La journée n'avait rien d'extraordinaire mais elle suffisait à contenter Amelia Peters, qui était toujours ravie de confectionner de quoi ravir les papilles des habitants de Storybrooke. Pour cette ancienne lionne, c'était d'ailleurs un comble car du temps de la savane elle ne ramenait pas tellement de nourriture. Mais à présent, elle s'était fait un nom dans ce domaine, comme si le sort noir avait voulu faire un pied de nez au destin.
Malheureusement, ce métier ne lui permettait pas de voir beaucoup de monde. Bien sûr, il y avait les clients, qui étaient nombreux, signe que l'affaire tournait bien. Mais à côté de ça, Amy travaillait seule toute la journée et n'avait plus la chance de voir Raiponce l'aidait de temps en temps. Depuis la fin de la malédiction, la jeune femme avait évidemment d'autres choses à faire, notamment depuis qu'elle était tombée enceinte et c'était une très bonne chose. Mais à coté de ça, son sourire et son talent manquaient à la jeune femme qui songeait de plus en plus à prendre quelqu'un en plus pour l'aider. Ou du moins lui tenir compagnie. Car elle pouvait largement se permettre d'embaucher un extra, au vu de son dernier chiffre d'affaires.
Mais en attendant de passer une annonce dans le journal local, la chocolatière faisait ce qu'elle savait faire de mieux. Elle travaillait sur le comptoir, de sorte à ce qu'elle puisse accueillir les clients, si jamais ils avaient l'idée de pousser sa porte. Ils pourraient ainsi même la regarder préparer les friandises, des fois qu'ils aient des doutes sur leur origine. Et bien entendu, cela leur donnerait l'opportunité de l'écouter fredonner, car Amelia aimait beaucoup travailler en chantant, afin de ne justement pas avoir l'impression de travailler.
Ceci dit, elle chantait parfois un peu trop et partait bien vite dans son propre monde, au point de ne pas tout de suite entendre quand les clients arrivaient. Ceci dit, elle finit par voir du coin de l'oeil qu'un jeune garçon était entré dans son antre. Aussitôt, Amy cessa toute activité pour lui sourire de toutes ses dents et demander:
- Alors jeune homme, que puis-je pour toi?

Amelia comprit très vite qu'elle avait affaire à un timide, d'où le petit silence qui s'installa quand elle s'arrêta de chanter pour s'adresser à ce qui avait tout l'air d'un jeune client potentiel. En effet, ce n'était pas les enfants qui manquaient dans l'entourage de la jeune femme et c'était tout ce dont elle avait besoin pour être heureuse. Oui, elle aimait beaucoup les enfants, non pas pour les manger, comme aurait pu le laisser croire son passé de lionne, mais pour les aider, les conseiller et leur faire plaisir.
Elle avait une affection particulière pour les timides et les maladroits dont elle se sentait particulièrement proche même si elle avait passé ses jeunes années dans la jungle. A ses yeux, un enfant restait un enfant, quelque soit son espèce.
Et le jeune homme devant elle appartenait à cette délicieuse catégorie dont elle aimait tant être entourée. La boutique étant particulièrement calme, comme c'était en fait souvent le cas en fin de journée les jours de semaine, Amy avait du temps à lui consacrer, ce qui semblait bien tomber au vu de sa requête. "Découvrir son univers", rien que ça. Une question bien large, il fallait l'admettre.Mais Amy avait le temps d'y répondre et surtout l'envie d'autant que Raiponce et Anna lui manquaient un peu. Mais elles étaient occupées et leur vie ne pouvait pas graviter autour d'elle, ce que la jeune femme comprenait. C'était après tout la même chose qui commençait à se produire avec ses propres enfants, alors oui, elle savait ce que c'était et elle avait même appris à faire avec. Ses enfants voulaient peut être quitter son univers mais si le jeune homme voulait y entrer elle n'allait pas dire non! Même si elle savait, au fond, et aussi parce qu'elle avait quelques notions de psychologie, qu'il avait répondu un peu au hasard, histoire de faire sortir quelques mots de sa bouche et de ne pas la fixer comme un poisson hors de l'eau.
- Fort bien! s'exclama la jeune femme en enlevant son tablier, contournant le comptoir pour se rapprocher de son invité. Ma spécialité c'est le chocolat. Enfin à la base. Disons que j'ai été formée pour ça et que je me suis diversifiée pour que la concurrence ne me coule pas bêtement. Mais puisqu'il faut bien commencer quelque part, commençons ici. Le mieux serait surement que tu goûtes ma spécialité de base afin de t'en faire une meilleure idée, poursuivit Amelia en entrainant le jeune homme devant le présentoir aux chocolats. Alors, qu'est ce qui te fait envie?

Charlie se tapait mentalement la tête une nouvelle fois, pourquoi avait-il répondu cela, c'était une réponse si vaste, peu détaillée mais il a fallu donner une réponse. Il vit la patronne sortir de derrière son comptoir et venir à lui. Il sourit à l'entente de son acceptation, même si cela laissait perplexe. Il l'écouta sans dire un mot, intéressé par ses explications.

- Ma spécialité c'est le chocolat. Enfin à la base. Disons que j'ai été formée pour ça et que je me suis diversifiée pour que la concurrence ne me coule pas bêtement. Mais puisqu'il faut bien commencer quelque part, commençons ici. Le mieux serait surement que tu goûtes ma spécialité de base afin de t'en faire une meilleure idée.

La jeune femme l'emmena vers le présentoir où trônait différentes gourmandises au chocolat. Et elle ajouta :

- Alors, qu'est ce qui te fait envie?

Il regarda tour à tour, ce qui se trouvaient devant lui. Les examinant. Un attira son attention. Sa forme était ronde, rien d'extra sur le coup mais c'était la couleur, que Charlie avait retenu plus qu'un autre. Cette dégradation de couleur lui avait plu, la principale était le marron mais cela allait du clair au plus foncé, comme si chaque partie de la gourmandise, avait un goût différent, alors il s'interrogea, réfléchissant à ce qu'il savait déjà sur le chocolat et ce qu'on lui avait appris jusque là. Il restait fixé sur celui-ci, on pouvait aussi voir de fines lignes de couleurs chaudes, ce qui lui donnait un air fantaisie. Il sourit et se releva.

Il regarda un instant la patronne et reprit une inspiration. Il n'allait tout de même pas pointer du doigts ce qu'il voulait. ça n'était guère poli. Alors il annonça son choix :

- celui-ci.

il aimait goûter, c'est ce qu'il faisait chez Willy, il était une sorte de goûteur en même temps d'être son apprentie et il appréciait cela. Depuis la fin de la malédiction, quand il mangeait différents aliments, ses papilles étaient plus sensibles, plus réactives et il devinait plus facilement, les différentes saveurs. ce qui était encore plus flagrant quand il était aux côtés de Monsieur Wonka, alors son palet était un plus pour lui et il en faisait bon usage.

Il put regarder de plus près ce chocolat qu'il avait sous les yeux, il examina tout les détails inimaginables qu'il pouvait trouver. Il savait que son comportement pouvait prêter à interrogation. Cependant, il était dans son monde et voulait faire les choses bien. Il l'approcha de ses narines puis le sentie. On sentait tout de suite, que c'était du chocolat, mais d'autres odeurs s'y mélangèrent et pour le moment, il ne put dire ce que ça pouvait être.

Pour ce qui était de sa texture, il était ni dur, ni trop molle, ce qui donna à Charlie, l'envie folle de le manger. Il sentit le regard de la jeune femme, qui n'avait pas donner le nom de cette petite chose, peut-être parce qu'elle voulait qu'il se fasse sa propre idée, il ne savait pas. Charlie le goûta avec délectation. Il prit son temps pour bien mâcher, bien faire la différence entre toutes ces saveurs et il ne fut pas déçu. En effet, un mélange de plusieurs chocolats était présent, plus, un zeste de quelque chose, qu'il ne put nommer.

Quelques minutes passèrent et il rouvrit les yeux. C'était une habitude quand il goûtait quelque chose, il fermait toujours les yeux, surtout si c'était du chocolat ou une nouvelle recette qu'ils avaient découvertes avec Willy. A cette pensée, son regard évita celui de la jeune femme pour regarder les autres chocolats exposés. Il était venu ici, juste par curiosité et aimait découvrir les choses, surtout si cela touchait ce domaine. Mais, il ne savait pas, si le fait de révéler ce qu'il faisait vraiment était la meilleure chose à faire. C'était tout de même considéré comme un concurrent, s'obligea t-il à penser. Alors, il se demandait, si ce qu'il faisait était correct et éthique.

Charlie se battait avec sa conscience, triturant ses doigts sans qu'il s'en rende vraiment compte. Il n'avait pas d'expression particulière sur le visage pourtant, mais il avait d'autres tocs qui le trahissaient dont celui-ci. Il prit sur lui et donna son avis sur ce qu'il avait goûté puisqu'il se doutait, qu'elle attendait surement un verdict.

- C'est délicieux, un mélange de saveurs chocolatés est présent et il y a un arrière goût d'orange mais il y en a un deuxième que je ne saurais dire.

Charlie y réfléchit mais secoua la tête négativement, du fait qu'il ne trouvait pas. Maintenant, qu'il avait donné ses impressions, il se devait de ne pas s'imposer plus. Il ne voulait faire de tord à personne. Surtout, qu'il savait que la méthode utilisée pour manger cette friandise, l'avait sans doute trahi, enfin c'est ce qu'il pensait.

Alors, il devait trouver un moyen de ne pas se faire trop curieux et excité, être juste un nouveau client potentiel, et encore, acheter chez la concurrence était tout aussi discutable. Charlie se tapa mentalement une nouvelle fois. Il arrêta de penser un instant et reprit.

- D'ailleurs, combien vous dois-je ?

Le jeune adolescent avait lâché cette question sans réfléchir à la façon dont il l'avait fait.

Amelia regarda son jeune client qui lui-même regardait les chocolats, semblant tout analyser avant de finalement faire son choix. Un excellent choix, songea d'ailleurs la jeune femme en découvrant la pièce qu'il avait désignée. Il s'agissait d'une pure invention qui lui était venue un jour d'ennui alors que le magasin était en heure creuse. Et depuis, ce chocolat faisait un malheur.

Charlie n'échappa d'ailleurs pas à la règle. Savourant d'abord le chocolat - yeux clos à l'appui, ce qui permettait à Amelia de sourire autant qu'elle voulait sans le traumatiser à vie - il rouvrit bientôt ses paupières, comblé. Il essaya ensuite de nommer les différentes saveurs qu'il avait senti sur son palais et les trouva presque toutes. Bien sur, il lui manquait l'ingrédient secret, celui qui rendait le chocolat aussi particulier et surprenant. Celui là, personne ne le trouvait jamais, ce dont la jeune femme était particulièrement fière. Même April, sa soeur, n'avait jamais trouvé. Pas avant qu'elle le lui dise, du moins.

- C'est de la cannelle, lui révéla la jeune femme en souriant de toutes ses dents. Surprenant, non? Personne ne devine jamais que c'en est. Parce qu'il faut bien avouer que c'était bizarre comme idée de base, sauf qu'apparemment, mes idées bizarres plaisent ici.

Contrairement à sur la Terre des lions, songea la jeune femme avant de rapidement effacer cette pensée amère de son esprit. En effet, le jeune homme la ramena bien vite sur Terre pour des histoires bien plus triviales que ses déceptions de lionne maladroite, le prix.

- C'est gratuit, annonça alors la jeune femme. Je ne fais jamais payer les dégustations.

La remarque sur le flair fit sourire Amelia. Si seulement ce jeune homme savait à qui il parlait! Bon, dans l'absolu, c'était peut être mieux qu'il ne sache pas qu'Amelia était aussi Diku, une ancienne lionne de la Terre des Lions. Ce qui impliquait en effet d'avoir un bon flair. C'était peut être même la seule chose qu'elle avait jamais eu dans son autre vie et qu'elle avait su conserver. Pour s'en servir d'une autre façon, certes.

- Merci! s'écria la jeune femme. Dans mon métier, goût et flair sont primordiaux, alors c'est une bonne chose si tu penses que j'en ai!

Amelia observa alors Charlie. Il avait clairement envie d'un autre chocolat. Cela se lisait clairement sur son visage. Mais Amy n'eut pas le temps de lui en proposer un autre qu'il se mettait déjà à faire le tour de la boutique, sous le regard amusé de sa propriétaire qui le laissa faire, ne le perdant cependant pas de vue. A sa place, elle aurait très certainement montré la même curiosité, d'ailleurs.
Enfin il revint vers elle, posant une question qu'il n'était pas le premier à poser, à vrai dire.

- Oui, je fais tout toute seule, confirma la chocolatière. De temps en temps j'ai reçu de l'aide de personnes qui s'ennuyaient et qui avaient un goût certain pour la pâtisserie mais ça ne va jamais au delà. Pour le moment, comme tu peux le voir, je m'en sors. Mais si un jour quelqu'un a envie d'apprendre, je serai ravie d'engager un apprenti! expliqua t-elle.

Amelia ne voulait pas passer pour l'asociale de la ville car elle était précisément le contraire. Elle adorait se sentir entourée, même s'il était plus pratique des fois d'être au calme pour travailler. Mais elle savait aussi qu'il y avait beaucoup de boutiques en ville, beaucoup de personnes douées et que peut être la concurrence faisait plus envie à ceux qui voulaient se former. Elle l'acceptait car ses affaires marchaient bien, surement en partie grâce à sa bonne humeur et ses bons prix.
Finalement, il demanda à acheter, ce qui prouvait bien que les affaires marchaient, justement, et que ce qu'elle arrivait à faire toute seule séduisait. Par contre, elle avait peur d'être de mauvais conseils...

- Hum... dure, ta question, commença t-elle en se pinçant les lèvres. J'aime presque toutes les choses que je vends parce que je préfère confectionner des choses qui me plaisent ou plaisent à ma famille plutôt que des choses qui se vendent. Pour t'aider, il faudrait déjà que je sache si tu veux simplement du chocolat ou aussi d'autres douceurs et quels sont les parfums que tu aimes ou ceux que tu n'aimes pas, parce que je pense qu'il y en a. Moi par exemple, je n'aime pas la guimauve ni la réglisse.

La réglisse, songea Amelia. Ca nous fait un point commun! tandis qu'il préférait se tourner vers le pâtisseries à base de chocolat. Pour le coup, il aurait aussi le choix ici, parce que la propriétaire était un peu folle et passait son temps à inventer des tonnes de choses, même le weekend, dans sa cuisine, quand le ménage était fait et qu'elle n'avait rien de plus urgent sur le feu.
A présent, Charlie était donc en train d'observer ce présentoir ci, semblant s'interroger. Sur les denrées, peut-être? ou autre chose? Apparemment sur la vie de la patronne, à en croire sa question plutôt personnelle. Et pleine de curiosité, d'ailleurs! Amy aurait sans doute fait pareil, ce qui l'amusait beaucoup. Elle aussi manquait parfois de "retenue" comme il disait. Mais elle n'en faisait pas grand cas et les gens l'acceptaient comme elle était.
Après avoir conseillé une pâtisserie, elle répondit tout simplement à sa question qu'elle ne trouvait pas si déplacée que ça:
- J'ai trois soeurs et deux enfants. Ce sont mes cobayes, plaisanta t-elle. Mes neveux et nièces le sont aussi, d'ailleurs. On est une espèce de tribu et ils ont tous compris depuis un moment que j'étais la fofolle de la famille. Et toi? tu as une famille?
La famille était une valeur clé dans la vie d'Amelia, que ce soit ici ou sur la Terre des lions. C'était presque une notion sacrée dont elle parlait donc facilement, voire trop souvent. Et pourtant, sa vie familiale était assez compliquée dans ce monde-ci. Mais Amy avait toujours eut une arme secrète: la foi. Une foi presque aveugle en ses convictions et une détermination presque folle. Elle savait donc qu'elle retrouverait Wyatt, tôt ou tard.
Finalement, d'un air un peu timide et maladroit, il sortit quelque chose de sa poche pour le tendre à Amelia, le tout en l'appelant "madame", ce à quoi elle n'était pas tellement habituée, surtout de la part d'un enfant.
Souriant déjà parce qu'elle le trouvait très attachant dans sa maladresse, elle sourit de plus belle en découvrant le chocolat qu'il lui tendait. Pour le coup, c'était bien la première fois qu'on lui proposait de goûter un chocolat dans sa propre boutique! Mais pourquoi pas, après tout... Amelia était aussi gourmande que ses clients et ne disait jamais non à la nouveauté, surtout quand elle était culinaire.
- Volontiers! répondit-elle en attrapant le chocolat avant d'en croquer un morceau.
Tâchant de se comporter en experte, elle n'avait pas tout mis en bouche en une fois afin d'être plus attentive aux saveurs et de se donner un air professionnel qu'elle ne prenait presque jamais. Après tout, Amy était une artiste, en quelque sorte. Elle fonctionnait à l'instinct, pas à la mise en pratique des théories culinaires des autres. Mais il fallait bien jouer le jeu, non?
Après déglutition, elle reprit donc:
- C'était très bon! Pas aussi bon que ce que je fais mais bon quand même, sourit-elle d'un air complice. Ca vient d'où? De toi? hasarda t-elle, des fois qu'elle ait affaire à un jeune prodige.