Un enfant, ça vous change la vie. Et le corps, sauf qu'on omettait souvent de vous préciser ce dernier point. Si la prise de poids n'était que temporaire, la grossesse vous parait à jamais d'abominables vergetures. Et marquées comme elles l'étaient, il n'y avait pas de doute : les cuisses d'Anastasia se souviendraient longtemps d'avoir porté Abigaëlle. Leur propriétaire aurait préféré un souvenir mon disgracieux. Elle qui n'avait jamais complexé particulièrement sur sa physionomie avait subitement décidé de détester cette partie de son corps et se demandait parfois ce qu'en pensait Dimitri. Il avait certes été absent quelques mois après la naissance mais il n'était pas aveugle : il avait vu le corps de sa dulcinée changer pendant la grossesse et était un bien trop fin observateur pour ne pas voir les stigmatiques qu'il portait encore. Même s'il ne disait rien. Même s'il lui faisait l'amour avec la même passion, la même ferveur. Et même si Anya se déshabillait volontiers devant lui, dans ses sous-vêtements noirs en coton qui n'avaient rien de spécial. Mais à ce propos non plus, il ne disait rien. D'ailleurs, Anastasia n'était pas spécialement aguicheuse. Pas par ces biais, du moins.
Alors pourquoi se trouvait-elle devant cette boutique au nom farfelu ?
Sexy Bunny, lisait-on dans une police fantaisiste sur la devanture du magasin de lingerie. La jeune femme fit la moue, sceptique. N'était-ce pas un peu sexiste, ce nom ? Ou ridicule ? En tout cas, les sous-vêtements exposés en devanture de la boutique n'avaient rien de ridicule ou de fantaisiste. Ils étaient élégants, leur coupe était soigneusement étudiée et taillée dans des tissues de qualité. De la dentelle. De la soie.
Anastasia observait la vitrine depuis suffisamment longtemps maintenant pour pouvoir en réciter l'exacte disposition les yeux fermés. Elle n'avait plus acheté ou même songé à acheter de la lingerie depuis sa grossesse, quand il avait fallu en changer pour des raisons évidentes. La jeune femme n'achetait pas souvent de vêtements, pas pour elle, du moins. Abigaëlle, qui grandissait tous les jours, en avait besoin. Elle non. Mais peut-être que de la lingerie fine pourrait émoustiller Dimitri ?
Anya baissa la tête, songeant à sa petite culotte noire et à son soutien-gorge dépareillé. Du moment que les vendeuses n'avaient pas de rayons X à la place des yeux, ça irait sans doute. Inspirant profondément, elle poussa la porte et pénétra dans la boutique, accueillie par les sourires avenants de deux vendeuses. La rouquine le leur rendit vaguement puis se dirigea vers un portant, prenant l'air de flâner. A la vérité, elle n'en menait pas large et retenait déjà un profond soupir ainsi que ses jambes qui rêvaient de l'emmener loin d'ici.
Quelle idée stupide, songea-t-elle en roulant des yeux, farfouillant dans un portant pour se donner l'air occupé et avoir le temps de réfléchir. Les sourcils légèrement froncés, c'est à peine si Anastasia prêtait attention aux vêtements qui passaient entre ses doigts ou encore à son environnement. Aussi elle ne vit pas tout de suite la jeune femme à côté d'elle et sursauta légèrement en se rendant compte de sa présence.
- Hein ? Quoi ? Vous avez dit quelque chose ? Je peux vous aider ? bredouilla la jeune femme, prise au dépourvu.
Elle avait horreur de ça. Et des boutiques. Elle avait l'impression d'avoir pris la plus mauvaise décision qui soit et se sentait stupide. Incroyablement stupide. Dimitri n'avait pas besoin qu'elle porte de nouvelles culottes. Et ces nouvelles culottes, en plus d'être chères, ne masqueraient pas ses vergetures. Ni sa cellulite.

Underneath your clothes, there's an endless story x ft. Caitlin & Anastasia

Caitlin avait beaucoup à faire en cette matinée. Notamment faire l'inventaire de ses pièces et de ses tissus pour être sûr de ne pas être à court. Elle avait beaucoup de commande, comme si ce qu'il y avait sur les portants ne suffisaient pas. Mais elle aimait ça, donc ça ne la gênait pas tant que ça finalement. C'est pour cela que Cait' arriva tôt à la boutique, elle n'allait pas ouvrir tout de suite, mais il fallait qu'elle fasse ce qu'il fallait pour que les clients trouvent leur bonheur et surtout il fallait qu'elle mette en rayon les nouvelles créations qu'elle avait fait dans le mois. Il n'y avait pas encore toutes les tailles, mais elle savait qu'elle pourrait toujours les faire plus tard. Mais l'important dans la réussite de la blonde, c'était que rien n'était éternel, tout était limité à trois exemplaire par taille. Sauf pour les sous-vêtements dans le catalogue. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle avait souvent du monde dans la boutique, surtout le week-end. Alors une fois arrivée à la boutique, elle rejoignit son bureau et fit l'inventaire du tissus, faisant une liste de ceux qu'elle devait racheter. Puis elle rangea les pièces nouvelles et enfin, elle alla regarder si tout était en ordre dans les rayons. Elle aimait faire ça avant l'arriver de ses employées, ça lui permettait de se sentir chez elle avant une journée éprouvante. Depuis qu'elle avait changé la déco du magasin, elle avait tous les vêtements soft en bas et en haut était séparé les cabines et un espace coquin. Dans cet espace, il y avait toutes les tenues pour une petite surprise pour son ou sa chérie. Parce que la jeune femme ne faisait pas que du féminin bien sûr. Alors elle regarda tous les rayons et quand les filles arrivèrent, elle les accueillit avec le sourire. Depuis quelque temps, elle avait apprit à ne plus avoir peur des autres et de ce qu'ils pourraient lui faire, mais de laisser les choses aller. D'être méfiante sans pour autant être agressive.

Salut les filles, je vous laisse gérer la boutique, si vous avez besoin de moi, je suis derrière en train de faire les commandes.

La blonde s'enferma dans l'arrière-boutique et s'installa face à son ordinateur pour passer les commandes de tissus qu'elle voulait et ensuite regarder les nouveaux tissus qu'il avait reçu. Elle pourrait peut-être avoir de l'inspiration pour ses prochains modèles ? Après quelques cliques, elle sortit sa carte bancaire et paya. Maintenant qu'elle avait tout géré que ce soit au niveau de l'organisation, des courses et des recettes de la veille, elle pouvait se permettre de créer un peu. Alors qu'elle était plongée dans la conception d'un ensemble saillant sans rien de vulgaire, juste assez sexy, sa vendeuse la dérangea. Caitlin se tourna vers elle et lui demanda de ce qu'il y avait d'un haussement de sourcils.

-Une cliente ! Je pense que tu seras plus apte à l'aider que nous.
J'arrive tout de suite !

La blonde rangea correctement dessins, patrons et tissus puis se dirigea vers la boutique ou une jeune femme rousse était en train de regarder les affaires qui se trouvaient à porté de main, sans vraiment les regarder. Silencieusement, elle se dirigea vers elle et se posa à quelques centimètres en lui demandant si elle pouvait l'aider. Un petit rire la secoua quand la femme lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour elle.

Je pense que c'est à moi de vous demander ça. Je m'appelle Caitlin Richardson, je suis la propriétaire et la créatrice. Vous avez une envie particulière ?

Elle lui sourit gentiment, se mettant au travail dans sa tête. Elle était déjà en train de voir ce qu'elle pourrait lui proposer dans ses différents rayons.

(c) crackle bones

Anastasia cligna plusieurs fois des yeux, le temps pour son cerveau de faire le point. Puis elle secoua la tête, agacée de se trouver si empotée dans cette boutique mais parvint à se fendre d'un sourire qui ferait l'affaire.
Caitlin Richardson. Propriétaire et créatrice, nota-t-elle mentalement en opinant légèrement tandis qu'elle découvrait réellement pour la première fois la jeune femme qui s'adressait à elle.
Elles devaient avoir sensiblement le même âge et la jeune femme semblait avenante. Il était même possible qu'elle soit sincère dans son envie de l'aider, au-delà de la rentrée d'argent que les potentiels achats d'Anya représentaient. La jeune femme blonde était aussi indéniablement plus apprêtée que la rouquine, dans son jean banal et sa marinière classique - qu'elle aimait bien, cela dit. Mais à la réflexion, elle n'était peut-être pas le genre de cliente qu'on s'attendait à voir dans cette boutique.
- Anastasia Romanov, se présenta-t-elle machinalement avant de réaliser que les clients n'étaient pas dans cette obligation.
Anya aurait pu se contenter d'un sourire enchanté. La propriétaire, c'était différent. Elle créait elle-même ce qu'elle vendait, elle avait sans doute besoin de faire connaître sa marque. C'était légitime.
- Une envie particulière ? Je... Non... non, pas vraiment, soupira Anastasia, les bras ballants le long de son corps.
Mais qu'est-ce que je fous là, sérieusement ? songea la jeune femme.
Elle aurait dû emmener Abigaëlle. Sa présence l'aurait distraite. Elle aurait pu passer ses doigts dans les boucles rousses de la petite fille au lieu de bêtement se demander quoi en faire. Faute de mieux, Anastasia replaça une mèche derrière son oreille et laissa son regard vagabonder alentours.
- Je ne sais pas pourquoi je suis venue, lâcha-t-elle brutalement. Je suis désolée. Je vous fait clairement perdre votre temps. Tous ces... trucs. C'est joli, hein. Vous méprenez pas. Vous avez un certain don ou un don certain mais... enfin regardez-moi ! Est-ce que j'ai l'air de porter de la lingerie fine comme ça ? Je ferais mieux de m'en aller avant de passer pour une espèce de tarée qui s'assume pas. La femme sexy et aguicheuse, c'est juste pas moi. C'est une autre personne. Je... bonne journée.
Après un instant d'hésitation, Anya se mit alors en tête de regagner la sortie au plus vite, mais lentement. Dieu merci, la boutique était presque déserte en dehors du personnel. Avec un peu de chance personne ne se souviendrait de son passage au Sexy Bunny et ce serait tant mieux. Néanmoins, elle ne prendrait littéralement ses jambes en courant qu'une fois dehors. Et Dimitri ne saurait jamais qu'elle avait vaguement songé à être plus séduisante là en-dessous. De toute façon, elle n'avait pas de comptes à lui rendre sur ses allers et venues. Elle était moderne, libre et indépendante - quoique sévèrement entichée de lui.

Underneath your clothes, there's an endless story x ft. Caitlin & Anastasia

La femme lui répondit et la blonde lui sourit, ce n'était pas tous les jours qu'une cliente lui donnait son nom dès sa première venue. Alors, elle se rapprocha d'elle pour écouter sa réponse. Elle n'avait pas d'envie particulière pourtant la blonde savait que rien n'arrivait par erreur, si elle était entrée ici, c'était pour une raison, même si elle pensait le contraire ! Avant qu'elle n'eut passé la porte, la jeune femme la rattrapa. Ce n'était pas pour la forcer à acheter quelque chose mais pour répondre à ce qu'elle venait de dire.

Vous vous trompez vous savez ! Ici ce n'est pas une boutique seulement pour ceux qui veulent aguicher leur mari ou leur copain ou peut importe. La lingerie que je fais elle est créer pour se plaire d'abord à soi-même.

Elle lui prit la main et l'amena vers le fond du magasin ou se trouvait les cabines d'essayage. Elle allait lui montrer que certain n'était pas du tout fait pour séduire, mais seulement pour se plaire. Alors elle enleva son haut et lui montra le soutien-gorge qu'elle portait quelque chose de simple en dentelle noir et très très confortable.

Je ne suis pas parfaite, mais ça ne m'empêcher pas d'avoir envie d'être belle et de plaire un peu. Que ce soit pour quelqu'un que je connais ou que je vais rencontrer.

Elle remit son T-shirt et lui sourit. Puis elle s'approcha d'elle en la détaillant, si une ou deux fois le tour de sa personne et rejoignit un rayon sur sa gauche. Elle sortit deux soutien-gorges et lui montra. Ils étaient simple, l'un en dentelle, l'autre encore plus simple mais d'une couleur un peu plus pêchu.

Je fais des trucs très simple, au très compliquer ou alors quelque chose pour les personnes qui veulent quelque chose de très aguichant. Je fais ce que les clients veulent aussi, il m'arrive de faire des créations exclusives pour celles qui le veulent et le prix reste le même.

Elle montra un des dessins qu'elle avait épinglé sur le mur près des cabines pour qu'elle fois ce qu'elle pouvait faire d'autre pour les commandes.

Ce que je veux vous faire faire, ce n'est pas d'acheter, mais de ne pas vous voir comme quelqu'un de moche et j'en passe. Il faut juste que vous vous sentiez bien et femme, peut importe ce que vous mettez. Après que ce soit pour vous ou pour votre homme, c'est comme vous voulez, mais avant tout, ça doit vous plaire à vous.

(c) crackle bones

La propriétaire et créatrice était une jeune femme réactive qui ne se laissa pas surprendre par la fuite d'Anastasia mais la rattrapa rapidement. Peut-être qu'en tant que vendeuse de lingerie fine elle était habituée à ce genre de réactions et de pudeurs... Anya n'avait pas spécialement envie de réfléchir à la question. Elle se sentait observée, pire, dévisagée par les autres vendeuses et n'aimait pas du tout l'idée. D'ordinaire confiante et téméraire, la rouquine se trouvait mal à l'aise et vulnérable. Ca non plus, ça ne lui plaisait pas. Ca, ce n'était pas elle. Pas vraiment. N'est-ce pas ? Voilà qu'elle commençait à en douter... Si elle avait pu, elle se serait donné des baffes. Mais parce qu'elle n'avait pas envie de se donner en spectacle, elle se contenta de secouer la tête pour faire place nette dans son esprit pendant que Caitlin l'entraînait à l'arrière de la boutique.
Ouf. Peut-être que ce supplice social allait bientôt s'arrêter, songea Anastasia, anxieuse, en se laissant faire. Ce n'était pas réellement dans ses habitudes mais elle avait transgressé tellement d'habitudes en cette seule journée qu'elle n'était plus à ça près.
Elle se mordit la lèvre inférieure, méditant les paroles de la créatrice. Des dessous d'abord pour se plaire à soi... Machinalement, Anastasia regarda ses cuisses, se demandant s'il était réellement possible d'encore les aimer. Ou les trouver plaisantes, à défaut.
Et quand elle releva les yeux, Caitlin Richardson avait retiré son haut pour lui montrer son soutien-gorge noir en dentelles.
OK...
Anya écarquilla les yeux, surprise. Maintenant elle comprenait un peu mieux pourquoi la propriétaire l'avait éloignée de la vitrine...
- Vous n'allez pas me demander de faire pareil pour qu'on compare nos soutifs, hein ? demanda-t-elle, méfiante. Même s'il vous va bien, c'est... indéniable, termina Anastasia, soulagée de voir qu'elle se rhabillait.
Ouf. Pas de culotte en vue. Ni de string.
Caitlin connaissait indéniablement son métier et avait su choisir ce qui la mettait en valeur - pour le peu qu'Anastasia en avait vu. Et quand la créatrice commença à lui tourner autour, la jeune russe ne put s'empêcher de penser à une autre rencontre, plus ancienne, cette fois.
Dimitri. Evidemment. Le vautour qui l'avait examinée sous toutes les coutures pour faire d'elle sa fausse Anastasia Romanov qui allait s'avérer être la vraie. Anya esquissa un sourire nostalgique à cette pensée, si bien qu'elle prêta à peine attention à Caitlin, ce qui était sans doute une bonne chose. Elle détestait avoir l'impression d'être un animal de foire qu'on ausculte.
Puis Caitlin s'en alla, donnant à Anastasia le temps de consommer ce doux souvenir puis de reporter son attention sur le nœud du problème : les sous-vêtements. Et ce que racontait la créatrice avec son air bienveillant et encourageant. Soit elle était incroyablement sincère, soit elle était la meilleure commerciale au monde.
- Ce que je veux vous faire faire, ce n'est pas d'acheter, mais de ne pas vous voir comme quelqu'un de moche et j'en passe. Il faut juste que vous vous sentiez bien et femme, peu importe ce que vous mettez. Après que ce soit pour vous ou pour votre homme, c'est comme vous voulez, mais avant tout, ça doit vous plaire à vous.
Peut-être pas si douée que ça, nota mentalement Anastasia en fronçant les sourcils.
- Je ne me trouve pas moche, ne put-elle s'empêcher de répliquer, sur la défensive à nouveau, un peu vexée, sans doute aussi. Je ne suis juste pas le genre de femme qui achète des sous-vêtements pour autre chose que les porter parce qu'il faut en porter et en porter des confortables si possible.
Anya soupira et se laissa tomber sur l'un des sièges prévus pour les clientes.
- J'imagine que maintenant que je vous ai vu en sous-vêtements on peut se considérer comme des confidentes... Alors voilà le truc : je suis une princesse et je devrais probablement porter autre chose que des jeans et des marinières mais... j'aime être simple. Je me sens bien comme ça. Je me sens femme et tout ce que vous voulez et j'ai fait à peu près tout ce qu'un corps de femme peut faire. J'étais venue dans l'idée d'acheter quelque chose de nouveau, pour une fois. Il paraît que ça se fait. Mais quand je vois ce que vous vendez... ça a beau être joli, je ne suis vraiment pas certaine que mes cuisses pleine de vergetures sauront leur faire honneur. Vraiment. C'est pas contre vous, vous avez des idées, c'est certain. Du talent aussi, sans doute, je suis pas experte. Mais expulsez donc un être vivant par votre vagin et vous aussi après vous vous demanderez si ça ressemble encore à quelque chose qui plaît.

Underneath your clothes, there's an endless story x ft. Caitlin & Anastasia

Caitlin sourit, non elle n'allait pas lui demander de se déshabiller. Sauf si l'autre le voulait bien sûr et sans ce cas, elle n'avait rien à dire. Même si les femmes n'étaient pas vraiment son truc. Elle préférait de loin les hommes aux femmes.

Non, comparé nos soutiens-gorges n'est pas vraiment dans mes plans, surtout que je devrais être disqualifié d'avance étant donné que j'en fais. Vous ne croyez pas ?

La blonde la remercia d'un sourire à son compliment. Puis elle fronça les sourcils quand l'autre femme entendit un reproche dans son argumentation. Ce n'était pas le cas bien sûr, mais la femme ne pouvait pas le savoir. Elle l'écouta parler et s'assit sur l'autre fauteuil. Elle fit aussi signe à ses vendeuses de ne surtout pas les déranger.

Ce n'était pas une critique ! Moi aussi j'ai des moments ou je ne me sens pas bien dans ma peau. Mais avoir un beau sous-vêtement me permet de me sentir belle moi-même sans passer par l'intermédiaire de quelque chose ou de quelqu'un.

Elle voulais lui montrer ou plutôt lui faire comprendre que être belle passait d'abord devant ses yeux avant de passer dans les yeux de quelqu'un. Alors Caitlin regarda ses mains et quand elle releva les yeux, se fut pour sourire.

Vous avez donné la vie, c'est la chose la plus merveilleuse qui puisse arrivée. Vous devriez être fière de ce corps qui a donner vie, plutôt que de le détester d'une manière ou d'une autre à cause des marques qu'il a. J'ai des marques aussi, des marques qui sont bien moins glorieuses, mais ce n'est pas pour ça que je cache mon corps où que j'en ai honte. Je me dis au contraire que je dois montrer que mon corps ne plaira qu'aux personnes qui m'apprécieront vraiment où qui comprenne que la vie n'est pas toute belle.

Puis elle fit un geste de la main vers la femme.

Votre conjoint vous aime comme vous êtes, non ? Alors si vous n'avez pas confiance en votre corps, au moins faites confiance aux yeux de votre mari. S'il montre qu'il vous aime toujours autant, si ça se voit dans ses yeux alors faite confiance à cette étincelle que vous voyez.

(c) crackle bones

Caitlin Richardson était disqualifiée de bien des façons. Non contente d'être la créatrice de toutes ces dentelles, elle avait l'habitude de les porter et de les aimer. Anastasia préféra ne pas en dire davantage et acquiescer d'un signe du menton pour laisser cette histoire couler comme si elle n'avait jamais été contée. La jeune femme russe n'en revenait pas de discuter de petites tenues avec une quasi-inconnue. C'était tellement... surréaliste, tellement éloigné de ses habitudes. Anastasia en vint presque à se demander si c'était bien elle, dans cette boutique, assise sur ce fauteuil avec cette femme en face d'elle et ces projets d'achats.
Et pourtant...
Anya l'écoutait poliment, se demandant comment on pouvait effectivement se sentir bien par le simple fait de porter telle ou telle culotte. La jeune femme n'avait jamais envisagé les dessous que comme quelque chose qu'il fallait porter par convention pour maintenir tout en place et qu'il était plaisant de retirer avec un sourire entendu en coin au moment opportun. Mais manifestement, les culottes étaient autrement plus importantes pour d'autres femmes. Anya essayait de ne pas juger. La rouquine observait la créatrice d'un air circonspect, la laissant aller au bout de son idée ou de ses commentaires. Des fois que. Elle était peut-être sceptique mais elle voulait tout de même croire que quelque chose d'enrichissant pouvoir ressortir de cette expédition au milieu des dessous féminins. Vu ce qu'il lui en coûtait, ce serait bien le minimum qui pourrait lui arriver.
Le discours de Caitlin était bourré de bonnes intentions et de belles paroles pleine de positivisme. Ca non plus ce n'était pas quelque chose dont Anya avait l'habitude. Elle en vint même à se demander si elle n'avait pas affaire à une princesse Disney - ou une princesse tout court. Pas Blanche-Neige, assurément. Anastasia connaissait déjà Blanche-Neige et la savait moins blonde et plus amochée par la vie. La Belle au bois dormant, peut-être, alors ?
Anastasia chassa cette pensée, méditant les paroles positives de Caitlin, qui qu'elle ait bien pu être dans son autre vie.
Elle était fière d'avoir mis Abigaëlle au monde. C'était sans doute son plus bel accomplissement et certainement pas le plus facile. Si la grossesse n'avait pas été compliquée sur le plan médical, elle l'avait été sur le plan personnel. Et bien que rien n'ait été du fait d'Anya, elle avait quand bien même dû composer avec les aléas de sa vie privée qui se délitait peu à peu. Dimitri ne voulait pas être papa quand elle aimait déjà cette petite crevette qui grandissait en elle plus que sa propre vie. Dimitri s'éloignait de la petite famille qu'elle essayait tant bien que mal de fonder. Les cauchemars se faisaient de plus en plus fréquents, comme pour la mettre en garde contre un danger imminent. Au final, quand la délivrance était enfin arrivée, la jeune femme s'était demandée si elle était effectivement capable de mettre un bébé au monde.
Il s'était avéré que c'était le cas, Anastasia en était parfaitement capable, tout comme il s'était avéré que Dimitri était en mesure d'embrasser ses responsabilités ainsi que les conséquences de ses actions. Pour le meilleur et surtout pour le pire...
Contre toute attente, Anastasia savait que si les choses étaient à refaire elle les referait exactement dans le même ordre car rien ne lui paraissait plus doux que le sourire d'Abigaëlle. Son bébé l'avait marquée à vie, plus profondément que n'importe quelle cicatrice. Et pour elle, la jeune maman aurait accepté les cicatrices les plus profondes.
Ce qui ne l'empêchait pas de préférer ne pas montrer ses cuisses en dehors de la maison.
Anya ne put retenir le gloussement que provoqua en elle la conclusion pleine de bons sentiments de Caitlin. "L'étincelle que vous voyez"... Un vrai conte de fées quand le sien, il n'y a encore pas si longtemps, était plutôt macabre.
- J'y penserai, reprit-elle en reprenant son sérieux, car après tout, Caitlin ne cherchait qu'à lui redonner confiance. Merci pour vos gentils conseils et... encouragements, ajouta-t-elle poliment. Vous vous donnez beaucoup d'efforts. Alors soit vous êtes réellement une très gentille personne, soit vous pensez au chiffre que vous pourriez faire en me convainquant d'acheter et, si c'est la deuxième option, vous êtes franchement bonne actrice, peut-être même la meilleure... Mais je préfère croire à l'option une. Vous devez être une princesse Disney, je vois que ça, décréta Anastasia, sûre d'elle en plantant ses yeux aciers dans ceux de Caitlin. Y a que les princesses qui parlent comme ça. Ou les fées.
Elle n'avait jamais craint de regarder les gens droit dans les yeux. Elle n'assumait peut-être pas totalement ses cuisses et ne se mettrait probablement jamais en bikini, mais elle assumait et revendiquait tout ce qu'elle pensait. A ses yeux, c'était autrement plus important que les culottes et les soutiens gorge.
- Et comme je suis de toute façon ici... allez y. Que me conseillez-vous ? C'est vous l'experte, vous l'avez dit plus haut alors vous devez bien avoir une petite idée des couleurs, matières, formes et je ne sais pas quoi d'autre que j'aime et qui m'iraient ?
Anastasia était une femme déterminée qui aimait les défis et attendait de voir si Princesse Caitlin serait en mesure de relever celui-là.

Underneath your clothes, there's an endless story x ft. Caitlin & Anastasia

Raiponce écouta ce que la femme était en train de dire et leva presque les yeux au ciel, quand elle la traita de princesse. Bon dieux ça se voyait tant que ça qu'elle ne était une ? Et pourtant elle faisait des efforts pour justement ne pas être cette princesse que tout le monde s'acharnait à voir en elle. Non elle n'était pas gentille mignonne et tout ce qui est attrait à la princesse classique de base. Oui elle en avait bavé et c'était le cas dans sa vie pendant la malédiction et dans sa vie de conte. Oui elle avait trouvé l'amour et le revoici parti pour elle ne savait quel pays. En bref oui elle était une princesse, mais elle n'avait aucune envie qu'on la catégorise de la sorte. Mais la brune ne pouvait pas savoir qu'elle avait vu juste alors autant la rassurer sur son nez spécialement fin !

Effectivement je suis l'une de vos princesses disneys, je suis la princesse Raiponce, celle avec les cheveux magiques ! Mais ne vous y trompez pas, je ne suis pas si naïve que ce qu'on peut montrer de moi.

Elle croisa les bras, heureusement que peu de personne savait qui elle était, parce qu'être princesse et vendre de la lingerie fine, elle n'était pas sûre que ce soit vraiment approprié. Mais après tout qu'est-ce qu'elle pouvait en faire que ce soir approprier ou pas ? Cait' était bien passé en petite tenue dans une émission bidon donc bon. Elle s'approcha alors un peu plus de la femme tout en laissant une distance de sécurité pour ne pas la gêner. Elle n'avait pas envie de lui choisir les mauvais sous-vêtements, mais l'ennuie, c'était qu'elle avait des dizaines de choses qui pourrait lui aller et elle ne savait pas trop quoi lui laisser essayer. Après tout elle pouvait très bien essayé quelque chose qu'elle n'aimait pas au premier abord et la faire tomber amoureuse du tissu ou du vêtement tout simplement. Alors en un tour de main, elle récupéra plusieurs sous-vêtement totalement différent, pas forcément pour lui faire essayer, mais au moins pour lui montrer les différents modèles qui pourraient lui aller. Elle ne choisit pas des couleurs très excentrique, parce qu'elle sentait que ce n'était pas vraiment dans les habitudes de la rousse de se mettre en avant. Et puis surtout, ça ne risquait pas de s'accorder avec sa peau. La blonde n'alla pas non plus dans l'affriolant, mais plutôt dans du simple, à dentelle, en tulle, ou alors juste très simple avec ces imprimés.

Je préfère vous montrer tout ce que j'ai en modèle, parce que les bretelles ou les tailles ne sont pas les mêmes, alors peut-être que vous avez une préférence ? Parce que je sais que certaines préfèrent les push-up, d'autre les soutiens-gorges triangulaires. C'est à vous de voir.

Elle les étala devant ses yeux et ensuite, alla chercher le catalogue des créations uniques qu'elle avait fait. Elle pourrait aussi trouver quelque chose là dedans après tout. Et en déposant le catalogue juste à côté de la rousse, elle ne put s'empêcher de dire.

Et vous savez, mon travail marche assez bien pour que je n'ai pas besoin d'entuber les gens. Si vous ne trouvez pas votre bonheur, je ne vous forcerai pas à prendre quelque chose que vous ne voulez pas où qui ne vous irez pas. Je ne suis pas assez hypocrite pour faire ce genre de chose !

(c) crackle bones

Anastasia sourit, satisfaite. Elle était de ces personnes qui appréciaient tout particulièrement quand elles avaient raison et qui, de manière générale, considéraient qu'elles n'avaient jamais tort. Du moins, il avait toujours été difficile pour Anya d'admettre qu'elle pouvait se tromper ou juger les gens trop rapidement. Mais cette fois-ci, la question ne se posait pas puisqu'elle faisait face à Raiponce qui défendait comme elle pouvait sa réputation.
Pour avoir regarder quelques Walt Disney avec Abigaëlle, Anastasia avait effectivement constaté que les films ne dressaient pas tous un portrait très moderne de la femme. Mais Raiponce s'en tirait bien, ce qu'Anya ne manqua pas de faire remarquer. Elle était peut-être forte de caractère et un peu revêche mais elle était aussi une bonne personne.
- Vous n'êtes pas la pire et de loin, ajouta-t-elle en roulant des yeux. Eh bien... je suppose qu'entre princesses on peut se le dire... Je suis Anastasia Romanov. Mais je préfère Anya et je préfère éviter qu'on me remette une carte de membre du club des Princesses, précisa la rouquine dans un regard perçant et assuré. Et donc ces cheveux, ça donne quoi exactement ? reprit-elle quelques instants plus tard, amusée.
Tout pour ne pas parler lingerie ? En partie, oui, mais pas que. Anastasia était réellement intéressée : elle n'avait pas pour habitude de poser des questions pour le seul plaisir d'entretenir la conversation. Elle laissait cela aux autres et préférait ne parler que quand il y avait des choses à dire. Pour le reste, elle était plutôt secrète, notamment concernant son identité.
Bientôt, cependant, la réalité de l'endroit et de la raison de sa présence la rattrapèrent tandis que Caitlin proposait plusieurs modèles qui, étonnamment, étaient plutôt plaisants aux yeux de la rouquine - ce qu'elle se garda bien de formuler à haute voix, se contentant d'observer les modèles et le catalogue.
Raiponce faisait du zèle ou sortait les grands moyens. Elle était assurément motivée ou avait du temps à revendre. Anastasia doutait qu'elle accorde pareil traitement à toutes les femmes qui poussaient la porte de sa boutique.
- Les push-ups ce sera peut-être pour une autre fois. On va se contenter de dentelles. C'est bien la dentelles, répéta Anya avec conviction, plus pour elle-même, cependant, que pour Caitlin.
- J'apprécie votre honnêteté, commenta-t-elle tout de go.
La rouquine savait que les gens honnêtes ne couraient en fin de compte pas les rues.
- Pour la bonne cause, je vais essayer celui-là, reprit Anya en s'armant de motivation.
Après tout, elle était venue pour ça. Etre une femme forte, indépendante et moderne mais qui pouvait faire tourner les têtes. C'était probablement compatible. Elle l'espérait, du moins.
- En 85B, marmonna-t-elle, peu désireuse que tout le magasin en apprenne autant sur sa poitrine.
Elle aurait préféré que cette information ne soit connue que de Dimitri - si tant est qu'il ait une idée de ces choses-là. Mais puisque Caitlin avait disposé des modèles sans préciser la taille, il fallait bien aborder la question à un moment ou l'autre. Apparemment, ce moment était arrivé.

Underneath your clothes, there's an endless story x ft. Caitlin & Anastasia

Alors elle aussi était une princesse, bon peut-être pas la plus conventionnelle, mais une princesse aussi. Ça rassura immédiatement Cait de voir que les princesses n'étaient pas obligées d'être gentil, aimable et tellement naïve que ça ferait rire le bon Dieu en personne. Mais quand elle demanda à ne pas avoir la carte des Princesses, la blonde ne put s'empêcher de sourire puis de rire.

Ne vous inquiétez pas je ne risque pas de vous la donner, je n'ai pas envie non plus qu'on m'agace avec ça. Je suis une princesse ou plutôt je l'ai été, mais ce n'est pas pour ça que j'ai envie qu'on m'affiche. Et pour les cheveux ça donne ça !

Elle se mit à chantonner dans sa tête, comme elle l'avait déjà fait avec Eugène et sa tête s'illumina rapidement. Faire ça fit remonter plein de souvenir qu'elle aurait préféré oublier, mais elle fit comme si de rien n'était. Elle préférait laisser ses cheveux s'éteindre d'eux-même et garder un petit sourire sur ses lèvres.

Ils ont encore les pouvoirs, mais j'ai fait en sorte que peut de monde le sache alors si vous pouviez éviter d'en parler à tout le monde se serait sympa.

Puis la blonde retourna vers son travail, elle n'avait pas envie de forcer la main à cette femme, elle voulait juste lui prouver que les sous-vêtements pouvaient aller à tout le monde est pas seulement à des femmes bien foutues. Ce qui était ironique venant d'elle puisque les hommes qu'elle rencontrait lui faisait clairement comprendre qu'elle était bien foutue, même quand elle ne voulait en aucun cas avoir affaire avec eux. Cependant, elle était vraiment dans l'envie de montrer et non pas d'obliger à acheter. Sa boutique marchait bien alors elle n'avait aucune raison de leur forcer la main. Surtout que la période de solde n'allait pas tarder à arriver. Puis Anastasia s'arma de courage et accepta de donner son avis et sa taille. Cait lui sourit et se contenta d'aller chercher les sous-vêtements appropriés.

Je n'ai pas beaucoup de poitrine non plus vous savez et j'ai appris que même les plus petites peuvent plaire s'il y a autre chose que de l'air entre les deux oreilles !

Elle lui tendit le petit tas pour qu'elle choisisse ce qu'elle trouvait jolie.

(c) crackle bones