Je marchais doucement, la tenant comme si elle était une poupée en porcelaine entre mes bras, ne voulant pas risquer de la blesser ou de faire quelque chose qu'elle trouverait désagréable. J'étais étrangement préventif et doux avec elle, des qualités que je n'avais pas usé depuis des années et des années. Depuis quasiment trente ans, pour être exact. Un sentiment de trahison m'étreignit lorsque je pensais soudainement à Marianne et Roland, qui reposaient côte à côte dans le cimetière de Storybrook. Calmant ma respiration en la calquant sur celle de Regina, je chassais une nouvelle fois ces pensées noires de mon esprit: j'avais souffert pendant plus de vingt-huit ans, j'avais maintenant le droit de passer à autre chose. Je le méritais, me convainquis-je en reprenant confiance en moi. La Mills me souriait toujours, d'un sourire honnête et profond, et rien que la vision d'un être heureux grâce à... grâce à moi me rendit complètement euphorique. A vrai dire, je ne pensais pas pouvoir être plus heureux, jusqu'au moment où deux petits mots s'échappèrent des lèvres de ma reine.

- Je t'aime... dit-elle alors que son regard se perdait dans le mien.

Il me sembla - durant quelques secondes - que mon cœur s'arrêta de battre. Littéralement. Cela faisait tellement d'années que ces deux mots ne m'avaient jamais été adressé. Pendant un instant, je me demandais si toute cette rencontre, la balade en bateau et, et si son amour pour moi n'était qu'un rêve parmi tant d'autres. Je clignais une fois des yeux, me rendant bel et bien compte que j'étais éveillé, et que toute cette situation était réelle. Pour la première fois depuis longtemps, je me rendis compte que j'avais finalement une chance d'être heureux. Pour la première fois depuis que j'étais arrivée sur ce monde, j'avais une chance de changer ma vie en quelque chose de merveilleux. Ironique que ce changement soit possible grâce à l'aide de celle qui m'avait envoyé sur Terre, vous ne trouvez pas?!

- Je t'aime. répondis-je à mon tour en l'embrassant une fois de plus.

Nous étions maintenant arrivés à côté du petit bateau, et je la faisais passer par-dessus la rambarde de bord avant de la déposer délicatement sur le pont, puis je la rejoignais à mon tour d'un bond élégant. Certes, nous devrions nous rhabiller avant de retourner en ville. Certes, je devrais une fois de plus trafiquer le système de commande de notre petit bolide. Certes, nous devrions nous presser un peu pour éviter de nous prendre de la pluie en pleine tête. Certes, je devrais penser à tout cela, mais je m'empressais de la pousser dans une embrassade, mes deux bras entourant sa taille et je l'embrassais encore.

- Je t'aime, je t'aime, je t'aime... répétais-je en boucle contre ses lèvres. Je t'aime. terminais-je finalement, sûr de moi.

Oui, j'étais sûr et certain. Je l'aimais, elle m'aimait et je ne voulais pas que cette histoire se termine maintenant. A vrai dire, je voulais que cette histoire ne se termine jamais. Plus jamais. Après avoir enfiler nos vêtements, repris le contrôle du bateau, je conduisais à tire d'aile vers le porte de la petite ville du Maine, me sentant bien plus léger que lorsque je l'avais quitté...

© Gasmask