« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« You know I'm bad, I'm bad - you know it! And the whole world has to answer right now. Just to tell you once again, Who's bad... »
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, on avait retrouvé les autres. Je m'étais précipité vers Maman qui était assise contre un rocher, l'air hagard.
"Maman ! Maman, ça va ?"
Je m'étais agenouillé devant elle, profondément inquiet. Elle avait le regard vague et éteint, les joues pâles, les lèvres violacées. Ses yeux restèrent lointains malgré la main que j'agitai devant ces derniers.
"Qu'est-ce qu'elle a ?" m'écriai-je à l'adresse de Pascal, complètement paniqué.
Je ne l'avais pas regardé, je restais focalisé sur ma mère qui me semblait plus morte que vivante. A quoi avait-elle été confronté ? Que lui était-il arrivé ?
"... Surt, voilà ce qui s'est passé."
La phrase de Pascal me fit autant d'effet qu'un couperet s'abattant sur mon cou. Bon sang, ils avaient été face à Surt ? L'avaient-ils combattus ? Que lui avait-il fait ?
Je passai une main dans mes cheveux et me penchai de nouveau vers elle, hésitant avant de toucher sa joue du bout du doigt. Ce contact lui provoqua un léger frémissement et une lueur sembla éclairer son regard une fraction de seconde. Hélas, je m'aperçus qu'il ne s'agissait que de mon espoir de la voir revivre. Ses yeux étaient toujours aussi dépourvus d'éclat. Ils se posèrent sur moi et alors, elle eut un léger mouvement de recul. Comme un réflexe. Sa bouche s'entrouvrit, je crus qu'elle allait parler, mais aucun son ne caressa ses lèvres qui tremblèrent faiblement.
Une bise glacée traversa mon corps, car je voyais que je lui faisais peur. Je ne comprenais pas... Pourquoi ? Trop déstabilisé par sa réaction, je me relevai, la fixant avec appréhension. Le brouillard de son regard la coupa de nouveau du monde. Je craignais d'avoir compris. Non... Et pourtant... comment aurais-je pu lui inspirer autant de frayeurs ? "Prends soin d'elle." dis-je à Pascal d'un ton presque suppliant, car je ne savais comment aider ma propre mère.
Ce que j'avais lu dans ses yeux m'angoissait.
Nora m'interpela mais je n'étais pas vraiment d'humeur à me focaliser sur autre chose pour l'instant. Puis, je les vis : tous ces dieux prétendus morts. Zeus, Dolos, et d'autres qui m'étaient inconnus... Dolos. Mes poings se serrèrent. Je l'avais brisé, je lui avais rendu son dernier souffle ! Comment pouvait-il se trouver ici ? Nora croyait que les enfants de Gaïa étaient tous bon, aussi je me dépêchai de lui expliquer le contraire. Sans lâcher des yeux ni Dolos ni Zeus, qui m'inspirait toujours autant de peur. Diane m'indiqua qu'ils avaient tous le regard vitreux et que par conséquent, ils n'étaient pas vraiment là. Ils ne pouvaient nous atteindre. Malgré tout, j'étais prêt à les défoncer. J'en connaissais un rayon sur les zombies, il fallait toujours s'en méfier.
Puis, Gaïa apparut. Après un petit échange -je notai qu'elle était focalisée sur moi, ce n'était pas franchement sympa pour les autres. Peut-être appréciait-elle qu'on l'appelle Mamie ?- un portail d'énergie pure apparut à la place de la caverne de l'oracle. Je laissai échapper un soupir soulagé. Enfin, la maison ! ENFIN ! J'y croyais à peine. J'avais l'impression que tout un tas de coups durs allait encore nous tomber dessus.
"Il n'est jamais trop tard... Elliot. Jamais."
Je haussai un sourcil. Trop tard pour quoi ? Mamie pouvait-elle être un peu plus précise ? Ca m'énervait les gens qui parlaient par énigmes. Ellie faisait souvent ça aussi avec ses grands airs. C'était horripilant au possible. La dernière phrase de Gaïa résonna dans ma tête longtemps encore, chaque mot battant aussi fort que mon coeur. Quelque part au fond de moi, je tentais d'étouffer une vérité trop difficile à avaler. J'essayais de me convaincre que j'avais tort, mais je ne pouvais oublier l'effroi dans les yeux de ma mère.
Diane et Louise passèrent les premières, suivies par Robyn. J'avais observé son bref échange avec le sosie d'un ewok et j'avais souri. Cette scène toute mignonne dans ce paysage désolant avait quelque chose d'attendrissant. Et puis... c'était toujours bizarre de voir Robyn en mode guimauve. C'était presque plus effrayant que de la voir fracasser un géant avec une batte de baseball.
Je lui emboitai le pas et traversai le portail. Je savais que Nora me suivait même si j'avais volontairement mis un peu d'écart avec elle. Bon sang... je venais seulement de réaliser qu'elle allait habiter à Storybrooke ! Genre j'allais la croiser souvent ! Comment allais-je faire ? Dès que je la voyais, je nous imaginais, enfin je repensais à...
Je plaquai une main contre mon visage, n'appréciant même pas la caresse du vent de ma chère planète contre ma peau.
"Ma chériiie !"
J'écartai ma main et lançai un drôle de regard à Robyn qui s'extasiait devant sa pâtisserie comme si elle allait se mettre à prier devant. Et brusquement, elle pivota vers moi, l'air revêche. Je déglutis avec peine et reculai d'un pas, les mains en avant. Je savais que je méritais une raclée pour ce que j'avais osé faire -même si techniquement, ce n'était pas de ma faute- mais j'avoue que j'aurais aimé attendre encore un peu. Quoi qu'il en soit, je n'allais pas lui rendre les coups qu'elle me donnerait. Déjà, ça n'aurait pas été fairplay vu qu'elle n'était ni un mec ni divine. Il allait falloir que j'encaisse comme un grand. Maman...
Je grimaçai quand elle agrippa ma chemise et fermai les paupières, prêt à accuser le premier coup. Sauf qu'à la place, elle... me fit un gros câlin. Je clignai des yeux, terrorisé par cette démonstration d'affection. Heureusement, ça ne dura pas longtemps. Elle me remercia de lui avoir sauvé la vie. Désarçonné, je restai muet comme une carpe. C'était trop beau pour être vrai ! Je faillis même esquisser un sourire qui se figea quand une douleur fulgurante explosa mes cacahuètes.
Je me courbai en deux, suffoqué par la souffrance et Robyn en profita pour me coller un coup de poing en pleine tronche. Je basculai en arrière en manquant de tomber totalement, mais retrouvai de justesse mon équilibre. Purée, c'est qu'elle frappait fort ! L'espace d'une seconde, trop aveuglé par la douleur et la colère, je faillis lui rendre la monnaie de sa pièce, mais je me contrôlai à temps. Je me contentai de gémir, une main plaquée contre mon nez ensanglanté et l'autre sur ma dignité ratatinée. Je me moquais d'avoir l'air complètement débile. CA FAISAIT TROP MAL !
Après plusieurs minutes, je m'aperçus que j'étais seul dans la rue. Robyn et Nora se trouvaient dans la pâtisserie, je les voyais discuter à travers la vitrine. Sympa de me laisser limite crever sur le trottoir... Ca allait un peu mieux, même si je marchais comme un pingouin. Je refusais de me régénérer. J'avais mérité tous ces coups. J'avais sommairement essuyé le sang sur mon visage mais en croisant mon reflet dans la vitrine, je sursautai en croyant voir un psychopathe en cavale. Mes yeux étaient injectés de sang, un peu de vermeil coagulé avait séché sous mes narines et mon visage était blafard.
Bon gré mal gré, je me traînai jusqu'au comptoir contre lequel je m'accoudai dans un grognement. Robyn me jeta un regard comme si j'étais une salmonelle qu'elle était impatiente de désinfecter de sa boutique. Quant à Nora, elle tenait un cupcake d'un air indécis. Sa question m'arracha un rire nerveux qui se changea en grimace. Essayez de rire avec le nez cassé, vous verrez que c'est pas facile. Je sentis le sang couler dans ma gorge. Malgré tout, j'émis une sorte de ronflement et de gargouillis, avec un sourire crispé. Avant d'avaler le tout dans une grimace écoeurée.
"Je préfèrerais crever. Tu frappes comme un mec. Tu ressembles à un mec. Ca fait peur."
Robyn me coula un regard oblique du style "qu'est-ce que tu traînes ta carcasse encore ici ?". Je posai les mains à plat sur le comptoir et me redressant, j'ajoutai d'un air sérieux, tout en plongeant mon regard dans le sien :
"Je vais lui dire moi-même."
Et j'assumerai les conséquences. Je ne voulais pas que Lily l'apprenne de la bouche d'une autre. Je devais assumer ce que j'avais fait. Devenir un homme et ne pas rester un con.
Je jetai un coup d'oeil vers Nora avant de les baisser sur le comptoir, fixant mes doigts agités de soubresauts.
"Je suis marié." avouai-je à voix basse, et le fait de le prononcer me donna une claque encore plus grande sur l'étendue de mon erreur. "Tu pouvais pas deviner. Faut pas te sentir coupable ni rien. Ce sont des choses qui arrivent... enfin... je suppose..."
J'aurais aimé sortir un truc qui sonnerait bien, mais mon esprit était vide. Aussi je tapotai une dernière fois du plat de la main contre le comptoir et sortis de la pâtisserie, sans un regard en arrière.
Je décidai de faire un tour avant de... d'aller où ? Pouvais-je vraiment rentrer chez moi et affronter le sourire de Lily ? Comment aurais-je pu la serrer contre moi ? Comment lui dire ce que j'avais fait ? Comment saisir l'instant où tout basculerait, où je lirais la douleur dans ses yeux adorables ? Je ne pouvais m'y résigner et pourtant, je n'avais pas le choix. Je ne pourrais errer dans les rues indéfiniment.
Je voulus faire un crochet par le lasergame, afin de me retrouver dans un endroit familier avant le grand affrontement. C'était une façon comme une autre de me ressourcer, de me recentrer. De toutes façons, je n'avais plus très faim donc autant oublier le Macdo. Je préférais la compagnie de mes Stormtroopers et de mes chers zombies édentés. En franchissant la porte blindée du hangar, je laissai échapper un soupir d'aise. Ca allait déjà un peu mieux. Je retrouvais un peu le moral. Je m'avançais tranquillement à l'intérieur, lançant des coups d'oeil à mes compagnons virtuels. Pouet était en train de buguer dans un coin de la pièce : il avait trouvé un Chewbacca et les deux ne se quittaient plus, étroitement enlacés en ronronnant. Ils ne s'étaient même pas aperçus de ma présence. Comme quoi, on peut trouver l'amour n'importe où, même quand on est une peluche de deux mètres.
Secouant légèrement la tête, je passai précautionneusement une main contre mon nez. Il était tordu dans un angle inquiétant. Est-ce qu'il allait rester comme ça si je ne me régénérais pas ? Ca pourrait me donner l'allure d'un mec super badass. Ou pas.
J'en étais là de mes pensées lorsque j'aperçus Cassandre. Elle se tenait devant le seul ordinateur qui avait survécu à l'attaque du quadripode. Je m'approchai d'elle, prêt à la prendre dans mes bras. J'étais vraiment heureux de la revoir. Surtout qu'elle m'attendait dans mon endroit préféré, ça faisait chaud au coeur ! Peut-être qu'on allait enfin arranger les choses tous les deux. Cependant, une fois devant elle, je me rendis compte que quelque chose clochait. Elle me fixait d'un air où la fureur se mêlait à la trahison et au chagrin. Je fronçai les sourcils. Ses joues étaient mouillées de larmes.
"Comment tu as pu me faire ça ?" articula-t-elle dans un filet de voix, presque suffoquée.
"Quoi ? De quoi tu parles ?" fis-je, déconcerté.
Qu'est-ce que j'avais fait, encore ? Je n'avais pas été là pendant quoi... sept jours à tout casser ? Comment aurais-je pu la blesser ?
Elle se mordit violemment les lèvres sans cesser de me fixer de ses yeux débordant de larmes. La voir ainsi me ficha un poignard en plein coeur. "Cassie..." fis-je en avançant d'un pas vers elle, totalement perdu.
"Tu n'avais pas besoin d'elle... Tu m'avais moi. Ca aurait dû être suffisant." balbutia-t-elle d'un ton étranglé.
De qui parlait-elle, à la fin ? Ses poings tremblaient de colère et de douleur. J'étais prêt à l'aider, quel que soit son problème avec moi. Brusquement, elle disparut. J'avais l'impression qu'elle avait laissé sa peine derrière elle, presque palpable. Alors, je découvris l'écran de l'ordinateur, traversé de parasites. Je me précipitai dessus et tapai sur l'unité centrale frénétiquement, comme pour tenter de le réveiller. Mais l'écran resta obstinément détraqué. "Oh non... non ! Elle est passée où ?" m'écriai-je, paniqué.
Cassie... pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi avait-elle détruit celle qui vivait tranquillement dans mon ordinateur depuis près de deux mois ? Pour quelle raison s'était-elle sentie trahie ? Elle n'avait rien à voir avec elle ! Je tentais de ranimer l'ordinateur pendant plusieurs minutes, sans succès. J'étais assis sur une chaise, face à l'écran parasité, les mains dans mes cheveux ébouriffés, le regard hanté. Elle n'avait pas existé et pourtant... elle me manquait. Je m'étais habitué à sa présence. Elle venait toujours me déranger quand je faisais des jeux en ligne, avec ses chansons à la noix.
"C'est moi que tu cherches ?"
Une voix au timbre revêche s'éleva dans mon dos. Je me redressai d'un bond sur ma chaise, avant d'en faire pivoter les roulettes. Bouche bée, je découvris une adolescente aux boucles blondes, qui me tenait en joue avec un fusil de paintball. Elle avait deux traits noirs sur les joues, en mode warrior. Et les yeux revolver.
Je levai lentement les mains en l'air, complètement éberlué.
Je la détaillai de bas en haut, moitié admiratif, moitié perdu, ce qu'elle n'eut pas l'air d'apprécier car elle enleva le cran de sécurité. Je sursautai et levai les mains plus haut.
"C'est tout ce que tu as à dire ?" fit-elle, bouillonnant sur place.
"Tes sourcils sont vraiment... plus gros que ce que j'imaginais."
Je m'en suis pris des balles de paintball. Ca fait de plus en plus mal à chaque fois. Je reçus celle-là en plein coeur et la peinture verte explosa sur ma chemise abîmée. J'étouffai un grognement de douleur avant de dévisager la jeune fille, profondément offensé. Je ne l'avais pas configurée pour qu'elle soit violente ! Bon, d'un côté, elle avait de quoi être en pétard. Etre parachutée dans la réalité sans explication, ça pouvait énerver...
"T'as pas le droit d'insulter mes sourcils !" s'exclama-t-elle, les joues rouges de colère. "Va te plaindre chez ton père !" répliquai-je sur le même ton. "C'est de sa faute après tout !"
"Justement, j'y vais !" fit-elle sur un ton de défi.
Elle pivota sur ses talons façon pas de danse, gardant son arme en main, bien décidée à sortir. Ce qui n'était VRAIMENT pas une bonne idée.
"APOLLINE, ATTENDS !"
Elle fit volte-face, visiblement agacée. Je voyais qu'elle respirait très fort, comme si elle avait du mal à s'adapter à ses poumons. Comment la retenir ? Je réfléchis à toute vitesse, cherchant un moyen de la convaincre de rester sage. Ce qui, si elle était telle que je la connaissais, allait relever de l'exploit.
"Tu... tu te sens comment ?" fis-je en passant une main dans ma nuque, mal à l'aise.
Elle me fixa de ses grands yeux bleus tirant sur le vert et battit des cils. Puis elle les baissa brusquement sur ses bottes. Elle préférait ne pas répondre. Je pouvais comprendre ça. Personne ne lui avait jamais posé une telle question.
Je pouvais sentir son corps pulser. Elle vivait vraiment. Pourtant, quelque chose attira mon attention plus particulièrement. Je plongeai ses yeux dans les miens, la forçant presque à relever la tête. Je regardai à l'intérieur, très profondément. Je frémis : son coeur, tout comme ses poumons, son cerveau, son sang, absolument tout était noir.
Noir comme le sable.
Je déglutis avec peine. Passai la langue sur mes lèvres. Le silence s'installait. Elle guettait ma réaction. Elle ne savait pas.
Bon sang... ce que j'avais vu, ce que j'avais imaginé sur Meter... Mes visions avec le sable noir... L'une d'entre elles avait pris vie. Elle était bien plus vivante que les Stormtroopers, les zombies, Pouet ou n'importe quoi que j'avais pu créer auparavant. Le sable noir la faisait vibrer à une autre fréquence. La rendant presque... humaine.
J'étais ébahi de contempler pareille merveille. Et terrorisé aussi. J'avais peur qu'elle n'explose sous mes yeux. C'est ce qui arrivait toujours avec mes créations au bout d'un moment. Mais alors... qu'est-ce que j'avais ramené d'autre avec moi ? Un frisson d'angoisse me parcourut. "Tu es une bombe." lâchai-je sans réfléchir.
Elle parut flattée. Oublié l'épisode des sourcils trop épais. Elle n'avait pas compris dans quel sens j'avais dit cela. En même temps, elle se méfiait toujours. Ce qui était normal parce que j'avais toujours le nez cassé et du sang sur le visage. Ca ne devait pas la rassurer.
Elliot : 95%
Apolline Méléon
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| Conte : Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : La fille du draméléon et de la déesse de l'amûûûr
Et puis, comme cela arrive si souvent, un grain de sable s'est glissé dans son existence de rêve.
...
Tout est nouveau. Tu te sens étrangère. Tout est nouveau. Ta respiration. Ton coeur qui bat. Les couleurs, tellement plus nombreuses que dans l'ordinateur. Tout est... beau.
Lumineux. Aveuglant.
Effrayant.
Tu sais qui tu es mais tu ignores de quoi tu es faite. Quelque part, tu te dis que ça n'a aucune importance. Tu voudrais que l'on t'explique mais tu n'as pas envie de perdre ton temps. Tu veux croquer cette vie à pleines dents.
Tes pensées défilent trop vite. Elles se chevauchent. Tu n'as pas encore l'habitude, mais tu apprendras à les rendre cohérentes. Il le faut absolument. Ne pas céder à la panique. Tu essaies d'inspirer profondément mais tu ne sais pas très bien comment faire. On ne t'a pas appris à être humaine.
Tu vois Elliot qui s'approche, qui tend la main pour prendre la tienne. Tu te recules. Tu as peur. Pas de lui. Tu sais qu'il t'aime plus que tout. Il ne veut pas que tu cesses d'exister. Au contraire, il a tout fait pour te garder. A l'autre bout d'un monde, il a pensé à toi. C'est pour cette raison que tu es ici. Grâce à son amour.
"Ne t'approche pas !" t'écries-tu en le menaçant de nouveau de ton arme ridicule. "Je suis quoi ? Un virus dans ton ordinateur. Voilà ce que je suis ! Alors tu vas me remettre dedans, c'est ça ? Tu vas m'enfermer ?"
Tes lèvres tremblent. Tu ne veux pas retourner à l'intérieur de la boîte. Tu aspires à être davantage qu'un tas de pixels. Tu as vu le monde réel. Tu veux l'admirer dans son intégralité.
Elliot te fixe, les mains toujours tendues vers toi comme si tu étais un animal sauvage qu'on apprivoise. Dans son regard, tu lis qu'il cherche à t'aider. Tu décides de le croire. Tu ignores que les gens sont fourbes, parfois. Tu baisses ton arme.
Soudain, tu sursautes en voyant apparaître une fillette brune.
"Ellie !" tu dis avec un sourire, car tu la connais. Tu l'apprécies. Tu as tous ces souvenirs en tête d'elle et toi, souvenirs qui n'ont jamais existé pour elle. Souvenirs préfabriqués et figés comme des grains de sable dans un coin de ta tête.
Elle t'observe longuement, dans le silence le plus total, avant de fixer Elliot d'un oeil incendiaire. Ce dernier triture de nouveau ses cheveux d'un air embarrassé et se confond en explications douteuses. Ellie le fait taire d'un geste.
"Je sais qui tu es." déclare-t-elle d'une voix douce en s'approchant de toi. "Je l'ai compris. Je le sens. Si tu le veux bien, je vais m'occuper de toi. Personne ne te fera de mal, je te le promets. Il faut juste attendre un peu avant de te présenter à tes... parents. Ca sera mieux."
Tu acquiesces, bercée par le timbre rassurant de ta grande petite soeur.
"On va l'emmener où ?" demande Elliot comme un lourdaud.
"Je suis pas un paquet encombrant !" tu t'écries en levant les yeux au ciel, excédée.
"Je la conduis chez toi." répond Ellie d'un ton calme à son frère. "Tout va bien se passer. Lily est habituée aux rebondissements surprenants. Ce n'est pas si grave."
"Faudra juste ajouter ça à la liste des choses à annoncer..." grommelle Elliot dans sa barbe.
Quant à Ellie, elle hésite un peu et pose sa petite main sur ton épaule. Dès lors, tu cesses de m'entendre. Tu n'as plus ce chuchotement étrange et envoûtant qui te caresse la tête.
N'écoute plus les murmures incessants. Ils s'estompent jusqu'à disparaître.
Tu prends pleinement conscience que tu respires. Tu es quelqu'un. Tu vis. Tu es...
Je suis Apolline Méléon.
"Je suis Apolline Méléon." répétai-je à voix haute avec conviction.
Elliot et Ellie m'observèrent, avant de se renvoyer un regard.
"Non, Apple." corrigeai-je. "Ca me convient beaucoup mieux comme prénom."
"On va avoir du travail." estima Ellie sans se départir de sa patience.
***
Ailleurs...
Les buildings sont dévastés. Le sable s'écoule en vagues successives à travers les fenêtres béantes. Tout n'est que poussière et désolation. Tout a changé depuis qu'elle est partie. On nous l'a prise. On nous l'a volée.
Nous essayons de remodeler ce monde mais il manque la touche finale. La pièce manquante du puzzle. Des silhouettes humaines se forment vainement avant de s'écrouler sur elles-mêmes. Des vestiges de ceux qui sont venus nous visiter. Un homme, une femme, encore un homme, et d'autres... Nous recommençons inlassablement. Mais nous avons besoin d'elle pour colorer ce monde. Nous devons la retrouver.
Il y a plusieurs mois, des personnes ont été piégées ici et ont oeuvré pour nous détruire. Elles n'ont pas compris que nous ne pouvons cesser d'exister. Nous sommes les murmures, les grains de sable. Nous sommes des milliards.
Quelque chose a cessé de fonctionner, mais nous pouvons entrer à l'intérieur de la matière et la modifier.
Notre monde est étroit, il est à l'intérieur d'une machine. Nous devons les faire venir à nous afin de nous émanciper. C'est écrit. Ce doit être fait. Ils doivent nous aider.
Dans le lasergame....
Le hangar est vide. Les trois protagonistes viennent de partir. Soudain, l'écran criblé de parasites semble s'éveiller. Il devient tout noir, seul le mot "ERROR" s'affiche en lettres vertes. L'unité centrale s'anime et se met à vrombir. Puis...
RESTAURATION SYSTEME
Alors, sur l'écran commence à s'afficher un pourcentage, comme un compte à rebours.
20%... 40%... 60%... 80%...
Arrivé à 99%, l'écran se fige.
Nous sommes des milliards, et nous allons venir vous chercher.
A SUIVRE DANS LE REVEIL DES GARDIENS
acidbrain
Diane Moon
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“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Si ça n'avait tenue qu'à moi, Socrate serait à présent une carpette aux pieds du trône d'Olympe. Je m'étais contenté de l'envoyer boulé avec une attitude glacial et hostile. La prochaine fois, on l’emmènerait avec nous, dans ce genre d'expédition, et on le mettrait en première ligne. Ainsi, il sera devant pour tout se prendre. Parce que nous étions bien mort. Mais à l'intérieur. Ce monde, nous avait à tous, prit quelque chose. Les autres ne tardèrent pas à nous rejoindre. Aphrodite, était toujours aussi pâle. Je sentis mon cœur se serrer. Je savais bien, que le « coup de pouce » que j'avais apporté un peu plus tôt, n'aiderait pas à se remettre sur pied, en un rien de temps. Mais, j'aurais espéré que ça fasse un peu plus d'effet que ça.
Athéna fut la dernière à passer, je sourit discrètement, à sa manière de faire avec Socrate, et me contentait d'un simple hochement de tête, lorsqu'elle m'indiqua qu'elle partait. Je voulais attendre Apollon, parce que je voulais lui dire, ce qu'elle m'avait dit. Il l'avait sans doute ressentit de par notre lien, mais je voulais le lui dire de vive voix. J'avais demandé à un garde Olympien, de ramener Louise chez nous, elle avait besoin de repos, et d'un endroit familier. C'est après l'avoir une dernière fois embrassé sur le front, que je la vis partir. J'avais besoin, de faire un peu le point, concernant, les connaissances que je liais. Aujourd'hui, j'ai bien cru que j'allais encore perdre quelqu'un.
Finalement, Apo' franchit le portail, et c'est avec un soulagement, non feint que je le vis apparaître devant moi. Ma gorge se serra, tandis-que je m'approchais un peu plus de lui :
- Pardon de t'avoir rejeté dis-je d'une petite voix, tu sais comment je fonctionne, quand les choses vont mal, je cherche à m'éloigner pour me protéger. Je, ne pensais que ça puisse se faire avec toi également. Tu es mon frère, tu es vraiment mon frère Apo'. Elle l'a dit, dans mon esprit.
Je restais, quelques secondes encore comme ça, avant de me jeter à nouveau dans ses bras. Il restait, mon unique point de repaire. Je, ne savais plus qui j'étais, ma vie entière ne semblait être qu'un vaste mensonge. Mais lui, il était réel.
- Âmes sœurs, pour toujours et à jamais murmurais-je il n'y aura plus jamais de rejet je te le promet
Il le savait, il le sentait, que j'étais sincère. Je lui attrapais, la main. Je ne l'accompagnerais pas voir, les dégâts, occasionné par Hadès. Il savait que c'était mieux. Je crois que même lui, n'aurait pas pu me retenir, d'aller lui refaire le portrait. Et pourtant, il était le seule et unique à ne pas me craindre quand j'étais réellement en colère. C'est pourquoi, il valait mieux qu'il règle tout ceci seule.
- Bon courage dis-je simplement me mettant sur la pointe des pieds afin de l'embrasser à nouveau sur la joue.
J'avais dit que j'avais besoin d'une bonne tasse de thé, d'un bon bain et de mon lit. Je, n'avais pas envie de retourner à la coloc. Il, me fallait un endroit sans aucune réelle attache. Olympe était l'endroit parfait pour ça. Je demandais néanmoins une dernière chose à mon frère, avant de partir.
- Si tu croise Neil, tu peux récupérer mon bracelet s'il te plait ? Devant son air curieux je repris dans un soupire je suis beaucoup de choses Apo' mais certainement pas aveugle. On en discutera une autre fois. Je, ne me sens pas assez bien aujourd'hui pour cela. Et une potentielle dispute avec toi est la dernière chose dont j'ai besoin
Je lui adressais un dernier signe de la main, avant de me diriger droit vers mes appartements. J'avais juste besoin de souffler un peu. Plus tard le même jour.
Je m'étais changé, je me sentais déjà un peu mieux, dans de nouveaux vêtements. N'ayant pas remit les pieds dans cet endroit depuis des lustres, les seules vêtements qui encombraient les mals, étaient des robes et autres tuniques antiques. Même si Olympe, était hors du temps, et que je suis certaine que tout le monde nous imagine, avec de longues robes grecques, il n'était pas question, que je porte ça. Aussi avais-je fait apparaître comme à mon habitude, chemisier et jeans. J'avais remit, le sommeil à plus tard. J'avais une chose à faire avant. J'avais dit qu'en rentrant, j'allais avoir des choses à dire à Heimdall. Le moment, était venus pour moi, de le faire. Me relevant de mon lit, où j'étais en train de lire, je posais mon livre sur la table de chevet, et me téléportais en direction de l'Asbru. Le Gardien ne mit pas longtemps à me rejoindre, égal à lui même, tel que je l'avais toujours connus. Toujours aussi droit, son bâton à la main.
Je restais silencieuse durant plusieurs minutes, je tentais de compartimenter tout ce que j'avais appris. Finalement, je me tournais vers Heimdall pour prendre la parole :
- Il y a pas mal de zones d'ombres sur ce que nous sommes. Pascal m'a vu, j'étais une enfant, et vous étiez là. Pourtant il semblerait que nous soyons des éphémères, des êtres destiné à disparaître. Mais nous sommes là, 5 millions d'années et sûrement plus encore plus tard
Je soupirais, je me moquais d'être un être éphémères. Après tout, toute chose l'était, la vie d'un mortel, par exemple durait rarement plus d'une centaine d'année, et parfois bien moins encore. Le soucis, c'est que nous sommes encore là. Nous trompons la mort en nous régénérant. Nous demeurons, encore et toujours. J'avais l'impression de n'être qu'un « caprice ». Rien de plus. Le caprice d'une titanide. Apollon, les autres moi. Nous n'étions qu'un vaste caprice. Nous n'avions rien de plus que ce pauvre Stuart, qui n'a pas eu cette chance. Et c'est pourtant nous qui étions encore debout
- J'ai besoin d'avancer une bonne fois pour toute, et pour ça il faut que je sache qui je suis vraiment. Mais dès que je cherche des réponses, ce n'est jamais complet ce ne sont que des bribes, les morceaux d'un puzzle géant. J'en ai assez de courir, je suis fatiguée, et j'aimerais enfin faire la paix avec moi même. Alors je n'aurais qu'une seule question : comment puis-je trouver des réponses concrètes à mes questions ?
Il y avait au moins une chose pour laquelle je remerciais Heimdall, c'était de m'écouter. Si Apollon, l'avait toujours tutoyer, pour moi ça avait toujours été du vouvoiement. Il était le gardien de la cité. Aussi pour moi, avait-il toujours parut assez intimident. Je, n'avais pas la même aisance que mon frère. C'était une chose qui ne changeait hélas pas. Elle aussi demeurait.
"Le temps. Le temps t'apportera toutes les réponses. Il faut se montrer patiente."
Encore une fois, impossible de me dire quoi que ce soit. Avaient-ils la moindre idée de ce qu'ils avaient provoqués. C'était comme donner un coup de pied dans une fourmilière. Chaque minute qui passait, dans le flou, me faisaient un peu plus me perdre. Si, je n'obtenais pas rapidement, des réponses, je courrais à ma perte. Un an dans notre vie, n'était généralement, pas plus qu'un battement de cil. Mais un an, avec tout ce qu'il venait de ce passer, me laissait un goût amère dans la bouche. Nous avions vu le réveil des cavaliers de l'Apocalypse, Poséidon s'était avérer le père de deux insupportables rejetons, et ne pas être vraiment mort. J'avais vu le vrai visage de mon grand frère. Et ça avait laissé une plaie à vif dans mon âme. J'avais du mal à réellement, m'attacher aux gens de bases. Mais, j'avais encore plus de mal maintenant. On me dit que je suis faite à l'image de la personne nous ayant crée. Qu'une moi miniature se promène dans une grande vallée au Jurassique, et à côté de ça, l'on ne cesse de me prendre les personnes que j'aime. Pouvaient-ils comprendre que j'en avais assez ?
"Elle ne vous a jamais abandonnée et elle ne vous abandonnera jamais."
Je secouais la tête de droite à gauche, avant de la relever en direction d'Heimdall et d'esquisser un sourire triste :
- Je n'ai pas besoin de la présence fantôme d'un titan.
Je le remerciais avant de reprendre la direction de ma chambre. Je n'allais pas bien, et j'avais besoin d'un peu de solitude. Sur le chemin, je croisais Peggy. Sans doute s'était-elle téléportée sur Olympe, en voyant Louise arriver. Je lui accordais quelques instants pour la rassurer. Puis, je pénétrais à nouveau à l'intérieur des mes appartements. Songeant qu'il allait sérieusement falloir penser à changer la décoration. Le blanc et l'argenté avaient beau être mes couleurs, la chambre l'était un peu trop à mon goût. Fouillant, dans une des grandes malles, j'en ressortie une tunique, qui pourrait aisément, faire office de tenue pour la nuit. J'avais besoin de dormir, d'avoir l'esprit au repos. Me dirigeant vers le grand lit, je posais un regard vers ma table de chevet, avant de m'en approcher à grand pas. Juste à côté de mon livre, se trouvait un cailloux. Il, n'était pas là, avant je le savais. Doucement, comme si j'avais peur d'être brûlé, je le prit entre mes mains pour l'examiner. Tout espoir n'était peut-être pas perdu finalement....
A suivre dans le Reveil des Gardiens
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what could it be worse ?
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Apollon, dieu de la divination, des arts, de la lumière.
Le dieu avait serré Artémis dans ses bras, aussi fort que possible, tandis qu'ils avaient réussi à les rejoindre, ne prononçant pas un mot. Il savait que s'il ouvrait simplement la bouche... Il ne pourrait retenir sa peine.
Les autres apparurent à cet instant. Les âmes des défunts. Elles n'étaient pas des illusions, il les avait déjà vu, ce jour où lui-même avait faillit périr. Sa main serrant celle de sa sœur, il dévia son regard, tandis qu'il calmait sa jumelle comme elle l'avait fait pour lui. Il pouvait sentir cette tension, à la vue de Dolos. Il avait mérité son sort. La venue de Gaïa le perturba moindrement. Sans doute parce qu'il lui semblait l'avoir quitté quelques minutes auparavant, dans cette Grande Vallée, alors qu'il ne s'agissait que d'un souvenir. Des questions se bousculèrent dans son esprit tandis qu'elle s'adressait à Elliot. Elle ne leur porta que peu d'attention, ouvrant le portail pour rentrer chez eux. Chez eux.
Il laissa sa sœur s'éloigner en direction de leur mère, sachant qu'elle en avait besoin. Ce qui suivit alors lui fit lâcher un sourire, alors qu'elle se jetait sur lui pour l'embrasser. Qu'Artémis se montre ainsi devant tant de personnes n'était pas chose habituelle, mais il ne s'en plaignait pas. Il avait légèrement ébouriffé ses cheveux avant de la voir disparaître dans le passage, très vite suivis par Louise, Robyn, Elliot et Nora. Athéna le quitta à son tour, alors qu'il lui offrait une grimace comme seule réponse. Il n'était pas petit !
A cet instant, il ne restait que lui, face à Gaïa. Elle ne le regardait pas vraiment, à vrai dire, il n'en savait rien. Il avait une telle impression de distance entre eux comme si... comme si ils n'étaient pas vraiment liés, comme si elle n'était pas vraiment là. Elle semblait vouloir les aider. Pourtant, tant de mystères l'entouraient qu'il ignorait ce qu'il devait penser. Alors il se contenta de lui offrir un signe de tête. Il n'aurait pas de réponses, il en avait la certitude. Les titans semblaient maîtres dans l'art de vous faire cogiter jusqu'à ce que votre tête ne puisse plus le supporter. Apollon savait s'armer de patience, comme il l'avait fait depuis des millénaires. Alors il attendrait.
Lorsqu'il apparut au niveau de l'Asbru, ne restait plus que Diane qui s'approchait lentement de lui. Il secoua la tête, comme pour montrer que cela n'avait pas la moindre importance, avant de l'accueillir au creux de ses bras. Je ne t'en veux pas. Je ne t'en voudrai jamais.
« Bien sûr que je suis ton frère, tu en as douté un seul instant ? » Il mima un air outré alors qu'il comprenait très bien ce qu'elle avait pu ressentir et le soulagement que cette confirmation lui procurait. Au fond, peut-être se sentait-il rassuré de cette certitude, lui aussi. Doucement, il déposa un baiser sur son front. « Tu es ma petite sœur et je ne te laisserai pas tomber. Je te rappelle que je suis aussi borné que toi, tu n'aurai pas pu m'éviter très longtemps. »
Il sentit alors qu'elle allait s'en aller. Il savait que c'était mieux ainsi, puisque Judah savait se montrer particulièrement insupportable et il ne valait mieux pas qu'ils se croisent, tous les deux. S'il ne cacha pas sa surprise à sa demande, elle sembla soudainement parlé d'un sujet qui lui échappait totalement. Mais elle avait raison, lui non plus n'était pas d'humeur pour une dispute, surtout pas avec elle ! S'ils pouvaient la remettre à plus tard, ça lui convenait parfaitement !
~ ~ ~
Il était resté seul. Son bras appuyé sur l'un des accoudoirs de sa chaise dans la bibliothèque, sa main reposant dans sa paume, les yeux fermés. Il avait l'impression d'avoir vieilli soudainement de centaines d'années. Le contraste entre les événements qui s'étaient déroulés et l'ambiance laissée par Judah à Olympe l'avait déstabilisé. Tout se bousculait dans son esprit. Il avait remit à demain le grand nettoyage de la Cité, Hadès pouvait encore profiter jusqu'au prochain lever du soleil. Il n'avait pas la force de le mettre à la porte pour le moment. Et ici était le seul endroit où le dieu se savait tranquille.
Pascal était arrivé à cet instant. Apollon l'avait dévisagé, devant cet air si étrange que le caméléon affichait. Il savait qu'Aphrodite allait... plus ou moins bien... Elle se reposait dans sa chambre. Alors pourquoi venait-il le voir ? Les paroles qui suivirent furent loin de le rassurer. Son regard changea, à l'égard du jeune homme face à lui. Il se redressa, s'approchant de lui, la tête légèrement penché. Que pouvait-il avoir apprit ? Que s'était-il réellement passé, lors de cette rencontre avec Surt, pour qu'Aphrodite soit ainsi ? Quelle nouvelle avait-il à ce propos ? Le dieu ne bougea pas durant de longues minutes.
« Non. »
C'était aussi simple que ça.
« Je ne peux pas. »
S'adossant à la table derrière lui, Apollon lâcha un soupir, passant une main dans ses cheveux, avant de lancer un coup d’œil presque désolé à l'attention de Pascal.
« Ce n'est pas par manque de confiance, loin de là. Je te fais confiance. C'est... Je ne suis pas certain d'avoir deviné avec exactitude de quoi il s'agit, mais je pense avoir ma propre idée. Le comportement d'Arya ne trompait pas. » Son recul face à son fils, cet air qu'elle affichait, ce vide qu'elle semblait ressentir. « N'en parle pas. »
Il ne s'agissait pas d'un ordre, le ton était plus doux, plus... suppliant ? Il lui en faisait la demande, d'égal à égal. Il sentait alors qu'Artémis avait emprunté le petit accès qu'il venait de lui donner à cette conversation, sans forcément en comprendre tous les tenants, la chose qu'il retenu étant qu'elle semblait ne pas vouloir une nouvelle crise divine sur les bras à ce sujet non plus.
« Je pense... Je pense que le choix lui revient. »
Il était aisé de deviner qu'il parlait d'Aryana. Il ne savait pas ce qu'elle pouvait ressentir. Il n'en avait pas la moindre idée. Il avait eu ce léger frémissement, ce petit aperçu, cette envie de protéger son enfant, de le couver, d'en faire quelqu'un de bien. Il n'avait simplement pas vu germer complètement ce désir. Il ne pouvait que tenter de l'imaginer et ce n'était encore pas assez. Alors si cette révélation concernant Surt l'avait fait défaillir à ce point, il lui semblait qu'elle était la seule à même de partager ce qu'elle avait vécu. Il se doutait que pour Pascal, cela ne devait pas non plus être aisé. Il ne voulait simplement pas... balancer de la lave sur le feu aussi brusquement, comme il le disait.
« Il s'agit d'un sujet délicat, il me semble et... qui ne s'est pas encore produit. Le futur est incertain, il est fragile. Le moindre mot peut en changer le déroulement. Le rendre meilleur ou ne faire que l'empirer. »
Il laissa juste paraître un pâle sourire, avant que Pascal ne finisse par quitter la salle. Il espérait simplement que le caméléon comprendrait son point de vue.
~ ~ ~
L'endroit était désert. Le silence seul l'entourait. Allongé à même le sol, Apollon fixait le plafond. Il ignorait depuis combien de temps exactement il se trouvait ici. Plusieurs heures, certainement, sans vraiment comprendre ce qu'il cherchait.
Deux gardes l'avaient accueilli, inquiété par le comportement du Maître d'Olympe. Il leur avait simplement dit de partir, de rentrer à la cité. Cet endroit n'avait plus besoin d'être surveillé constamment. Il ne lui demanderait plus de venir.
Son temple était désert.
Apollon avait cette désagréable sensation depuis qu'ils étaient rentrés. Auparavant, il avait comme cette part inconsciente au fond de lui, assoupie. Cette presque certitude que tout finirait par s'arranger, que tout irait mieux un jour. Qu'ils allaient s'en sortir. Que plus aucun d'entre eux n'y resterait. Qu'ils trouveraient une solution. Qu'ils gagneraient. Cette part avait disparue. Il finirait par s'y habituer, par la reconstruire peut-être. En attendant... il se sentait vide.
Il tourna la tête sur le côté alors qu'un léger froissement s'était fait entendre en écho. Se relevant à l'aide de ses bras, il approcha de l'objet de sa curiosité qui était apparu soudainement à quelques mètres de lui. Un paquet de curly ? Ce n'était pas Lily. Lily ne pouvait pas faire apparaître d'objets de la sorte. Neil ? Il lui semblait que c'était évident. Le petit mot y était accroché ne fit que le confirmer. « Cette fois-ci je te bat, je suis déjà sur la ligne d'arrivée. »
Prenant le paquet dans ses mains, Apollon l'ouvrit pour aller y attraper quelques cacahuètes qu'il dégusta sans attendre. C'était toujours aussi bon.
Une seconde plus tard, il avait déjà disparu.
~ ~ ~
Cette-fois ci, quelques lumières éclairaient l'endroit. Il n'était pas aussi tard que lors de leur précédente excursion sur cette aire de karting. Il la vit très vite, non loin de lui, habillé d'un simple pantalon et d'un pull à col roulé.
« Alors je t'ai manqué ? »
Il s'était mis à rire en prononçant ses mots, s'étouffant à moitié avec le curly qu'il était encore en train d'avaler. C'était beaucoup moins drôle d'un coup. Il dû tousser à plusieurs reprises avant de s'en remettre, ne lâchant rien de sa fierté pour autant et réagissait comme si rien ne s'était passé. Elle lui jeta un regard sérieux avant de baisser les yeux, secouant la tête avec un léger sourire. Oui, il savait qu'il était idiot, Artémis avait souvent des réactions semblables.
« Je serai venu te voir de toute manière, Diane m'a demandé de récupérer son bracelet ! »
Si jamais il se permettait de l'oublier elle l'écraserait contre le mur sans plus de cérémonie. Neil se contenta de le lui tendre, alors que de sa main libre il le rangeait dans la poche de son jean. Il ne s'était même pas changé en rentrant, ses vêtements étaient encore couverts de terre.
« Vous êtes tous rentrés. » Aussi miraculeux que ça puisse paraître, c'était bien le cas. Pourtant, il avait bien cru à plusieurs reprises le regretter... et même s'ils étaient tous sains et saufs, le voyage n'en avait pas été pour le moins difficile. « Je ne sais pas ce que tu sais exactement, mais... Enfin je pense que Pascal t'as parlé. Athéna m'a dit qu'il allait vous parler à tous et je pense savoir de quoi, mais... »
Elle était clairement nerveuse. Sa manière de s'exprimer ne laissait pas de place au doute. Il en arrêta même de mâcher ses cacahuète en la regardant, quelque peu inquiet.
« Le futur n'est pas écrit. »
Un léger sourire lui échappa, alors qu'elle lui rappelait son propre discours. Si elle craignait à ce propos, elle n'avait pas de raison. Seulement, elle semblait davantage tenter de s'en persuader elle-même. Comme si elle voulait se convaincre de ses mots.
« Je suis désolée pour l'Oracle... »
Il se ferma un peu, ne répondant pas tout de suite. C'était encore récent, il ne savait pas comment l'emmagasiner. Il le subissait simplement. Puis, un air plus calme prit place sur son visage, alors qu'avec un léger sourire il se mit à parler :
« Emin. » Apollon n'en dit pas plus, allant s'asseoir par terre. « Son prénom, c'était Emin. »
Apollon eut l'air ailleurs pendant un instant. Cette chose qu'il avait apprit l'avait touché, lui avait réchauffé le cœur pendant ces dernières minutes. Il avait une identité. Il n'était pas juste l'Oracle. Il était quelqu'un et le dieu ne pouvait que se sentir honoré de l'avoir apprit avant la fin. Son regard se tourna de nouveau vers Neil, qui l'avait rejoint à terre.
« J'ai pu être à ses côtés pendant ses derniers instants et... Je suis heureux qu'il n'est pas été seul. »
Elle semblait surprise qu'il ait connaissance de son prénom, comme si elle l'ignorait. Comme quoi, même en ayant voyagé dans diverses époques il y avait toujours certains mystères à éclaircir.
« Nous avons appris beaucoup de choses là-bas. C'est loin d'être terminé. » Il continuait de piocher dans le paquet, comme un réflexe. « Je suis sans doute la dernière personne que tu as besoin de convaincre concernant les aléas du futur, en tout cas. » Il eut un petit sourire, comme s'il lui semblait inutile qu'elle tente de le persuader de quoi que ce soit. « C'est pour ça que tu ne voulais pas qu'on y aille ? Pour Elliot ? »
Il n'en savait pas assez pour développer ce sujet et, de toute manière, il ne le souhaitait pas. La jeune femme vint piquer un curly dans son sachet, sans qu'il ne dis rien. Il pouvait bien partager de temps à autre. Elle attendit un certain temps avant de continuer la conversation.
« Il s'est perdu en route... » Il comprit tout de suite de qui elle parlait. « On s'est tous perdu. »
Elle ramena ses jambes contre elle, allant appuyer sa tête sur le mur derrière eux.
« Il y a longtemps, il est arrivé quelque chose de... vraiment grave. Et ça a conduit Elliot à faire de très mauvais choix. Il a voulu faire cela dans le but d'aider les autres, de réparer ce qu'il a... mais ça n'a fait que de créer une réaction en chaîne qui est très vite devenu incontrôlable. »
S'il ne pouvait savoir de quel événement elle parlait, il ne pouvait que supposer que cela avait eu des conséquences désastreuses. Quand ? Comment cela se produirait-il ? Par quel moyen ? Elliot y serait mêlé ? Il n'avait pas besoin de le savoir. Ce n'était pas l'instant pour. Et si elle lui en disait trop, cela pouvait changer le cours des choses de manière bien trop importantes.
Elle avait relevé la tête, dégageant de nouveau ses jambes.
« Emin est une personne que j'ai connu. C'était bien avant qu'il soit l'Oracle et à dire vrai, j'ignorais que c'était lui, mais maintenant je comprends mieux certaines choses. »
Ce fut à son tour de se montrer intrigué, penchant la tête dans sa direction, attendant qu'elle en dise plus.
« C'est bien que ce soit toi qui était là à la fin. Il n'avait pas meilleur... ami. »
Son cœur rata un battement. Il ne s'était jamais vu ainsi. D'avantage comme un admirateur de l'ombre à qui il faisait quelques faveurs de temps à autre. Il ne s'était jamais considéré comme un ami, pensant que l'Oracle était au-dessus de tout ça... Mais pas Emin. Il l'avait vu, il avait vu ce regard, il l'avait senti en lui offrant de sa force. Il avait peut-être été heureux de l'avoir près de lui, oui... Cette idée lui plaisait, en quelques sortes.
Neil s'empara à nouveau de quelques cacahuètes avant de lui sourire. Il se contenta de ramener le paquet vers lui en lui offrant une grimace. Sa manière à lui de faire comprendre que tout allait bien.
« Il y a quelque chose que tu devrais savoir, avant que tu l'apprennes par quelqu'un d'autre... mais je ne sais pas comment te le dire. Ni si c'est le bon moment pour t'en parler. »
La discussion prenait un autre tournant à nouveau. Un rire lui échappa malgré lui.
« Il n'y a jamais de bons moments. » Il y a des vérités qu'il était toujours dur d'encaisser. Leur véritable histoire en faisait parti, leurs origines encore floues, le futur de certains... Pourtant, il fallait parfois se les prendre en pleine face, peu importe l'instant. « Puis tu as piqué ma curiosité à vif maintenant, tu ne peux plus reculer. »
Un grand sourire s'étira sur ses lèvres, celui qui lui était propre, avec cette touche de malice qui montrait bien qu'il ne lâcherait pas le morceau. Il ne fallait jamais se lancer sur ce chemin avec Apollon.
Elle hésita néanmoins. Il ne savait pas dans quoi il se lançait avec exactitude... mais il n'aurait pas longtemps à attendre avant de le réaliser.
« Gaïa n'est pas réellement votre mère. » Ses yeux s'ouvrirent immédiatement et il hésita un instant à ouvrir son esprit totalement à Artémis, qu'elle comprenne qu'il fallait qu'elle s'y glisse, qu'elle écoute. « Enfin pas comme on peut le supposer. Vous n'êtes pas non plus ses créations. Disons que... Elle s'est occupée de vous. Elle vous a protégée. Elle a été là pour vous, depuis le premier jour où elle vous a trouvée. Elle... »
Neil marqua une pause, alors que le visage d'Apollon ne réflétait que de la surprise et de l'attente. L'attente de la suite. Alors qu'il n'avait pas hésité une seconde de plus afin de faire parvenir ses images à sa jumelle. Plus de cachotteries, peu importe qu'elle soit en train de prendre son bain tranquillement, elle lui en voudrait encore davantage de ne pas lui avoir transmis tout ceci.
« Vous êtes comme ses enfants, sa famille. Et... »
Elle n'était pas certaine de vouloir continuer, ou ne voulait pas aller trop vite pour ne pas le perturber. Peu lui importait, il avait ces derniers jours encaisser déjà énormément d'informations inattendues. Il pouvait encore continuer un moment. La jeune femme posa sa main sur la sienne. La posa, juste. Comme pour lui montrer qu'elle était présente. Pour n'importe qui d'autre, il imaginait cette nouvelle troublante. Celle qu'il pensait être leur Mère... ne l'était pas. Ils n'étaient que des Éphémères, destinés à mourir, finalement cantonnés à l'éternité. A l'immortalité. Et ils ignoraient à présent qui étaient leurs véritables parents.
Pourtant... Pourtant, Apollon n'avait pas l'impression d'être si... déboussolé. Il savait qui il était. Il savait ce qu'il avait vécu. Il savait qu'Artémis était avec lui. C'était tout ce qu'il lui fallait. Il était toujours Lui.
« Elle n'est pas morte. Quand vous la voyez, c'est à travers le temps, mais... elle n'est pas morte. Si je suis là, si certaines choses se passent, c'est parce qu'elle veille toujours sur vous et le moment venu, je pense qu'elle reviendra. Elle sera là pour la fin. »
Il partagea le rictus qui s'afficha sur le visage de la déesse. La fin. Tout le monde semblait prêt à être là, pour la fin. Comme si elle était inéluctable. Mais à quoi bon se déplacer simplement pour tout voir s'effondrer ?
« Elle tient beaucoup à toi. Elle tient beaucoup à chacun d'entre vous. Elle tient beaucoup à Artémis. Elle ne vous abandonnera jamais. »
Elle semblait persuadée de ses mots. Elle faisait confiance en Gaïa, une confiance inébranlable. Elle voulait lui faire comprendre qu'il n'y avait aucune raison de douter d'elle.
« Gaïa vous a conduit dans la grande vallée pour vous sauver de vos pères et mères. Vous êtes les enfants des Titans, mais ils voulaient mettre fin à votre existence. »
Ce coup-ci fut plus violent. Ils étaient bien enfants de Titans. Bien divins. Simplement... une progéniture non désirée ? Dont on voulait se débarrasser ? En effet, Gaïa semblait bien sympathique à côté de ce tableau, étant la seule à s'être montrée à eux et ayant tenter de leur venir en aide. Si les autres n'avaient comme désir que de les supprimer... Dans ce cas, il préférait ne pas le croiser.
Il n'était pas certain de ce qu'il devait faire mais... il laissa une petite fenêtre. Une toute petite. Assez pour faire passer le message à Athéna. Il lui semblait qu'elle aussi, avait le droit de savoir.
« Si ce n'est pas Gaïa... Alors qui ? »
Ce n'était qu'un murmure, qu'une phrase lui ayant échappé. Il était évident que savoir qui les avaient engendré avec une certaine importance. Simplement pour savoir d'où ils venaient. De qui Gaïa voulait les sauver. Elle ne répondit rien. Soit parce qu'elle l'ignorait, soit parce qu'elle ne pouvait le partager. Il était toujours difficile de percevoir les raisons du silence de Neil. Mais il l'acceptait.
Ses informations se bousculèrent quelque peu dans son esprit. Il ne fit que prendre quelques autres curlys, lâchant un soupir après avoir atteint la moitié du paquet. Leur existence lui semblait soudainement encore bien plus bordélique que ce qu'ils pensaient.
« Je suis désolé. »
Elle retira sa main de la sienne, se relevant alors qu'il tournait sa tête vers elle. Il se remit debout presque immédiatement.
« Je ne sais pas si tu veux rester seul ou pas, mais... Je serai là dans les temps durs qui arrivent. Je serai là à chaque fois que tu en auras besoin. »
Il n'était pas... étonné. Depuis le départ, elle ne le lui avait pas caché. Même si connaissant les détails de son futur... de leur futur, il le comprenait plus aisément. Son sachet de Curlys toujours en main, il passa son bras au-dessus de ses épaules.
« Tu ne te débarrassera pas de moi comme ça de toute façon ! J'ai plein de nouvelles recherches à faire et je compte bien sur ton aide. Et on a toujours des Prophétesses à trouver ! » Même si cette histoire lui semblait bien lointaine à présent, comme s'il se trouvait à des kilomètres de l'aboutissement de sa 'quête'. « D'ailleurs, il faudra que tu m'expliques un jour pourquoi Heimdall t'a appelé par ce titre... »
Non, il n'avait pas oublié. Et il était toujours très intrigué.
A suivre.... je ne sais pas où, mais je voulais faire un « A suivre » aussi.
Hippolyte Sherman
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| Avatar : Shelley Hennig
Arrête de t'en faire. Je suis là maintenant, ok ?
Tu m'as vraiment manqué Peg !
| Conte : Inventé | Dans le monde des contes, je suis : : la fille d'Arès.
Noir. Tout était noir. Même lorsque les paupières d’Hippolyte se soulevèrent pour la première fois depuis des mois…depuis sa mort ? Ses yeux étaient entièrement noirs. Mais ces derniers reprirent un aspect beaucoup plus normal quelques secondes après. Les yeux grands ouverts, Hippolyte arrivait à discerner qu’elle était enfermée à l’intérieur de quelque chose. La première bouffée d’oxygène lui avait irrité la gorge. Il y avait tellement peu d’oxygène dans cette boîte. Bientôt elle en manquerait. Ce sentiment d’être enfermé, de pouvoir mourir (encore une fois ?) dans ce lieu inconnu était inimaginable pour la demi-déesse. Elle commença donc à taper de toutes ses forces sur les côtés de sa cage. Chaque tape devenait de plus en plus difficile, car cela demandait de l’oxygène. Or elle commençait à en avoir de moins en moins. Mais Hippolyte était quelqu’un de déterminée, limite obstinée ! Elle continua donc de taper sur ce qui l’empêchait de sortir et voir la lumière jour. Elle tapa, tapa. Parfois elle y mettait les ongles, essayant de gratter. Après un grand nombre de frappe qui l’avait clairement affaibli, la prison de bois céda. Mais au lieu de trouver l’air frais et la lumière du jour, son cadeau fut de la terre. Et pas la belle terre que l’on donne aux plantes pour qu’elle puisse vivre. Non là il s’agissait de la terre dure. Hippolyte arrivait à sentir le poids de la terre sous elle. Mais ce n’était pas le moment d’abandonner. Rassemblant ses dernières forces, ses derniers espoirs de sortir de cet enfer inconnu, elle se mit à creuser. Clairement c’était l’image d’un chien qui creuse pour déterrer son os. Sauf que là, c’était elle, l’os, qui essayait d’atteindre elle-même la sortie pour rejoindre son chien. Bon évidemment, ici, il n’y avait personne qui l’attendait. Enfin, elle, elle espérait retrouver sa famille…son père, sa tante. Bien que les retrouvailles allaient sans doute être bizarres. Mais pour l’instant, elle ne savait même pas où elle était ! Ce serait la grande surprise si elle arrivait à se déterrer vivante. Mais pour cela, il fallait continuer à creuser. La terre était tellement dure que cela abimait les mains d’Hippolyte. Déjà la boîte avait bien écorché les mains de la demi-déesse. Mais la terre sous ses doigts n’arrangeait rien. A chaque nouvelle blessure sur ses douces mains, elle grimaçait de douleur. Malgré tout elle continuait. Ce n’était pas ce genre de douleur qui allait empêcher Hip de sortir de cette terre. Puis finalement, après avoir creusé pendant un temps qui lui avait semblé tellement long, la demi-déesse aperçut une lumière qui l’aveugla légèrement. Mais elle continua à creuser ce dernier trou pour en sortir complètement. L’air en grande quantité vint remplir douloureusement les poumons d’Hippolyte. Et la lumière du soleil ou de la lune l’aveugla complètement. Elle n’arrivait pas encore à déterminer l’endroit où elle était ni le moment de la journée. Elle dût même fermer les yeux pour éviter de chopper un mal de crâne. Déjà ses mains la faisaient souffrir, alors avoir mal à la tête en plus, non merci ! Hippolyte ouvrit doucement ses yeux, essayant de se réhabituer à tant de luminosité. C’est lorsqu’elle commença à discerner les alentours qu’elle comprit qu’elle était dans un…cimetière et en pleine nuit ?! Elle était donc morte ? Hip ne préférait pas se mettre à réfléchir. Elle n’avait pas la force pour ça. Ce dont elle avait besoin là, maintenant, tout de suite, c’était de soin. Sa famille divine pourrait sans doute l’aider. Puis elle avait également envie d’un grand verre de coca-cola et d’une grande pizza. Oui oui, c’était une envie du moment, il ne fallait pas chercher à comprendre ! Hippolyte regarda ses mains qui lui faisaient vraiment mal. Et en y regardant de plus près, c’était compréhensible. Elle avait tout simplement les mains en sang. Tant pis. C’était sans doute le prix à payer pour se déterrer toute seule de plusieurs mètres. N’ayant pas la force de se mettre sur ses jambes, Hippolyte resta dans une position allongée. Mais rester là, sans rien faire, ça ne servait à rien. C’était complètement inutile. Ainsi, même s’il fallait le faire en rampant, Hip irait chercher de l’aide. Alors elle rampa. Ce qu’elle ne constata pas, mais qu’on pouvait nettement voir, c’est que la terre s’obscurcissait sous son corps en train de ramper. Comme si elle laissait une sorte de sable noir là où elle passait. Elle rampa plusieurs mètres, difficilement, avant d’entendre un bruit de pas. Immédiatement, Hippolyte s’arrêta. Un nouveau bruit de pas se fit entendre dans le silence glaçant du cimetière. Puis les bruits de pas s’intensifièrent en intensité et en nombre. Clairement, la personne se rapprochait d’Hippolyte. Puis la demi-déesse fut nez à nez avec une chaussure très classe. Pas du tout le style de la jeune femme. Mais de nombreuses personnes diraient que cette paire de chaussure était magnifique ! Enfin tout ceci n’était qu’un détail. Hippolyte leva doucement sa tête, puis ses yeux. Elle remarqua que la personne qui se tenait devant elle portait un costume très classe. Venait-il pour un enterrement ? Il avait l’habit pour en tout cas ! Puis ses yeux montèrent encore…pour se poser sur le visage de la personne, un cigare à la main. Ce visage ne lui était absolument pas inconnu …
ELIJAH ! Qu’est-ce qu’il foutait là ?! C’était un meurtrier. Son propre meurtrier ! C’était à cause de lui qu’elle avait été enterrée six pieds sous terre. Elle le détestait…Et ce sourire qu’il avait au coin des lèvres. Hippolyte avait tout simplement envie de l’étriper…Si elle le pouvait. Malheureusement elle n’en n’avait pas la force. Et ça, il semblait bien s’en apercevoir. D’ailleurs, il semblait même se réjouir de l’état de la demi-déesse. Pourtant il ne devrait pas, non ? Lui qui voulait qu’Hippolyte crève…il s’était un peu raté car elle semblait bel et bien vivante ! Enfin quoi qu’il en soit, vu qu’elle n’avait la force de lui foutre son poing dans la figure, elle allait lui lancer des piques verbaux. Cependant lorsqu’elle ouvrit la bouche pour sortir ce serait-ce qu’un petit son, rien ne se produisit. Quoi ? Elle avait perdu sa voix ? Hippolyte mit, machinalement, sa main sur sa gorge…surprise de ce qui venait de se passer…ou dans ce cas-là, de ce qui ne venait pas de se passer ! Par contre, Elijah était toujours aussi heureux. Avec son air débile. Qu’attendait-il de la brunette ?! « Enfin ! Je ne pensais pas que ça prendrait autant de temps. Mais la patience est une vertu. Sans doute ma préférée. » La demi-déesse le regarda en haussant un sourcil. De quoi parlait-il ? Il l’avait tué dans un but précis ? Mais lequel ? Et est-ce que cela voulait dire que c’était lui qui était derrière ce retour aussi étrange d’Hip ? La jeune femme ne comprenait pas du tout. Elle aurait aimé en savoir plus, lui demander. Mais ce dernier s’était contenté de sourire une nouvelle fois. Son air content était juste horrible à observer…surtout dans l’état d’Hippolyte ! Elle voulait trouver la force de produire un son pour le questionner ou plutôt l’insulter. Mais en vain. Peut-être était-elle devenue muette ? Elle ne tarda pas à avoir la réponse à sa question lorsqu’elle sentit quelque chose lui enfoncer ses ongles ou ses griffes dans sa chair. Ceci lui arracha un énorme cri de douleur, cri qui ne s’arrêta pas…Surtout que la chose commençait à la traîner de force, ne faisant qu’augmenter la douleur qu’Hippolyte ressentait. Mais ce cri de douleur commençait à se mélanger à un cri de peur. Et la demi-déesse regardait impuissante Elijah qui s’éloignait de son champ de vision. La dernière chose qu’elle vit de lui, ce fut son sourire amusé. Salaud.
Loving can hurt sometimes but it's the only thing that I know
Lentement, j'émergeai du brouillard.
Je me voyais, allongée sur un large lit. J'avais l'impression d'être au bord d'un précipice, de tout voir de très haut. Etais-je sortie de mon corps ? Etais-je en train d'expérimenter une nouvelle façon de mourir ? Curieusement, je ne paniquais pas. J'étais comme déconnectée de toute émotion. Je ne sentais plus rien. J'étais presque impatiente de voir où j'allais être conduite après
Aucun son, aucune pensée. Seuls mes yeux fonctionnaient et me montraient en intégralité. Le visage blafard, les traits aussi fins et fragiles que ceux d'une poupée. Le regard terne et vide.
Puis, peu à peu, des fourmillements envahirent mes membres. D'abord engourdis, diffusant une chaleur étrange dans mes cellules. La douleur arriva ensuite, pulsant dans mes veines. Elle m'arracha une grimace lente et désarticulée. Mon corps me faisait si mal, comme si j'avais subi une véritable torture. Pourtant, je savais que c'était uniquement dû au choc que j'avais eu. Mes membres s'étaient rigidifiés, peut-être que les vaisseaux sanguins n'avaient plus été irrigué. En avais-je seulement besoin, ou était-ce la conviction d'en avoir besoin qui me rendait si malade ? A trop côtoyer les mortels, je me fragilisais. Et je m'en moquais éperdument. Ils valaient que l'on souffre. Grâce à eux, je combattais le chaos et ne devenais pas un monstre.
Un frisson parcourut mon échine. Un monstre.
L'image d'un homme cagoulé de noir me vint en tête et je tressaillis sous le drap, m'y agrippant de toutes mes forces au point de le déchirer. Son ombre ne me quittait plus. J'avais l'impression qu'elle planait sans cesse au-dessus de ma tête.
Alors, je m'aperçus que je n'étais pas en dehors de mon corps : je le voyais depuis le miroir accroché sur le ciel du lit. Je me redressai lentement sur le matelas, lançant un regard hagard sur la chambre que j'occupais jadis à Olympe. Tout était exactement pareil que depuis ma dernière visite, quelques années en arrière. C'était comme faire un bond dans le passé. Je n'aimais plus cet endroit. Pourquoi m'y avait-on amenée ?
J'avais un black out total. Tout ce dont je me souvenais, c'était de l'homme enveloppé de noir qui avait fait tomber le masque, à Meter. Un goût métallique empâtait ma bouche alors que je sentais ma gorge se serrer de nouveau. Elliot...
J'étais saine et sauve et pourtant, je n'avais jamais autant eu l'impression d'avoir tout perdu. Une bataille qui ne s'était pas encore déroulée. Tout était fini avant même de commencer. On ne pouvait rien contre le dénouement.
Je faillis me laisser emporter par ma peine mais fus surprise de trouver quelques réserves de courage tout au fond de moi, tandis que je posai les yeux sur le paquet de M&M's sur le rebord du lit. Pascal était vivant. C'était une certitude. Seul lui aurait pu me laisser une telle preuve d'amour. Pourtant, il n'était pas là. J'étais seule, livrée à moi-même. Que s'était-il passé ? Comment étions-nous rentrés ?
Il fallait que j'obtienne des réponses, mais je me sentais trop lasse pour être confrontée à qui que ce soit. La grande Aphrodite très éloquente en proie à une crise de misanthropie. Et dire que je roulais des yeux quand Ellie rencontrait ce problème. J'aurais dû me montrer plus compréhensive. Un instant, je songeais à aller la voir. Le fait de partager cette angoisse pouvait nous rapprocher, mais réalisant à quel point elle était liée à Elliot, je me ravisai. Je ne pouvais pas... lui parler à elle. C'était trop tôt, trop difficile.
J'avais besoin d'une oreille attentive, mais aussi de quelqu'un qui comprenne sans pour autant avoir partagé la récente aventure. Pouvoir écouter sans me bombarder de questions. Je n'aurais pu le supporter.
Difficilement, je me téléportai jusqu'à Cassandre. J'avais eu beaucoup de mal à me concentrer, comme si ma conscience se débattait avec mille pensées à la fois. Je n'en avais pas l'habitude.
Apparaissant devant elle, je vacillai légèrement mais restai droite, à l'observer. Elle était occupée à se vernir les ongles des orteils. Cette vision tellement banale après tout ce que j'avais enduré était aussi merveilleuse que les faibles rayons de soleil qui caressaient ma peau, à travers la fenêtre.
Bien qu'elle remarqua aussitôt ma présence, je continuai de la fixer sans mot dire. Je m'approchai à petits pas lents et m'assis sur le bord du lit, juste à côté d'elle. Là, je levai la main pour entremêler mes doigts à sa chevelure, si semblable à la mienne. Elle me regardait d'un air à la fois anxieux et presque intrigué, tenant son pinceau de vernis en l'air.
Et soudain, je l'attirai vers moi et la serrai très fort. Je nichai ma tête dans son cou, inspirant son odeur si rassurante. Je me sentais chez moi quand j'étais près d'elle. Il fallait qu'elle le sache. J'entrouvris la bouche mais aucun son n'en sortit. J'avais perdu trop de temps à éviter de dire de belles choses. A présent, il était trop tard.
Alors, je l'étreignis plus fort. Je sentis sa main tapoter mon dos et réprimai le violent sanglot qui me saisit. Ne pas pleurer. Je devais puiser dans l'horreur des souvenirs pour être plus forte. Il fallait que j'y arrive à tout prix pour ne pas me perdre dans le brouillard de mon esprit.
Je dus m'y reprendre à plusieurs reprises pour articuler finalement dans un souffle, un semblant de soupir étouffé :
"S... Surt..."
Aussitôt, je sentis la main de Cassandre appuyer davantage contre mon dos. Ses doigts se crisper légèrement. Elle savait déjà, bien sûr. C'était pour cela que j'avais tant éprouvé le besoin de lui parler en priorité. Elle venait du futur, elle avait vu ce que notre Elliot allait devenir. Ca m'était insupportable.
Notre étreinte dura encore quelques minutes avant que je ne m'éloigne, sans pour autant lâcher ses mains.
Comment fais-tu pour supporter ça ? aurais-je voulu demander, mais les mots restèrent bloqués au fond de ma gorge.
"Com... comment ?" parvins-je seulement à balbutier d'une voix faible et éraillée.
Pouvait-elle lire dans mes yeux ? Elle me regarda, un peu sous le choc d'apprendre que je le savais. Elle prit une grande inspiration et déclara :
"Ce n'est pas une fatalité."
Elle pensait que je lui avais demandé comment Elliot était devenu Surt. Pourtant, c'était bien la seule chose qui m'importait si peu. Surt était dépourvu d'amour. En comparaison, Elliot en était entouré. Si tout avait basculé, je me doutais que tous ceux qui lui étaient chers lui avaient tourné le dos. Pourquoi Lily était-elle partie ? Ellie était-elle devenue une véritable ermite ? Athéna, avec qui il avait l'air de si bien s'entendre, l'avait-elle poussé vers le mauvais côté ? Quant à Diane, Apollon, Arès... n'avaient-ils rien fait pour l'épauler lorsqu'il en avait eu le plus besoin ? Pour quelle raison mon fils aurait-il préféré la compagnie des titans à celle de sa famille ? La solution était l'Amour inconditionnel. Je le percevais dans la conviction de la voix de Cassandre. Elle en était aussi persuadée que moi. L'Amour pouvait le sauver, pouvait nous sauver. Si nous l'entourions, si nul ne le laissait tomber, alors le futur changerait.
Pour la première fois depuis que l'obscurité était tombée sur ma vie, je sentis un rayon de soleil. Faible et sans aucune chaleur. Une lueur d'espoir.
Alors, je serrai plus fort la main de Cassie dans la mienne et articulai méthodiquement, d'un ton assuré :
"Ensemble. Toujours."
Nous pouvions triompher en étant unis. Si certains décidaient de nous tourner le dos, cela n'avait aucune importance. Il fallait qu'il subsiste un noyau dur. Un cercle d'Amour et de tendresse.
Une famille.
Nous allions gagner.
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Sebastian Dust
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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From Gold to Grave Who's making the Sandmandream ?
| Conte : Les 5 Légendes. | Dans le monde des contes, je suis : : Le Mαrchαnd de Sαble ϟ Archeron.
... Afin que l'imagination embrase l'univers tout entier.
La fenêtre était ouverte. C’était toujours ouvert, quel que soit le temps et quelle que puisse être la température, Sebastian n’avait jamais trouvé volet clos. C’était comme si quelqu’un laissait sciemment le cadran déverrouillé afin de lui permettre de se glisser à l’intérieur de la chambre… En soit, il lui aurait suffit de quelques secondes pour le défaire, mais il préférait se savoir invité que d’entrer par effraction. Peut-être était-ce Ellie qui lui permettait cela ? Ou bien une autre personne ? Il l’ignorait. Ce qu’il savait en tout cas, c’est qu’il pouvait poser les pieds parterre et s’avancer vers le lit sans grande crainte. L’endroit était toujours plongé dans la pénombre, calme, doucereux. Depuis quelques semaines, il régnait dans la pièce une ambiance un peu plus légère. Un peu plus joyeuse, comme une pointe de satisfaction qui avait chassé la tristesse pour s’installer tranquillement. Quelque chose avait changé. Imperceptible. Il n’y avait plus de bague sur la table de chevet. Il y avait, en revanche, un peu plus de photographies. Ses doigts les frôlent, découvrant ou redécouvrant des visages qu’il a aperçu dans certains rêves. Sab reconnaît Ellie sur l’une des images et cela lui tire un sourire. Neil aussi. Ce grand homme brun qui avait fait tant pleurer… Mais qui aujourd’hui était synonyme d’une euphorie jusque là méconnue. Comment pouvait-on passer des larmes au rire en si peu de temps ? c’était un mystère. Mais c’était ce qui lui plaisait quand il venait dans cette chambre : rien n’était jamais vraiment pareil. L’imagination n’octroyait pas de place à la routine.
Le marchand de sable vit des petits personnages glisser le long des guirlandes bleutées, les suivant du regard alors qu’ils chevauchaient dans l’espace de la chambre afin d’en apporter une lumière dorée. Un soupir et il s’approcha du lit, caressant la couverture, avant d’arrêter sa main. Etonnant. Etonné. Ce n’était… D’ordinaire les rêves de la jeune femme emplissaient la pièce à peine se trouvait-il à proximité alors, pourquoi ce soir n’y avait-il rien ? Pourquoi les seules créations rêveuses étaient-elles les siennes ? Il fronça les sourcils, observant le plafond à la recherche de la moindre trace de cauchemar mais rien ne vint percuter son regard. Pas de sable noir. Pas de créatures. Son attention à nouveau focalisée sur les couvertures rabattues, il tenta d’attraper les filaments songeurs de la dormeuse sans y parvenir. Il n’y avait rien. Pas de rêves. Pas de pensées. Même pas une once de sentiment. Elle n’était tout de même pas… ? Son sang ne fit qu’un tour alors qu’il saisissait les draps, soudain effrayé à l’idée qu’il puisse lui être arrivé quelque chose, et les écartait sans ménagement.
Des coussins.
Un bruissement. Sebastian se retourna, le souffle coupé de soulagement mais aussi de surprise, pour se retrouver face à… « Vous êtes celui dans mes rêves ? » Lily. Lily, en chair et en os et… En robe et une tasse de chocolat dans les mains. C’était la première fois qu’il la voyait réveillée ; en fait, elle était plus petite que ce qu’il avait imaginé. Ca lui donnait un air de femme-enfant charmant, si on passait sous silence le fait qu’il venait de se faire avoir comme un débutant ! S’il n’était pas aussi surpris sans doute le gardien aurait-il rit face à cette farce ingénieuse, devant reconnaître qu’elle avait procédé exactement comme il l’aurait fait pour piéger un mystérieux invité. Allait-elle le traiter de voyeur comme l’avait fait Ellie ? Allait-elle le plaquer au mur en menaçant de lui briser les bras ? La petite fille avait été plutôt effrayante cette fois là, même si tout s’était bien terminé. Il déglutit, ses yeux passant de Lily au lit vide sans trop savoir par où commencer. S’excuser peut-être ? C’était malpoli de guetter le sommeil d’une femme sans son accord. Encore d’avantage une femme… Mariée. Il vit l’alliance sur sa main et ne pu s’empêcher de la désigner sur son propre annulaire, esquissant un sourire en levant le pouce. Il n’avait pas eu l’occasion de la féliciter puisqu’ils ne se connaissaient pas à la lumière du jour. C’était sans doute mieux ainsi ? Oui, indéniablement. Car sous la lumière elle aurait put se rendre compte du rouge qui avait coloré ses joues sous le gène occasionné.
« … Bonsoir, Lily Olyphant - Sandman. »
Lily tourna la tête vers sa table de chevet. « Vous n’avez pas mangé les cookies... » Sab suivit son regard, découvrant avec elle l’assiette déposée à côté d’une lampe en forme de chapiteau coloré. Elle mettait souvent une assiette remplie de petits gâteaux ou de friandises, mais il avait mis cela sur une gourmandise de sa part. Après tout, une femme qui mange est bien plus agréable à regarder que quelqu’un qui se prive et en perd son sourire. Il passa sa main dans ses cheveux pour les ébouriffer, se mordant la lèvre sans parvenir à trouver exactement quoi lui répondre. Il avait déjà eut des petits cadeaux de la part des enfants, certains s’amusaient même à l’attendre pour les lui remettre en main propre, mais de la part « d’adultes » il était moins habitué… Et surtout touché. L’odeur du chocolat chaud lui monta au nez et il prit une inspiration, désignant l’assiette silencieusement en attendant son hochement de tête puis se pencha pour attraper l’un des gâteaux. Un petit éléphant en sable doré attrapa le gâteau et un autre, agitant ses oreilles, l’apporta jusqu’à sa hauteur. Il les remercia d’un signe de tête et ils se fondirent dans l’air.
Joignant ses mains devant lui, il s’inclina quelque peu pour s’excuser à sa manière, avant de croquer dans le cookie. Un murmure gourmand lui échappa, ce qui provoqua un sourire de la part de la jeune femme. Ellie avait raison, Lily était gentille. Déjà ses rêves étaient peuplés de créatures à trompes adorables et certains de ses songes remplissaient ses propres yeux d’une douceur attendrissante. Bien sûr qu’il y avait parfois le doute, l’anxiété, l’angoisse ou les remords… Mais il frôlait alors une mèche ou deux de ses cheveux avec le sable et chassait ainsi les songes négatifs. Un peu de paix et de tranquillité n’avaient jamais fait de mal à personne. Bien sûr, là il éviterait de réitérer l’expérience puisqu’elle était réveillée. Il releva le cookie croqué pour la remercier encore, se reculant de quelques pas pour s’approcher de la fenêtre. Repli stratégique et sécuritaire, même s’il ne pressentait rien d’agressif de la part de l’hôte de ces lieux.
En revanche, qu’elle lui emboite le pas le fit se crisper sur lui-même. S’arrêtant devant la fenêtre ouverte, il la vit tremper ses lèvres dans le chocolat brûlant et ne put s’empêcher de tendre son index en direction de sa tempe. Sans la toucher. Juste le reculer ensuite alors qu’une file de petits personnages brillants suivaient le tracé de son doigt, s’extrayant de l’esprit de la jeune femme sur des wagons qui suivaient des rails invisibles. Un casse-noisette. Une souris. Une girafe. Et puis un éléphant, toujours un éléphant. S’il n’y en avait pas eu, cela n’aurait pas été elle. Etrangement, elle garda son sourire et les suivit des yeux comme si… Elle les voyait. Réellement. Lily chassa doucement la plume dorée qui venait de tenter de goûter sa boisson, la faisant s’envoler à travers la fenêtre et s’élever sous la brise jusqu’au ciel. « C’est très agréable, cette sensation. » Quelle sensation ? Sebastian suivit son regard, apercevant l’éclat de la pleine lune au dessus de la ville qui baignait les environs d’une lumière argentée. Une jolie vue. Doucereuse et tranquille. Une soirée tranquille. Ou presque.
Ses yeux clairs se perdirent dans la contemplation de l’astre nocturne. La lune avait toujours beaucoup compté pour lui, y compris dans le conte où il avait vécu pendant plusieurs millénaires. Pourtant il n’y avait qu’à Storybrooke qu’il pouvait en admirer une aussi grosse et brillante. Aussi… Attirante. C’était le terme, attirant. Comme un aimant. Un aimant capable de retirer une partie de son âme pour la garder emprisonné à ses côtés. Un moyen pour s’assurer une compagnie éternelle quand la plupart des gens dormaient à poings fermés ? Mystère. Mais Sab se sentait étrange à la regarder. Partagé. Découpé. Morcelé. Il fronça les sourcil en remontant sa main vers son veston, tâtant de sa paume sur son torse. Non, il avait pourtant l’air bel et bien entier encore. Alors d’où venait cette sensation d’être à la fois ici et ailleurs ? Ce scindement dans son esprit, aussi clair que de l’eau de roche. Aussi clair que la lumière de la Lune. Aussi… C’était elle ? Elle qui provoquait ça ? Mais comment ?
Il resta perplexe, déglutissant difficilement. Quelque chose se passait. Quelque chose n’était pas naturel. Etait-il dans un rêve ? Un fourmillement singulier au bout de ses doigts tenta de lui indiquer que non alors que des volutes de sable d’or se déplaçaient dans les airs autour de la maison. D’abord paisibles, puis de plus en plus agités. Excité ? Ou bien effrayés ? Il fit passer sa langue sur ses lèvres sèches, réfléchissant comme il le pouvait à ces nouvelles sensations qui l’emplissaient peu à peu. La nuit. Les rêves. Le sable. La Lune. Lily à côté de lui qui observait en silence le spectacle offert à ses yeux. Sebastian ouvrit un peu plus la fenêtre, se penchant pour passer au-dehors et poser ses pieds sur un petit nuage doré. Il ne savait pas ce qu’il se passait. Il ne comprenait pas. Mais il voyait le pouvoir des songes commencer à lentement grimper en direction du ciel, semblable aux échelons d’une échelle ou aux marches d’un escalier… Sa main sur le rebord boisé s’accrocha encore un peu. L’adrénaline. L’interrogation. L’envie folle de s’élancer à la suite de cette invitation. La culpabilité d’abandonner la jeune femme. La perspective de pouvoir raconter cela à Louise quand elle reviendrait.
Elle dut sentir son hésitation car elle poussa un soupir amusé. Le gardien vit son minois disparaître derrière la tasse et il sourit. Une étincelle mutine passa dans son regard alors qu’elle lui répondait par la même et il s’écarta de la fenêtre. Le jeu. L’envie. La découverte. Le sable l’entraînait vers la voûte céleste, lui qui n’avait toujours été qu’objet de sa volonté le poussait en avant. On ne refuse pas une invitation à l’inconnu. On ne réfute pas la perspective d’une découverte. Alors, appuyant son index et son majeur sur sa tempe, il fit un signe à Lily et s’élança en avant.
Le nuage. Les marches. Le monde qui devenait petit, petit, tellement petit derrière lui alors que la lune prenait de l’ampleur. Ronde. Souriante. Entière. Il franchit la barrière des nuages au milieu des volutes rassurants et continua d’aller vers le haut. Toujours et toujours plus haut. Prendre de la hauteur. Gagner de l’altitude. Jeter un regard en arrière, espérer peut-être apercevoir Jack mais se rendre compte qu’il était seul. Il haussa les épaules. Il lui raconterait en revenant mais pour le moment il devait savoir. Il le fallait. Faisant tourner ses paumes l’une autour de l’autre, Sebastian matérialisa rapidement une montgolfière dans laquelle il s’installa. Celle-ci, bercée et guidée par les vents célestes à la surface de l’atmosphère, s’éleva dans une tranquille douceur. Il reconnu les étoiles. Observa à nouveau l’horizon infini de la voie lactée. Que n’avait-il pas été dans pareil endroit depuis… Bien trop longtemps. Dire qu’auparavant il parcourait l’univers à droite ou à gauche sans se soucier de s’arrêter. Aujourd’hui il lui fallait réapprendre à apprécier un tel spectacle. Tout était beau. Tout était silencieux. Tout était… Bien en dessous d’elle : l.a Lune. Qui s’approchait et s’approchait encore, captant le petit satellite doré jusqu’à ce que la montgolfière ne disparaisse dans un nuage et qu’il ne reste plus que lui pour flotter. Voler. S’approcher de la surface. Observer son ombre.
Et poser le pied sur l’astre céleste comme si c’était la chose la plus évidente à faire.
Un soupir alors qu’il réajustait sa veste sur ses épaules, observant autour de lui avec un œil curieux et respectueux. Vide. Désert. Pourtant quelque chose l’avait attiré là. Quelque chose lui avait intimé d’arriver et de se rendre ici. Juste ici, sur la Lune. Il n’était pas capable de définir quoi, toujours pas, mais il savait. C’était ce qu’il fallait faire. Le poids sur son torse s’amenuisa quelque peu alors qu’il constatait… Qu’il pouvait respirer. Et qu’il tenait debout. Le gardien sautilla un peu sur lui-même, se rendant compte que la pesanteur était la même que sur Terre ; exit les bonds de plusieurs mètres imaginés, on se contenterait de promenades de pieds fermes. Il y aurait des déçus, aussi se promit-il de ne pas trop le répéter pour ne pas les faire cesser d’y croire. Un vent balaya la surface calme, faisant voleter quelques mèches de ses cheveux et…
Un vent ? Mais il n’y a pas de courant d’air sur la lune. Un bruit grésillant attira son oreille, quasiment inaudible sauf pour une audition entraînée. Sebastian baissa les yeux vers ses pieds, découvrant avec stupeur une masse sombre voleter et danser autour de ses chevilles. Se baissant prudemment, il plongea sa main en son centre et se rendit compte qu’elle était faite de grains volatiles.
Du sable. Du sable noir.
Un sable qu’il ne parvenait pas à toucher, le sentant le frôler sans jamais oser un contact, alors qu’il ondulait autour de ses doigts. Les reflets anthracite brillaient à la lumière du soleil… Se pourrait-il que ? Il ne connaissait qu’une seule personne capable de faire ça. Un seul être dans toute la création pour avoir osé lui voler le pouvoir du sable. Pourtant, loin de froncer les sourcils il continua d’observer l’étrange phénomène avant que celui-ci ne se mette à former des tourbillons. Innocents. Puis de plus en plus gros. Il se redressa, quelques grains dorés passant contre sa nuque pour le rassurer de leur chaleur, et observa le sable noir grossir. Grossir encore dans des volutes tourbillonnant sur eux-même. De plus en plus vite. De plus en plus fort.
Il y eut d’abord une forme indéfinie. Puis peu à peu, un visage apparu. Des cheveux mi-longs noirs comme l’ébène. Une peau claire. Des épaules larges. Deux bras. Un torse enserré d’un tee-shirt sombre et prisonnier d’une veste visiblement en cuir. Des jambes dans un pantalon de la même teinte. Un homme ou, plutôt, un jeune homme lui fit bientôt face. Sebastian resta parfaitement immobile, fixant l’apparition en appréhendant la suite. L’homme bougea après quelques secondes, levant les mains devant lui et ouvrant les yeux sur ses paumes. La surprise que le gardien y lu était bien réelle, une première rencontre, une découverte : celle de son propre corps. Il fixait sa peau comme si c’était la première fois qu’il la voyait. Le gardien n’eu pas le cœur à l’interrompre pourtant, quand l’apparition plongea son regard de braise dans le sien, il ne cilla pas. Faire face. Soutenir. Tenter de comprendre en penchant légèrement la tête sur le côté. Il le vit froncer les sourcils, avancer sa gorge un peu mais revenir dans sa position initiale. Ses pupilles dilatées pouvaient être un véritable miroir, s’il ne l’avait pas vu dévier peu à peu le regard. Sur le côté. Légèrement. Avait-il vu quelque chose ? Derrière lui ?!
Sab se retourna mais sans brusquerie – savait-on jamais – et découvrit alors la présence de Pitch juste à côté de lui. Se décalant d’un pas par automatisme, il le toisa des pieds à la tête avant de le voir faire de même. Etait-il le responsable de tout ceci ? Leurs regards se croisèrent avant que le marchand de sable ne fixe à nouveau l’apparition. Cette dernière avait changé d’expression : du questionnement il était passé à quelque chose de plus dur. Plus rude. Une forme de… Colère ? Pouvait-il connaître la colère ? C’était même pire. Un frisson le parcouru en reconnaissant la haine. Sentiment viscéral et bestial, cruel. Il ouvrit la bouche sa parler, la refermant avant de passer sa langue sur ses lèvres. Le sable contre sa paume. Un instant il tenta de l’approcher à sa manière, laissant les grains dorés s’engouffrer près de l’étranger pour capter quelques bribes de souvenirs ou même de vie. Mais rien. Rien n’apparu dans son esprit. Rien ne lui vint hormis le noir. Le sable noir.
Il se tourna vers Pitch qui n’avait pas bougé.
« Est-ce l’une de tes créations ? »
Ils ne s’étaient pas adressés la « parole » depuis longtemps, mais il se connaissaient depuis plus longtemps encore. Suffisamment pour, parfois, tenter de se comprendre à la même fréquence. Un langage amer, partagé, qui les avait conduit à bien des évènements y compris la mort. Une fois de plus. Une nouvelle et dernière fois. C’était comme le tableau de chasse à remplir sans qu’on ne parvienne à accrocher à dernière tête. Et pourtant, Pitch avait essayé. Plusieurs fois. L’anéantir. Le détruire. L’étouffer. Le prendre à son propre jeu. Mais aujourd’hui encore il se tenait debout, narquois dans son innocence à toujours finir lié à lui. Etait-ce leur destin que de sans arrêt devoir se retrouver ? Un ying et un yang éternels. Le poids des années et des responsabilités.
Le maître cauchemar soutint le regard de Sebastian sans prononcer un mot, avant de le faire glisser sur le jeune homme. Le gardien attendit, un peu. L’espoir d’une explication limpide sans doute… Mais rien n’était jamais clair dans le monde des songes. Sous-entendre. Comprendre. Déchiffrer. Interpréter. Regarder au delà et accorder une valeur aux multiples hypothèses. Toutes vraies. Et toutes fausses à la fois. Il regarda à son tour l’inconnu et fut saisit de le voir lui renvoyer son coup d’oeil. Son visage s’était affirmé. Pincé. Plongé dans une attitude provoquante. Un petit rictus apparu à la commissure de ses lèvres tandis qu’un éclair vipérin passait dans son regard. Silence.
Soudain, le sable noir se mit en action et, dans un tourbillon affolant, recouvrit entièrement le garçon. Ils le virent se faire engloutir et s’effacer en un claquement de doigt. Puis le sable s’affaissa lourdement comme si toute énergie l’avait brutalement quitté, s’éparpillant à même le sol avant de disparaître dans le décor.
Tout redevint alors normal à la surface de la Lune. Plus de vent. Plus d’étranger. Plus rien… Hormis eux. Et le silence. Pesant.
… A suivre dans "Le Réveil des Gardiens" avec... Phobos Black !