La team rocket est de retour...

Soyons clair… j’avais craqué… j’avais complétement craqué… Et ce n’était que le début… Allez savoir si c’était la Saint Valentin qui m’avait fait ou tout simplement le trop plein de tout, mais une chose était certaine, ma vie allait prendre un tournant décisif à partir de ce 15 Février… même si je ne le savais pas encore.

Jusqu’alors j’étais restée calme, enjouée et souriante, bien que quelque peu raplapla… mais cette nuit-là m’avait littéralement minée. J’avais passé ma nuit entre le 14 Février et le 15 Février à réfléchir, en position fœtale, la couverture en boule sur mon ventre. J’avais espéré… tout ce temps j’avais espéré… stupidement… Mais là j’en avais eu la preuve et ça faisait mal… terriblement mal. Comment j’avais pu être aussi CONNE ma parole ?! CONNE de croire qu’il tenait à moi, CONNE de croire que j’avais été plus qu’un simple contrat, CONNE de croire que nous aurions pu être amis, CONNE de croire… qu’il m’enverrait un signe, juste un signe… pour la St Valentin…

Ma tête avait alors brusquement plongé sur la couverture bien serrée entre mes jambes et sur mon ventre. J’avais éclaté en sanglot, des sanglots violents et bruyants. Je m’en fichais. Il n’y avait plus personne dans la coloc’… Hormis Peg, mais sa chambre était bien trop loin de la mienne pour qu’elle puisse m’entendre… Et même si elle le faisait, elle aurait le tact de faire semblant de ne rien entendre. Je m’étais alors laissé aller pour la première fois depuis tout ça… Mes cheveux collaient à mes joues par le biais des larmes et mon corps convulsait fortement sous les sanglots. C’est fou ce que ça faisait mal… j’avais l’impression qu’un feu surpuissant me dévorait le cœur, j’avais l’impression de me consumer à l’infini, de sentir l’effet d’un Endoloris que mon tortionnaire aurait refusé d’arrêter. Et cette impression de vide qui me rongeait de l’intérieur, qui me donnait cette impression de n’être qu’un trou béant… Alors c’était ça l’amour ? J’avais eu des amis, comme toutes les adolescentes, je m’étais cherchée, mais je n’avais jamais au grand jamais ressenti une chose pareille… je ne savais plus où j’en étais, si je le détestais ou l’adorais, si je me détestais ou me plaignais… j’avais juste envie que tout cesse, de dormir jusqu’à n’en plus pouvoir et de me réveiller enfin heureuse…

Mais ça ne s’était pas passé comme ça… j’avais tout simplement sombré dans un sommeil profond et noir comme l’ébène, sans aucun rêve ou cauchemar, digne d’un véritable coma avant de me réveiller le lendemain, plus perplexe que jamais, avant de constater avec la même douleur dévorante que tout ceci n’était pas qu’un mauvais rêve… Il fallait que j’agisse et que j’agisse vite. Je me connaissais que trop bien, si je ne tentais pas d’oublier rapidement, j’allais sombrer d’un mutisme profond où je ne voudrais plus voir personne pendant de longs mois et je ne me supportais pas dans cette situation. J’avais besoin de vivre, de changer d’environnement, de changer radicalement… Et ça avait commencé par un ménage intensif dans ma chambre à grand coup d’AC/DC… et c’est à cet instant que la lumière s’était faite.

Il fallait que j’en sache plus sur mon passé. Comment avancer, comment tourner la page et vivre sans LUI si je n’étais déjà pas foutue de savoir d’où je venais ?! Sophia ne m’avait rien laissé, absolument rien à part une lettre, une clé étrange et une pièce frappée en vieil argent… IL ne voulait plus m’aider ? IL ne voulait plus me voir ?! J’allais me débrouiller toute seule alors… et je savais exactement comment… grâce à AC/DC… Grâce à Highway to hell…

Mon plan était infaillible, absolument infaillible, ok ? J’avais enfilée une longue robe cintrée, des collants et des bottines noires surmontées de hautes chaussettes qui me faisaient des guêtres. J’avais récupérer mon perfecto en cuir ainsi que mon sac à main et j’étais sortie. Tenue légère pour le temps du Maine en Février mais là où j’allais, j’aurais sûrement plus chaud… je n’en savais rien, je n’y étais encore jamais allée… mais je le supposais… les images bibliques tout ça tout ça quoi ! Il me fallait plus qu’une personne : JUDAH ! Les Enfers étaient bien le dernier royaume des morts, non ? DOOOONC… Si je voulais parler à ma mère, lui poser toutes les questions qui me tournaient dans la tête depuis… depuis Novembre, je n’avais qu’à descendre avec Judah dans les Enfers et partir à la recherche de son âme, non ? C’est BRIL-LIANT ! Je n’arrivais pas à croire que je n’y avait pas pensé plus tôt…

Comme je n’aimais pas trop l’idée de le « prier » chez moi, je m’étais diriger vers le Rabbit Hole. Je savais que si je lui accordais une prière, il était censé venir m’aider, même si jusqu’à présent, ça n’avait pas spécialement été glorieux… Je l’aimais bien hein… mais il faisait rien sans rien et c’était épuisant ! J’avais quand même tenté une petite prière comme ça, sans rien préciser, mais je n’avais pas eu de réponse de sa part… Boooon… on allait pas se démonter pour si peu n’est-ce pas ? Sans compter que depuis qu’il était maître de l’Olympe (j’arrivais toujours pas à comprendre le choix de Phoebus…) il devait avoir pas mal à faire… Il fallait donc piquer sa curiosité, mais comment ?! il était hors de question de l’aguicher, c’était bien trop étrange pour moi… en revanche, le paniquer… et j’avais EXACTEMENT ce qu’il nous fallait… Quelques jours en arrière, une Atlante du nom de Kida (comme dans le dessin animé, trop cool !!) avait monté tout un groupe de féministe devant le Rabbit Hole… j’avais jamais vu Hadès aussi alarmé… il avait réglé la situation personnellement, pourquoi ne le serait-il pas une seconde fois ? On ajoutait à ça une chanson hurlée à plein poumon avec une voix exagérément fausse pour faire fuir les passants… si avec ça il descendait pas de son nuage, rien ne le ferait descendre… je n’avais jamais eu peur du ridicule, c’était franchement pas maintenant que ça allait commencer… Aussi, je prenais une profonde inspiration pour me lancer dans une interprétation désastreuse d’Hello, d’Adèle.

HELLO MON JUDAH A MOUAAAAAAAH
J’AI VRAIMENT BESOIN DE TOIIIIIIII
ON A UN AUTR’ PROBLEME SUR LES BRAS
OUI, DEVINE, C’EST L’RETOUR DE KIDAAA

ELLE DEMONTE LE RABBIT HOOOOOOOOLE
LES MECS ONT TROP PAS LA GAUUU…

Et voilà la pro ! Judah était apparu devant moi, me poussant à arrêter mes cris de chatons torturés. Je lui avais sourit d’un air espiègle avant de le saluer :

- Coucou ! C’est bon déstresse, c’est pas vrai, tout va bien !

Enfin tout va bien… tout était relatif parce que vu le regard qu’il me lançait, j’allais me faire passer un savon…

- Désoléeeee… Mais j’avais vraiment vraiment besoin de toi… et tu venais pas alors… ben j’ai utilisé les grands moyens… j’ai… j’ai besoin que tu m’amène en Enfer… s’il te plaît… tu seras gentil… merci…

Je lui souriais innocemment avec des yeux de chat potté en espérant que ça suffirait.

La team rocket est de retour...

Quand il s’agissait de sexe il semblait évident que Judah était toujours dans le coin… J’avais eu un petit sourire en coin, fière de ma supercherie en le voyant rappliquer à la vitesse de « l’éclair », mais j’avais vite déchanté. Il m’avait fusillé du regard avant que ses prunelles ne s’illuminent d’une idée malsaine… Mes yeux passèrent des siens à ce qu’il tenait dans les mains, à ses yeux une nouvelle fois et je lançais soudain stupidement :

- Qu’est-ce que tu vas faire avec tout ça ?

Ben voyons ! Oui Alexis, qu’est-ce qu’il allait faire tout ça ? Un collier de nouilles, c’était bien connu ! Heureusement, il avait ignoré ma question en précisant qu’il était déjà équipé et que je n’avais pas besoin de stratagèmes pour le faire venir … Ah bon ?! Il serait vraiment venu directement ? Ce n’est que lorsqu’il me colla sa collection de capotes dans les mains que je compris pour QUEL type de demande il était prêt à venir sans stratagèmes et ma bouche se tordit légèrement de dégoût. Ouais… Ouais mais non. Pas avec lui, pas avec mon patron, pas avec le père d’Elliot… bref je vous fais pas de dessin de pourquoi c’était pas spécialement cool de faire ça, même si, je veux bien l’admettre, dire qu’on a eu le dieu des enfers comme partenaire sexuel ça en jette un max… mais pas là, pas dans ce contexte. Et pourquoi il est aussi porté sur ça lui d’abord ? Il est pas Aphrodite ou Dyonisos à ce que sache… A croire que nous, humains, ne les avons jamais compris. J’adore la mythologie, depuis toute petite, mais il est clair qu’elle nous raconte n’importe quoi. Bref, revenons à nos moutons.

Les bras ensevelis sous les capotes qu’il venait de me passer, j’hochais la tête d’approbation tandis qu’il percutait enfin mon besoin d’aller en Enfer. Je parcourais des yeux tout ce petit tas. C’est qu’il y en avais ! A des goûts improbables (qui avait eu l’idée de faire un goût bubble gum, non mais franchement ? C’était un goût de l’enfance le bubble gum ! J’avais franchement pas envie de penser à l’enfance quand je… bref vous avez compris !). Et pourquoi il y avait du relief là-dessus et ça c’était quoi ? Je me perdais tellement dans la contemplation du truc que je n’avais même pas réagit qu’il nous avait fait transplaner (fallait vraiment que j’arrête de lire en boucle Harry Potter). Je relevais uniquement la tête quand il commença à me faire la visite des lieux mais arriver à la fin de sa tirade, je ne pouvais m’empêcher de repartir sur les préservatifs… ce truc était une mine d’or :

- Non mais franchement ! Faut qu’ils arrêtent de craquer leur slip avec Star Wars ! Des préservatifs fluorescents pour « un effet sabre laser qui vous dissoudra de plaisir » ?! Ils sont sérieux ?!

Je reposais mon attention sur les lieux. C’était juste… dingue. C’était la première fois que j’allais en Enfer. Mes yeux s’étaient écarquillés et j’en étais restée bouche bais tout en marchant avec lenteur, admirant chacune des stalactites. Et tout ce feu sur les parois ! C’est qu’il faisait chaud dis donc ! Sortant brusquement de ma rêverie, je réagissais enfin que je n’avais jamais démenti la raison de ma présence ici… C’était une forme d’approbation, non ? Mais je voulais pas moi que ce soit une forme d’approbation !! Je m’affolais brusquement en réagissant qu’il me regardait étrangement. Non non non je voulais pas finir nue encore une fois :

- Judah !

Sous la panique, j’avais un peu crié son nom et j’avais lâché tout ce que je tenais dans les mains. Tentant de reprendre contenance, je me raclais la gorge avant de tenter de m’expliquer :

- En fait… euh… Je t’ai pas fait venir parce que je voulais coucher avec toi… Je veux pas du tout coucher avec hein…

J’avais ris nerveusement avant de me rendre compte que ça pouvait être vexant…

- ‘Fin… C’est pas que je veux pas parce que t’es pas sexy ou que t’es pas sexuellement attirant… et quand je dis ça ça veut pas non plus dire que je te trouve sexuellement attirant…

Tu t’enfonces Alex’ là, non ?

- C’est juste que… C’est pas pour ça au départ que je t’ai appelé… Et que je voudrais pas faire un affront à Merida, tu es marié je te signale ! Et puis… C’est pas comme si t’étais le père de mon meilleur ami et que ça me gênait profondément cette histoire hein…

J’étais même pas certaine qu’il m’écoutait encore, il avait tendance à avoir la capacité d’attention d’un enfant de 4 ans… un papillon et pfiouuut y’avait plus personne…

- Ce que je veux… c’est… que tu me permette de parler à ma mère… ma VRAIE mère… ma mère biologique… elle est morte il y a quelques mois et… je me suis dit qu’en tant que dieu des Enfers… tu pouvais m’aider à parler à son âme ou à l’espèce de forme qu’elle doit avoir dans ce monde-ci…

Je m’étais super renseignée à ce sujet ! J’avais vu le dessin animé Hercule des milliers de fois, avec les âmes flottantes qui ressemblaient à des fantômes et qui tournaient à l’infini dans un espèce de gouffre vert sans fond… ça devait forcément exister ici aussi, non ? Je ne me faisais aucun doute à ce sujet (j’aurais dû…). Non ce qui m’inquiétez à l’instant là, c’est de ce que j’allais devoir passer comme marché absurde pour qu’il accepte… Judah était le diable en personne : il ne faisait rien sans rien, on lui devait toujours quelque chose…

La team rocket est de retour...

J’avais écarquillé les yeux quand il m’avait annoncé que mon rêve s’était réalisé. Mon rêve ?! Qu’est-ce qu’il savait de mes rêves lui d’abord ? Je ne savais même pas moi de quoi je rêvais… Et puis la suite de la phrase avait tordu mes lèvres en un sourire gêné… Il en loupait décidément jamais une ma parole… Je me demandais s’il blaguait ou s’il était sérieux quand il me balançait ce genre de truc… Il avait besoin de se rassurer sur son sex appeal ou quoi ?! Malheureusement pour lui, j’étais pas vraiment la personne idéal pour ça… j’avais eu un petit rire gêné en écarquillant les yeux comme pour dire « Non de Zeus… » et je m’étais raclé la gorge en regardant ailleurs. Je savais même pas qu’il avait été marié ! Avec Hope ?! ça voulait dire qu’il étaient encore ensemble ou pas ?! En tout cas il semblait plutôt bien prendre la nouvelle… C’était sûrement comme ça quand on était un dieu, après autant de millénaires, on devait se foutre de tout et de n’importe quelle fille… c’était ça qu’il me fallait pour l’oublier en fait… des millénaires en plus… Il m’avait ensuite demandé comment je le trouvais en « 2.0 », visiblement avec des cheveux plus courts et des nouveaux habits et j’avais levé les pouces en l’air avec un sourire forcé, pas spécialement convaincu qu’on devait parlé de « 2.0 »… pour moi c’était plutôt du « 1.1 » mais bon…

Puis j’avais enfin réussi à lui parler de ma mère, de mon envie de la retrouver tout ça et il s’était dirigé vers l’eau sans rien dire. C’était sérieux ?! Il allait m’aider ?! Là ?! Comme ça ?! Sans rien me demander ?! J’y croyais pas… ça ne lui ressemblait tellement pas ! Pourtant mon sourire s’était étiré et mes yeux s’était illuminés d’espoir quand je l’avais vu plonger son bras dans la rivière et en ressortir… un espèce de machin complétement dégueu. Là c’était clair, j’avais plus tout à fait la même tête ravie. Je m’étais reculé, repliant ma jambe gauche vers mon ventre pour éviter que ce machin la touche. C’était ça ma mère ?! Elle était plutôt dans un style « Walking dead « maintenant et mon regard était à la fois éffaré et dégoûté. Je ne voyais même pas comment lui parler, visiblement on ne parlait plus la même langue : elle se contentait de faire des « bwaaaah bwaaaah bwaah » plutôt effrayant. Mais le moment vraiment flippant était arrivé quand un serpent génat nous avait limite sauté dessus pour gobé ce qui restait de ma mère. J’avais fait un bon de 20m en ne pouvant m’empêcher de pousser un hurlement de frayeur. Ce truc avait gobé ma mère. CE TRUC AVAIT GOBE MA MERE !! En fait non… pas ma mère…

- T’es vraiment CON tu le sais ça ?!

J’avais littéralement vociférer mon insulte, tentant de reprendre mes esprits. J’haletais de peur, j’étais complétement choqué et plus qu’énervé contre lui qui semblait bien s’amuser. Il savait pas ce que c’était, il savait pas ce que ça faisait de perdre quelqu’un comme ça ! Il était stupide, stupide sur toute la ligne et je crevais d’envie de lui en mettre une mais il fallait que je me maîtrise… J’avais toujours besoin qu’il m’aide… J’inspirais alors profondément et expirant tout en me passant une main les cheveux pour les renvoyer en arrière, les yeux fermés. Il voulait quelque chose en échange… ben voilà, on y arrivait… Mon visage se tordit une nouvelle fois en expression de dégoût en le voyant gobé son reste de poulet :

- Euuuuh un cure-dent peut-être ? ça te serait sans doute utile et ça te rendrait complétement moins dégueu !

Puis je le regardais d’un air blasé et poussait un grognement d’exaspération en voyant que ça ne semblait pas le convaincre !

- Mais t’as DEJA ce que tu veux ! Je suis dans ton camps, tu te souviens ?! Même si j’ai pas trop eu le choix d’ailleurs… Et en plus de ça t’es mon patron ! Ca j’ai un peu plus eu le choix… Je vois pas ce que j’aurais d’autre à t’offrir… Et il est hors de question que je me prostitue !

J’étais catégorique et sans appel. Même pas en rêve… même pour avoir des réponses à mes questions, même pour avoir l’impression d’avancer enfin dans ma vie… Enfin… peut-être que si à bien y réfléchir… ça valait bien une petite prostitution… une seule, non ? MAIS NON ! NON Alex’ !! Punaise je me faisais peur toute seule parfois ! Heureusement que la tronche qu’il tirait m’aidait à me rappeler que je ne pouvais décemment pas faire ça ! Et puis soudain la lumière s’alluma à l’étage… j’étais pas sûre de mon coup mais c’était la dernière chose qui me restait… et qui me rendait spéciale et… vendable…

- Les templiers, ça te dit quelque chose ? C’est une confrérie qui en sait visiblement bien plus que les dieux… Ils ont été capable de connaître Storybrooke dès son arrivée… de la voir… Parce que les Templiers ont le don de voir la magie où qu’elle soit, où qu’elle se trouve… ce qui n’est visiblement pas ton cas… et quelque chose me dit que ça pourrait t’intéresser parce que Hope m’a rapidement parlé de petites virées que tu t’es fait à Dun Broch… dans le monde de la magie… Et les templiers, je les connais bien moi… enfin… pas vraiment… mais… je suis appelé à bien les connaître… je suis la dernière héritière… sauf que c’est ma mère qui a les réponses pour m’aider à avancer… Donc voilà ce que je te propose… tu m’aides à parler à ma mère afin que je reçoive mes réponses… et moi je t’offre mon don disons… 3 fois quand tu en auras besoin… et quelque chose me dit que si tu vas de temps à autres dans le monde des contes… TU en auras besoin…

Je lui souriais, malicieuse… Ouais non… En fait je tentais de me donner une contenance parce que je bluffais complétement. J’en savais rien si ça lui serait utile moi… mais tout ce que je pouvais faire, c’était tenté de me la jouer télé-achat en tentant de le convaincre qu’il en avait absolument besoin. Je lui tendait alors la main, bien décidée :

- Marché conclu ?

S'il y a un prix pour manque de jugement...

J’étais vraiment pas d’accord avec lui concernant son bout de viande coincé entre les dents te je le manifestais avec une grimace de répulsion qui ne voulait plus s’effacer de mon visage. Plaisir personnel ou pas, ça restait dégueu et puis… S’il y avait bien un truc au monde qui m’énervais et me faisais perdre patience, c’était bien d’avoir un truc coincé entre les dents ! Je ne supportais tout bonnement pas ça… Mais le coup du coton tige dans les oreilles, là il marquait un point… un point complétement loufoque vu la tronche qu’il tirait mais un point quand même… mais là n’était pas le sujet, je ne préférais pas renchérir, me contentant de soupirer bruyamment pour montrer mon impatience, tout en croisant les bras sur ma poitrine et en tapant du pied au sol. Il me rendait dingue à divaguer… Il se rendait compte que c’était sérieux ce que je lui demandais ?!

Comme à son habitude, il retourna la situation à son avantage, affirmant que j’étais plus chanceuse que lui de bosser pour lui… Ouais ben c’était pas l’impression qu’il m’avait donné quand il avait ouvert sa collection de déesse magique avec moi dans le premier lot… Il posa alors allégrement sa main sur ma poitrine et mon regard alla se planter sur cette chose un peu trop tripoteuse à mon goût avant de se relever vers Judah, accompagné de ma mine renfrognée de « Ca va ? Je te dérange pas trop ? » Il m’expliqua alors que ce que je lui offrais l’importait peu et je levais les bras et les yeux au ciel en secouant la tête de gauche à droite comme pour lui dire « C’est bien ce que je te disais ! Comment veux-tu que je trouve un truc qui te satisfasse ?! ». Mais je n’eus pas le temps de dire grand-chose qu’il décida de me rappeler que j’avais peur de lui au départ…

- Hein ?! Mais qu’est-ce que tu fais ?! ARRETES !

Tout s’était passé tellement vite que je n’avais pas eu le temps de réagir. J’avais désormais la moitié du corps dans le vide, au-dessus du Styx. A bout de bras et de manière complétement paniquée, je tentais de m’agripper à son cou, à sa chemise pour être sûre qu’il ne puisse pas me balancer. Les yeux grands ouverts par la peur, je le laissais m’expliquer que l’espèce de zombie que le serpent géant avait bouffé n’était pas mort.

- Y’a combien de personne qui visitent les Enfers au juste ?!

Ben oui, c’est qu’il semblait y en avoir un sacré paquet là-dessous, s’ils étaient tous tombés malencontreusement dans le Styx ça s’était passé comment, il leur avait fait faire une visite guidée ou quoi ?! Du style « voilà ce qui vous attends après la retraite » ? Ok, là j’essayais de faire de l’humour de faire la conversation mais c’était surtout pour tenter de faire face parce qu’il me faisait vraiment peur. Peur comme la première fois que je l’avais rencontré. Quand il m’avait annoncé qu’il voulait me tuer sans aucun scrupule. Hadès était un dieu. Il n’était pas un ami, il était un être sans scrupule et sans remord… Il semblait qu’une vie humaine lui importait peu, ils les regardaient s’agiter et mourir à la manière d’une vache regardant le train. Je n’allais pas faire exception. C’était pourquoi j’étais en danger… et je continuais de balader mes mais sur son cou, ses épaules, son torse, à la recherche de la meilleure prise pour rester en vie…

- Arrêtes, s’il te pl…

J’avais tenté de parler au-dessus de ses explications. Ma voix était largement moins sûre, plus craintive mais je m’étais arrêtée net quand je l’avais vu approcher son visage du mien, à la manière d’un rapace fondant sur sa proie. Instinctivement, j’avais pincés les lèvres et balancé ma tête le plus en arrière possible pour éviter qu’il ne m’atteigne. Mais mon corps allait bien avoir des limites, je ne pourrais pas fuir éternellement… Et si j’utilisais mon pouvoir, il risquait de me lâcher. Par pitié, faîtes que ça cesse, faîtes qu’il le laisse tranquille. Il m’expliquait que le monde des contes était déjà à lui et mes yeux s’agrandissait toujours plus sous la peur. Il me demander si j’avais déjà jouer au Risk, j’hochais la tête dans une approximation frénétique, les lèvres toujours pincées. Oui oui oui, bien sûr que j’avais déjà joué au Risk, j’ADORAIS le Risk… tout ce qu’il voulait, il voulait qu’on fasse une partie ? Deux ? Mille ? Il s’approcha encore plus et je fermais les yeux en tenant de détourner mon visage sans pour autant y parvenir. Lorsqu’il précisa que je pouvais l’aider sur quelque chose, j’ouvrais cependant les yeux et fronçait les sourcils en remettant mon visage en face du sien. Il voulait que je fasse quoi au juste ?

…

Y avait-il choix plus cornélien ? Mes yeux se baladaient sur son visage, scrutant le moindre signe de bluff ou de blague… Il semblait y en avoir aucun… Je sentis l’impulsion de sa main contre ma joue et je pu voir en contrebas l’horreur : des dizaines de corps tentant tant bien que mal de remonter tout en se faisant gober dans un bruit abominable. Si j’avais pu, j’aurais sans doute hurlé face à ce spectacle. Je sentais la nausée qui montait en moins à l’idée que Sophia ou même moi puisse tomber là-dedans. J’étais … je ne savais même pas comment exprimer ça… La nouvelle Andromaque, la nouvelle Antigone, la nouvelle Megara du Disney Hercule… J’avais le choix entre l’honneur et l’amour… Je ne savais pas ce qu’il me demanderait, il ne semblait pas décidé à me le dire avant de le faire… Je savais juste ce que j’avais à gagner et ce que j’avais à perdre… Est-ce que mes réponses valaient le coup à ce point ? Et si jamais il ne me demandait qu’une toute petite chose, minuscule et riquiqui ? J’aurais été bête de ne pas accepter… Est-ce que de toute façon j’avais le choix ? Il n’allait sûrement pas me proposer une autre offre… Et je pouvais toujours choisir de refuser le jour voulu… disant adieu à mes réponses… mais c’était moins pire que d’être obligée de faire une chose…

- C’est bon c’est bon pas besoin de répéter trois fois avec moi je réfléchis…

Je l’entendais presque dans ma tête à la manière du dessin animé, à mesure que je réfléchissais ! « Une fois… deux fois… »

- Okay c’est bon marché conclu !

J’avais répondu avec une telle précipitation que j’en avais le souffle court. Toute cette réflexion me donnait l’impression d’avoir couru un marathon. Toute haletante, je le dévisageais d’un œil noir… je le détestais de me prendre en traître comme ça… c’était pas fair-play… pas fair-play du tout…


- J’ai oui, c’est bon ! Je ferais ce que tu veux où tu jettes Sophia à jamais dans le Styx… j’ai compris la leçon… Si jamais… je… je me rétracte, ça ne lui fera pas mal hein ? Elle est déjà morte… pas vrai ?

J’étais inquiète d’un coup… je pourrais survivre sans mes questions, mais il était hors de question que je la fasse souffrir.

- Tu peux me ramener sur la terre ferme maintenant ? J’ai dis oui…

Oui je l’avais répété 3 fois, juste au cas où il fallait tous lui dire 3 fois à lui aussi… et je commençais vraiment à avoir peur qu’il me lâche dans le vide… juste pour rigoler, comme ça… ça aurait été complétement con remarque…

S'il y a un prix pour manque de jugement...

J’aimais vraiment pas le sourire qui avait étiré ses lèvres quand je lui avais posé la question à propos de Sophia… Elle allait souffrir, c’était sûr, elle allait souffrir… Il fallait pas qu’elle souffre… Qu’est-ce que j’avais fait bordel ?! Il m’avait alors ramené vers lui et j’avais poussé un soupir de soulagement, tout en repliant mes points vers ma poitrine, pour essayer de garder un maximum de distance entre nos deux corps. A peine m’avait-il lâché que j’exprimais une fois de plus mon besoin de m’éloigner en reculant de trois pas vivement. Je l’avais lu se léger les lèvres… je bossais dans une boîte de strip-tease, je savais ce que ça voulait dire ça et je trouvais soudainement mes pieds incroyablement intéressants. Je me raclais la gorge en attendant qu’on passe à autre chose. Et on était visiblement pas prêts de passer à autre chose... j'eu un violent sursaut lorsqu'il m'expliqua qui étaient toutes ces personnes zombifiées. Je m'approchais rapidement du bord et me penchais de manière prudente pour les observer encore une fois avant de me reculer et de pointer la fosse du doigt d'un air outré :

- Je te préviens, il est HORS DE QUESTION que je finisse là-dedans ! Tu m'entends ?! Tu m'as pas précisé que si je le faisais pas j'allais là-dedans tu m'as juste dis que ma mère allait là-dedans si jamais je refusais ta demande...

Euh... STOP... C'était pas spécialement mieux de lui rappeler ça... et carrément égoïste par dessus le marché en plus de ça ! Mais bon... Je préférais rééxpliquer les lignes de mon pacte avant que je finisse malgré moi dans Walking Dead. Visiblement complétement décomplexé face à l'horreur qu'il inflige et le monstre qu'il était, il se lança sur ce qui lui manquait :

- Euuuh…

Non je savais pas ce qui lui manquait. « TOI » enfin… « MOI »…

- EUUUUUUUUH…

Je tentais de lui montrais que c’était gênant comme situation, mais une fois encore, il en avait strictement rien à faire.

- Une partenaire ?! Ecoute, déjà que tu te la joue en mode « Ursula », il est hors de question qu…

Mais il me coupait la parole, fondant sur moi une nouvelle fois. Je fermais les yeux avant de sentir sa main s’insinuer sur mes épaules, tel un serpent dans les hautes herbes. Je rouvrais les yeux, les dents serrés. J’aimais pas me sentir si peu en sécurité… Il était tellement imprévisible : il pouvait être drôle et sympa et se transformer l’instant d’après en un terrible prédateur, le pire de tous : le diable en personne sur cette Terre…

Il fit apparaître une affiche avec nos deux visages et nos noms et je regardais la création enflammée avec une moue dubitative. Je le laissais dérouler son plan tout en fronçant les sourcils… j’étais l’appât… J’étais… l’APPAT… j’allais faire ça comment ? Et pour quelle raison ? C’était moi qui allais délibérément plonger les autres dans le Styx ?! Sauf s’ils tenaient leur part du marché bien sûr… j’aimais pas du tout cette idée… mais si je ne le faisais pas… je connaissais déjà la sentence… je faisais quoi bon sang, JE FAISAIS QUOI ?!

Et… une petite minute… c’était ça son deal ?! Mais alors mon contrat était de dire oui à son idée… mais pour COMBIEN DE TEMPS au juste ?! J’étais pas Andromaque, j’étais pas Antigone, j’étais Faust et j’étais bel et bien Megara : je venais de vendre mon âme au diable… cette pensée fit monter en moi une véritable panique, gloups… et maintenant ? J’avais chaud tout à coup, terriblement chaud… j’allais tourner de l’œil et c’était sûr, cette fois, j’allais vomir… Et ça ne faisait que commençait. POF une robe rouge tellement échancrée de partout que j’avais l’impression d’être nue, POF des bijoux, POF ma coiffure, POF des talons, POF du maquillage. Les yeux ronds, je me regardais sous tous les angles possible… il m’avait transformé en… en James Bond Girl quoi ! (ou en poule de luxe, voyez les James Bond comme vous voulez…). J’hésitais follement entre céder entièrement à la panique ou commencer à trouver ça trop cool. Mais une fois encore, il ne me laissa pas le temps de choisir que déjà je me retrouvais dans un hall extrêmement luxueux, le sol entièrement fait de marbre italien, la lumière tamisée, les dorures de partout, le véritable style italien :

- Tu m’as pas dit que tu voulais commencer par la France ?! On est où là ?

Je lui avais chuchoté ça rapidement. Dehors, il faisait déjà nuit, ce qui expliquait qu’il voulait « commencer ce soir » mais qu’on était déjà en train de débuter… Complétement ébahie et la bouche légèrement ouverte, je m’avançais dans ce hall parfaitement poli avant d’apercevoir au loin un guide Michelin tenu par l’un des clients de l’hôtel : « ROMA »… on était à Rome !!! C’était juste… démentiel… J’avais toujours voulu visiter l’Europe… et mon rêve se réalisait… grâce à Judah… J’espérais juste que ça ne tournerait pas au cauchemar.

- NON !

J’avais répondu un peu trop violemment à la demande de la dame qui avait eu un léger sursaut… Fallait surtout pas me demander si je voulais partager une chambre avec lui, c’était hors de question. Mortifiée, je me mordais la lèvre inférieure en baissant les yeux tandis qu’il prenait le relais. J’allais vraiment tout faire foirer dès le premier soir… Je relevais le tête brusquement de manière outrée quand il parla de moi en parlant de « beauté » et lorsqu’il précisa qu’il voulait « conclure »… il voulait que je recommence à le tazer, c’était ça ? La jeune femme s’activa à ses deux demandes et revint vers nous plus vite que l’éclair pour nous demander de la suivre. Complétement nerveuse, je n’arrêtais pas de serrer et desserrer les points jusqu’à l’arrivée à notre table, parfaite selon le cahier des charges de Judah. Le maître d’hôtel tira ma chaise et je le remerciais avec un sourire gêné avant de m’assoire. Je n’avais pas l’habitude de tout ce luxe. Une fois nos cartes en mains, je me penchais un peu vers lui :

- Bon… On fait quoi au juste ? Je te préviens, il est hors de question que je conclue avec toi ni avec qui que ce soit d’autres…

Dis-je en désignant la salle du bras.

- … Je suis une démarcheuse, OK mais pas une prostituée, on est d’accord ? On est d’accord !

Avais-je conclu avant même qu’il eut le temps de me répondre. Je replongeais mon regard sur la carte, donnant des petits coups d’œil à la salle par moment, espérant que Judah ne trouve aucune victime à son goût…