Dis bonjour à Daniel

« Amélia & Regina »

Cela faisait plus d’un mois que j’avais accouchée de Daniel et aujourd’hui, j’avais décidé de le présenter à Amélia. Après tout, elle était ma patronne et depuis sa naissance, elle n’avait jamais vu mon fils alors autant profiter de cette journée de tranquillité non ? Aussi, après avoir pris le petit déjeuner, j’habilla Daniel chaudement et le mis dans son couffin avant d’enfiler ma veste par-dessus mon chemisier et quitta le Manoir, perchée sur dix centimètres de talons. Il est vrai que depuis la naissance de Daniel, je profitais des talons à nouveau et c’était plaisant.

J’arriva une dizaine de minutes plus tard devant la boutique et poussa la porte dont le léger tintement prévins la propriétaire des lieux. Je lui souris en la voyant avant de poser le couffin où Daniel dormait sur l’une des banquettes et retira ma veste avant de voir la jeune femme approcher. Je pris Daniel dans mes bras, ce qui lui fis ouvrir les yeux quelques secondes avant qu’il ne les referme. Je leva le regard vers Amélia.

« Bonjour Amelia. Comment vas-tu ? Je voulais te présenter Daniel. » lui dis-je simplement.

Il y a quelques temps de cela, Amelia avait connu les affres du rhume et de la toux qui l'avaient clouée au lit pendant quelques jours. La pâtissière avait détesté ces jours passés loin de sa cuisine, sans sautiller, à se contenter de comédies romantiques qu'elle adorait et de romans qu'elle aimait tout autant. Elle avait beau apprécier la quiétude de temps en temps, Amelia n'était jamais aussi heureuse que quand elle s'activait, que ce soit chez elle, pour sa famille, ou derrière le comptoir de sa boutique.
Heureusement, le temps de la maladie était révolu et la jeune femme était revenue en force dans sa boutique. Pour marquer le coup, elle avait notamment appelé Jillian, sa petite sœur, pour l'aider à parer la boutique de sa décoration de Noël. La Natalité n'aurait certes pas lieu avant un bon mois mais elle considérait qu'il n'était jamais trop tôt pour s'y préparer. Elle aurait d'ailleurs pu sortir son chapeau de père noël s'il n'avait pas manqué de praticité quand il s'agissait de courir partout ou de cuisiner. Elle avait donc opté pour un top rouge, un jean noir et des chaussures plates pratiques, elles au moins, pour sautiller et courir.
La jeune femme s'affairait depuis le début de la matinée à la création des premiers chocolats de Noël, servant un client de temps en temps et chantonnant le reste de la journée. Il était encore trop tôt pour qu'il y ait foule, même si les gourmands matinaux étaient une espèce commune. D'ailleurs, elle avait tout juste fini une plaque de chocolats que le doux son de la clochette à l'entrée de la boutique tinta pour signaler un client.
Ni une ni deux, Amelia courut à l'arrière-boutique pour y trouver Regina Mills, sa seule employée actuellement en congés maternité. Et justement : l'ancien maire n'était pas venue seule mais accompagnée d'un couffin et d'un bébé endormi qui éclipsa bien vite sa présence, à elle.
Amelia se précipita vers le bébé, un sourire jusqu'aux oreilles :
- Oh mais qui est-ce que je vois là ? Mais c'est adorable bébé, dites donc ! Coucou Daniel. Tu sais que tu es à croquer ? Pour un peu je te mangerais ! déclara Amelia en lui caressant tendrement la joue.
Puis elle releva la tête vers sa génitrice et reprit :
- C'est plutôt moi qui devrais te demander comment tu vas ! Il fait déjà ses nuits ? Ca va, tu n'es pas trop épuisée d'être à nouveau maman ? Tu as l'air épanouie, en tout cas et c'est très gentil de venir dire bonjour ! Ici rien de neuf, à part la déco. Mais parle moi plutôt de toi, du bébé etc, c'est autrement plus intéressant que ma petite vie.

Dis bonjour à Daniel

« Amélia & Regina »

Un sourire naquis sur mes lèvres lorsque je vis la réaction d’Amélia lorsque son regard se posa sur Daniel. Elle releva son regard vers moi et me demanda comment ça allait, me posant mille et une questions, ce qui me fit sourire.

« Oui, il fait enfin ses nuits. » finis-je par dire avec un sourire. « Oh tu sais, je me suis préparée mentalement pendant ma grossesse à me dire que j’allais accueillir un nouveau petit bout de choux, j’ai eu plus de mal avec son frère, je dois bien l’avouer. Il a fallu du temps à Henry avant d’accepter Daniel mais maintenant, ça va mieux, j’essaie de passer plus de temps avec lui car avec l’arrivée de Daniel, il m’a avoué avoir peur que je laisse pour me préoccuper de son petit frère. »

Reposant Daniel dans son couffin, je m’asseya à une table libre avant de regarder Amélia.

« Très jolie déco d’ailleurs ! » dis-je avec un sourire « Comme tu le sais, j’ai accouchée avec un mois d’avance à Camelot, j’en ai connue des vertes et de pas mûres là bas, surtout avec mes pouvoirs et je te parle pas de la vision qu’ils ont des sorcières. Enfin, Daniel est arrivé avec un mois d’avance mais j’ai eu la chance d’être bien entourée pour sa venue au monde. »

Oui, j’avais surtout été entourée de magie en fait.

« Y’a juste Robin qui me manque pour compléter le tableau. » finis-je par dire.

Amelia grimaça. Ce n'était pas toujours évident d'avoir plusieurs enfants, elle le savait. Elle avait eu trois sœurs dont deux aînées puis deux enfants. Dans le premier cas, elle avait dû se faire une place auprès de lionnes plus fortes et robustes qu'elle. Dans le second, elle s'en était tenue au minimum. Son lionceau était alors trop petit pour réellement comprendre que sa maman attendait un autre bébé. Il ne l'avait réellement compris que par la suite, quand sa petite sœur était arrivée dans leur monde. Il l'avait observée curieusement avant de l'adopter. Henry en ferait sans doute de même, ne serait ce que parce qu'il était impossible de résister à la petite bouille d'ange de Daniel.
- Ne t'en fais pas, c'est ça aussi les frères et les sœurs. Crois en ma longue expérience. Henry a la chance de déjà être adolescent et de pouvoir comprendre qu'un nourrisson est plus dépendant que lui. Je pense que tu as la bonne technique, conclut Amelia sans trop s'avancer, n'étant, après tout, pas psy.
Regina déposa son bébé dans son couffin, où il serait assurément mieux pour finir sa nuit, avant de s'asseoir à la table qu'elle avait toujours dans un coin de sa boutique et qui s'avérait bien pratique pour les dégustations improvisées lors des grosses commandes, par exemple, ou simplement pour les clients fatigués.
Une fois installée, Regina raviva la conversation, complimentant la décoration, ce qui lui valut un sourire satisfait de la part de la pâtissière, avant d'embrayer sur les dernières nouvelles de sa vie. Amelia s'accouda alors à son comptoir, écoutant la nouvelle histoire incroyable de son employée.
Camelot. Des problèmes magiques. Un accouchement prématuré dans un monde inconnu. Et dire que pour certains c'était une journée normale... Amelia, elle, ne se ferait jamais à toutes ces aventures qui semblaient surgir dans la vie des uns et des autres au moment le moins opportun. Heureusement, la nouvelle histoire de Regina avait connu un dénouement heureux. C'était sans doute ce qu'il fallait retenir de toute cette affaire, en dépit de l'absence de Robin.
La pâtissière savait qu'il était le père de Daniel. Elle savait aussi que Regina entretenait une relation sentimentale avec lui mais n'avait jamais cherché à connaître les détails de cette romance. Car si elle se permettait de se mêler des moindres détails de la vie privée des membres de sa famille, elle avait un peu plus de retenue quand il s'agissait de ses employés ou de ses amis.
- Je suis désolée, grimaça-t-elle une nouvelle fois à l'évocation de Robin. Je vais te faire un chocolat chaud et chercher quelque chose à manger, ça te fera oublier un peu ce qui n'est pas parfait en ce moment, résolut la pâtissière sans attendre un accord ou un simple avis.
Elle tourna les talons vers son arrière-boutique où elle prépara rapidement mais parfaitement le chocolat dont elle avait parlé. Elle disposa une tasse brûlante sur un plateau auquel elle ajouta quelques mignardises peu caloriques vu l'heure de la journée et repartit aussi vite qu'elle le pouvait maintenant que ses bras étaient chargés.
- Voilà, déclara t-elle en posant le tout devant Regina. J'imagine qu'on a besoin de reprendre des forces après des aventures comme les tiennes ! Camelot, ça doit être tellement merveilleux comme endroit ! Les chevaliers de la Table Ronde, Merlin et tout le reste que je ne peux qu'imaginer ! Ceci étant dit, j'aime ma petite vie tranquille auprès de ma famille. J'ai un mariage à organiser, de toute façon. Avec la boutique, je n'ai pas le temps pour les aventures hors de ce monde.

Dis bonjour à Daniel

« Amélia & Regina »

« J’espère… » dis-je avec un léger sourire.

Je reposa dans son couffin Daniel pour qu’il finisse sa nuit avant de finalement m’asseoir à notre table habituelle puis au fil de la conversation, l’absence de Robin revint sur la table et la jeune femme s’excusa avant de me dire qu’elle allait chercher un chocolat et qu’elle allait chercher quelque chose à manger pour me faire oublier mes soucis. Un sourire naquis sur mes lèvres. Elle ne mis pas longtemps à revenir et un sourire naquis sur mes lèvres.

« C’est plaisant tout ça. » dis-je en posant mon regard sur ce qu’elle venait de ramener.

Oh oui, Camelot c’était intéressant, j’avais découvert de nombreuses choses comme le fait que j’avais déjà rencontré Merlin dans la Forêt Enchantée mais que je ne m’en souvenais plus. Je bu une gorgée en faisant attention à ne pas me brûler et souris à Amelia avant d’hausser les épaules.

« Tu sais…Ils sont pas si super que ça les Chevaliers de la Table Ronde, d’ailleurs les deux à qui j’ai fait face étaient un peu con… enfin c’est une façon de voir les choses. Mais j’ai appris que j’avais rencontré Merlin dans la Forêt Enchantée mais je ne me souviens même pas quand. Puis j’ai su aussi qu’ils n’aimaient pas mais pas du tout les sorcières. J’ai d’ailleurs failli faire plus d’une gaffe…» dis-je en me mordant les lèvres.

On pouvait sans doute émettre de nombreuses critiques au sujet d'Amelia : elle était trop bavarde, trop enthousiaste, elle ne tenait jamais en place et se mêlait toujours de ce qui ne la regardait pas. Mais s'il y avait une chose qu'on devait lui reconnaître c'était qu'elle savait recevoir. Souriante, avec toujours des pâtisserie de côté et de quoi offrir une boisson, Amelia prenait plaisir à prendre du temps avec ses clients, ses amis ou même les inconnus.
Mais elle déchanta rapidement quand, après une gorgée de chocolat, Regina brisa l'image idéale que la pâtissière s'était faite de la Table Ronde : des preux chevaliers au service d'une noble cause, prêts à défendre la veuve et l'orphelin au péril de leur vie. Que c'était romantique et romanesque ! Si Amelia n'avait pas déjà son preux chevalier à elle, elle aurait adoré naître dans la Forêt Enchantée pour rencontrer les princes, les princesses, les fées et les enchanteurs qui remplissaient des pages et des pages de livres de conte qui, apparemment, embellissaient un peu la réalité. Comment diable était-il possible que les chevaliers de la Table Ronde soient idiots ? Amelia avait ouvert de grands yeux surpris à cette annonce.
Elle n'en resta pas moins silencieuse, écoutant avec une curiosité non feinte le récit de Regina.
- J'ai d'ailleurs failli faire plus d'une gaffe, conclut-elle cette dernière en mordillant ses lèvres.
Amelia sourit, amusée.
- Tu es bien loin de l'image que je me faisais de toi, avoua-t-elle sur le ton de la confidence, son menton posé au creux de sa main gauche. Regina Mills, Madame le maire qui a plein de pouvoirs que je ne peux même pas imaginer et qui, en fait, est une véritable gaffeuse... Ils ne nous préviennent pas de ce détail dans les livres de contes ! Peut-être que tu ne vaux pas mieux que moi de ce point de vue, enfin de compte... Tu as dû entendre parler de ma réputation de maladroite de compétition, il paraît qu'elle me précède, plaisanta la jeune femme avant de reprendre : Enfin, le plus important c'est que toi et le bébé soyez rentrés sains et saufs. Et ne t'en fais pas, ajouta-t-elle, je suis une patronne cool. Enfin, je pense l'être. Tu peux revenir travailler ici quand tu le souhaite, que ce soit la semaine prochaine ou dans six mois. J'ai assez d'énergie à revendre pour gérer.

Dis bonjour à Daniel

« Amélia & Regina »

Un sourire naquis sur mes lèvres lorsque la jeune femme me dit que j’étais bien loin de l’image qu’elle se faisait de moi avant de finalement arquer les sourcils, ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir. Puis finalement, elle m’expliqua le fait que j’étais sans doute aussi gaffeuse qu’elle et qu’ils ne nous prévenaient pas de ça dans les livres de contes. Un nouveau sourire naquis sur mes lèvres.

« Oh mais c’est parce que c’est le nouveau standard, une version complète à la Regina. » dis-je avec un sourire.

Buvant une gorgée de chocolat chaud et le laissant doucement me réchauffer, je repris finalement après que la jeune femme me parle de son côté gaffeuse qui la précédait et j’avais d’ailleurs fait un signe approbatif de la tête à ce fait là qu’elle était une patronne sympa et que je pourrais revenir travailler quand je voudrais.

« Tu sais que je m’imaginais presque à écrire un livre, je vois le titre de là « Comment faire les pires gaffes de magie en dix leçons selon celle qu’on surnomme la Méchante Reine.» Je suis sûre que ça ferait fureur. » dis-je en riant légèrement avant de finalement reprendre « Mais tu as raison, le plus important c’est que j’ai pu rentrer entière, tout comme Daniel. Mais d’après ce que m’a dit Merlin, mes soucis de magie à Camelot étaient liés à ma grossesse, enfin dans tous les cas, je pense que j’ai encore besoin d’apprendre de nombreuses choses. Oh et puis, je pense que d’ici trois semaines, je serais apte à revenir travailler. Ça me manque de ne plus avoir les mains dans la farine tu sais et puis sentir toutes ces bonnes odeurs… » finis-je par dire.

J’aimais venir dans la boutique, j’aimais d’ailleurs y travailler tout court. Amelia était adorable et puis, ça me faisait du bien tout ça.

« Oh, tu sais que je pensais faire des muffins en forme de père noël ? »

C'était surprenant de voir qu'une femme comme Regina Mills, l'ancien maire si élégante dans ses tailleurs et si hautaine que personne n'osait la défier, pouvait se laisser aller à des traits d'humour complices. Quand elle l'avait rencontrée, au moment de sa destitution du sommet de Storybrooke, Amelia n'avait pas su à quoi s'attendre. Mais elle avait tâché d'aborder cette rencontre sans a priori ni rancune, estimant que Regina méritait une seconde chance - au même titre que son mari, par exemple, même si les deux parcours étaient sensiblement différents. Au final, la pâtissière n'était pas mécontente de lui avoir accordé sa confiance. Si on ne pouvait pas dire que les deux femmes étaient depuis devenues les deux meilleures amies du monde, il était certain qu'elles avaient réussi à tisser une relation amicale agréable.
Amelia sourit à sa remarque avant de croquer dans l'une de ses gourmandises. Ce n'était pas parce qu'elle les préparait que la pâtissière se laissait de ses pâtisseries, chocolats et autres douceurs, bien au contraire. Plus elle travaillait et plus elle aimait ce travail. Amelia possédait un sens créatif qui ne se reposait jamais. Elle était toujours en train d'imaginer le prochain repas de famille, le prochain gâteau d'anniversaire d'un de ses proches ou encore le menu de son mariage à venir, en 2017.
- Tu devrais l'écrire, oui, approuva la jeune femme entre deux bouchées. Tu as peut-être tes chances dans la littérature comique.
Amelia n'y connaissait rien en magie. Aussi fut-elle surprise d'entendre Regina, qu'elle avait déjà eu l'occasion de voir à l'œuvre, envisager que son apprentissage restait à parfaire. Que voulait-elle encore apprendre de plus ? Elle pouvait lancer des malédictions et des boules de feu, apparaître et disparaître à volonté ou encore lancer des sortilèges. N'était-ce pas bien assez ou Amelia était-elle vraiment néophyte jusqu'au bout des ongles ?
Elle l'écouta néanmoins attentivement, bavarde, certes, mais suffisamment dotée d'empathie pour s'intéresser entièrement à la vie et des autres et à ce qu'ils avaient à lui dire. La jeune femme se contenta, cependant, de ne rebondir que sur le sujet qu'elle maîtrisait : la cuisine. Le reste lui passait bien trop au-dessus de la tête.
- Je serai ravie d'avoir de nouveau dans mes pattes, déclara-t-elle, heureuse de voir que la pâtisserie venait à manquer à certains.
Ce n'était bizarrement pas le cas d'April, qui se plaignait plus qu'autre chose de cette passion et des avantages qui allaient de pair avec la carrière de sa cadette, mais c'était sans doute parce qu'April ne savait pas spécialement s'amuser et qu'elle était plus ronchon que Jillian.
- C'est une bonne idée, si tu as les moules appropriés, oui ! s'enthousiasma Amelia quand Regina lui eut exposé son projet pour les fêtes de fin d'année. Mais prends d'abord soin de toi et de Daniel avant de venir faire des muffins chez moi. Je ne voudrais pas qu'à cause de moi ce pauvre petit bonhomme ne reçoive pas la montagne de jouets à laquelle il a le droit parce que sa maman fait de la pâtisserie chez moi, expliqua l'ancienne lionne d'un air théâtral et surjoué. Parce que tu as naturellement prévu de gâter tous tes enfants pour Noël, cela va sans dire, n'est-ce pas ?
Amelia marqua une pause avant de reprendre, rêveuse, parlant plus pour elle qu'à Regina :
- Ah, j'adore la saison de Noël... c'est tellement plaisant de faire plaisir ! Enfin bon ce n'est pas le propos, se reprit-elle en souriant. Tes muffins, c'est une chouette idée.

Dis bonjour à Daniel

« Amélia & Regina »

« Fais attention, je risquerais de le prendre au mot et tu perdrais mes talents de cuisinières ! » lui dis-je avec un sourire « Tu te rends compte ? Plus de chaussons aux pommes ! » dis-je, toujours avec le sourire.

Une certaine amitié était née entre Amelia et moi au fil des années, enfin même si cela ne faisait pas réellement tant de temps que ça, ça commençait à augmenter et je dois dire que je n’aurais pas rêvé meilleur job. Elle est adorable et puis j’adore mettre la main dans la farine et faire toute sorte de gâteaux. Je fis rapidement comprendre à Amélia que j’avais vraiment hâte de reprendre le travail, ça me manquait de ne pas avoir les mains dans la farine, cette dernière m’affirma qu’elle serait ravie de me ravoir dans les pattes.

« Espérons que lorsque j’aurais repris le travail, je n’ai pas l’apparence d’une gamine de dix ans ou encore pire, prions pour que je ne ressemble pas à ma mère… » dis-je avant de rire « Tu en a quand même vu avec moi niveau magie. » dis-je avec le sourire.

Il est vrai que je ne l’avais pas épargnée la pauvre mais maintenant, c’était sujet de plaisanterie plus qu’autre chose. Je fis apparaître des moules de la bonne forme pour les muffins sur la table dans un nuage de fumée violet et leva le regard vers Amelia avant de me mordre la lèvre.

« Désolée… » dis-je avant de mettre ma main sur mon cœur « Je jure que je ne ferais plus usage de la magie au sein de cette boutique. » dis-je avec un léger rictus avant de poser mon regard sur Amelia « C’est plus fort que moi… Mais disons que dès que je reviendrais travailler, je n’userais plus de magie, d’ailleurs je ne l’ai jamais fait pour les gâteaux mais là, je ne m’en servirais pas du tout… » ajoutais-je avec un nouveau sourire.

Croquant dans un des gâteaux, je posa mon regard sur Daniel, il est vrai que les fêtes approchaient à grand pas mais j’ignorais tout bonnement quoi acheter à Daniel. Il était certain que j’allais gâter Henry, Lexie et Daniel mais avec quoi ? ça je n’en avais pas la moindre idée. Je posa mon regard sur la jeune femme avec un léger sourire embarrassé.

« Tu n’as pas tord. Je suis contente que mon idée te plaise, j’en ai encore pleins et sinon…je ne sais pas du tout quoi offrir à mes enfants. Alexie est déjà grande, Henry je pensais lui offrir un nouveau téléphone et Daniel… » je fis mine de réfléchir « Je pensais lui offrir un robin des bois en peluche… », je posa mon regard sur mon fils endormi puis sur Amelia, tenant la tasse encore à moitié pleine dans ma main « C’est nul comme idée de cadeau non ? »

- Ce serait dramatique, absolument dramatique, répondit Amelia, toujours d'un air théâtral et exagéré.
Amelia ne connaissait pas la demie mesure. Elle était exubérante et franche, peut-être trop. Bavarde de nature, elle avait surtout du mal à contrôler le flot de paroles dont elle abreuvait les gens. Mais une chose était certaine : elle était suffisamment mauvaise actrice pour que Regina s'en aperçoive, de sorte que l'ambiance était bonne enfant. Les deux femmes échangeaient de vieilles anecdotes sur les déboires magiques de l'ancien maire, des déboires sont Amelia avait, malgré elle, était témoin. Et qu'elle n'était pas prête d'oublier. Aussi pouffa-t-elle à l'évocation des mésaventures de son amie.
- Du moment que ces malheurs restent les tiens, je crois que j'ai plaisir à m'en souvenir ! s'écria-t-elle. Je préfère être spectatrice de la magie, je crois... De cette magie, du moins.
Parce qu'au fond, Amelia aurait adoré aller à Poudlard. Elle était persuadée qu'elle aurait eu sa place à Poufsouffle. Mais les problèmes magique de Regina, elle préférait les observer de loin.
L'apparition soudaine de moules adéquats, cependant, elle pouvait gérer. C'était ce qu'elle aurait appelé de la belle magie, ou de la magie Poudlard - et, accessoirement, de la magie pratique. Regina faisait sans doutes de sacrées économies, si on y pensait bien. Regina s'en excusant néanmoins, jurant solennellement que c'était la dernière fois. L'ancienne lionne pouffa une nouvelle fois.
- Aucun souci, je peux très bien apprécier ce genre de magie ! s'offusqua-t-elle pour du faux. Je ne suis pas non plus anti-magie, juste anti-soucis, comme la majorité des gens, enfin de compte. Mais tu as raison, sans vouloir te commander - parce que je suis la meilleure patronne de la ville - je préfère qu'on fasse la pâtisserie manuellement et je te suis reconnaissante d'avoir toujours fait ainsi, reprit Amelia en se levant pour se dégourdir les jambes et mettre de l'ordre dans sa boutique qui n'en avait pourtant pas besoin.
Elle avait besoin de s'occuper les mains.
- La magie élèverait tout le fun de la pâtisserie, de toute façon, tu ne crois pas ? demanda-t-elle de façon purement rhétorique puisque pour elle s'était une évidence - et pour Regina aussi, espérait-elle.
Quand la pâtissière eut fini de pinailler sur la tenue de sa boutique, elle se tourna à nouveau vers Regina. Le sujet pâtisserie était maintenant clos. Place à Noël et au regard vague de l'ancienne reine qui ne savait pas quoi offrir. Elle réfléchit quelques instants avant de lancer une idée qui ne la convainquait pas.
- Moi je ne trouve pas que ce soit une mauvaise idée. Je suis sûre qu'il va adorer, sourit la pâtissière. Et Henry va adorer le téléphone, c'est certain ! Surtout si c'est l'un de ces smartphones auxquels je ne comprends pas grand chose. Tu devrais aller faire les magasins avec Alexis, ajouta-t-elle après un instant. Je fais toujours ça avec mes enfants qui sont grands aussi. Il suffit de les observer et on voit ce qui leur ferait plaisir. En l'occurrence ma Velma ce sont les livres ce qu'elle préfère. Mais c'est juste une idée comme ça... Ceci dit, je me rappelle d'une fois quand elle était toute petite. Il y avait cette poupée qui lui faisait envie. Ca se voyait gros comme une maison. Naturellement j'ai prévenu papa Noël qu'elle avait été suffisamment sage pour mériter cette poupée... Mais je m'égare, pardon. Je parle trop et Alexis ne doit plus avoir l'âge des poupées. Un magasin de vêtements, peut-être ?
Amelia, bien sûr, se garda bien d'avouer qu'il lui arrivait aussi de se parler à elle-même quand elle était toute seule.