« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Les coups de canons me rendaient presque sourde. Je parvenais à peine à garder l'équilibre à cause du tangage. Une planche explosa à moins d'un mètre, se transformant en projectile. Je me penchai juste à temps alors que des éclats de bois cherchaient à me perforer le crâne. Me redressant, je chancelai de nouveau et fus entraînée en arrière par une violence du courant marin. Les yeux écarquillés, je regardais de tous côtés. Je me trouvais au coeur d'un combat naval, celui de Louisbourg. Cela faisait quelques minutes que j'étais apparue à bord de l'Hermione, la frégate française connue pour avoir conduit pour sa seconde traversée le marquis de La Fayette. Comment savais-je toutes ces informations ? Je les avais lues quelque part et les descriptions correspondaient en tous points à ce navire.
Les militaires français se moquaient du vent glacial et de la pluie cinglante : ils défendaient leur bâtiment avec force et honneur. Cependant, une bataille a toujours nettement moins de panache dans la réalité que dans les romans. Des corps gisaient sur le pont, malmenés par le tangage. Le sang maculait le plancher. Partout des hurlements de douleur ou d'agonie, couverts par les bruits de canons. L'odeur du sang se mélangeait à celle de la poudre, entêtante et si forte qu'elle donnait presque la nausée.
J'aurais préféré de loin rester à lire Vingt Mille lieues sous les Mers de Jules Verne, mais tandis que j'étais immergée dans les aventures du capitaine Nemo et du scientifique Aronnax, je m'étais sentie violemment happée dans le passé. Une terrible démangeaison dans ma main droite, quelque chose qui gratte, qui s'effrite...
Et me voici à bord de l'Hermione, dans le tumulte du combat naval. Je ne pouvais agir. Je me devais de rester de marbre alors que les soldats tombaient autour de moi dans des cris de souffrance. Si j'utilisais mes pouvoirs, si je décidais de sauver ne serait-ce qu'un de ces hommes, le futur en serait modifié à jamais. Je ne pouvais le permettre. J'ignorais pour quelle raison le Sable Noir jouait ainsi avec le Temps, sans doute pour me punir de l'avoir attaqué, pour tester mes résistances ou pour me détruire, mais il n'aurait jamais gain de cause. J'étais capable de me montrer plus têtue que n'importe qui.
Cependant, il était difficile de demeurer impassible alors que la mort dominait le navire. Il ressemblait à un vaisseau fantôme dans la nuit, balloté par le vent et les intempéries. Je croisai le regard d'un mourant, dont le corps était coincé entre deux barils de poudre. Je déglutis avec peine, me mordis les lèvres et détournai les yeux. La houle me projeta contre le bastingage et je manquai de basculer dans les eaux noires et déchaînées. Je me reculai en quelques pas chancelants, mais découvris alors avec horreur que l'Hermione se trouvait au creux d'une vague. Je n'avais que quelques secondes pour me préparer à subir le contrecoup. D'un pas rapide mais zigzaguant, je me précipitai jusqu'au mât que je voulus étreindre de toutes mes forces, mais mes ongles le griffèrent sans l'atteindre. Le tangage me fit brusquement basculer en avant et je perdis l'équilibre, tombant tête la première sur le bastingage.
Le choc fut moins brutal que je l'aurais cru. En réalité, la rambarde était plutôt molle par endroits, et douce contre mes doigts. Je soulevai les paupières, surprise de n'entendre qu'un grand silence même si le tonnerre des canons résonnait encore dans mes oreilles.
Un cri inarticulé s'échappa de ma gorge alors que je voyais des yeux juste en face des miens. Deux pupilles noisettes qui étincelaient dans la pénombre. Le souffle court, je pris pleinement conscience que je venais de revenir dans le présent.
Rien n'aurait pu m'en faire douter car j'étais allongée sur Anatole, dans son lit, à l'intérieur de son petit appartement. Il était recouvert par une couverture. Le souffle toujours aussi saccadé, je le fixais d'un air paniqué. Des gouttes d'eau ruisselaient de mes cheveux trempés et gouttaient sur son visage perplexe ainsi que sur son oreiller.
Brusquement, j'enlevai ma main de ses cheveux et me redressai d'un bond. Je sautai sur mes pieds nus et manquai de glisser sur le sol. Me rétablissant de justesse, je demandai, les bras croisés sur mon sweat-shirt :
"Qu'est-ce que tu fais ici ?"
C'était une question incroyablement pertinente, étant donné qu'il faisait nuit et qu'il était sans doute occupé à dormir avant que je ne survienne le déranger. En vérité, je me sentais si déroutée que je ne savais plus vraiment ce que je disais.
"Ca a recommencé." dis-je, la tête basse après quelques minutes. "J'ai voyagé dans le temps malgré moi. En plus, j'ai oublié mon exemplaire de Vingt Mille Lieues sous les Mers à bord de l'Hermione. C'est une catastrophe !"
Anxieuse, je réalisai que ce livre avait été écrit un siècle plus tard et que par conséquent, le mieux à souhaiter était qu'il sombre dans l'océan. Si par malheur un soldat de 1780 le récupérait, les conséquences pourraient être pires que désastreuses ! A cet instant, je souhaitai de toutes mes forces être capable de retourner de là où je venais. Je me concentrai mais bien entendu, rien ne se produisit. J'étais toujours devant Anatole qui, assis dans son lit, arborait une crête de coq, et je continuais d'abîmer son revêtement de sol en créant une flaque d'eau conséquente autour de moi. Je n'osais pas prévenir Elliot car s'il était capable de voyager dans le temps à sa guise, sa discrétion laissait à désirer. Il risquait de créer une rupture du continuum espace temps juste en serrant la main d'une personne du passé. Je ne pouvais prendre ce risque.
Je passai une main sur mon visage mouillé, puis dans mes cheveux glacés. Un frisson me parcourut.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
Il y a ce moment, entre le sommeil et le réveil, ce moment où se souvient d'avoir rêve. Généralement le moment où je pense à elle, où je me remémore chaque traits de son visage, les sourires qu'elle m'a fait durant la journée, les rires qu'on a partagé. Un moment de pure bonheur, où les secondes deviennent des heures, où le temps cesse d'exister, où il n'y a qu'elle et moi. Puis, des souvenirs du passé me viennent en mémoire, mes doutes, mes peurs, mes craintes aussi nombreuses qu'elles soient. Ce moment où on prend conscience de la réalité, où d'un seul coup tout devient plus difficile et alors qu'on se sentait si léger, si apaisé, on retrouve notre mémoire, nos souvenirs lourds à porter, nos secrets, tout ce qui rend notre vie encore plus difficile à assumer. Il y a ce moment entre le sommeil et le réveil où il n'y a que nous, puis on se souvient d'avoir rêvé.
Je n'aurai pas pu imaginer une seule seconde, qu'à cet instant précis, juste après avoir quitté les rêves, ils prendraient à nouveau forme devant moi. Quelques gouttes d'eau coulaient sur mon front et mes joues, tandis que j'ouvrais les yeux pour y voir ceux de la jeune femme de mes pensées. Ellie se tenait là, totalement allongée sur moi et toute trempée. Elle avait le souffle saccadé comme si elle sortait d'une grande bataille et elle me fixait d'un air paniqué. Sur le moment je n'avais pas su comment réagir, lui laissant le temps de reprendre ses esprits. Elle avait retirée brusquement sa main de mes cheveux et elle s'était redressée d'un bond, sautant sur ses pieds nus vue le bruit sur le plancher, manquant même de glisser sur le sol.
Je m'étais redressé à mon tour, passant une main sur mon front mouillé, puis retirant ma couverture. Je dormais avec un tshirt orange et un bas de pyjama avec des dessins de poissons. J'adorais l'océan, la mer et tout ce qui se rapportait à cela et mon rêve était de voir une sirène en chair et en os. J'avais déjà fait la rencontre d'une fée et ça avait été l'une des plus spectaculaires rencontres de mon existence. Qui sait, peut-être qu'un jour je partagerai un croissant ou un chocolat chaud avec une sirène.
Ellie semblait perturbée de s'être retrouvée ici. Elle avait voyagé dans le temps une nouvelle fois ? C'était déjà arrivé à ce qu'elle m'avait dit et dont j'avais pu être le témoin. Elle avait fait un halte en Egypte avant de revenir ici et maintenant elle s'était déplacée jusqu'à l'Hermione, à en croire ses propres dires. J'aurai pu lui répondre que oui, c'était inquiétant d'avoir oublié son livre là bas et que ça pourrait changer de grandes choses dans le futur, mais il y avait dans l'immédiat, bien plus important que le sort de l'univers. Je m'étais levé, enfilant mes pantoufles avant de prendre une serviette de bain qui se trouvait sur la chaise à côté de mon lit et de lui passer sur les épaules, tout en n'oubliant pas de lui ébouriffer un peu les cheveux avec.
« Tu vas attraper froid si on ne te sèche pas rapidement. »
Je lui frottais le dos tout en tentant de comprendre ce qui pouvait bien la faire voyager à des périodes diverses et sans rapports les unes avec les autres, sans pour autant qu'elle puisse contrôler ses escapades. Quelque chose m'inquiétais dans cela. Et si un jour elle restait coincée à une époque ? Elle devrait demander à Elliot de l'aide pour comprendre comment qu'il faisait pour revenir et peut-être même s'organiser un voyage ensemble, histoire de mieux comprendre le fonctionnement de ces voyages. Mais la connaissant, elle ne comptait pas du tout demander son aide au jeune garçon.
« On discutera de ton soucis tout à l'heure, pour le moment, tu vas prendre une bonne douche bien chaude. J'en profiterai pour te préparer un bon thé. » lui avais-je dit avec un petit sourire, tout en la conduisant jusqu'à la salle de bain, comme si elle était un robot qui se contentait de suivre son maître. Une fois devant la baignoire, j'avais fait couler de l'eau, un peu d'eau chaude et un peu d'eau froide, puis je lui avais sortit une serviette toute propre et bien plus grande que celle qu'elle avait. Je lui avais déposé sur le rebord du lavabo en lui faisant un nouveau petit sourire.
« Prend le temps qu'il te faudra, je vais t'attendre à côté. » avais-je dit avant de me diriger vers la porte de la salle de bain et de me tourner une nouvelle fois vers elle, l'observant quelques instants, en lui faisant un sourire rassurant, comme pour lui faire comprendre que tout allait s'arranger. J'avais ensuite quitté la pièce, me dirigeant vers la cuisine pour préparer un bon thé. Une fois dans le salon, tout était prêt et je m'étais assis sur le canapé, en entendant l'eau couler dans la baignoire. Elle devait s'y détendre, ça allait lui faire du bien. Ce n'était qu'un petit quart d'heures après qu'elle avait quittée la pièce pour me retrouver, les cheveux encore tout mouillés.
« Comment une fille aussi intelligente que toi, as pu oublier aussi facilement le principe de la serviette de bain ? » lui avais-je dit tout en m'approchant d'elle et en prenant la serviette de bain encore sec qu'elle tenait en main. Je lui avais délicatement passé dans les cheveux pour la sécher. Elle ne pouvait pas tomber malade et attraper froid, mais elle ne pouvait pas non plus continuer à dégouliner de partout. Cette proximité avec elle m'avait permis de remarquer qu'elle n'était pas si petite que ça en réalité. Je la voyais toujours comme une jeune femme aussi petite que quand elle était une enfant, mais non, je n'étais pas aussi géant que ça à ses côtés. C'était juste que je pouvais rarement nous comparer, vue qu'on était rarement aussi proche.
« Tu as des cheveux magnifiques... » lui avais-je dit avant de me reculer et de lui laisser la serviette de bain. Puis, j'avais observé ce qui nous entourait, sentant mon coeur s'accélérer. Ce n'était pas de la crainte ou de la peur, mais plutôt de l'excitation. Un sourire grandissant était apparu sur mon visage, tandis que je découvrais le nouveau paysage.
« Il va véritablement falloir qu'on règle ce petit soucis d'époque. Quoi qu'il en soit... Tu devrais mieux me tenir la main, car je n'ai vraiment pas envie de rester coincer ici. Je n'ai pas la phobie de l'eau, bien au contraire, mais regarde ça ! » lui avais-je dit en lui indiquant le hublot juste à côté de nous, où on pouvait voir une créature marine plutôt impressionnante passer juste à côté, tandis qu'une alarme retentissait dans les hauts parleurs. J'avais tendu ma main dans sa direction tout en observant le spectacle.
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
Pourquoi insistait-il autant pour que je prenne une douche ? J'étais restée perplexe alors qu'il m'avait conduite jusque dans sa petite salle de bains. Là, il avait fait couler l'eau dans la baignoire, posé une serviette sur le rebord, m'avait observée un moment avec un sourire encourageant, avant de s'éclipser.
A peine était-il parti que je m'assurai que la porte fermait à clé. Non pas que je n'ai pas confiance en lui -il semblait être un gentleman mais je connaissais son inclination pour moi. Je préférais être certaine que la serrure soit suffisamment huilée afin de ne pas être dérangée. Après avoir verrouillé la porte, je me décidai à prendre cette douche, abandonnant mes vêtements trempés et glacés. Je n'en saisis pas l'utilité jusqu'à ce que je sente l'eau tiède ruisseler sur mon corps et le réchauffer, par la même occasion. Je ne m'étais pas aperçue à quel point je grelottais avant cet instant, comme si mes membres étaient engourdis.
Je fermai les yeux et renversai la tête en arrière, m'imprégnant de cet instant de profonde quiétude. Puis je fermai le robinet. Je ne voulais pas abuser de la gentillesse d'Anatole et lui faire payer une facture d'eau astronomique. Il n'avait pas beaucoup d'argent et faisait de son mieux.
Je me séchai et fis apparaître un pull à col roulé ainsi qu'un pantalon en velours gris, afin de conserver ma chaleur corporelle. D'un pas hésitant, j'entrebâillai la porte et entrai dans le salon, précédée par des volutes de buée. Anatole m'attendait, assis sur le canapé, un plateau pourvu de deux tasses de thé fumantes posé sur la table basse.
Sa réflexion me fit froncer les sourcils et je passai machinalement une main dans mes cheveux mouillés et plaqués sur mon crâne. Il s'était levé d'un bond pour les essuyer, grâce à la serviette que je tenais en main. Ses gestes étaient doux et soignés. Il ne tirait pas sur ma chevelure, il tapotait comme s'il craignait de l'arracher. J'eus un mouvement de recul mais comme à son habitude, il fut plus prompt à réagir, m'enveloppant d'une tendresse qui me faisait osciller dans un état proche du malaise et de la perplexité. S'ensuivit un compliment qui n'avait nulle raison d'être. Un léger soupir irrité s'échappa de mes lèvres entrouvertes, à peine perceptible.
Et mes yeux s'écarquillèrent aussitôt, car mon agacement venait d'être remplacé par la déroute la plus totale. Le lieu venait de changer inopinément. L'appartement exigu d'Anatole avait été remplacé par un corridor étroit qui faisait penser à celui d'un navire. Le jeune homme me montra quelque chose par le hublot mais je ne vis rien hormis les profondeurs sous-marines.
"Ce sont... des blocs de glace." balbutiai-je, indécise.
Ce que l'on aurait pu prendre pour une créature aquatique aux proportions démesurées était en réalité les vestiges d'un... iceberg ? Un mauvais pressentiment me saisit, et l'alarme qui retentit me le confirma.
"Anatole...on doit partir d'ici au plus vite." déclarai-je en me mordant les lèvres.
Etrangement, le roulis n'était pas spécialement brutal, comme si le navire parvenait à se stabiliser. A moins que la mer ne soit incroyablement calme en ce jour... Je savais où nous nous trouvions, et ce n'était vraiment pas une bonne chose. La mer avait été aussi lisse qu'un miroir. En de telles circonstances, on voyait très mal les icebergs.
Sans attendre, je saisis la main qu'il me réclamait et l'entraînai à travers le corridor d'un pas rapide.
"Il faut qu'on rejoigne un pont. Un escalier... Il faut qu'on monte. J'ignore à quel niveau on se trouve exactement, mais on doit se rendre à l'air libre."
La tension était palpable dans ma voix. Je serrai davantage la main d'Anatole dans la mienne. Hors de question qu'il meure ici. Il n'était pas destiné à finir ses jours sur ce bateau. Ce n'était pas écrit. Je refusais qu'il en soit ainsi ! Plus personne ne devait être en danger par ma faute. Si j'avais pu, je l'aurais ramené à son époque. Je craignais que ma mort ne scelle définitivement son sort en cet endroit, en cette année 1912.
Les couloirs se ressemblaient tous et personne en vue. J'avais l'impression d'évoluer dans un vaisseau fantôme, avec le silence pour tout compagnon.
Brusquement, au détour d'un corridor, j'aperçus un escalier, mais décidai de ne pas l'emprunter : il descendait plus bas et était noyé sous l'eau. D'ailleurs, les flots serpentaient déjà dans notre direction, avec une lenteur abominable.
L'angoisse redoubla d'un cran alors que je faisais demi tour et incitai Anatole à faire de même d'une simple pression de mes doigts contre sa paume.
"Tu ne vas pas mourir ici. Je refuse qu'il en soit ainsi." serinai-je à voix haute cette fois-ci, mais sans le regarder. "L'océan Atlantique ne sera pas ton linceul."
Seulement... comment échapper au Titanic lorsqu'il décidait de couler ?
"On va prendre un canot de sauvetage."
Les femmes et les enfants... Ils embarquaient toujours les premiers. Les hommes venaient ensuite mais concernant ce naufrage particulier, très peu d'entre eux avait eu la chance d'en bénéficier.
"Je te téléporterai directement dans l'un d'entre eux quand on sera à portée." décidai-je en accélérant l'allure.
J'ignorai si j'étais capable d'utiliser ce don lorsque je voyageais dans le passé, mais je l'espérais de tout coeur. A moins que... le fait de disparaître une fraction de seconde ne m'emporte ailleurs, dans un autre temps ? Anatole pourrait-il me suivre ? Ou allais-je le perdre dans les méandres du passé ? Un frisson parcourut mon échine tandis que je sentais mes cheveux encore mouillés coller à ma nuque.
"Quoi qu'il arrive, ne lâche pas ma main." articulai-je dans un murmure fébrile.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
« Attends Ellie, attends ! » m'écriais-je tandis que la jeune femme était en train de tourner dans un autre couloir afin d'emprunter un escalier, qui cette fois ci se dirigeait vers le pont.
On était réellement sur le Titanic. Ellie nous avait fait voyagé dans le temps. Comme je le redoutais, elle ne contrôlait pas ses déplacements et il allait être urgent pour elle d'en parler avec Elliot afin de ne plus reproduire d'erreur. A tout moment, elle pouvait modifier le passé en se déplaçant d'un endroit à un autre. On aurait pu arriver sur la lune le jour où l'homme y avait fait le premier pas. Comment aurait-elle pu expliquer cela ? Comme on aurait tout aussi bien pu arriver en plein coeur de la Maison Blanche pendant la guerre froide. Ca aurait pu créer un changement politique majeur. Il fallait faire face à cette situation et aller voir une personne qui pourrait l'aider afin de modérer ses déplacements. Si elle ne voulait pas voir Elliot, il restait toujours Cassandre, mais le jeune homme s'y connaissait bien mieux pour tout ce qui concernait le temps.
« Ecoute. Tu entends ? » lui avais-je demandé, tandis que le son émis par un violon et divers instruments descendaient jusqu'à nous. « On est dans la bonne direction. C'est l'orchestre qui a joué jusqu'au bout avant que le bateau ne sombre dans les profondeurs de l'océan. Songe d'Automne je crois, c'est une valse magnifique. »
Elle ne semblait pas enclin à vouloir écouter de la musique, préférant prendre la fuite, ou me mettre à l'abri comme elle me l'avait dit précipitamment. Je l'avais laissée passer devant, lui tenant toujours la main et on était arrivé sur le pont. Les gens s'affolaient et courraient dans tous les sens. C'est dans ce genre de cas qu'on se demande si on pourrait changer leur avenir et les empêcher de mourir. Ellie serait sans doute capable de téléporter tout le bateau jusqu'aux rivages ou de faire venir plus rapidement de l'aide. Est ce que cette idée lui avait effleurée l'esprit ? Elle s'était arrêtée quelques instants sur le pont, à regarder anxieuse les gens passer autour de nous. La plupart des canots de sauvetages devaient déjà être plein. Je l'avais observée, pour voir si elle allait bien, si elle pensait à la même chose que moi, même si on savait tous les deux qu'on ne pouvait pas les sauver. Une nouvelle fois, j'avais serré un peu plus fort sa main et elle avait tournée la tête dans ma direction.
« Je ne te lâcherai pas, je suis là. »
On s'était avancé vers le canot de sauvetage le plus proche quand le matelot avait annoncé que seulement les femmes et les enfants étaient autorisé à monter à bord pour le moment. Ca voulait bien entendu dire qu'ils n'avaient pas assez de place pour tout le monde et que si il fallait sacrifier un groupe d'humains, ça serait les hommes. Les femmes pouvaient donner la vie et les enfants étaient l'avenir. Quand aux hommes, c'était une perte acceptable. Je ne comprenais pas pourquoi cela m'énervait, mais je me doutais que c'était parce que pour moi, chaque vie avait son importance. Même si dans le principe j'étais d'accord de céder ma place à une femme ou à un enfant. Mais je me voyais mal prendre celle d'un autre homme. Chacun devait avoir sa chance de pouvoir se sauver, de décider de sa destiné.
Mon regard avait fait le tour du canot quand j'avais vue un homme assis avec un petit garçon dans les bras. Il devait être sa seule famille, pour cela qu'on l'avait laissé monter à bord. Quand j'avais tourné la tête vers Ellie, je pouvais voir qu'elle regardait la même personne. Puis petit à petit sa main dans la mienne était en train de rapetisser et je l'avais serrée un peu plus fort, peut être même un peu trop.
« Tu fais quoi ? Il n'en est pas question ! »
Je me doutais de ce qu'elle avait en tête. Si elle redevenait petite, elle pourrait me faire monter à bord d'un canot avec elle pour nous sauver tous les deux. Mais ça signifiait qu'on prendrait la place à deux autres personnes qui mériteraient tout autant que nous d'être sauvé.
« Tu n'as pas le droit de faire ça. On ne peut pas prendre la place à qui que ce soit. » avais-je dit d'un ton catégorique avant de venir me placer face à elle. « Je ne faisais pas partit du voyage la première fois et toi non plus. Si on prend la place de quelqu'un, tu vas changer le futur et tu n'as pas le droit de faire ça. Tu ne peux pas décider de qui a le droit de vivre ou de mourir. »
J'avais passé une main sur mon visage pour essuyer l'eau, car ça commençait à gicler un peu de partout et une fois encore elle avait le visage et les cheveux mouillés. Je n'avais pas de mouchoir propre ou de serviette à lui passer et j'espérais juste que l'eau ne la dérangeait pas trop.
« Viens avec moi, on va se trouver une planche ! » m'exclamais-je en la faisant venir avec moi le long du pont. Elle m'avait retenue, me demandant pourquoi je voulais une planche. Ca me semblait évident...
« Tu te souviens du film ? J'ai vue la scène plusieurs fois, ils pouvaient très bien tenir tous les deux sur la planche. Il nous suffit d'une planche et on sera sauvé. »
En voyant son regard septique, une question m'avait traversée l'esprit.
« Ne me dis pas que tu n'as pas vue le film. Il est extraordinaire. C'est l'une des plus belles histoires d'amour contée à nos jours. Quand on sera de retour je te le ferai découvrir. Tu as beaucoup de retard au niveau des adaptations. D'ailleurs tu n'as toujours pas vue le Seigneur des Anneaux. »
Ce n'était peut-être pas le moment pour parler de ça. Elle m'avait traînée avec elle jusqu'au premier canot en demandant au matelot de me faire monter à bord.
« Pas question ! Je vais chercher ma planche. » avais-je répondu une nouvelle fois d'un ton catégorique. Puis, la jeune femme avait insisté et le matelot lui avait demandé de monter à bord en lui indiquant qu'un autre canot sera disponible pour moi. Je l'avais regardé, hésitant, puis je m'étais dit que mon histoire de planche était une bonne idée, mais que peut-être qu'on était réellement coincé à cette époque. Mieux valait qu'elle monte sur ce canot. Je pourrai toujours la rejoindre avec ma planche par la suite.
« Monte à bord. »
Elle n'avait pas acceptée, du coup j'avais dû me montrer plus insistant.
« Je te rejoins juste après. T'auras qu'à nager vers moi quand j'arriverai sur mon bateau fait main. » avais-je dit en souriant. « Ai confiance et monte à bord. »
Mais mes arguments ne suffisaient pas à la faire monter. Du coup j'avais fait la chose la plus logique et je lui avais lâché la main.
« C'est ma soeur, faites la monter à bord et je prendrai le prochain canot. » avais-je dit au matelot. Un autre été juste à côté et tandis que je sentais qu'Ellie allait s'éloigner d'eux pour me rejoindre, vue que j'avais fait quelques pas en arrière, ils l'avaient prises par le bras pour la faire monter dans le canot. Elle ne pouvait pas se téléporter devant eux, car ils allaient survivre. Elle ne pouvait pas changer le futur de cette manière et quand ils l'avaient mise de force dans le canot, commençant à le faire descendre, je l'avais observée avec un petit sourire satisfait. Elle était sauvée. Il ne me restait plus qu'à trouver un moyen de l'être moi aussi.
« Je te retrouverai, ne t'inquiète pas. Au pire tu sais où aller me chercher. Un grand espace vert entouré de grosses bestioles. Tu l'as déjà fait une fois, tu peux le refaire ! » m'étais-je exclamé en gardant toujours mon grand sourire. J'espérais qu'on se reverrait juste après. De toute façon il était trop tard, son canot descendait déjà.
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
La panique. La déroute. Les gens qui se bousculent, qui hurlent, qui courent sans pouvoir échapper à leur destin.
Je me mordis les lèvres jusqu'au sang tout en observant ce tableau abominable. Bientôt, tout serait englouti. En l'espace de quelques instants, le paquebot ne serait plus qu'un souvenir emporté par l'océan. Nous assistions à ses derniers moments. Le groupe de musiciens un peu plus loin avait cessé de jouer, sans doute trop paniqué par la fin imminente de ce joyau des mers. Les larmes me montèrent aux yeux. Je me sentais si ignoble : j'aurais pu sauver tous ces gens en les téléportant en Amérique, leur destination. Il m'aurait fallu un peu de temps pour tous les ramener, mais j'en étais capable. J'ignorais si mon pouvoir fonctionnait de la même façon dans le passé, mais honnêtement, qu'avaient-ils à perdre ? Je dus me faire violence pour me contrôler. La raison devait être la plus forte, une fois de plus. Il en allait du salut de l'humanité toute entière. Si je sauvais la quasi totalité des passagers du Titanic, le futur en serait bouleversé. De plus, comment expliquer leur survie ? Comment justifier la téléportation ?
Je secouai la tête et m'avançai sur le pont. Le bateau penchait dangereusement en avant. J'avais lu dans un ouvrage les différentes phases du naufrage. Celle-ci s'annonçait comme l'une des dernières. Déglutissant avec peine, je m'élançai vers le premier canot venu, vers lequel des gens se massaient en pleurant et criant. D'un pas décidé, je m'avançai vers le matelot et demandai à faire monter Anatole à bord. Je pourrais me débrouiller seule, mais lui... rien n'indiquait qu'il allait revenir à la vie au milieu des flots. Il avait eu de la chance jusqu'à maintenant.
Le matelot me répondit avec agitation que les femmes et les enfants avaient priorité, et il me pressa de prendre place, ce que je refusais farouchement. Alors, je m'écartai un peu et me concentrant, je commençai à perdre quelques centimètres. Anatole comprit mon idée et secoua nos mains liées pour me faire cesser cette folie.
« Tu n'as pas le droit de faire ça. On ne peut pas prendre la place à qui que ce soit. Je ne faisais pas partit du voyage la première fois et toi non plus. Si on prend la place de quelqu'un, tu vas changer le futur et tu n'as pas le droit de faire ça. Tu ne peux pas décider de qui a le droit de vivre ou de mourir. »
Cette phrase résonna longtemps dans mon esprit alors que j'acquiesçai, l'air hagard. Il avait raison. Je me faisais un devoir de ne sauver aucun passager et voilà que je cherchais à supprimer deux places à bord d'un canot... Où avais-je la tête ? Tous ces voyages inopinés dans le temps avaient-ils raison de mon bon sens ?
Le jeune homme en pyjama me proposa alors de trouver une planche. Je le retins en fronçant les sourcils.
"Une planche ?" fis-je, incrédule.
Le reste de ses paroles n'avait pas plus d'impact. Oh, il s'agissait d'un film. Je secouai la tête. Je devais faire partie d'une minorité de gens qui n'avait jamais vu ce fameux "Titanic" et honnêtement, je m'en fichais royalement. Cela ne m'empêchait pas d'en connaître suffisamment sur ce paquebot pour savoir que nous étions arrivés au mauvais moment de sa traversée de l'Atlantique.
Anatole commençait à m'agacer sérieusement avec sa discussion filmographique. Ce n'était ni le lieu ni le moment pour cela. Je traversai le pont dans sa largeur afin de me retrouver de l'autre côté. De rares canots nous attendaient. Une fois de plus, je tentai de convaincre un matelot d'emmener Anatole mais ce fut vain.
"Cesse un peu tes idioties avec ta planche !" rétorquai-je d'un ton sec en le tirant par la main. "Je n'ai jamais rien entendu d'aussi ridicule ! L'eau est glaciale ! Crois-tu vraiment qu'un homme du vingt et unième siècle comme toi, habitué au confort et aux radiateurs, va supporter d'être immergé pendant plusieurs heures dans l'océan Atlantique ? Planche ou pas, tu vas mourir si tu ne grimpes pas tout de suite dans un canot !"
Surprise, je sentis des mains se refermer sur mes épaules. Je tournai la tête et vis le matelot, les yeux révulsés de peur, m'entraîner vers le canot en me promettant que mon "ami" prendrait le suivant. Je secouai la tête d'un air catégorique. Je savais qu'il n'y en aurait pas d'autre. Nous étions à quelques minutes de l'horreur la plus totale.
Il fit alors la chose la plus mesquine qui soit : il lâcha ma main. Aussitôt, le matelot et les gens autour, éperdus et terrorisés, m'étreignirent et m'entraînèrent vers le canot. Je ne pouvais me libérer en les repoussant : je craignais de leur faire mal, surtout qu'Anatole m'avait poussée au comble de la rage. Son sourire fit naître des rougeurs furibondes sur mes joues. Je le fixai d'un oeil à la fois incendiaire et anxieux tandis que le canot descendait par à-coups vers la mer aussi lisse qu'un miroir. Au loin, d'autres canots s'éloignaient déjà, si peu nombreux comparés à la grosseur du bâtiment...
Je regardai les gens massés dans mon propre petit bateau. Certains sanglotaient, mais la majorité restaient tétanisés, les yeux écarquillés. Aucun mot ne s'échappait de leur bouche. Ils étaient trop choqués d'être sauvés, et trop angoissés de ne pas l'être encore tout à fait.
Je levai la tête vers Anatole, qui était penché par-dessus le bastingage, et m'observai d'un air soulagé. Le sombre idiot... Pourquoi vouloir me sauver ? Je ne pouvais PAS mourir ! Tout du moins, le Titanic ne serait pas mon linceul.
Animée d'une brusque envie de le gifler, je réalisai que le seul moyen d'y parvenir était de sortir du canot. Avisant le pont inférieur du paquebot, je me levai d'un bond et sautai. Je me cramponnai au rebord, les jambes battant dans le vide, contre la coque. Les passagers du canot poussèrent un cri et le matelot chercha à me faire descendre mais je manquai de lui donner un coup de pied en m'écriant :
"Lâchez-moi immédiatement !"
Surpris par mon ton impérieux, il se rassit dans le canot sans demander son reste. Je restai quelques secondes agrippée au rebord sans trop savoir comment remonter. Je n'avais aucun appui et ne parvenais pas à me redresser suffisamment pour basculer par-dessus. Inutile de demander de l'aide, tout le monde avait déserté le pont inférieur. Et le bateau continuait de sombrer par la proue, s'inclinant de plus en plus dangereusement...
Subitement, j'entendis des bruits de pas précipités. L'instant d'après, Anatole surgit devant moi, tout essoufflé et m'attrapa par les bras afin de me soulever, puis ses mains encerclèrent ma taille avant de me hisser par-dessus le rebord. Je retombai sur mes pieds, un peu chancelante, et me redressai pour le dévisager.
Je lui administrai une petite claque au sommet du crâne -car j'étais suffisamment grande pour le faire pour une fois. La gifle sur la joue me semblait un peu trop intime et mijaurée.
"Plus jamais tu n'essaies de te débarrasser de moi, c'est bien d'accord ?" fis-je d'un ton cinglant. "Par ta faute, quelqu'un a perdu sa place dans le canot de sauvetage !"
Le jeune homme en pyjama faisait la grimace tout en se massant le crâne. Je lui décochai un regard furibond et entendis alors un grognement profond qui émanait du navire tout entier. Déglutissant avec peine, j'en oubliai mon amertume et croisai le regard anxieux d'Anatole.
"Ca va être maintenant !" dis-je, alarmée.
Me saisissant de nouveau de sa main, je l'entraînai vers le pont supérieur, remontant tant bien que mal malgré le navire qui basculait de plus en plus à la verticale.
"Dans ton film, ils expliquent que le paquebot étant trop lourd, il se casse en deux avant de sombrer ? On n'a que quelques minutes pour rester en vie."
Enfin, nous étions de nouveau sur le pont supérieur qui baignait dans l'agitation la plus totale. Les gens pressentaient le pire et ne se contenaient plus. Je faillis être jetée à terre par plusieurs personnes qui couraient en tous sens en hurlant. Ne perdant pas mon objectif des yeux, je fonçai vers une rambarde en fer épais qui était soudée à même le bâtiment. Cela me semblait suffisamment solide, car nous n'avions pas le temps de monter jusqu'à la poupe, même si nous n'étions pas loin.
"Cramponne-toi de toutes tes forces." conseillai-je à Anatole d'un ton tétanisé.
Fébrilement, je lui lâchai la main pour le forcer à tenir la rambarde en fer. Avant de faire de même. Les jointures de mes doigts bleuissaient à vue d'oeil tant je serrai la barre.
"Le bateau va se casser et tout le poids va nous entraîner brusquement en arrière." expliquai-je calmement malgré ma peur. "La rambarde va nous retenir. Ensuite, il faudra faire vite et grimper par-dessus car le paquebot va se redresser avant de sombrer."
Je croisai son regard et lus dans ses yeux qu'il savait déjà. Il y était préparé. Je hochai la tête et vis alors deux personnes nous imiter. M'avaient-elles entendues ? En tous cas, elles avaient raison.
Subitement, un nouveau grognement abominable ébranla le navire, nous faisant frissonner. Puis, un craquement sinistre, incroyablement puissant alors que la poupe était rejetée violemment en arrière. Je fermai les yeux et poussai un hurlement. Il semblait que la foule n'était plus qu'un cri unique et déchirant, terrorisé. Le choc de la poupe contre l'eau provoqua un bruit tonitruant quand les vagues s'élevèrent avant de s'abattre sur les canots de sauvetage trop proches.
Le paquebot resta quelques instants immobile. On aurait pu croire que c'était fini. Je me forçai à réveiller mon corps paralysé par la terreur et secouai Anatole afin qu'il escalade la rambarde. Je l'imitai tant bien que mal, mes gestes rendus imprécis par l'adrénaline qui secouait mes membres. J'étais presque passée de l'autre côté quand la poupe fut entraînée par le fond, et commença à se placer à la verticale. De nouveaux cris, des gens qui chutaient vers une mort certaine, plusieurs centaines de mètres plus bas...
Alors que j'étais recroquevillée sur la rambarde de fer, je sentis un bras d'Anatole passer autour de mon dos, sa main s'accrocher à ma droite, juste à côté de mon épaule. Je tournai la tête et croisai son regard.
Désormais, le navire était totalement dressé. L'espace de deux minutes, il n'y eut aucune agitation dans l'air. Mes mains tremblaient contre la rambarde. Avec un espoir fou, je souhaitai retourner dans le présent avant que le pire ne se produise. Etait-ce une preuve de lâcheté ?
Je me mordis de nouveau les lèvres alors que je sentais le paquebot être aspiré par les flots. Il descendait à une vitesse surprenante. Les vagues bouillonnaient presque tant la chute était rapide...
Ne pouvant rien faire d'autre, j'enfonçai mes ongles dans le bras d'Anatole. Les vagues nous happèrent alors. Elles étaient si glacées que j'eus l'impression que des milliers de lames acérées s'enfonçaient dans ma chair. L'eau nous avait englouti et le Titanic nous entraînait dans les profondeurs...
Je battis désespérément des bras et des jambes pour remonter à la surface, cherchant la main d'Anatole. Je l'avais lâché... Comment avais-je pu...?
Les ténèbres m'engloutissaient. Et soudain, une lumière perça la surface. Je me laissai guider par elle, sentant la pression de l'eau devenir moins forte, moins oppressante.
Je sortis la tête de l'eau et inspirai à fond, avant de chercher Anatole des yeux. Je l'oubliai pour un temps en apercevant un paysage incongru : je me tenais dans l'eau d'un fleuve caressé par un soleil brûlant, aux abords de sable blanc.
L'air ébahi, je clignai des yeux alors que des gouttelettes ruisselaient sur mon visage. Au loin, des gens marchaient, vêtus de pagnes et de coiffes étranges.
"L'Egypte..." balbutiai-je, le souffle court. "Décidément..."
J'étais encore sous le choc de mon excursion à bord du Titanic. Soudain, je sentis quelque chose contre ma cheville. Par réflexe au cas où cela serait un reptile, je donnai aussitôt un violent coup de pied dans l'eau et entendis alors un gargouillis. Surprise, je me retournai et aperçus, à travers l'eau claire, Anatole qui était en train de couler.
"Oh, miséricorde !" m'écriai-je avant de plonger pour le rattraper.
Vivement, je l'entraînai vers la rive et constatai qu'il était inconscient. Je m'assis à côté de lui et croisai les bras, lui jetant un coup d'oeil sceptique.
"Tu n'es pas noyé. Je refuse cette possibilité. Je sais que tu fais semblant pour que je fasse du bouche à bouche, mais tu serais surpris d'apprendre qu'il existe d'autres façons de réanimer quelqu'un..."
Joignant le geste à la parole, je me penchai au-dessus de lui et pinçai un point précis sur sa nuque. Il ouvrit aussitôt de grands yeux et grimaça.
"Je sais que ça fait mal. C'est la douleur qui réveille. Tu te sens mieux ?" demandai-je avec un sourire faussement compatissant.
Puis, je jetai un coup d'oeil au paysage, encore à demi aveuglée par le soleil. Pourquoi étais-je de retour en Egypte ? Cet endroit avait-il une particularité quelconque ? Il était curieux que le Temps m'y entraîne pour la seconde fois. Quoi qu'il en soit, j'avais encore quelques difficultés à me remettre de mon escale titanesque.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
Je pouvais sentir une douce brise caresser ma joue, tandis que l'air frais de la nature tout autour de moi pénétrait mes narines. Je venais tout juste d'ouvrir les yeux, quand je la vis, face à moi, une petite jeune fille blonde dont les éclats du soleil se reflétaient dans sa chevelure.
« C'est toi le monsieur ? »
Un léger sourire se dessina sur mon visage en entendant le ton innocent dans la voix de la petite fille. Mes yeux tentaient de rester ouvert, mais les rayons du soleil m'éblouissaient après tant de temps passer dans le néant sombre et obscur.
« Ils disent tous que ça a commencé... Tu es en retard, c'est ça ? »
J'étais encore allongé sur l'herbe verte, puis je m'étais appuyé sur mes coudes pour pouvoir prendre appuis et me relever. Elle était venue jusqu'à moi et elle m'avait prise la main afin de m'aider. La jeune fille n'avait pas beaucoup de forces, mais c'était mignon de la voir vouloir venir en aide à une personne qu'elle ne connaissait pas et avec le peu de forces qu'elle possédait.
« Tu vas nous aider ? Tu vas prendre soin de nous ? »
Une nouvelle fois je lui avais adressé un petit sourire et j'avais ramené une de ses mèches rebelle en arrière. Son regard s'était détaché de moi et il s'était posé sur quelqu'un au loin, allongé dans l'herbe. Elle m'avait contournée pour le rejoindre, tout en prenant bien soin de jeter un coup d'oeil en arrière pour voir si j'allais lui dire que c'était trop dangereux ou non. Elle était arrivée jusqu'au petit garçon et elle s'était accroupie à côté de lui, lui prenant la main.
« Bonjour... » murmura t'elle. « Tu es des nôtres toi aussi ? »
Il avait ouvert les yeux, mais il était encore trop faible pour parler. J'en avais profité pour les rejoindre et en me penchant au dessus du petit garçon, j'avais posé une main sur l'épaule de la petite fille.
« Il aura besoin de quelques jours pour récupérer. Viens, on va l'amener auprès des autres. »
Je m'étais redressé, tendant la main à la petite fille qui me l'avait prise sans la moindre hésitation. Puis, elle avait tournée la tête dans ma direction.
« Comment qu'il s'appelle ? »
« Il s'appelle Hadès. » avais-je prononcé distinctement avant que mes yeux s'ouvrent une nouvelle fois sur une toute autre jeune femme, cette fois ci bien plus grande et brune. J'avais sentis une vive douleur dans la nuque avant de l'entendre parler.
« Je sais que ça fait mal. C'est la douleur qui réveille. Tu te sens mieux ? »
Mon esprit avait arrêté de vagabonder, se concentrant sur le lieu où on se trouvait. Je me sentais tout... trempé. On venait de quitter l'eau et les souvenirs du Titanic me revinrent en tête. Elle m'avait dit de ne plus jamais me débarrasser d'elle et je ne comptais pas renouveler l'expérience. J'étais là pour elle, parce que je l'aimais plus que tout et je ne comptais pas la faire souffrir inutilement.
Il faisait chaud, très chaud et autour de nous, au loin, des gens marchaient avec des pagnes et des coiffures étranges. Je m'étais assis en tailleur, le temps de reprendre mon souffle et ma respiration. Puis, j'avais regardé le décors qui nous entourait. On devait se trouver en Égypte et sans doute dans le passé. J'avais ramené mes cheveux en arrière pour pas que les gouttes d'eau perlent sur mon front. Heureusement qu'il faisait chaud, car du coup on allait vite sécher.
« L’Égypte. » murmurais-je, même si Ellie devait déjà avoir compris où on se trouvait. « C'est un lieu important. » affirmais-je avant de prendre la main de la jeune femme. « Tous ces lieux où tu t'es rendue, toutes ces choses que tu as vues, je ne pense pas que ce soit le fruit du hasard. Ca a sans doute son importance, même si ce n'est peut-être pas si évident à comprendre pourquoi. »
Pendant que je lui parlais, mon pouce faisait des vas et viens tout contre le haut de sa main que je tenais toujours fermement. J'avais la sensation que quand je la touchais, je me rechargeais. Je me sentais rapidement mieux et je pouvais mieux cerner les choses qui m'entouraient. Elle était un peu plus qu'une muse, peut-être une âme sœur qui m'inspirait le bonheur et qui me rendait heureux à chaque fois que mes yeux croisaient son regard. Je n'avais pas pu m'empêcher de lui sourire. On avait beau être perdu en pleine Égypte, à l'époque des pharaons, mais le fait qu'elle était avec moi m’apaisait. Elle allait sans doute trouver ce sourire bizarre et inapproprié.
« Viens. On va aller rejoindre les autres. » lui dis-je en me levant avant de l'aider à se lever à son tour. On était habillé en pagne nous aussi. Sans doute qu'elle nous avait changée nos vêtements pour passer incognito. Elle était toujours prévoyante.
« Tu penses que nous sommes à quelle époque exactement ? Tu as déjà lu quelque chose sur l’Égypte ? La seule chose que j'en sais, c'est qu'ils ont construit les plus majestueux monuments de l'histoire et que... »
Je m'étais stoppé, observant quelque chose au loin. Je n'étais pas sûr de mon coup et pourtant quelque chose me disait que j'avais raison. Il ne restait plus qu'à me faire confirmer cela par la jeune femme.
« Tu te souviens du Sphinx ? »
Je sentais qu'elle se posait la même interrogation que moi sur ce qu'elle avait sous les yeux. Il y avait bien les deux pyramides au loin et le Sphinx face à nous, mais quelque chose n'était pas ordinaire.
« Toi aussi tu n'as pas souvenir de ça ? » lui demandais-je en observant le haut du crâne du Sphinx en forme de flammes de sable. D'ici, il ressemblait bien plus à ce dieu des Enfers qu'au Sphinx qu'on connaissait aujourd'hui.
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
Il était vraiment saugrenu de voir Anatole vêtu d'un pagne et d'un espèce de haut surmonté d'un veston sans manche, à la mode égyptienne. J'avais fait apparaître des habits qui n'éveilleraient pas les soupçons sur nous. Trop prise au dépourvu pour réfléchir correctement, j'avais copié les tenues que je voyais de loin sur les gens. Les hommes étaient pour la plupart torse nu étant donné la chaleur, mais je ne pouvais me résoudre à dénuder Anatole de cette façon. Cela n'aurait pas été convenable et surtout, il en aurait forcément profité pour faire une remarque à laquelle je n'avais pas envie d'être confrontée.
Me concernant, j'avais vite troqué mon sweat-shirt et pantalon contre une robe bleue couvrant le plus de peau possible. La jupe était longue bien que vaporeuse, descendant jusqu'à mes pieds et de fines bretelles retenait le haut de la tenue. Je n'aimais pas les robes, mais à une telle époque, je n'avais pas d'autre choix que d'en porter. Me déguiser en garçon me semblait difficile étant donné la faible couche de vêtements que nous pouvions avoir sans attirer l'attention.
Anatole souhaitait rejoindre les personnes qui s'affairaient plus loin mais j'étais réticente. Un seul faux pas, une seule interaction, et nous changerions le cours de l'Histoire. Cela me semblait bien trop dangereux.
"Je connais quantité de choses sur l'Egypte ancienne, mais hélas, pas suffisamment pour pouvoir dater cette époque. Tout demeure assez confus dans ma tête ; je ne suis pas archéologue."
Plus que jamais, je m'en voulais de ne pas avoir lu plus d'ouvrages sur le sujet. Cela aurait pu nous être d'une aide précieuse. Lorsqu'il mentionna les monuments, j'esquissai une petite moue avant de préciser :
"Il semblerait que les pyramides de Gizeh soient plus anciennes que ce que les scientifiques prétendent. Certaines études au carbone quatorze ont révélé qu'elles auraient plus de dix mille ans, bien que les archéologues soutiennent que la Grande Pyramide a été construite vers 2650 avant Jésus-Christ. Si Elliot était là, il dirait que la vérité est dans le film Stargate, mais je n'ai pas envie de soutenir sa théorie sur les aliens qui auraient fait bâtir les pyramides pour servir de piste d'atterissage à leurs vaisseaux spatiaux. Cela me semble beaucoup trop farfelu. Non, la vérité est forcément ailleurs."
Je me tus en constatant qu'Anatole regardait quelque chose derrière moi, les yeux écarquillés. Il mentionna le Sphinx et je me retournai, constatant que nous étions bel et bien sur le plateau de Gizeh. Il était étrange que non seulement mon pouvoir nous amène à des points aléatoires du temps, mais qu'en plus nous soyons confrontés à des évènements ou des lieux fortement historiques. Comme si le destin nous narguait ou nous obligeait à bousculer le passé. Cela ne me plaisait pas du tout.
Pour l'instant, mon regard était focalisé sur le Sphinx qui dominait la plaine ensablée. Effectivement, quelque chose était bien différent.
"Une théorie non approuvée stipule que le Sphinx avait en réalité une autre tête, qui a été retaillée. De nos jours, quand on le contemple, on peut observer que son corps est démesuré par rapport à sa tête, chose impossible car les égyptiens n'auraient jamais fait une erreur de proportion. Tout ce qu'ils sculptaient ou peignaient était rigoureusement représenté à l'identique. Désormais, nous avons la preuve que ces scientifiques ont raison, mais jamais nous ne pourrons le prouver."
Je laissai échapper un soupir exaspéré en reconnaissant le faciesse de Hadès. Bien entendu, il fallait que nous soyons proches des dieux en cette époque. Cela compliquait énormément les choses. Fort heureusement, j'avais pris les devants et caché mon aura, de la même façon que je m'y étais prise lorsque je m'étais exilée, après le voyage en Grèce. De cette façon, nul ne pouvait sentir ma présence. Personne ne me connaissait mais je préférais ne prendre aucun risque.
"Tout ceci ne me dit rien qui vaille..." dis-je en observant le Sphinx. "Nous devrions nous éloigner plutôt que de nous approcher."
Mais Anatole s'élançait déjà en bas de la dune de sable. Je le rattrapai tant bien que mal, perdant à moitié l'équilibre car mes pieds se prenaient dans ma jupe.
Nous rejoignimes le rassemblement qui avait lieu sur le plateau de Gizeh. Une foule se massait devant le Sphinx, scandant inlassablement :
"Loués soient la reine et le pharaon ! Loués soient la reine et le pharaon !"
Quelques minutes passèrent et soudain, des portes s'ouvrirent entre les pattes avant du Sphinx. Une lumière aveuglante en jaillit de même qu'un cercle de flammes. Apparaissant au milieu d'elles, je reconnus Aryana et Judah, vêtus de tenues égyptiennes incroyablement alourdies de joyaux. La déesse de l'amour portait une robe si légère et transparente que les courbes de son corps n'étaient guère difficiles à deviner. Quelques hommes parmi la foule tombèrent inconscients devant tant de beauté, tandis que tous les autres s'agenouillaient dévotement en répétant :
"La Parfaite est arrivée ! La Belle est venue ! Louée soit Néfertiti !"
Je roulai des yeux devant ce spectacle, partagée entre l'exaspération et l'indignation. Ainsi, Aphrodite avait usurpé la place de la reine des reines ! A moins qu'elle n'ait été réellement la souveraine de l'Egypte en cette époque reculée ? Etait-ce possible ? Après tout, Néfertiti était d'une beauté légendaire et elle avait eu un tel rôle politique et religieux durant son règne que les archéologues, en reconstituant virtuellement les parois du temple d'Aton, à Karnak, avaient découvert que les représentations de la reine étaient plus nombreuses que celle de son royal époux, chose unique en cette époque reculée. Le fait qu'Aphrodite ait pris "toute la place" lors de son règne ne m'étonnait qu'à moitié. Un léger sourire décrispa mes traits, même si je n'approuvais qu'à moitié. J'appréciais malgré tout les femmes d'exception et l'empreinte qu'elles laissaient dans l'Histoire.
"Loué soit Akhenaton, le roi des rois !"
Oui, il ne fallait pas oublier le pharaon qui faisait grise mine. Il semblait que Judah ne soit pas enchanté qu'une fois encore, sa "compagne" soit la préféréé de leurs fidèles.
Si je n'avais pas risqué de détruire le continuum espace temps, j'aurais traversé le cercle de flammes pour leur coller une petit gifle à tous les deux, afin de les faire descendre de leur piédestal.
Soudain, mon regard croisa celui de Hadès et je m'aperçus, un peu tard, que le fait de ne pas m'être inclinée devant eux me dévoilait entièrement à leur vue. Je devinais à ses yeux incendiaires que ce comportement n'était pas toléré. Misère... j'avais attisé la colère du pharaon et dieu des enfers.
Il attendit pourtant que quelques fidèles déposent or et offrandes devant les flammes, avant de prendre la parole d'un ton pompeux, sa coiffe manquant de tomber de son crâne :
"Peuple d'Egypte, vous..."
Soudain, Aphrodite posa sa main au teint hâlée sur l'épaule nue de son "époux" et lui murmura quelque chose à l'oreille avant de me fixer. Je retins ma respiration tandis qu'elle s'avançait d'un pas, sa robe se soulevant gracieusement dans le vent et dévoilant ses jambes graciles.
"Mon peuple, je suis tellement heureuse du présent que vous nous faites en ce jour béni." dit-elle en écartant les bras. "Râ, notre dieu, nous baigne de sa lumière, ravi de voir que vous avez trouvé notre fille égarée, Sétepenrê ! Notre fille aînée qui nous a été arrachée le jour de sa naissance ! Pour vous remercier, nous vous rendons vos offrandes !"
Judah lui décocha un regard à la fois indigné et furibond, mais elle esquissa un sourire bienveillant à l'encontre de la foule qui scanda avec émerveillement :
"Louée soit la Parfaite ! Louée soit Néfertiti !"
Je clignai des yeux, totalement abasourdie, alors que la foule se scindait en deux, m'ouvrant la voie jusqu'au couple royal. Que venait-il de se passer ? Que devais-je faire ? Je sentis quelqu'un me donner un petit coup dans les côtes et me tournai vers Anatole qui se revelait.
"Je rêve ou tu t'es agenouillé devant eux ?" fis-je, encore plus perplexe.
Il avait l'air de penser que c'était une bonne idée que je rejoigne Aphrodite et Hadès. Des dieux grecs qui se prenaient pour des rois égyptiens... Où allait donc le monde ?
Les gens me fixaient d'un air plein d'impatience et de dévotion. Intimidée et déroutée par tant d'égards, je me dirigeai d'un pas mécanique jusqu'au couple royal, suivie par Anatole. A mon passage, les flammes moururent alors qu'Aphrodite me tendait grands les bras dans un cliquetis de joyaux. De près, ses yeux étaient d'un bleu-vert saisissant, contrastant avec le maquillage noir qui les entourait. Elle m'étreignit avec chaleur tandis que Hadès me fixait, les yeux plissés. Le souffle coupé, je me laissai faire, puis la déesse-reine s'éloigna un peu tout en gardant ma main dans la sienne.
Alors, un homme dans la foule s'écria :
"Vive Sétenpenrê, l'Elue de rê !"
Et les gens répétèrent dans un ensemble quasi parfait :
"VIVE SETENPENRE ! VIVE LE PHARAON ! VIVE LA REINE !"
"Ah tout de même, je te passe devant." grinça Judah avec un sourire satisfait alors qu'Aryana sourit en roulant des yeux.
"Je serai toujours avant toi dans le coeur de notre peuple, toujours." dit-elle avec malice.
Sur ses entrefaites, un mur de flammes s'éleva entre la foule et nous, et l'instant d'après, nous avions disparu ailleurs, dans un palais ouvert sur le nil.
Quelque peu haletante en raison des récentes émotions, je dévisageai Aphrodite qui caressa ma joue gentiment.
"Je sais ce que tu vas dire." soupira-t-elle à l'adresse de Hadès. "Encore une fille ! Mais que veux-tu, je m'attache à ces gens. Il est important que nous ayons une descendance, même si elle est fausse. De toutes façons, quelle était ton idée ? Ecarteler cette jeune fille parce qu'elle n'a pas courbé l'échine devant toi ? Il faut se montrer plus aimant, voyons. Ce n'est pas par la force que l'on gagne l'amour du peuple. C'est en le cajolant."
Elle me tapota un peu la joue et ajouta, en se rapprochant de moi :
"Tu peux rester ici à partir de maintenant. Le palais royal est ta nouvelle maison. J'ignore qui tu es et cela ne m'intéresse pas. Tu dois oublier ton ancienne vie. Désormais, tu es fille de pharaon. Apprécie ce présent qui t'est offert. Toute jeune femme rêve d'être une princesse. Et surtout, n'oublie pas que ma bonté t'a évité une mort certaine."
Je restai de marbre tout ce temps. Puis elle s'éloigna pour prendre une figue sur un plateau en bambou, et la croquer à pleines dents. Elle n'avait pas encore peur des fruits, cette phobie viendrait bien plus tard.
Je me tournai vers Anatole et demandai, d'un ton frêle :
"Mon ami peut-il rester ?"
"Bien entendu." dit-elle après avoir avalé ce qu'elle avait en bouche. "Nous lui trouverons un titre. Mais... pas de bêtises."
Elle nous décocha un regard espiègle par-dessus son épaule avant de quitter la salle dans un petit rire.
Encore sous le choc, j'allai m'asseoir sur un banc, face à une fenêtre dépourvue de vitre -forcément, il faisait bien trop chaud. Les rideaux se balançaient au gré de la brise.
"Sétepenrê, l'Elue de Rê." murmurai-je, indécise.
Puis je levai les yeux vers Anatole.
"Je... honnêtement, je ne sais pas comment me sortir de cette situation. Hadès et Aphrodite nous font un remake de Stargate ! Des dieux qui se sont passer pour les souverains de l'Egypte ! Si Elliot était là... Non, justement, c'est mieux qu'il ne soit pas là. Il serait encore plus dérouté et bien trop heureux. Il me faudrait un thé. Oui, un thé pourrait rétablir ma normalité."
Sauf que les feuilles de thé les plus proches se trouvait à des milliers de kilomètres de là, en Chine. J'attrapai le bas de ma jupe et me penchai pour hurler dedans afin d'étouffer le cri. Je ne supportais pas cette situation. De plus, qui sait combien de temps cela pouvait durer ? Et si nous passions des années en Egypte ? J'essayais de relativiser, maudissant une fois de plus mon pouvoir.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
« Tu as enclenché une réaction en chaine qui peut conduire l’humanité à l’apocalypse ! »
« Il y a de nombreuses graines à l'intérieur du fruit. Mais d'extérieur, il ressemble beaucoup aux pommes. »
« Pomme ? » m'interrogea la jeune femme qui se tenait accroupie face à moi.
« Oui, pomme. C'est un fruit qui pousse par chez moi. Je ne sais pas si vous aurez un jour la chance d'en manger, mais il ressemble beaucoup à celui ci, sauf à l'intérieur. Tu vois ici, ce sont en réalité deux couches pâles. On croque dedans et le goût est très sucré. Un peu comme ce fruit que tu m'as offert. »
J'observais la grenade que je tenais dans les mains et qu'ils nommaient "inhmn". Puis en entendant quelqu'un entrer, j'avais tourné la tête pour observer la jeune femme passer l'encadrement de la porte et mon coeur s'arrêta net. De ma position assise, je m'étais levé délicatement tout en tenant toujours la grenade d'une main ferme. Peut-être que je pressais un peu trop le fruit, qui laissa échapper du jus. La servante qui me l'avait apportée, s'était avancée vers moi afin d'essuyer ma main et sans détacher mon regard d'Ellie qui nous avait rejointe, j'avais mis mon autre main sur le bras de la servante afin de la retenir.
« Ca... ça ira. Ca ira même très bien. Merci beaucoup. »
Elle avait inclinée la tête vue que Sétepenrê était avec nous, puis elle nous avait laissée seule. Je ne pensais pas qu'un jour je pourrai voir un tel spectacle. Ellie était vêtue d'une toute autre manière que quand elle portait sa robe. Sans doute que sa séance avec ses "soeurs spirituelles" l'avaient convaincue de porter quelque chose de... différent ?
« Je... enfin tu plutôt. Tu es... »
J'étais sur le point de dire qu'elle était magnifique dans cette tenue, voir même incroyablement belle et... sexy, mais je sentais que si je la complimentais ou si je faisais le moindre commentaire sur ce qu'elle portait, elle serait capable de me tuer. Il me restait une série télé à finir que Cassandre m'avait conseillée et la dernière chanson en date d'Apple à écouter. Ca serait vraiment dommage de mourir ici et maintenant.
« Il n'y a pas de thé, comme tu peux t'en douter, mais on m'a apporté ces grenades. Il y en a tout un panier si tu le souhaites. J'en avais jamais goûté. Tu sais que ce fruit ressemble beaucoup aux pommes, mais avec une multitude de graines à l'intérieur ? »
Tout en parlant, j'avais jeté le fruit tout écrasé que je tenais dans mes mains par la fenêtre. Ca menait droit sur les jardins. Ils étaient écolo en Egypte, vue que l'emballage alimentaire, les sacs poubelles et autres n'existaient pas encore. Comme on se nourrissait beaucoup de fruits, les détritus retournaient à la nature. C'était une belle époque et je ne comprenais pas pourquoi Ellie n'était pas heureuse de se trouver ici et de vivre cette aventure à mes côtés.
« J'ai une idée pour occuper notre journée. On va pouvoir aller explorer une pyramide. Ca va être chouette. Namaté m'a dit qu'il y en avait une pas loin d'ici et qu'on pourrait y aller en chameau si on le souhaitait. Ton nouveau papa et ta nouvelle maman sont très généreux avec nous. Enfin à dire vrai ce ne sont pas vraiment tes nouveaux parents. »
Ca ne me surprenait pas beaucoup de savoir que Hadès et Aphrodite usaient de leur pouvoir, afin de diriger une époque aussi gigantesque que celle de l'Egypte antique. Je me demandais bien ce qu'ils avaient pu faire durant ces cinq millions d'années à arpenter le monde. On avait tellement à apprendre d'eux. Mais c'était plus au Hadès et à Aphrodite de notre époque qu'il allait falloir poser toutes ces questions. En tout cas pour le moment il allait falloir se mettre en route pour notre grande aventure et ce même si Ellie n'était pas très chaude. Enfin façon de parler, car... Oh mon dieu. Je commençais à résonner comme Hadès. Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez moi. Je m'étais tourné pour tendre la main à Ellie en l'incitant à la prendre.
« Tu te souviens ? Si on se lâche et que tu disparais, je ne pourrai pas te suivre. Ca serait dommage de me perdre ici, n'est ce pas ? Et puis, qu'est ce qu'on craint ? C'est un nouveau monde qui s'ouvre à nous. »
Tout allait se passer dans le meilleur des mondes, même si même pas une heure après, je m'étais retrouvé à hurler à Ellie :
« En mettant ça tu as enclenché une réaction en chaine qui peut conduire l’humanité à l’apocalypse ! »
... tout en courant le plus rapidement possible à l'extérieur de la pyramide. On était poursuivis par une armée de momies qui ne semblaient pas vouloir nous laisser sortir en paix.
« Je suis désolé de m'être emporté, mais tu peux comprendre que de savoir que des momies mortes depuis des centaines d'années et revenues à la vie pour nous tuer, flashent sur toi, ça me met un peu hors de moi ! »
On courrait, courrait encore. Je ne voyais plus le bout de la pyramide et j'étais même pas sûr que la sortie était par là. La seule chose que je savais, c'était que je tenais fermement la main d'Ellie et que je ne comptais pas la lâcher. Quel que soit la chose qui allait nous arriver, on la surmonterait ensemble. J'étais là pour elle, elle était là pour moi et...
« Lumièèèèèèèèèèèèèèèèèèère ! » hurlais-je en voyant enfin la sortie. On avait courru comme des malades et une fois au dehors, éblouis par le soleil, il nous avait fallu quelques secondes pour voir qu'un homme se tenait debout devant nous. Il portait une tenue égyptienne, comme toutes les personnes présentes ici, mais il avait également un accessoire à part : un sceptre.
« Ne me dites pas que vous avez réveillé Béni ? »
« Qui ça ? » demandais-je tandis qu'Hadès était en train de dévisager Ellie et de la... mater ?
« Oh... Je comprends mieux. Avec un corps pareil c'est pas étonnant que Béni se soit réveillé. Bon, c'est pas un soucis. Tenez, prenez ces lances, ces pierres, ces fruits et cette chose. »
Hadès indiquait diverses pierres, lances, fruits et ... une chose bizarre qui se tenait juste à côté de lui. Il pensait que j'allais pouvoir porter tout ça ? J'en prendrai le maximum, mais je n'étais pas un dieu comme lui.
« Je vais faire de mon mieux. Mais pourquoi tant d'objets alors qu'on est que trois ? »
Il ne me regardait déjà plus, s'étant approché d'Ellie et caressant son bras avec l'une de ses mains. Je m'étais contenté de secouer la tête et de prier pour pas qu'elle le foudroie sur place. On ne devait pas changer le futur.
« Ces objets c'est pour toi. Tu vas avoir du boulot avec Béni. Quand à nous, on pourrait peut être l'attendre un peu plus loin ? A moins que tu préfères t'amuser ici, mais les coups de soleils font véritablement mal. Moins que moi en tout cas... »
Une nouvelle fois j'avais secoué la tête. Finalement une seule lance suffirait pour l'empêcher de dire une ânerie de plus.
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
« La langue est le glaive du roi ! Les mots valent plus que tous les combats. »
(Merikarê)
Mes "soeurs" avaient insisté pour que je porte une tenue plus adaptée à mon rang social. Je me retrouvais donc flanquée d'une robe rouge foncée vaporeuse, dos nu et échancrée sur le ventre. La jupe était fendue des deux côtés, laissant entrevoir mes jambes. Inutile de préciser que je n'étais pas du tout à l'aise, mais je n'avais pas voulu les froisser en en réclamant une autre. Elles avaient été adorables avec moi. Elles avaient pour noms Mérytaton, Mâkhétaton, Ânkhésenpaaton, Néfernéferouaton Tasherit et Néfernéferourê. Des prénoms extrêmement difficiles à retenir, si bien que je m'étais empressée de les écrire sur un morceau de papyrus afin de ne pas les oublier. Je l'avais ensuite caché sous mon lit pour que personne ne tombe sur les lettres de l'alphabet, car je ne savais pas écrire en hiéroglyphes. Cela faisait déjà plusieurs heures que nous avions atterri dans l'Egypte Antique, et je désespérais de ne pas repartir. Mes pouvoirs étaient bien trop capricieux. Il me semblait impossible de ne pas commettre de faute risquant de perturber le continuum espace temps.
J'avais remercié les filles adoptives d'Aphrodite et était retournée auprès d'Anatole, afin de vérifier qu'il ne commettait aucune bêtise ou paradoxe temporel. Il n'était pas sot mais une erreur était si vite arrivée...
Il était juste à côté des jardins caressés par le soleil brûlant. Le regard qu'il posa sur moi me mit extrêmement mal à l'aise et j'esquissai une moue pincée. Abstiens-toi de tout commentaire, je te prie. Je me sens suffisamment ridicule comme cela.
"Je n'ai pas faim." grinçai-je alors qu'il me proposait des grenades.
Puis, il trouva amusant d'aller explorer les pyramides du coin. A vrai dire, j'étais plutôt tentée par cette idée. Ces monuments restaient de véritables énigmes pour les archéologues, qui les statuaient de chambre funéraire pour éviter de voir plus loin. Visiter le passé était peut-être une chance inouïe de percer le mystère ? Piquée par la curiosité, je l'accompagnai. Il y eut une traversée à dos de chameau -chacun le sien, bien entendu- qui fut extrêmement désagréable car je n'avais aucune complicité avec l'animal. Puis, nous avions à peine pu nous promener dans la pyramide que des momies nous étaient tombées dessus, au sens littéral du terme. Elles s'étaient éveillées en me voyant. Je ne m'expliquai pas cet étrange phénomène. Avais-je un physique qui charmait les cadavres embaumés ? Voilà qui était rassurant.
Je courais le plus vite possible, sentant ma jupe se soulever à chaque enjambée. Nous étions dans un tunnel obscur au bout duquel la lumière du jour pointait. La main d'Anatole était serrée dans la mienne, tandis qu'il ponctuait notre course de commentaires désobligeants. J'étais bien trop concentrée sur le fait de le garder en vie pour lui dire de se taire, mais je n'en pensais pas moins.
Une fois dehors, je m'accordai une pause, me courbant en deux pour reprendre ma respiration. Puis, je me redressai, haletante. Mes cheveux défaits flottaient sur mes épaules et ma robe était couverte de sable et de poussière. Anatole n'était guère plus avenant que moi dans son pagne.
Judah -ou devrais-je plutôt dire Akhenaton- se tenait devant nous, flanqué d'offrandes diverses et variées. Il avait mentionné un certain Béni. Ces momies avaient des noms ? Quelle était cette nouvelle plaisanterie ? Je soutins le regard brûlant que le dieu posait sur moi, lui répondant par une expression perçante et méprisante. Je détestais que l'on m'observe de cette façon, comme si j'étais nue. Cet homme était le pire de tous les vicieux.
Je me saisis d'une lance et la tins fermement alors qu'il expliquait à Anatole qu'il devait s'occuper des momies pendant que nous deux irions l'attendre à l'ombre. Je m'avançai vers le dieu d'un pas décidé, sans baisser ma lance mais sans pour autant le menacer ouvertement. Je ne pouvais risquer un affrontement car il ne devait surtout pas découvrir l'étendue de mes pouvoirs. Il était déjà suffisamment ardu de cacher mon aura.
"Je suis votre fille, à moins que vous ne l'ayez oublié, Pharaon ?" dis-je d'un ton ingénu qui me coûta beaucoup. "Je serais ravie de passer du temps avec vous, mais j'ai à faire avant."
Relevant brusquement ma lance, je manquai de l'éborgner -en le faisant parfaitement exprès- et me retournai vers l'entrée de la pyramide. Les momies s'agitaient à l'intérieur, mais elles devaient sans doute craindre la lumière du soleil.
"Je suis la protégée de Rê, non ?" fis-je en redressant la tête, le visage fermé. "Voyons voir s'il me traverse de sa lumière pour guider mes gestes."
Je décochai un regard éloquent à "Akhenaton" avant de tapoter l'épaule d'Anatole et de m'élancer de nouveau dans le boyau de la pyramide. Je ne forçai personne à m'accompagner. Je pouvais me débrouiller toute seule. En plus, cela me ferait un bien fou de dégommer quelques cadavres.
Les momies voulurent se jeter sur moi et je fis chanter ma lance dans l'air oppressant, la plantant dans un orbite vide, puis dans des côtes flottantes. Je fis voler des os par dizaines, arrachai des bandelettes, tournai sur moi-même dans le mince espace pour décapiter les cadavres embaumés. Au bout de quelques minutes de lutte acharnée, les borborythmes ineptes et les grognements se turent, remplacés par le silence presque religieux de la pyramide.
Je laissai échapper un profond soupir qui souleva une mèche de cheveux dans l'air moite, puis je redressai la tête et empruntai le couloir en sens inverse pour retourner auprès d'Anatole et Judah. Je plantai alors ma lance dans le sol sans la lâcher et déclarai d'une voix assurée aux intonations fatiguées :
"La visite peut continuer, si vous voulez vous donner la peine de me suivre."
J'étais fermement décidée à continuer cet après-midi tourisme. Percer le mystère des pyramides.
"Toutes les momies sont entrées définitivement dans l'après-vie, mais je garde ceci au cas où nous en rencontrerions d'autres en chemin." déclarai-je en arrachant ma lance du sable. "Merci d'avoir choisi l'agence Sétepenrê."
Sans attendre, je pivotai sur mes sandales et m'engouffrai pour la troisième fois dans le tunnel obscur de la pyramide.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
« Tu as enclenché une réaction en chaine qui peut conduire l’humanité à l’apocalypse ! »
« C'est d'ici qu'on a la meilleure vue. » annonça Hadès en caressant le haut du crâne de ce qui aujourd'hui sera le Sphynx. Car à cette époque, il possédait la tête d'une toute autre créature, qui se trouvait juste à côté de nous.
« Je ne sais pas comment Aphrodite t'as trouvée, si c'est le fruit du hasard ou non, mais la façon dont tu as détruit mes créatures était juste sublime. Un combat héroïque avec beaucoup de grace et de beauté. »
Est ce qu'il était en train de draguer Ellie ? Heureusement qu'il ne savait pas que c'était en partie sa fille, car sinon il... aurait sans doute continué. Je ne comprenais pas ce qui poussait Hadès à agir de la sorte. C'était censé être un dieu, quelqu'un qui montrait l'exemple pour les bonnes choses à accomplir. Mais au lieu de cela, il agissait totalement à l'opposé.
« Je vais te récompenser. Je vais vous récompenser tous les deux. Toi, tu pourras choisir la femme que tu souhaites. Il y aura une sélection et tu verras que certaines sont vraiment prêtes à tout et n'importe quoi avec tous les homme, même ceux qui sont aussi insignifiants que toi. »
C'était bien trop généreux de sa part de m'offrir une femme. Voir même plusieurs, vue qu'à cette période, rien empêchait de prendre légalement ou non plusieurs épouses.
« C'est très généreux de votre part, Pharaon. » avouais-je sous le regard médusé d'Ellie, qui pensait sans doute que j'allais refuser. Mais qui ne rêverait pas de recevoir pareil cadeau ? Et puis si je pouvais l'embêter un peu, je n'allais pas me gêner. Bien entendu, je n'irai pas jusqu'au bout, car la seule femme qui m'intéressait ne ferait pas partie du lot et puis celle là, je ne comptais pas l'acheter ou me la voir offrir.
« Bon ! Maintenant qu'on a bien rigolé, qu'on s'est bien amusé, qu'on a combattu mes créatures, il ne me reste plus qu'une seule chose à faire. »
Son sourire ne me disait rien qui vaille. Surtout qu'il était destiné uniquement à Ellie. Est ce qu'il aurait été du genre à vouloir être avec elle ? Alors qu'il côtoyait la déesse de l'Amour ?
« Je sais que je ne suis pas digne d'un tel présent, mais parmi toutes les femmes que vous proposez de... m'offrir, est ce que la plus belle d'entre toutes en fait partie ? » demandais-je en observant quelques instants Ellie, avant de regarder Hadès, qui avait laissé échapper un magnifique sourire.
« La plus belle ? Ca signifie que Nefertiti arrive qu'en seconde place ? »
Je n'avais pas vue le piège arriver. Nefertiti était bien entendu la plus belle de toutes aux yeux des égyptiens et dire le contraire devant celui qui représentait son mari, n'était pas une bonne chose. Mais étrangement, quand je m'étais mis à chercher une échappatoire, mon esprit avait été accaparé par autre chose. Nefertiti... Mais oui, bien sûr ! Comment j'avais pu ne pas le voir ? Pensais-je juste avant qu'Hadès apparaisse derrière moi, m'agrippe par le cou et me lance du haut du Sphynx. Une chute dont bien sûr je ne pourrai pas sortir indemne. Du coup je n'avais pas vue la réaction d'Ellie, ni même Hadès s'approcher d'elle avec un air plein de défi.
« Aphrodite... Je me souviens bien d'avoir dit Aphrodite et non pas Nefertiti quand j'ai évoqué la possibilité de donner une femme à ce cadavre qui gît en bas de mon Sphynx. Du coup la dernière chose qui me reste à faire avant de te tuer à ton tour, c'est de te demander comment tu sais quel est son véritable nom ? »