« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
L'herbe sous mes doigts. Le soleil contre mon visage. Les étoiles qui dansent dans le ciel clair.
La chaleur de son sourire.
Plus que jamais, j'avais la certitude d'être morte. Je ne pouvais être qu'au paradis, il n'y avait pas d'autre explication. Lily était penchée au-dessus de moi, aussi lumineuse que le soleil. Elle s'approcha davantage et déposa un fugace baiser sur mes lèvres. Je battis des cils, le souffle coupé. Je me redressai lentement dans l'herbe, découvrant que nous étions dans une prairie. Au loin, des cloches teintaient, signe d'une civilisation. Où étions-nous ? A moins que ça ne soient la voix des anges ?
Non, redescends sur terre, Ellie. Tu sais très bien que rien de tout ça n'existe. Seuls les enfers ont une réalité tangible. Ils sont même dirigés par le père d'Elliot.
Lily s'était allongée à mes côtés et avait pris une de mes mèches pour la remettre derrière mon oreille. J'observai à mon tour les merveilles dans le ciel. C'était vraiment magnifique, elle avait raison. Pourtant, je ne pouvais pas me laisser distraire. Je venais de m'apercevoir d'une chose déroutante : le paradis n'existe pas, car j'étais tombée dans un trou noir depuis un désert encore plus sombre. Comment étais-je arrivée jusqu'ici ? Quel était ce lieu ? Etait-ce vraiment Lily face à moi ou est-ce que la chose dans le désert pouvait prendre les traits d'un être aimé afin de mieux nous abuser ? Elle me semblait un peu plus âgée, avec quelques rides au coin des yeux. Etions-nous dans le futur ? Je voyageais un peu trop en ce moment. D'abord dans le passé avec Eleanor, et maintenant... Je frémis légèrement. Je ne souhaitais pas tout cela. J'aurais échangé volontiers ma vie trépidante contre celle de quelqu'un d'autre.
"Ne t'inquiètes pas pour lui, il va bien. Il ne pouvait pas faire partit du voyage, mais il t'attends là bas. Par contre, il ne faut pas qu'on parle de lui, parce que je ne suis pas sûre de ce que tu sais déjà à son propos. Mais c'est quelqu'un de bien."
Je tournai brusquement la tête vers elle. Cette fois-ci, c'était certain, j'étais bel et bien dans le futur. Sans doute que le trou m'avait conduit jusqu'à un passage temporel. Je n'y comprenais rien mais il fallait faire avec. Sa main dans la mienne était d'une douceur infinie... nul n'aurait pu la copier avec autant de précision. Lily était là, à mes côtés, dans un futur proche.
"D'accord. Tu sais des choses sur lui. Je les saurai un jour aussi. Pourquoi tant de mystère ? Pourquoi ne puis-je pas savoir maintenant ?"
L'agacement pointait dans ma voix. Pourquoi me cacher tout sur Anatole ? A quoi cela servait-il à part à me consterner ?
En me redressant, je me rendis compte que j'avais toujours ma forme enfant. Et Lily m'avait embrassée. Mon coeur manqua un battement. Je pensais que cette apparence l'aurait dissuadée de le faire mais il fallait croire que dans le futur elle se permettait bien des choses. Cela voulait-il dire que dans l'avenir, elle et moi nous... Nous serions...? Le sang battit follement contre mes tempes à cette pensée. C'était bien plus que ce que j'avais espérer. J'aurais toujours pensé qu'elle choisirait Elliot...
Je serrai davantage sa main dans la mienne et me mordis les lèvres tout en l'enveloppant d'un regard tendre.
"Je ne suis pas sûre que j'avais le droit de dire ça."
"Tu as déjà dit plus qu'il n'en fallait." lui assurai-je dans un murmure.
J'avais comme la sensation que le futur se dessinait tel un coin de paradis. Un soleil naissait en moi, plus lumineux que celui qui agitait les étoiles dans le ciel.
"Tu es toujours aussi belle." dis-je en effleurant sa joue de mon autre main.
Puis, je réalisai quelque chose. Je me redressai sur un coude et demandai en fronçant les sourcils :
"Comment savais-tu que j'allais venir ? Quel est cet endroit ?"
Si nous n'avions pas beaucoup de temps, je n'allais pas trop poser de questions. Je souhaitais profiter de chaque instant en sa compagnie. Promis, après ces deux questions, je me contenterais d'être près d'elle. Simplement et entièrement.
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Je sentais une pointe d'agacement dans sa voix quand j'avais évoquée le fait qu'Anatole était quelqu'un de gentil. Je n'aurai pas dû dire cela, je m'en voulais, mais si elle était déjà agacée par la simple évocation de son nom, ça signifiait qu'elle ne savait pas encore. Cette évidence m'avait faite sourire. Je me rappelais de l'expression de son visage quand elle était venue me voir pour me dire ce qui semblait si logique aux yeux des autres personnes, depuis si longtemps. J'avais adorée cette journée qu'on avait passée toutes les deux. Ca faisait longtemps qu'on en avait plus eu.
Je m'étais mordu les lèvres me disant sans doute que si elle ne savait pas encore, ça signifiait également qu'on devait être proche d'un autre événement qui pendant un temps, allait changer beaucoup de choses entre nous deux. J'aurai tant voulu lui dire de ne pas m'en vouloir, que tout allait s'arranger avec le temps, mais ça aurait été lui révéler beaucoup trop de choses et les aiguilles avançaient vite. Je ne pouvais pas perdre le peu de minutes qu'on avait ensemble. Au contraire, je voulais profiter pleinement de ce temps pour lui montrer que quelle que soit ce qui pourrait s'interposer entre nous, je l'aimerai toujours autant jusqu'à mon dernier soupir.
Elle avait passée sa main sur ma joue, me disant que j'étais toujours aussi belle, même si entre son époque et la mienne, j'avais pris quelques rides et des cernes sous les yeux. Je lui avais souris, me mordant une nouvelle fois les lèvres et m'empêchant de lui dire qu'elle aussi était toujours aussi magnifique. Elle n'avait pas changée d'un pouce entre le moment où je l'avais rencontrée et aujourd'hui. Même si en réalité, elle avait... rajeunis ? Ca devait être la première fois qu'elle vivait dans un corps de petite fille. C'était très vite devenu perturbant pour beaucoup de monde, mais elle se sentait en sécurité ainsi. Avec le temps je m'y étais fait, même si j'appréciais bien plus les moments où ses lèvres étaient bien plus mûres.
Puis était venu le temps des explications. Je ne savais pas par quoi commencer, ni même si c'était véritablement important. Pour elle sans doute, mais à dire vrai ce n'était pas si important que cela. Ce qui importait réellement, c'était d'être là toutes les deux, une dernière fois. Je lui avais souris, tout en sentant une nouvelle fois sa main tout contre ma joue et j'avais pris une grande inspiration avant de me redresser sur l'herbe. J'étais assise en tailleur. Elle avait pris ma main et je l'avais serrée.
"Ca serait trop long à t'expliquer. La seule chose qu'il faut que tu saches, c'est que ce moment sera rien qu'à nous, pour toujours."
J'avais serrée un peu plus fort sa main, tout en passant ma seconde main sur mes yeux pour en sécher une larme. Ce n'était pas de la tristesse, bien au contraire. J'étais heureuse ! Tout ce que j'avais toujours voulu avoir, ce que je désirais plus que tout, je pouvais le savourer une toute dernière fois. Sa compagnie était tout ce qui m'importait à l'heure actuelle.
"Je crois que tu l'as compris. On est un tout petit peu éloigné de l'époque d'où tu viens. C'est bien différent des autres fois où on a voyagé, car pour une fois ce n'est pas toi qui m'a amenée avec toi, mais lui qui t'as fait venir à moi."
J'avais songé au fait que pour une fois, c'était comme si c'était moi qui pouvait voyager dans le temps. Wouah ! J'avais amenée jusqu'à moi ma Ellie du passé. C'était quelque chose de tellement formidable. J'avais la sensation d'avoir un grand pouvoir. Un sourire radieux avait illuminé mon visage.
"Tu te rends compte ? Je peux voyager dans le temps ! C'est comme un dernier cadeau ! Même si c'est pas réellement moi qui t'ai amenée ici. C'est wouah ! Un truc de ouf ! Si notre petite Cassie pouvait voir ça, elle serait trop fière de moi !"
Le fait de songer à Neil avait fait agrandir mon sourire. J'avais eu une fille ! J'étais mère. Quand je songeais à ce qu'elle était devenue depuis, je ne pouvais pas être plus fière d'elle que je l'étais déjà. C'était une grande guerrière, une combattante et elle avait réussi tellement d'exploits. Bon d'accord, aujourd'hui elle était encore mon petit bout de chou de huit ans, mais elle avait fait tellement de rêves et elle me racontait toujours ses histoires, que je savais ce qu'elle ferait de sa vie. Le seul regret que j'aurais, c'était de ne pas avoir pu lui donner le petit frère qui aurait pu l'aider à supporter tout ça. La vie était bien moins rose que je l'avais imaginée, mais elle était suffisamment forte pour y faire face. Surtout qu'elle n'était pas seule et qu'elle ne le serait jamais.
"Oh oh oh ! Elle est déjà avec ... enfin attends. Non, laisse tomber. C'est pas le bon moment. Mais promet moi une chose, quand elle viendra te voir pour te parler d'un garçon, surtout dit lui de ne pas se prendre la tête et de foncer ! Il est trop bien ! Et... Je vais me taire, ça vaut mieux. Tout ça pour dire, que tu sais quoi faire."
Je lui avais fait un petit clin d'oeil, avant de fermer les yeux quelques secondes, car le soleil devenait de plus en plus éblouissant. On ne pouvait même plus lever les yeux au ciel pour le voir, tellement qu'il éclairait les cieux de ces magnifiques rayons. S'en était fini du beau spectacle. Ma main tremblante avait serrée un peu plus celle de la jeune femme et j'avais continuée à lui sourire.
"Je n'ai jamais cessée de t'aimer..." lui avais-je murmurée, en sentant une nouvelle larme couler le long de ma joue.
"Je t'ai toujours gardée une place importante dans ma vie et même quand t'as cru que je t'abandonnais, ça n'a jamais été le cas."
Je l'avais vue se redresser et j'en avais profité pour avancer sa main de la mienne et y déposer un tendre baiser dessus. Puis j'avais englober ses mains avec mes deux mains et on était désormais toutes les deux en tailleur l'une en face de l'autre. J'avais tentée de lever les yeux vers le ciel pour contempler ces étoiles qui disparaissaient. C'était quasi impossible de regarder plus de quelques secondes ce tableau qui se dessinait petit à petit dans les cieux.
J'aurai bien aimé voler une dernière fois pour tenter de passer au dessus de ces nuages et quitter cet endroit, mais je n'étais plus un éléphant aux grandes oreilles. Ca faisait longtemps que je n'étais que Lily Sandman, la fille qui avait eu la chance d'aimer et d'être aimer plus d'une fois. Mon regard s'était posé une nouvelle fois sur Ellie et je sentais mon sourire toujours aussi grand. C'était facile d'être heureuse en sa présence.
"Il m'a dit que c'était sans danger. Que tu pouvais rester, si tu le souhaitais. Il y aura une lumière aveuglante à la fin. Puis tu seras à nouveau là bas."
J'avais serrée un peu plus ses mains. Je ne voulais pas le montrer, mais oui, j'avais peur. J'avais même très peur, mais ça aurait été pire si elle n'avait pas été là.
"C'est beaucoup te demander, mais... tu veux bien rester avec moi jusqu'à... la fin ?" avais-je achevée en murmurant les derniers mots, ayant un mal fou à retenir mes larmes. Mais je voulais me montrer forte. Il fallait qu'elle sente uniquement que j'étais apaisée grâce à elle. Qu'elle me donnait la force de ne pas péter un plomb, de ne pas hurler comme ceux qui étaient au village et qu'on entendait encore quelques minutes auparavant.
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Je n'y comprenais rien. Lily s'était redressée et je l'avais imitée, me retrouvant assise en tailleur face à elle, dans l'herbe. Nos mains toujours liées. Au-dessus de nos têtes, le soleil devenait de plus en plus éblouissant, avalant toutes les étoiles. Que se passait-il ? Où étions-nous ? Le futur ne me semblait pas très encourageant... Un mauvais pressentiment étreignait mon coeur à mesure que je voyais les yeux de Lily se noyer de larmes difficilement contenues. Je serrai plus fort ses mains dans les miennes. Je voulais lui faire comprendre que quoi qu'il arrive, je serai à ses côtés. Elle pouvait compter sur moi.
Ses paroles provoquèrent une drôle de sensation en moi. Dernier cadeau ? Et elle mentionnait quelqu'un qui m'avait fait venir à elle... S'agissait-il d'Elliot ? Je savais qu'il était capable de voyager dans le temps. J'aurais aimé lui poser toutes ces questions, mais elle parlait avec agitation, de façon précipitée, comme si elle manquait de temps. Elle parla du petit ami de Neil. Malgré moi, un léger sourire naquit à la commissure de mes lèvres alors qu'elle me faisait un clin d'oeil complice. J'étais vraiment la plus mauvaise personne à mettre dans ce genre de confidence...
Sa main trembla dans la mienne alors qu'elle fermait les yeux. Je levai les miens vers le ciel mais les baissai aussitôt, trop aveuglée. La lumière de l'astre devenait presque étouffante tant elle prenait de place. Tout avait l'air trop brillant, trop clair. Lily souleva les paupières sur ses pupilles inondées de larmes et elle essaya un sourire triste. Sa déclaration entoura mon coeur palpitant d'un halo de chaleur.
Je cueillis la larme sur sa joue sans mot dire, m'abreuvant simplement de l'immensité de son regard. Elle porta ma main à sa bouche et y déposa un doux baiser. Je me sentis frémir. Tout ce que j'espérais depuis si longtemps sans y croire, son amour sans borne. Dans l'avenir, elle me choisirait. J'avais envie de hurler de joie mais cette dernière était ternie par un profond sentiment de malaise.
"Il m'a dit que c'était sans danger. Que tu pouvais rester, si tu le souhaitais. Il y aura une lumière aveuglante à la fin. Puis tu seras à nouveau là bas."
"Qui a dit ça ?" m'enquis-je, de plus en plus perplexe. "Lily, qui t'a dit tout ça ?"
Ses mains serraient tellement les miennes que j'avais l'impression que nous n'étions plus qu'une seule chair. Cela me convenait très bien. La peur se lisait dans son regard.
"C'est beaucoup te demander, mais... tu veux bien rester avec moi jusqu'à... la fin ?"
"Bien sûr." dis-je alors qu'elle avait éludé mes questions.
Sans doute que je n'avais pas le droit de savoir, que je n'étais pas prête. Qui se permettait de décider pour moi, pour nous ? Le saurais-je un jour ? Ou tout allait-il rester un mystère ?
Au loin, des gens criaient. C'était la panique. Quelque chose allait se passer contre lequel je ne pouvais rien.
Désormais, il était presque impossible de garder les yeux ouverts. J'ignorais ce qu'il se passait au-dessus de nous mais je devinais que l'univers se déchirait. Le soleil ne dévorait pas les autres étoiles sans raison. Je baissai les paupières et me penchai pour prendre Lily dans mes bras et la serrer contre moi.
"Je suis là. N'aie pas peur." murmurai-je à son oreille.
J'embrassai sa joue avant de nicher ma tête dans son cou. Elle fit de même. Je crus l'entendre sangloter dans les derniers instants, alors que nos coeurs battaient à l'unisson, si forts que je ne savais plus lequel était le mien. Nous ne formions plus qu'une. Une seule et même personne. Je n'étais plus le double de quelqu'un. J'étais devenue la meilleure partie de Lily.
Et mes bras se refermèrent sur le vide. Tout était plus sombre sous mes paupières closes. Un vent sec fouetta mon visage. J'ouvris les yeux et réalisai que j'étais de nouveau dans le désert de sable noir, entourée par l'immensité vide et hurlante. Dans le ciel de plomb s'amoncelaient des nuages gris. Plus de soleil. Plus de chaleur.
Je chancelai dans le sable, cherchant Lily tout en sachant qu'elle n'était plus là. On me l'avait arrachée. Le ciel avait brillé trop fort. Etait-ce mon destin de la perdre ainsi ? Chavirée, je pivotai sur moi-même et sursautai en voyant un un cadavre souriant vêtu d'un costume. Il ne se tenait qu'à trois mètres de moi, ses mains squelettiques jointes tranquillement.
"Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous nous voulez ?" m'écriai-je.
J'étais à bout. Je venais de perdre Lily, d'assister à la fin du monde à laquelle je n'avais rien compris et Anatole était toujours introuvable.
Le cadavre souriant se contenta de me regarder de son regard torve et intense. Je me mordis les lèvres jusqu'au sang, les poings serrés, et m'avançai d'un pas dans sa direction. Nullement impressionné, il m'observa cette fois-ci avec une expression de profonde convoitise. Je me plantai devant lui et levai la tête pour mieux le fixer.
"Vous n'allez rien dire, n'est-ce pas ? Vous n'êtes qu'une de ses créatures. Vous n'êtes peut-être même pas doué de parole. En tous cas ce qui est sûr, c'est que je ne le laisserai plus hanter mes cauchemars."
Le cadavre souriant inclina la tête vers moi, son sourire semblant s'accentuer. Il tendit sa main décharnée vers moi mais je ne me reculai pas. Je n'avais plus peur. Je venais de voir la fin de la personne qui comptait le plus à mes yeux. Qu'existait-il de plus terrible ?
"Mes amitiés au Dragon." articulai-je entre mes dents serrées.
Mon regard incendiaire se planta dans le sien et l'instant d'après, il n'était plus qu'un tas de cendres qui s'éparpilla dans le vent.
Décontenancée, j'entrouvris la bouche, observant les cendres se mêler au sable. Etait-ce moi qui venais de...? Non, je n'avais pas voulu cela !
Je battis des cils et me retrouvai dans la rue d'une ville, de nuit. Je ne reconnaissais rien. Je pouvais être n'importe où, ou encore dans ce désert que l'on aurait déguisé. Devant moi, le visage à moitié dévoré par l'ombre, un homme s'avançait. Il portait un chapeau incliné sur sa tête et un long manteau noir. Une fois devant moi, il dégaina un sourire avant de mordre dans une pomme bien rouge qu'il avait en main.
"Elijah...?" fis-je, médusée.
Je ne l'avais jamais rencontrée, mais son visage était fermement inscrit dans les souvenirs d'Elliot. Il était la première apparence de Hadès qu'il avait rencontrée, lors de son arrivée à Storybrooke. Je n'avais encore jamais été confronté au dieu des enfers. Pour tout dire, j'évitais un peu tout le monde, ne souhaitant pas prendre trop de place.
"Vous venez de me sauver ou... vous travaillez pour le Dragon ?" demandai-je sans détour.
C'était l'une ou l'autre théorie. Rien d'autre. En tous les cas, le cadavre souriant réduit en cendres était son oeuvre, ce qui me soulageait sur un point. Je n'avais pas tué. Donner la mort à une créature mauvaise ne m'aurait pas rendu la chose plus facile à digérer. Je ne voulais pas porter atteinte à autrui. Elliot s'en chargeait très bien pour nous deux, même s'il avait des circonstances atténuantes.
Je fis un pas vers Elijah, me méfiant malgré tout tandis qu'il continuait de manger sa pomme.
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✲ Amuse toi bien douce enfant...
...pendant qu'il en est encore temps. ✲
✲ Car à l'aube du temps...
...tout prendra fin. ✲
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Je croquais dans ma pomme à pleine dent quand elle avait prononcée mon nom. Je croquais dans la chair quand elle m'avait demandée si j'étais venu pour la sauver. Je croquais dans la vie quand elle avait parlée du Dragon. Un sourire s'était dessiné sur mon visage, tandis que je croquais encore et encore, jusqu'à ce que du sang s'était mis à dégouliner de la pomme. Il avait coulé jusqu'à mes doigts, ma main, mon bras et il tombait à terre. Une âme n'avait jamais eu aussi bon goût.
Je sentais que la jeune femme avait la sensation que quelque chose n'allait pas. Elle avait reculée d'un pas et j'avais croqué une nouvelle fois, juste avant de lever les yeux dans sa direction. D'un geste de la main, la pomme était tombée à terre, réduite en cendres et j'en avais profité pour essuyer ma bouche avec le revers de ma chemise. Du sang s'y trouvait encore, du coup j'avais passé ma langue sur mes lèvres. Quel festin auquel j'avais eu droit. Mes yeux pleins d'envies scrutaient la jeune personne de la tête aux pieds.
"La petite fille."
C'était de cette manière que je l'avais appelée. C'était de cette façon que je m'adressais toujours à elle. Elle n'était rien d'autre que la petite fille qui avait jadis foulée ma terre, qui m'avait pris ce qu'on m'avait confié. L'erreur était humaine, mais je n'avais rien d'humain et elle non plus. Du coup le pardon n'était pas possible.
"Sais tu pourquoi on l'a appelé ainsi ? Sais tu combien de gens ont commis la même erreur ?" avais-je demandé en passant une dernière fois la main sur ma bouche. Il ne restait rien, c'était un régale mais bien trop court.
"Snake. Le serpent. Car il n'est rien d'autre qu'un serpent. Mais à l'époque où on lui a donné ce nom, on ne connaissait pas encore ce que signifiait le mot Dragon. Je m'en souviens comme si c'était hier."
J'avais retiré mon chapeau et je l'avais fait glisser le long de mon bras pour le rattraper dans ma main. C'était spectaculaire et tellement facile à faire quand on connaissait le truc et qu'on avait le bon chapeau.
"Tu connais déjà, tu y étais. Toi aussi tu as dû entendre le murmure, n'est ce pas ? Toutes ces voix qui se répètent à l'infini. Tous ces sons et juste un petit, insignifiant. Mais quand on tend correctement l'oreille, on l'entend."
Je m'étais approché jusqu'à elle, même si je sentais qu'elle était à deux doigts de se protéger de moi. Puis, je m'étais penché pour lui murmurer le nom à l'oreille.
"Drakôn."
Après un magnifique sourire, je m'étais détaché d'elle, faisant plusieurs pas pour rejoindre l'arbre le plus proche où j'avais déposé mon chapeau sur une petite branche assez basse, histoire de m'en servir comme porte chapeau.
"Drakôn !! Je peux te l'accorder, l'erreur est facile. On entend un nom, on ne cherche pas à comprendre et on imagine de suite cette grande créature à ailes qui crache du feu. Mais le feu n'est pas de son domaine. Loin de là. Ce n'est pas sa faute si ses entrailles sont rongés par les flammes !"
Une fois de retour face à elle, j'avais posé ma main sur son ventre et j'avais gratté légèrement mes doigts tout contre.
"Si son estomac brûle constamment ! Si sa chair est calcinée à longueur de temps ! Si ces êtres insouciants sont venus lui infliger cela alors qu'il ne faisait que sa tâche."
Autour de moi des créatures étaient apparus. Des hommes vêtus de noirs avec une tête de mort, dont les flammes ont consumés la chair.
"Regarde ! Admire l'oeuvre de tes pères ! Voilà ce qu'ils font de ce qu'ils ne comprennent pas !"
Un trône était apparu en plein milieu du champs et je m'étais assis dessus. Au début je m'étais contenté d'observer la jeune femme avec un air septique, puis un petit sourire était venu se dessiner aux coins de mes lèvres.
"Elle ne t'as pas mentis. C'est sans danger. La grande lumière et tu es à nouveau ici. Ou plutôt là bas, mais avant cela je souhaitais qu'on se rencontre. Notre toute première rencontre."
Je sentais encore son essence remonter le long de mes narines. C'était une odeur et un goût tellement exquis. J'avais humé l'air, comme si je pouvais encore m'imprégner de l'odeur.
"Son coeur était tellement pure. Un véritable... régal."
Je n'avais pas attendu que l'information lui monte au cerveau ou qu'elle réagirait de la manière qui lui semblerait le mieux. Je m'étais simplement levé d'un bond et j'étais arrivé jusqu'à devant elle. Je sentais qu'une question allait émanée de sa bouche, mais j'avais posé un doigt sur ses lèvres.
"Ne me juge pas sans savoir. J'ai quelque chose à te proposer et une réponse à te fournir. Mais avant cela, pour que ce soit clair et que mon échange ait un sens. Je vais répondre à ta question."
J'avais attendu quelques instants, avant de froncer les sourcils.
"Oui, tu y as bien assisté."
Il n'y avait pas besoin de prendre des gants quand la personne en face de vous connaissait déjà la vérité.
"Inutile que je te dise de quoi il s'agissait, tu l'as très bien compris. Et j'en suis véritablement navré. Mais le temps nous est compté et je ne pourrai pas rester ici indéfiniment. Du coup allons droit au but. J'ai quelque chose pour toi et tu as quelque chose pour moi. Ne va pas t'imaginer une multitude de choses sur ce que je pourrai te demander. La seule chose que je souhaite, c'est une promesse."
Une simple promesse qui une fois faite, pourrait changer beaucoup de choses pour la suite des événements et m'apporter beaucoup plus de chances dans le futur que je ne pourrai l'espérer.
"Tu me fais cette promesse et je te dis où."
Je savais qu'elle allait me demander plus de précisions sur ce dont j'étais en train de parler. Mais elle était futée, intelligente, bien plus surprenante que toutes les personnes que j'avais cotoyé. Elle savait déjà de quoi je voulais parler et elle connaissait déjà sa réponse.
"Je ne suis pas sûr que le lieu changerait quelque chose pour toi. Mais savoir où c'est arrivé, pourrait peut-être changer beaucoup pour elle. Te donner une chance. Et on sait tous les deux que c'est tout ce qui te reste, n'est ce pas ? Faisons notre marché."
Le temps que j'avais attendu jusqu'à aujourd'hui allait enfin payer sa dette.
"Je te donne le lieu où cela se produira et tu me fais la promesse qu'un jour, quand tu en auras l'occasion, tu m'épargneras."
J'aurai pu m'arrêter là, mais j'aimais jouer. J'aimais aller au bout des choses. Et je lui en voulais tellement que j'étais prêt à prendre tous les risques pour que le moment venu, elle se souviendrait de ce moment et de ce qu'elle avait provoquée ce jour là. Aucun pardon... de personne, même pas d'elle même ne lui serait accordé.
"Je ne vais pas te mentir. De toutes les personnes que j'ai rencontré, il n'y en a qu'une seule et unique qui est capable de me tuer. Une seule."
J'avais levé ma main et mon index. Un seul. Je voulais lui faire visualiser l'image dans sa tête. Puis, j'avais baissé ma main et mon index dans sa direction pour la désigner.
"Toi." avais-je avoué avec un petit sourire aux coins des lèvres, juste avant d'ouvrir ma main et de la tourner paume vers le haut.
"Une vie pour une vie. Je te donne la sienne, tu me laisses la mienne."
J'aurai pu m'arrêter là, mais elle savait déjà tout de moi, ou plutôt tout ce qu'on pouvait connaître.
"Tic tac... tic tac... mon offre ne durera pas. Une fois passée, le glas sonnera pour les morts."
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« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
Le sang dégoulinait de sa bouche alors qu'il venait de changer la pomme en cendres. Il passa la langue sur ses lèvres dans une attitude d'extase et me détailla de la tête aux pieds. Aucune trace de bonté dans ses yeux. Il semblait n'être qu'un amas de ténèbres.
"La petite fille."
Je frémis légèrement en entendant cette appellation. Cherchait-il à me rabaisser ? Je le fixais sans ciller, sans montrer mon inquiétude. Il savait que je craignais le Dragon, mais j'essayais de surmonter ma peur. C'était la seule solution pour triompher. Apprivoiser ses frayeurs pour ensuite les laisser derrière soi.
Elijah commença à parler, à raconter l'histoire du début. J'avais compris depuis quelques instants déjà. Il ne travaillait pas pour le Dragon, non, c'était bien pire. Plus confus, plus incompréhensible. Il était le Dragon. Comment était-ce possible qu'un dieu incarne cette créature ancienne ? Comme d'habitude, un flot de questions m'envahit et sans aucun espoir de réponse. Ce n'était certainement pas lui qui allait me les apporter. Pourtant, il mentionna les voix que j'avais entendues dans la Grande Vallée, presque imperceptibles. D'après lui, la plus insignifiante mentionnait, dans un souffle pas plus haut que le vent :
"Drakôn."
Il venait de murmurer ce mot à mon oreille. Crispée de la tête aux pieds, j'avais eu mouvement de recul. Je n'aimais pas que les gens s'approchent trop près de moi, et encore moins quelqu'un comme lui. Il sourit puis s'écarta pour accrocher son chapeau à l'arbre le plus proche. Puis, il se retrouva de nouveau face à moi et frotta mon ventre. Cette fois-ci, je me reculai pour de bon, lui lançant un regard méfiant et offensé.
Des cadavres souriants apparurent, me toisant de leurs horribles expression cordiale. L'oeuvre de mes pères ? Que voulait-il dire par là ? Puis, un trône était arrivé au milieu de nulle part, sur lequel Elijah avait pris place.
Il mentionna Lily et je me tendis de nouveau, sur la défensive. Il n'avait pas le droit de parler d'elle.
"Son coeur était tellement pur. Un véritable... régal."
Mes poings se serrèrent alors que je comprenais. La pomme qu'il avait mangée symbolisait le coeur de Lily. Il l'avait dévorée sans vergogne, sous mes yeux. Je n'avais rien fait. Je ne l'en avais pas empêchée. J'avais été trop lente pour réagir, pour saisir ce qu'il avait fait. Non... je secouai lentement la tête, prenant pleinement la mesure de toute cette horreur. Cela n'allait pas demeurer impuni.
Elijah était de nouveau face à moi, imposant et sombre. J'ouvris la bouche mais il posa un doigt contre mes lèvres. Il viendrait un temps où il paierait pour tous ses crimes.
"Oui, tu y as bien assisté."
Mon coeur manqua un battement. Je sentis quelque chose se bloquer dans ma gorge. J'aurais voulu croire que la grande lumière qui avait englobé Lily ne signifiait pas sa fin inéluctable, mais pourtant, c'était le cas. Des larmes me montèrent aux yeux. Elijah enchaîna aussitôt. Il n'avait pas de temps à perdre, alors autant piétiner mon coeur jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Il pouvait le manger d'ailleurs, je le lui aurais donné volontiers si cela pouvait enlever la douleur.
Il souhaitait une promesse, en échange il me donnerait le lieu où Lily allait trouver la mort. Un frisson parcourut mon échine tandis que je le fixais, les yeux frénétiques, le souffle court. J'étais prête à lui promettre absolument tout, même si la raison m'intimait de me montrer prudente. Il était extrêmement dangereux mais surtout très sournois, je me doutais que la promesse soit à la hauteur du "cadeau" qu'il me faisait.
Alors, il me révéla que j'étais la seule capable de le tuer. Un jour, j'en aurai la possibilité. Il me demanda de l'épargner. Je battis des cils, totalement perdue. Se moquait-il de moi ? Je l'observai d'un air accru, cherchant à démêler le vrai du faux, mais il paraissait honnête pour une fois. Il n'aurait pas demandé du vent en échange d'un tel présent. Comment pourrais-je être capable d'anéantir le Dragon, cet être impalpable qui avait causé tant de cruauté au fil des millénaires ? J'aurais aimé ne pas être à la hauteur d'une telle tache, je ne voulais pas de tout ceci. Cependant, il était un peu tard pour rêver à une existence normale... Dès ma naissance surprenante, j'avais été vouée à vivre de façon exceptionnelle, à mon grand regret.
Il avait ouvert la main vers moi, attendant ma réponse. Je déglutis avec peine tandis qu'il reprenait une phrase de la berceuse d'Eleanor, me plongeant davantage dans le désarroi et la douleur. Il savait si bien faire souffrir les autres... Sa façon de procéder en était presque artistique.
Je ne pouvais décemment pas croire que je sois un jour capable d'abréger son existence. Il devait faire erreur. Je n'étais rien... Juste Ellie, la copie. Comment aurais-je pu détruire un être aussi vieux que le monde ?
Sa main toujours était toujours tendue vers moi, frémissant d'impatience. Je craignais qu'elle se ferme et que je perde à jamais cette chance unique de sauver Lily.
J'occultai mon esprit sur toutes les vies que j'allais sacrifier pour le prix d'une seule. Oublie tout. Oublie ta conscience. Ne pense qu'à Lily. Son sourire doit éclairer le monde. C'est important.
Je posai ma main dans celle, grande et rugueuse, d'Elijah. Mes paupières s'étaient baissées. Je ne souhaitais pas voir son sourire s'accentuer, je ne voulais pas lire la victoire dans ses yeux de braises.
Brusquement, je sentis comme une lame s'enfoncer dans ma paume. Je rouvris les yeux et les baissai sur nos mains liées. Rien n'était visible, tout se vivait depuis l'intérieur de nos chairs qui se déchiraient et s'entremêlaient... Je pouvais le percevoir. Un tisonnier chauffé à blanc remuait dans ma peau. Je poussai un gémissement de douleur et essayai de me libérer de son emprise, mais Elijah garda fermement ma petite main dans la sienne.
Enfin, il me relâcha. Je tournai ma main et vis un trou béant dans ma paume, duquel s'échappait un épais filet de sang. La chaleur à l'odeur métallique coula le long de mon poignet avant de goutter au sol. Je lançai un regard paniqué à Elijah qui fixait tranquillement sa main ouverte à l'identique.
Je déglutis et baissai de nouveau le regard sur ma main ensanglantée. Elle tremblait dans l'air. La douleur avait presque disparu tant elle était profonde. Mon bras me semblait comme alourdi. Puis, peu à peu, le sang bouillonna à l'intérieur de la plaie, ondula sur les rebords et la chair se reforma. Ma main redevint intacte, même si je savais que la blessure, bien que refermée, restait béante à l'intérieur de mon âme.
Elijah regardait sa main guérie d'un air à la fois anxieux et ému, comme s'il peinait à croire que la chose se soit réellement produite. Ensuite, il ferma son poing et baissa lentement le bras. Puis il me jaugea d'un oeil appréciable :
"Tu as fait le bon choix. Même si tu ne pourras pas la sauver."
Un sourire en coin tordit sa bouche.
"Tu ne sais pas encore ce que signifie un point fixe dans le temps. A moins que tu fasses toi aussi la même erreur..."
Il resta pensif quelques instants, puis se tourna vers l'arbre pour récupérer son chapeau.
"On se revoit bientôt ? Tic..."
Il plaça le chapeau sur sa tête avant d'achever d'un ton cinglant :
"...tac."
Aussitôt, il disparut, remplacé par un jeune homme à l'air ahuri. Anatole se tenait exactement à l'endroit où s'était trouvé Elijah, et portait même son chapeau. Ce dernier, de travers, lui tombait presque sur les yeux. Il plaqua ses mains contre et le releva tout en jetant des regards déroutés autour de lui. Puis il toucha son ventre en relevant quelque peu son pull troué à maints endroits.
Je restai sur la défensive. Etait-ce une nouvelle illusion ?
"Ellie ? C'est bien toi cette fois ?"
Son regard estomaqué venait de se poser sur moi. Je m'approchai d'un pas, l'observant d'un air prudent. Il voulut s'avancer mais ses jambes le soutenaient à peine. Il faillit tomber. Je me précipitai vers lui et le retint de justesse en manquant de perdre l'équilibre à mon tour. Heureusement, ma force au-delà de la moyenne me permit de le soutenir, même s'il était tout de même très lourd.
"Ca va aller." lui dis-je, même si j'avais l'impression de mentir.
Rien n'irait jamais bien. Il y aurait toujours quelqu'un pour nous faire du mal, pour tenter de nous contrôler ou nous tromper. Cependant, Anatole avait l'air trop secoué pour que je lui dise la vérité. Il avait dû vivre des choses terribles de son côté.
J'observai les alentours, m'apercevant que nous étions de retour à Storybrooke, juste devant la maison décrépite d'Eleanor. Elijah était vraiment perfide...
"Que t'est-il arrivé ?" demandai-je à Anatole tandis qu'il essayait de retrouver son centre de gravité.
Je le lâchai dès que possible. Je n'appréciais pas une trop grande proximité. Je jetai un coup d'oeil aux alentours avant de lui prendre la main. Mieux valait aller ailleurs. La maison d'Eleanor était porteuse de souvenirs bien trop tristes. Je nous téléportai dans un salon de thé. Il était encore fermé à cette heure avancée de la nuit, mais cela ne m'empêcha pas de faire apparaître deux tasses fumantes devant nous. J'allumai une guirlande qui était accrochée autour de la vitre, juste à côté de notre table, et levai les yeux vers Anatole assis face à moi. Le reste du salon de thé était plongé dans les ténèbres, mais qu'importe. Ce genre de lieu me rassurait. Et... je n'étais pas particulièrement impatiente de rentrer à la maison qui avait été mise sans dessus dessous par les sbires du Dragon.
"Rien de tel qu'une tasse de thé pour se remettre les idées en place !" dis-je d'un ton faussement enjoué.
J'esquissai une moue navrée et plaçai mes mains autour de la tasse fumante. Soudain, je réalisai mon erreur.
"Tu... tu voulais peut-être t'allonger ? Pour te reposer. Tu peux t'allonger sur la banquette, ou alors je t'emmène dans un lit. C'est comme tu veux."
Je l'observai avec inquiétude. Je craignais pour sa santé. S'il avait été embarqué dans toute cette histoire, c'était par ma faute. Elijah avait fait tout cela pour passer un pacte avec moi. Il reviendrait bientôt pour s'acquitter de sa part du marché. Il me dirait le lieu où Lily trouverait la mort afin que je puisse changer le futur. Ses paroles me revinrent en mémoire : "un point fixe dans le temps... A moins que tu fasses toi aussi la même erreur..." La même erreur que qui ? Sans doute en savais-je déjà trop. Ou pas assez.
J'enlevai une main de la tasse pour poser mon coude sur la table et caler mon menton dans ma paume. Cette même paume qui avait saigné pour ma bien-aimée quelques instants plus tôt...
Je levai les yeux vers Anatole.
"Si tu ne veux rien dire, ce n'est pas grave. Le Dragon sait très bien s'y prendre pour nous faire garder le silence."
Je ne pouvais parler de notre accord à personne. C'était un secret que je devais garder à tous prix, pour la survie de Lily. Je me doutais que si je le racontais à quelqu'un, Elijah s'arrangerait pour que notre pacte devienne caduque. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il ne m'avait pas donné le nom du lieu. Il attendait de voir si j'étais digne de confiance.
Un soupir s'échappa de ma gorge sèche. J'avais l'impression d'avoir avalé des cendres.
"Mais si tu veux te confier, je suis une tombe en la matière." achevai-je à l'adresse du jeune homme face à moi, d'une voix inquiétante de sérénité.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
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« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
La voix me semblait familière et pourtant le visage de la vielle dame qui m'était apparu quand j'avais ouvert les yeux m'était totalement inconnu. Elle avait versée de l'eau chaude dans une tasse d'un service de porcelaine qui semblait avoir bien vécu. La laissant faire, je m'étais redressé sur le canapé, avec un mal fou au crâne.
"Tu iras mieux après un bon thé."
"C'est ce qu'aurait dit Ellie..." avais-je murmuré tout en remettant correctement mes lunettes sur mon nez. Depuis quand j'avais des lunettes ? Je les avais ôtés et je les avais posés sur la table comme si je les avais prises par erreur. Puis en regardant la vieille dame qui avait avancée la tase fumante devant moi, je m'étais dit qu'une fois encore je devais être dans un de ces endroits créé de toute pièce où on essayait de vous mettre à l'aise, de créer une atmosphère familière, afin de mieux vous appâter. Qu'est ce qui se trouvait au fond de ma tasse ? Je pouvais le voir d'ici. Ca avait été mal touillé et du coup je n'allais pas me laisser avoir. J'avais plissé les yeux, observant le contenu.
"C'est une feuille de verveine. Tu peux boire sans craintes."
J'avais levé les yeux de ma tasse pour observer mon interlocutrice. Elle semblait détendue et sereine. Elle devait déjà avoir bu... J'avais croisé mes mains devant moi, sur mes genoux et j'avais observé les alentours. Tout était ancien ici. On se serait cru chez un antiquaire. En tout cas ça ressemblait à un appartement de vielle dame avec les souvenirs de sa vie passée entassés un peu partout. Ca collait parfaitement au personnage, voir peut-être même un peu trop.
"Où est Ellie ?"
"Elle est en sécurité."
"Dites m'en plus." avais-je dit en relevant mes mains pour former un poing sous mon menton et regarder la vieille dame comme si j'attendais qu'elle me conte une histoire. En guise de simple réponse, elle m'avait sourie avant de s'asseoir plus confortablement. On me faisait perdre mon temps alors qu'Ellie était toujours dehors quelque part, en proie à cette chose qui avait voulu me dévorer l'estomac. Je m'étais levé et elle avait fait de même.
"Vous allez m'empêcher de sortir ?"
"Non."
Elle avait non seulement réponse à tout, mais en plus elle répondait immédiatement à mes questions. C'était plutôt flippant. J'avais hésité, mais rien me retenait ici. Je n'avais même pas envie de savoir pourquoi on m'y avait emmenée. Et comme je pouvais partir, je comptais bien en profiter. J'avais fait route jusqu'à la porte d'entrée et après l'avoir ouverte, j'étais sortit. Mais au bout d'une petite minute, j'avais fait marche arrière et j'avais retrouvé la vieille dame au même endroit que je l'avais laissée, debout devant le canapé.
"D'accord. On joue le jeu à fond ? Je vous pose des questions auxquels vous me répondez à côté de la plaque ou juste ce qu'il faut pour que je vous pose une autre question et ainsi de suite ? Et quand on a fini de jouer vous me dites ce que je fais ici et où se trouve Ellie ?"
"Pourquoi tu tiens tant à elle ?"
C'était bien ce que je disais. Elle allait répondre à côté de la plaque, même si sa question m'avait surpris. Je ne m'attendais pas à cela. J'aurai plus vue quelque chose comme "non, je ne cherche pas à t'embrouiller" ou "ne t'inquiète pas, tu vas la retrouver très vite". Mais ça non, pas du tout. J'avais croisé les bras et soupiré. De toute façon si je ne répondais pas, je ne pourrai pas lui poser d'autres questions et elle ne pourra pas encore une fois me répondre à côté de la plaque.
"Je ne sais pas. Ca vous va comme réponse ? Quelqu'un un peu comme vous sans doute, a voulu s'amuser avec moi et il m'a implanté une fausse mémoire. J'ai cru que j'étais amoureux d'elle et qu'on était ensemble, mais il s'est avéré que non. Enfin pour le côté ensemble, car pour le reste... de toute façon ça n'a pas d'importance. Là je vais vous demander comment partir d'ici et vous allez sans doute me demander si j'aime les pommes. Puis je vais vous répondre que non, je n'en suis pas fan. Et je vais enchaîner par autre chose et vous aussi et ainsi de suite jusqu'à ce que vous vous déciderez enfin à me dire la vérité. C'est ça ? Moi ça me va, j'ai rien de mieux à faire de toute façon."
J'étais en colère ? Peut-être un peu. Mais j'en avais marre qu'on se jouait de moi. Je m'étais assis sur le canapé et j'avais pris la tasse d'eau chaude. J'avais soufflé dessus avant de la porter à mes lèvres. Au pire c'était un poison et il allait me tuer de suite. Dans le meilleur des cas, c'était simplement un thé à la douce saveur de verveine et auquel on avait ajouté une cuillerée de miel vue le goût sucré. Bon sang que c'était bon.
"Ah d'accord... En fait vous vouliez m'amadouer avec du thé."
Je pensais que c'était juste avec l'ambiance et le mode vieillot. Mais je me trompais. J'avais reposé la tasse et je m'étais assis confortablement, écartant mes bras pour les appuyer contre le dossier du canapé. La vieille dame m'avait sourie, sans doute fière d'elle, avant de venir s'asseoir une nouvelle fois en face de moi et de se servir une tasse de thé.
"Je crois que le mieux pour toi serait de t'éloigner d'elle."
Je m'étais contenté de hocher la tête. On en venait enfin au fait. Elle allait ensuite me proposer de l'abandonner à son triste sort et de retourner à Storybrooke comme si de rien était. Mieux encore ! Elle allait me promettre de pouvoir repartir sain et sauf. C'était trop tentant !
"Elle ne cherche pas à te faire du mal. Mais il se pourrait que sans le vouloir, ses choix pourraient t'affecter et te causer beaucoup de tords."
J'adorais recevoir des conseils de parfait inconnus. J'avais pris une nouvelle fois la tasse de thé et je l'avais bu cul sec. L'eau n'étais pas si chaude que ça. Tout en reposant la tasse, j'avais la sensation de voir un petit sourire sur le visage de la vieille dame. C'était bien un thé empoissoné ! J'avais raison ! Même si je ne ressentais pas encore les effets du poison.
"Ce sont celles d'un ami."[/b] avait-elle dit en désignant les lunettes posées sur la table basse. J'avais levé les yeux au ciel avant de me lever une nouvelle fois. Cette fois ci elle était restée assise.
"Et si on arrêtait de jouer ? On pourrait continuer encore longtemps, mais je n'en ai pas envie. Dites moi ce que je dois faire pour partir d'ici. Manger moi un autre morceau d'estomac ou je ne sais quoi ! ..." avais-je dit en levant mon pull et ma chemise. Bon sang on m'avait déguisé comme un pingouin !
"... Mais je vous serai reconnaissant de vous dépêcher. De toute façon vous ne comptez pas me tuer, sinon vous l'auriez déjà fait."
Elle s'était levée, tandis que je tenais toujours fermement le bas de ma chemise et de mon pull. Elle allait vraiment manger un morceau de moi ? Pourquoi je l'avais poussée à le faire ? Je n'avais pas envie de sentir une nouvelle fois cette sensation. En tout cas qu'elle allait le faire ou non, elle s'était approchée de moi et elle avait posée ses deux mains sur les côtés de mon pull et de ma chemise. Elle tenait le tout avec moi et j'avais jugé inutile de le tenir avec elle, du coup j'avais redescendu ma main.
Ce qui était en train de se passer était véritablement bizarre. Elle avait fait descendre mes habits, histoire de les remettre en place, puis elle avait passée une main au niveau de mon ventre pour retirer un faux plis. Une sensation étrange s'était emparée de moi et je ne sentais même plus la douleur dans ma tête tellement que tout ceci paraissait bizarre et que ça avait totalement accaparé mon esprit.
"Là c'est vraiment bizarre."
Ca m'avait totalement échappé, mais ça semblait l'amuser, car elle aussi avait laissée échapper quelque chose. C'était un sourire, juste aux coins de ses lèvres. Puis elle avait levée les yeux vers moi.
[i]"Fais attention à toi."
Maintenant...
La vieille dame avait perdu son petit sourire et elle m'avait regardée d'un air grave tandis que je me sentais vaciller. Fort heureusement j'avais réussi à retrouver mon équilibre et quelque chose s'était trouvé sur ma tête. J'avais sentis une personne me le mettre et quand j'avais regardé devant moi, il y avait Ellie qui se tenait là.
"Ellie ? C'est bien toi cette fois ?"
J'avais failli perdre une nouvelle fois l'équilibre et elle s'était précipitée vers moi pour m'empêcher de tomber. Une sensation étrange c'était emparé de moi quand elle m'avait touchée et je savais que c'était elle. Ca ne pouvait être qu'elle. Je lui avais souris, car j'allais bien. On était à nouveau réunis. Elle s'était détachée de moi, juste avant de me prendre la main. J'avais à peine pu voir l'endroit où on se trouvait avant de me retrouver nez à nez avec un salon de thé. C'était une étrange coïncidence.
On était entré, même s'il semblait fermé. Ellie avait utilisée son don pour tout allumer et pour nous trouver du thé. Elle semblait perturbée par le fait qu'elle m'avait emmenée ici plutôt que dans un lit. Ca avait eu pour effet de me faire sourire une nouvelle fois. Depuis que j'étais revenu, je n'avais pas encore ouvert la bouche, mais j'essayais d'emmagasiner et surtout de comprendre ce qui venait de m'arriver. Tout était si bizarre, si... habituel à dire vrai. Car depuis le premier jour où j'étais réellement tombé sur Ellie, tout m'avait paru étrange. Il nous arrivait toujours quelque chose, même le soir on je faisais ma pendaison de crémaillère. Peut-être que la vieille dame avait raison. Je n'étais pas en sécurité avec la jeune femme, mais d'un côté j'aimais vivre dangereusement. Ou plutôt j'acceptais le fait de prendre ce risque si c'était pour me retrouver auprès d'elle.
"Si tu veux te confier, je suis une tombe en la matière."
A sa proposition j'avais souris une nouvelle fois, avant de prendre un air plus sérieux et de regarder en direction de la tasse fumante qu'elle m'avait préparée. Elle aimait son thé bien chaud.
"J'ai pris un appartement pour m'éloigner de toi."
Ce n'était peut-être pas la meilleure des approches pour lui dire ce que je souhaitais lui dire.
"Je n'ai pas de souvenirs, pas de passé. Je n'ai aucune idée d'où je viens, qui je suis. Je sais simplement qu'il s'est passé quelque chose et que cette chose m'a rapproché de toi. Est ce que ma vie a un sens ? Est ce qu'elle va s'arrêter demain ? Je n'ai pas les réponses à ces questions. Mais je suis là, aujourd'hui, dans ce salon de thé, et tout ça parce que je l'ai décidé."
Je n'avais pas choisi de me faire grignoter le ventre, ni même de tomber dans un trou. Mais ce thé c'était ma décision. Elle m'avait conduit ici et je pouvais partir à tout moment. J'étais libre de mes mouvements. Si je restais, c'était parce que je le souhaitais. Elle n'était pas responsable de si on allait se faire kidnapper dans ce salon de thé ou pas, ou si de la porte des toilettes des hommes avec un crâne déformé en sortiraient, une hache à la main. J'avais mon libre arbitre quand j'étais avec elle.
"J'ai peur, c'est évident. Qui n'aurait pas peur face à quelque chose qu'il n'est pas capable de contrôler ? Mais le Dragon ou qu'importe ce qu'est cette chose, il ne m'effraye pas du tout. Il peut nous expédier dans une ville fantôme, ou nous envoyer une armée de gens bizarres, mais ça ne change rien au fait qu'à chaque fois on se retrouve là, autour d'une tasse de thé. Je ne crois pas qu'il est réellement capable de nous faire du mal. Ou alors il est simplement pas doué. Quoi qu'il en soit, il a juste tenté de nous faire peur et ça a bien marché sur le moment, mais plus maintenant."
J'avais approché ma main de celle d'Ellie, posée sur la table, et je l'avais posée sur la sienne.
"J'ai peur de te perdre. Ca c'est une réalité. J'ai peur de perdre les seuls souvenirs réels que je me suis construit. J'ai peur de ne jamais découvrir qui je suis réellement. Mais je n'ai pas peur de lui. On lui a déjà mis la raclée une fois et je me sens prêt à recommencer s'il le faut. Je ne sais pas ce qu'il t'as dit, ce qu'il t'a montré, mais il a juste tenté de te faire peur. Tu ne dois pas avoir peur de lui, car contrairement à lui, tu n'es pas seule. D'ailleurs je ne sais pas s'il nous espionne, s'il peut nous entendre ou non, mais si c'est le cas, il sait déjà que s'il tente une nouvelle fois quelque chose contre nous, il perdra encore. Encore et encore, car on ne sera jamais seul. On a des amis, tu as de la famille. On a des gens pour qui on compte et on a des gens pour qui on sera toujours là. On forme un cercle et il est juste un petit point qui essaye de détruire notre cercle. Mais un cercle a ni début, ni fin. C'est puissant, fort et ça protège les gens qui sont à l'intérieur de ce cercle. Lui est dehors."
Tout en parlant de mon cercle, j'avais avec mon autre main - celle qui n'était pas posé sur la main de la jeune femme - déplacé divers objets qui se trouvaient sur la table pour les mettre en cercle autour de nos deux mains.
"Si tu n'as rien contre, je serai toujours dans ce cercle. Et il ne pourra jamais entrer dedans." avais-je achevé avec un petit sourire confiant.
"Et je n'ai rien contre un bon lit. Si ta proposition tiens toujours."
Ce n'était pas une proposition indécente. Elle était petite, ça aurait été bizarre et ce n'était pas mon genre. Mais elle avait parlée de s'allonger et je commençais à avoir à nouveau un peu mal au crâne. Un peu de repos nous ferait le plus grand bien. Même si je savais qu'elle ne pouvait pas dormir. Mais elle allait surement prendre un livre.
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« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
Un cercle n'a ni début, ni fin. Il est puissant, il se renforce avec les personnes dont on se rapproche, avec lesquelles on crée des liens.
Mais il arrive toujours une tragédie qui détériore le cercle, qui le métamorphose en rocher impossible à soulever. Alors, le cercle devient un fardeau. On doit s'en déposséder, s'en éloigner le plus possible. Cette partie est la plus ardue car une fois que l'on est entré dans le cercle, il est très difficile d'en sortir.
Trop de souvenirs y sont entrés, trop de mémoire utilisée dans le cerveau. On ne peut se détacher du passé.
Voilà à quoi ressemble la mort de l'esprit.
J'étais allongée sur le lit, les bras croisés sur ma poitrine, fixant le plafond d'un oeil vide. Ma chambre baignait dans une lumière blafarde et terne. Impossible de savoir si c'était le lever du jour ou le début de la nuit. Voilà bien des jours que j'avais perdu la notion du temps. J'étais là, c'était tout. Je ne faisais qu'exister, respirer puisqu'il le fallait. Je n'attendais rien de plus. J'avais été bien sotte d'imaginer que je méritais davantage. Que pouvait espérer un double ? J'avais eu déjà tant de chance de pouvoir me baigner dans la chaleur de son sourire. J'aurais dû m'en contenter. Hélas, l'imaginaire était trop gourmand, et l'espoir, pire que tout, s'était nourri de cet imaginaire. J'avais anticipé un avenir qui n'existerait jamais et me retrouvai seule et abandonnée, à la croisée des chemins. Par mon unique faute.
Les murs tremblaient presque sous la violence de la voix de la soprano. J'écoutais La Traviata en boucle et le plus fort possible, afin de ne plus penser. C'était seulement dans les bras de cette musique que je parvenais à échapper à tout le reste. L'espace de quelques heures, je me laissais bercer. Je n'étais plus Ellie, je devenais de simples notes qui voletaient dans les airs. C'était dans ces moments-là que je me sentais le mieux. Je ne trouvais plus aucun répit dans mes lectures. Je lisais toujours -en témoignaient les divers piles d'ouvrages sur le sol- mais plus rien ne me transportait suffisamment loin. Quelque chose s'était brisé depuis le vingt-quatre décembre. J'étais partie comme une ombre, juste avant que la fête ne débute. Nul ne s'était aperçu de mon absence, j'en étais persuadée. Depuis, je vivais recluse dans cette chambre. Je ne mangeais plus et je n'en ressentais pas le besoin. Pour tout dire, je ne me levais plus de mon lit.
Le final de La Traviata s'acheva et je perçus alors une autre présence dans la pièce. Très peu de monde était venu dans la maison depuis le mariage. Lily et Elliot étaient sûrement partis en voyage de noces.
Sans me donner la peine de me redresser, je tournai la tête vers la porte entrouverte. Derrière la silhouette qui venait d'entrer, j'aperçus plusieurs plateaux garnis de cookies et de verres de lait. Avait-on voulu m'apporter de la nourriture sans pour autant me déranger ? J'avais perçu une présence à différents moments ces derniers jours, mais je n'avais pas eu le courage d'ouvrir. Je n'avais tout simplement pas la force mentale de me confronter à d'autres personnes.
Je battis des cils en reconnaissant Anatole. Comment avait-il réussi à fracturer la serrure ? J'étais certaine d'avoir fermé la porte à clé.
"C'est bien que tu aies ouvert." déclarai-je posément.
Ma voix me semblait rauque, mal accordée. Il faut dire que je n'avais pas parlé depuis cette fameuse soirée.
"Il est temps que j'aille prendre de nouveaux livres. Je n'ai plus rien à lire."
Pourtant, je n'esquissai aucun geste pour me lever. Je n'en avais pas le courage. Affronter le monde extérieur, recommencer à vivre... à quoi bon ? En me concentrant, je pouvais faire apparaître les ouvrages que je voulais. Hélas, mon cerveau était trop vide pour espérer une quelconque illumination.
Le CD de La Traviata se relança tout seul, résonnant dans la pièce en me rendant presque sourde. Anatole sursauta. Pourquoi était-il venu ? Il m'avait dit qu'il avait pris un appartement pour s'éloigner de moi, alors que faisait-il ici ? J'avais accepté tout ce qu'il avait dit. Il faisait partie du cercle mais ce dernier était brisé. Que pouvait-on encore espérer ?
Je levai une main et la passai contre mon visage en soupirant.
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Anatole Cassini
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Ce qui lui confère suffisamment
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| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
Je faisais les cent pas dans la cuisine tandis que la jeune femme plongeait une nouvelle fois sa cuillère dans le bol de Noël qu'elle tenait dans ses mains. Il y avait un renne dessus avec noté "Joyeuses Fêtes". Je ne trouvais pas que les fêtes étaient si joyeuses que cela. D'ailleurs pourquoi les gens achetaient ce genre d'objets qu'ils ne pouvaient utiliser qu'à cette période de l'année ? Je voyais mal Neil sortir dehors, s'allonger sur une chaise longue dans le jardin, en plein mois de juillet avec ce bol dans les mains. C'était une dépense inutile et... à dire vrai ça n'avait pas d'importance vue qu'un dieu pouvait faire apparaître autant d'argent et d'objets qu'il souhaitait.
"Tu dechrais aller la chvoir." avait-elle dit en avalant ce qu'elle avait dans la bouche, juste avant de se mettre à rire en se rendant compte que ça ne ressemblait à rien la façon dont elle l'avait dit. Je l'avais observée prendre une serviette pour s'essuyer les lèvres et je m'étais contenté de secouer la tête d'un geste las. Elle était adorable quand elle voulait, mais aussi très écœurante.
"Elle a fermée sa porte à clef, je doute qu'elle ait envie qu'on la dérange."
"Et depuis quand une clef est un obstacle ?"
"A dire vrai ce n'est pas la clef qui en est un, mais la porte."
Cette fois ci c'était elle qui avait secouée la tête tout en achevant son exercice par un petit sourire. Puis, je m'étais remis à faire les cent pas et elle avait mis son bol dans le lavabo avant de faire couler de l'eau et de le rincer. Une fois posé sur l'évier, elle m'avait lancée un torchon avec un petit regard plein de défi. C'était à mon tour de secouer la tête avant de m'approcher d'elle pour prendre le bol et de commencer à l'essuyer.
"Elle veut être tranquille, au calme. Et c'est tout a fait compréhensible après ce par quoi elle est passée. Le mariage de Lily et d'Elliot c'était super, mais ça l'a totalement détruite. Lily aurait dû mieux la préparer au lieu de lui balancer ça comme ça le jour même. C'était..."
Je manquais aussi cruellement de tact. J'avais totalement zappé que la demi déesse qui se tenait devant moi était justement la fille de Elliot et Lily.
"Je suis désolé. Je sais que pour toi c'est une merveilleuse chose. Je ne devrais pas te gâcher ton plaisir."
J'avais fait un pas vers elle, sans doute pour la prendre dans mes bras, avant de me rappeler que j'essuyais un bol. Du coup je m'étais plutôt dirigé vers l’armoire pour le ranger et j'avais posé le torchon sur l'évier, m'appuyant quelques secondes dessus, avant de relever la tête pour voir par la fenêtre. Il neigeait depuis déjà quelques jours. C'était merveilleux d'avoir un Noël blanc.
"Tu as bien dit qu'elle ne faisait pas partie de ton futur ? Et du coup moi non plus ?" avais-je dit en me tournant vers la jeune femme et en soupirant. Je savais qu'elle mentait ou plutôt qu'elle ne pouvait pas nous dire la vérité. Mais c'était cruel de devoir attendre sans savoir. Tout comme ça devait être horrible de tout savoir et de ne rien pouvoir dire.
"Merci."
Elle semblait surprise par ce que je venais de lui dire et elle avait plissée les yeux, comme si elle voulait une explication à mes remerciements.
"Le fait que tu... enfin que tu n'as pas peur de moi ou que tu sois toujours gentille avec. Ca montre que je ne vais pas rejoindre le mauvais côté de la force et que... oh bon sang, faut que j'arrête de passer mes journées au cinéma pour tuer le temps."
Elle s'était mise à rire avant de s'approcher de moi et de passer ses deux bras autour de mon torse. Ca c'était du câlin. J'avais posé mes mains dans son dos et tapoté plusieurs fois. Puis elle m'avait fait une bise sur la joue avant de se reculer. Non... je n'étais pas tout rouge. Absolument pas !
"Allez, va la voir jeune Padawan. Je sens que la force est avec toi aujourd'hui."
Je n'avais pas pu m'empêcher de sourire avant de la quitter pour me rendre devant la porte de la jeune femme. J'avais vérifié qu'elle était fermée, juste avant d'entendre un petit cliquetis. Ca aurait pu être Ellie qui m'aurait ouvert de l'autre côté de la porte, mais je me doutais que cette aide venait de quelque part plus bas dans la maison. Ou alors la force était vraiment puissante dans ma vie. J'étais peut-être le fils de Luke ou Leia.
Ellie se tenait là sur le lit, allongée, totalement avachie. Elle avait tournée la tête dans ma direction me disant que j'avais bien fait d'ouvrir. J'aurai bien sortit une réplique à la Star Wars pour rester dans le thème, mais ce n'était peut-être pas le bon moment. Quoi qu'il en était, elle était toujours vivante et en bonne santé, vue que sa première phrase incluait les mots "livres" et "nouveaux". Elle voulait passer à autre chose et du coup lire de nouveaux livres et pas relire encore une fois ceux qu'elle préférait.
"Tu penses quoi de Divergente ? Ca ne te tenterait pas de le relire ?" avais-je dit en croisant les bras, le regard plein de défis, car je savais qu'elle n'avait pas supportée ce roman.
"Je sais que l'auteur a gâché son roman, mais d'un côté, ça collerait bien à la situation actuelle, vue que tu restes allongée sur ton lit à gâcher ta vie. Ou plutôt à gâcher ton temps. Parce que je trouve que ça a un côté très profiteuse. Tu laisses les autres faire la corvée de ménage, repassage, nettoyage et vaisselle et toi tu te la coules douce. On est très loin de la Ellie qui était pour l'égalité. Sérieusement, je reviens de la cuisine où la pauvre Neil se plaignait de devoir tout faire toute seule depuis déjà plusieurs jours, au lieu d'aller profiter de la neige au dehors."
D'ailleurs en parlant de neige, on ne voyait pratiquement rien dans cette pièce. Je m'étais approché de la fenêtre pour l'ouvrir et pousser les volets. Il fallait laisser la clarté du soleil entrer. J'avais entendu un grognement provenir du lit.
"Pas de caprices. C'est Noël et bientôt la nouvelle année. On doit prendre de bonnes résolutions. Et l'une d'entre elle c'est de voir une dernière fois le soleil en 2015. D'ailleurs tu vas t'habiller et on va sortir."
Je m'étais dirigé vers son armoire à linge et j'avais observé toutes les grandes tailles qu'elle possédait, passant ma main sur un de ses tshirt tout en souriant. Je revoyais son visage, son sourire, tous ce qui faisait d'elle ce qu'elle était. Puis, j'avais soupiré avant de prendre une taille plus petite et de m'approcher avec en direction du lit, avant de déposer les habits dessus.
"Je me tourne, tu enfiles ça, tu te trouves des gants, une écharpe, un bonnet et on sort faire un bonhomme de neige. Allez ! Je voudrais un bonhomme de neige !"
Oui, j'étais sérieux ! J'avais chantonné la dernière partie de ma phrase. Et sans attendre de réponse de la jeune femme, je m'étais dirigé vers le couloir pour rassembler les plateaux repas en un, voir même deux vue le contenu et les ramener sur le bureau dans la chambre d'Ellie. Tellement de gâchis, c'était pas croyable. J'avais piqué deux cookies dans le plateau repas qui datait du jour même. Je savais lequel c'était vue que c'était moi même qui les avait préparé. Puis, j'avais tendu un cookies à la jeune femme avant d'entamer le miens.
"Et ne me dit pas que la cuisson n'est pas bonne, car c'est la dernière fournée en date, du coup j'ai largement eu le temps de m'améliorer."
C'est vrai que quand on voyait la tête des premiers cookies sur le tout premier plateau repas, on pouvait comprendre aisément qu'elle n'en avait pas mangée. En tout cas ceux là étaient bons et j'avais continué à manger le miens, passant une main en dessous du cookies pour ne pas faire tomber de miettes. Au bout de quelques secondes, tandis qu'Ellie me regardait sans rien dire, j'avais pigé le truc et je m'étais tourné. Je lui avais dit que je le ferai pour la laisser s'habiller. Elle n'avait plus aucune raison de ne pas le faire.
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« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
Je m'étais crispée lorsque Anatole avait évoqué la saga Divergente. Tout le monde savait que j'en avais détesté la fin au point d'avoir projeté le roman contre le mur -et d'avoir causé un trou. Neil s'était chargée d'en informer tout le monde. Lorsque l'une de mes lectures me décevait, mieux valait ne plus jamais la mentionner car je pouvais argumenter des heures pour expliquer ce qui m'agaçait.
Je compris que le jeune homme en avait parlé uniquement pour me faire réagir sur quelque chose, pour que je cesse de rester amorphe. Je fermai brièvement les yeux, la main toujours posée contre mon front. Le plafond me semblait pourtant idéal pour y peindre mes idées noires. Certes, je savais que tôt ou tard, il faudrait que je sorte de cette chambre, mais rien ne pressait. Anatole avait l'air de penser que cela devait être aujourd'hui.
Je ne rétorquai rien en l'entendant prétendre que Neil devait entretenir la maison seule. Oh, cela devait être éreintant en effet de claquer des doigts pour tout ranger ou nettoyer. Je me contentai de lever les yeux au ciel.
Anatole avait ouvert la fenêtre et levé les rideaux. La clarté du jour avait jailli dans la pièce et j'avais attrapé un oreiller pour le plaquer contre mon visage en grognant légèrement. Pendant ce temps, le jeune homme en avait profité pour faire le tour de mon armoire et en sortir des vêtements à ma taille. Je l'avais observé par-dessous le coussin, d'un air oblique. Il les posa au bord du lit avant de rassembler tous les plateaux de cookies en un seul, et de croquer dans l'un des biscuits. Il m'en tendit un que je pris de mauvaise grâce, tout en m'asseyant en tailleur sur le lit, l'oreiller sur mes jambes. J'appris que c'était lui qui avait fait les cookies, ce dont je me doutais. J'avais énormément perçu sa présence dans le couloir, ces derniers jours. C'était à n'y rien comprendre...
Il grignotait son cookie le plus proprement du monde, tenant son autre main en coupe afin qu'aucune miette ne touche le sol. J'avais déjà englouti le mien. Même si je ne ressentais jamais la faim, mon estomac me semblait être un puits sans fond.
Je le fixais avec insistance, et il comprit enfin où je voulais en venir car il me tourna le dos. Tout de même ! Ce n'était pas trop tôt ! S'il voulait que je mette le nez dehors, il fallait que je change ! Un léger sourire passa sur mon visage alors que je faisais apparaître les vêtements directement sur moi. Un sweat-shirt ainsi qu'un jean trop large remplacèrent mon pyjama à carreaux. Inutile de perdre du temps à se changer quand on peut le faire par la pensée, mais... j'appréciais qu'Anatole respecte la politesse et la pudeur. J'ajoutai un manteau, une écharpe -enfonçai mon cher bonnet sur mon crâne- ainsi que des bottes en plastique à ma panoplie et me levai du lit pour me placer derrière lui. Là, je me mis sur la pointe des pieds et tapotai son épaule afin qu'il se retourne.
Nous apparûmes directement dans le jardin, derrière la maison de Lily et Elliot. Par ce simple contact, je nous avais téléportés. J'en profitai pour disparaître et me cacher derrière un arbre. S'il voulait que je prenne l'air, il devait en payer les conséquences ! J'avais déjà une idée pour lui faire regretter de m'avoir délogée de mon lit.
Je me penchai pour ramasser un peu de neige et confectionner une boule bien compacte. Après quoi, je visai Anatole qui me cherchait en tournant sur lui-même comme un charmant ahuri, à quelques mètres de là. Plissant des yeux, je le visai et lançai.
La boule de neige le percuta de plein fouet, lui arrachant un cri surpris. "Il faut vous acheter des lunettes, Monsieur Cookies !" fis-je en m'esclaffant.
Je me retournai et plaquai mon dos contre l'arbre, étouffant le reste de mon rire entre mes gants glacés et humides. J'entendis des pas précipités mais je disparus de nouveau. Me téléportant à l'autre bout du jardin, je formai une nouvelle boule. Me redressant, j'observai de tous côtés, les sourcils froncés. Où était-il passé ? J'avais décidé d'ignorer sa présence que je percevais, afin que le jeu soit un minimum équitable... même si je ne pouvais m'empêcher de me téléporter. C'était trop tentant.
Un rythme palpitant me parvint peu à peu contre mes tempes, et dans mon ventre, et dans ma poitrine. Un coeur battait sous la banquise de mon chagrin. Il s'était réveillé. La tristesse s'envolait pour un temps, sans besoin de La Traviata ni d'un autre air d'opéra. C'était grâce à autre chose. A un jeu qui m'était venu spontanément.
Je levai les yeux vers le ciel immaculé duquel tombait de minuscules flocons. L'un d'entre eux s'écrasa contre mon nez et je frissonnai.
Brusquement, je reçus une claque glacée en plein visage. Je suffoquai et restai figée sur place, la bouche entrouverte. Je battis des cils en m'apercevant que l'on m'avait lancé une boule de neige. Ah... quelle sensation effroyable !
La propre boule dans ma main était presque fondue. Je me penchai pour en faire une autre et chercher Anatole. Ca, il ne l'emporterait pas au paradis ! "Montre-toi ! Viens m'affronter si tu l'oses !" tonnai-je d'un ton faussement menaçant tandis que j'abordais une démarche de canard avec mes bottes qui s'enfonçaient dans la poudreuse.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
Une petite main m'avait tapotée l'épaule. Quand j'avais tourné la tête, c'était Ellie. Qui ça aurait pû être d'autre vue qu'on était tout seul dans cette chambre. J'avais penché la tête pour voir ses pieds, car je trouvais amusant qu'elle m'avait tapotée l'épaule au lieu du dos, vue notre différence de taille. Déjà grande elle était petite, mais petite elle l'était encore plus. Elle avait dû se mettre sur la pointe des pieds et c'était en penchant la tête que j'avais pu voir ses bottes en plastique rouge. Un petit sourire s'était dessiné sur mon visage.
"Paddington." avais-je murmuré. Le petit ours des bandes dessinées avait les même chaussures. Je me demandais s'il faisait partit des lecteurs de la jeune femme. A dire vrai je me demandais également si il faisait partit des habitants de cette ville. Quel visage avait il en vrai ? Ou plutôt en faux, vue qu'ici tout n'était qu'illusion. A l'exception des habitants du monde au delà des frontières de cette ville. Comme par exemple la jeune femme qui se tenait devant moi et à qui j'avais souris une seconde fois.
On était arrivé dans le jardin grâce au pouvoir de téléportation d'Ellie. A peine avions nous posé les pieds dans la neige, qu'elle avait disparue. Alors elle voulait se la jouait partie de cache cache ? Ca ne me dérangeait pas. Au contraire, ça me surprenait même qu'elle ait envie de jouer. Je m'étais tourné dans tous les sens pour la chercher du regard avant de pencher la tête juste à temps. Elle m'avait envoyée une boule de neige dessus. J'avais laissé échapper un petit cri surpris. C'était pas très fair play de m'attaquer sans se montrer. Quoi qu'il en soit, le surnom qu'elle m'avait donnée était amusant et ça m'avait fait rire.
Je m'étais précipité vers un arbre d'où émanait du bruit. Mais une fois devant, ou plutôt derrière, il n'y avait personne. C'était vraiment pas du jeu si je n'arrivais pas à la voir et si elle pouvait disparaître à tout moment. Il m'avait fallu quelques secondes et une nouvelle boule de neige, vue que la précédente avait commencée à fondre, avant de l'apercevoir au loin. Elle était cachée, mais sans doute qu'à force d'être perdue dans ses pensées, à observer le ciel, elle n'avait pas remarquée que sa cachette n'était pas si parfaite que cela. J'aurai bien voulu lui lancer la boule de neige dessus, mais ça l'aurait sortie de ses pensées. Elle était magnifique quand elle rêvait.
En tournant tout doucement la tête en direction d'un autre endroit du jardin, j'avais vue une autre jeune femme blonde avec un petit sourire et une boule de neige en main. Elle avait mis un doigt de sa main vide devant sa bouche pour me faire comprendre de ne pas parler. Je lui avais rendu son sourire tout en l'observant jeter sa boule de neige en direction de Ellie. La pauvre l'avait eu en plein sur la joue. On s'était caché tous les deux derrière un arbre, chacun à un bout du jardin.
"Montre-toi ! Viens m'affronter si tu l'oses !"
J'étais sortit quelques secondes de ma cachette pour faire un grand sourire à Ellie avant d'éviter sa boule de neige et de me remettre derrière mon arbre. Elle savait désormais où j'étais. Et pourtant, au bout de quelques pas de la jeune femme dans ma direction, je m'étais retrouvé derrière elle, la main de Neil posée sur mon épaule et j'avais pu lui lancer une boule de neige dans le dos. Puis, j'avais levé la main, paume ouverte en direction de la nouvelle venue qui avait tapée dedans.
"C'est bien plus amusant quand on peut se déplacer tous les deux, n'est ce pas ?"
"Je trouve aussi."
"Tu sais ce qui est amusant aussi ?"
"Vas y, dit."
"C'est quand on se retrouve à deux contre une seule personne. Tu en penses quoi Cassandre ?"
"Hum... Laisse moi réfléchir le temps de faire une nouvelle boule de neige."
La jeune femme s'était penchée pour en faire une et j'avais fait de même. Je sentais que Ellie n'était pas contente qu'on était deux contre elle, mais elle avait triché la première.
"On pourrait lui laisser le temps d'en faire une aussi." avais-je dit en jetant un petit regard en direction de Neil. "Ou pas."
Ma boule avait été envoyée illico sur l'épaule de la jeune femme et celle de Neil sur sa jambe. Elle était recouverte de neige et nous on se contentait de rigoler. Tandis que Ellie formait une nouvelle boule de neige, la jeune femme s'était penchée vers moi pour me faire une bise froide sur la joue.
"Amusez vous bien."
"Attends ! Tu ne vas pas me laisser seul. Elle va tricher à nouveau !" m'étais-je exclamé, mais Neil était déjà partie.
"Ok ok... Les boules c'était pas mon idée. La triche non plus. Tu pourrais me laisser le temps de former une nouvelle boule. On a été sympa avec toi. Enfin pas cette fois, mais on pourrait l'être la prochaine fois."
Je m'étais reculé le plus possible, me retrouvant dos contre un arbre. Elle n'allait pas vraiment lancé cette boule qui grossissait à vue d'oeil ?