« Savourez les petites choses... Aha, laissez-moi rire... » -_-"

The Last of us : Team Elliot

Prendre une douche ? Bonne idée ! Je ne m'étais pas encore remis de toutes mes émotions. Garder la tête froide en toutes circonstances... C'était pas encore gagné. Je m'éclipsai cinq minutes dans la cabine de douche, bloquant la porte avec le manche d'un balai qui trainait là. Je ne voyais pas pourquoi tout le monde s'était précipité dans la douche des filles. Jamie était tellement pressé qu'il n'avait surement pas fait attention. Profitant de ce bref moment de solitude, j'abandonnai mes vêtements poisseux de sang pour me mettre sous le jet.

Aaaah moment de plénitude totale... Pour un peu, j'avais presque l'impression d'avoir retrouvé mes pouvoirs. L'eau s'écoulait, détendant chaque muscle de mon corps. Je fermai les yeux, sentant mes cheveux s'aplatir sur mon crane façon Justin Bieber. D'un coup de pied, je fis glisser tous mes vêtements vers moi, prenant soin de ne pas mouiller les holsters en cuir -qui ne servaient à rien- mais qui m'avaient couté un bras sur Ebay. Une liquide sombre tirant sur le marron macula bientot le carrelage, restes de viscères et de sang pourri. Je fronçai le nez, restant encore un peu sous l'eau avant de fermer le robinet.

Puis j'attrapai une serviette accrochée contre le mur carrelé, m'essuyant sommairement. Ensuite, je la passai autour de ma taille. Après quoi, j'attrapai mes vêtements imbibés d'eau, les essorai et les gardai contre moi. Je fis basculer le balai d'un coup de coude et la porte s'ouvrit sur un couloir qui me mena jusqu'au reste de l'équipe.

Ils étaient au grand complet. Je fus soulagé que personne n'avait succombé à la morsure d'un zombie en mon absence. Comme quoi, rien de mieux que de se serrer les coudes. Quand on se protégeait les uns les autres, rien de grave ne pouvait arriver. En plus, cette piscine semblait être le lieu le plus calme du coin. Uniquement vêtu de ma serviette de bains, je passai devant eux, aussi tranquille que si je me trouvais un samedi soir dans mon salon. J'avisai une chaise dans le vestiaire sur laquelle j'étendis mes vêtements afin de les faire sécher, écoutant d'une oreille distraite Robyn jouer de la guitare. C'était plutôt entrainant comme musique. L'arrivée de la guitare sèche provoqua une sorte d'émoi étrange dans mes entrailles. J'eus une pensée pour Joel, dans le jeu vidéo. On était une équipe de choc : dans tout bonne histoire de zombies, il fallait quelqu'un qui joue de la guitare.

Un silence tomba peu après la proposition de Robyn de jouer à Action ou Vérité. Le moment était mal choisi, mais comme j'étais celui qui avait mis le plus de temps sous la douche, j'étais plutôt mal placé pour faire un commentaire sur ce qu'il fallait faire ou ne pas faire.

"Ooh... mon ceinturon est mouillé." fis-je, attristé. "J'ai pensé à ne pas mettre les holsters sous l'eau, mais mon ceinturon quoi..."

Je le pris et le déroulai dans le vide, l'observant avec dépit. Pendant ce temps, Lily poursuivait son combat pour récupérer Lucille, à coup de chips et de Coca. Elle était incroyablement sexy quand elle se comportait comme ça. Cependant, le rot qui s'échappa de sa gorge me refroidit subitement. Je clignai des yeux, me détournant de mes affaires étendues sur la chaise pour prendre un Kit Kat posé sur un banc. J'en déchirai l'emballage et le grignotai tout en écoutant le monologue de Lily. Elle était vraiment de plus en plus bizarre...

Je déglutis avec peine lorsqu'elle me tapota l'épaule en m'appelant "Fiston". FISTON ?! Je m'étranglai à moitié avec le reste de mon Kit Kat. Crachant mes poumons, je pris à tâtons une bouteille 50cl de Sprite et en bus une gorgée. L'acidité de la boisson me fit venir les larmes aux yeux. D'une main fébrile, j'attrapai ma serviette de bains que je sentais glisser sur mes hanches et la nouait avec bien du mal.

Pendant ce temps, Lily continuait son grand délire. Je me redressai, remarquant qu'elle s'était mise à coté de Robyn. Que... que... que quoi ? Dans un état second, je me retrouvai à tirer Lily par le bras. Je ne savais pas trop pour quelle raison. Pour la faire redevenir elle-même, pour la secouer dans l'espoir que ce que j'imaginais n'était pas la réalité. Sa dernière réplique termina de m'achever plus facilement qu'une foule de zombies déchainés.

Ma mâchoire tomba, mon regard tétanisé plongea dans le sien. Je vis au fond de ses yeux une lueur qui n'était pas la sienne.

"Oh putain..." balbutiai-je.

Cette façon de parler, de se comporter... Cela me rappelait quelqu'un depuis le début, mais j'étais bien trop aveugle pour me convaincre d'une chose aussi surréaliste. A présent, l'évidence me sautait aux yeux, mais c'était tellement dingue que je ne pouvais y croire.

"Y a... y a... y a y a..."

Ca y est, je yoyotai. Je ne parvenais plus à parler. Mes dents se mirent à claquer. Brusquement, j'eus très froid. Je serrai mes bras nus contre moi, sans cesser de fixer la personne devant moi.

"Y a... y a mon père là-dedans ?" dis-je d'une toute petite voix tout en posant l'index contre le front de Lily.

Pas mon père, mon beau-père pour être plus exact. Celui qui était mort depuis peu. Tout m'était tombé dessus en un temps record : l'arrivée de ma mère à Storybrooke, la mort de François, et maintenant... voilà qu'il se tapait l'incruste dans le cerveau de ma copine ?

"Je... je vais me sentir mal..." fis-je en chancelant.

Je me repassai mentalement tout ce qu'il venait de dire. Je stoppai le visionnage, me rattrapant contre un rebord sur lequel était posé une chaine hifi.

"Tu étais là quand... Oh non pitié pas ça...!"

Je plaquai mes mains de chaque coté de mon visage, espérant chasser l'atroce fatalité. Puis je les fis glisser dans mes cheveux mouillés, abandonnant la coupe de Bieber pour retrouver un style plus hérisson.

"J'ai couché avec mon père !" lâchai-je d'une voix blanche, les yeux dans le vide.

Je lançai des regards paniqués à Robyn, Jay et Krystal, sans même les voir vraiment. Tout tanguait drôlement autour de moi. Un violent haut-le-cœur me saisis et je me penchai en avant, croyant vomir. Je me retins de peu, me redressant brusquement. Je me cramponnai contre la chaine hifi qui se mit en route toute seule. Bientôt, un air terriblement cool résonna dans le vestiaire :



Je mis quelques secondes de trop à trouver le bouton off, appuyant dessus avec un tel acharnement que mon doigt s'enfonça dans l'appareil. La chanson continua de tourner. Dans le même temps, ma serviette glissa de nouveau. Je la maintins de justesse autour de ma taille et grommelai :

"Démerdez-vous pour éteindre, je vais me rhabiller."

Je leur tournai résolument le dos, attrapai mes fringues trempées et m'enfermai dans le vestiaire d'à coté. Une fois dedans, je m'appuyai contre la porte et poussai un soupir. Comment tout pouvait-il dérailler à ce point ?

"Mais putain, si t'étais là depuis le début, tu pouvais pas nous aider ?" m'écriai-je avec rage avant de donner un coup de pied dans une poubelle.

Je grimaçai en sentant une violente douleur traverser mes orteils. Je m'adressai à mon père, j'aurais eu tellement de choses à lui dire. Et à Lily... comment avait-elle pu omettre de me dire une chose aussi essentielle ? Je ne voulais plus la voir, le voir... J'étais à la fois soulagé de savoir qu'il était encore en vie, d'une certaine façon, et en même temps, il me dégoutait.

Je sortis quelques instants plus tard, habillé de pied en cap, avec mes holsters vides qui battaient contre mon torse. Je rangeai mon taser dans la poche arrière de mon pantalon et adressai un regard fermé à toute l'équipe, ignorant soigneusement Lily ainsi que le monsieur à l'intérieur :

"Tout le monde a bien bu, bien mangé ? Bon, on y va. Autant en finir vite."

Je reniflai et ouvris la porte du vestiaire coté piscine. L’hôpital n'était plus très loin. Le plus simple était de marcher par les bassins pour parvenir plus vite là-bas. L'eau bleutée se reflétait contre le plafond immaculé. Je m'engageai sur le sol carrelé de blanc. Rien d'hostile à déclarer. La voie était libre.

Voilà on était donc arrivé à la fameuse piscine, c'était comme un lac mais en plus moche. Il y avait de l'eau, certes, mais je sais pas, c'était pas naturelle, j'aimais pas ça. Déjà que les lions n'aiment pas l'eau là c'était pire, rien que les bains comme m'avait expliqué Sarabi c'était juste impossible. Et la douche fut la première fois un supplice. La pluie encore je dis pas, on avait rarement le choix de toute manière et puis quand il pleuvait on se mettait tous dans la grotte mais là … Non. Mais bon, là pas le choix si je ne voulais plus sentir la hyène à des kilomètres, je les avais suffisamment côtoyé et même ses derniers temps, me fonde parmi les humains étaient déjà bien assez compliqué comme cela.

J'allais donc dans les douche prête à recevoir l'eau sur la tronche avant de me souvenir que ça mouillerait également mes vêtements et qu'ils me colleraient ensuite à la peau. Non merci, je les détestais déjà assez comme ça. J'avais donc tout retirer pour me décrasser. Vraiment c'était pas naturelle ce genre de chose, je comprenais pas les bipèdes. L'eau fini par devenir claire lorsque Jamie utilisa les mots magiques qui eurent toute mon attention.

« Manger ! J'ai faims !!! j'ai les crocs j'en peux plus ! »

Pas une seconde à perdre, sans prendre le temps de me sécher ou mettre quelque chose, j'avais foncé vers le mâle pour trouver à manger avant de mourir ou de me jeter sur l'un d'eux. Bon devant le choix je fus plus que déçu. Et si finalement j'en boulottais un discrètement ? Non pas possible … Pas d'autre choix que de me forcer, mais j'avais tellement faim que j'engloutissais le plus possible de nourriture en écoutant Robyn jouer quelque chose avec un machin bizarre. Je savais pas ce que c'était, mais j'aimais bien le son.

« Confesser ? C'est quoi ? »

Décidément, j'aurai jusqu'au bout du mal à me faire à ce qu'ils disaient. Bon au moins il y avait à manger. D'ailleurs en parlant de bouffe, la fille éléphant, hors de question que j'y touche finalement, non mais sérieusement, elle était malade ? Totalement à varié, je choperai des choses pas normal en goutant sa viande. Elle parlait avec une autre voix et disait des choses étranges.

« Oh non encore deux qui font finir par copuler ... »

Note : ne plus trainer avec des humains lors de leur saison des amours, mon odorat en pâtirait. Mais ce que dit Elliot n'était pas plus compréhensible, son père était dans sa femelle ? À bien regarder je voyais rien qui lui retrait dedans, et je voyais mal son père être son petit dans son ventre ...

« C'est vraiment malsain … Enfin chacun fait ce qu'il veut ... »

Non sa révélation était affreuse, comment on pouvait faire ça ? Les sodomites ça existaient même chez les animaux, bien que c'était plus que rare, mais avec son père. Ce mâle était écœurant, on se faisait attaquer il s'accouplait, et en plus il l'avait également fait avec son géniteur. J'aurai presque rejeter ce qui s'entassait dans mon estomac si je n'étais pas habitué à des choses immondes. Il eut bien raison de partir loin.

Mais hélas il revient, et bien décider à partir. Pas le choix, il fallait remettre les tissus sur ma peau. Eux sentaient toujours aussi fort et étaient toujours sale, mais bon, au moins il me collerait pas, surtout que j'avais finit par sécher à l'air. Je le suivis de près, reniflant l'air pour éviter toute attaque surprise, serrant bien mon fouet on n'était jamais trop prudent, surtout avec toutes ses personnes anormal dans l'équipe.

- Argh Niark ! Miam ! -

"Attends! T'as pas le droit de me faire un scène pour si peu. C'est pas ma faute si ton père a élu domicile dans ma tête et ne t'en fais pas, il n'était pas là quand... Il était dans ma tête, mais il... Se reposait. C'est compliqué, le plus important c'est qu'il n'a rien vue, absolument rien vue, ni même ressentis ou quoi que ce soit! C'était moi et uniquement moi quand on était dans les toilettes du bar."

Je m'étais stoppée net. Il venait bien de dire qu'on l'avait fait devant tout le monde? Ils allaient voir comme une fille facile. Super, merci Elliot! Encore une gaffe de sa part.

"De toute façon moi je ne suis pas sortie avec une fille qui avait deux fois mon âge!"

C'était qui cette Astrid?

"Son ex. Une vieille, enfin elle faisait deux fois son âge. Je lui ai dit que ce n'était pas sains, mais il n'écoute pas les conseils de son paternel."

"Tu devrais plus souvent écouter ton père, ça t'éviterait d'avoir des ennuis!"

C'était finalement moi qui allait partir. Je m'étais tournée pour bouder avant de me rendre compte que face à moi c'était... un mur. Et Elliot semblait s'en foutre vue qu'il était déjà prêt à partir... Sans compter Jamie qui... Pourquoi il avait plongé dans l'eau? Je préférais faire comme si je n'avais rien vue et j'étais sortie dehors...

"La prochaine fois, laisse moi gérer moi même. Et t'étais obligé de venir maintenant? Tu ne pouvais pas attendre que je lui dise pour toi? Non mais franchement, où va le monde! Je comprend pourquoi il t'en veut... Quoi? Non, il t'en veut à toi... Moi j'ai rien fait, je me suis contenté de... Enfin de toute façon le problème n'est pas là! Tu ne comprends pas que c'est ma vie, t'as pas le droit d'agir! Et... C'est quoi ça?"

J'avais regardé au loin... Quelque chose... Ou plutôt... Quelqu'un? D'ici on aurait dit un cheval... Je m'étais tourné pour voir si les autres arrivaient et en regardant à nouveau vers le cheval il avait disparus. Ca y est, je devenais folle. Puis, j'entendis Robyn parler du 4x4. Je m'étais tournée vers elle, ils étaient tous dehors. Comment qu'ils avaient fait pour faire si vite? En une seconde seulement voilà qu'on était tous rassemblés... Je perdais vraiment la tête...

"Ok, conduis! Du moment qu'on arrive chez nous, c'est tout ce que je veux..."

J'étais monté dans l'engin sans attendre la réponse des autres. Ils m'avaient suivis, en route pour l'hôpital... Par contre elle avait dit savoir conduire?

"Euh Robyn?"

Ca y est, mademoiselle était partie dans un monologue pour nous vanter les mérites de son monde et de sa conduite et blablabla...

"Robyn?"

Elle ne s'arrêtait pas, mais elle était aveugle ou quoi?

"Hé les mecs!" avais-je hurlé avant de montrer du pouce derrière moi.

"L'hôpital c'est par là..."

On l'avait dépassé d'au moins un kilomètre... Faut dire que quand elle parlait, il n'y avait qu'elle au monde. Il lui avait fallu quelques secondes pour faire demi tour et nous conduire jusqu'au service des urgences. Ca pour une urgence, ça en était une. J'étais sortie de la voiture en me tenant le ventre. Je le sentais gargouiller. Les chips ça ne suffirait pas à nourrir deux... trois personnes. Il me fallait un véritable repas!

"Dites, le temps que vous sauvez Ellie, je vais faire un tour dans la cafétéria, je meurs de faim!"

Sans tenir compte de leur avis, je m'étais dirigé vers les portes coulissantes qui s'étaient ouvertes devant moi. J'adorais ces portes. On passe devant et pouf, ça s'ouvre. On passe devant la suivante, et pouf elle s'ouvre aussi. On passe devant la dernière et...

"AHHHHHHHHHHHH !"

C'était quoi cette horreur? Où était Lucille? Où était Robyn pour la pousser devant moi et fuir en courant? Pourquoi j'avais cette idée dans la tête? Oh... C'était François, ok. Je... Je...

"AHHHHHHHHHHHHHH !!!"

Peut être que crier une seconde fois aller m'aider. J'avais rapidement passée mes mains dans mes poches avant de me diriger sur le côté où se trouvaient des chaises. J'en avais prise une, mais elle était collée... Enfin clouée au sol... Sans doute pour pas qu'on les vole en cas d'attaque de zombies... Qu'elle idée stupide.

"Robyn ??? Elliot !!! Monsieur beau gosse ! Cannibale !!!"

J'avais appelé tout le monde à la rescousse avant de m'approcher d'un extincteur de le décrocher et d'appuyer dessus en direction de cette chose horrible et infâme...

Mais rien...

Toujours rien...

"AHHHHHHH !! Bougez vous les fesses y'a un truc gros et horrible !"

La chose avait grognée ! J'aurai bien hurlée, mais cette fois ci j'avais opté pour une autre méthode...

"Désolé... Je ne voulais pas vous vexer en vous traitant de gros. Y'a de très bons centres pour gérer les soucis de poids. Y'en a surement un ici d'ailleurs et... Ahhh !"

Pourquoi il avançait vers moi? En plus il sentait mauvais... Et y'avait des choses qui émanaient de lui. Finalement je lui avais lancé l'extincteur sur la tête. Je ne voulais qu'une chose : fuuuuuuuuuuuir !

« We made it. We survived ! »

The Last of us : Team Elliot

Après bien des mésaventures dans la piscine où Jamie avait failli se faire dévorer par un zombie nageur, avant de se faire sauver in extremis par Robyn, nous nous trouvions tous serrés comme des sardines à bord d'un 4x4 rouge. La demoiselle qui avait la faculté pratique de se téléporter de façon aléatoire conduisait, ce que je ne trouvais pas très prudent si jamais elle se mettait à buguer au volant, mais je n'avais pas envie de faire un commentaire là-dessus. Pour tout dire, vivre ou mourir m'était bien égal à ce stade du "jeu". Lily m'avait trahi une fois de plus en omettant de me dire qu'elle partageait son corps avec mon beau-père défunt. Pourquoi fallait-il toujours que les choses dérapent quand ça s'arrangeait entre nous ? On devait être maudits, ou un truc dans le genre. En plus du reste, François s'était permis de partager ses souvenirs avec elle. Résultat : elle était au courant que mon ex avait la quarantaine. Franchement, qu'est-ce que ça pouvait faire ? Je savais que ça avait toujours déplu à mon beau-père, mais étant donné son passé avec ma mère, il était mal placé pour me faire la leçon. Les dieux entre eux faisaient bien pire. Par définition, ils étaient tous frères et soeurs. Ca sous-entendait que j'étais le fruit d'une relation incestueuse. Je déglutis avec peine, écoeuré.

J'étais assis sur la banquette arrière, presque compressé contre la portière fermée, la tête résolument tournée vers la vitre. Je n'avais pas envie de regarder vers Lily. J'observai d'un air égal les zombies qui tournaient la tête vers nous à notre passage. Par pur plaisir, Robyn en écrasa quelques uns au passage. Elle avait un gout étrange pour le morbide, cette fille.

Elle roulait drôlement vite. D'un coté, on était un peu pressé. Cependant, elle filait tellement rapidement qu'elle passa devant l’hôpital sans le voir. Sur les indications de Lily, elle fit demi-tour et se gara juste devant l'entrée principale.

Je sentis mon coeur s'accélérer en descendant du 4x4. J'enveloppai l’hôpital d'un regard émerveillé. On y était. Ce n'était plus un rêve, c'était la réalité ! Le jeu touchait à sa fin. Il suffisait de sauver Ellie et tout rentrerait dans l'ordre ! Gonflé par cet espoir, je me dirigeai vers les portes coulissantes. Mais Lily me passa devant, prétextant qu'elle voulait manger un morceau à la cafétéria.

"Tu plaisantes ?" m'écriai-je. "C'est hors de question ! On ne se sépare pas ! Lily ? LILY !"

Je lui emboitai le pas, énervé qu'elle ne m'écoute pas. En plus, elle courait drôlement vite pour une fille avec de si petites jambes !

Un hurlement retentit, suivi d'un autre.

"Oh bordel..."

Je jetai un bref coup d'oeil au reste de l'équipe, leur faisant comprendre que c'était du méga sérieux, cette fois. Je dégainai mon taser de ma poche et le levai devant moi d'une main tremblante.

Au moment où je passais une autre porte coulissante, je découvris une bestiole abominable qui grognait en direction de Lily. Informe, couverte de pustules purulentes, elle n'avait plus grand-chose d'humain. Sa tête ressemblait à un chou-fleur, son ventre proéminent débordait de verrues infectées. Sans parler de l'odeur nauséabonde qu'il dégageait, comme si une fosse commune avait été ouverte. Preuve en image.

Je réprimai un haut-le-cœur. Lily lui envoya un extincteur à la figure avant même que je puisse l'en empêcher.

"Oh non..." balbutiai-je.

Je savais ce qui allait se produire. Je l'avais créé, je savais comment il réagissait. Le Colosse se cabra en arrière avant de grogner à nouveau. Sa tête était encore plus défoncée qu'auparavant. Il avait l'air de... souffrir. Une liquide noir et visqueux s'écoulait du chou-fleur qui avait été sa tête.

"Plaquez-vous sur le sol, VITE !" hurlai-je.

J'espérais qu'ils allaient m'écouter. Je sautai sur Lily et la fis tomber en avant. Je me plaquai sur elle, protégeant sa tête de mes mains. Une détonation se fit entendre, comme un claquement étrange. J'ouvris les yeux avec précaution, découvrant une pluie de paillettes tout autour du Colosse. Il essayait de nous contaminer avec les spores qu'il fabriquait. Je n'avais pas beaucoup de temps.

Je tendis la main vers le taser qui était tombé à quelques centimètres de mon front, m'en saisis et pressai la détente en direction de la bestiole. La décharge heurta le Colosse en plein dans l'abdomen. Il convulsa en poussant un cri abominable. Pendant quelques secondes, il resta immobile, toujours debout. Je tressaillis, croyant avoir tout foiré. Puis soudain, il s'écroula en faisant trembler le sol.

"Restez allongés le temps que les spores s'évaporent. ça ne prend que quelques secondes." conseillai-je, le souffle haletant. "Il ne faut surtout pas entrer en contact avec."

J'observai la pièce du coin de l'oeil, n'osant pas bouger la tête de peur d’être contaminé. Comme je l'avais prévu, les spores restèrent suspendus dans les airs, miroitant d'un éclat doré dans la lumière des néons, avant de se dissoudre. Je me remis alors sur les pieds, et après une hésitation, aidai Lily à faire de même.

"Dernière ligne droite." dis-je à la fine équipe.

La fatigue m'écrasait de tout son poids, mais on touchait au but. Si on ne rencontrait pas d'autres Colosses ni Claqueurs, on était sauf.

"Pas d’arrêt à la cafétéria." lançai-je à Lily avec un regard noir. "C'est non négociable."

Je passai par la porte de droite, les autres sur les talons. Je savais où j'allais. Après tout, j'avais les plans dans la tête... Devais-je préciser que je n'avais pas vraiment le sens de l'orientation ? Non, inutile, ça les ferait flipper pour rien...

J'accélérai volontairement l'allure sur les derniers mètres. J'empruntai deux escaliers, parvenant au deuxième étage sans encombre. Je me félicitai de ne pas avoir ajouté des tireurs d'élite pour compliquer les choses, comme je le souhaitais au départ. Le couloir était calme, sans embuche. Je tendis l'oreille. Pas de claquements ni de grognements moribonds.

"Go." chuchotai-je.

Me voilà de nouveau en mode discret. Enfin, discret, si l'on peut dire car mes chaussures mouillés font un bruit spongieux quand je marche.

Au bout du couloir, la porte s'ouvrit sur une pièce remplie d'appareils qui émettaient des "bip". Allongée sur la table d'opération, en chemise de nuit d’hôpital bleu médicament, Ellie. Elle avait été anesthésié pour qu'on lui ouvre le crane, mais personne ne lui ferai de mal. Jamais.

J'en oubliai de respirer. Elle était encore plus réussie que dans mes rêves les plus fous. Elle était réelle, elle n'était plus un tas de pixels ! Je rangeai mon taser, m'approchant dans un silence presque religieux.

"Ellie..." murmurai-je, les yeux brillants d'émotion.

Je savais ce qu'il restait à faire. La prendre dans mes bras, traverser le couloir jusqu'à l’ascenseur, et ensuite, ensuite... on serait enfin délivrés de cet enfer. Peut-être que je pourrais la garder avec moi ? Je pourrais la faire habiter dans ma maison. Elle deviendrait ma petite soeur...

Tout à mes rêves, j'approchai ma main de sa joue, afin de la passer délicatement sous sa tête. Ses cheveux bruns entrèrent en contact avec ma peau. J'esquissai un léger sourire. C'est alors que son corps commença à se désagréger. Je passai mes mains au travers, les yeux écarquillés en totale incompréhension.

"Qu'est-ce que...?"

Une lumière m'aveugla. J'eus l'impression de perdre toute consistance avant de retrouver ma masse corporelle. Je clignai des yeux. J'étais de retour dans le hall du Lasergame. Les lumières étaient poussées à leur maximum.

Je discernai tout de même la silhouette d'une personne que je ne connaissais que trop bien.

La tête encore plongée dans les récents évènements, je ne parvins qu'à articuler :

"Où est passée Ellie ?"