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 Pinocchio's syndrom } EvilTiger

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Sloan Fyresciell
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Sloan Fyresciell

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• Franchement Slo', on a pas besoin de se retrouver dans un parking glauque pour que tu m'annonces que tu me prends comme ton témoin de mariage !
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• Sloan ? Tu m'écoutes ? Lui là ... je peux le tuer quand tu veux !
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________________________________________ 2017-10-09, 08:50

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Tell the truth, dare at least.

Pour la centième fois depuis qu’Antropy avait croisé sa route, Carlisle perdit entièrement le contrôle de la situation. Ils ne devaient faire qu’une bref halte au Manoir, dans le plus grand des secrets car ses soeurs, dans le plus grand des anonymats, étaient revenues en Amérique,dans le but de rencontrer l’héritière de la famille Evil. L’annonce de la naissance d’un enfant, qui plus était de la fille de leur frère, avait provoqué chez les deux sœurs une effervescence sans nulle autre pareille, et après bien des débats avec leur frère, elles décidèrent de revenir. Peu de temps, quelques jours à peine. Mais elles refusaient que leur chère et tendre nièce n’ai jamais perçu leur aura et leur prestige.

Si elle devait grandir auprès de et excentrique qu’avait ‘choisit’ leur frère, il lui faudrait au moins cela.

C’est pourquoi, ce dimanche là, dans le plus discret des silences, Carlisle et Antropy se rendirent au Manoir, accompagnés en tout et pour tout de leur fille, d’un peu des produits qu’il devait donner à Indiana, pour ses jambes ainsi que pour son business en Italie et de fleurs pour Avie. Le silence dans l’habitacle de la voiture était pesant, mais dissonant de l’ordinaire. Depuis quelques semaines, leur relation s’était… Sinon apaisée, allégée. Ils n’avaient pas encore retrouvé leur relation d’avant, mais aucun n’était dupe. Ils ne pouvaient pas la retrouver. Tout ce qu’ils pouvaient tenter de faire, c’était de réapprendre à vivre ensemble.

Le quotidien était devenu une routine, encore guindée par instant, mais beaucoup plus naturelle. Les gestes tendres demeuraient inédits, mais parfois, ils se surprenaient à reproduire ce qui avant faisait partie de la normalité. Le plus compliqué demeurait leur vie commune une fois les portes de leur chambre passées. L’intimité de leur existence n’était plus la même. Les gestes, les attitudes, les réactions n’étaient plus les mêmes. Pourtant, il devenait de plus en plus aisé pour Carlisle de ne pas se crisper au moindre contact. A la moindre embrassade. De ne pas sortir du lit une fois ses yeux ouverts. Parfois, rarement, il parvenait même à attendre qu’Antropy se réveille.

Le Manoir avait été nettoyé la veille et les ailes, aérées. Cela faisait depuis leur retour d’Allemagne que Carlisle n’y était retourné qu’une poignée de fois. Peu de raisons, moins d’envies encore. Vide de ses sœurs, ce Manoir ne signifiait rien aux yeux de Carlisle, si ce n’était une angoisse indiscible et inadmissible. Dès qu’il l’aperçut au bout de l’allée de graviers blancs, Carlisle ne pût réprimer la crispation de ses épaules, son visage se fermant brusquement. Il ne fallut que quelques secondes à Antropy pour venir poser sa main sur sa cuisse, dans un geste aussi doux qu’incongru. Déplacé. Pourtant, Carlisle ne la retira pas, se contentant de tourner son regard ombragé de lunettes noires vers lui.

-Tu es certain de vouloir venir ? Tu connais les sentiments de mes sœurs à ton égard.

Quand elles avaient apprit que Carlisle avait accepté de reprendre Antropy dans sa vie, les insultes n’avaient cessés de pleuvoir à son encontre. Boursoufflure. Souillon. Souillure. Pervers. Dépravé. Manipulateur. Imbécile. Immonde créature. Excentrique aliéné. Aberration. Contre-nature. Monstre.  Pour être franc, Carlisle n’avait pas immédiatement réfuté leurs arguments. Lui même à cet instant, et pourtant en possession de toutes les informations, avait eue du mal à se comprendre. Comment lui, fils d’une dynastie faîte de sang et de statuts, de rang et d’attente, d’exigences, avait-il pu se rabaisser à ce point ? Il refusait de voir en son choix la moindre notion d’amour, qu’il réfutait alors comme un scientifique pouvait réfuter ce qu’il ne peut quantifier. Mesurer. Nommer et étudier. L’amour n’était en rien la raison d’une telle faiblesse. Mais il ne toléra vite plus ce genre de nomination.

Ce qui n’empêcha en rien ses sœurs de continuer.

-Elles savent que tu seras là et je les ai prier d’être courtoises. Je n’ai guère de crainte concernant Avie, au pire,  elle t’ignorera, mais concernant Indy...

Garant rapidement son Audi, Carlisle se retourna pour observer Tasha, emmaillotée dans une couverture précieuse, un bonnet duveteux enfoncé sur son petit crâne. Sans s’en rendre compte, il eue un sourire, avant de se tourner vers Antropy.

-Je te laisse la porter ?

Le roux acquiesça doucement, refermant lui même sa parka jusqu’au menton. La température avait chuter de manière vertigineuse en quelques jours, et des flocons étaient à craindre pour bientôt. Son long manteau émit un frottement délicieux lorsqu’il s’extirpa de la voiture, la contournant pour chercher mallette et fleurs dans le coffre et sur la banquette arrière. Pelotonnée contre son père, Tasha émit un petit gémissement à l’encontre du mauvais temps, avant d’éternuer. Aussitôt, Antropy la ramena contre lui, avec un sourire des plus adorables et Carlisle se surprit à avoir brusquement envie de l’embrasser.

Refermant le coffre, il vient dans son dos, plaçant simplement une main dans le creux de ses reins.

-Allons-y.

Les sœurs Evils occupaient pour leur séjour les chambres les plus à l’ouest, dissimulées pour partie par le sous-bois adjacents, et le salon attenant avait été richement dotée d’un feu dans la cheminée et d’une multiplication des textures au sein d’une même salle. Fourrures, laines, cachemire, soie, tout semblait n’être qu’un seul et même appel à l’oisiveté. Pourtant, elle se rompit bien vite.

-Carliiiiisle ! s’écria Avie en le voyant passer le seuil, se précipitant vers lui pour le serrer dans ses bras.

Les épaules de Carlisle se détendirent aussitôt. S’il fallait être honnête, Carlisle ne pouvait nier qu’elles lui manquaient. Toutes deux. Ses sœurs formaient à elles seules le noyaux de son existence, de sa réalité. Elles étaient ses murailles comme ses donjons, mais elles avaient toujours été des sources d’apaisement pour lui. Son étreinte envers Avie ne fut pas moins chaleureuse que celle qu’elle lui offrit, allant jusqu’à poser deux bises sur ses joues rosies.

-Carlisle, mon frère.

Ouvrant grand les bras, Indiana s’avança vers lui, dans des gestes plus rigides, mais non dépourvu de chaleur. Indiana avait toujours été la plus sobre des deux, mais son étreinte avait tout de celle d’une grande sœur. Forte. Protectrice. Pourtant le regard qu’elle adressa à Antropy par dessus l’épaule de son frère fut la froideur même.

-Avie, Indy. Diable, vous m’avez manqués!

Elles eurent un rire, avant de tourner le regard vers l’objet de leur convoitise. Et de leur venue. Avec des gestes protecteurs, Carlisle se tourna vers Antropy, resté en retrait. Ni l’une ni l’autre des sœurs ne fit mine de le saluer et Carlisle en ressentit une gêne profonde.

-Voici Tasha, expliqua-t-il doucement, laissant Antropy s’approcher sans relâcher sa fille.

-Natasha, je présume ? Grinça Indy, qu’Antropy détrompa très vite.

Ayant tourner le regard vers son frère, elle expira bruyamment quand il le fit, le fusillant du regard lorsqu’elle revient à son visage. Si sa haine avait pu le tuer sur le champs, il serait de mille façon différentes…

-Puis-je la prendre ? Demanda Avie, plus douce, son index fin venant caresser doucement la joue de l’enfant, qui couina avant d’éternuer à nouveau.

-Antropy doit la nourrir, dit-il, repoussant d’autant le moment où Antropy serait forcer de laisser sa fille à ces femmes qu’il haïssait, mais tu peux bien sûr t’asseoir à côté de lui si tu le désires.

Avec un trépignement, Avie acquiesça, regardant l’enfant comme le jouet le plus amusant du moment. Sans attendre, elle alla s’asseoir, élégamment, dans le canapé bordé d’or, et Antropy tourna ses yeux vers Carlisle, qui ne pu que lui adresser un faible sourire. Résigné, il s’assit au plus loin de la rousse, sortant de son sac le biberon encore tiède qu’ils avaient préparés avant de partir.

-Enfin une tâche à son niveau d’existence, grinça Indiana, à la droite de Carlisle.

Malgré lui, Carlisle se crispa, se retournant vers sa sœur qui observait Antropy, bras croisés. Vénéneuse.

-Indiana...

-Ne t’avise pas de le défendre, siffla-t-elle. Dois-je te rappeler dans quel état tu étais il y a de cela quelques semaines à peine ?!

Sa voix était brûlante de haine, et Carlisle ne pu que courber la nuque à cette affirmation. Comment nier, alors qu’il n’était remit de rien encore ?

-Comment as-tu pu t’abaisser à ce point mon frère ? La fange te plait-elle tant ?

-Indiana, cela suffit. Je t’en prie. Nous sommes venus pour vous présenter Tasha, p...

-Nous ?! C’est ta fille, il n’est que la… Nounou que tu as décidés d’utiliser pour satisfaire de bas instincts !

Cette fois, Carlisle la défia du regard, lassé mais déterminé.

-Antropy fait partie de la vie de Tasha, que cela te satisfasse ou non Indiana. Comme… Il fait partie de la mienne.

Une telle bravade lui coûtait, mais cela ne fallut pas le prix du regard que porta sa sœur sur lui. Une déception si ardente lui brisa le coeur. Mais plus que tout, lui confirma combien il était seul. Sans ses sœurs, et sans l’amour de sa vie. Incapable de pardonner à l’un comme incapable d’être pardonné par elles. Ce brusque sentiment de solitude le frappa en plein torse, lui coupant à demi la respiration, et il du se faire violence pour soutenir le regard d’Indiana.

-Comment oses-tu ? Tu oses mettre cet… Erreur sur le même plan que nous ?! Pour l’amour du ciel Carlisle, dis moi que tu as plus d’amour propre que cela !

-C’était une mauvaise idée de venir Antropy. Viens. Partons.

Sa voix était celle de la lassitude plus que de l’agressivité mais affronter Indiana lui coûtait beaucoup trop. Plus qu’il ne pouvait le faire. Sans doute aurait-il du venir seul, cela aurait été plus aisé. Plus simple. Ou peut-être que cela n’aurait rien changé…

-Avie, excuse-nous, dit-il, se retournant pour saisir le sac d’Antropy et le prendre à la main. Si tu désires la voir, tu peux passer à...

Une brusque piqûre lui coupa la parole, et Carlisle ressentit une vive douleur du à l’injection d’un produit dans son cou. Il entendit Avie et Opy crier à l’unisson, et Carlisle fit volte-face, portant rapidement une main à sa veine. Dans son dos, Indiana tenait une seringue, vide. Le regard plein de haine. Et de tristesse.

-Carlisle, qui est cet homme pour toi ?! Exigea-t-elle, la voix aussi tremblante que sa main.

Hébété, Carlisle fixa sa sœur, l’adrénaline se répandant à une vitesse folle dans son sang.

-Qu’est-ce que tu m’as injecté?

-Qui est cet homme pour toi ?!

-Qu’est-ce que tu m’as injecté?!

Ce ne fût qu’à cet instant que Carlisle remarqua la mallette qu’il avait posé à son arrivée, entrouverte à ses pieds. La pochette de velours ouverte elle aussi. Brusquement, il blémit.

-Qui… est cet homme… pour toi, Carlisle ? Répéta-t-elle, le fixant tout en approchant doucement.

Son regard avait changé cette fois, plein d’attente, et de tendresse. Plein de certitude également, et de profonde confiance. Doucement, elle vint même poser ses mains de chaque côté de ses mâchoires, exigeant son regard de le sien.

-Qui ?

-La seule personne que j’ai su aimé d’un amour plus fort que celui que j’éprouve pour vous, confessa-t-il, dans un souffle, forcé.

Son sérum de vérité était d’une efficacité certaine...
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________________________________________ 2017-11-01, 01:06


T'as le nez qui s'allonge, Pinocchio !


Rester à l’appartement et laisser Tasha et Carlisle entre les mains de ses deux harpies de sœurs ? Même. Pas. En. Rêve. Je n’avais aucune envie de retrouver leurs corps sous un pont ou bien de voir Carlisle s’enfoncer de nouveau dans ce méandre qu’il s’était forgé pendant mon absence. Nous parvenions à peine de nouveau à nous entendre ou, du moins, à cohabiter sans que l’un ne se crispe ou que les regards se fuient de trop. Nous dormions de nouveau dans le même lit, une distance de sécurité en sus mais au moins n’étions-nous pas séparés par plusieurs mètres de couloir… Alors il était hors de question que je le quitte, ne serait-ce que quelques heures, au risque de le perdre. Carlisle m’avait bien trop manqué. Bien trop arraché le cœur pour ensuite le remettre avec violence dans ma poitrine pour que je le laisse s’enfuir encore. Quand à ma fille, notre fille, je n’avais aucune confiance en ses sœurs à son égard. Même si nous avions décidé qu’elle deviendrait la sienne, qu’elle porterait son nom et appartiendrait ainsi à sa famille, je n’avais pas du tout envie de la voir disparaître entre les griffes de ces deux mégères. Elle était peut-être l’héritière de leur nom désormais, elle restait mon bébé à moi aussi. Que ça leur plaise ou non.

Indiana avaitfait comme elle faisait toujours : elle l’avait ignorée. Quand à Evanora, son regard de dégoût n’avait d’égal que l’aversion que j’éprouvais à son égard. J’avais tenté de bien les apprécier, de faire des efforts, mais ce n’était pas ma faute je les trouvais… Stupides. Prodigieusement surfaites, plongées dans une bulle où je ne comprenais pas la moitié de leurs délires et franchement, elles laissaient à désirer niveau socialisation. J’avais eu des bribes de ce passé partagé avec Carlisle et elles avaient eu beau subir pas mal de trucs moches, je n’arrivais pas à les plaindre. Elles étaient un peu trop méchantes pour que je puisse éprouver de la compassion. Ca ne m’arrivait jamais, je finissais toujours par rester positif envers tout le monde, mais là j’avais juste envie de me tirer une balle dans le crâne à chaque parole mielleuse de leur part. Mais je ne le faisais pas car ça leur ferait trop plaisir.

Je trouvais du réconfort dans les grands yeux que Tasha portait sur moi tandis que je me défaisais de ma parka rouge pour m’installer un peu plus confortablement dans le canapé outrageusement chic du grand salon. Avoir Evanora à moins de deux mètres de moi me filait des frissons, à la fois d’appréhension mais aussi de prodigieux défi. A chaque fois que je la croisais, elle menaçait de me transformer en descente de lit… Allait-elle être plus originale cette fois ou bien recommencerait-elle son éternelle menace ? J’esquissai un sourire face à son attitude digne et hautaine. Si elle savait. Si elle avait su. Si elle se doutait seulement de ces nombreuses fois où elle avait manqué de nous surprendre et de ce que nous avions fait à son nez et sa barbe ? Elle ferait beaucoup moins de manières et me laisserait peut-être un peu plus tranquille ? Mystère.

« Laisse-moi m'en occuper, tu vas la casser ! » Finit par s’exclamer la plus jeune des harpies, poussant un soupir sonor en s’approchant plus près de moi. Les effluves de son parfum auraient pu être agréables si elles ne connotaient pas une affreuse odeur empoisonnée.

« Pas touche, tu risques de la transformer en fourrure. »

Si je pouvais gagner quelques minutes pour tenir ma fille dans mes bras plutôt que dans les siens, je les prenais volontiers. Et puis je pouvais aisément prétendre qu’elle était occupée et qu’il ne fallait pas la déranger, la désignant du menton comme d’une évidence. La main d’Evanora se mit à pianoter dangereusement le dossier de bois qui bordait le riche tissu du canapé, me fixant comme un vautour prêt à récupérer sa proie.

« C'est toi que je vais transformer en fourrure sale petit lionceau ... » Chuchota-t-elle, tandis qu’Indiana et Carlisle parlait à l’entrée de la pièce.

« Tigre. Tu sais toujours pas faire la différence ? »

« Uniquement quand elles sont sur ma peau. » Elle tiqua, relevant le menton comme si elle adorait l’idée d’être parrée ainsi de riches attributs volés à des animaux innocents. « Toi sale petit rat, dès que tu auras la tête tournée, tu finira en lambeaux. »

« Lion, Rat, tu as un vrai souci avec le bestiaire animalier. Un comble pour une amatrice de fourrures. »

« C’était une mauvaise idée de venir Antropy. Viens. Partons. »

La voix de Carlisle résonna comme un étrange couperet et je tournai une tête surprise vers lui. Dieu avait-il entendu mes prières ? Les scénaristes de mon existence avaient-ils décidés de m’accorder ce rebondissement tant espéré jusque là ? Je sursautai et n’eu que le temps d’ouvrir la bouche lorsque je remarquai la présence rapproché d’Indiana dans mon champ de vision. Qu’est-ce que… Est-ce qu’elle venait de… Je me levai d’un bond quand sa main se retira de la nuque de Carlisle et reculai sur le côté du canapé, effaré. C’était quoi ça encore ? c’était quoi le délire là ? On avait plongé dans la quatrième dimension ou bien ? Depuis quand est-ce qu’ils s’attaquaient entre eux aussi ouvertement ? La rousse avait l’air furieuse mais ce n’était rien à côté des yeux de son frère… Et de la rage qui tordait mes entrailles. Venait-elle de l’empoisonner ? De le condamner ? Je la tuais tout de suite ou maintenant ?

Je tenais notre fille contre moi, éloignée des harpies et de ce carnage. Qu’est-ce qu’il était en train de se passer ? Pourquoi est-ce que… Mon regard passait de l’un à l’autre, de la question qu’Indiana répétait à Carlisle qui la foudroyait. Il semblait lutter contre quelque chose, les muscles tendus de sa machoires refusaient de dire tout ce qu’il aurait pu vouloir leur balancer. S’il avait besoin d’aide pour les insulter j’étais disponible ! Mais j’avais Tasha qui se mit à couiner contre moi et je baissai les yeux pour la bercer. Chhh… Doucement… Ce n’était pas grave. Enfin, si, mais il ne fallait pas lui dire.

« La seule personne que j’ai su aimé d’un amour plus fort que celui que j’éprouve pour vous. »

Qu… Quoi ? Comment ? Il venait de… Est-ce qu’il venait vraiment de dire qu’il m’aimait ? Pire, plus qu’elles réunies ? Attendez, pause, qu’est-ce qu’il venait de se passer très exactement ?! c’était l’instant révélations fatales ? Ca voulait dire qu’on arrivait à la fin de la saison et que l’épisode allait se terminer sur un cliffangher de fou ? J’eu un frisson, déglutissant en essayant de réfléchir à toute allure… Et c’était pas un exercice facile. Dans les films ils parviennent toujours à trouver des méga solutions en disant ça, mais moi je me voyais juste campé sur mes deux jambes, un bébé dans les bras et deux ennemis à abattre nous séparant de la sortie. On était dans la mouise. La super mouise. Je me doutai que ça allait dégénérer mais aussi vite et aussi rapidement ça tenait du miracle. Je n’aurais pas pu espérer mieux… ou pire.

« Traître ! »

S’exclama Evanora, bondissant hors du canapé comme la furie qu’elle était. Je cru un instant qu’elle allait se ruer sur son frère mais en lieu et place elle tira le tiroir d’un petit secrétaire posé contre le mur et en sorti… C’était une arme ça ?! Une vraie de vraie ? Non mais, elle était malade ?! Elle défit la sécurité, enclencha le cran de sûreté et jeta un regard acide à Carlisle.

« Comment tu as pu nous faire ca ? Nous te faisions confiance. Je TE faisais confiance ! »

Sa voix était larmoyante. Encore un peu et j’aurais sorti les mouchoirs… Mais je détestais les armes à feu. Je les abhorrais et j’en avais accessoirement une peur bleue. Le sang quitta mon visage pour filer dans mes jambes quand je vis le canon se tendre au bout de son bras et constatai qu’elle pointait l’arme non pas sur son frère mais sur… Moi. Moi. Moi et… Tasha. Elle était en train de…

Je ne réfléchis pas. Il y a des fois, comme ça, où l’instinct prend le dessus. D’ordinaire je lui aurais sans doute bondit dessus ou je serais resté immobile pour éviter qu’elle ne vise Carlisle. Mais pas cette fois. Cette fois j’avais ma fille dans les bras et mon sang ne fit qu’un tour. Elle menaçait un bébé. Elle menaçait ouvertement mon bébé, le nôtre, et je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Impossible. Impensable. Mon corps bougea sans même que je ne lui en donne l’ordre et je bondis sur le côté, serrant de toutes mes forces le corps de la petite fille contre moi. Recroquevillé pour la protéger, je disparu dans le hall d’entrée sans attendre mon reste, ouvrit la porte à toute allure et me précipitai au dehors. Je n’avais qu’une idée en tête : mettre le plus de distance entre ces folles et nous.

Ce n’est qu’une fois assis sur le sol contre la portière de la voiture, Tasha geignant contre moi, que je me rendis compte que Carlisle était resté à l’intérieur. Le souffle court, essoufflé et haletant, je fermai les yeux en cognant mon crâne contre le metal de la voiture. Quel imbécile. Je l’avais laissé derrière ! Je devais y retourner ! Je devais… Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas retourner là-dedans. Je ne pouvais pas exposer notre fille à nouveau à une menace aussi fatale qu’une arme à feu. Evanora était une grande cinglée, bonne à enfermer. Quant à Indiana… Je déglutis, cherchant à arrêter de trembler pendant que j’attrapai fébrilement la poignée de la portière. Ouvrir la voiture. Des gestes mécaniques. Des gestes en pilote automatique. Poser Tasha dans son siège. A l’abri. Dans la voiture blindée. Dans l’audi de sécurité. Verrouiller sa ceinture. Elle pleurait mais je ne l’entendais pas vraiment, plutôt un sifflement sourd dans mes oreilles. Je murmurai quelque chose mais je ne m’entendis pas non plus.

Je reculai et refermait la portière. Je devais y retourner. Je devais aller chercher Carlisle. Je m’étais de nouveau engagé sur le chemin et je venais de monter trois des marches lorsqu’il apparu à l’embrasure de la lourde porte d’entrée. Essoufflé, lui aussi, portant les sacs et ma parka rouge. Je ne comptai pas, ignorant s’il possédait toutes nos affaires ou non. Je vis un bouquet de fleur jeté sur le sol derrière lui. Je ne vis pas ses sœurs. Je ne vis pas ce qu’il se passait derrière. Je croisai simplement son regard au-dessus du mien et, dans un geste spontané, je saisis le bas de sa veste pour le tirer vers moi.

« Carlisle... Viens ! »

Partir. Nous devions juste… Partir. Il dit quelque chose mais le sifflement le couvrit. Me poussant en arrière il m’entraîna vers la voiture et je me dépêchai de rejoindre le siège passager. Tasha était toujours là. Tasha pleurait mais elle était là. Je bouclai ma ceinture. Automatisme, encore. Inquiétude. Livide, comme le ciel gris qui menaçait de pleuvoir son orage depuis que nous étions arrivés. J’avais les poings serrés sur mon jeans. Je tremblai. Je tremblai beaucoup trop.

Mais je ne m’en rendis compte que lorsqu’il posa sa main pour enserrer l’un d’eux, dans une chaleur si vive qu’elle me brûla aussi bien la peau que l’âme. Le portail fut franchi. La route fut rejointe. Et je ne jetai même pas un regard en arrière. Je ne voulais plus jamais revoir ce manoir.

Plus jamais.
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________________________________________ 2017-11-12, 10:55

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Tell the truth, dare at least.

Dès qu’Avie prit son arme, les choses échappèrent à son contrôle. Le réflexe d’Antropy fut aussi vif que celui de Carlisle, qui s’interposa entre la porte par laquelle il s’échappa et le canon de l’arme de sa sœur, qui ne le baissa pourtant aucunement. En d’autres temps, elle aurait aussitôt abaissé son arme, incapable de menacer son frère mais il les avait trahit. Il avait osé proférer de telles paroles. Et sa main tremblante était n’était que l’assurance de sa colère. Et de sa peine.

-Carlisle... murmura-t-elle d’une voix tremblante malgré tout.

-Je t’interdis de menacer ma fille Evanora.

Sa voix tomba comme un couperet et le visage d’Avie perdit toute contenance. A cet instant, Carlisle fut certain qu’elle pouvait aussi bien lui tirer dessus. Pas nécessairement en plein coeur mais au moins dans l’épaule. Pour lui faire mal. Autant qu’il lui en faisait. Autant qu’il leur en faisait.

-Avi...

Il ne put continuer sa phrase, tant la gifle que lui asséna Indiana fut forte. Sa tête partit même sur le côté, sa bouche s’entrouvrant sous le choc.

-Traitre ! hurla-t-elle en revenant l’empoigner par le col, le fusillant du regard. Immonde traitre ! Comment oses-tu ?! Comment as-tu pu ?! Tu n’es qu’un traître, qu’un immonde sodomite !

La violence de ses traits étaient aussi dur que la détresse de son regard. Indiana ne pleurait que rarement, mûe d’une force implacable qui lui permettait de tout affronter. Mais pas cela. Pas la trahison de son frère, pas alors même qu’il se trouvait devant elle. Ses mains sur son col serrèrent avec plus de violence encore, allant jusqu’à appuyer pour le faire reculer.

-Tu le choisis lui ! Tu le choisis face à nous! Comment as-tu pu Carlisle , comment ?! Tu n’es qu’un immonde menteur, une charogne ! Je te hais !

Le coeur de Carlisle se serra, tentant d’attraper les poignets de sa sœur, mais celle-ci recula vivement, comme dégoûtée de son contact.

-Cela ne signifie pas que je ne vous aime plus ! Je vous aime ! Je vous aimerai toujours ! Vous êtes mes sœurs pour l’amour des Diables!

-Sort de cette maison ! Sort d’ici ! Tu n’as rien à faire ici ! Tu n’es plus des nôtres ! Va-t-en ! hurla-t-elle, saisissant l’un des vases pour le fracasser contre le mur derrière lui.

-Indiana, arrête!

Elle eue un hurlement décharné, avant de se ruer sur lui, les mains tendues vers sa gorge. Rapidement, il lui saisit les poignets, la désarçonnant avant de l’enserrer entre ses bras, dos à lui. Indiana se mit à ruer, en hurlant comme une louve blessée et Carlisle enfouit son visage contre son cou.

-Je t’en supplie Indiana, arrête… Tu es ma sœur. Je t’aime. Je t’aimerai toujours.

-Va-t-en !

A nouveau, elle rua, ses pieds quittant le sol pour mieux le faire perdre prise, avant de tout bonnement le frapper au niveau de l’abdomen. Le souffle coupé, Carlisle ne put que la relâcher, se redressant au bout d’un instant pour lui faire face. A cet instant, Indiana représentait les Furies. Les Sirènes. Lady MacBeth. Elle était royale dans son échevellement, dans son souffle court, dans son regard incendiaire. Elle était magnifique dans sa colère. Et cela ne le blessait que plus encore.

-Ne reviens jamais ici ! Je suis l’héritière des Evils, ce Manoir me revient et je t’interdis d’y remettre les pieds ! Traitre !

Malgré lui, Carlisle se sentit profondément blessé, brisé de se voir ainsi rejeté par sa sœur. Sa grande sœur. Celle qu’il avait juré de défendre toute sa vie et qu’il venait de bafouer. Juré d’aimer et qu’il venait de répudier. Les Evils n’oulbliaient jamais. Surtout pas Indy… D’un regard, Carlisle fixa Avie, dont l’arme était toujours entre ses doigts tremblant. Elle aussi pleurait mais son visage était bien différent de celui d’Indy. Ce n’était pas la colère qui déformait ses traits, mais la douleur. Si Indiana le haïssait, Avie elle souffrait de sa décision.

Mais était-ce vraiment une décision ?

Indiana eue un autre hurlement, saisissant le bouquet qu’il avait apporté pour le lui jeter à la figure et cette fois, Carlisle parvint enfin à se mouvoir. En quelques gestes rapides, il attrapa les affaires qui lui appartenait, et sans un regard, il se détourna pour sortir de la pièce. Derrière lui, il entendit de nouveau cris, de nouvelles insultes, mais il se refusa à les écouter. C’était beaucoup trop dur. Beaucoup trop violent.

Traverser le couloir lui prit quelques secondes, se retrouver face à Antropy aussi. Descendre l’escalier et reprendre sa place dans la voiture noire. Il jeta malgré tout un regard vers le siège auto à l’arrière, où Tasha pleurait à chaudes larmes. Entendre sa fille pleurer lui permit de trouver la force de démarrer. De fuir, tout simplement. Il n’avait pas d’autre choix, pas d’autres mots pour qualifier cela. Il fuyait les seules personnes qu’il avait jurer de protéger. Il fuyait la seule demeure qu’il avait jamais connu.

Avant lui. Avant le petit rouquin assit à ses côtés et qui tremblait comme un enfant. Le geste vint de lui même, saisissant l’un de ses poings pour le serrer entre ses doigts. Traître ou non, Carlisle demeurait un homme de paroles. Il protégerait sa famille. Même si ce mot devait revêtir une marque de pluriel désormais…

Le retour à l’appartement se fit dans le plus grand des silences, ponctué des cris de Tasha, que ni l’un ni l’autre ne parvinrent à apaiser. Elle ne se calma d’ailleurs pas lorsqu’ils finirent par entrer dans l’appartement, Antropy tremblant toujours comme une feuille, et Carlisle finit par la prendre, s’installant dans le grand canapé pour la placer au niveau de sa gorge, en lui marmonnant du Bach. C’était en général le dernier recours, Carlisle se refusant à prendre une place qu’il ne considérait comme légitime. Après un instant, elle finit par s’apaiser, se contentant de chouiner de temps à autre. Alors seulement, il parvint à relever les yeux vers Antropy

-Il faut qu’elle mange, fit-il d’une voix blanche.

Toujours debout près du comptoir, Antropy acquiesça, l’air de soudain se réveiller d’un horrible songe. Se tournant vers le réfrigérateur, il effectua des gestes mécaniques pendant que Carlisle continua à bercer leur fille, qui s’agrippa à son index.

-Ne t’en fais pas, murmura-t-il, plus pour lui même. Je te protège.

Quelques minutes encore, perdues dans un silence morne, avant qu’Antropy ne vienne s’asseoir à son tour, et que Carlisle la lui tende.

-Je ne suis pas son père, finit-il par avouer quand il voulu l’empêcher de le faire. Ce n’est pas à moi de le faire.

Aussitôt Antropy baissa les yeux, et Carlisle ressentit un autre violent coup de poignard en plein coeur.

-Je ne suis pas légitime, expliqua-t-il, forcé. Ces gestes sont importants, ils créent un lien affectif avec l’enfant, je n’ai aucun droit légitime de te demander cela alors que je me suis contenter d’acheter son identité!

Malgré lui, il se pinça l’arrête du nez, poussant un immense soupir.

-Je t’en prie. Cela me met mal à l’aise de prendre un rôle qui te revient...

Lentement, il rouvrit les yeux, lui confiant Tasha malgré sa moue penaude.

-…. Indiana m’a inoculé un sérum de vérité, expliqua-t-il finalement, lorsqu’Antropy se mità nourrir Tasha, qui en sembla ravie. Son effet durera entre dix et douze heures. Je… vais devoir rester ici pendant tout ce temps, il y a trop de risque pour moi. Comme pour toi...

Comme pour la moitié de la planète également...
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