« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
- Chronologie : 24 décembre 2017 dans la soirée... -
Quelque part ailleurs... Quand on ferme les yeux, quand on ne pense plus à rien, parfois on peut se perdre, parfois on peut vivre.
« Je t'aime, Enoch. Je t'ai toujours aimé. Tu es mon frère. » dis-je les larmes aux yeux.
Je m'étais perdu, mais je ne demandais qu'à vivre.
« Je sais. » dit-il en tendant la main.
Je n'hésitais pas une seule seconde à la lui prendre. Elle était si froide. Je sentais mon coeur s'emballer. Il n'était pas là, pas vraiment. Enoch était mort et je ne le reverrais plus jamais, si ce n'est dans mes rêves. Ceux où j'étais là pour lui. Où je ne l'aurais jamais laissé tomber.
« Quand je ferme les yeux, je peux voir. Je peux voir ce monde qui m'attends. Celui qui est le mien. Un endroit où d'autres sont allés avant moi, mais c'est comme ma maison. » dit-il en fermant les yeux quelques instants.
Je fis de même, mais je ne voyais rien. Mes yeux étaient de plus en plus humide.
« Il y a un endroit dans ce lieu, avec une cabane. Je la vois d'ici. Elle est dans un arbre, avec une corde pour grimper jusqu'en haut. » dit-il en laissant échapper un petit rire. « Tu te souviens quand tu m'as appris à grimper à la corde pour la toute première fois ? Je t'étais tombé dessus. Tu es resté au lit pendant trois semaines. Toi, le costaud, le grand, le fort. »
« Tu as toujours été le plus fort de nous deux. » avouais-je.
Je ne parlais pas en terme de force physique, mais de courage. Il en possédait bien plus que j'en posséderais jamais.
« J'ai déjà des idées pour la cabane. Différentes choses que je pourrais y emmener jour après jour. Pour l'instant, on ne pourra pas y être en même temps. On ne pourra pas s'y croiser. Mais un jour prochain, on y vivra tous les deux. Avec des amis sans doute. Et puis maman. Peut-être même papa si il devient moins con. »
Il pouffa une nouvelle fois, ce qui eu pour effet de me faire rire. Je passais une main sur mes yeux, histoire d'en retirer quelques larmes.
« Tu pourras venir dans ce lieu quand tu veux. Tu y verras ce que j'y ai ajouté. Chaque chose seront là pour te faire sourire un jour de pluie. » dit-il avec un petit sourire se voulant rassurant.
C'était pas des objets que je voulais. C'était retrouver mon frère.
« Tu veux partager ça avec moi ? » dit-il.
J'essayais de retenir mon souffle. J'essayais de rester ainsi, dans cet endroit face à lui. Je ne voulais pas que ce moment se termine. Ce qu'il avait provoqué en moi, ce rêve éveiller, je ne voulais pas qu'il prenne fin. Je ne pourrais pas m'en passer. Je ne pouvais pas vivre sans lui.
« Pour moi, tout ça n'a de sens que si tu y crois, Emmet. » murmura t'il.
Je lui répondis par un hochement de tête, sentant de nouvelles larmes couler.
« Je partagerais tout ce que tu veux. Je serais toujours là. Dit moi juste ce que j'ai à faire pour venir ici. » dis-je en me mettant face à lui. « Je veux te rejoindre. On sera tous les deux. Rien que tous les deux. »
« Ce n'est pas à toi de décider. C'est n'est pas à moi non plus. Si tu forces le destin, tu risques de te perdre et on se reverra peut-être jamais. »
Il s'approcha, lâcha ma main et posa ses deux mains contre mes temps, pour approcher ma tête de la sienne, front contre front. Pour une fois il était aussi grand que moi.
« Personne peut réécrire le destin. On doit se dire au revoir. Tu dois me laisser partir. Mais tu pourras venir dans la cabane quand tu veux. Il te suffira de fermer les yeux et de te laisser porter. »
Je ne pu m'empêcher de fermer les yeux pour pleurer sans qu'il me voit. Je savais qu'il avait les yeux rivés sur moi et que ça ne lui échapperait pas. Mais c'était trop dur. Bien trop dur. Tout ceci n'était pas réel. J'étais au cimetière, face à sa tombe. C'était là que je m'étais rendu ce matin, en quittant la maison de mes parents. En quittant Melody pour toujours... Je n'étais pas ici, pas dans ce lieu. Et pourtant, au bout de quelques instants, je vis la cabane au loin. Elle était là, grande, majestueuse, perdue dans un arbre, avec une corde qui pendait. Exactement comme il me l'avait décrite.
« Garde les yeux fermés. Continue d'avancer. » dit-il.
Je m'étais retrouvé dedans. Elle était encore vide, même si il y avait déjà un lit défait. Il n'était pas très ordonné de son vivant, il n'allait pas l'être dans l'au delà. Cette pensée m'avait faite sourire.
« Je te l'avais dit, grand frère. Chaque chose que tu trouveras ici, te fera sourire. Car ça sera moi qui l'y aurai mis. Et je ne veux qu'une chose. Que tu profites pleinement de chaque instant avant de me retrouver. »
Je ne voulais plus ouvrir les yeux et rester ici pour toujours. Ce lit défait. Cette cabane. Cette petite table qui venait d'apparaître.
« Je peux t'atteindre même d'ici. Tu vois ? Rien ne peut briser notre amour. On restera à jamais frères tous les deux. Où qu'on soit, on sera toujours là l'un pour l'autre. Ce qui est arrivé, tu n'aurais rien pu y changer. Et puis... regarde sur la table. » acheva t'il.
Sur cette dernière, deux objets venaient d'apparaître. Le premier, c'était un ciré jaune. Il ne m'avait pas fallu longtemps pour comprendre. C'était moi ! Quand on était plus jeune, on avait une liste de choses à faire, et l'une d'entre elle était de sortir au dehors. L'un habillé en clown, l'autre en petit garçon. Je lui avais mis ce ciré.
« Tu resteras toujours dans mon coeur, où que je sois. » dit-il.
Il avait conservé un objet que je lui avais offert. Un moment fort de notre existence. Et juste à côté, il y en avait un autre. Mais ma mémoire me faisait défaut, car je ne le reconnaissais pas. Je l'avais pris en main avant d'avoir un haut le coeur. Il était petit. C'était un collier avec à son bout un coquillage.
« J'ai rencontré une jolie Princesse. » débuta t'il. « Elle était différente de toutes les autres. Elle ne se rendait pas compte à quel point elle était exceptionnelle. Mais elle l'était. Je te le promet, elle l'était. »
Je tenais toujours le collier. Je savais très bien de qui il parlait. J'avais pensé la même chose d'elle, avant de savoir.
« Tout ce que je voulais, c'était voler avec elle. Je n'étais juste pas prêt. Je ne savais pas. Je ne pouvais pas savoir. Comme elle. Elle ignorait tout du chemin à parcourir, de celui qui nous séparait l'un de l'autre. Il y a des montagnes entre elle et nous. Des portes infranchissables. » dit-il avant de marquer une pause. « Elle m'a rendue heureux. »
Il était sincère. Je le voyais dans ses yeux.
« Peut-être que ma vie n'a pas duré longtemps, mais je l'ai vécue pleinement grâce à elle. J'ai rencontré une jolie Princesse et je me suis envolé. Toute la lumière d'un millier de projecteurs, toutes les étoiles dans le ciel, rien ne pourra illuminer autant ta vie que ces instants passés à ses côtés. C'est à toi de décider. Mais ne me force pas à retirer des objets à elle ici. Car ma tête en est pleine. »
Une multitude d'objets étaient apparus tout autour de nous, dans la cabane. Tous les souvenirs de chaque instant d'une vie courte, mais bien remplie. Il avait vécu une vie de rêve, celle où on rencontrait, où on côtoyait, où on vivait avec notre meilleure moitié. Quand j'ouvris les yeux, il n'y avait plus que la tombe d'Enoch.
J'avais quitté la maison au matin. Préférant dormir seul dans l'ancienne chambre d'Enoch. On ne l'avait pas occupé depuis son départ. Melody était resté dans la chambre qu'on nous avait attitré. On ne s'était pas croisé au petit matin. J'étais simplement partit, emportant Rocky avec moi. Le 4x4 avait démarré. Je savais qu'elle pourrait rentrer par ses propres moyens. Je ne lui avais pas fait l'affront de devoir tout expliquer à ma mère. Je l'avais fait moi même, lui donnant ma propre version. Mon père dormait encore quand elle s'était réveillé. Ma mère avait préféré sortir prendre l'air, comme je le lui avais demandé. Pour finalement qu'on se croise au cimetière. Elle devait se douter que je me rendrais ici.
« Je ne sais pas pourquoi tu m'as dit ça, Emmet, mais je sais que ce n'est pas vrai. Une mère sait ce genre de choses. » dit-elle en me fixant, et en tentant de garder la tête haute. « Ce n'est pas une jeune femme que tu as trompé. Cette fille tu l'aimes. Ca se voit. Je ne sais pas pourquoi vous vous êtes disputé et pourquoi c'est tombé ce jour là, mais on est le 24 décembre, Emmet. Tu ne peux pas attendre qu'elle se lève, qu'elle parte et que vous fassiez comme si vous vous étiez jamais rencontré. Je ne t'ai pas élevé comme ça ! »
Je lui avais dit que j'avais trompé Melody et qu'elle l'avait appris ce soir là. Que par conséquent on s'était disputé et qu'elle avait décidé de partir au petit matin. Je lui avais dit que ça serait mieux si elle n'était pas là quand la jeune femme se réveillerait. Qu'elle partirait sans rien lui dire. Qu'on ferait comme si on ne s'était jamais rencontré. Je ne pouvais pas lui dire ce qu'elle m'avait appris. Ou plutôt, ce que j'en avais déduis. Mon frère l'avait aimé, ça l'avait tué.
« Va t'excuser auprès d'elle. Quel que soit la chose que tu as faite. On ne choisi pas sa vie. On nous l'impose parfois. Mais quand quelque chose de bien nous arrive, on se doit de saisir cette chance. Tu m'as bien compris ? Parce que si tu ne vas pas la retrouver, maintenant, tu le regretteras, j'en suis sûr. Tu ne peux pas venir ici dès que tu as un soucis et pleurer sur la tombe de ton frère. Tu ne peux pas tout ramener à lui ! » dit-elle au bord des larmes.
Des larmes de colère. Je lui avais pris la main, sentant que ce contact la fit frissonner. Enoch avait raison. Il s'était envolé avec sirène. Il resterait à jamais là dans mon coeur. Ce qui était arrivé était un accident. Je ne peux pas changer le destin. Je ne peux pas revenir en arrière. Mais je peux écouter le dernier conseil de mon frère. Je peux écouter ce que ma mère me dit. Je peux tenter. Je peux me tromper. Je peux me ramasser. Mais rien ni personne jamais, pourra détruire un tel amour. Celui d'un frère pour son frère. D'un fils pour sa mère. Celui qui franchis toutes les frontières, même celles de la mort. J'avais déposé un baiser sur le front de ma mère, avant de la quitter.
J'étais de retour à Storybrooke, au bord de la plage. Je savais que de toutes les façon que Melody avait de revenir en ville, ça serait celle là qu'elle choisirait. Et au bout de quelques heures, elle était sortie de l'eau. Surement surprise de me voir. Rocky était allongé sur le capot de la voiture. Je m'étais redressé, attendant que la sirène arrive jusqu'à moi.
« Je songe à quoi pourrait ressembler ma vie. Trouver quelqu'un. Avoir des enfants. Vieillir. Mourir. Une vie longue et bien remplie. Puis, je me souviens de toutes ces nuits passés. Où j'étais simplement assis sur mon lit, à attendre, à réfléchir, à tenter de comprendre. Pour au final juste perdre mon temps. »
Je reprenais mon souffle. J'avais répété tout cela dans ma tête depuis que je l'attendais. Et ça ne remontait pas à aujourd'hui, mais à bien plus loin derrière moi.
« Il y a une maison que nous pouvons construire. On y déposerait une partie de nous. Tout ce qu'on voudrait partager avec l'autre. » débutais-je. « Je peux difficilement imaginer un avenir avec toi. Je pensais que tu étais faite pour être mienne. Qu'on était fait pour se rencontrer. On pense souvent que c'est facile. On est déçu. On ne comprend pas qu'il y a beaucoup de chemin qui nous séparent les uns des autres. Mais parfois, il suffit de juste fermer les yeux pour découvrir un autre monde. Un monde parfait, avec une cabane, des souvenirs qu'on y entasse. Avec un espoir. » murmurais-je. ]b]« Tout ce que je veux, c'est voler avec toi. Ca semble impossible, mais ça ne l'est pas. Tu sais que je veux être avec toi. Et je sais que tu veux être avec moi. Quel que soit les obstacles, c'est à nous de décider. Alors est-ce possible de vivre l'impossible ? »[/b] l'interrogeais-je.
J'y avais réfléchis toute la journée.
« Dis que c'est possible. » murmurais-je en la regardant droit dans les yeux. « Dis que c'est possible, parce que tu es celle que j'étais censé trouver. Pas de la manière que j'imaginais, pas aussi facilement, mais tu es là aujourd'hui. » dis-je en portant ma main à mon coeur. « C'est à toi de décider. Et c'est à moi de décider. On ne sait pas de quoi sera fait demain, ni si il y en aura un. Mais ça même sans toi, je ne peux pas le savoir. On peut construire quelque chose d'unique. Changer le monde qui nous entoure pour qu'il soit qu'à nous. »
Je repris mon souffle une nouvelle fois. Puis, je baissais mes mains, m’avançant d'un pas en direction de la jeune femme.
« Je veux voler avec toi. Je veux tomber avec toi. Alors dit moi simplement que c'est possible. C'est à toi de décider. Car pour moi c'est déjà fait. » lui assurais-je.
Rocky nous avait rejoins, se plaçant à quelque pas de nous. Il avait tourné la tête vers moi, avant de regarder la sirène. Lui aussi attendait une réponse. Est ce qu'elle continuerait à marcher à nos côtés, quel que soit les obstacles ? Ca ne sera pas facile. Ca ne l'est jamais. Mais on sera là pour se soutenir, les uns les autres. On sera là tous les trois.