestement, il savait se contrôler. Ce qui, vu son âge, avait de quoi m'intriguer...
- Qui es-tu ? Lui demandais-je.
Il m'adressa un regard suspicieux et une moue que je ne parvenais pas à déchiffrer.
« Maara, c'est ça ? Je suis sûr que c'est toi. » Dit-il d'un ton assuré. « Je m'appelle Toby. »
Ok, ça, c'était pas normal ! Je n'avais jamais vu ce môme de ma vie. J'étais méfiante. S'agissait-il encore d'un coup du clown ? Ses vêtements étaient abîmés et sales, comme si ça faisait longtemps qu'il les portait. Ce qui ne m'incitait pas du tout à la pitié. Si le but était celui-ci, c'était perdu d'avance. Le gamin observa tout autour de lui d'un œil à la fois soulagé et anxieux malgré tout.
« J'ai réussi à passer. »
- Comment tu me connais ? T'as réussi à passer de où à où exactement ? Tu étais dans le monde du clown ?
Pas le temps pour la gentillesse. Si tant est que je sois capable d'une telle chose. Mais ce gamin était bien trop intriguant pour que je parvienne à lui tourner le dos : il semblait avoir vécu pas mal de choses et j'aimais apprendre, savoir... Même quand un gamin de dix ans me regardait avec un air hautain que j'avais bien envie de lui faire passer !
« Ton ami m'a parlé de toi. Le lapin musclé. » Dit-il en haussant les épaules. « Je l'ai croisé de l'autre côté. »
Aster ? J'avais du mal à le croire, lui qui m'avait dit n'avoir croisé personne quand on s'était parlé ! Certes, entre temps, il s'en était passé des choses.... Mais quand même ! Toby lança un coup d’œil par-dessus son épaule pour indiquer l'arbre creux derrière lui.
« C'est par là que je suis passé. Mais je crois que ça s'est refermé. »
Ouais, ça, bizarrement, je l'avais compris. Mais pour le moment, je ne quitterais pas le perron de cette maison sans un peu plus de certitude quant à savoir s'il avait réellement rencontrer Aster ou pas...
- Et qu'est-ce qu'il t'aurait dit sur moi pour que tu puisses me reconnaître aussi facilement ? Lui demandais-je en croisant les bras.
« Il m'a dit qu'il te trouvait belle et sombre... Je ne peux pas juger pour la beauté. T'es pas mon genre. Mais t'as l'air dark. » Répondit-il en me fixant.
Mouais... Aster ne m'avait jamais dit que j'étais belle, alors j'avais un peu de mal à le croire... Ceci dit, ça lui ressemblait. Un peu.
- Belle ? Ça m'étonnerait qu'il ait dit un truc pareil... Le reste lui correspond assez ceci dit... Bougonnais-je. Pourquoi étais-tu de l'autre côté ?
« Le clown m'a enlevé. J'aurais dû écouter les conseils de ma sœur et ne pas parler à n'importe qui. De toute façon, je ne me laisserais plus faire. » Expliqua-t-il d'un air énervé.
Mouais... À mon avis, le gamin n'avait pas retenu grand-chose de son enlèvement puisqu'il discutait tranquillement avec une inconnue... Mais comme il s'était mis en marche à travers la forêt d'un pas décidé, je pris la décision de le suivre. Il m'intriguait trop pour que je le perdes de vue. Et puis, si ça n'était pas encore un coup du clown, peut-être que le gamin pourrait m'être utile... Il m'emmena jusqu'à une cabane. Je le vis entrer et fouiller à l'intérieur pour récupérer un petit couteau à la lame aiguisée.
« Choisis-toi une arme. » Dit-il d'un ton sec. « Si tu en trouves une. »
Sans le perdre des yeux, je me mis à fouiller dans la cabane aussi. Même si je ne voyais pas trop où il voulait en venir...
- Le groupe avec qui je suis a oublié mon arme... Dis-je en me mettant au boulot, un air colérique sur le visage. Pourquoi une arme au fait ?
Non que ça n'ait pas de sens... Mais il paraissait bien déterminé tout d'un coup. Cela cachait quelque chose et je voulais savoir quoi exactement.
« Faut pas s'entourer d'incompétents. » Répliqua-t-il en secouant la tête. Remarque avec laquelle j'étais bien d'accord... « Faut qu'on en finisse avec ce clown. Tant qu'il respirera, il ne nous laissera pas tranquille. » Dit-il ensuite en tenant farouchement son couteau.
Le raisonnement se tenait. Mais c'était assez étrange d'entendre un gamin parler de meurtre tranquille comme ça...
- Avant de songer à la mort, est-ce que tu sais ce qu'il veut, ce qu'il est ? Et ton couteau ne servira à rien...
« Il... Il a fait quelque chose d'horrible à une fille plus petite que moi... » Dit-il d'un ton amer, tandis que je voyais de la terreur au plus profond de lui. Par ce qu'il avait vu... « Tout ce que je sais, c'est que si c'est pas lui qui y passe... Ça sera nous. »
J'étais assez d'accord. Mais encore une fois, il ne comprenait pas que son arme ne lui servirait pas à grand-chose... Le problème des marmots, c'était qu'ils avaient souvent du mal à comprendre les choses.
- Je me fiche de le tuer... Mais fais ça avec les bonnes armes. Et après que le lapin musclé ait été libéré. Est-ce qu'on peut le délivrer ?
Je n'étais là que pour ça après tout. Libérer Aster. Les autres, je m'en foutais. Encore plus quand je voyais comme ils m'avaient zappé...
« Je sais me débrouiller avec un truc tranchant. » Répliqua-t-il farouchement avant de marquer une pause et de réfléchir.
- Ça n'a rien à voir avec le couteau... Il ne le craint pas je crois... Expliquai-je en soupirant.
« Pour retourner ton lapin, faut retourner dans le monde noir. J'irais pas, sauf si tu me promets de m'aider à tuer le clown. » Toby s'approcha de moi avec un air décidé et se coupa volontairement un peu la main avec le couteau. Même s'il grimaça de douleur, il restait déterminé. « Un pacte, ça se fait dans le sang. » Puis il me tendit le couteau pour que je fasse comme lui.
Je restais silencieuse un long moment, calculant ce qui était bon pour moi ou non dans ce pacte. Sans mot dire, je pris le couteau et m'entaillais la main à mon tour d'un coup sec avant de serrer celle de Toby.
- Je t'aiderais à en finir avec lui.
Toby hocha la tête une fois, récupéra le couteau et se mit en route pour retourner vers la maison, moi à ses côtés.
« Il a dit qu'il s'en prendrait à ma soeur. Mais je ne le laisserais pas faire. » Grommela-t-il pour lui-même.
Une fois devant la maison, je remarquai que mon bâton m'attendait sur le perron, alors que j'étais persuadée qu'il n'y était pas avant... Et à travers la porte ouverte, je pouvais voir les ténèbres. Toby renifla un grand coup comme pour se donner du courage et avança.
« T'as pas intérêt à flancher. » Me dit-il sans me regarder.
J'avais fermé les yeux. Tout était sombre, quoi qu'il en soit. Il était juste plus simple de faire face à l'obscurité si je ne la voyais pas réellement. J'avais réussi à calmer ma respiration, mais la perte de repères visuels ou temporels étaient une bonne méthode de torture. Elle avait sans doute déjà fait ses preuves à travers les époques et je n'y étais pas totalement insensible. J'avais beau tenter de me persuader que tout ça n'était pas réel... si ça l'était ?
« Un nouveau monde. »
J'avais ouvert les yeux. C'était de ça dont il s'agissait. Je ne le connaissais pas encore, mais je m'y trouvais. Nous envoyait-il ici pour chercher à atteindre le nôtre ? M'interroger ne me permettrait pas de partir. Avoir peur non plus. J'avais déglutis, mes mains se serrant, me faisant lâcher un léger cri de surprise. J'en avais oublié la blessure, l'ignorant jusqu'alors, tandis qu'elle se faisait de plus en plus lancinante. Tout comme le froid.
Un léger frisson m'avait parcouru alors que j'avais commencé à marcher. Rester sur place m'avait paru être la meilleure des choses à faire, mais j'étais incapable d'attendre que les choses se passent. Je n'avais aucune idée de la direction dans laquelle j'allais. Je ne savais pas même pas ce que je faisais. Jusqu'à ce que cette porte apparaisse, apparue de nul part. C'était un but comme un autre à atteindre.
Inspirant une grande bouffée de l'air gelé, je m'étais dirigée dans sa direction. Mais chaque pas était de plus en plus éprouvant, sans que je ne puisse l'expliquer. Encore un tour de ce clown. Je me pinçais les lèvres. Etre affaiblie sans recevoir le moindre coup était une drôle de sensation. Ma tête commençait à tourner et je me demandais si ce n'était pas une tentation placée là pour m'appâter sans que je ne puisse jamais l'atteindre, les vertiges que je ressentais se faisant insistants. Mais ma main finit par atteindre la poignée.
Je la baissais avec une certaine difficulté. Et de l'appréhension. Enormément d'appréhension. Rien ne me disait que ce ne serait pas pire, de l'autre côté. Il ne pouvait pas y faire plus sombre, mais je ne doutais pas de l'imagination du propriétaire des lieux. Je m'imaginais mille scénarios, mais aucun d'eux ne fut semblable à la réalité. Je clignais plusieurs fois des yeux, lorsque je vis Monsieur Graves face à moi. Il était toujours dans la maison – les murs des couloirs étaient reconnaissables. Je remarquais Penny, tout juste derrière lui. J'étais à la fois étonnée d'une telle vision, mais ne pouvait pas dissimuler un léger soulagement. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un piège. Je prenais le risque.
En traversant cette porte, je ne sentis qu'une sensation de déséquilibre total. J'avais l'impression que mes jambes me lâchaient. Ce n'était pas qu'une impression. J'avais percuté l'homme face à moi, lui faisant perdre pied, le forçant à m'accompagner dans ma chute. J'en eu le souffle coupé un instant, cherchant par réflexe à me rattraper mais je ne fis que frôler le mur de mes doigts.
« Qu'est-ce que vous ficher ? »
Ma respiration était saccadée et je le sentais chercher à se dégager. C'était comme un brusque retour à la réalité. Je n'avais pas bougé, le fixant, interdite, avant de réaliser que je l'écrasais de tout mon poids.
« Pardon. »
Je m'étais écartée rapidement, restant à même le sol, me plaquant contre la paroi la plus proche.
« C'est son monde à lui. On a enfin trouvé une porte ! Qui est... une vraie porte. »
Penny s'était approchée pour l'observer, d'un air aussi anxieux qu'intrigué. J'avais eu l'envie de l'en empêcher, mais je me sentais toujours étrange. Elle l'avait passé sans que je ne me sente capable de réagir, observant les alentours, terriblement aux aguets.
« T'éloigne pas. »
Il n'avait pas lâché l'enfant des yeux, prononçant ces mots non pas sur le ton de la menace habituel, mais davantage comme... une demande. Penny ne s'en était pas formaliser. Et j'étais là, déglutissant légèrement, à la recherche de la moindre menace.
« Il vous est arrivé quoi ? »
Je sentais ses yeux posés sur moi, ce qui ne m'aidait pas le moins du monde à me détendre.
« Un moment de faiblesse. » avais-je finis par prononcer, d'une voix plus distante que je ne l'avais voulu. « Je n'ai pas réussi à le blesser mais lui ne s'est pas gêné. »
Ma main toujours en sang s'était refermée en un poing, alors que je mordais l'intérieur de ma joue sous la pointe de douleur que cela me fit ressentir. Je n'aimais pas cette sensation de faiblesse.
« Pourquoi est-ce qu'il m'a laissé sortir ? Ça n'a pas de sens... A moins que vous ne soyez pas réels et que je sois en pleine hallucination. »
Je ne voyais pas d'autre explication. C'était bien trop facile. Il m'avait offert cette porte de sortie... c'était bien lui, non ? J'avais secoué la tête. Mon cœur battait encore bien trop vite. Tout ça me dépassait totalement.
« Je suis réel. »
J'avais relevé mes yeux dans sa direction, le voyant tapoter son torse comme pour s'en assurer. Il semblait l'être, en effet.
« Même si... j'ai l'impression de délirer. »
J'avais juste eu le temps de remarquer le coup d'oeil lancé dans la direction de Penny, avant qu'il ne se concentre sur ma main.
« C'est infecté. »
« Je... »
Par réflexe, j'avais voulu le vérifier, pensant que ce n'était pas possible. Pourtant, il avait raison. La plaie commençait à être purulente.
« Oh. C'est vrai. »
J'avais voulu récupérer mon mouchoir, me rendant compte que je n'avais pas emporté mon manteau pour la balade matinale en compagnie d'Hyperion. C'était un comble de ne pas être équipée, alors que j'étais la première à faire ce genre de réflexion.
« Ce n'est pas grave. Je ne risque rien. Je crois. Il a dit qu'il pourrait peut-être me tuer, là-bas. »
D'un mouvement de tête, j'avais indiqué l'obscurité de l'autre côté. J'avais beau tenter de m'en convaincre, me dire que je pourrai très bien m'occuper de cette blessure plus tard, je me posais malgré tout des questions. J'ignorais de quelle nature elle était et ce qu'elle pouvait engendrer.
« Il est possible que je ne me sente pas très bien dans les heures à venir. »
Pas seulement à cause des lésions que j'avais, mais je me gardais de partager cette information.
« Ce n'est pas quelqu'un, c'est une chose. On ne pourra peut-être même pas le tuer. Ou alors ce ne sera possible que dans son monde... »
J'avais passer une main sur mon front, fermant les yeux un instant. Me remettre à réfléchir à une manière de m'en débarrasser me donnait le tournis.
« Il faut y retourner. »
Cette idée ne m'enchantait pas. C'était pourtant la seule solution crédible. Il fallait l'y bloquer, faire quelque chose, l'empêcher de revenir. En même temps, il y avait toujours les disparus. Dont le frère de l'enfant.
« Mais toi, tu restes ici, c'est trop dangereux. »
J'avais toujours dans l'idée de la protéger, même si je doutais maintenant de ma capacité à la défendre face à Ca.
« Hors de question que je reste en arrière ! Toby est quelque part là-bas ! Je vais pas rester les bras croisés ! Je suis autant concernée que vous ! »
Je l'avais énervé. Ou du moins, je l'avais brusqué.
« Elle vient avec nous. »
Monsieur Graves aussi avait l'air de désirer qu'elle parte à l'aventure, pour je ne savais quelle raison. Il s'était montré assez sec pour que je réalise qu'aucune discussion n'était envisageable. J'avais soupiré, acceptant cette fatalité avec une légère anxiété. Si je considérais qu'il était le seul à devoir assurer la sécurité de la jeune fille, étant donné qu'il appuyait sa demande, je savais pertinemment que je m'en sentirai tout autant responsable.
Il s'était relevé, venant me tendre sa main, dans un geste qui se devinait ne pas être proposé à contre cœur.
« Vous pouvez marcher ? »
« Je peux. »
J'avais détourné les yeux, me relevant de moi-même, ressentant comme une sorte d'agacement à cette interrogation. Je n'arrivais pas à l'expliquer, peut-être était-ce parce qu'il avait piqué ma fierté. Je n'avais pas perdu une seule seconde de plus pour m'engager de nouveau dans ce monde noir, même si ma gorge se serra avant de traverser la porte.
Il n'était plus totalement vide comme je l'avais quitté. Un lavabo était posé en plein milieu, son blanc brillant ressortant dans ce décor obscur. Il était là comme un lampadaire en plein milieu d'une route.
« C'est bizarre... »
J'avais tourné la tête vers Penny, qui restait sur ses gardes malgré sa curiosité.
« Tout est bizarre, ici. » avais-je lâché dans un simple murmure.
Il n'était pas là sans raison, ce n'était pas possible. Cet endroit obéissait à des règles. Des règles qui n'étaient pas les mêmes que dans le monde réel, mais des règles néanmoins. Il ne pouvait en être autrement.
A peine m'en étais-je approchée que j'avais senti une emprise sur mon poignet, me faisant légèrement sursauter. Ce n'était que Monsieur Graves. Il avait placé ma main sous le robinet, la faisant passer sous l'eau. Je ne comprenais pas pourquoi. Il avait agit si rapidement que je n'avais pas eu le temps d'émettre la moindre remarque.
« Faut désinfecter. » avait-il grommelé sans rien ajouter de plus.
Ma tête s'était légèrement penchée sur le côté alors que je l'observais d'un œil intrigué. L'avais-je traumatisé au sujet des amputations, la dernière fois que nous nous étions vus ? Où avait-il soudainement eu envie de faire preuve de... de quoi, d'ailleurs ? Je ne savais pas vraiment comment définir cet acte.
J'avais cherché Penny du regard, comme si elle pouvait me permettre de comprendre la situation, mais elle s'était contenté de nous regarder avec un petit sourire que je ne comprenais pas, avant de faire quelques pas en ne nous prêtant plus attention. Un fauteuil apparu alors à côté d'elle. Comme ça, sans un bruit.
« Bon d'accord : ce que je pense apparaît. »
Comment ? J'avais ouvert la bouche, la refermant alors que ma main se mettait à me lancer. D'un coup d'oeil, je voyais le barbier s'acharner dessus comme si il s'agissait de la seule chose qui importait à cet instant. Il ne la lâchait pas des yeux, se concentrant un peu trop. Je n'osais pas lui faire la remarque. Il essayait d'être sympathique. Je supposais qu'il ne fallait pas se plaindre d'une telle chose. Cela m'arracha même un sourire, malgré les picotements de l'eau contre ma peau.
« Ca a l'air de fonctionner comme ça, par ici. Essayez pour voir. »
« Pourquoi avoir pensé à un fauteuil ? »
C'était la première question qui m'avait effleuré l'esprit, étrangement.
« Euh... je sais pas. C'est le premier truc auquel j'ai pensé. Au cas où vous tombez dans les pommes. Vu que vous avez dit que vous risquez de pas aller bien très bientôt... »
C'était donc... pour moi ? Tant d'égards envers ma personne ne m'était pas habituel. J'en étais d'un coup perturbée.
« C'est... gentil. »
J'avais essayé de sourire, d'une manière indécise. Qu'étais-je supposée faire ou dire, en de telles circonstances ? Je préférai m'éviter davantage d'interrogations, me concentrant sur ce qu'elle avait demandé, pensant distraitement à la chose que j'aurai voulu avoir en ma possession à l'instant.
Au bout de quelques secondes, une trompette argentée apparue juste à côté de moi, me laissant perplexe.
« Et pourquoi avoir pensé à une trompette ? »
Je l'entendais sur le point de rire. Il est vrai que ce n'était pas exactement ce que j'attendais.
« Ce n'est pas ce que je voulais, j'avais envie d'une arme. Mais ça peut aussi faire l'affaire. »
J'avais haussé les épaules. Ce n'était pas à la hauteur de l'épée que j'avais demander, mais il s'agissait d'un objet pouvant potentiellement servir à frapper de manière forte et je me contenterai de ce que je pourrai avoir en ce lieu.
J'avais reposé mon regard sur ma main qui était maintenant plus propre que je n'aurai pu le rêver. Il s'était appliqué. Distraitement, je tentais de nouveau l'expérience en cherchant à faire apparaître quoi que ce soit pouvant permettre de protéger la plaie. Le résultat fut des plus décevant : un rouleau de papier toilettes venait de nous rejoindre, me faisant afficher une moue déçue. La petite fille m'avait regardé, semblant se concentrer avant qu'un bandage n'apparaisse dans sa propre main. Pourquoi cela fonctionnait avec elle et non pas avec moi ?
Je m'attendais à ce qu'elle me le donne, mais elle le tendit à Monsieur Graves.
« Vaut mieux que vous lui fassiez parce que toute seule, elle va avoir du mal. »
Je n'arrivais pas à définir le sous-entendu dans le son de sa voix, était-ce de la moquerie ou de la compassion ? Le barbier avait plissé les yeux, commençant à panser la plaie en ayant les dents serrées. J'étais étonnée qu'il obéisse sans émettre la moindre opposition.
« J'ai pas l'habitude de faire ça. C'est même plutôt le contraire... »
J'avais retenu une grimace alors que je sentais la bande se serrer encore davantage autour de ma main. Ma première pensée fut de confirmer ce qu'il venait de dire, sans vraiment s'adresser à moi directement, mais cela me semblait être une réflexion mal placé.
« Vous vous débrouillez très bien. »
Ce n'était pas vraiment un mensonge. Si ce n'était le malaise palpable le faisant avoir des gestes quelques peu abrupts, je n'avais pas à me plaindre. Il n'y avait quand même pas de doute, il était meilleur coiffeur qu'infirmer.
« Je ne risquais sans doute pas d'en mourir mais... merci. »
J'avais tenté de sourire, mais j'étais certainement plus proche de la moue embarrassée. Je n'étais pas habituée à ce que l'on s'occupe de moi, ça avait quelque chose de troublant.
black pumpkin
Angelika B. Beresford
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Katheryn Winnick
"Donc on est bloquée dans un monde que tu ne maîtrise pas ? On va bien se marrer."
"Tu sais bien que les plus beaux chapitres de ta légende tu ne les as jamais écrit seul, n'est-ce pas Sherlock Holmes ?"
| Conte : Bernard & Bianca | Dans le monde des contes, je suis : : Miss Bianca
Enfermée dans le noir, je tirais autant que possible sur ces chaînes qui enserraient mes poignets. Me blessant à chaque fois que je faisais un mouvement, je ne pouvais cependant m’arrêter dans cette souffrance que je m’infligeais comme une punition à moi-même. Je me sentais tellement idiote d’être tombée dans un tel piège à souris ! Pourtant, je le savais qu’il n’était jamais bon de goûter le fromage posé cruellement dans une cage, même lorsque ce dernier était des plus appétissants. Alors pourquoi l’avais-je fait au juste ? Lorsque j’y pensais la situation était des plus ironiques ! La petite souris de la SOS société se retrouvant à la place des personnes qu’elle-même défendaient à l’époque. J’en connais un que ma situation aurait bien fait rire… Pourtant Sherlock, lui, m’avait bien prévenu
« Il est temps de vivre l'instant présent, sans ressasser le passé, ni trop entrevoir l'avenir. »
Et dire que je lui reprochais souvent de ne pas être assez attentif à mes paroles ! Si je l’avais écouté, je serais très certainement dans le salon avec lui… Mais à défaut de l’avoir écouté auparavant, il fallait que j’applique ses conseils maintenant ! Cependant, je ne pouvais pas bouger dans mon état et j’avais beau m’époumoner à appeler du secours, personne ne m’entendait ! Puis soudain, comme un miracle, j’aperçus la jeune Lily qui se glissa dans ma cellule. Je pris un instant pour observer la petite demoiselle qui se tenait les bras croisés, les mains cachées dans ses grandes manches.
« Oh dieu merci, tu viens à mon secours. Vite Lily aide-moi à sortir d’ici ! »
« La grande dame blonde ! »
Elle s’approcha alors de la cage dans laquelle je me trouvais enfermée et déclara
« Comment tu t'es retrouvée attachée ? »
A cet instant, je rougis honteuse. Je n’avais aucune envie de parler de ce qui m’était arrivé ni même de me remémorer ces images troublantes encore si fraîches dans mon esprit.
« C'est une longue histoire dont je ne suis pas très fière ! Ce qui est certain c'est que ton ami le clown ni est pas pour rien. »
Elle observa alors mes chaînes avant de sortir ses mains de ses manches. La brunette m’adressa un sourire triste, comme si les paroles que j’avais dit sur le clown lui avait fait un pincement au cœur. Elle soupira et reprit son discours.
« Si j'avais une épingle à cheveux, j'aurais pu ouvrir le cadenas. Y'a ça dans les films. Ou si on avait la clef, ça serait encore plus simple ! »
Je soupirais alors à mon tour
« Malheureusement, j’ignore où se trouve la clé ! Regarde dans mon sac ! Tu y trouveras peut-être quelque chose d'utile... »
Lily parlait d’épingle à cheveux, hors de savais qu’il y avait toujours des accessoires de coiffure dans mon sac. Il y a des avantages à savoir être coquette ! Je regardais alors ma compagne d’infortune prendre le sac et s’asseoir par terre. Elle le plaça alors sur ses genoux et commença à fouiller à l’intérieur. Puis soudain, elle s’arrêta sans explication et commença à regarder autour d’elle. Fronçant les sourcils, je m’interrogeais sur la chose qu’elle pouvait chercher des yeux avec autant d’entrain
« Tu n'aurais pas vue une souris blanche ? »
De perplexe, je passais à une expression des plus étonnées. Pourquoi donc parlait-elle de la souris ?
« Que... qu'est-ce que tu racontes ? Qui t'as parlé de ça ? »
La question était plus rhétorique qu’autre chose. Après tout, il n’y avait qu’une personne qui depuis le début de nos aventures ne cessaient de parler de ce petit mammifère que j’étais. Lily ne fit alors que confirmer mes soupçons.
« C'est Grand Sourire ! Il m'a dit de suivre la souris blanche ! Mais j'ai pas trouvé de souris blanche. Cela dit je t'ai trouvé toi ! Et c'est bien aussi. »
Choisissant de conserver mes pensées personnelles sur les blagues douteuses du clown, je me contentais de lui sourire gentiment.
« Oui et je suis très heureuse que tu sois parvenue à me retrouver. »
Je l’avais félicitée d’un ton jovial mais je ne pouvais m’empêcher pour autant de fulminer intérieurement. Toutefois, je trouvais la naïveté de la jeune femme désarmante… une enfant enfermée dans un corps d’adulte ! Je ne m’en formaliserais pas, après tout j’avais déjà affaire à ce genre de spécimens.
« Je vais t'aider à te libérer et on cherchera la souris blanche ensemble. Tu m'aideras ? », ajouta-a-t-elle en me fixant de ses grand yeux marrons.
« Et si tu m'aidais plutôt à retrouver ton ami Grand Sourire ? »
Après tout, la souris elle l’avait devant elle sans même s’en rendre compte ! Et puis j’en avais plus qu’assez de cette histoire. Il fallait que cela se termine au plus vite !
« Il m'a dit qu'il va revenir. C'est inutile de le chercher je crois. »
« Alors oui, il va falloir que tu me libères rapidement ! »
Je n’avais pas peur à l’idée d’affronter le clown. Non en réalité ce qui m’effrayait c’était de le rencontrer dans cette situation où j’étais incapable de me défendre ou de l’attaquer. Lily obéit très rapidement à cette prière. Elle sortit bientôt une pince à cheveux très fière d’elle.
« Tadaaaa ! » elle ajouta alors « Euh... par contre tu sais comment faire ? Dans les films ils se contentent de tourner le bout dans la serrure. On peut essayer ! »
« C'est fantastique ! Regarde si tu ne pourrais pas en trouver une deuxième. Il va t'en falloir deux pour crocheter la serrure. »
Très rapidement, elle s’empara d’une autre épingle et, sans attendre mes instructions, elle se précipita vers le porte et commença à la trafiquer. Je ne pus alors m’empêcher de soupirer lourdement. Mon sauvetage allait prendre du temps !
Je pris alors le temps de lui expliquer comment les épingles devaient être préparées avant tout essai. A défaut d’être très alerte, c’était une élève à l’écoute et remplie de bonne volonté. Elle tordit aussi bien qu’elle le put la première épingle. Et me demanda si cela convenait puis elle se dirigea vers la porte. Au prix de grands efforts elle y parvint, provoquant une joie infinie chez ma sauveuse.
« J'ai réussi !!! J'ai crocheté une serrure !!! »
« Bravo ! Tu es vraiment très douée. Maintenant vient vite me détacher ! »
Elle se précipita alors vers moi et me serra dans ses bras. J’étais alors heureuse de constater que Lily n’était une hallucination de plus ! Sa bonne humeur communicative et son charmant geste affectueux, me fit légèrement rire.
« Merci beaucoup Lily ! Cependant, promets-moi que tu n'en feras pas une habitude ! », ajoutais-je en lui adressant un clin d’œil.
Lily me retira alors les chaînes que je portais aux poignets. Je les massais alors gentiment, tentant de calmer la douleur qui avait été la leur jusque-là.
« On va enfin pouvoir se mettre à la recherche de la souris blanche ! »
Je souris tendrement à la brunette avant d’ajouter toute désolée pour elle.
« Je suis navrée Lily, Grand Sourire s'est trompé. Il n'y a pas de souris ici... mais il en a en effet donnée une pour Noël. Si on se sort vivantes de cette aventure. Je te promets de l'offrir. »
J’en profitais alors aussitôt pour l'interroger sur son expérience avec le clown, peut-être qu’il l’avait traitée avec plus de considération que nous.
« Toi aussi, il t'a offert un beau cadeau. Je me trompe ? »
Lily qui jusqu’alors affichait une mine radieuse, perdit de sa superbe. Elle se mordit la lèvre et je compris dès lors que ce n’était pas la question à poser.
« Tu sais, je me dis que Robyn n'était surement pas réellement là. Je ne sais pas pourquoi Grand Sourire nous fait ça. Mais je sais que ça va s'arranger. Il n'y en a plus pour très longtemps. »
J’avais donc tort sur ce point, le clown avait également fait subir à cette pauvre petite Lily une perte terrible
« Je suis désolée d'apprendre que tu as perdu quelqu'un. Mon ami Ali et sa famille ainsi que ma petite fille ont également disparus ! Mais je crois que tu as raison... ils ne sont pas là où tout du moins pas réellement. Je suis convaincue qu'il existe un monde derrière celui-ci mais il faut savoir en trouver la porte. Est-ce que tu veux bien m'aider à la chercher ? »
Lily adopta alors une aptitude rassurée cependant sa posture maladroite me dit penser qu’un secret partagé avec le clown l’inquiétait.
Me relevant alors enfin, j’époussetais un peu mes habits salis et me dirigeais vers la sortie et saisis mon sac. Mon premier réflexe fut de consulter mon portable. Sherlock avait peut-être tenté de me joindre ? Réalisant que non, je fus sortie de mes pensées par une question de Lily sortie de nulle part.
« Est ce que tu as un copain ? »
Sans vraiment réfléchir, je jetais un œil vers le cachot puis reportais mon attention vers la jeune ingénue.
" Je... euh non, en réalité je suis mariée, à l'homme le plus adorable du monde ! Malheureusement, il ne semble pas m'avoir suivi jusqu'à Storybrooke. Lui aussi à disparu et je le cherche depuis longtemps !"
Penser à Bernard dans un moment pareil n’était peut-être pas ce qu’il y avait de plus sage. Cependant, il est vrai que mon mari me manquait. Sa présence à mes côtés aurait été d’un grand secours pour me donner la force d’avancer.
« Mais c'est super ! Surtout si vous vous aimez ! Enfin, c'est dommage qu'il ne soit pas venu avec. Tu as bien cherché de partout ? »
Je fini alors par sourire, appréciant la sollicitude de la demoiselle.
"Oui c'est vrai, tu sais nous étions coéquipiers auparavant, nous combattions des méchants ensemble ! Et puis nous sommes tombés amoureux et nous nous sommes mariés ! Mais je le connais, mon Bernard, c'est un homme très courageux ! Je sais qu'un jour on se retrouvera !"
Je ne sais pas pourquoi je me mettais à lui raconter ma vie. Sans doute parce qu’elle était étrangère à toute mon histoire et qu’elle ne pourrait avoir de répercussion dans sa vie.
Je lui souris alors et nous nous mîmes en chemin. J’avais bien hâte de quitter cette cellule de malheur. Une fois dehors, je soupiras légèrement.
« Je ne sais pas très bien par où nous devrions commencer ! »
C’est que votre humble servante de souris était terriblement têtue, je tenais à résoudre l’énigme de ces portes mystérieuses. Je me tournais alors vers la brunette, adoptant une attitude qui se voulait avenante.
« Lily, Grand Sourire et toi vous êtes amis, non ? Il ne t'aurait pas parlé de la porte d'entrée vers ce mystérieux monde ? »
« On était ami. Je crois qu'on l'est toujours. Il m'a juste dit d'attendre et qu'il viendrait. Je pense qu'on peut explorer ce lieu, mais ne t'inquiète pas, il reviendra et il te fera sortir d'ici. Il me l'a promis. »
"Et j'imagine que ton clown veut nous faire sortir d'ici les pieds devant ?" ajoutais-je légèrement agacée tout en continuant d’explorer l’étage.
Puis, comme pour changer de sujet, je choisis de m’attarder sur la disparue de la jeune femme.
"En fait, est-ce que j'ose te poser la question... qui est Robyn pour toi ? "
« Robyn c'est... »
S’élançant joyeusement dans un discours où elle allait me parler de sa relation avec cette dernière, elle s’arrêta en plein chemin. Son sourire disparut alors qu’elle tentait de rassembler ses souvenirs.
« Euh... »
Elle avait énoncé cette phrase tout en demeurant troublée. Fixant le sol, elle tenta de se calmer tout en rassemblant ses souvenirs.
« Ca t'arrive d'oublier certaines choses ? »
Ses quelques paroles ne manquèrent pas de m’alerter. Son discours me faisait tant penser à celui de Madame Hudson et Kate lorsque je les avais interrogées sur mon ami Ali. Alors c’est comme ça qu’il s’y prenait ? Le clown faisait disparaître les personnes et les effaçaient de la mémoire des gens qui les avaient connus pour assurer sa sécurité. Et si je me mettais moi aussi à oublier Ali, Kenza ou Kate ? Chassant cette idée de mon esprit, je me retournais vers Lily en lui souriant.
« Ne t’en fais pas je suis sûre que tout va s’arranger ! Il n’y a plus de pièces à fouiller ici. Nous devrions retourner au salon, maintenant ! Mon ami Sherlock doit nous y attendre… tout du moins, je l’espère ! »
Je n’avais aucune idée du temps qui s’était passé depuis mon emprisonnement. Il aurait été possible que notre grand détective, après avoir finalement trouvé une piste, se mette en chasse du clown. Ou alors ce monstre s’était-il une nouvelle fois prit à lui ? Je secouais la tête, désireuse de chasser cette vilaine pensée de mon esprit.
Mais sur notre chemin, je m’aperçus très vite qu’une chose était anormale. Alors que nous marchions, les décors autour de nous s’effaçaient peu à peu pour faire face à des ténèbres sans aucun relief. Ces apparitions étaient tout d’abord furtives, apparaissant et disparaissant au rythme de battement de cœur. Le mirage commençait enfin à disparaître !
« Je crois que ton clown disait vrai ! Il va bientôt nous sortir de cette maison pour nous mener dans son antre. Reste sur tes gardes ».
Comme je le craignais, il n’y avait personne lorsque nous pénétrions dans le salon. Mais ce qui me fis tressaillir d’un frisson de dégoût, ce fut d’apercevoir une traînée de sang au milieu du salon. Une traînée qui n’était pas là au moment où j’avais laissé mon ami pour partir en exploration. Ces marques de sang étaient impressionnantes. Mon instinct de détective me fit rapidement comprendre que l’on y avait traîné un cadavre, jusqu’à une armoire située au fond du salon. S’agissait-il du sang de Sherlock ou…
Soudain, mon attention fut portée vers une petite chose qui se débattait sur le sol. C’était une petite souris blanche qui luttait pour rester en vie ! La fameuse souris blanche dont me parlait Lily auparavant ? En fouillant un peu dans le sang frais, je finis par trouver des cheveux de couleurs châtain… exactement comme ceux de ma petite Katelyn !
« Oh mon dieu, c’est pas vrai ! Katelyn ! »
Sans réfléchir un seul instant, je me précipitais vers l’armoire nichée dans le mur et l’ouvrit d’un geste brusque. Je me trouvais alors face à une autre hallucination. Il s’agissait d’une chambre d’enfant ! Au milieu de celle-ci, on pouvait voir un berceau surmonté d’un mobile doté de plusieurs petits clowns. Je compris dès lors que cette chambre n’avait rien à voir avec Katelyn. Non cette espèce de monstre faisait référence à une autre période de ma vie, au plus sombre de tous mes secrets ! Dans le fond la pièce, on pouvait entendre raisonner des notes discontinues d’une boîte à musique ainsi que des pleurs d’enfants légers qui, tout comme la musique se faisait entendre de manière alternative. Les pleurs d'un bébé dont je ne pourrais jamais entendre la voix ! D’ailleurs tout le décor autour de nous semblait apparaître ou disparaître tour à tour. Seul le berceau restait bien en place et visible dans l’obscurité. Intriguée, je m’approchais de ce dernier peu confiante. Ce petit lit était surmonté d’une couverture blanche tachée de sang. Curieuse, je la soulevais pour y découvrir un poupon rouge carmin, moche et effrayant ! Je reculais mes mains plaquées sur ma bouche. La vision de cette horreur me faisait trembler de la tête aux pieds. Relevant ma tête, je pouvais lire en lettre de sang devant mes yeux.
Tu crois que tu arriveras à sauver Katie, contrairement à lui ?
« Espèce de salopard ! » murmurais-je en faisant bien évidemment référence à notre ennemi.
Mes yeux s’abaissant vers le berceau, qui restait inlassablement visible. Resterait-il présent jusqu’à l’apparition de l’antre du clown. Puis je sentis une boule se former au fond de mon estomac. Resterait-il à la vue de tous ? Je recommençais alors à murmurer
« Oh non ! Je t’en supplie, disparaît… disparaît de ma vue ! Il ne faut pas qu’il te voit ! »
Fort heureusement pour moi, la voix de Lily me sortit de ma transe.
"Ne t'en fais pas, tout va rentrer dans l'ordre. Il l'a promis. Je ferai ce qu'il veut et tout s'arrêtera."
Je me tournais vers Lily et posa mes mains sur ses épaules.
« Lily, je te remercie pour ta sollicitude, mais fais attention à toi ! Ce clown est mauvais et sadique, il ne faut pas que tu lui fasses confiance ! Je te dis ça pour te protéger ! »
Exceptionnellement, j’avais laissé ma diplomatie au placard. L’heure était à l’urgence, nous allions bientôt arriver dans l’antre du monstre et la dernière chose que je désirais c’était de voir cette innocente et adorable Lily être malmenée par le clown ! Je sortis mon pistolet de mon sac, comprenant que les choses sérieuses allaient bientôt commencer !
Code by Fremione.
Balthazar Graves
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Ben Whishaw
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Now you're looking for the secret. But you won't find it because of course, you're not really looking. You don't really want to work it out. You want to be fooled.
Les ténèbres les environnaient. Dans d'autres circonstances, peut-être que Balthazar les aurait trouvées hospitalières. Après tout, l'obscurité ne l'effrayait pas. Cependant, il régnait un certain malaise dans ces noirceurs infinies. L'atmosphère glacée avait quelque chose d'oppressant. Le barbier se sentait observé, surveillé. Inutile de se demander qui les épiait, la réponse était évidente.
Il demeurait sur ses gardes, coulant sans arrêt des regards vers Johanna qui venait de s'asseoir sur le fauteuil. Apparemment, elle avait le don de faire apparaître les objets de ses souhaits, et se révélait beaucoup plus douée qu'Eulalie dans ce domaine. Elle possédait de nombreux talents qui la liait à ce monde noir. Pour quelles raisons ?
Il avait tenté de matérialiser des objets mais rien n'était apparu. Il n'en avait pas fait part aux deux autres. Son inutilité en la matière le mettait au supplice. Sans doute n'avait-il pas suffisamment d'imagination. De toutes façons, il n'avait pas envie d'être aussi ridicule qu'Eulalie avec la trompette ou le rouleau de papier toilette.
Il en était là de ses réflexions lorsqu'il lâcha enfin la main de la jeune femme, qu'il venait de soigner bon gré mal gré. Son remerciement lui fit crisper davantage la mâchoire. Il ne savait pas ce qui lui avait pris de se montrer si serviable. Ca ne lui ressemblait absolument pas. Il se sentait sûrement encore trop dérouté par les récentes révélations auxquelles il avait dû faire face. Même s'il refusait de le reconnaître, il aurait eu besoin de demander conseil à quelqu'un. Une amazone n'était certainement pas la personne adéquate. Pour la première fois de sa vie, il songea à Lily Olyphant comme une personne qui aurait pu lui être utile. Hélas, elle n'était pas présente. Il ne fallait pas compter sur elle car à l'heure qu'il est, sans doute était-elle déjà morte. Elle n'avait pas l'envergure d'une héroïne et ne devait sa survie qu'aux autres. Tôt ou tard, ce genre de comportement lui ferait défaut. Il pensa vaguement à Angelika mais manqua d'arracher le robinet qu'il était en train de fermer, tant son énervement augmenta d'un cran à cette simple idée. Non, il s'en cognait des conseils de cette bonne femme. Mieux valait encore avaler du cyanure que de l'écouter.
Il venait de faire le tour des connaissances qui aurait pu lui apporter un semblant d'avis sur toute l'affaire.
Il jeta un bref coup d'oeil à Johanna, toujours assise et pensive dans le fauteuil, quelques mètres plus loin. S'il parlait suffisamment bas, elle n'entendrait rien. Sa fille était devenue son unique obsession. Tant qu'il n'aurait aucun éclaircissement sur cette affaire, il ne pourrait songer à autre chose.
"Vous avez une famille ?" demanda-t-il dans un murmure à peine audible à Eulalie.
Il avait posé cette question à brûle-pourpoint, avec un regard presque belliqueux. Il n'en aurait pas été autrement s'il l'avait interrogée sur la façon dont elle aurait préféré mourir. Pour sa défense, il était extrêmement nerveux.
La jeune femme hésita, prise de court, puis elle répondit avec un sourire, visiblement contente de partager cette information :
"Pas à proprement parler... Mais j'ai un créateur."
Le barbier hocha la tête, nullement satisfait de cette réponse. Il se mordit les lèvres à plusieurs reprises, de plus en plus tourmenté et agité.
"Quand vous êtes venue au monde, il... vous a expliqué qu'il était votre père ? Ou vous le saviez déjà ?"
Il ferma brièvement les yeux, serrant les poings dans ses poches de manteau. Il se sentait tellement... démuni. La rage s'emparait peu à peu de lui, comme à chaque fois qu'une situation le dépassait. Soulevant les paupières, il jeta des coups d'oeil loin d'être discrets en direction de Johanna, avant de se focaliser de nouveau sur Eulalie qui le fixait, les sourcils froncés.
"C'était une évidence au moment où je l'ai vu. Cela dit, ma naissance n'est pas comparable à celles de humains, vous ne devriez pas me prendre comme référence si vous vous posez des questions à ce sujet."
Elle tourna la tête vers la fillette, curieuse.
"Vous cachez quelque chose."
Il plissa des yeux, réfléchissant intensément, pesant le pour et le contre. Non, il ne pouvait rien révéler. Poser des mots sur ce qu'il éprouvait, sur ses incertitudes, sa déroute, son chagrin, ce bonheur trop fragile et délicat, c'était bien plus qu'il n'en était capable. Il était plus simple de faire demi tour, d'enterrer les maigres espoirs qu'il nourrissait à l'égard de sa fille.
"Oubliez. Vous n'êtes d'aucune aide. Vous n'êtes pas comme nous." dit-il finalement d'un ton cassant, comme un reproche.
Eulalie l'observait, visiblement perdue.
"C'est une mauvaise chose ?" demanda-t-elle, ingénue.
Le barbier laissa échapper un soupir.
"Vous n'y pouvez rien."
C'était une réponse ni positive, ni négative. Il ne pouvait lui en vouloir, même s'il éprouvait tout de même une once de rancune. Il savait à quoi s'attendre avec elle. Elle était trop "jeune" pour comprendre quoi que ce soit. Trop récente, en tous cas.
"Les choses doivent rester comme elles sont. C'est trop tard." dit-il, résolu.
Qu'espérait-il, au fond ? Il n'avait jamais eu l'occasion d'être un véritable père. Il en venait à la conclusion que Johanna serait beaucoup mieux sans lui. Il préférait qu'elle vive dans l'ignorance. De toutes façons, que pourrait-il lui apporter ? Comment pourrait-il se montrer bon avec elle alors qu'il avait tué sa mère ? Plus il la voyait, et plus Lucy le hantait. En définitive, se taisait-il pour son bien à elle ou à lui ? Toutes ces questions lui vrillaient le crâne. Le bonheur à portée de main, insaisissable, agissait sur lui comme un poison supplémentaire. Il ne savait plus comment emprunter le chemin afin d'être heureux. C'était une voie à jamais fermée.
Il se retourna brusquement, la main retrouvant machinalement le rasoir dans sa poche, quand il entendit du bruit derrière eux. Il nota que la porte avait disparu et que deux personnes venaient de les rejoindre. Tout d'abord, il vit Maara qui avait retrouvé le bâton qu'elle avait dans la tourterie. Comment l'avait-elle récupéré ? Sa question fut balayée par le petit garçon brun qui marchait à ses côtés. L'air revêche et buté, il se stoppa net en le voyant. Leurs regards se croisèrent. Balthazar lut dans ses yeux qu'il savait qui il était, et tous les odieux crimes qu'il avait commis. Toby... comment n'avait-il pas pu faire le rapprochement avec le gamin recueilli par Mrs Lovett ? Les jointures de ses doigts craquèrent légèrement autour du rasoir dans sa poche, alors que le gamin se cramponnait au petit couteau qu'il avait en main.
Il se souvenait parfaitement de la nuit, la terrible nuit où la malédiction de Regina Mills avait été lancée... Il avait cherché Toby dans les égouts avec Mrs Lovett. Il avait senti la présence du petit garçon dans la cave après avoir jeté la tavernière dans le four... Il avait cru qu'il allait le tuer, car il connaissait son attachement pour elle. Il ne l'avait pas vu, mais il avait accepté son sort. Et le nuage de magie violette les avait emportés... Balthazar n'avait jamais revu le gamin. Jusqu'à aujourd'hui. Il ne se faisait aucune illusion sur ses intentions. Il savait lire une promesse de mort dans un regard, même dans des yeux aussi jeunes que les siens.
"TOBY !" s'écria une voix familière qui le fit sursauter.
Johanna se précipita vers le gamin pour le serrer dans ses bras.
"J'ai cru que je ne te reverrai plus jamais !"
"Maintenant, tout ira bien." lui assura le gamin, tout en l'étreignant à son tour.
Il coula de nouveau un coup d'oeil perçant vers Balthazar. Ce dernier soutint son regard, nullement impressionné. Il se demandait surtout pourquoi Toby se souvenait de tout alors que Johanna avait l'air d'ignorer son ancienne vie.
"Vous avez fait quoi pour vous retrouver ici ?" demanda Maara avec son air renfrogné qui semblait habituel.
"On a passé une porte. Elle se trouvait par-là." répliqua-t-il tout en esquissant un vague geste de la main. "Vous auriez pu vous passer du gamin."
Il avait grommelé la dernière phrase, contrarié. Ce gosse était bien trop déséquilibré pour faire partie de l'entourage de sa Johanna.
"Vous auriez pu m'aider à sortir du mur... On n'a pas ce qu'on veut dans la vie." dit Maara avec un sourire narquois.
Il coula un regard oblique vers elle, avant d'afficher un bref rictus. Il appréciait son sens aigu de la répartie, lui qui en manquait bien trop souvent.
"Je vous ai pas troué le crâne. Estimez-vous heureuse." lança-t-il d'un ton cinglant.
"Merci pour votre générosité, grand seigneur..."
Le barbier ignora sa remarque sarcastique. S'apercevant que Johanna s'était quelque peu écartée de Toby, il en profita pour se rapprocher d'elle.
"C'est pas ton frère." lança-t-il d'un ton sec.
"Quoi ?" fit-elle sans comprendre.
"Toby. C'est pas ton frère."
Il la fixait avec une telle intensité que la fillette sembla à la fois déstabilisée et presque effrayée. Dans son dos, le barbier sentait peser le regard du gamin. Il se moquait qu'il entende.
"Je sais des choses." reconnut-il dans un murmure.
"Allez-y. J'suis curieux de les entendre." fit Toby d'un ton provocateur.
Balthazar resta figé, cherchant les mots adéquats. Il se perdait dans le regard hésitant et interrogateur de sa fille. Les secondes s'égrenèrent d'une façon lancinante.
"Alors, ça vient, m'sieur Todd ?" s'impatienta le gamin. "Ou vous voulez peut-être que je commence ?"
Le barbier déglutit. Il usait de tout son self-control qu'il avait en dose très modérée pour ne pas sauter à la gorge de l'avorton. Il aurait dû le tuer à l'époque, lorsqu'il en avait eu l'occasion...
Il ne savait que dire. Tout se mélangeait dans sa mémoire. Il aurait voulu dire à Johanna qu'il avait agi du mieux qu'il avait pu, mais cela aurait été un mensonge. En réalité, mieux valait qu'il se taise.
Toby passa près de lui et rejoignit Johanna qui semblait toujours incertaine.
"Tu parles de quoi ?" demanda-t-elle.
Son "frère" lui prit alors la main et lui assura :
"Reste éloignée de lui. Il est dangereux. Je te raconterai."
Et sur un demi-sourire triomphant, il l'entraîna un peu plus loin. Balthazar se mordit les lèvres jusqu'au sang. Son regard incendiaire suivit le gamin. Il allait le tuer. C'était une certitude. Il attendrait le bon moment et... il ne le louperait pas cette fois. Il fallait juste attendre qu'il n'y ait aucun témoin.
acidbrain
Lily Olyphant
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Lucy Hale ♥
« Copain Grand Sourire ! »
« T'inquiètes Elliot, c'est
pour Halloween... un déguisement...
mais ça fait mal... »
| Conte : Dumbo ϟ | Dans le monde des contes, je suis : : ☣ Dumbo ☣ l'éléphant qui sait voler. ϟ
Le 6 décembre 2013, à Storybrooke, le jour où la malédiction a pris fin.
Recroquevillé sur un banc, je respirais par saccades en pleurant. De grosses larmes roulaient sur mes joues roses et mon maquillage coulait. Personne me voyait, parce que beaucoup de gens étaient comme moi un peu partout dans la ville. Parfois, j'entendais des gens passer près de moi mais nul ne s'arrêtait. Il s'était passé quelque chose. L'horloge marchait à nouveau. Les gens que je croisais chaque jour se souvenaient. Je n'étais pas folle. Ils entretenaient de réelles discussions.
« Pourquoi tu pleures ? » m'interpela une voix.
Cette question me sortit de mes pensées. Elle émanait d'une personne grande vêtue d'un long manteau noir et d'un costume. Il tenait une canne dans sa main. Surpris, j'avais tourné la tête et posé mes yeux sur la personne qui se tenait là. Je l'observais d'un air interrogateur.
« Tout le monde pleure aujourd'hui. » répondis-je.
Ce n'était pas des larmes de tristesse, mais des larmes de joie. Tout allait enfin devenir normal autour de moi. L'homme cligna des yeux avant de m'adresser un sourire.
« Je t'ai souvent observé petite Lily. Pour eux tous c'est une journée nouvelle qui débute, alors que pour toi c'est simplement une nouvelle journée. »
« Oui c'est exactement ça... » murmurais-je comme si il avait réussi à percer ce que je ressentais.
« Il ne faut pas pleurer, mais te réjouir. Un avenir radieux se présente à toi. Laisse de côté ton ancienne vie et concentre toi sur ton futur. »
J'avais passé une main sur mes yeux. Ils étaient encore humides. Je pleurais des larmes de joie, mais je pleurais aussi parce que ce jour n'était pas aussi rose qu'il devait l'être. J'étais venue sur ce banc, comme chaque année. On n'était pas le jour de mon anniversaire, mais je pensais que pour un jour aussi important que celui ci, il serait là lui aussi. Je croyais qu'il allait être libéré comme toutes les autres personnes. Mais je savais au fond de moi que si il avait réussi à me voir, si je l'avais vue moi aussi, c'est qu'il était différent d'eux. J'ignorais en quoi il l'était. Mais j'espérais pouvoir lui demander un jour ou l'autre si je venais à revoir mon ami.
« Tu viens ? Je comptais me rendre jusqu'à chez Granny. Nous pouvons marcher ensemble si tu le souhaites. »
Quand je l'avais suivi, il avait eu un petit regard en direction du banc. Je n'étais pas sûre, du coup je ne lui avais pas posé la question. Mais ce n'était pas sur, mais sous le banc qu'il avait regardé. Est ce qu'il savait pour mon ami ? Est ce que monsieur Gold partageait ce secret avec nous ?
Aujourd'hui, quelque part, bien après la malédiction.
La grande jeune femme blonde pensait que le clown ne tarderait pas à nous faire sortir d'ici, afin de nous conduire dans son antre. Mais je savais que ce n'était pas le cas. Il allait y emmener que moi. Les autres pourraient rentrer tranquillement chez eux. Du moins c'était ce que j'espérais. Grand Sourire était différent aujourd'hui. Il se montrait moins amusant et beaucoup plus cruel. Je ne le connaissais pas comme ça !
Tout était devenu noir, à l'exception de cette vision du berceau qui demeurait présente. La demoiselle avait sortie son pistolet de son sac. J'avais légèrement frissonné. Il allait vraiment falloir faire vite. Car si on attendait encore, Grand Sourire aurait une mauvaise surprise. Je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose de mal maintenant qu'on avait trouvé un arrangement acceptable.
On marchait à taton dans le grand espace sombre, quand je vis au loin un petit chapiteau jaune avec des étoiles rouges sur la toile. Mes yeux s'écarquillèrent. C'était un chapiteau de cirque ? J'avais la sensation qu'on avait trouvé le bon endroit. Même si ce n'était pas une petite souris blanche qui nous y avait amené. Une petite voix nasillarde parla.
« Je ne suis pas blanc ! Mais je suis là quand même ! Coucou Dumbo ! »
J'avais regardé de partout et la voix provenait d'en dessous. Penchant la tête, j'avais vue une souris brune, vêtue de rouge. Il me saluait de son gant blanc.
« C'est Tim ! » m'exclamais-je à l'intention de la grande jeune femme blonde.
J'avais ouvert grand la bouche, avant de la refermer aussi sec. C'était Tim...
« Espèce de... hum... » m'emportais-je !
Il pris un air choqué.
« Dumbo ! Tu parles ?! Et tu as l'air très en colère... »
Je m'étais penché pour le pointer du doigt.
« Tu as de la chance de ne pas être le vrai, car sinon je t'aurais écrasé avec mon pied ! Dois-je te rappeler comment ça s'est passé la dernière fois qu'on s'est vue ?? »
« Oui, rappelle le moi s'il te plaît. » dit-il d'une petite voix contrite.
J'avais secoué la tête tout en l'ignorant. Je ne lui donnerais pas ce plaisir, surtout que ce n'était pas vraiment lui.
« Pourquoi tu ne prends pas ta vraie forme, Grand Sourire ? Et tu pourrais rassurer la gentille demoiselle qui m'accompagne au sujet de son bébé ? Parce que tu avais promis d'arrêter d'effrayer les gens ! Si t'es pas sage, je ne le serais pas non plus et je ne te laisserais pas faire ! » dis-je énervé avant de reprendre contenance. « C'est vrai quoi... soit gentil. »
Tim pencha la tête et pris son chapeau dans ses pattes, penaud. J'y étais peut-être allé trop fort.
« Je pensais que ça te ferait plaisir de le revoir... une dernière fois... »
J'avais une nouvelle fois ouvert la bouche, avant de finalement soupirer.
« C'est pas la peine. Et je ne veux plus voir personne de pas vrai. » murmurais-je.
Il se tapota la bouche entrouverte d'un air pensif. J'avais observé son doigt quelques secondes, ayant l'impression de l'avoir déjà vue faire par le passé. Mais, je ne m'en souvenais plus trop. Ou alors ce n'était pas lui. Puis d'un coup, il se transforma une nouvelle fois. Pourquoi avait-il pris cette nouvelle apparence ? Et pourquoi j'avais cette boule au fond du ventre, qui me donnait l'impression de connaître ce visage ? Il n'était plus petit. Il n'était plus brun - enfin si. Mais plus le même brun. Il n'était plus poilu. Il avait... un regard particulier et... envoutant. Il me rappelait quelqu'un. Mais ça devait être une connaissance de la grande jeune femme blonde. Il m'observa quelques instants.
J'avais la sensation de sentir une main sur ma joue. Passant mes doigts sur cette dernière, ce n'était pas une main que j'y avais trouvé, mais quelque chose d'humide. Pourquoi je pleurais ? Je n'étais même pas triste. Ne comprenant pas ce qui m'arrivait, j'avais tenté de trouver une réponse auprès de Grand Sourire, en lui adressant un petit regard.
« J'aimerais bien ne pas te faire de mal. Je crois que c'est ma faute si tu oublies. »
« Si j'oublie quoi ? » murmurais-je.
Pourquoi tout le monde évoquait des choses que j'oubliais, ou le fait que ça finirait par revenir ? Il continua de me regarder en réfléchissant.
« Ca pourrait être comme dans les films. » dit-il.
Quels films ? Me demandais-je. Il s'était approché de moi. Puis, il avait passé délicatement sa main glacée sur ma nuque, ce qui avait eu pour effet de me faire frissonner. Ses lèvres gelées rencontrèrent les miennes. Dans un même élan on s'était embrassé. Je l'avais laissé faire. Il s'était stoppé, se reculant un tout petit peu. Je sentais l'air s'échapper par ses narines et venir s'échouer contre ma bouche. J'avais toujours les yeux fermés quand une larme coula le long de ma joue.
« Elliot ? » murmurais-je.
Grand Sourire se recula surpris et j'ouvris les yeux.
« Oh ça a marché ? » dit-il sceptique.
Il passa sa langue sur ses lèvres d'un air dubitatif. Quant à moi, c'était ma main que j'avais passé sur sa joue, d'un geste bref et rapide.
« Je crois que je l'ai mérité celle là. » reconnu t'il en grimaçant.
« Tu n'es qu'un monstre. » laissais-je échapper en voyant le véritable visage de mon ancien ami.
« On est pareil. Bientôt tu seras comme moi. »
Je me mordis les lèvres. Je me souvenais de beaucoup de choses. Aussi bien de tous ces moments où on se retrouvait lui et moi, sur un banc quand j'étais petite, et que je n'avais pas oublié. Mais aussi de ces moments avec mon Elliot, mon homme, qu'il m'avait forcé à oublier. Comment j'avais pu l'oublier lui ? Oublier... Cassandre ? Mon petit bébé. Je ne pouvais pas rester ici. Je ne devais pas rester ici. On m'attendait ailleurs. Le monstre fit apparaître un grand bouquet de fleurs en plastique.
« Allez, on fait la paix ! » dit-il d'un air taquin.
Sans lui laisser le temps de réagir et sans vraiment savoir ce que je faisais, j'avais pris d'un geste vif, l'arme que la blonde tenait dans ses mains. La pointant vers Grand Sourire, droit sur son regard, je n'avais pas hésité une seule seconde à tirer un coup. Puis un second. Puis... en réalité, ni le premier, ni les autres étaient partis. Quelque chose bloquait le tir et je ne comprenais pas quoi. Mais je ne pouvais pas détacher mon regard de celui qui m'avait fait le plus mal, ni même baisser l'arme. Il me fixa d'un air blessé.
« Tu ne veux plus jouer. » murmura t'il. « En tout cas, ça ne change rien. Tu flotteras ! » acheva t'il en disparaissant et en faisant tomber les fleurs en plastique.
J'avais tenu l'arme pointé quelques instants, avant de baisser le bras et de la rendre à la jeune femme. J'espérais qu'il changerait d'avis. Qu'il stopperait tout ça. Parce que si il comptait faire du mal à qui que ce soit ici, je ne serais pas là pour le retenir. Je ne pourrais pas le retenir. Et je ne voudrais pas le retenir. Pas Grand Sourire, mais mon Elliot. J'avais sursauté en entendant les pétales de fleurs exploser comme des petits pétards. Puis, reprenant mon souffle, j'avais adressé un regard à la jeune femme.
« Le feu. Il craint le feu. Il faut qu'on trouve du feu, qu'on fasse du feu et qu'on se débarrasse de lui une bonne fois pour toute ! »
C'était la seule chose qui le sauverait de la folie destructrice de mon homme. Je pouvais faire une dernière chose pour lui, car il avait été mon ami. Une mort rapide.
A quelques pas du chapiteau, j'avais pu voir Balthazar, Eulalie et les autres membres du groupe nous rejoindre. J'avais adressé un petit regard à mon coiffeur tout en reniflant. Je ne savais pas comment lui dire tout ce qui s'était passé ces dernières minutes, ou heures. Tout avait été si long, si intense, si horrible. Une seule chose me traversa l'esprit.
« Il a vraiment été très méchant avec nous... » murmurais-je dans un sanglot à l'adresse de Balthy.
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
Sherlock Holmes fixa les ténèbres, sans réponses apparentes dans l’immédiat. Observant alternativement les ténèbres puis Emily, elle semblait être la seul source de lumière aux alentours. Réfléchissant toujours très rapidement, il ne fut pas surpris de voir apparaître une tierce personnebrutalement dans l’obscurité. Un bruit craquant et désagréable l’accompagnait. Le fixant sans bouger, droit comme I, Sherlock Holmes observa l’homme qu’il avait en face de lui. Ce dernier était assis, paisiblement sur un tabouret, en train d’écailler un œuf dur. Son regard se posa alternativement sur Sherlock puis sur Emily. Il semblait tout aussi surpris qu’eux de les voir ici, aussi, il rompit le silence de sa voix caverneuse de fumeur en déclarant : « Vous aurez un cendrier ? C’est pour les écailles. Je n’ai pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner ce matin. »
Elémentaire… Sous son imperméable, l’homme d’un certain âge disposait d’un charmant Pyjama aux motifs écossais. Marquant cette faute de goût en haussant un sourcil, Sherlock essaya de réfléchir où il pourrait y avoir un cendrier dans ce monde si sombre. Aussi, le détective répondit : « Je n’en ai pas. Et ce n’est pas comme ça qu’on épluche des œufs. Vous avez un pyjama sous votre imperméable et vous êtes fumeur sans avoir de cendrier. »
Sherlock était de plus en plus interloqué. Trois détails qui l’avaient tout de suite frappés, comme à son habitude, mais ce qui le dérangeait le plus, c’était cette histoire d’oeufs… L’homme lui répondit d’un air surpris, comme s’il trouvait le détective complètement fou : « Je me promène rarement dehors avec un cendrier. Allez-y montrez moi dans ce cas. C’est vous qui êtes habillés bizarrement. »
Sherlock continua de l’observer, sans bouger, gardant précieusement Emily derrière lui, totalement imperturbable et analysant chaque faits et gestes du Détective en face de lui. « Ah ouais c’est pas facile avec une seule main hein » ricana-t-il en continuant d’écailler son œuf en en mettant partout.
Sherlock l’observait toujours sans bouger, comme ailleurs. Il le fixa d’un air étrange, puis répondit d’un ton neutre avec un soupçon d’ironie : « Oui. Ca ne dépend que du point de vue. Je ne peux pas effectuer ceci, car je n’ai effectivement qu’un bras. Mais si vous écaillez de bas en haut, vous vous faciliterez la tâche. Et vous ne perdrez pas autant de blanc. Enfin, ironiquement, la dernière fois que j’ai donné conseil à quelqu’un, j’ai perdu ce même bras... »
L’homme en face de lui ria, d’un rire simple, mai sans moqueries. Puis poursuivit d’un seul coup, comme si cette idée lui était brusquement apparu dans l’esprit : « Dites, vous n’auriez pas vu ma femme ? Elle était sensée me rejoindre ici, mais elle semble avoir du retard... »
Puis il marqua un pause, la cherchant des yeux d’un geste théâtral. « En même temps, c’est la débandade à la maison : on prépare le mariage de mon neveu. Y’a des oncles, des cousins du côté de ma femme qui viennent… Je n’ai toujours pas de photographe. »
Il posa alors la main sur son front avec son petit doigt en l’air, comme si il réfléchissait mieux dans cette mimique qui lui était propre : « Vous ne sauriez pas prendre les photos par hasard ? »
Sherlock répondit alors d’un ton toujours aussi neutre et distant, comme si il réfléchissait en même temps :
« Absolument pas. Peut être qu’elle a eu un imprévu. »
Il poursuivit alors d’un air plus qu’agacé :
« Je n’ai qu’un bras. Ce n’est pas réellement évident, et je suis un peu occupé en ce moment. D’ailleurs, sauriez vous où se trouve la sortie ? Je ne vois rien autour de moi autre que vous et ma collègue. »
L’autre détective le toisa de haut en bas, toujours assis sur son tabouret et poursuivit dans cette conversation aux frontières du réel : « Ah oui c’est pas évident, c’est depuis ma naissance que je suis ici… Et encore vous avez de la chance, en ce moment y’a de la lumière » fit-il avec une moue compatissante.
Sherlock Holmes s’avança ensuite petit à petit vers l’autre détective. Observant chacun de ses détails et de ses tics, il soupira intérieurement de déception quelques minutes après son inspection. Réellement déçu. Il avait l’air… Tellement réel. « Vous savez qui où nous sommes ? Nous ne sommes ici que depuis peu de temps et nous voudrions en sortir. Des idées ? Inspecteur Si je ne me trompe pas ? »
Il avait regardé plusieurs épisodes de ce personnage. Il l’adorait au plus haut point car c’était la seule série policière qu’il pouvait regarder. Au moins, le meurtrier était donné dés le début, et la suite n’était que des goodies.
« Lieutenant Colombo » corrigea-t-il «J’ai des suppositions en effet. C’est un monde… Noir. Très noir. » Il hocha plusieurs fois la tête avant de poursuivre : « Vous savez où on se situe n’est ce pas ? Après tout rien n’échappe au grand Sherlock Holmes. » dit-il d’un ton légèrement narquois. « Oui je sais qui vous êtes, on peut dire que vous réputation vous a précédée... »
A cette réplique, tout se déclencha comme un fusil qui tire une balle pour abattre sa cible dans l’esprit de Sherlock. Observant toujours l’obscurité béante autour de lui comme si il cherchait à y voir quelque chose, il recula d’un pas et continua : « Lieutenant Frank Colombo, excusez moi. Plusieurs hypothèses… Toutes aussi iréelles les unes que les autres. Soit nous sommes en dessous. Soit nous sommes dans nos esprits, connectés. Soit nous sommes… Mort.Vu que c’est la troisième fois que je suis face un réel problème dans ma carrière que je ne résous pas… Une idée ? »
L’homme fit une mimique en pleine réflexion avant d’ajouter.
« Vous n’êtes pas morts. Pas encore. Mais ça va finir par arriver si vous continuez avec ce raisonnement. Il y a un meurtrier mais aucun cadavre pour l’instant. L’épisode n’a pas commencé… Comme d’habitude. »
Il continua avec un petit rictus amusé qui se transforma en sourire largement élargit en déclarant « La petite rousse aime beaucoup Colombo. Vous savez, la jolie Amazone… J’aurai du peut être t’arracher un œil au lieu du bras. Je peux arranger ça si tu veux… Tu es tellement rigolo Sherly quand tu fais cette tête là... »
Roulant des yeux, il s’en était douté. Mais ne maîtrisant rien de ce monde, il était autant aveugle que manchot. Pourquoi Sherlock Holmes n’agissait pas ? La réponse était simple : ici c’était le monde du Clown, et même les détails étaient façonnés par lui. Reculant de trois pas, il plaça son unique bras devant Emily en guise de protection. « C’est fou comme les gens intelligents peuvent parfois paraître… Stupide. Alors, a quoi joue-t-on ? Je connais votre problème. Vous vous ennuyez. Parce que vous êtes seul. Sortez nous d’ici. Vous ne faites pas ça pour rien, j’ai compris qu’il vous fallait un élu, pour échanger votre place avec vous, dans cet endroit. Ce petit jeu, n’est certainement qu’un test depuis le début. Prenez moi et finissons en. »
Mais ce fut Emily, qui répondit avant le Clown. Elle avait été plus rapide. Elle baissa le bras de Sherlock placée devant elle et déclara d’un ton très calme : « J’ai strictement rien captée à votre bordel, mais que ce soit claire...Tu laisses tombé ton idée de à la con de sacrifice, pigé ? »
Sherlock sourit joyeusement à Emily ? C’était touchant de la voir le protéger ainsi. Mais l’héroisme de cette dernière ne résoudrait pas le problème mathématique face à eux. Une vie pour une vie. Aussi, il lui répondit d’un ton catégorique : « Charmant. Mais je suis le capitaine de mon âme et le maître de mon destin. Je ne suis pas de résoudre la moindre petite énigme ici, Autant mourir en héros. »
Soudain, elle lui attrapa le col malgré sa blessure au ventre et lui colla son front contre le sien d’un air colérique et plein de rage, mélangée à la peur et au chagrin. « Arrête avec tes grandes phrases toutes faites à la con ! T’es pas capable de résoudre une seule énigme ? Et alors qu’est ce que ca peut foutre ? Tu supportes pas l’échec c’est tout ! T’es vraiment qu’un con ! Y’a des gens qui n’ont pas fait la moitié des choses que t’as faites et que tu peux faire. Tu veux la vérité Sherlock ? »
Elle resserra sa poigne, et le fixa de ses yeux bleus étincelant de rage. Sherlock ne l’imaginait pas avec autant de force. « Y’a des gens qu’on peut sacrifier, ouais. Mais t’en fais pas parti, pas toi. Parce que t’as une famille, des gens qui comptent sur toi ! Tu manqueras à des gens bordel ! Alors arrête de te la jouer, t’as pas le droit de leur imposer ça ! C’est trop facile de se sacrifier quand on a peur d’affronter ses erreurs ! Depuis quand t’es aussi lâche ? »
Le Clown les avaient observé sous sa forme de Colombo, tout aussi interloqué que le lecteur. Se frottant les mains de satisfaction à l’idée d’autant de chaos, il poursuivit en regardant Sherlock et en mettant un terme à la dispute.
« Fini les amoureux! Mais, un élu ? Oh tu m’intrigues ? Tu crois que tu corresponds au profil ? »
Il le toisa de haut en bas d’un air gourmand, en haussant les sourcils d’un air aguicheur : « Surprends moi ! En attendant, allez voir là bas si j’y suis ! »
Puis il disparut dans un rire narquois sonore qui s’étouffa, avant de désigner un petit chapiteau jaune, à une dizaine de mètre d’eux qui venait d’apparaître. Tout le monde semblait s’y être rassemblé. Un petit boom au coeur se fit ressentir quand Sherlock aperçut toute cette petite troupe. Il était ravi de revoir tout le monde, il avait une peur profonde de la solitude. Même Balthazar sous ses airs sinistres lui paraissait moins stupide. Le manteau du Lieutenant Colombo apparut alors sur ses épaules… Charmant. Un dernier cadeau du Clown avant le bouquet final… Fixant Emily, ayant profiter du moment de silence pour réfléchir, il réajusta son imperméable flambant neuf pour déclarer à Emily sans vraiment répondre à son énervement : « Peut être que je m’en fiche. Mais tu as raison, allons au Cirque, et finissons en. »
Maara Blackhunter
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Katie McGrath
| Conte : Les 5 Légendes | Dans le monde des contes, je suis : : Nightmare
Nous voilà tous réunis... Autant dire que cela ne me faisait ni chaud, ni froid. J'avais simplement la sensation que la fin de tout ceci était proche et je bouillais d'impatience... Même la petite scène entre Toby et le barbier ne suffit pas pour faire taire cette sensation. Même si, pour le principe, j'étais du côté du gamin. En même temps, j'étais curieuse mais je savais me taire : si Balthazar avait des secrets, ce n'était pas à moi de les mettre sur le devant de la scène. Mais si je pouvais glaner des informations pendant qu'ils réglaient leurs comptes, je n'allais pas me gêner du tout. Ceci dit, il y avait quelque chose de plus intéressant : la fille qui semblait toujours joyeuse avait mentionné le feu. Lily, si je me rappelais bien son nom, était apparemment au courant de la pire crainte du clown...
- Elle a raison... Il en a peur. Je l'ai vu quand il m'a amené dans son monde. Comment l'avez-vous su ? Demandai-je.
Lily me regarda, intriguée.
"Qui nous dit que c'est pas toi ?" Répondit-elle d'un air mystérieux avant de plisser les yeux. "Tu connais peut-être déjà la réponse du coup."
Il me fallut un peu de temps avant de comprendre qu'elle insinuait que j'étais le clown. Enfin, qu'il avait pris mon apparence. Elle était sérieuse ? Depuis le début, elle avait la tête dans les nuages et elle osait me casser les pieds alors que je ne faisais que confirmer la crainte du clown ? Comme si lui allait nous confirmer sa plus grande peur !!! Enfin, l'une de ses peurs.
- Vous paraissiez moins paranoïaque dans la boutique aux tourtes... Déçue du cadeau de votre grand copain ? Rétorquai-je en haussant les sourcils.
"Ça doit être vraiment elle..." Dit-elle après avoir plissé les yeux. "J'ai amené une part de gâteau à Grand Sourire quand j'étais petite et toute seule. Je voulais souffler la bougie avec lui. Mais elle l'effrayait. Il m'a dit qu'il préférait quand c'était froid. Il supporte mieux le froid que le chaud."
- Bien sûr que c'est moi... Soupirai-je. Le clown aurait déjà tenté quelque chose depuis longtemps s'il avait été parmi nous. Vous le connaissez depuis longtemps donc ? Vous pouvez nous en dire plus sur lui ? En dehors du fait qu'il veut que l'un de nous reste ici afin que lui puisse aller dans le monde réel...
Elle était une source d'informations précise. Et cette idiote n'avait même pas songé à nous dire dès le début que le clown craignait le feu... C'était donc ça ! Et pourquoi elle me regardait avec ces yeux grands ouverts ? J'avais dit un truc qu'il ne fallait pas ? Il me semblait pas pourtant...
"Il vous a dit qu'il voulait que je reste ?"
Euuuuh... D'où j'avais dit un truc pareil ?
- Il ne m'en a pas parlé. Il m'a proposé de prendre sa place. Avouai-je.
Chose que je n'avais pas vraiment refusé d'ailleurs. Alors même que je savait que cela ne me plairait pas : j'avais une vie dans le monde réel et chose étonnant, elle me plaisait.
"Il veut juste ne plus être seul..." Avoua Lily après un moment d'hésitation. Puis elle pencha la tête, réfléchissant sûrement, du moins si elle en était capable... Je doutais un peu là. "On doit juste lui faire peur. Lui montrer que ce qu'il fait n'est pas bien. Il faut le... gronder. Mais peut-être qu'on pourrait aussi trouver le moyen de le ramener avec nous sans pour autant que quelqu'un reste ici..."
Elle était sérieuse ? Elle se rendait compte de ce qu'elle proposait ou pas ? J'avais de gros doute !
- Non. Il ne doit pas venir dans notre monde. Dis-je froidement. De plus, je ne crois pas que ce monde puisse le relâcher si personne ne prend sa place...
"Mais peut-être qu'il y a un moyen qu'il ne connait pas. Si on arrivait à demander à Elliot ou même à Anatole ! Ils savent plein de choses et ils peuvent en faire tout autant ! Je suis sûre que même le bel Apollon trouverait une solution ! Faut juste les contacter."
Mais c'est qu'elle était pleine d'espoir la petite ! Comme si cela pouvait arriver ! En plus, si les divins pouvaient agir, ils n'auraient pas déjà agi en sachant que deux des leurs étaient disparus ? Sauf si Lily et l'autre là, Eulalie ou un truc comme ça, ne comptaient pas. J'avais eu très peu de contact avec ma belle-mère divine - relation qui n'avait pas duré - pour savoir de quoi il retournait exactement dans cette famille...
- Un jour, vous allez devoir comprendre que tout le monde ne peut pas être sauvé... Lui est dans cette situation. Il faut en finir.
Mes mots étaient plus que durs, je le savais parfaitement. Mais les gens qui avaient le mode de pensée bisounours, ils me tapaient sur le système. À un moment donné, il fallait être réaliste. Mais ça ne semblait pas être du goût de Lily parce qu'elle me me lançait un regard vraiment pas content.
"C'est à cause de gens comme vous que de mauvaises choses arrivent. Vous voyez tout en noir tout le temps ! Tout le monde a le droit à une seconde chance et peut changer ! Il faut juste les soutenir et les aider du mieux qu'on peut, le temps qu'ils trouvent suffisamment de force et de courage pour y arriver par eux-mêmes !" Dit-elle d'un air décidé. "On lui montre que ce qu'il fait est mal et on le ramène avec nous. On lui donne sa seconde chance. Et ne me forcez pas à vous gronder une nouvelle fois mademoiselle beau regard !"
Personne ne m'avait jamais parlé comme ça. Parce que ça n'avait aucun effet sur moi. Ces conneries de seconde chance, je n'y croyais pas. On n'avait pas le droit à une seconde chance : on la provoquait. Quand on avait assez de caractère pour le faire et surtout, quand on était capable de le faire !
- À cause de gens comme vous, il y a des psychopathes en liberté... Votre Grand Sourire sera de ceux-là si vous le laissez faire... Visiblement, le fait qu'il ait torturé des enfants devrait être oublié avec votre seconde chance... S'il faut vous assommer pour le tuer, je le ferais sans état d'âme.
Elle était prévenue. Je n'étais pas quelqu'un de gentil et je ne me laisserais pas arrêter par ces idioties. Bon, mettre en avant la torture des enfants, c'était un peu à double tranchant puisque l'on pouvait considérer que je l'avais fait aussi. Toutes les nuits, j'avais été leur cauchemar... Mais tout avait été dans le monde des rêves. Je n'avais enlevé personne et physiquement, je n'avais fait du mal à personne. En tout cas, ce que je lui avais dit avait cloué le bec à Lily. En tout cas, elle serrait les dents et ne disait rien du tout. Ce qui était une victoire. Pourtant, j'avais du mal à m'en réjouir. Faisait chier...
- S'il était capable d'apprendre... Mais ça n'est pas le cas. J'ai essayé de lui expliquer certaines choses... Sa réaction a été de me dire qu'il allait tuer Aster... C'est quelqu'un comme ça que vous voulez sauver ? Dis-je doucement.
"Il est juste effrayé." Murmura Lily. "Vous ne savez pas ce que ça fait de vivre toute seule sans personne à qui parler..."
Si je savais. Plus que ce qu'elle pouvait croire. Encore une qui jugeait sans savoir. Ce qui m'horripilait énormément.
- Je suis une créature des ténèbres, comme lui. Durant des siècles, j'ai été seule aussi. Ça ne m'empêche pas d'apprendre. Lui ne fait même pas l'effort.
"Quelqu'un a été là pour vous ? Quelqu'un vous a donné une chance de changer ?" Me demanda Lily.
- Non. J'ai changé parce que je l'ai voulu.
Les choses changeaient parce qu'on le décidait. Non parce que quelqu'un nous déclenchait quoi que ce soit. Il fallait la volonté de changer pour que les choses puissent arriver.
"Trouvons de quoi faire du feu et on avisera ensuite..." Soupira Lily.
Je n'ajoutais rien de plus. C'était mieux que sa réaction épidermique d'un peu plus tôt. Je me tournais alors vers le reste. Il n'y avait qu'un chapiteau jaune criard. Et tout le reste était noir. Penny nous dit alors que dans ce monde, on pouvait faire apparaître des choses en se concentrant. Par acquis de conscience, je testais aussi, mais rien ne se passa.
« Apparemment, je peux faire apparaître des objets en me concentrant. Et Eulalie a réussi à matérialiser une trompette. Mais là, je ne sais pas pourquoi, ça ne fonctionne pas. Peut-être que Ça sait ce qu'on projette de faire et que ça ne lui plait pas. » Raconta Penny qui se mordit la lèvre, anxieuse et serra plus fort la main de son frère.
- S'il sait ce qu'on va faire, alors cet idiot sait que Lily veut le sauver envers et contre tout. Pourtant il continue son cinéma... Pourquoi ?!
Ça m'exaspérait. D'autant qu'un pétard mouillé était apparu quand j'avais pensé à faire apparaître quelque chose, ce qui me prouvait bien que l'autre idiot s'amusait encore de nous.
« Il s'amuse... » Ajouta Penny. « C'est ce qu'il fait depuis le début : il joue avec nous. »
Comme moi, Balthazar semblait en avoir assez. Il soupira d'impatience et sortit un briquet de sa poche, qu'il me tendit.
"On crame tout."
Ah ! Voilà quelqu'un selon mon cœur ! Toutes ces incertitudes, ces discussions, ça me pesait énormément !
- Je savais qu'on allait s'entendre. Dis-je avec un sourire en prenant le briquet tandis qu'il me rendait un regard presque complice.
Et je ne mis pas longtemps avant d'aller vers le chapiteau et d'y mettre le feu. S'il pensait nous amuser avec ce truc, j'avais dans l'idée de le cramer. Et puis, on aurait un super feu comme ça ! Tournant le dos au brasier, je rendis son briquet à Balthazar. Le feu prit rapidement, ce qui me réjouit, jusqu'à ce que des cris à l'intérieur se fasse entendre. Merde...
J'avais observé de loin l'échange entre la créature des ténèbres, comme elle le disait elle-même, et Lily. Si la jeune femme ne semblait plus défendre le Clown avec autant de ferveur, n'étant plus aveuglée par l'amitié qu'elle lui portait, elle n'en restait pas moins persuadée qu'il était possible de faire quelque chose pour lui venir en aide. J'étais à la fois admirative devant tant d'acharnement mais surtout peinée pour elle, d'une certaine façon.
« Qu'est-ce qu'il a fait ? Il vous a fait du mal ? »
Je m'étais rapprochée d'elle, lorsque la brune s'était éloignée. Elle avait dit qu'il s'était montré méchant. Si j'en croyais tout ce qu'il faisait subir à chacun depuis le début, elle n'était pas épargnée non plus... c'était étrange, venant d'un ami. Il me semblait qu'il aurait plutôt dû être gentil. J'avais aussi entendu, qu'il voulait qu'elle prenne sa place. Mais ça n'arriverait pas. Je ne pouvais décemment pas laisser Mademoiselle Lily ici, quoi qu'il en coûte.
« Il va s'améliorer. Il lui faut du temps. Il ne faut pas les laisser lui faire du mal... »
Elle avait murmuré ces derniers mots, ne souhaitant certainement pas que les autres l'entendent. Je comprenais. Il était normal qu'elle n'ait pas envie de blesser Ça, si elle l'appréciait. C'était ce qui la rendait si spéciale.
« Je ne crois pas qu'il ait envie de changer, Lily. »
Ma bouche s'était pincée. Il était difficile de vraiment pouvoir le juger, je ne le connaissais pas, je me basais sur ce que j'avais vu de lui. Il m'avait eu l'air déterminé à se débarrasser de nous et savoir qu'il avait voulu faire en sorte que la jeune femme prenne sa place ne faisait que confirmer qu'il n'était pas si bienveillant que cela à son égard.
« Je ne peux rien vous promettre, seulement vous dire que je vous protégerai avant de penser au bien-être de votre ami. »
Elle comprenait, je le voyais à la moue qu'elle affichait. Elle n'était pas satisfaite de cela, mais elle ne pouvait pas m'en vouloir de penser de la sorte. Je n'allais pas lui mentir et lui faire croire que je ferai mon possible pour le ramener, puisque j'étais d'accord avec ce qu'avait dit l'autre femme précédemment. Je doutais que ce Clown ait le moindre désir de devenir meilleur.
« Quand on sera rentré, faudra que tu viennes à la maison. On se fera une journée entre filles. »
Elle avait relevé ses yeux pour me regarder. Elle avait l'air tellement innocente, malgré tout ce par quoi elle était passée.
« Tu es très gentille, mais tu devrais te changer un peu les idées. Tu fais trop guerrière. Il doivent trop t'en demander à Olympe. Faut un peu penser à toi aussi. »
Je ne voyais pas ce qu'elle voulait dire, par « trop ». Il me semblait que je l'étais juste suffisamment. Mais son semblant d'inquiétude me touchait, d'une certaine manière.
« Ce serait un plaisir de faire du shopping en votre compagnie. » avais-je répondu avec un léger sourire.
En me retournant vers les autres, j'avais juste vu le feu se répandre. Ils n'avaient pas perdu de temps à passer à l'action. Puis j'avais entendu le cri. Je m'étais retournée dans la direction d'où il provenait, indécise. Mon regard s'était posé brièvement sur les autres personnes présentes. Elles ne pouvaient pas faire grand chose. Moi non plus, si je supposais que dans ce monde, j'étais des plus vulnérables, mais cette théorie n'avait pas été entièrement vérifiée. Ce moment d'hésitation dura quelques secondes, avant que je ne me décide à m'avancer vers le chapiteau.
Je m'étais tendue en sentant une main s'accrocher à mon bras, me stoppant dans mon avancée. Elle me serrait et, me retournant, je vis que le barbier avait décidé de ne pas me laisser avancer.
« Y a personne là-dedans. Faut arrêter de tomber dans le piège à chaque fois. »
« Peut-être. Mais nous n'avons pas retrouvé tous les disparus. Je prends le risque. »
Nous avions l'amie de Sherlock – et d'où lui venait ce manteau ? Je l'avais déjà vu quelque part. Et nous avions Toby. J'ignorais l'identité de tous les autres individus manquants, mais j'avais pensé à Robyn, que Lily n'avait pas retrouvé. J'espérais sincèrement que le Clown ne lui ferait pas ça. Ou encore l'enfant de la femme blonde... Je préférai même que ce soit une ruse pour nous attirer, ce serait le meilleur scénario possible. Il fallait juste que je le vérifie de mes yeux. J'avais tenté de dégager mon bras, mais il s'y accrochait au point que je savais que j'en aurai la marque par la suite.
« Vous n'irez nulle part. »
Il me fixait avec cet air décidé et moi, j'osais soupirer. J'avais voulu ne pas me montrer trop brusque, mais il ne me laissait pas le choix. Seulement, à peine avais-je entamé le mouvement pour le faire reculer, qu'il s'était emparé de ma main bandée pour la tordre de la sienne. Je ne m'y étais pas attendu et mon visage s'était tordu de douleur.
« Qu'est-ce qui vous prend ? » avais-je finalement prononcé dans un souffle, ne comprenant pas pourquoi il agissait soudainement de la sorte. « Depuis quand vous décidez de ce que je dois faire à ma place ? »
J'avais serré les dents. Je n'aimais pas qu'on me bride de la sorte. C'était dérangeant et frustrant.
« Depuis que vous vous montrez trop sotte. »
Cela aurait presque pu me blesser, mais il n'en était rien. Je n'arrivais pas à cerner ses intentions. Je sentais juste ma main me lancer à nouveau, par sa faute.
« On va faire les choses à ma façon. »
Il s'était approchée de Lily et je n'avais pas tout de suite réalisé ce qu'il était en train de faire. Certainement parce que ça n'avait pas de sens. Si... ça en avait un. Evidemment. Mais je ne pouvais permettre que l'on en vienne à de tels comportements. Il était devant elle et avait sorti une petite bouteille de sa poche. La même que je lui avais retiré, lorsqu'il avait voulu se noyer dans l'alcool pour oublier. Cette fois, il la vida sur Lily, sans plus d'explications.
« Il faut toujours appuyer là où ça fait mal. »
Je n'avais plus mal. Je voyais juste le briquet s'allumer et ma réaction fut immédiate, en oubliant totalement le cri que nous avions entendu. Rapidement, j'étais arrivée à sa hauteur. Je devais agir vite et de manière efficace. Il était grand, je n'avais pas de chaise pour me servir d'arme et j'avais abandonné la trompette. La solution la plus évidente était de me jeter dessus. C'est ce que j'avais fait.
J'y avais été assez fort pour le faire tomber, le suivant dans sa chute sans ressentir le moindre choc. Pour lui, il devait en être autrement. Il n'y avait plus aucune douceur, plus aucune tentative de paraître compatissante. Il était perturbé, comme toutes les personnes ici. Plus que toutes les autres personnes ici. Cela ne lui donnait pas le droit d'agir ainsi. J'étais au-dessus de lui, une main tenant sa gorge et l'autre écrasant son poignet au sol. Je n'eu pas besoin de le briser pour qu'il lâche le briquet, dont je m'emparais pour le lancer à une distance respectable.
Comme je m'y attendais, il tentait de se libérer. Il pouvait toujours essayer. Il se fatiguait pour rien. Je n'avais même pas à forcer pour réussir à le maintenir. Alors que je me retenais pour ne pas l'assommer simplement.
« Lâchez-moi. » avait-il finit par prononcer dans un grognement.
« Non. Vous n'irez nulle part. »
Je crois qu'il y avait une sorte de règle disant ''ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse''. J'y dérogeais à ce moment précis, tout comme lui.
« Vous m'empêchez d'avoir l'avantage sur lui. Eulalie veut que ça s'arrête, comme nous tous. »
Il réfléchissait. Trop. Les dents serrées, je le fixais sans ciller. Il provoquait en moi une sorte d'agacement, ce qui était nouveau. Sa condescendance certaine, en premier lieu, était de plus en plus dure à supporter. Tout comme cette manie de penser pour les autres.
« Non, vous n'êtes pas le clown. Vous êtes chaude. »
Etait-il en train de se moquer ?
« Lui ne l'est pas. »
Il avait... Il avait réellement pensé que je pouvais être cette chose ? J'en avais lâché un soupir exaspéré. C'était plutôt à moi de me poser la question à son sujet. Mais à son rythme cardiaque que je sentais sous mes doigts et à la température plus ou moins normale de son corps, quoi qu'un peu élevée, je supposais pouvoir le relever de tout soupçon à ce sujet.
« Ça suffit, relâchez-moi. Nous perdons du temps. »
Mes lèvres se pincèrent. La faute à qui ? Il pensait certainement que s'en prendre à la jeune femme était une excellente idée, une brillante révélation, afin de faire réagir le Clown en question. C'était surtout complètement fou.
« Arrêtez de prétendre savoir ce que je suis, ce que je veux ou ce que je dois faire. Vous n'en savez rien. » sifflais-je à son encontre.
Je me montrais plus brutale que je ne l'avais imaginé. Je l'avais serré d'avantage, relevant légèrement sa tête. J'accumulais beaucoup de colère inexprimée qu'il ferait mieux de ne pas trop chercher à remuer.
« Ne vous en approchez plus. »
Je l'avais lâché, me redressant brusquement alors qu'il se relevait en se massant la gorge. Il donnait même l'impression de me reprocher ma réaction. J'avais jeté un bref coup d'oeil vers Lily. Elle était figée, comme en état de choc après ce qu'il venait de lui faire, clignant des yeux trop rapidement pour que ce soit naturel.
J'avais retourné la tête vers le chapiteau en flammes. Il m'avait détourné de mon objectif mais je ne pouvais pas ignorer complètement ce qui pouvait peut-être se trouver à l'intérieur. Il était peut-être déjà trop tard, maintenant, mais je devais essayer.
« Idiote. »
Sa voix me fit grincer des dents, alors que je l'avais distinctement entendu grommeler pendant que je commençais à m'éloigner.
« Je pensais que vous aviez été créée pour tuer. Mais vous vous étouffez avec vos principes. Ou alors... vous n'avez pas suffisamment de cran. »
C'était ce qu'il voulait ? Vraiment ? J'avais entendu le ton de sa voix monter, comme pour être certain que je l'entende. Il n'avait qu'à le demander. Je n'étais pas qu'une meurtrière programmée, loin de là, mais si il se proposait pour m'entraîner, j'imaginais que ça ne se refusait pas... Hyperion ne le voudrait pas. J'avais fermé les yeux l'espace de quelques secondes, ne m'arrêtant pas. Je ne pouvais pas le laisser me distraire.
« Si vous voulez m'empêcher d'avancer, il va falloir trouver mieux que ça, Monsieur Todd. »
J'avais entendu le gamin l'appeler comme ça, quand ils s'étaient éloignés tous les deux. Il devait s'agir de son identité d'avant, je n'en avais pas la moindre idée. Je compris juste que ce n'était pas anodin, à son silence. Il répliquait de manière beaucoup plus rapide, généralement. J'affichais même un léger sourire. Avais-je tourné une corde sensible ?
« Je cherche juste à sauver votre peau, espèce d'écervelée. Après tout, je m'en moque. Amusez-vous bien avec les jeux du cirque... »
Je ne pouvais pas mourir. Pas comme ça. Peut-être ici... C'était une question de probabilité. Et j'avais beaucoup de mal à croire qu'il puisse être un bon samaritain ayant l'intention de m'empêcher de faire une bêtise. Il me provoquait. J'étais capable de refouler d'autres instincts et pourtant, il m'était difficile de me retenir d'aller lui remettre les idées en place. Je devais lutter pour l'ignorer. Le fait d'être proche du but m'aidait en ce sens. Je sentais la chaleur du feu, prête à pénétrer à l'intérieur alors que les flammes se faisaient de plus en plus grandes. Il m'avait fait perdre de précieuses minutes.
Je l'avais su immédiatement, en sentant le souffle brûlant caresser ma peau – même si je le ressentais davantage comme une lacération à vif. Mes pensées s'étaient mélangées mais j'avais vite comprit ce qui était en train de se produire. Je n'entendais plus un bruit. Comme un choc m'avait traversé de parts et d'autres. C'était violent, c'était rapide. Tout s'enchaînait à une vitesse folle, sans que mon corps ne puisse plus réagir. Puis, en moins d'une infime fraction de seconde, je ne voyais plus rien. J'étais arrivée trop tard.