Ne dit-on pas "joli petit mois de mai" ? C'était à se demander. A voir les trombes d'eau qui noyaient régulièrement Storybrooke ces derniers temps, on se serait plutôt cru en novembre. La météo était d'un morne...
La maison d'Anastasia et Dimitri sentait souvent le chien mouillé, à cause du chenil que le jeune couple possédait et qui devait bien se dégourdir les pattes quelle que soit la météo. Eux, au moins, ils pouvaient sortir. Dimitri aurait probablement adoré en faire autant mais les règles étaient strictes. Ils n'en parlaient certes pas mais Anya n'avait pas manqué de voir qu'il était encore surveillé, monitoré par un bracelet électrique hideux. Quand tout cela cesserait-il donc ?
Pas ce mois-ci, probablement et la rouquine était déjà bien contente qu'il soit revenu chez elle. Le reste viendra ensuite. Ils avaient toute la vie devant eux. En attendant, c'était elle qui faisait les courses, achetait le journal ou les Dolipranes. Une partie de la petite routine qu'elle avait instauré n'avait donc pas changé même si sa vie était profondément bouleversée.
En bien et en mal. Elle avait plus de temps pour elle et ses quelques amies, plus de temps pour travailler, pour profiter de Dimitri qui pouvait, quant à lui, voir sa fille grandir ailleurs qu'au travers des barreaux d'une prison. Il allait pouvoir devenir le papa génial qu'elle le savait en mesure d'être même s'il n'avait pas été simple de rompre quelque peu le lien très fusionnel entre la mère et la fille. Apparemment c'était un processus normal.
La pluie aussi, c'était normal. Mais pas en mai. Pas autant en mai. Et pourtant, la rouquine se faisait littéralement saucée tandis que le vent s'en mêlait. Dire qu'elle voulait simplement faire quelques courses d'appoint... Heureusement qu'elle n'avait pas emmené Abigaëlle. Par ce temps, il était hors d question qu'elle mette le nez dehors, c'était un coup à attraper la mort ! Elle était bien mieux au chaud, avec son papa.
Anya avait quitté la petite épicerie et tourné à droite, apercevant à présent le Granny's en dépit de la trombe d'eau qui s'abattait sur elle. Ca faisait un bruit...
Malgré tout, elle entendit très distinctement une voix on ne peut plus familière qui l'appelait. L'instant d'après, une silhouette bariolée à vous en faire mal aux yeux, se précipitait sur elle pour l'enlacer. Pas de doute possible : c'était Doug. Une Doug trempée, tout comme Anya mais une Doug qui ne sentait au moins pas le chien mouillé.
Oui, ça faisait longtemps... Mais la vie d'Anya avait été bien bouleversée récemment, un peu trop pour qu'elle ne songe à trouver Doug qui, quant à elle, n'était pas revenue non plus, sans doute occupée. Heureusement, Storybrooke était une petite ville et le hasard faisait bien les choses.
Anastasia avait eu dans l'idée de rentrer au plus vite mais Doug était un peu trop bavarde pour que cela ne soit possible. Le Granny's était effectivement une solution toute trouvée. Dimitri n'allait quand même pas s'inquiéter, pas vrai ?
- Viens, on va parler à l'intérieur, répondit-elle simplement en entrainant Doug vers le dinner.
Une douce chaleur bienvenue accueillit les deux femmes lorsqu'elles poussèrent la porte de Granny's. Par ce temps, l'établissement était évidemment bondé. Néanmoins, Anastasia aperçut une table au fond de la salle et y entraina son amie. L'instant d'après, elle se laissait tomber, soulagée, sur l'une des banquettes.
- Quel temps de chien, commenta t-elle. Désolée. On est quand même mieux à l'intérieur. ajouta t-elle en s'essuyant le visage.
Doug ne pouvait le nier, en dépit de sa joie et des couleurs vives qui l'habillaient.
- Sacré look, dis donc ! Je n'aurais pas pu te louper ! Je suis contente de te revoir. Malheureusement par ce temps je suis sortie seule. Je ne voudrais pas qu'Abigaëlle tombe malade. Elle ne l'est pas pour le moment, elle va très bien et Hoover aussi. Je voulais simplement faire quelques courses et rentrer rapidement... Tu as le chic pour modifier tous mes plans ! sourit doucement la rouquine. Et toi, quoi de neuf depuis la dernière fois ?

Et Doug parlait, encore et encore et encore. Inlassablement. Les autres clients devaient probablement l'entendre, eux aussi. Elle était tellement exubérante... Il y avait encore quelques mois, la rouquine aurait été gênée de se trouver avec elle, elle qui souhaitait se faire discrète. Mais plus maintenant. Maintenant, elle se fichait bien de ce que les gens pensaient. Elle appréciait Doug et n'aurait voulu pour rien au monde qu'elle change. Car avec Doug, les choses étaient simples, entières et spontanées. Et dieu sait si cette combinaison gagnante est rare de par ce monde...
La jeune femme s'émerveillait de ses bottes d'un goût... douteux, dirons nous. Anya n'aurait jamais porté pareilles choses mais ce n'était pas à elle de juger ce qui allait à Doug. En l'occurrence, elle était faite pour les couleurs car elle respirait la joie de vivre. Au moins son tempérament et son style vestimentaire étaient raccords.
- Oh mais j'espère que tu ne t'es pas sentie obligée de venir manger avec moi ? s'interrompit-elle brutalement, inquiète. Je ne voulais vraiment pas t'embêter, j'étais juste tellement contente de te revoir ! J'avais justement pensé à toi hier, parce que je suis repassée devant le magasin de jouets où on a combattu ensemble le... tu-sais-quoi... ajouta t-elle d'un air conspirateur, penchée sur la table pour parler au plus près d'Anastasia.
- T'en fais pas. Je ne pouvais pas te dire non par ce temps... Absolument déprimant. Même en Russie il ne pleuvait pas autant ! Tu as bien fait de mettre tes bottes, elles te vont bien et doivent être sacrément étanches... Dimitri et Abigaëlle peuvent bien se passer de moi pendant une heure de plus. Et puis...moi aussi je suis contente de te revoir, ajouta t-elle d'une voix douce et bienveillante, de celles que l'on emploie avec les enfants.
Son sourire s'était d'ailleurs étiré lorsque Doug avait rappelé l'épisode de l'écureuil en peluche. Quelle aventure ! Anya n'avait pas eu le cœur de lui faire remarquer que les animaux en peluche étaient dépourvus de vie. Doug avait une véritablement phobie que ces animaux et même le meilleur des raisonnements logiques n'en serait pas venu à bout. Elle était donc rentrée dans son jeu, passant pour une héroïne, et faisant probablement partie à présent du Club Secret contre les Ecureuils ou quelque chose dans ce goût là.
- Je me rappelle aussi, ajouta t-elle sur le même ton de connivence.
Un jour, ce serait Abigaëlle qui viendrait lui souffler ses secrets tout comme la petite Anya avait un jour soufflé ses secrets dans le creux de l'oreille de grand-maman, papa ou Olga quand celle-ci ne l'embêtait pas trop.
Les élucubrations enfantines de Doug vinrent bientôt troubler ce petit moment de nostalgie. Elle s'était occupée d'un poisson et semblait très fière d'elle. Elle avait également reçu une peluche de golden retriever et en était comblée. Oui. Pas de doute. Une vraie enfant innocente qui ne devait rien connaître de la noirceur de la vie. Ce ne serait pas aujourd'hui qu'Anastasia lui parlerait de Raspoutine ! D'ailleurs, elle n'en parlait quasiment jamais, c'était bien mieux ainsi.
- Tu en as de la chance ! s'écria t-elle d'un ton enjoué qu'on lui connaissait rarement.
Ouais, elle avait déjà fait mieux, pas de doute pour ça non plus.
- Tu rayonnes de bonheur, en tout cas, appuya t-elle l'instant d'après.
Doug n'y prêta sans doute pas réellement attention car une serveuse - Sam-Sam - s'était approchée de leur table. Doug n'en rayonna que plus de bonheur tandis qu'Anya adressait un sourire poli à la jeune femme.
Cette dernière connaissait bien Doug. Sa commande, du moins. Et Doug... était simplement fidèle à elle-même. La tête penchée sur le côté de cet air interrogateur que Hoover avait parfois, elle s'enquit de la commande d'Anya... ou plus, la harcela de questions comme souvent. Apparemment, elle ne savait pas poser une question à la fois. Un adorable moulin à paroles que Dimitri aurait certainement détesté.
- Eh bien...oui, j'aime les frites, mais je...répondit-elle, un peu décontenancée.
Pourquoi cette question ? Doug semblait aussi concernée par la réponse que si Anya allait lui donner les codes de la bombe nucléaire. Et peut-être qu'à son échelle c'était le cas.
S'adressant ensuite à la serveuse au stylo prêt à noter, la rouquine poursuivit :
- Mettez moi un thé glacé et... de la tarte aux noix de pécan, acheva t-elle en en avisant une part sur la table voisine.
Doug avait tellement parlé qu'Anya avait à peine eu le temps de consulter la carte. Par chance, la dame de la table voisine avait des goûts qui lui convenaient et le dessert s'était naturellement imposé, non sans un regard en coin à l'horloge accrochée au mur d'en face. Question de principe. Du salé avant 19h aurait été étrange. Mine de rien, elle avait pris le pli des habitudes que Dimitri et Vlad lui avaient un jour enseignées.
La serveuse nota la commande sans commentaire puis s'en alla après un dernier sourire complice pour Doug.
- Vous avez l'air d'être copines, toutes les deux, commenta la rouquine une fois que Sam-Sam fut retournée à hauteur du comptoir. Alors, il est comment le burger spécial Doug ? C'est étrange que tu aies gardé autant de tes particularités de ta vie d'avant... C'était pareil pendant le sort noir ?

Oui, Sam avait l'air géniale, sans aucun doute. Et probablement moins perturbée par la singularité de Doug qu'Anya ne le serait jamais. Car si elle aimait vraiment beaucoup la jeune fille, elle ne sentait pas psychologiquement prête à lui gratouiller la tête. Heureusement Doug n'en demandait pas tant. Elle déblatérait simplement sur le pourquoi du comment Sam était si géniale, n'ayant probablement pas conscience de ce qu'elle disait tout haute.
- Tu ne devrais pas parler de gâteaux à la drogue aussi fort, lui murmura la rouquine après un regard alentour. C'est mal vu en société et tu n'aimerais sans doute pas que Sam ait des ennuis si ça venait à se savoir...
Accessoirement, Anastasia ne voulait se retrouver complice de rien. Pas après les six derniers mois juridiquement mouvementés qu'elle et Dimitri venaient de connaître. La jeune femme ne voulait plus de problèmes. Du moins, plus de problèmes de cette trempe là.
Doug, bien entendu, était à des années lumières de ce type de préoccupations.
Elle expliquait à présent en quoi consistait le burger spécial Doug - toujours avec le même entrain. Elle avait l'air infatigable. Elle l'était probablement. Et toujours de bonne humeur, comme si rien ne pouvait l'attrister plus de 5 secondes. Quelque part, elle avait bien de la chance d'être aussi innocente.
Pendant que Doug parlait, Anastasia ne pouvait s'empêcher d'admirer à quel point elles étaient différentes et à quel point, elle, pourtant ancienne princesse, avait des sujets de préoccupation.
- Hoover aimerait probablement ce burger, commenta t-elle finalement, un peu absente. Tu es traitée comme une princesse, dis donc ! Tu es sûrement une de leurs clientes préférées, ça ne me surprendrait pas.
Doug était un ancien golden retriever, après tout. Tout le monde aime les goldens retrievers. Et Doug semblait légèrement moins à l'aise de parler de ce changement qu'elle avait subi grâce ou à cause de la malédiction et de sa rupture.
Pourtant, elle n'en parla pas moins. Quelque chose, néanmoins, avait changé. Elle semblait éprouver encore un peu de cette panique dont elle parlait et ses yeux étaient plus écarquillés que d'ordinaire. Même son petit rire final sonnait différemment. Et Doug ne releva pas la tête, subitement très intéressée par sa serviette. Oops... Anya n'aurait peut-être pas du poser la question et parler un peu plus d'elle bien qu'elle n'en ait pas spécialement envie.
Anya étendit la main pour prendre celle de Doug mais cette dernière, plus imprévisible qu'une tempête, se redressa soudain, plus vive que jamais :
- Oh, au fait ! Comment va Dimitri ? Ça se passe mieux entre vous ?
- Oui, tu es très Doug, approuva Anya avec un sourire avant de répondre. Il n'y a que toi pour être aussi imprévisible ! se força t-elle à rire.
Pendant que les steaks de Doug cuisaient, c'était à Anya de passer sur le grill pour se faire cuisiner par ces grands yeux enfantins et interrogateurs.
- Dimitri... je ne sais pas si vous vous entendriez. Il est très différent de toi. Plus sombre, plus... torturé. Et sarcastique. Incroyablement horripilant, également. Et malgré tout il n'y a jamais eu que lui. Je n'ai jamais regardé les autres hommes même quand... on a eu des problèmes. Tous les couples ont des problèmes, pas vrai ? Tu sais que c'est grâce à lui que j'ai retrouvé ma véritable identité et ma faille, dans le monde des contes ? C'est une longue histoire mais je pense qu'elle te plairait ! déclara Anastasia.
Doug avait l'air d'être de ceux qui aiment les histoires. Et celle-ci ne pourrait que lui plaire... et éviter de parler de l'accusation de meurtre et des autres noirceurs trop adultes pour elle qui semblait aussi innocente qu'une enfant de six ans. Anya se sentait instinctivement le besoin de la protéger de ces problèmes, tout comme elle voulait protéger Abigaëlle.
Elle n'avait jamais pleuré devant sa fille. Pas une seule fois. Pas même au fond du trou, quand elle était toute petite et que Dimitri venait d'être arrêté. Les âmes innocentes doivent le rester le plus longtemps possible et Doug comme Abigaëlle verraient bien assez vite que le monde n'était pas aussi rose qu'on pouvait le croire. Ou le rêver.
Oui, une belle histoire de conte de fées, c'était ce qu'il fallait, là, tout de suite. Anya ne parlerait jamais de choses moins joyeuses en public. Ca ne regardait pas la salle comble du Granny. Ca ne regardait qu'elle et Dimitri.
L'arrivée des boissons et de la nourriture empêcha cependant l'histoire de commencer. Doug fut royalement servie non sans un gentil commentaire de Sam qui servit ensuite plus sobrement Anastasia. La tarte avait l'air sucrée et délicieuse. Calorique, évidemment. Mais c'était surtout le thé glacé dont la rouquine avait envie.

- Qu'est ce tu aimes dans le goût de la tarte ? Et dans le thé glacé ? J'en mange jamais donc je ne sais pas pourquoi les gens aiment ça ! Moi je préfère manger du steak. Mmmmm...La question semblait fuser de la bouche d'une enfant mais Abigaëlle, quoiqu'habituée elle aussi à fixer Anya de ses grands yeux inquisiteurs, ne savait pas encore parler. Doug, en revanche, savait le faire parfaitement bien et parfaitement beaucoup. Anastasia commençait à avoir l'habitude des questions surprenantes, un bon entrainement au demeurant pour quand viendrait l'âge des "pourquoi" de sa petite princesse. Car il viendrait, et plutôt tôt que tard.
Anastasia posa sa fourchette, but une gorgée et, alors que Doug humait son repas, tenta de fournir une explication à cette question qu'elle ne se posait jamais. Elle aimait, voilà tout. Mais Doug ne se serait contentée de cette réponse.
- Eh bien, j'aime la texture de la tarte, le mélange entre le fondant de la ganache et le craquant des noix avec la pâte sablée très peu sucrée pour adoucir. Et j'aime le goût, évidemment. Y a du caramel, je raffole du caramel. Mais c'est très très sucré, je ne sais pas si je vais t'en proposé, commenta Anya avec une moue contrite. Le thé glacé, c'est très frais, y a moins de sucre, c'est idéal quand il fait beau... ce qui n'est pas le cas aujourd'hui mais j'adore ça alors je m'en fiche ! Ne t'en fais pas, je mange aussi de la viande. Mais pas au goûter, ce serait... inhabituel, conclut la rouquine en ayant tout juste eu le temps d'éviter le mot "bizarre".
Doug n'y prêta pas réellement attention. Sa curiosité était bien plus tournée vers Dimitri que vers le repas de sa compagne, ce que n'importe qui pouvait comprendre. Là encore, la naïveté de Doug surpris Anya mais ne l'attendrit pas autant que d'habitude.
Dimitri ? Méchant ? Non. Non, il était pas méchant et s'il s'était agi de quelqu'un d'autre que Doug l'innocente, Anastasia aurait vu rouge. Dimitri n'était certes pas parfait mais personne ne peut, dans ce monde, prétendre l'être.
- Du moment que Dimitri est parfait pour moi, je me fiche bien de savoir s'il est absolument parfait, répondit Anya en reposant un peu brutalement son verre. Ce que je veux dire, reprit-elle plus gentiment, c'est que oui, on peut aimer quelqu'un qui n'est pas parfait parce que quand on aime quelqu'un, ce quelqu'un devient la personne parfaite, ton autre moitié et... Non, il n'est pas méchant. Il a fait des erreurs, il mérite parfois des baffes et devrait probablement change de psy mais il n'est pas méchant. Je t'assure qu'il n'est pas méchant.
Anya avait l'impression de voyager dans le passé alors qu'elle n'avait pas bougé. Pourtant, ce discours, elle se l'était tenu de nombreuses fois quand il avait été arrêté. C'était étrange de tenir ce même discours en vrai, face à quelqu'un de réel et non à son propre reflet dans la glace. Anya n'aurait jamais cru le tenir à Doug tout comme elle n'aurait jamais cru se sentir attaquée à la seule évocation que Dimitri pouvait être méchant. Le vrai méchant, et ça Storybrooke le saurait bientôt, c'était Aloysius Black, pas Dimitri, pas sa marionnette. Un jour, Dimitri accepterait leur ancienne vie et les choses iraient mieux. Un jour Anya ne serait plus sur ses gardes quand on parlerait de lui. Mais ce jour n'était pas encore arrivé.
- Il n'y a que moi, en fait, qui ai le droit de critiquer Dimitri, pouffa t-elle afin de s'assurer que l'atmosphère était détendue entre elle et Doug.
Et la tension semblait en effet tombée. Doug, comme les enfants, avaient déjà une autre idée en tête : connaître l'histoire d'Anastasia et surtout, savoir si elle était une princesse. Pour le coup, elle avait du flair. Mais avant toutes choses, elle avait demandé comment allait se terminer l'histoire ce qui avait amusé Anastasia. Elle n'avait rien contre les spoilers, surtout quand ils concernaient les moments déjà actés de sa vie :
- L'histoire finie bien, ne t'en fais pas.
Rassurée, Doug se mit en position d'écoute et Anya commença son récit d'une voix rapide :
- Eh bien oui, j'avoue tout, je suis une princesse. La fille du tsar Nicolas II et d'Alexandra de Russie. Plutôt pompeux, hein ? Enfin, c'est pas toujours fun d'être une princesse. J'ai du apprendre des tas et des tas de règles stupides sur comment me tenir, comment utiliser ma fourchette et ce genre de conneries. Autant te dire que je ne les applique jamais. Je suis une princesse libérée ! De toute façon, on avait perdu notre trône bien avant que je me rappelle être née princesse. J'étais amnésique et orpheline pendant un moment, je ne sais pas si je te l'ai dit, sûrement que non. On peut passer cet épisode, c'est pas particulièrement joyeux mais c'est être orpheline qui m'a permis de rencontrer Dimitri. Enfin, c'est plus compliqué. On s'est connu, je l'ai oublié, on s'est rencontré de nouveau, je me suis rappelée et voilà. Il a sauvé ma vie et celle de ma grand-mère quand j'avais huit ans. Et maintenant j'ai une famille, plus d'obligations royales et je suis heureuses... Je ne ferais sans doute pas une bonne "princesse des princesses", j'en ai peur.
N'aimant pas parler d'elle, la rouquine avait parlé rapidement. Elle avait volontairement omis de mentionner Raspoutine, personnage inquiétant s'il en est, non pas tant pour préserver Doug mais parce qu'elle n'aimait pas parler de lui. Et qu'il ne méritait pas que l'on parle de lui.

Anya ne s'étonna même pas des questions de Doug. Ca allait avec le personnage et, depuis le temps, elle commençait à avoir l'habitude, mine de rien. Les questions fusèrent dans tous les sens. Rien de neuf sous le soleil. Mais la tirade de Doug avait au moins le mérite de donner le temps à l'ancienne princesse de manger sa part de tarte et de boire son thé. Il lui fallait bien cela avant de reprendre les explications.
Elle choisit cependant de taire le fait qu'elle détestait la chanson de La Reine des Neiges. Sait-on jamais. Doug était peut-être une fan et était certainement assez exubérante pour ne pas apprécier qu'on aime pas son Disney préféré. Malheureusement, Anastasia ne connaissait pas Elsa. Ni l'émission du télé-achat, ce n'était pas le type de programme qu'elle regardait. Ca aussi, elle le tairait.
- Je connais Mary-Margaret Blanchard, elle s'appelait Blanche-Neige dans le monde des contes, commença à énumérer la rouquine alors qu'elle passait mentalement ses relations en revue. J'ai déjà croisé Anna d'Arendelle mais jamais sa sœur. Je connais la princesse au petit pois et... je crois que c'est tout. Dans notre ancienne vie je n'ai pas réellement eu le temps de copiner avec les autres princesses. Et elles n'épousent pas toutes un prince charmant, tu as raison. Je ne sais pas si la télé ment, je pense qu'ils ne sont juste pas au courant de comment ça se passer, commenta Anya en haussant les épaules. Mais je suis d'accord, c'est très mal de mentir, affirma t-elle juste après pour faire bonne mesure.
Anya lui adresse a un sourire avant de continuer de manger. Doug en profita alors pour revenir sur l'aspect "Anya l'orpheline". Le fameux. Celui qu'elle avait pendant un temps cru estampillé sur son front tellement tout la ramenait à ce statut.
- Je suis restée dix ans à l'orphelinat et, crois moi, j'aurais préféré que ce soit moins long. Je suis désolée pour ta famille adoptive, en tout cas, conclut plus doucement Anastasia.
Elle ne s'était volontairement pas attardée sur cet aspect de sa vie qu'elle trouvait particulièrement inintéressant. Que pouvait-elle en dire, de toute façon ? Ses parents étaient morts. Elle avait perdu la mémoire, vécu dans la pauvreté et sous le joug d'une vieille harpie peu tendre. Fin de l'histoire. C'était du passé, après tout, un passé révolu que personne ne pouvait ramener.
Par bonheur, Doug avait encore tout un stock de questions et ne sembla pas trop se formaliser qu'il faille couper court à la discussion. Et heureusement, d'ailleurs. Quelle brillante idée que de ramener le centre d'attention sur Hoover et surtout Abigaëlle ! Parler bébé était bien plus facile pour Anastasia que de parler d'elle-même.
Aussitôt, Anya se trouvait plus détendue et souriante.
- Oh oui, tu dois manquer à Hoover. Et probablement aussi à Abigaëlle. Bien sûr, Hoover ne parle pas et Abigaëlle pas encore pour le dire mais j'en suis sûre ! Je te l'ai dit la dernière fois, tu es bienvenue à la maison donc si tu veux venir les voir, tu peux. Abigaëlle est née le 27 novembre 2015 donc elle 6 mois*. Elle babille plus qu'elle ne parle mais ça viendra, dans les mois à venir. Et elle devrait marcher dans 3 à 6 mois. Tu sais, ce n'est pas une science exacte. Ca dépend d'un tas de trucs mais elle est très éveillée alors je ne me fais pas de souci pour elle ! Et elle voit bien. Elle voit aussi bien qu'un bébé voit à son âge. Je ne crois pas que les humains naissent aveugles mais ils voient mal quand ils naissent. Tu sais, je ne me rappelle pas ce que ça fait d'être bébé. C'était y a trop longtemps. On ne se souvient de rien avant au moins nos trois ans quand on est humain.
Anya caressa la joue chaude d'Abigaëlle avant de reporter son attention sur leur goûter. Il lui restait moins de la moitié de sa tarte mais Doug parlait plus qu'elle ne mangeait.

*Je prends la date d'ouverture du rp, donc mai.