« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
On dit que l'amour d'une mère est plus puissant que n'importe quelle magie. Du moins, c'est ce que J.K. Rowling semble prétendre et Anastasia était de son avis. Jamais elle n'aurait cru pouvoir aimer autant un autre être comme elle aimait son bébé. Elle l'avait aimé dès les premiers instants, quand il n'était pas plus gros qu'une tête d'épingle et elle savait qu'elle l'aimerait pour toujours. Elle savait aussi qu'elle aurait retourné toute la terre, sondé tout l'espace ou gravit l'Everest pour elle et qu'elle la protégerait au péril de sa vie. Anastasia ne se lassait pas de la regarder grandir. Elle ne se lassait pas de l'écouter rire ou babiller. Elle ne s'ennuyait jamais du délicat contact des boucles rousses dans lesquelles elle passait parfois ses doigts, pas plus qu'elle ne s'ennuyait de la serrer très fort contre son cœur, de lui conter mille histoires et de lui confier mille secrets. Pour rien au monde la jeune femme n'aurait troqué son statut de travailleur indépendant contre une carrière plus classique en entreprise avec un salaire fixe et un patron. La jeune femme grimaçait à cette seule pensée. Elle était très bien chez elle, auprès de son bébé et de sa solitude. La plupart du temps, elle se fichait bien de ne voir personne en dehors d'Abigaëlle et Dimitri. Et quand la solitude lui pesait, elle sortait. Anastasia n'était ni riche, ni célèbre, ni importante mais elle aimait sa vie telle qu'elle l'était redevenue. Cette après-midi là, elle avait délaissé son ordinateur et son logiciel de traduction au profit des doudous et joujoux d'Abigaëlle. La mère et la fille étaient installées dans le salon, entourées d'une multitude de jouets et observées par une demie douzaine de paires d'yeux canins, Hoover en tête. La bouvier bernois n'était jamais très loin d'Abigaëlle qu'elle s'était donnée pour mission de protéger. Quant à Dimitri, il travaillait. C'était encore un peu étrange à dire après tout ce qu'ils avaient vécu mais c'était pourtant réel. Dimitri avait trouvé un travail de profiler pour la police de Storybrooke. De ce qu'elle pouvait en juger, il avait l'air d'aimer cet arrangement. Mais ce qu'Anastasia ne savait pas - ou ne voulait pas savoir - c'est qu'il s'agit là de la condition même de sa libération. Au fond, la rouquine préférait ne pas y penser et se contenter de savourer sa petite vie tranquille et profiter de l'homme et de la petite fille qu'elle aimait le plus au monde et qui s'amusait actuellement avec un lapin en peluche qui répondait au doux nom d'Hannah et avait été élu doudou de la demoiselle. Abigaëlle la brandissait vaillamment en direction de sa maman qui pouffait quand la sonnette ramena la plus âgée à la réalité du monde des adultes. Anastasia arqua un sourcil et se releva, laissant Abigaëlle gambader et jouer sous l'œil attentif d'Hoover que la sonnette avait également interpellée. La chienne ne suivit pourtant pas sa maîtresse dans l'entrée, trop occupée à lécher les petites mains potelées du bébé qui se réfugiait dans ses longs poils. De pas rapides amenèrent rapidement la jeune femme rousse devant la porte qu'elle ouvrit sans réfléchir pour révéler... - Victoire ? constata, surprise, la jeune femme, les yeux légèrement écarquillés. Anastasia s'était attendue à beaucoup de choses - un Dimitri qui rentrait plus tôt et avait oublié ses clés, une visite de Ksenyia ou de Marie, des grands-mères très investies et présentes dans la vie de la petite famille - ou encore un passage à l'improviste de Tara. Elle avait même cru, l'espace d'un instant, qu'elle avait oublié un de ses cours avec Vaiana. Mais ce n'était rien de tout cela. Sur le perron se tenait Héra, une femme distinguée et impressionnante, les mains jointes au bas de son ventre et un sourire doux sur le visage. - Je... quelle surprise, commenta inutilement Anastasia avant de se ressaisir. Je m'attendais pas à vous voir mais venez, entrez. Sur ces mots, la rouquine s'effaça pour laisser passer la déesse et refermer la porte derrière elles. - Faites comme chez vous, reprit Anya en lui indiquant la salle de séjour, même si j'imagine que c'est un peu plus le bordel que dans mon salon... Anastasia ne savait pas si elle devait s'en excuser ou non. Elle ne recevait pas de déesse chez elle en général. En fait, elle n'avait reçu qu'une déesse-magique. Peut-être que les dieux s'attendaient à un traitement spécial ? Héra avait été d'une aide précieuse lors de leur première rencontre, après tout. Et ça, Anya n'était pas prête de l'oublier. Comment aurait-elle pu oublier que Victoire avait été un atout précieux dans le sauvetage de son bébé, le sang de son sang, la chair de sa chair ? La jeune femme lui en était extrêmement reconnaissante mais elle ne s'était pas attendue à revoir Victoire. Pas comme ça, ici, chez elle, du moins. Elle aurait plutôt misé sur une rencontre fortuite, comme la première fois mais en moins dramatique. - Vous allez bien ? demanda-t-elle poliment. Ca fait six mois maintenant, constata-t-elle.
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Encore un jour s’était levé sans lui… un jour horrible et douloureux… encore un jour levé sans elle, un jour béni et appréciable… Non, Victoire n’était pas prête à revenir vers Athéna malgré toute la bonne volonté d’Arès… Elle qui avait pourtant assuré être différente de Zeus avait été capable de se hisser sur la même marche de cruauté que lui en un coup unique : la mort d’Hermès. C’était du grand art, elle l’aurait sans aucun doute applaudit si ses mains n’avaient pas été aussi occupées à déchirer et détruire la moindre parcelle de peau de ce qu’était la déesse de la soit disant « sagesse ». Mais une chose était certaine, elle ne pouvait pas se laisser mourir, pas maintenant, pas si près du but, elle n’avait pas affronté toutes les douleurs, elle n’avait pas supporter et survécu à ces millions d’années, elles n’étaient pas revenue d’entre les morts pour se laisser désormais abattre par la disparition d’un frère qu’elle avait eu l’horreur de délaisser et de mépriser pendant tout un pan de sa vie. Elle était autant responsable qu’Athéna mais ça, elle ne voulait pour l’instant ni le voir, ni l’admettre. Il fallait qu’elle se relève, qu’elle découvre cette nouvelle vie qui l’attendait… C’est ce qu’Hermès aurait voulu, c’est ce qui lui aurait crié s’il avait été encore là pour le faire.
Elle s’était donc emparée d’une paire de ciseau qu’elle avait fait apparaître pour donner un grand coup dans sa longue chevelure blonde. Elle était sans aucun doute la déesse qui changeait le plus de coupe de cheveux mais qu’importe, elle se sentait bien avec cette double personnalité. Le long et blond pour le passé, pour la reine qu’elle avait été, pour l’Olympe et les divinité, les cheveux courts pour entrer dans la modernité, pour vivre sa vie de femme avant celle d’épouse, pour se mêler aux humains qui trouvaient sa chevelure blonde un peu trop étrange pour ne pas y prêter attention. Elle aurait pu, bien entendu, claquer des doigts pour atteindre la coupe qu’elle désirait, c’est d’ailleurs ce qu’elle avait fait pour retrouver sa blondeur, mais le bruit et la sensation des cheveux coupées par un ciseau était bien trop délicieuse pour s’en privé. Une fois terminé, elle avait fait disparaître les restes de ses mèches dorées, avait claqué des doigts pour que sa coupe semble plus travaillée et les avaient reteint un brun, un brun légèrement plus clair cependant que lorsque la demoiselle l’avait vu pour la première fois. Oui, elle savait exactement où elle allait, qui elle voulait voir et c’était donc sans plus atteindre qu’après avoir repris Angus dans sa broche et s’être habillée pour l’occasion, elle s’était téléportée devant le domicile d’Anastasia Romanov.
Elle n’était pas du genre à faire comme certains de ses frères et sœurs, à se téléporter directement à l’intérieur de la maison de la jeune femme. Ce comportement intrusif était à son sens loin d’être poli mais non loin de la condescendance, ce qu’elle n’appréciait que très moyennement. Elle préféra donc sonner et attendre que la rousse vienne lui ouvrir, ce qu’elle fit quelques secondes après l’aboiement du chien, un air de parfaite surprise sur le visage.
- Bonjour Anya, je ne vous dérange pas trop ?
Elle l’avait invité à entrer tout en parlant de l’état de rangement de son salon en regardant un peu partout autour d’elle… Elle semblait vraiment surprise de voir la déesse chez elle et on voyait précisément qu’elle se demandait comment elle devait agir, si bien que cela fit sourire Hera. Elle était touchante dans son attitude.
- Vous ne recevez pas vraiment de dieux chez vous, je me trompe ?
Elle lui souriait toujours, tandis qu’elle caressait de sa main droite la tête du chien qu’il avait posé avec bonne volonté sur le genou de Victoire. Visiblement, Hoover semblait s’être apaisé, à croire qu’il se souvenait qu’elle leur avait été en aide quelques mois auparavant, 6 pour être exacte puisque Anya le lui rappelait subitement. C’est vrai que le temps était passé et elle n’avait pas vraiment songé à la revoir avant, ce qui était sans aucun doute un tort… mais le Temps n’était pas vraiment quelque chose qu’elle maîtrisait de par son statut divin et par son enfermement durant de nombreux millénaires. Est-ce qu’elle allait bien ? Absolument pas… mais elle n’avait pas réellement envie de s’épancher sur le sujet, aussi évita-t-elle tout bonnement la réponse.
- Et vous, comment allez-vous ? Il est vrai que cela fait déjà 6 mois depuis notre première rencontre, veuillez m’excusez mais je n’ai pas vraiment la même notion du temps… ce qui me joue défaut désormais.
Elle lui sourit avant de poser son attention sur Abigaëlle qui la regardait en silence depuis quelques secondes maintenant, des yeux ronds et brillant. Elle avait toujours cet effet attractif sur les enfants, cette capacité à se lier avec eux d’un simple regard. Elle inclina sa tête légèrement sur le côté avec un sourire avant de lui tendre les mains tandis que la petite se relevait tant bien que mal pour se diriger de manière incertaine vers la déesse. Hera en profita pour purifier ses mains le temps de son avancée et l’attrapa au vol pour l’asseoir sur ses genoux avec un sourire.
- Bonjour petite colombe… comment vas-tu depuis la dernière fois que nous nous sommes vu ? Tu as l’air très en forme… l’amour de ta maman est la meilleure des nutritions n’est-ce pas ?
Elle sourit à la petite avant de sourire à la mère… Anya semblait être une très bonne maman, mais existait-il encore la femme derrière la mère ? Hera se le demandait tout en constatant que Dimitri n’était pas parmi elles…
- Dîtes-moi Anya… cela vous conviendrait-il si… nous nous tutoyons ?
Autant commencer en douceur… elle avait des projets pour la rouquine… sa vie allait possiblement prendre un tout autre tournant ce soir…
crackle bones
Anastasia Romanov
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| Conte : Anastasia | Dans le monde des contes, je suis : : Anastasia Romanov
La présence de Victoire ne la dérangeait nullement. En revanche, cette même présence surprenait Anastasia bien plus qu'elle ne l'aurait voulu. Elle ne savait pas si elle devait se sentir flattée d'être reconsidérée par une déesse qui avait sans doute mieux à faire que de s'occuper des simples mortels ou si c'était là le balbutiement d'une relation, d'un quelque chose qui serait né entre les deux femmes en décembre, lors de cette folle aventure russe. Tant bien que mal, la jeune femme avait tâché de ne rien laisser paraître de sa surprise et avait invité Victoire à entrer car c'était ce qui se faisait. Anya avait confiance donc Hoover eut confiance, s'autorisant même quelques familiarités auprès de la déesse - que c'était curieux de penser en ces termes, même après six mois, Anastasia avait encore du mal à réaliser - qui pénétrait dans le salon. Victoire semblait lire en elle comme en un livre ouvert, devinant sans peine le manque de familiarité d'Anastasia avait le divin. La rouquine esquissa un sourire et haussa les épaules. Après tout, elle n'y pouvait rien si elle ne connaissait pas plus de dieux. Elle n'avait jamais cherché à en savoir plus sur eux et s'imaginait qu'eux non plus ne s'intéressaient pas particulièrement à elle. Sauf Victoire, manifestement. - Je ne reçois pas vraiment tout court, répondit Anastasia en tâchant de mettre un peu d'ordre dans le joyeux chaos qu'était le salon avant de s'asseoir, elle aussi. Et je ne connais d'autre dieu en dehors de vous, crut-elle bon de préciser sans trop s'attarder sur ce détail, cependant. Elle ne cherchait pas à faire de compliment ni à élever Victoire au rang d'exception ou de privilégiée (bien que, dans ce cas, c'était sans doute le mortel élu qui occupait cette place), elle se montrait juste terriblement factuelle et franche, contrairement à Victoire qui éluda les traditionnels échanges de politesses convenus et vides de sens. Anya ne pouvait pas le lui reprocher. Fut un temps, elle aurait fait exactement la même chose et, s'il y avait bien quelque chose en quoi elle voulait croire, c'était que les divinités aussi avaient leurs propres problèmes. Aussi la rouquine ne fit-elle aucune remarque, laissant la conversation se poursuivre, balayant les excuses de Victoire d'un geste de la main. - Je vais bien, merci. Et vous assure que vous ne me devez rien, ne put-elle s'empêcher de préciser. Ni des visites, ni des excuses. Ce serait plutôt moi qui devrais m'excuser. Après ce que nous avons affronté ensemble, j'aurais certainement dû chercher à vous revoir. Mais je veux bien croire que votre notion du temps diffère de la mienne. Mais comme pour souligner l'importance d'Héra dans la famille Chostakovich en général et plus particulièrement auprès d'Abigaëlle, cette dernière avait cessé de jouer pour s'intéresser à leur invitée qu'elle avait reconnu et vers qui elle s'était tournée naturellement, sur ses petites jambes hésitantes, mais avec confiance et volonté dans les yeux. Abigaëlle n'avait, elle non plus, pas oublié ce qu'avait fait Victoire pour elle. Peut-être même devinait-elle son rôle dans le panthéon grec. Dans tous les cas, la petite colombe fut enchantée de se trouver sur les genoux de Victoire pendant que sa mère ne put retenir un sourire. Victoire était douce et tendre avec Abigaëlle. Anastasia ne pouvait que trop bien imaginer le havre qu'elle avait pu représenter pour son bébé quand elle l'avait rejointe la première, si bien qu'elle crut que sa culpabilité de ne pas être revenue vers elle sembla grandir. Et pourtant, Victoire ne semblait pas y accorder la moindre importance, assise, là, dans leur salon comme si c'était normal, comme une égale et qu'elles se connaissaient depuis toujours. Abigaëlle tendait ses petites mains potelées en direction du visage de la déesse, trop heureuse d'être le centre d'autant d'attention et de douceur. - Vitoouaare ! babilla-t-elle de plaisir tandis que les joues d'Anastasia rosissaient légèrement. "L’amour de ta maman est la meilleure des nutritions n’est-ce pas ?" Cette phrase tourna plusieurs fois dans l'esprit de la jeune femme qui retenait un franc sourire stupide. Elle ignorait si elle était une bonne mère mais ce qu'elle savait, c'était qu'elle faisait de son mieux et qu'Abigaëlle comptait plus que sa propre vie. Elle n'aurait jamais cru pouvoir aimer autant fort un aussi petit être mais devait bien se rendre à l'évidence que c'était possible. En cet instant, elle avait l'étrange impression que tous ces sentiments se lisaient sur son visage et ne savait pas comment accueillir la nouvelle. Mais l'esprit d'Anastasia fut rapidement détourné de cette réflexion par une question à la fois anodine et terriblement surprenante. Les convenances et la politesse, on en revenait toujours à cela, après tout. Par respect, Anastasia vouvoyait Victoire, la déesse qui avait berné Raspoutine. Victoire n'était pas n'importe qui et bien qu'Anya n'aimait certes pas l'étiquette et les conventions mais, dans de rares circonstances, elle ne pouvait s'empêcher de les appliquer, en éternelle contradiction vivante qu'elle était. Il ne lui était pas venu à l'esprit de tutoyer Héra, pas plus qu'il ne lui était venu à l'esprit qu'elle pourrait en avoir envie. Et maintenant que la question se posait, elle se trouvait presque idiote de s'en tenir à tant de chichis, elle qui ne les aimait pas. - Ca marche ! s'exclama-t-elle vivement quand son cerveau eut enfin décidé de remarcher normalement. Ca va être beaucoup plus simple comme ça. Je n'ai jamais aimé les conventions, de toute façon. Je ne sais pas comment c'est chez les dieux mais le protocole russe est particulièrement fatigant. J'ai horreur de ça. Sois jolie, polie, souris et tais-toi. Anya roula des yeux. Puis, réalisant qu'elle s'égarait peut-être un peu, reprit plus posément : - Peu importe. Je m'emballe peut-être un peu vite sur certains sujets. Et je ne t'ai même pas proposé à boire ou quelque chose. La preuve, je suis une hôte conventionnelle épouvantable.
Victoire Adler
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I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Victoire regardait la jeune femme avec un sourire bienveillant tandis qu’elle s’activait pour ranger autour d’elles. Anya n’en avait pas vraiment besoin, la déesse se fichait pas mal de voir l’état dans lequel était la demeure de la jeune russe. Elle avait un enfant en bas âge, il était naturel que tout ne soit pas impeccable et puis, ce n’était pas comme un dieu pouvait être allergique à la poussière. Mais cela devait sans doute rassurer la dernière les Romanov que de faire un peu de ménage, aussi Hera la laissa faire, en ne lui proposant pas son aide, cependant. Elle avait été à une époque une espèce de « reine » pour les dieux, elle avait eu un rang à tenir et l’idée même de ranger et de donner un peu d’aide n’était donc pas dans ses habitudes. Elle se contenta donc d’attendre en souriant, bien que son visage s’assombri quelques secondes lorsque la rouquine lui précisa qu’elle ne recevait en réalité peu voire pas de gens chez elle.
Anastasia était sans aucun doute une très bonne mère… mais il n’était pas bon de n’être qu’une mère. Une femme ne devait pas être réduite qu’à une seule fonction, c’était son opinion et elle avait de quoi la nourrir. Tout comme les hommes, les femmes avaient besoin de multitude de choses pour s’épanouir : l’amour d’un compagnon attentionné, le sourire de son enfant, mais aussi l’élévation professionnel, la nourriture de l’esprit, les interactions sociales, le sport… bref, là-dessus, hommes comme femmes étaient égaux en besoin et il était primordial que l’impératrice qu’elle avait en face d’elle s’en rende compte. Tout ne pouvait pas être réduit à Abigaëlle et à attendre un Dimitri qui paraissait parfois hors de ses pompes, un peu comme elle l’avait constaté elle-même lors de leur aventure de Décembre. Mais elle ne préféra ne rien dire pour le moment, se contentant de noter l’instant et de s’excuser poliment pour son manque de visite sur les 6 derniers mois, excuses que la jeune femme balaya d’un revers de main.
- Tu sais, je vais t’avouer quelque chose qui t’aidera peut-être à te détendre… Si toi tu n’as jamais vraiment rencontré de dieux, moi je ne suis jamais vraiment venu chez un humain… Ou même « copiné » avec… disons que lorsque nous nous sommes vus en décembre, c’était bien la première fois que je sortais autant de ma bulle divine.
Elle eut un petit rire avant d’ajouter.
- Et nous ne ressentons ni faim, ni soif, donc tu n’as pas à te flageller d’être une hôte épouvantable, je ne m’étais même pas aperçu de ton impair.
Elle lui lança un sourire complice avant d’hésiter. Devait-elle faire apparaître son propre vin afin d’éviter à la russe de se déplacer ou valait-il mieux lui demander poliment ce qu’elle voulait pour éviter de paraître trop grossière et envahissante. Elle opta alors pour le second choix, après tout, c’était Anya qui s’était lancée sur le sujet.
- Je veux bien un verre de vin en revanche si tu as quelque chose qui y ressemble…
Pendant qu’Anya s’affairait, Hera reposa la petite fille qui avait si bien retenu son prénom pour lui laisser tout le loisir de jouer en paix. Lorsque son hôte revint, la déesse prit son verre, trinqua avec elle avant de boire une gorgée et de lui lancer à la suite :
- Pour te répondre concernant notre protocole… Nous n’en avons pas vraiment… Nous ne sommes pas « nés » avec disons… C’est un peu le maître de l’Olympe qui gère le protocole comme il le dirige. Lorsque Zeus était au pouvoir… c’était… très… guindé… je pense que nous n’étions pas très loin du protocole russe étouffant dont tu parlais… Mon mari était ce qu’on peut appeler un excentrique narcissique et mégalomane… De ce fait, il a voulu un trône, un rang supérieur, qu’on lui fasse la cours et les courbettes, il a voulu une femme…
Elle se montra elle-même avec une espèce de moue, accompagnés d’yeux volontairement ennuyés qui reflétait bien tout ce qu’elle pensait de cette décision et du plaisir qu’elle avait pris dans sa fonction. Si une telle chose semblait encore inconcevable il y avait quelques temps, la donne avait bien changé. Elles se firent alors interrompre par le bruit de la porte d’entrée qui s’ouvrit à ce moment précis, laissant apparaître un Dimitri plutôt lessivé mais visiblement heureux d'être à la maison, du moins de ce que Victoire pouvait voir sur son visage. Lorsqu'il l’aperçu cependant, il eu un air de surprise que la déesse chercha à dissiper au plus vite. Elle se leva d'un geste gracieux et s'approcha rapidement du jeune homme pour lui serrer la main :
- Bonjour Dimitri, vous vous souvenez de moi ? On s'est rencontré lors de la disparition de votre fille. Victoire...
Elle préféra lui repréciser son prénom, des fois que le jeune homme l'eût oublié et que cela lui cause un certain embarras. Une fois les salutations faîtes, elle se tourna brusquement vers Anastasia.
- Bon ! Anya, je te laisse environ... 20 minutes ? Je pense que cela sera amplement suffisant pour vous préparer ? Nous sortons ce soir, entre femmes.
Elle avait joint ses mains au niveau de son bas ventre et la regardait avec un large sourire, bienveillant, mais qui ne laissait aucune place au doute : ce n'était pas une invitation à proprement parlée. La russe n'avait pas le choix... dans 20 minutes, elles partaient à deux, qu'elle le veuille ou non... Victoire en avant besoin... et même si elle ne le savait peut-être pas encore, Anastasia aussi !
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Anastasia Romanov
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C'était étrange de constater qu'une divinité pouvait se confier à une mortelle. Mais en fin de compte, plus elle côtoyait Victoire et plus Anastasia s'apercevait qu'elle était comme elle, au fond. Une femme, avec son passé, ses souffrances, son avenir, ses aspirations et tout un tas d'autres choses, parmi lesquelles la découverte du monde mortelle. Victoire avait l'air incroyablement normal, assise ici, dans ce salon imparfait, avec cette conversation si triviale. Elle était comme ces princesses dont on s'imaginait monts et merveilles et qui étaient, Anya le savait, en fin de compte des femmes comme les autres. - J'aurais préféré que tu sortes de ta bulle et me rencontre - nous rencontre - dans d'autres circonstances, commenta la jeune femme en coulant un regard lourd de sens vers Abigaëlle, depuis saine et sauve et apparemment pas traumatisée par son expérience de décembre. Mais je suis contente de l'apprendre. Je n'aime pas l'idée que des femmes soient dans une bulle. Même dorée. Anastasia n'épilogua pas, car ce n'était probablement pas le moment pour sortir ses grands discours féministes voire des tracts. Elle se contenta de sourire en retour avant d'écarquiller légèrement les yeux en apprenant que Victoire n'avait jamais ni faim ni soif. Pour la mortelle qu'elle était, c'était tout bonnement inconcevable et de nouvelles questions lui brûlaient maintenant les lèvres. Oser ou ne pas oser, telle était la question. Finalement, Anya se jeta à l'eau, car elle l'aurait fait avec n'importe qui d'autre. - C'est... bizarre, commenta-t-elle d'abord, incapable d'argumenter plus. Et donc... les dieux ne dorment pas non plus ? ils n'ont aucun besoins vitaux ? avança Anastasia. Passée la surprise, elle essayait de se montrer logique. - Vous êtes une curieuse espèce, en tout cas. Intéressante mais curieuse. Mais je suppose qu'on peut dire la même chose des mortels quand on est divin... Anastasia laissa la fin de son commentaire se perdre dans le silence. Elle n'avait pas fini d'apprendre à connaitre les dieux. En fait, elle commençait à peine et devinait qu'elle avait plusieurs chapitres de retard, si ce n'est des saisons entières à rattraper. La rouquine y pensait encore quand elle s'éclipsa à la recherche du vin demandé par Victoire. Elle ne doutait pas qu'avec ses pouvoirs - notamment la téléportation dont elle avait fait usage en Russie - elle aurait pu se servir elle-même et n'appréciait que plus la délicatesse dont Victoire avait fait preuve. Parce qu'elle buvait rarement, Anastasia ne s'y connaissait pas en vins. Elle farfouilla quelques instants dans le petit stock que s'était constitué Dimitri et attrapa une bouteille dont le nom lui inspira confiance. Puis elle saisit deux verres, le tire-bouchon et revint au salon d'un pas énergique. - J'ai pris ce que j'ai trouvé, j'espère que ça ira. J'ai rarement l'occasion de boire, en fait. Anastasia posa la bouteille un peu fortement sur la table basse et s'occupa de la déboucher avant de servir deux verres et d'en tendre un à Victoire. Alors les deux femmes trinquèrent avant que la leçon divine ne reprenne. La jeune femme écoutait la déesse avec attention, fascinée et curieuse de ce monde qui s'ouvrait à elle. Elle avait presque l'impression d'être indiscrète mais ne l'avait pas suffisamment pour changer de sujet. Alors elle sirotait le verre de vin en buvant les paroles de Victoire. Mentalement, elle nota consciencieusement chaque information, concentrée, mais ne put réprimer un sourire contrit à l'évocation de Zeus. Comme beaucoup, Anastasia connaissait la mythologie grecque - celle dont parlait les livres. Mais elle se doutait - et avait la confirmation devant elle - que les livres ne disaient pas tout et pas la vérité non plus. Les livres lui avaient toujours dépeint Héra comme une femme jalouse et calculatrice mais la femme devant elle était de celles qu'Anya voulait considérer comme une amie. Elle avait donné de son temps et de sa personne pour protéger puis lui rendre son enfant. Elle ne pouvait décemment pas être la déesse dont les livres parlaient. Anya le refusait. Anastasia préféra ne rien ajouté concernant Zeus. Tout semblait avoir été dit dans l'attitude de Victoire qui n'avait pas nécessairement envie d'épiloguer à n'en plus finir. De toute façon, la porte venait de s'ouvrir et les chiens aboyaient, signe que leur maître était de retour. En effet, quelques instants plus tard, Dimitri apparut sur le pas de la porte, surpris et fatigué. Anastasia lui adressa un sourire encourageant alors que Victoire se levait dans la grâce et la majesté qui la caractérisaient. Anya la suivit du regard, observant les présentations et la poignée de main qui s'en suivit. Elle ne parvenait pas à déchiffrer les pensées qui semblaient se presser dans l'esprit de Dimitri qui, comme à son habitude, se contenta d'une réponse monosyllabique, la fatigue n'aidant sans doute pas. Jusqu'ici, rien de nouveau. Puis Victoire se tourna vivement vers Anastasia, annonçant un plan qu'elle n'avait pas vu venir. Vingt minutes pour se préparer à sortir entre filles. Le ton était donné et Dimitri semblait aussi surpris que sa fiancée. - D'accord, s'entendit-elle répondre presque automatiquement. Elle n'en revenait même pas elle-même. Anastasia n'avait pas le souvenir d'être un jour "sortie entre filles". Cela avait peut-être été le cas, dans une autre vie ou d'autres souvenirs mais alors cela n'avait pas dû la marquer. Et pourtant, la rouquine sentit poindre une excitation nouvelle dans son corps, une excitation qu'elle n'aurait su définir. Elle fila rapidement dans sa chambre puis à la salle de bains pour s'apprêter un peu plus, enfilant une robe et de jolies chaussures. Elle colora son visage d'un peu de maquillage et ressortit une dizaine de minutes plus tard. - Je crois que je suis prête, annonça-t-elle en retournant au salon, curieuse de savoir ce que Victoire et Dimitri avaient pu se dire ou non en son absence. Dimitri... je te laisse garder la maison. Je rentrerai... quand je rentrerai, je suppose. Se hissant sur la pointe des pieds, elle l'embrassa furtivement avant de passer ses doigts dans les cheveux d'Abigaëlle qui jouait tranquillement à leurs pieds. Puis elle releva les yeux vers Victoire. - Alors... où va-t-on ce soir ?
Victoire Adler
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Edition Août-Septembre 2020
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Victoire avait pris un malin plaisir à lui expliquer sa vie, son espèce, sa façon d’être. Elle découvrait en Anastasia une jeune femme absolument charmante et curieuse qui, pourtant, n’avait sans aucun doute pas accordé beaucoup de crédit à ses « frères et sœurs » jusqu’à présent pour en savoir si peu. C’était plaisant de voir qu’elle pouvait finalement être elle aussi la première pour quelque chose et qu’elle aussi pouvait apprendre à une humaine ce qu’était la vie de déesse. D’autant plus dans ce domaine, cela signifiait qu’elle avait véritablement soulevé l’intérêt de a jeune rouquine… elle qui était généralement le pot de fleur en font de pièce, c’était pour ainsi dire une première et Anya l’encourageait toujours de plus de questions. Elle lui expliqua qu’elle ne dormait effectivement pas, bien que pour une raison plutôt incroyable certains d’eux eux en était capable depuis un voyage dans un futur modélisé.
Elle avait en tout cas raison de se considérer comme une « curieuse espèce » également en tout cas. Victoire aimait la diversité. Elle ne faisait pas partie de ces Hadès qui méprisaient les autres espèces, surtout quand elles étaient bien moins loties qu’elles… ou du moins, ce qu’on pouvait considérer comme moins bien lotis.La déesse voyait les choses autrement. Chacun avait un rôle dans ce vaste univers, aussi petit soit-il et les humains avaient donc leur rôle. Là où on pouvait penser que leurs lacunes étaient des faiblesses, Hera les voyait plus comme un enseignement. Les humains ressentaient le manque, la douleur, la fatigue… Ils savaient se battre pour atteindre ce qu’ils voulaient. Les dieux n’étaient que des enfants gâtés qui n’avaient qu’à claquer des doigts pour obtenir ce qu’ils désiraient, ce qui faisait que la moindre difficultés les ébranlaient bien plus qu’elle n’ébranlait un humain. Victoire avait adoré être une humaine, elle en avait beaucoup appris, elle avait gagné en humilité…
Mais tout ce moment d’échange avait été interrompu par un Dimitri harassé rentrant du travail du travail… Malheureusement pour lui, le repos n’était pas pour tout de suite puisque Hera avait décidé de frapper vite et bien. Anya avait semblé légèrement désarçonnée mais elle s’était exécuté et était montée se changer, visiblement assez ravie de la perspective d’une soirée entre fille qui ne devait plus exister dans sa vie depuis bien longtemps. Même boire, elle avait oublié ce que c’était. Elle était jeune bon sang ! Et elle avait la chance inouïe de ressentir les effets de l’alcool, ce qui était non négligeable et manquait le plus à la déesse depuis qu’elle avait recouvré ses facultés.
Ponctuelle, Anya était redescendue, pimpante, ravissante dans sa robe, son maquillage savamment exécuté pour paraître à la fois naturel et sophistiqué. Hera lui sourit, ravie, en approuvant d’un signe de tête.
- Tu es très jolie Anya, une véritable étoile éblouissant la nuit noir. Vous n’êtes pas d’accord Dimitri ?
Elle lui avait donné un coup de coude amical. Le compliment masculin allait également de mise dans une soirée féminine et elle savait que sa petite humaine se sentirait d’autant plus revigorée si elle avait l’aval de son amant qui lui bredouilla d’ailleurs un compliment qui était sincère en tout point. Hera lui posa alors Abigaelle qu’elle avait tenu jusqu’alors dans les bras et attendit que sa jeune amie fasse ses au revoirs pour l’inviter à sortir. Un sourire mutin aux coins des lèvres, elle lui tendit alors sa main en lui répondant à sa question avec une part de mystère.
- En Russie ma chère ! Mais pas votre Russie. La Russie de ce monde « réel ».
Sa main se referma sur celle de la rouquine et elle les téléporta.