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 Loin de la Foule déchaînée [Fe]

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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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Ce qui lui confère suffisamment
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Loin de la Foule déchaînée [Fe] _



________________________________________ 2017-11-15, 14:17 « Maîïîtreuuuh !!! »





« Tu penses que ça sent mauvais, Cassandre ? »
« ...hum... en fait oui t'as peut-être pas tord... »



    « Il apparait que les hommes ordinaires prennent des épouses parce que la possession n'est possible que par le mariage, et que les femmes ordinaires acceptent les maris parce que le mariage est impossible sans la possession. »

    Voilà le genre de choses que l'on pouvait lire dans "Loin de la Foule déchainée", une oeuvre de Thomas Hardy qui avait été adapté au cinéma avec un certain Matthias dans le rôle principal. Je n'avais aucune idée de qui il était réellement, si ce n'était qu'on l'appelait aussi : le petit ami d'Ellie. Une appellation que j'appréciais peu, mais avec laquelle il fallait faire avec. Le bougre !

    Aujourd'hui, on était un début de décembre ordinaire, dans une ville ordinaire du nom de Bruges. Il s'agissait d'une ville belge située en région flamande. Cassandre avait jugé utile d'organiser une journée avec ce type et la jeune femme qui lui servait de petite amie, voir de future épouse "ordinaire". Je n'arrivais pas à enregistrer ce genre d'informations. Mais ces derniers temps il m'était arrivé beaucoup trop de choses difficiles à encaisser. J'avais besoin de me changer les idées depuis la perte récente d'une personne qui comptait beaucoup à mes yeux. Cassandre faisait tout cela en bien pour moi. Elle pensait que me changer les idées serait une bonne chose et que me faire rencontrer ce Matthias nous aiderait à tous les deux. Par là, elle entendait "à Ellie et à moi". Car elle était une fervente protectrice du « playground love ». C'était le nom qu'elle avait donné à notre ship. Je n'avais pas saisi cette importance de nous attribuer un nom, surtout que nous n'étions pas ensemble. Mais ça l'amusait, même si l'explication qu'elle avait donné m'avait légèrement vexé. Je n'étais pas comparable à un vieux monsieur qui fréquentait des petites filles. Me manquait-elle de respect ? Etais-ce vraiment le bon moment pour me faire endurer ça ?

    On s'était rendu à Bruges, car l'amant d'Ellie ne connaissait rien à Storybrooke et encore moins à sa part divine. Ce qui rendrait leur relation encore plus compliqué dans un futur proche. Il n'avait aucune idée qu'il allait jouer au bowling avec le Titan Hyperion ou encore avec la fille d'Elliot Sandman. Si il savait qui elle était réellement, que penserait-il ? Cet homme était aveuglé par l'amour et je n'avais pas envie d'être témoin de tout ça. Mais quand j'avais voulu quitter la salle de bowling, Cassandre m'avait pris le bras.

    « Attends, t'as fait le plus dur. On est arrivé. Maintenant on va aller à sa rencontre et on verra bien de quoi il en retourne. Tu sais qu'avant aujourd'hui j'étais persuadé que ce n'était pas vrai et qu'elle s'était inventé ce type ? Mais maintenant qu'on est là et qu'on va le rencontrer, ça serait dur de nier l'évidence. En tout cas, fait moi confiance. Dès qu'on verra tous ces défauts, ça fera ding dans sa tête et elle se rendra compte qu'elle n'a pas choisi le bon. »

    D'accord, j'étais toujours convaincu que je n'étais pas un vieux monsieur qui fréquentait des petites filles dans des cours de récréations comme son nom de "ship" le laissait présager. Mais, j'avais désormais aussi la certitude que je me comportais comme un adolescent en quête du premier amour. Moi, Hyperion, le Titan qui vivait dans son palais entouré de ses chèvres... ou plutôt de son unique chèvre, mais ça tout le monde l'ignorait. Que m'était-il arrivé en cinq milliards d'années pour que j'en vienne à faire une partie de bowling, boire un verre et manger une pizza en compagnie de celui qui se trouvait être à ma place ? Je devenais dingue. Les années me pesaient...

    « Tiens, ça doit être lui là bas ! Il a un noeud papillon. Ou alors peut-être pas. Il fait plus de la cinquantaine. Tu crois qu'elle n'est attirée que par les vieux ? »

    Cette fois ci je m'étais détaché d'elle et j'avais fait demi tour dans le but de quitter cet endroit. Mais elle m'avait une nouvelle fois retenue.

    « Je plaisante ! » dit-elle en me regardant dans les yeux avant de faire une petite moue. « Allez, s'il te plaît, reste avec. T'es pas tout seul en plus, je suis là. »

    Je soupirai, me laissant convaincre tandis que mon coeur se déchirait en voyant au loin Ellie arriver avec un jeune homme. Bon sang. Il venait de prendre vie sous mes yeux. Je sentais son coeur battre, son âme être bien présente dans son corps. Ce n'était pas une créature ou une création de la jeune femme. Il était bel et bien vivant. Il existait. J'aurai vraiment pas du venir m'infliger ça. Surtout pas habillé de cette manière là. Car oui. Cassandre m'avait vêtu de la sorte, prétextant qu'il fallait venir en tenue décontractée. Elle aussi avait une tenue plutôt décontractée. Si il y avait un moyen de me tuer, j'aurai vraiment aimé l'apprendre maintenant.

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________________________________________ 2017-11-15, 19:35

« Bons Baisers de Bruges »
...

Ce qui aurait dû s'apparenter à une histoire sans importance avait pris l'ampleur d'une série télévisée en plusieurs épisodes. Cela avait pris des proportions astronomiques et plongée au coeur de ce maelstrom, je ne pouvais plus rien faire d'autre que de parachever mon terrible mensonge. Je m'en voulais terriblement. Le plus logique aurait été d'avouer mon boniment, mais je craignais la réaction de mon entourage. Mon affabulation s'était ébruitée bien trop vite, comme une fuite d'eau impossible à étancher. Désormais, je devais faire face.

J'avais décidé que ma relation avec Matthias s'achèverait très vite. Cependant, après une discussion avec Neil et constatant qu'elle ne croyait pas en l'existence de mon petit ami, j'avais voulu lui prouver par A+B que j'étais une personne comme tout le monde. Par conséquent, j'avais approché le véritable Matthias Schoenaerts quelques jours avant la sortie prévue au bowling. Il était occupé à tourner un film dans son pays natal, à Bruges. J'avais été contrainte de patienter derrière un cordon de sécurité avec les fans et les curieux pendant qu'il terminait de tourner sa scène. Certaines filles gloussaient dans mon dos en mitraillant la rue avec leurs téléphones. C'était agaçant au possible.

Il finit par arriver vers nous, adressant un sourire aux filles qui braillaient son prénom dans l'espoir d'obtenir un selfie. Je pris mon mal en patience, tordant mes mains l'une contre l'autre. Afin de paraître "normale", j'avais fait l'effort de me vêtir selon la saison. Bruges étant glaciale en période hivernale, je portais un trenchcoat marron clair ainsi qu'un foulard négligemment passé autour de mon cou. Pendant que l'acteur signait des autographes ou prenait la pause, je répétais mentalement tout ce que j'avais à lui dire et la façon de m'expliquer. J'avais appris un petit texte infaillible par coeur, que j'avais mis deux heures à rédiger. Je savais que je manquais d'éloquence quand il le fallait.

Hélas, lorsqu'il se tourna enfin vers moi, le simple fait de plonger mon regard dans le sien suffit à me faire perdre tous mes moyens. C'était incroyable d'avoir Gabriel Oak sous les yeux. Loin de la foule déchaînée était le seul film que j'avais regardé plus d'une fois. Même si actuellement, il portait une tenue de policier étant donné qu'il ne tournait pas du tout le même genre de film. Cela m'aida à me reconcentrer. Un sourire étonné passa sur son visage et il baissa les yeux sur mes mains vides.

"Vous n'avez pas de téléphone ? Ca va être compliqué pour la photo."
dit-il, amusé.

"Non je... je ne viens pas pour ça." bafouillai-je.

Je maudis une fois encore mes satanées joues qui s'empourpraient toujours lorsqu'il ne le fallait pas. Pourquoi aligner plus de deux mots était-il si difficile, parfois ? J'étais troublée par cet homme, mais uniquement pour la raison qui m'avait amenée jusqu'à lui. Je savais très bien qu'il était pas Gabriel Oak, que ce n'était qu'un rôle parmi tant d'autre.

Il croisa les bras et m'observa d'un air intrigué. C'est alors qu'un membre de l'équipe de tournage lui signifia qu'il devait reprendre le travail. Il s'excusa et voulut se retourner, mais je le retins par le bras. Je le lâchai aussitôt, embarrassée par ce geste.

"Ecoutez, je ne sais comment vous présenter la chose, mais... cela vous arrive-t-il de jouer un rôle en dehors des plateaux de tournage ?" demandai-je à tout hasard, sans y croire une seconde.

"Vous pouvez développer ?"

Son regard très gentil me poussa à lui faire confiance. Je lui fis signe de s'approcher afin de ne pas se faire entendre par des oreilles indiscrètes. C'était déjà suffisamment gênant comme ça. Il se pencha vers moi sans se départir de son sourire amusé.

"Je voudrais que vous jouiez mon petit ami le temps d'une soirée." murmurai-je à toute allure, les joues en feu. "Vous serez extrêmement bien rémunéré. Fixez-moi n'importe quel prix et je m'y engage. Il faudra seulement que personne ne sache que c'est une mise en scène."

En m'entendant parler, je pris conscience du ridicule de ma proposition. N'importe qui aurait refusé. C'était absurde ! Matthias se redressa, les sourcils froncés, et m'observa en silence pendant plusieurs secondes. Le membre de l'équipe l'appela de nouveau mais il lui adressa un signe de main sans le regarder.

"Pourquoi une fille aussi jolie que vous aurait besoin d'un faux petit ami ?" demanda-t-il finalement.

Je manquai de m'étouffer avec ma salive et trouvai l'audace de répliquer :

"Ce ne sont pas vos affaires. Vous marchez ou pas ?"

Un sourire charmé fendit son visage. Pourtant, je faisais tout pour que ça soit le plus professionnel possible.

"Attendez-moi devant la baraque à frites, là-bas." déclara-il en indiquant le-dit endroit. "Quand j'ai fini, je vous rejoints. On peut dire que c'est pas banal, votre histoire."

***

Une portion de frites et une longue conversation plus tard, mon petit ami imaginaire était devenu réalité. Matthias s'était montré extrêmement intéressé par ma proposition. Nous nous étions mis d'accord sur la rémunération et revus plusieurs fois afin de peaufiner les détails de notre fausse relation. A chaque rendez-vous, nous ajoutions des détails sur notre vie commune, la façon dont nous nous étions rencontrés, à quoi nous aimions passer nos journées...

"Je pense qu'on adore se lire des poèmes au bord de l'eau."
avait proposé l'acteur lors de notre dernière rencontre. "D'ailleurs, j'ai réfléchi au fait que si ça fait trois mois qu'on sort ensemble, on a forcément été plus loin qu'un baiser."

Cette phrase m'avait fait avaler de travers et il s'était empressé de tapoter mon dos. Je m'étais un peu décalée sur la banquette, embarrassée par ce geste qui n'avait rien de professionnel.

"Si l'on fait croire qu'on est ensemble, il faut qu'on ait des gestes affectueux dehors."
m'avait-il fait remarquer. "Je suis une célébrité. Les journalistes prennent des photos de moi à mon insu. Il faut que ça fasse réaliste."

Au moins, vu qu'il avait enchaîné avec cet autre problème, ça m'évitait de répondre à sa première constatation. Pourquoi fallait-il aller plus loin qu'un baiser au-delà de trois mois de relation ? Pourquoi ne pouvait-on pas se contenter d'un lien cordial et de lecture au bord de l'eau ?

Je lui avais donc pris la main en espérant que ce geste serait suffisant.

***

Il régnait une chaleur étouffante à l'intérieur de la salle de bowling, à moins que ça ne soit le stress. Je serrai si fort la main de Matthias dans la mienne que je l'entendis pousser un grognement de douleur.

"Oh, pardon !" fis-je en le lâchant aussitôt.

"C'est rien." rétorqua-t-il en secouant sa main. "Tu as une sacrée poigne pour une fille aussi petite !"

"Je fais beaucoup de musculation, même si ça ne se voit pas." expliquai-je en me trouvant incroyablement idiote.

"Alors, à quoi ressemblent-ils ?"

Je parcourus la salle du regard, anxieuse au possible et répondis :

"Phoebus est un grand blond. Quant à Neil..."

"Ces américains, ils portent quand même de drôles de noms." coupa-t-il.

"Parce que Matthias, c'est mieux, peut-être ?"
soulignai-je en levant un regard amusé vers lui.

"Matthias, ça a la classe." dit-il avec un clin d'oeil.

Je roulai des yeux en riant légèrement. J'étais légèrement plus détendue. Cet homme était très gentil et bon vivant. J'avais apprécié de passer du temps avec lui.

Pour l'occasion, il portait un blouson en cuir et une chemise couleur taupe, ainsi qu'un jean. Pour ma part, j'avais opté pour le trenchcoat spécialement réservé à Bruges, mon habituel foulard vert et un pantalon noir ainsi qu'un chemisier.

Je lui pris de nouveau la main, délicatement cette fois-ci, et avançai dans la salle. Je me stoppai net en voyant Neil accompagnée par...

"Anatole ?" fis-je, le souffle coupé.

La traîtresse, elle avait fait venir non pas son petit ami, mais le... lui !

"Anatole ? Qui est Anatole ?" fit Matthias, indécis.

Oh personne, juste le titan Hypérion.

C'était l'horreur ! Je n'avais pas briefé l'acteur sur l'identité de celui qui avançait vers nous ! J'esquissai un grand faux sourire alors qu'ils approchaient.

"Eeeh Neil ! Je croyais que tu venais avec Apo... Phoebus !" me rattrapai-je de justesse. "On a dû mal se comprendre."

J'avais marmonné la seconde phrase entre mes dents, sans aucun sourire, tout en la fixant d'un oeil incendiaire. Elle l'avait fait exprès, j'en étais sûre ! Rapidement, je désignai mon -ancienne- amie à Matthias :

"Voici Neil, et là c'est Anatole. Voyons, je t'en ai déjà parlé ! C'est... un ami."

J'avais hésité sur le nom à donner à notre relation. Je clignai des yeux, incertaine, et revins vers Matthias.

"Enchanté." dit l'acteur tout en serrant la main de Neil puis d'Anatole.

Il se retourna ensuite vers moi, se pencha vers mon visage et sans prévenir, déposa un baiser sur mes lèvres. Je manquai de sursauter, me retenant à temps. Un frisson électrique me parcourut et je restai immobile, le souffle coupé. S'éloignant, il me sourit légèrement et je lui répondis de la même façon, avant de passer une main dans mes cheveux lissés.

"Euh... voilà, voilà. C'est Matthias." dis-je mollement, le feu aux joues.

Ce baiser n'était pas prévu dans le scénario que nous avions répété au millimètre près pendant des heures. Je jetai un coup d'oeil anxieux en direction de l'acteur ; j'avais comme l'impression qu'il aimait improviser. Ce qui allait sans aucun doute compliquer la donne...

Afin de ne pas perdre contenance, je décidai d'improviser à mon tour et passai mes bras autour de lui, posant ma joue contre son torse.

"Alors, on mange ou on fait une partie avant ?"

Je n'avais jamais joué au bowling et cela ne me tentait pas spécialement. Il semblait que cette soirée allait être celle des premières fois...




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________________________________________ 2017-11-16, 13:24 « Maîïîtreuuuh !!! »





« Tu penses que ça sent mauvais, Cassandre ? »
« ...hum... en fait oui t'as peut-être pas tord... »



    Ca y est, Cassandre commençait à comprendre pourquoi je ne voulais pas suivre son plan et rester ici. Elle avait eu un petit sourire gêné en voyant Ellie la regarder après qu'elle ait embrassé son... apollon ? C'était encore pire quand la jeune femme avait passé ses bras autour de ce Matthias et qu'elle avait posé sa joue contre son torse. Cassandre s'était gratouillé la tête avant de ramener ses cheveux en arrière. C'était son petit tic nerveux que je connaissais trop bien. J'aurai voulu partir et prendre un peu de recul vis à vis de tout ça, mais il était trop tard désormais.

    « Ce n'est pas grave ! » s'exclama Cassie avant de se rendre sans doute compte que ça ne voulait rien dire ce qu'elle venait de dire.

    Pourquoi je l'avais vue une nouvelle fois se grattouiller sa chevelure ?

    « On va manger ! C'est bien de manger ! Ou alors non, on va plutôt jouer. Ca permettra de se défouler un peu. Ca fait du bien aussi de se défouler. Vous aimez vous défouler Matthias ? »

    Je me demandais bien ce qu'elle voulait dire par là. Et sans qu'on ait eu le temps de répondre quoi que ce soit, elle avait pris le jeune homme par le bras, écartant Ellie, afin de se diriger vers le lieu où on louait les chaussures. Je n'avais pas ouvert la bouche, ni regardé aucune des deux jeunes femmes, me contentant simplement de suivre le mouvement. Et comme chacun, j'avais pris la paire qu'on m'avait donné. Une fois mise, on allait pouvoir se lancer sur la piste. Je redoutais juste un moment, c'était celui du choix des équipes. Car je sentais que Cassandre allait vouloir choisir elle même. D'ailleurs voilà qu'elle me regardait. J'avais sentis dans son regard de l'hésitation. J'aurai voulu lui supplier par la pensée de me choisir moi et d'arrêter de vouloir mettre Ellie avec moi, mais elle avait déjà ouvert la bouche.

    « Qu'est ce que vous pensez Matthias si vous vous mettiez avec... » débuta t'elle avant de s'interrompre et de se mordre les lèvres. « Ellie évidemment ! Je vais me mettre avec Anatole. Enfin si tu veux bien. » dit-elle en me regardant.

    Je lui avais adressé un faible sourire en hochant la tête. Au moins une bonne chose de faites. Un serveur s'était approché de nous afin de prendre notre commande. Cassandre avait opté pour quelque chose de fruité, tandis que j'avais demandé un simple thé. Ca m'était sortit comme ça. Je ne voulais pas copier sur Ellie ou lui faire passer un quelconque message. De toute façon, elle préférait les hommes qui commandaient une grande bière avec plein de mousse dessus. M'approchant du distributeur à boules, je les avais toutes observées. A dire vrai, je n'avais aucune idée de comment jouer à ce jeu.

    « Attends, je débute. Ce sont toujours les plus jeunes qui sont censés commencer. Et y'a pas photo, c'est moi. A moins qu'on part sur le fait qu'Ellie n'a que deux ans, mais... »

    J'avais fait de gros yeux à Cassie, qui avait fait mine de s’étouffer avec sa boisson. Elle avait toussoté un peu, avant de regarder Matthias avec un grand sourire.

    « Je la taquine toujours. C'est parce qu'elle est petite. Mais c'est bien d'être petite aussi. D'ailleurs ça n'a pas l'air de trop vous déranger qu'elle le soit. C'est une critère de sélection pour vos diverses maîtresses ? »

    J'étais resté bouche bée. Pourquoi elle avait dit une chose pareil ? Dans d'autres circonstances, j'aurai réagis, mais je ne pouvais pas parler. Aucun son sortait de ma bouche. Et au moment où j'allais enfin en placer une, Cassandre m'avait une nouvelle fois interrompu.

    « Tiens en fait, Ellie, Jules te passe le bonjour. » dit-elle en prenant une boule de couleur noire.

    C'était sympa de la part de Jules et totalement ordinaire, du coup je n'avais pas vue la chose arriver. Car elle s'était tournée vers Matthias.

    « C'est son ex. Mais ça lui arrive de le voir encore quelque fois. Enfin rien de grave, on fait tous ça, n'est ce pas ? D'ailleurs vous avez eu beaucoup d'autres copines avant Ellie ? »

    Je m'étais contenté de soupirer. Comment stopper Cassandre quand elle était déchaîné ?

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________________________________________ 2017-11-24, 16:38

« Bons Baisers de Bruges »
...

J'aurais voulu me cacher dans un trou de souris. J'avais énormément appréhendé cette sortie au bowling, et à présent, je regrettais amèrement de ne pas avoir trouvé un prétexte pour tout annuler. On courait à la catastrophe. Neil lançait pique sur pique. Je croisai le regard indécis de Matthias. Il pensait que j'étais une fille ordinaire et tous les sous-entendus de mon amie ne l'aidait en rien. Heureusement, l'acteur était un professionnel et répliqua bientôt à Neil, sur un ton parfaitement détendu :

"On peut dire que vous êtes du genre direct. Vous avez tendance à la sur-protéger, je me trompe ? Ca se comprend, Ellie est unique en son genre. On a envie de la prendre sous son aile."

Il posa sur moi un regard d'une telle douceur que je m'empressai de pencher la tête vers les boules et d'en attraper une au hasard. Elles avaient des couleurs différentes sans que j'en comprenne la raison. En entendant que mon amie reprenait l'offensive en parlant de Jules, une rage sourde s'empara de moi et je soulevai la boule pour la garder en mains avant de braquer sur elle un regard noir. Si je l'assommais avec, cela aurait l'air trop violent, n'est-ce pas ?

« C'est son ex. Mais ça lui arrive de le voir encore quelque fois. Enfin rien de grave, on fait tous ça, n'est ce pas ? D'ailleurs vous avez eu beaucoup d'autres copines avant Ellie ? »

"Pas tellement. J'ai l'impression d'être un homme neuf depuis qu'on est ensemble. Chaton, tu veux goûter ma bière ? Elle est vraiment excellente." dit-il en s'approchant de moi.

Je restai interdite par le surnom dont il venait de m'affubler. J'en étais tellement déboussolée que je me rendis compte à retardement que j'en avais perdu la boule. Un cri me fit prendre conscience de mon erreur : Anatole sautillait sur un pied alors que la boule continuait de rouler sur le plancher, à ses côtés.

"Oh pardon, je... je suis vraiment vraiment désolée !" fis-je, écarquillant les yeux.

Ma culpabilité atteignait son paroxysme. Depuis que j'avais vu Anatole, j'avais la mort dans l'âme de le voir aussi triste. C'était de ma faute. Et à présent, il s'était pris une boule de bowling sur le pied.

"Vaudrait mieux appeler une ambulance. Le pied est sûrement cassé." supposa Matthias, à la fois stupéfait et soucieux.

Devinant qu'il en faudrait plus pour briser les os d'un titan, j'affichai une moue sceptique mais attrapai une chaise pour l'amener près d'Anatole.

"Assieds-toi, ça ira déjà mieux." fis-je en me mordant les lèvres.

Puis, me tournant vers Matthias, j'ajoutai :

"C'est pas la peine. Il a ses chaussures de bowling. Elles sont doublées en acier pour éviter les coups. Je l'ai lu quelque part."

Je venais d'inventer mais après tout, je n'étais plus à un mensonge près. Du moment que ça pouvait éviter de rameuter une ambulance...

"Est-ce que ça va ?"
demandai-je en me penchant vers Anatole.

J'hésitai à approcher une main de son épaule mais me ravisai au dernier moment. Me mordant les lèvres, je repris à voix basse, tout en l'observant d'un air navré :

"Je suis désolée pour tout. Vraiment."

Je ne m'excusais pas pour la boule, mais beaucoup plus pour tout ce cinéma imposé, pour l'acteur qui jouait mon petit ami, pour toutes ces choses ridicules qui avaient pris une proportion... titanesque. Bien entendu, il ne pouvait pas deviner de quoi je parlais, puisque je ne l'avais pas dit clairement.

"Je vais te chercher des glaçons." décidai-je. "Ca te fera du bien. Je... pense."

Tout en me redressant, j'attrapai Neil par la manche pour la forcer à m'accompagner. Nous nous rendîmes jusqu'au bar et pendant que j'attendais la glace, j'en profitai pour la houspiller à demi-mot :

"Arrête tes petites manigances ! Tu ne vois pas à quel point ça fait du mal à Anatole ? Ne complique pas tout, s'il te plaît. C'est déjà suffisamment difficile comme ça. J'espère que tu es contente : tout aurait été différent si Apollon était venu comme prévu."

Le barman me donna des glaçons dans une serviette en tissu. Je le remerciai et les posai brièvement contre mon front brûlant. Je fermai brièvement les yeux et me ressaisissant, secouai la tête et retournai vers les deux hommes, après avoir jeté un regard mécontent à Neil. Je détestais me montrer aussi froide avec elle mais je n'appréciais pas du tout son comportement.

Matthias était resté près d'Anatole et à l'entendre, il avait tenté de combler le silence gênant entre eux en lui proposant de boire un peu de bière. A croire que chez les belges, cette boisson était la solution à tous les maux ! Je réprimai un soupir et me plantai devant mon ami pour lui tendre les glaçons.

"Applique-les sur ton pied. Ca devrait endormir la douleur."

"Pour aller mieux, on pourrait manger une frite." suggéra Matthias avec un grand sourire. "Ca réchauffe toujours le coeur."

Je me contentai de me mordre les lèvres de plus belle. Il n'était vraiment pas obligé de pousser le cliché du petit ami belge aussi loin. Je réalisai que nous aurions dû peaufiner son "personnage" avant de le lancer sur la scène de la vie.

"Quelle bonne idée !"
dis-je en pivotant vers lui. "Tu veux bien aller en chercher avec Neil ?"

Il me fit un clin d'oeil nanti d'un sourire entendu, me confia sa bière et partit en compagnie de mon amie. Je me retournai de nouveau vers Anatole, baissant les yeux sur la bière.

"Dis-moi quelque chose, s'il te plaît." déclarai-je sans oser le regarder. "Tu peux même me crier dessus, si tu veux. Je préfère n'importe quoi au silence. Je suppose que tu en veux autant à Neil qu'à moi de t'avoir fait venir. Quelle idée a-t-elle eu ? A quoi s'attendait-elle ?"

Je ne comprenais vraiment pas les motivations de mon amie. Pourquoi faire souffrir le titan en lui montrant mon faux petit ami ? Cela resterait sans doute un mystère.




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Loin de la Foule déchaînée [Fe] _



________________________________________ 2017-11-24, 23:30





« Tu trouves vraiment que ça sent mauvais ? »
« Moi je trouve qu'elle a le droit d'être avec cet enfoiré ! »




    « Alors c'est donc "chaton" ? Je me demandais quel était le surnom que vous lui donniez en privé. » dis-je en regardant l'homme qui se tenait à côté de moi, tandis qu'on nous préparait quatre portions de frittes. « Ellie parle peu de vous. C'est à croire qu'elle est moins à fond dans votre relation que vous le pensez. »

    Je ne voulais ni être méchante, ni le blesser. Je me contentais de dire la vérité. Elle était du genre discrète et vraiment très réservée concernant cette amourette. Parce que ce n'était qu'un amour passager. Elle n'était pas faite pour lui. Il était trop grand et trop musclé et trop blond surtout ! Qui aimait ce genre de mecs ? J'avais secoué la tête avant de songer à encore plus d'âneries.

    « Soyons réaliste. Vous avez quoi comme projet avec elle ? Vous pensez qu'elle est le genre de fille qui veut se marier ? Avoir des enfants ? Vivre dans une grande et belle maison ? C'est pas du tout ça ! Par contre des filles de ce genre, je pourrais vous en présenter plein ! Y'en a à tous les coins de rues ! » dis-je. « Enfin je ne parle pas des prostitués, mais des filles en générale. Les filles à marier. Celles qui ont des rêves. Ellie n'a pas de rêves. » ajoutais-je.

    J'adorais Ellie. Pour cela que je la faisais passer pour une fille sans saveurs. Car les acteurs aimaient le croustillant. Je lisais assez de presse people pour le savoir !

    « Vous savez quoi ? On va en rester là, c'est mieux. Je vais attendre que les frittes soient prêtes et je les amènerais à Ellie et Anatole. Inutile de rompre ou quoi que ce soit, je lui expliquerais tout moi même. Et ne vous en faites pas, je vous ferais passer pour le parfait gentleman qui a fait ça pour elle. Vous verrez, vous ne le regretterez pas. Et puis, regardez la fille là bas. Elle vous matte depuis qu'on est arrivée. Si vous écrivez votre numéro sur ce bout de papier, je veux bien aller lui donner pour vous avant de m'en aller. »

    J'avais fait apparaître dans ma poche un stylo et un bout de papier que je lui avais tendu. Posé sur le comptoir, il aurait le support nécessaire pour écrire correctement son numéro. D'ailleurs, contre toute attente, il était en train de le faire. Non mais quel goujat ! Si il sortait réellement avec Ellie, je l'aurais massacré. Au lieu de cela, quand il m'avait observé, je lui avais juste fait un magnifique sourire satisfaite de ce qu'il faisait.

    « Voilà qui est fait. Vous savez quoi ? Vous êtes un ange ! Le mec idéal et parfait ! Un jour vous trouverez la fille la plus fantastique pour partager votre vie. Je vous souhaite tout le bonheur du monde ! »

    Et va brûler en enfer ! On venait de nous poser les quatre portions de frittes. J'allais les prendre, mais il en avait pris deux.

    « Ah ? Ok... je pensais que vous partirez qu'avec une portion, mais oui, faut compenser avec la nourriture. Alors allez-y, y'a pas de soucis. De toute façon je n'avais pas spécialement faim. » dis-je en souriant tout en me dirigeant vers le restant du groupe.

    Ce qui était étrange, c'était qu'il me suivait au lieu de se diriger vers la sortie. Puis, contre toute attente - à nouveau - il s'était stoppé devant la fille qui le matait. Juste par curiosité je l'avais observé. C'est qu'il était vraiment de ce genre là ? Non mais quel connard ! Il avait posé une portion de frittes devant elle et lui avait dit qu'avec son amie - moi ? - il voulait lui offrir ces frittes pour la faire patienter le temps que quelqu'un se rendre compte qu'une charmante jeune femme se trouvait assise à cette table toute seule. Mais j'avais jamais voulu lui offrir quoi que ce soit moi ! Elle semblait heureuse en plus. Une fois de retour à mes côtés, il m'avait sourit avant de passer devant et de rejoindre le groupe. J'avais posé les portions devant Anatole et Ellie, avant de me tourner vers Matthias. Tandis que j'allais prendre la portion de frittes, il avait déjà commencé à piquer dedans.

    Puis...

    ...et là c'était le pire !

    Il avait prétexté que je n'avais pas faim. Me voilà priver de frittes. Et ce n'était pas tout, car il avait déposé le bout de papier sur le paquet de frittes d'Ellie. Dessus était dessiné un petit chat avec indiqué : « Bon appétit à la plus belle. ». J'allais le buter. Si Anatole ne me retenait pas, j'allais le buter ! Je m'étais d'ailleurs tourné vers le Titan afin d'avoir son appuis. Pourquoi il me laissait me défendre tout seul dans ce genre de situations ? Tous les hommes n'étaient donc que des monstres ce soir ?
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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

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Loin de la Foule déchaînée [Fe] Jvi6

« Il existe 175.000
espèces de papillons... »


Loin de la Foule déchaînée [Fe] Hi6b

« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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Loin de la Foule déchaînée [Fe] Nono12

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Loin de la Foule déchaînée [Fe] _



________________________________________ 2017-11-25, 00:32 « Maîïîtreuuuh !!! »





« Tu penses que ça sent mauvais, Cassandre ? »
« ...hum... en fait oui t'as peut-être pas tord... »



    Que pouvais-je dire ? Que ça me faisait mal de la voir avec ce Matthias ? Même pas. A dire vrai, il s'était passé tellement de choses ces derniers jours, que je ne ressentais plus grand chose à l'intérieur de ma poitrine. La seule chose qui me décevait aujourd'hui, ce n'était pas elle, mais moi. Elle ne savait pas que je serais là, mais je savais ce que Cassandre avait en tête. J'aurais du partir et ne pas tenter le diable. Qu'est ce que je pensais que cela pourrait m'apporter ? Ce n'était qu'une mauvaise idée et j'avais creusé moi même ma tombe. A qui je pouvais en vouloir ?

    La vérité, c'était que j'étais fatigué. J'étais las de tout ça. Du comportement que j'avais. De mes mauvais choix. De mes trop grandes attentes. J'étais épuisé de voir tant de souffrances, tant de mépris, tant de haine, tant d'injustice dans ce monde. Est ce que notre façon de diriger à l'époque était la meilleure ? Les gens vivaient-ils mieux ? Etaient-ils plus heureux ? Est-ce que je devrais me créer un trône et régner sur ce monde comme l'aurait fait l'un de mes frères ? Aujourd'hui, je ne savais plus où donner de la tête. J'ignorais pourquoi j'étais là et surtout ce que j'attendais. Je l'avais dit à Apple... je n'ai jamais eu une vision aussi flou de la vie elle même.

    La douleur au pied m'avait passé. A dire vrai, elle n'avait même jamais débuté. J'avais fait semblant parce que sinon Matthias aurait trouvé cela étrange. Je ne savais pas ce que Ellie comptait lui dire sur elle. Ou plutôt quand elle se déciderait à le faire. Ca devait venir d'elle. Je ne pouvais pas lui présenter la chose comme ça. Pas de cette manière. J'avais observé la jeune femme. Elle avait le regard penché en direction de mon pied, évitant de me regarder dans les yeux. Elle voulait que je dise quelque chose, mais je ne savais pas quoi dire. Je n'avais pas la force d'ouvrir la bouche et de prononcer la moindre parole. J'aurai voulu être ailleurs et pourtant j'étais exactement là où je souhaitais être.

    « J'ai... » ...besoin de toi. J'ai la sensation que si je te parlais, si tu m'écoutais, je trouverais de suite la solution à l'ensemble de mes problèmes. J'ai besoin de quelqu'un d'aussi pur à mes côtés...

    « fait... » une erreur en venant ici. Je m'étais dit que ça serait une bonne chose. Que je pourrais vous aider, vous guider. Que j'aurai suffisamment de force pour l'aider lui. Mais il n'a pas besoin d'aide, comme aucune d'entre vous. Vous êtes tous bien plus forts qu'on peut le penser. Vous êtes tous uniques.

    « quelque chose... » de mal. J'aurai voulu pouvoir revenir en arrière, mais ça m'est impossible. Je ne peux que rester ici, à te regarder m'échapper jour après jour. J'avais tout, je l'ai perdu.

    « sans t'en parler... » ...

    « J'ai fait quelque chose sans t'en parler. » confiais-je à la jeune femme qui se tenait là à mes côtés, prête à tout entendre, du moment que je lui parlais.

    J'avais attendu qu'elle me regarde pour lui dire ce qu'il en était. Peut-être que ça nous permettrait d'aller de l'avant.

    « Pour l'instant elle est à Olympe, mais j'aimerai beaucoup l'amener à la maison. Histoire qu'elle puisse profiter du jardin. » dis-je. « Elle est toute petite, toute mignonne. Tu vas l'adorer. »

    J'avais tenté un petit sourire. C'était douloureux, mais ça faisait du bien. Je ne pouvais pas lui dire ce que j'avais envie. Du coup, j'avais opté pour un mensonge. Oui, j'avais bien une Capra sur Olympe. Du moins je comptais en avoir une prochainement. J'avais simplement pris les devants, histoire de trouver quelque chose à lui dire. Je ne voulais pas que ça concerne Matthias, ou qui que ce soit d'autre. Ca devait être une histoire rien qu'à nous. Une histoire de chèvre.

    « Je peux t'en piquer ? »

    Je ne m'étais même pas rendu compte que Cassandre et le copain d'Ellie étaient de retour. Face à moi, sur la petite table se tenait une portion de frittes. Il s'était écoulé combien de temps ? Mes yeux étaient plongés dans ceux d'Ellie. Quand c'était le cas, je ne songeais plus à rien. Le monde autour de moi n'existait plus. Regardant ma portion de frittes, j'avais tourné la tête vers Cassie et je lui avais adressé un petit sourire. Elle pouvait les prendre. Les seules paroles que j'aurai eu ce soir, avaient été pour une chèvre. Je tombais vraiment bien bas.

    « Au moins quelqu'un de généreux, d'adorable. Le parfait petit ami. Dommage que la place soit déjà prise. »

    « Ca suffit. » dis-je d'une voix calme, mais autoritaire en tournant la tête vers Cassandre.

    Elle avait soutenu son regard, avant de baisser légèrement la tête, comme si elle avait fauté. Je n'aimais pas me comporter ainsi avec elle, comme si j'étais son père ou quoi que ce soit. Elle en avait déjà un. Mais parfois, c'était important de montrer notre mécontentement. Me levant, j'avais passé une main dans mes cheveux pour les ramener en arrière. Puis, je m'étais approché de Matthias.

    « Mon pied va mieux. Peut-être qu'on pourrait se mettre ensemble. Garçons contre filles. Ca serait intéressant. » dis-je. « Et puis Cassandre ne fera pas le poids si je ne suis pas là pour l'aider. »

    Elle avait réagit immédiatement en posant sa fritte et en se levant pour venir se mettre face à moi.

    « Tu crois ça ? D'accord, marché conclu. Filles contre garçons, mais vous n'avez aucune chance ! »

    Elle n'aimait pas perdre. Mais malheureusement pour elle, on avait gagné. Ca nous avait pris une bonne heure, trois bières pour Matthias et une seconde portion de frittes pour Cassandre - celle d'Ellie. Je l'avais même vue en piquer dans le paquet de Matthias. Elle était gourmande. Je la trouvais amusante. On avait passé une bonne soirée. C'était surprenant. Matthias était quelqu'un de bien. Même si il ne méritait pas Ellie. Personne la méritait. Elle était à part.

    « Je commence à fatiguer un peu. Ca aurait été avec plaisir la revanche, mais je pense que je vais garder cela pour la prochaine fois. Et puis, je ne pense pas que Cassandre supporterait une seconde défaite. »

    Effectivement. Car elle était en train de secouer la tête de gauche à droite en m'adressant son sourire noir. Je m'étais approché d'elle pour lui faire une bise sur la joue, ce qui l'avait fait sourire bête. Elle était adorable. Puis, j'étais allé à proximité d'Ellie et... je lui avais souris. Une fois face à Matthias, j'avais dit ce que tout gentleman se devait de dire.

    « J'ai passé une agréable soirée. Je vous en remercie. »

    Puis, je m'étais approché pour lui faire une bise sur la joue. Cassandre était resté bouche bée.

    « Ne vous faites pas d'idées, c'est uniquement pour embêter cette charmante jeune femme qui devrait aussi rentrer chez elle. N'est ce pas ? »

    Je lui avais adressé un petit regard. Les tourtereaux avaient sans doute besoin de se retrouver seuls. Prenant Cassandre par le bras, j'avais adressé un petit geste de la main au couple avant de l'amener avec moi vers la sortie. On s'était retrouvé à faire quelque pas au dehors.

    « Pourquoi tu as fait ça ? » me demanda t'elle sans comprendre. « Oh non, tu vas me sortir le truc gnangnan du genre "parce que tu l'aimes". Mais si tu l'aimes vraiment, faut pas la laisser avec ce gars ! T'as vue comment qu'il est ? »

    Je lui adressais un regard lui faisant comprendre que je ne la comprenais pas. Il était génial. Qu'est ce qu'elle pouvait demander de plus pour Ellie ?

    « C'est... arrête avec ce regard. » dit-elle. « Il... il n'est pas toi ! Il ne sera jamais toi ! Si il n'est pas toi, il n'est pas bien pour elle. Je vous ai vue tous les deux, vous êtes bien mieux quand vous êtes ensemble. Playground Love bon sang ! »

    Play quoi ? Ah oui, le nom de ship qu'elle nous donnait. Ca m'amusait n'empêche. Cette soirée m'avait redonner le sourire.

    « Cassandre. »

    « Non, non, y'a pas de Cassandre qui tient ! Tu sais ce que je pense de tout ça ? Tu te fais du mal, tu nous fait du mal, tu lui fais du mal. C'est tout. Tu pourrais peut-être lui bidouiller la mémoire pour qu'elle oublie qu'il a existé ? »

    J'avais tourné la tête avant de m'éloigner de la jeune femme.

    « Quoi ? Qu'est ce que j'ai dit ? »

    Elle ne comprenait pas le sens de ses paroles. Elle ne comprenait pas à quel point parfois certaines choses pouvaient faire mal. Je n'avais plus envie d'effacer la mémoire de qui que ce soit. La dernière fois que je l'avais fait, j'avais brisé mon âme. Je ne voulais plus en parler. J'avais fini la soirée avec un sourire. Je voulais que ça reste ainsi, supprimant cette dernière partie de cette soirée.

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« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »


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Loin de la Foule déchaînée [Fe] _



________________________________________ 2017-11-30, 23:52

« I never said I was perfect... »
... but I can take you away.

Sur les insistances de Matthias, j'avais fini par goûter la bière et je n'avais pas du tout aimé. L'acteur avait eu un petit rire moqueur en voyant la grimace que j'avais affichée en repoussant la chope.

"Tu as à peine trempé les lèvres dedans !"
avait-il protesté en riant toujours. "La Faro est le meilleur breuvage qui existe !"

"Je ne suis pas belge, et encore moins viking."
avais-je balbutié en toussotant. "Je préfère largement le thé."

Matthias avait fait une moue et passé un bras autour de mes épaules. J'avais frémi, surprise par cette proximité inattendue. Il avait continué de manger ses frites, aidé par Neil, pendant qu'Anatole et moi nous nous étions évités méthodiquement du regard. Heureusement, il y avait eu la partie de bowling pour rompre cette monotonie. Hélas, elle avait duré bien moins longtemps que je ne l'avais espéré. Anatole prétexta qu'il était fatigué et prit congé, accompagné par Neil.

Nous restâmes silencieux quelques secondes après leur départ, puis Matthias se saisit de son blouson en cuir sur la banquette et l'enfila.

"Bon. Mon rôle s'arrête ici pour ce soir, si j'ai bien compris ?"

J'ouvris la bouche et la refermai sans qu'aucun son n'en sorte. Je ne savais que dire. Oui, c'était sans doute mieux ainsi.

"Quand doit-on se revoir ?"

"Euh... je pense qu'on va éviter les sorties à plusieurs, à l'avenir." bredouillai-je.

Matthias hocha la tête, attrapa la chope de bière et termina de la vider. La reposant, il déclara sans aucun préambule :

"C'est préférable si tu ne veux pas tout bousiller."

Je le dévisageai, stupéfaite par sa remarque des plus déplacées. Que sous-entendait-il ? Quelque chose s'était mal passée ? Pourtant, j'avais l'impression que tout s'était déroulé comme du papier à musique. S'il y avait une seule chose à reprocher, c'était les trop grandes marques d'affection dont il avait fait preuve tout au long de la soirée, mais là encore, elles étaient ingénieuses et bien amenées. Il était assurément un acteur de talent, particulièrement dans l'improvisation.

"Qu'est-ce que j'ai fait ?" demandai-je, indécise.

Matthias leva les yeux au ciel. Puis, il me lança un regard exaspéré.

"Si tu continues comme ça, il va vraiment finir par se détourner de toi. Et tu ne veux pas ça."

Ses paroles eurent pour effet de me donner incroyablement chaud en l'espace de seulement quelques secondes. De qui parlait-il ? Non, je ne pouvais pas faire semblant de ne pas comprendre... Cependant, j'étais médusée qu'il ait remarqué à quel point je tenais à Anatole. Il l'avait sans doute mieux vu que moi-même. Cette révélation me plongea dans la déroute la plus totale. Je ressentis même le besoin de m'asseoir au bord de la banquette, face aux pistes de bowling.

Du coin de l'oeil, je remarquai le petit sourire amusé de Matthias. Cette attitude m'insupportait.

"Ca crève les yeux que tu en pin..."

"Qui es-tu pour faire des suppositions pareilles ?" le coupai-je brusquement, les sourcils froncés. "On se connaît à peine. Ce n'est pas parce que tu joues mon petit ami imaginaire que tu dois te permettre de donner ton avis sur quelque chose qui... qui n'a aucune importance !"

"Si ça n'a aucune importance, comme tu dis, pourquoi tu te mets en colère ?" fit-il, toujours taquin.

"C'est toi qui me mets en colère !"
répliquai-je en me levant d'un bond. "Tout est fini entre nous, Matthias."

C'était peut-être abrupt, mais j'étais tellement hors de moi que je ne voulais plus le voir. L'acteur soupira, secoua la tête et posa les mains sur ses hanches.

"Comme tu veux. Mais tu ne pourras pas te plaindre que je ne t'ai pas prévenu."

Dans ses yeux brillaient une lueur de déception qui agit sur moi comme un poignard. Ca faisait mal d'être regardée ainsi. Je savais que c'était ce qui m'attendrait de la part de mes proches à partir du moment où je dévoilerais la vérité... Si je trouvais le courage de tout avouer.

Je me mordis les lèvres et soutins vaillamment le regard de Matthias. Ce dernier attrapa la portion de frites qui traînait sur la table et s'en alla sans se retourner.

***

Encore sous le choc, j'apparus au bord de l'océan, à Olympe. J'avais senti l'aura d'Anatole tout là-bas. Sûrement voulait-il rester seul ? Oh, que faisais-je encore à part tout gâcher ?

Les bras ballants, je restai muette, me contentant de l'observer, lui tourné vers la mer.

"Je... j'ai fait quelque chose d'horrible..." murmurai-je en rentrant la tête dans les épaules.

Je ne savais pas exactement pour quelle raison je l'importunais encore une fois de ma présence. Pourquoi ne pouvais-je pas simplement lui ficher la paix ? J'aurais mieux fait de me lamenter sur mon sort en pleurant à chaudes larmes sur mon lit, comme une héroïne romantique du siècle passé.

"Je crois... je crois que je viens de rompre avec Matthias." dis-je, incertaine.

Je passai la langue sur mes lèvres, à court de mots. Ce n'était pas ce que j'avais voulu prononcer, mais la vérité était si abominable...

"Comment va ton pied ?"
demandai-je brusquement afin de changer de conversation. "Et la chèvre ? Puis-je la voir ?"

Je la cherchai des yeux, bien décidée à me focaliser sur autre chose plutôt que sur le fiasco de cette soirée. Les paroles de Matthias tournaient et se retournaient dans ma tête, la rendant lourde. Je me sentais presque nauséeuse, chose qui n'était pas censée m'arriver.

"Je suis désolée." répétai-je platement. "Je n'aurais pas dû goûter la bière, faire cette sortie, ni toutes ces choses idiotes qui ne me plaisent pas..."

Je préfère les moments que nous passions rien que tous les deux autour d'un thé, entre deux lectures. Tous ces instants volés ont-ils vraiment disparu à jamais ? Les ai-je balayés avec mon inconscience et mon orgueil ?

Je passai une main sur mon front fiévreux, en proie à des vertiges. J'aurais eu besoin de m'appuyer contre quelque chose mais comme il n'y avait rien sur la plage, je fis apparaître une chaise raide afin de m'y asseoir. Ainsi, ça allait un peu mieux. Même si j'aurais préféré pouvoir arracher ma tête trop lourde pour la poser dans le sable.




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crackle bones
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Loin de la Foule déchaînée [Fe] Jvi6

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Loin de la Foule déchaînée [Fe] Nono12

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Loin de la Foule déchaînée [Fe] _



________________________________________ 2017-12-02, 20:04 « Maîïîtreuuuh !!! »





« Tu penses que ça sent mauvais, Cassandre ? »
« ...hum... en fait oui t'as peut-être pas tord... »



    Observant la jeune femme, je n'avais pas su quoi dire. J'étais resté là, bouche bée, face à l'océan et face à elle. Je ne l'avais pas voulu. C'était arrivé comme ça. Sans doute parce qu'elle avait baissé sa garde. Mais que pouvais-je faire ? Il était déjà trop tard. J'avais tenté de garder contenance et de faire comme si de rien était. Ce n'était pas évident. Pourtant j'y mettais du miens.

    Quelques instants auparavant, avant qu'elle me rejoigne, j'étais perdu dans mes pensées. Je tentais de chasser mes idées noires. Parfois il faut se retrouver seul quelques instants, afin de pouvoir faire vraiment le vide dans son esprit. Tout ce qui est enfouis au plus profond de notre coeur. Nos larmes, nos souffrances, ce mal que l'on ressens constamment. C'est un amas de choses qu'il faut contenir au fond de nous. Ce n'est pas toujours facile. Le Temps guéris la plupart de nos blessures et nous permet de retrouver le sourire. Mais en attendant, il faut vivre avec. Et on a bien trop souvent ce sentiment de vide.

    J'ai mal, très mal...

    Je le sais, je le ressens. A divers moments de mon existence, alors que tout aurait du bien aller, je me suis retrouvé seul, abandonné. J'étais séparé des gens que j'aimais par une distance entre la vie et les songes. Mon erreur avait été de bien trop souvent me laisser guider. J'avais suivi au lieu de diriger. Au milieu du chemin, j'étais tombé une première fois. Puis une autre. Mais je me relevais à chaque nouvelle chute. Ca n'empêchait pas que la blessure soit persistante.

    Depuis quelque temps, mes nuits sont blanches. Mes journées sont noires et tristes. Je songe à ce que j'étais, ce que j'ai vécu, tout ce que j'ai perdu. Mais aussi au bonheur qu'on m'a apporté et à l'Amour que j'ai reçu. C'est sans doute grâce à ces souvenirs que j'ai pu tenir aussi longtemps. Aujourd'hui je me rend compte que derrière l'extraordinaire, se cache souvent l'ordinaire. J'ai eu une vie au delà de mes espérances, et j'ai été quelqu'un au delà des leurs. Mais derrière chaque être se cache une personne ordinaire qui ressent les même choses, les même douleurs, les même sentiments que toutes les autres créatures de la Nature. Et qui commet les même erreurs.

    Quand je l'avais entendu arriver, j'avais caché une nouvelle fois ma peine. Caché cette douleur qui me prenait à la poitrine à chaque fois qu'Ellie se trouvait face à moi. Je n'avais pas écouté ses paroles. Je les avais entendus, mais je n'avais pas essayé de les comprendre. Je l'avais laissé simplement parler jusqu'à ce que cette chaise apparaisse et que cette nouvelle erreur soit commise. Elle ne venait pas d'elle, mais de moi. Car j'avais beau ne pas écouter, parfois, c'était plus fort que moi.

    « Je suis vraiment désolé pour Matthias. Il y a moyen de réparer ? Vous aviez l'air bien ce soir. »
    lui dis-je, en évitant son regard.

    C'était pas facile de paraître naturel.

    « Je n'ai pas encore de chèvre. J'envisageais d'en avoir une, mais je n'en ai pas. C'était plus une façon de communiquer avec toi. »
    ajoutais-je en détournant une nouvelle fois mon regard.

    Cette fois ci ce n'était pas pour cacher ma gène... bien que si en fait, mais pas la même.

    « Ecoute Ellie, je... je ne sais pas comment te dire ça. Je suis vraiment désolé. Vraiment. »

    Je m'étais approché d'elle, et je m'étais accroupis face à elle. Quand elle était assise et moi dans cette position, on se retrouvait quasiment à la même hauteur. C'était l'avantage quand on fréquentait une jeune femme un peu plus petit que soit. Un peu beaucoup, mais tout ce qui était petit était adorable. Cette fois ci, je n'avais pas pu m'empêcher de laisser échapper un petit sourire. Je n'arrivais plus à me contrôler. C'était plus fort que moi.

    « Je suis... je ne sais pas comment te dire ça. »

    Peut-être que s'accroupir face à elle n'était pas la meilleure des solutions. Je m'étais relevé, légèrement nerveux, ne sachant plus si c'était elle qui s'était assise parce qu'elle était gênée, ou moi qui était resté debout pour les même raisons.

    « Tu es venue me trouver pour parler à l'ami et je ne réagis comme tu le souhaiterais. Je devrais te laisser parler, te consoler, mais... je ne peux pas me taire. C'est important que tu saches. Et j'en suis véritablement navré. Tu peux pas imaginer à quel point je m'en veux. »

    C'était atroce de se retrouver face à elle et de ne pas savoir comment lui parler. Il fallait pourtant que ça sorte. Je ne pouvais pas le garder pour moi. J'avais pris sur moi. Je l'avais observé droit dans les yeux, me mordant les lèvres. J'avais tellement envie de lui sourire, car j'étais tellement heureux en cet instant. Mais en même temps, je pouvais avoir mal interpréter certaines choses. Ce qui comptait, c'est qu'elle l'avait dit. Quelle que soit la manière dont ça avait été fait. J'en avais très envie moi aussi. On partageait cette envie. Il fallait qu'elle le sache, même si elle le prendrait mal.

    « Je... » débutais-je en me mordant une nouvelle fois les lèvres. « Je préfère aussi ces moments que nous passons ensemble, rien que tous les deux. Que ce soit à boire le thé, ou à simplement discuter. »

    J'avais attendu quelques instants sa réaction. Je ne voulais pas qu'elle se prenne cela comme une claque. C'était pas volontaire. Mais c'était entièrement ma faute, pas la sienne.

    « Quand tu... Quand on n'est pas dans sa meilleure forme et qu'on en a naturellement la capacité, il arrive qu'on ouvre plus facilement son esprit. Je n'écoutais pas ce que tu me disais. Je veux dire que je l'écoutais, mais tu as pensé quelque chose tellement fort que je me suis laissé aventuré dans cette contrée fermée qu'est ton esprit. »

    C'était ma manière de lui dire que ce qu'elle avait pensé, juste après m'avoir parlé, avait été au delà d'une simple pensée. Et même si ses lèvres n'avaient pas remués, j'avais capté ce qu'elle avait voulu dire. Je n'avais pas voulu violer son intimité et lire son esprit comme on lirait un journal intime. Elle allait mal, elle avait simplement pas suffisamment stoppé la foule de pensées déchainés qui occupaient son esprit. Et comme j'allais mal, je n'avais pas fait le lien entre ce qui était bien et ce qui ne l'était pas, me laissant porter aux dédales de ses pensées. Je le regrettais. Et à dire vrai, pas vraiment. D'où le petit sourire, même si ce n'était pas le moment.

    « Voyons le bon côté. Tu n'as pas critiqué ma Capra inexistante. Tu es restée fairplay. T'imagines si tu avais pensé que je n'étais qu'un vieux fou qui avait vécu la moitié de sa vie à contempler une Capra brouter l'herbe infinie devant son Palais ? Tes pensées auraient pu être pires, vraiment. Là elles étaient... rassurantes. » lui dis-je avec un sourire se voulant rassurant.

    Puis, j'avais balayé devant mon visage d'un geste de la main.

    « Mettons un trait sur ces pensées. » dis-je en souriant à nouveau, avant de détourner mon regard. « Je ne t'en veux pas du tout pour cette soirée. Je n'aurais pas du accepter. Tu ne savais pas que je serai là, mais moi je ne l'ignorais pas. J'aurai dû réfléchir avant d'accepter. Pardonne moi. Mais ne t'en veux pas. »

    J'avais soupiré faiblement, avant de prendre à nouveau sur moi. Tout allait bien se passer.

    « Tu veux me parler de ce qui ne va pas avec Matthias ? Je ne pourrais sans doute pas t'apporter une grande aide. Mais je suis capable d'écouter. Sans me vanter, je suis même très doué pour ça. Le meilleur. »

    Je lui avais souris. Tous ces instants volés n'ont pas disparus à jamais. Ils étaient bel et bien présent et on en vivait un en ce moment même. Peut-être le meilleur... ?
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« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »


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Loin de la Foule déchaînée [Fe] _



________________________________________ 2017-12-04, 22:31

« I never said I was perfect... »
... but I can take you away.

J'avais l'impression d'avoir passé la quatrième dimension : Anatole me demandait de lui raconter ce qui n'allait pas avec Matthias. Mais ce n'était pas la raison pour laquelle je broyais à moitié le dossier de la chaise sur laquelle j'étais assise de travers. C'était pour un tout autre motif. Je déglutis avec peine et gardai la tête penchée, subitement fascinée par mes bottines noires.

Il avait entendu mes pensées. IL AVAIT TOUT ENTENDU !

Je ne lui en tenais pas rigueur. J'aurais dû être plus prudente et fermer mon esprit à double tour, comme je le faisais d'habitude. Ce n'était pas parce qu'il était un titan qu'il se permettait d'entrer dans l'intimité des gens. Au contraire, il se montrait toujours très respectueux. J'avais sûrement pensé trop fort. Triple buse... Cela n'avait rien d'étonnant puisque j'étais toute chamboulée.

Plutôt que de laisser s'intaller un silence pesant, je pris le parti de changer les habitudes. Puisque mes pensées avaient permis de le dérider un peu, autant continuer sur notre lancée. Je préférais quand il était enjoué que morne et déprimé.

"Tu m'as menti au sujet de la chèvre !" fis-je, faussement indignée. "Mais... je te pardonne, parce que je n'ai pas été vraiment mieux. J'ai même fait... carrément pire."

Je fermai les yeux brièvement tout en portant une main à ma tempe.

"Cela t'arrive-t-il de te sentir minable, parfois ?"

C'était une véritable question. Après tout, il était un être au-delà des autres. Il ne ressentait pas les choses de la même manière que nous. Me trompais-je, ou au contraire, éprouvait-il les mêmes émotions à l'identique ? Probablement que personne ne le saurait jamais, car il était impossible de quantifier ni comparer nos ressentis respectifs. Il resterait à jamais différent. Une curiosité, une énigme.

"Je pense qu'après ce que je vais raconter, les pires idioties d'Elliot te paraitront ridicules en comparaison."
repris-je tout en soulevant les paupières.

Me redressant sur la chaise, je me mordis les lèvres et cherchai le regard d'Anatole. Je lui devais bien l'abominable vérité dont j'avais honte. Après tout, il avait passé une horrible soirée par ma faute, même si comme il l'avait souligné, il n'avait pas été obligé de se l'infliger. Il l'avait fait volontairement. A croire que nous avions tous un petit côté masochiste...

Je pris une grande inspiration, choisis les mots avec soin, et déclarai finalement :

"J'ai inventé Matthias."

Remarquant la lueur d'indécision dans ses yeux, je précisai rapidement :

"Je ne l'ai pas créé, pas de la façon à laquelle tu penses..."

Instinctivement, je rentrai la tête dans les épaules avant de trouver le courage de me lever.

"J'ai... engagé Matthias pour jouer le rôle de mon petit ami. C'était une idée ridicule. De base, tout est à cause de Jules. Je ne dis pas que c'est de sa faute, mais il m'a prise au dépourvu et j'ai prononcé quelque chose qui a vite pris des proportions titanesques."

Oh, le mot encore plus embarrassant que tout le reste. Je n'aurais pas pu choisir plus mal. Désormais, je ne pouvais plus regarder Anatole. Je faisais tout pour l'éviter. Je me tournai donc vers l'océan et observai l'horizon.

"J'aimerais que tu n'en parles à personne, car je me sens déjà suffisamment bête d'avoir eu à te l'avouer... mais si tu veux le répéter, je comprendrais tout à fait. C'est tout ce que je mérite, de toutes façons..."

Je croisai les bras et les serrai contre ma poitrine, la tête penchée, comme prise en faute. Puis, inexplicablement, un petit rire nerveux s'échappa de ma gorge. Je ne parvenais pas à le stopper. C'était comme si toute l'angoisse accumulée depuis des semaines venait enfin de s'éloigner de moi. Ca faisait tellement de bien ! Même si je me sentais toujours aussi mal. Je pris sur moi pour me ressaisir et me calmer, puis tout en jetant un coup d'oeil vers Anatole, je déclarai avec une moue :

"Je ne cherche pas à ce que tu me pardonnes. Si tu ne veux plus jamais me parler, je comprendrais. En fait... quoi que tu fasses, je comprendrais."

Je hochai la tête bravement. Oui, c'était de bonne guerre. Je lui avais fait de la peine alors que cela n'était pas nécessaire. Il avait été un dommage collatéral dans toute cette histoire.

Cependant, s'il décidait de ne plus me voir, j'allais très mal le vivre. Je prenais lentement conscience de l'attachement que j'avais pour lui. Notre amitié était profonde et essentielle à ma vie. C'était extrêmement difficile de le lui faire comprendre sans qu'il ne fasse des plans sur la comète et qu'il imagine une plus grande histoire... aussi je préférais rester silencieuse sur le vaste sujet. A partir de maintenant, mieux valait éviter les malentendus.




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« Maîïîtreuuuh !!! »

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espèces de papillons... »


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les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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Loin de la Foule déchaînée [Fe] _



________________________________________ 2017-12-09, 19:18 « Maîïîtreuuuh !!! »





« Le Soleil ne peut pas briller tout seul. »
« On a tous quelque chose en nous de titanesque... »



    On dit souvent que les femmes sont compliqués. C'est un fait. Je ne pensais pas qu'un jour je pourrais dire cela d'Ellie. Mais nom d'une Capra, qu'est ce qu'elle pouvait se montrer difficile à suivre quand il était question de relations amicales, ou employons plutôt le bon terme : relations amoureuses.

    Matthias n'était que pure invention. C'était suite à une discussion avec Jules qu'elle avait engagé un acteur. Je me demandais bien à quel point il avait pu la prendre au dépourvu pour qu'elle en vienne à devoir s'inventer une seconde vie. Étrangement, je n'avais pas du tout envie de poser la question.

    Désormais, c'était moi qui avait fermé les yeux une fraction de seconde et qui s'était massé les tempes. Puis, la façon dont j'avais réagis me semblait être une évidence. J'avais ris. Je n'avais pas pu m'empêcher de rire devant l'absurdité de la situation. Ce n'était pas pour me moquer de la jeune femme. Elle n'avait pas besoin de ça. Ce n'était pas nerveux. C'était uniquement un soulagement.

    « Tu es complètement cinglé. » furent les premiers mots qui s'échappèrent de ma bouche.

    Je les avais prononcés entre deux fous rires. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à lui dire. Mais ça pourrait sans doute lui faire du bien d'apprendre qu'elle était folle. Car oui, elle l'était.

    « Tu t'en rends compte, n'est ce pas ? Désormais tu ne pourras plus nier que tu es une jeune femme comme toutes les autres. Tout le monde est cinglé ! Tu viens de te faire une place dans ce monde. »
    dis-je avec un petit sourire au coin des lèvres. « Je vais être franc avec toi. » ajoutais-je. « Je suis soulagé. »

    Je l'étais parce qu'elle n'avait pas réellement de petit copain. Cette révélation allait sans doute la mettre mal à l'aise, même si elle devait déjà s'en douter. Mais je l'étais aussi pour une toute autre raison.

    « Je t'ai toujours cru parfaite. Tu me prouves que tu as des défauts. C'est fascinant. Tu n'imagines pas à quel point je me sentais ridicule face à toi. J'ai toujours vécu entouré de gens imparfaits. Et tu n'es plus la perfection incarné ! »

    J'étais véritablement ravis par cette découverte. En tout cas, j'espérais qu'elle se sentirais moins bête et honteuse d'être comme tout le monde. Parce qu'on avait tous des défauts, moi le premier.

    « Ellie. » murmurais-je en tendant la main pour l'aider à se relever.

    Quand elle l'avait prise, j'avais fermement serré ma main dans la sienne, attendant qu'elle soit debout, sans pour autant la relâcher.

    « Tu n'as pas à justifier les décisions que tu prends. Ni à demander pardon. Tu fais ce qui te semble juste au moment où tu le fais. Tu as le droit d'avoir tes propres raisons. Ne me demande pas de te juger. On réalise tous des actions qui nous arrive de regretter. Ce ne sont pas des erreurs pour autant. »

    Je lui avais adressé un sourire se voulant rassurant tout en lui libérant la main. Ca me rassurait de réagir de la sorte et de me sentir libéré d'un poids. Il n'y avait pas de Matthias. Il n'y avait jamais eu de Matthias. Il n'y avait pas pour autant d'Anatole. Mais ça, j'en faisais mon affaire.

    Maintenant c'était moi qui me sentait bête de lui avoir dit tout ça. J'avais tourné la tête, le sourire toujours aux lèvres, contemplant l'océan qui s'étendait à perte de vue. Ici, le décors était somptueux. Olympe était la plus merveilleuse de toutes les Cités. Même Titania et toutes ses richesses n'égalaient pas ce lieu.

    « Tu sais ce qui me fait tenir d'ordinaire ? » murmurais-je, tout en lui adressant un petit regard.

    Je lui avais indiqué d'un geste de la main la place juste à côté de moi. Il fallait qu'elle soit juste à mes côtés pour voir ce que je voyais de là où je me trouvais.

    « Je sais que tu es impressionné par la personne que je suis, et que tu cernes sans doute moins que celle que tu connais déjà. C'est sans doute pour ça que ça t'effraye un peu de te dire qu'il n'y a pas qu'Anatole à tes côtés, mais aussi... l'autre. » lui dis-je en me mordant les lèvres. « Tu sais ce qui me fait tenir d'ordinaire ? » répétais-je.

    J'avais envie de partager ma force avec elle. Non pas l'aura qui émanait de moi, mais ce que je pouvais accomplir et qui me rassurait quand ça n'allait pas.

    « C'est qu'il est avec moi. Toujours. »

    Le ciel s'était déchiré face à nous. Les nuages tourbillonnaient et la nuit disparaissait petit à petit. L'Aurore venait de voir le jour et le Soleil nous faisait face.

    « Je ne suis pas né Titan. Je suis venu au monde avec des pouvoirs. De très puissants pouvoirs qui ont fait qu'on m'a appelé Titan. Comme l'ensemble de mes frères et soeurs. Je ne pourrai même pas te dire à quand remonte cette appellation ou qui l'a prononcé en premier. Pour la plupart Titan ne signifie qu'un être hors norme. Mais ce n'est qu'un nom. Ca ne fait pas de moi ce que je suis réellement. Je suis Anatole, ou Hyperion. Comme tu le souhaites. Mais je suis celui que j'ai décidé d'être. »

    On n'était pas encore le matin et pourtant le Soleil rayonnait déjà. Ce n'était pas une vision naturelle, mais qu'importait. Il était mon ami. Mon précieux ami. La puissance qu'il dégageait, me donnait des ailes.

    « J'ai la force de nombreux soleils. Pourtant, quand je ne vais pas bien, quand j'ai besoin de me remonter le moral, je me retrouve à chaque fois ici ou ailleurs, mais toujours face à lui. »

    Le soleil n'est qu'une boule de gaz, une étoile qui brille à des années lumières d'ici. Il n'est pas un Titan, mais il dégage pourtant une force colossale. Cet astre n'est pas si différent que moi. Titan on l'est qu'on soit petit ou grand, puissant ou faible, du moment qu'on a quelque chose que les autres n'ont pas. Une force qui peut soit surpasser physiquement celle de tous les autres, soit juste les atteindre pour les faire aller mieux. J'ai connu de nombreux Titans dans ma vie et ils n'étaient pas tous mes frères et soeurs.

    « On est tous des êtres hors normes. Et même quelqu'un que l'on nomme Titan, a besoin des autres pour exister, ou simplement d'un décors comme celui ci et d'un astre qui brille dans le ciel. » dis-je en contemplant une nouvelle fois cette merveille qui s'étendait face à moi. « C'est ça qui me fait tenir. De ne pas être seul. Et de ne pas être qu'avec lui. »

    J'avais tendu la main en direction d'Ellie. Je ne l'avais pas regardé. J'ignorais si elle allait la prendre ou pas. C'était un geste amicale lui faisant comprendre qu'elle n'était pas seule. Qu'elle n'avait pas à avoir honte de la moindre de ses décisions et qu'elle serait toujours soutenue. Car elle ne se trouvait pas en ce moment même aux côtés d'un Titan. Ou du moins pas que. Elle était aussi et surtout à côté d'un ami. Un précieux ami qui ne demandait qu'à vivre d'autres moments comme celui là. Que ce soit face au Soleil, ou autour d'un thé entre deux lectures. Des instants volés. Des instants magiques.

    « Si tu te tournes vers le Soleil, l'Ombre sera derrière toi. » murmurais-je tout en lui adressant un regard.

    Je ne lui avais pas mentis. Je m'étais montré sincère. Si j'arrivais à tenir, à ne pas être submergé par toutes les forces qui m'entouraient. Si je trouvais le courage de continuer, c'était parce qu'il était là avec moi. Pas Hyperion, car j'étais Hyperion. Mais le Soleil. Ou n'importe quelle autre personne qui me permettait de me sentir mieux, de me sentir vivant. Et je devais bien l'avouer... depuis quelque temps maintenant, ce n'était plus un astre dans le ciel qui me provoquait pareil sensation, mais simplement le regard qu'elle me portait.

    J'avais fermé les yeux, gardant un petit sourire au coin des lèvres. Je pensais à elle en toute circonstance. Je puisais ma force en elle. Elle n'avait pas idée du bien qu'elle me procurait. Ellie était non pas un de mes nombreux rayons de soleil sans lesquels je ne pouvais pas briller. Elle était le soleil, celui qui me rassurait, me détendait, me permettait d'exceller, de simplement exister. Elle n'était pas une pâle copie, mais ma moitié. On disait toujours aux mondes que les Titans avaient la force de deux soleils. Je m'étais depuis bien longtemps rendu compte que ce n'était pas vrai. On avait la force que d'un demi soleil et certains êtres, en étant avec nous, nous permettaient d'être complet. Ils nous donnaient l'occasion d'être un seul et unique soleil composé de deux moitiés. J'avais vue ma soeur être complète. J'avais cru comprendre qu'une autre de mes soeurs l'avait été elle aussi. Et je savais, même si ça m'avait pris du temps, que je l'étais. J'étais l'Aurore, le commencement. Et grâce à elle, je pouvais briller.
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