Des fraises. Oui, j’en avais vraiment envie et Amy ne s’était pas fait attendre, elle m’avait mis un saladier remplis de fraises devant le nez. Je m’en saisis de plusieurs avant de les manger d’une traîte. A dire vrai, j’en avais bien besoin, puis après avoir dit à Amy que je risquais de lui vider sa réserve, cette dernière me souris en me disant qu’elle en avait plus que je ne le pensais. Je ferma les yeux quelques instants et les rouvris avant de lui expliquer que mon fils ne m’adressait plus la parole et que ma fille avait du mal à se faire à l’idée de l’arrivée prochaine du bébé.

J’écoutais avec attention ce que me disais la jeune femme, après tout, elle n’avais peut être pas tord. Mes enfants ne pouvaient pas m’empêcher d’être heureuse. Après tout, j’étais assez grande pour régir ma vie seule. Du temps…Oui il devait sans doute leur en falloir énormément du temps et à dire vrai, ça me faisais de la peine car depuis l’annonce de ma grossesse, Henry ne m’adressait plus la parole et ça me peinait énormément, d’ailleurs, il fallait que je pense vraiment à leur parler « oui, tu as sans doute raison Amélia, une petite conversation autour d’un chocolat chaud. », respirant longuement, je pris un nouveau chocolat avant de laisser couler une larme sur ma joue. Je ne pouvais plus retenir la tristesse que je ressentais depuis l’annonce, Mon fils, ma fille, tous les deux se comportaient différemment avec moi.

Je respira longuement avant de lever le regard vers elle, séchant les larmes d’un revers de la main « Henry à douze ans. C’est encore un gamin. », me prenant la tête dans les mains, je soupira avant de finalement reprendre « Oui, il vit toujours au Manoir mais c’est comme si il n’y était pas, je passe mon temps toute seule quand Robin n’est pas là et lors du repas, il ne m’adresse pas la parole. » dis-je à la jeune femme « Je ne sais pas comment faire pour lui faire comprendre que ce bébé ne changera rien au fait que je l’aime du plus profond de mon âme et que j’aime autant sa sœur que lui et que ce bébé je vais l’aimer aussi mais jamais plus que sa sœur et lui. » dis-je avant de reprendre plusieurs chocolats, Je repoussa le saladier contenant les chocolats avant de me prendre le visage dans les mains.

J'ai toujours raison. D'ordinaire c'était ainsi qu'Amelia répondait, persuadée qu'elle avait toujours été de bons conseils, en dépit de ce qu'on pouvait penser d'elle... et du fait qu'elle n'avait pas toujours suivi ses propres conseils. Que voulez vous ? La perfection n'est pas de ce monde !
Pourtant la pâtissière se retint de le faire remarque, voyant bien que Regina n'était pas dans son assiette du tout. Et puis, il serait toujours temps de caser le fameux "je te l'avais bien dit" une fois que ses affaires de famille seraient rentrées dans l'ordre ! En attendant, en plus des fraises, Regina semblait avoir besoin de Kleenex. Ou de Sopalin, à défaut. Et ce serait du Sopalin, d'ailleurs, car il était à portée de main.
Sans mot dire, Amelia tendit le bras vers le rouleau, en détachant une feuille et la tendit à Regina, ajoutant :
- Toi aussi tu as besoin d'un chocolat chaud.
De toute façon, il aurait été hors de question de servir du café à une femme enceinte. Regina aurait soit du chocolat, soit une verveine, rien de plus. Sans attendre de réponse, Amelia se leva et commença à préparer le chocolat sans perdre un instant. La situation semblait assez dramatique comme ça. Le chocolat, elle en avait besoin maintenant, pas dans une heure. Car pour que Regina autorise une larme à rouler sur sa joue en public, elle devait vraiment être chamboulée !
Toute à ses affaires, Amelia écoutait attentivement son amie, ayant pris soin de ne pas lui tourner le dos pendant qu'elle préparait le chocolat. L'ancienne lionne avait aussi noté que Regina n'avait pas touché au Sopalin, pourtant bien en évidence devant elle. Décidément oui, elle était sans dessus dessous, à des années lumières de l'image que tout le monde avait encore en tête de la Méchante Reine et maire de Storybrooke, une femme de poigne sûre d'elle qui ne craquait jamais, du moins pas en public.
Les repas n'avaient pas l'air joyeux chez les Mills, d'après ce que racontait Regina d'un air morne. Amelia se serait sans doute déjà pendue si les repas sous son toit étaient silencieux. La jeune femme avait besoin de vie, particulièrement au moment du repas, un instant privilégié selon elle pour qui la nourriture représentait bien des choses.
Tous les soirs, elle cuisinait avec amour pour ses enfants, s'assurant à la fois de leur faire plaisir mais aussi de leur faire manger des légumes et des plats variés, de saison si possible et concoctés avec des produits locaux. Bon, sain et équilibré, tel était son credo. Une fois attablée avec eux, la jeune femme s'enquérait toujours de leur journée et s'assurait de dénicher un sujet de conversation distrayant pour tous.
- Courage ! dit Amelia en remplissant une tasse de chocolat chaud avant de revenir vers la petite table où était assise Regina.
Elle posa délicatement la tasse devant elle, suffisamment loin pour qu'elle ne la renverse pas quand elle aurait fini de plonger sa tête dans ses mains, par pudeur, sans doute. Compatissant de toute son âme, Amelia posa une main amicale sur l'épaule de Regina et la pressa affectueusement.
- T'en fais pas, t'es pas toute seule et Henry est suffisamment intelligent* pour se rendre compte tôt ou tard - même si j'espère que ce sera tôt - que tu ne préfères personne, enfant biologique ou pas. Peut-être que tu devrais organiser une sortie avec Henry et une autre avec Alexis. Un truc où vous ne parleriez du bébé à venir que si ce sont eux qui amènent le sujet, histoire d'avoir un moment rien qu'à vous ? Si j'étais toi c'est ce que je ferais et c'est ce que je continuerai à faire une fois le bébé arrivée. D'ailleurs s'il te faut une babysitter à ce moment là, je serais dispo, les enfants m'adorent, de toute façon. Allez, commence par te moucher et boire ton chocolat, ça ira un peu mieux après.

*ça me tue d'avoir écrit une ânerie pareille

Je fis un léger sourire à Amélia lorsqu’elle me parla d’un chocolat chaud avant de la laisser se lever pour le préparer tandis que je me lamentais sur mon sort, ce qui n’était pas peu dire. J’expliqua à Amélia que les repas à la maison n’étaient pas très joyeux depuis l’annonce de ma grossesse et que surtout Henry me faisait la gueule depuis et que ça me faisait de la peine plus qu’autre chose. « Merci » dis-je à la jeune femme lorsqu’elle me tendis une tasse de chocolat que je pris entre mes deux mains. Je sécha mes larmes rapidement avant d’écouter ce qu’elle me disait. Une sortie avec Alexis et une sortie avec Henry où on ne parlerait du bébé que si ils le veulent, je trouvais que c’était une bonne idée.

« Oui tu as sans doute raison, c’est une bonne idée. » lui dis-je avec un sourire, continuant d’écouter ce qu’elle me disait. Il était clair qu’elle avait toujours les mots pour me réconforter. Elle me proposa même d’être la baby sitter du bébé lorsque ce sera nécessaire. Je lui souris avant de finalement lui répondre « J’y penserais alors. » lui dis-je avec un sourire. Je bu une gorgée de chocolat avant de respirer longuement et leva le regard vers la jeune femme « Tu sais que tu trouves toujours les mots pour réconforter toi ? » dis-je avec un sourire avant de finalement reprendre « En tout cas, je suis au stade où je vais pouvoir faire la première échographie pour savoir le sexe du bébé, j’espère juste que Robin sera là, il a disparu depuis quelques jours, je ne sais pas où il est… »

N'empêche, c'était vraiment flatteur de s'entendre dire qu'on avait de bonnes idées. Même si Amelia le savait pertinemment. Elle n'en était que plus convaincue que son rôle de pâtissière s'apparentait aussi à celui d'un psy. Et d'un docteur qui prescrit des chocolats quand le moral est en berne. D'ailleurs, les médicaments que prescrivait Amelia était mille fois meilleurs que ceux des médecins traditionnels et pourtant tout aussi efficaces contre la déprime ! Ils l'étaient moins contre le rhume, certes. Mais Amelia ne prétendait pas savoir tout soigner non plus !
- Evidemment que tu y penseras ! s'écria Amelia, surjouant sa réplique.
Elle venait de proposer de garder le bébé si un jour le besoin se faisait sentir. Et Regina avait plus ou moins accepté. Plutôt moins que plus, en fait. Mais elles avaient encore le temps de voir. Le ventre de Regina n'était pas encore trop rebondi et c'était bien ainsi. Il ne faut jamais précipiter les choses, après tout.
- Tu sais que tu as toujours les mots pour réconforter, toi ? poursuivit Regina sans transition.
Prise au dépourvu, Amelia rosit légèrement balbutiant des mots incompréhensibles avant de finalement réussir à dire :
- Oh... euh... merci. J'aime bien rendre service.
Car s'il était facile de se penser fine psychologue, il était bien plus surprenant de se l'entendre dire. Si Amelia était encline à se penser meilleure que tout le monde, à l'oral, elle restait très humble, peu habituée aux compliments. C'était probablement pour cela qu'elle se faisait les compliments elle-même, d'ailleurs. Comme ça, personne n'avait à se donner cette peine et Amelia, qui connaissait quand même ses points forts, les confirmait.
Sauf cette fois là où Regina l'avait prise au dépourvu, semblant sortir d'une réflexion elle aussi. Peut-être que c'était les hormones qui la faisaient parler aussi librement ? Amelia ne se rappelait plus l'effet qu'avait eu ses grossesses sur elle mais trouvait l'idée plausible. Et d'autant plus que Regina ne s'arrêta pas là.
Elle semblait avoir repris du poil de la bête - ce qui était une bonne chose - et racontait à nouveau sa vie heureuse de femme enceinte. Enfin, presque heureuse. Robin avait l'air silencieux. Amelia tiqua à cette information, ne connaissant que trop bien cette situation, son mari n'étant jamais revenu après la fin du sort noir. Mais l'heure n'était pas aux lamentations. Wyatt reviendrait, c'était certain. Sa femme le sentait au plus profond de son être et quoi qu'on puisse lui dire. Regina, en revanche, devait douter et c'était bien normal dans son état.
- Robin ne va pas manquer ça, t'inquiète ! C'est mon échographie préférée d'ailleurs ! Même si ce ne sont que de faux souvenirs, c'est vraiment un chouette moment, tu verras. Inoubliable. Tellement inoubliable qu'il faudra que tu me dises si c'est une fille ou un garçon sinon je vais devenir une patronne imbuvable, plaisanta Amelia.

Je souris à Amélia, il est vrai qu'elle avait réussis à me remonter le moral mais ce qui m'inquiétait vraiment, c'était l'absence de Robin. Depuis l'annonce de ma grossesse, il s'était fait plus distant, se consacrant plus à ses affaires plutôt qu'à moi et ça commençait sérieusement à m'inquiéter et à me saouler qui plus est. Mais bon, elle avait sans doute raison, il ne manquerait l'échographie pour rien au monde.

Je leva les yeux vers la jeune femme avant de lui faire un nouveau sourire:

"Oui, tu as sans doute raison, il ne manquerait pas ça..." dis-je, même si au fond de moi, je pensais totalement l'inverse. En tout cas, j'avais envie de me vider la tête et quoi de mieux que travailler pour ça. Je me leva doucement et posa mon regard sur ma patronne.

"Je te promets que je te dirais le sexe de mon bébé si tu acceptes que je travaille aujourd'hui." dis-je avec un sourire "ça me permettra de penser à autre chose."

Regina était une piètre menteuse, finalement. Pourtant, les méchantes reines savent mentir, pas vrai ? Mais ce coup-ci, le mensonge tomba à plat. Crédibilité zéro. Regina était persuadée qu'il y avait un problème impliquant Robin et sa grossesse. Et vu les soucis qu'elle avait déjà avec Alexis et Henry, elle avait l'air d'avoir énormément de problèmes, en ce moment.
Amelia posa une main compatissante sur celle de Regina, voulant témoigner de sa présence à défaut d'avoir les mots justes. Sans compter qu'elle n'avait pas envie de parler de ses problèmes de couple pour donner l'impression qu'elle pouvait comprendre qu'elle allait monter un club de soutien. Leurs soucis étaient différents, l'un impliquant les effets du sort noir - ce qu'il aurait été idiot de rappeler à Regina - et l'autre un homme et un bébé dont les choix n'étaient pas influencés par la magie.
Reprenant de l'aplomb, elle promit de révéler le sexe de son bébé... à condition de pouvoir travailler.
- Condition acceptée ! claironna Amelia en se levant. Allez hop, au boulot ! On a une longue journée qui nous attend, j'espère que tu n'as pas mal aux mains parce que tu vas en avoir besoin !

Fin.