Six semaines de grossesse...Six semaines et je l'avais même pas encore dit à Amélia alors qu'à la base, mon deuxième job, c'est de bosser avec elle. Oui bon c'est vrai que je passe plus de temps à la Mairie mais bon, ça ne change rien au fait que j'aurais dû lui dire depuis un bon moment maintenant. Je me lève de mon lit et me regarde dans le miroir, tournant sur moi même, me regardant de profil. Pour l'instant, j'avais pas énormément grossis mais j'avais une folle envie de fraises, c'est un truc de femme enceinte à ce qui paraît. Enfin bref, j'avais donc enfilé une jolie robe bleue et une paire de chaussures à talons noires, avant de me coiffer rapidement, de prendre mes clés de voiture et ma veste et je sors du Manoir en direction du centre ville.

Dix minutes plus tard, me voilà devant la boutique. Je respire longuement et entre, il n'y a que deux personnes présentes, je les saluent d'un sourire avant de me rendre dans l'arrière boutique où j'étais sûre de trouver Amélia. J'attends quelques instants et souris lorsqu'elle lève le regard vers moi. Salut, je me suis dit que t'aurais besoin d'aide aujourd'hui. lui dis-je avec un sourire ah moins bien sûr que tu ne veuilles pas de moi aujourd'hui. La jeune femme me souris avant de me faire signe de venir. Une fois que j'eu mis mon tablier, je m'approcha d'Amélia avant de finalement lancer ça comme une bombe Je suis enceinte.

Maintenant que la St Valentin était passée, Amelia avait remisé les recettes à la rose et les petits cœurs pour se concentrer sur les lapins et les œufs. Pâques approchait, mine de rien, à vitesse grand V. Mais par chance,Amelia regorgeait d'idées pour se renouveler d'années en années tout en remettant au goût du jour des classiques qui avaient fait leurs preuves. Bref, elle ne chômait pas, en dépit ce que Caroline était venue lui faire remarquer l'autre jour. Rien de ce que les deux anciennes lionnes avaient pu se dire n'empêchait la jeune femme de chantonner en préparant ses lapins en chocolat ce matin là pendant que des clients indécis arpentaient la boutique. En riant, elle leur avait conseillé de siffler quand ils auraient besoin d'elle ou de carrément venir à sa rencontre. Après tout, les habitués avaient bien le droit de voir l'envers du décor, non ?
Pourtant, c'est Regina qui s'annonça bientôt dans l'arrière-boutique.
- De l'aide est toujours bienvenue, acquiesça la jeune femme en réponse à la question de l'ancienne mairesse.
L'instant d'après, Regina avait enfilé son tablier et se trouvait fin prête à travailler. Pourtant, contrairement à son habitude, elle n'empoigna aucun ustensile, restant pour ainsi dire plantée là comme un piquet. Pour le coup, ça n'allait pas être très utile, bien qu'Amelia ne soit jamais contre un peu de compagnie.
Regina resta dans cette position quelques instants avant de finalement lâcher une véritable bombe, dans son genre :
-Je suis enceinte.
L'annonce fut tellement soudaine qu'Amelia lâcha sa cuillère qui atterrit en plein dans le chocolat fondu devant elle. Il fallut quelques instants à son cerveau pour réaliser et passer du mode "pâtissière en pleine action" au mode "folle de joie".
- Mais c'est super ! s'écria t-elle alors, écartant les bras pour embrasser Regina.
Puis elle se rappela qu'elle avait les mains sales et se figea :
- Désolée, j'allais te tâcher. Honte à moi, plaisanta t-elle en attrapant un torchon.
Une fois ses mains propres, elle tendit à nouveau les bras vers Regina et l'enlaça, cette fois-ci. C'était là une première pour les deux femmes. Peut-être était un peu bizarre mais Amelia n'en avait cure.
- Tu dois être tellement heureuse ! s'écria t-elle encore en sautillant sur place après l'avoir libérée (délivrée) de son câlin.

Je souris à Amélia avant de mettre mon tablier mais me stoppa dans mon élan et lui avoua finalement la nouvelle avant de sourire. La jeune femme s’approcha de moi avant de se raviser, me disant qu’elle allait me tacher. Je lui souris à nouveau avant de la voir s’essuyer les mains et de me prendre dans ses bras, je répondis à son étreinte avant de lui faire un signe approbatif de la tête lorsqu’elle me demanda si j’étais heureuse :

« Oh oui, tu ne peux pas savoir à quel point. » dis-je en m’asseyant en face d’elle.

Je saisis une cuillère et gouta un peu de chocolat fondu avant de lever le pouce vers la pâtissière avec un grand sourire :

« C’est trop bon ! » dis-je à son intention avant de finalement reprendre « Je…J’ai encore rien dit à Robin, je ne le sais pas depuis longtemps. J’ai peur de sa réaction. » dis-je en commençant à jouer avec la cuillère. Je leva finalement les yeux vers la jeune femme « Et si il ne voulait pas de ce bébé ? »

- Tu rayonnes, en effet, commenta Amelia en souriant, ne pouvant s'empêcher d'observer Regina de la tête aux pieds.
Sachant que Regina était enceinte, elle ne put s'empêcher de s'attarder un peu plus longuement sur son ventre, constatant qu'il ne laissait pour le moment rien paraître de la vie qui s'y développait. Mais ça viendrait, assez rapidement, d'ailleurs. Neuf mois, au final, passaient vite. Pour l'heure, cependant, Regina pouvait encore arborer ses tenues élégantes et serrées et marcher sur des escarpins sans avoir mal au dos.
A l'observer, si radieuse, Amelia sentit la nostalgie l'envahir. Cela faisait bien longtemps qu'elle avait mis ses enfants au monde. Ils étaient grands à présent. Pourtant, l'ancienne lionne se rappelait encore parfaitement de les avoir portés. Mieux, avec la malédiction, elle se rappelait même de les avoir portés dans ce corps de femme. C'était un peu curieux, mais ces souvenirs étaient, pour la plupart, heureux. En dehors des désagréments de la grossesse.
La jeune femme chassa pourtant rapidement ces idées. Ce n'était pas le moment de sombrer dans la nostalgie mais plutôt de célébrer la bonne nouvelle. Avec des fraises, songea Amelia, résolue. Et du chocolat, bien sûr, car c'était ce qu'elle avait en plus grande quantité, et ce d'autant plus que Pâques approchait.
D'ailleurs, Regina ne s'était pas privée de se servir elle-même. Mais très vite, Amelia sentit que quelque chose la tracassait. Sa façon de concentrer autant d'attention sur une simple cuillère était très symptomatique du malaise. Mais à quel propos ? Et Amelia devait-elle chercher à s'en mêler ou faire comme si elle ne voyait rien ?
Par chance, elle n'eut pas à décider : Regina passa à table d'elle-même, avouant une crainte que bien des femmes avant elles avaient eu : et si le père ne voulait pas du bébé ? Souriant tendrement, Amelia reprit :
- Crois-en mon expérience, c'est quelque chose qu'on se demande toutes ! Et la meilleure façon d'avoir la réponse, c'est d'annoncer la nouvelle au papa. D'ailleurs, c'est aussi la seule façon de savoir ce qu'il en pense si tu ne veux pas attendre d'être vraiment ronde. Après, il sera toujours temps pour vous de discuter de cette arrivée et de ce qu'elle implique. S'il faut en discuter. D'ailleurs, pourquoi as-tu peur ? Pourquoi ne voudrait-il pas de bébé ? Il a fait ou dit quelque chose qui te fait penser ça ou tu es simplement une femme enceinte qui psychote ?

Je souris à la jeune femme avant de m’emparer d’une cuillère de chocolat et de faire comprendre à Amélia que j’avais quelques appréhensions, surtout concernant le papa de mon bébé. La jeune femme me souris avant de me demander pourquoi j’avais peur de la réaction de Robin. J’haussa les épaules avant de passer ma main sur mon visage et répondis finalement à la jeune femme :

« Je…Je dois bien t’avouer que je ne sais pas trop. Oh bien sûr, il n’a rien fait me faisans comprendre qu’il ne voudrait pas de ce bébé, au contraire, il me prouve tous les jours qu’il m’aime mais je ne sais pas…Je crois bien que je suis plus du genre anxieuse qu’autre chose »

Je me saisis d’un saladier contenant des fraises avant d’en prendre une et de la manger d’une bouchée, levant finalement le regard vers la jeune femme :

« Si jamais il ne voulait pas du bébé, je ne sais pas si je serais capable de choisir entre mon homme ou mon enfant… » dis-je à son attention, posant ma main sur mon ventre.

C'était absolument curieux, presque irréel de voir Regina, d'ordinaire si sûre d'elle et impressionnante, douter d'elle. Bien qu'Amelia n'en soit pas à son premier essai - elle l'avait, en effet, connue au moment de sa défaite aux municipales - elle était toujours surprise de la voir ainsi. Et peut-être d'autant plus touchée. La tête penchée et l'air concentré, Amelia s'était appuyée contre son plan de travail et l'écoutait vider son sac, car il était clair qu'elle en avait besoin.
Et comme son instinct - car oui, Diku en avait quand même un, mais peut-être pas pour la chasse - le lui avait suggéré, il semblait que Regina soit surtout anxieuse. En un sens, c'était rassurant. Mieux valait gérer les angoisses d'une femme enceinte que les problèmes de couple des autres. D'autant qu'Amelia avait les siens, de ce côté là, et que jusqu'à présent elle n'était pas spécialement douée pour s'en sortir.
- Oui, c'est de l'anxiété caractérisée de niveau 3, déclara Amelia. Mais j'ai le remède ! ajouta t-elle en lui tendant un carré de chocolat noir. Deux carreaux de chocolat noir par jour devraient te faire du bien.
Si ça, ça ne marchait pas, rien ne marcherait pour la déstresser. Mais en bonne praticienne, Amelia ne voulait pas alarmer sa patiente et collaboratrice. Après tout, elle avait pour mission de la rassurer, pas de la flipper d'avantage. Et justement, maman de deux enfants qu'elle était, Amelia en était largement capable.
- Très bonne idée de mixer ça avec des fraises, commenta t-elle ensuite en la voyant s'emparer des fruits qui se trouvaient non loin.
A croire que, sans le savoir, Amelia avait tout prévu. Malheureusement, cela n'en rendait pas les angoisses de Regina plus faciles à apaiser.
- Eh bien c'est ton corps, tu n'as pas à choisir comment tu l'utilises, commenta t-elle en bonne féministe qu'elle était. Désolée, dans les faits ça ne doit pas t'aider tellement ce que je dis... De toute façon, ça ne sert à rien que tu te ronges les sangs sans lui avoir annoncer la nouvelle. Tu devrais peut-être ne pas trop tarder, au moins tu serais fixée.

Amélia me comprenait et franchement, j'aimais parler avec elle, elle me rassurait et puis en plus, vu que j'étais enceinte, je pouvais manger autant de chocolats que je voulais vu que je tarderais pas à être énorme, autant en profiter, puis toute façon, je pourrais toujours dire que je mange pour deux non ? En tout cas, j'avais suivie son conseil et je l'avais annoncé et pas qu'à Robin, par le biais d'Henry, j'avais fini par l'annoncer à toute la famille et je ne m'étais pas attendue à la réaction d'Henry et Lexie avait fait un sourire et m'avais félicitée mais je sais qu'au fond, elle se sentait mal. Je devais en parler à quelqu'un et qui mieux qu'Amélia.

Je ne l'avais pas vu depuis un petit moment et j'en étais déjà à ma dixième semaine de grossesse, mes sautes d'humeur que Robin devait vivre tous les jours s'étaient calmées, plus de nausées, ça c'était plaisant. Puis, j'allais bientôt faire ma première échographie pour savoir le sexe du bébé. Cela allait être émouvant. Bon, tous les problèmes de début de grossesse était enfin réglés. J'avais la vessie qui n'était plus comprimée donc moins d'envie d'aller aux toilettes et puis je remangeais enfin à ma faim. Enfin, je vivais pleinement ma grossesse.

Mais bon, vu le ventre qui j'avais pris, adieu les jolis tailleurs et les talons hauts, c'était vêtements amples et chaussures plates. Après tout, ça me faisait pas de mal. Aussi, j'enfila un chemisier ample couleur bleu et un jean noir avant de mettre une paire de ballerines noires et enfila ma veste avant de prendre mon sac et de quitter le Manoir, direction la meilleure boutique de la ville. Il était tôt, j'espère qu'Amélia ne m'en voudrait pas de ne pas être venue plus tôt. Arrivée dans la boutique, j'utilisa mes clés pour entrer et vint saluer la patronne qui était en train de faire plusieurs sortes de chocolats, qui me donnait d'ailleurs l'eau à la bouche. Je m'approcha et lui souris lorsqu'elle remarqua ma présence, mon manteau cachant quelque peu mon ventre, je ne perdis pas mon sourire et ôta finalement mon manteau pour montrer mon ventre qui avait pris pas mal de forme depuis la dernière fois.

-Bonjour Amélia. Tu vas bien ? J'ai...J'ai annoncé la nouvelle à Robin et au reste de ma famille il y a quelques semaines et...Oh Robin l'a bien pris mais..., je m'approcha des chocolats avant d'en prendre un et de l'engouffrer dans ma bouche, prenant le temps de macher et d'avaler, je repris finalement J'ai l'impression que mon fils me déteste et ma fille semble assez perturbée par l'arrivée prochaine du bébé.

Amelia était toujours enchantée de voir que Regina écoutait son avis et suivait ses conseils. Malheureusement, elle n'avait pas revue son employée à temps partiel depuis plusieurs semaines et n'avait pas eu de nouvelles concernant l'annonce de sa grossesse. Mais ça ne pouvait pas s'être mal passé, pas vrai ? C'est mignon, un bébé. C'est tout rose, tout potelé. Tout le monde aime les bébés. Tout le monde en voudrait un rien qu'à lui, ou, à défaut, un petit frère ou une petite sœur à câliner. Pourquoi angoisser ? Sans doute les hormones, s'était rassurée la pâtissière avant de penser à autre chose.
Regina aurait besoin d'une baby shower vers la fin de la grossesse et elle tenait à s'en occuper, imaginant déjà le joli glaçage du gâteau spécial qu'elle pourrait créer. Oui, ça serait parfait, mais dans quelques mois. Amelia n'en avait donc pas parlé à Regina que, de toute façon, elle ne voyait plus.
Aussi ne s'attendait-elle plus à la voir débarquer ce jeudi là, alors qu'elle préparait tranquillement ses chocolats. La matinée était relativement avancée et l'ancienne lionne travaillait depuis déjà quelques heures, pas mécontente de ses confections quand Regina arriva tous sourires, marquant une pause avant de retirer son manteau et de la saluer.
- Ca va super et toi ! répondit-elle avec entrain. Quelles sont les nouvelles ?
Manquant un peu d'enthousiaste - et ça, c'était bizarre - Regina raconta ce qui avait changé dans sa vie suite à l'annonce de sa grossesse. Car effectivement, elle en avait parlé à tout le monde, ce qui était une excellente chose. Ca ne fait jamais de mal de semer des bonnes nouvelles dans le plus d'oreilles possible.
Ou pas. Au fur et à mesure que Regina parlait, Amelia s'apercevait qu'elle avait peut-être - mais juste peut-être - eu tort de croire que tout le monde aime les enfants. Apparemment, les proches de Regina n'avaient pas tous sauté de joie. Robin, le père, si, cela dit. Et c'était sans doute le plus important. Néanmoins, Regina venait d'attraper un chocolat de consolation, donc les choses étaient relativement sérieuses. Amelia se préparait déjà au pire et à sortir plus de chocolat.
- J'ai l'impression que mon fils me déteste et ma fille semble assez perturbée par l'arrivée prochaine du bébé.
Ah oui, quand même, songea Amelia. Se mordillant la lèvre inférieure, elle cherchait quelque chose d'utile à dire et surtout à ne pas se contenter de proposer des chocolats.
- Il paraît que les aînés réagissent souvent comme ça, au début, mais que ça passe avec le temps, raconta la pâtissière. Apparemment ma plus grande sœur n'était pas spécialement ravie quand mon autre grande sœur est née et aujourd'hui on s'adore ! Je suis sûre que c'est simplement une question d'adaptation ! conclut-elle en se voulant aussi encourageante que possible. Et puis, pourquoi ton fils te détesterait, hein ?

Après m’être emparée d’un chocolat et de l’avoir enfournée dans ma bouche, j’expliqua à Amélia que j’avais annoncé la nouvelle et que Robin était ravi mais que j’avais l’impression qu’Henry me détestait et que Lexie avait du mal à se faire à l’idée de l’arrivée de ce bébé. M’asseyant, je pris un nouveau chocolat avant de l’enfourner dans ma bouche, toute façon vu que mon ventre de femme enceinte se montrait déjà bien, je m’en foutais de prendre des kilos en plus. Je leva le regard vers la jeune femme avant de l’écouter m’expliquer que c’était souvent le cas des aînés avant d’ajouter que pour sa part, ça avait été dur au début mais que maintenant, elle s’adoraient sa sœur et elle.

Cela me rassura quelque peu avant que la jeune femme ne me demande pourquoi mon fils me détesterait. Haussant les épaules, je soupira avant de tourner la tête vers elle « T’as pas des fraises ? » dis-je avant de l’a voir sourire. Quelques instants plus tard, j’avais un saladier de fraises devant le nez et j’en mangea plusieurs avant de finalement répondre à sa question « Eh bien je suppose qu’il m’en veut d’être tombée enceinte. Il n’aime pas Robin, je le sais. Il a peur que l’amour que j’ai pour Robin me fasse oublier l’amour que je lui porte ainsi qu’à Alexis. Puis, il y a sans doute aussi le fait que ce bébé sera mon enfant biologique et Henry et Lexie sont deux enfants adoptés, je suppose qu’ils ont peur tous les deux que j’aime ce bébé plus qu’eux. Alexis est assez grande pour savoir que ce bébé, je l’aimerais autant qu’eux mais Henry est encore un gamin et depuis l’annonce, je n’ai pas réussis à parler avec lui, il ne veut pas m’adresser la parole, je sais juste qu’il a peur que je l’abandonne, il prends ma grossesse comme une trahison. » dis-je avant de reprendre une fraise suivie par deux chocolats « Je suis désolée, je suis en train de te vider ton stock… » dis-je avec un léger sourire.

Répondre à une question par une autre question était somme toute un procédé enfantin... mais ça n'avait jamais empêché Amelia de l'utiliser de temps en temps, notamment avec ses sœurs. Pour autant, elle ne s'était pas attendue à ce que l'ancienne Méchante Reine agisse de la sorte. Comme quoi, fasse aux hormones de la grossesse toutes les femmes réagissaient pareil.
- T'as pas des fraises ? avait demandé Regina, la bouche en cœur.
Oui, la question sortait clairement de nulle part et avait de quoi surprendre. Amelia n'avait cependant pas cherché à comprendre et, sans un mot, s'était affairée à lui en trouver. Une chance que ce soit l'un des produits phares de toutes sortes de pâtisseries !
Quelques instants plus tard, l'ancienne lionne avait donc été en mesure de déposer tout un saladier de grosses fraises devant Regina. Autant ne pas faire les choses à moitié, pas vrai ? Regina sembla contente et picora quelques fraises, laissant le silence s'installer entre les deux femmes.
Mais pour une fois, cette pie bavarde d'Amelia était bien décidée à ne pas le briser. C'était à Regina de parler - quand elle serait prête, du moins. Amy, en tout cas, était toute ouïe, parée à récolter ses confidences et l'abreuver de conseils. Ou de chocolat. Ou de fraises. Ou des deux. C'était un peu cliché mais la pâtissière avait de quoi satisfaire ses envies de femme enceinte.
Regina avait probablement besoin de temps et de sucre avant de se jeter à l'eau. D'ailleurs, trois fraises plus tard, elle se lançait enfin, rompant le silence qu'elle avait installé.
Au son de sa voix, Amelia arrêta de travailler pour poser un regard doux et concerné sur elle.
Regina avait rarement autant parlé d'une traite, qui plus est sur un sujet aussi personnel que ses relations familiales. Avant ce jour, Amelia savait simplement que Regina avait deux enfants adoptifs : Henry, fils biologique de leur sauveuse et Alexis, qu'elle avait plus de mal à situer. Regina ne devait pas aimer étaler sa vie et c'était bien normal. En revanche, elle avait toujours écouté les tonnes de récits d'Amelia qui adorait parler de ses deux enfants merveilleux. Il était donc normal que l'ancienne lionne prête, pour une fois, une oreille attentive à son amie. Sinon, ça aurait fait d'elle une amie craignos et Amelia ne voulait pas être une amie craignos.
Par contre, elle ne voyait pas trop quoi dire à Regina. Adopter, elle trouvait ça formidable mais elle ne l'avait jamais fait. Peut-être aurait-elle du, à bien y réfléchir. Amelia aimait suffisamment les enfants pour se sentir la force d'en aimer qu'elle n'aurait pas conçu.
- T'en fais pas, je suis large au niveau des quantités, commenta t-elle, amusée par la plaisanterie de Regina.
Parce qu'elle envisageait souvent de faire des fêtes surprises avec les autres lions, Amelia ne lésinait jamais sur les quantité qu'elle commandait, qu'il s'agisse de fraises, de cacao ou même de vanille, un produit pourtant cher.
- Plus sérieusement, reprit Amelia en changeant de ton. Même si tu les aimes très fort, tes enfants n'ont pas à régir ta vie. C'est dommage si Henry n'aime pas Robin - qui au demeurant à l'air d'une personne tout à fait respectable - mais ils ne peuvent pas t'imposer de sacrifier ton bonheur pour eux. Dans l'absolu, tu pourrais le faire mais ce serait hyper malsain pour toi. Il leur faut du temps, je suppose. Ils t'aiment trop pour se détourner de toi parce que tu as fait le choix d'être heureuse. Mais ça va probablement leur demander un peu de temps. Moi je suis d'avis que rien ne vaut une conversation autour d'un bon chocolat ! Et vraisemblablement un peu de patience avant que la discussion n'arrive. Henry a quel âge ? Il vit quand même encore sous ton toit même s'il ne te parle plus, non ?
La question était impertinente, tout comme celle qui en était l'auteure. Mais Amelia assumait parfaitement de mettre les pieds dans le plat, parce que ce n'était qu'en en sachant le plus qu'elle pourrait aider Regina.