Bilan de la situation ? Trois badass, et un boulet. Non, non, le boulet, c'est même pas le petit blondinet. C'est moi. L'étalon qui veut tellement se la jouer héros par un altruisme malvenu, et qui finit par se retrouver avec une cheville salement amochée et une blessure en pleine réinfection.
Even a réussi à faire fuir une des deux hyènes restantes, avec un rugissement qui m'a fait froid dans le dos malgré moi. Je saurai pour la prochaine fois : ne pas chercher une ex-lionne, parce que même humaine, elle gueule toujours aussi fort...
Grognant et maudissant le sort, je tangue bravement sur ma jambe, bien que je serai pas capable de la poser avant un bon bout de temps. Cool. Non sérieusement, c'est bien joli de faire fuir les hyènes, mais ça ne nous empêche pas d'être coincés ici, sur la Terre des Lions... Et même s'ils connaissent les lieux, contrairement à moi, nos formes humaines ne sont pas exactement construits pour survivre dans ce décor. Du moins, pas dans notre état actuel.
Enfin, je parle pour les demoiselles et moi-même là. La folles aux longues dents est pas belle à voir, mais ça à l'air d'être des blessures qui datent d'avant mon arrivée ici ; le bras d'Even est probablement cassé et mérite plusieurs points de suture. Par contre, le blondinet, c'est tout juste si je l'entends gémir pour... des petites griffures qui feraient même pas pleurer un enfant de cinq ans. Une tête à claques, je vous dis. Mais bon, on est presque au bout de nos peines...
Mais ne crions pas victoire trop vite. Deux hyènes ont déguerpi, la troisième a été tuée -j'avoue, avec bravoure- par Simba, mais celle qui a déjà subi les foudres de ce dernier semble curieusement déterminée à nous menacer. Enfin, moi en particulier. Car je possède un désavantage très clair par rapport aux ex-lions présents : mon sang est celui d'une proie, et des plus alléchantes, si j'en crois la bave qui dégouline de la gueule de la bête.
Les trois autres sont regroupés à l'écart, car j'ai pris soin d'envoyer bouler Krystal, venue s'informer de mon état sous la demande de l'autre demoiselle. Je dois reconnaître que j'ai jamais eu le sens stratégique. J'irais même jusqu'à dire que j'ai un don pour m'auto-foutre dans la mouise jusqu'au cou.
Un talent inné dont je suis particulièrement fier. Uh.
Je fais face à la dernière hyène présente, qui glousse comme une adolescente en chaleur devant sa célébrité préféré. Elle produit le cri typique de son espèce quoi. Faîtes pas semblant, vous m'avez compris...

- Allez mon grand ; ce coup-ci ça se joue entre toi et moi. Il n'y en a qu'un qui sera encore vivant dans les quelques secondes à venir...

Analyse très rapide de la situation. Un, tenir la hyène à distance de mes trois compagnons d'infortune. J'ai beau ne pas avoir spécialement d'affection pour les lions, encore moins ceux-là en particulier, ils ont bien bossé pendant que je morflais tranquillement dans le sable. Deux, trouver quelque chose qui pourra remplacer mes sabots comme arme. N'importe quoi, un truc pointu, gros, empoisonné... comme la grosse pierre, là-bas. Pas trop loin, c'est parfait ; j'aurai pas besoin de trop compter sur ma cheville.
Oui, ça sera parfait.
Trois, tuer la hyène, qui me toise de son air cruel et stupide, soudain parfaitement immobile.
La tension est à son comble. Nos yeux ne se quittent plus. Mes sourcils se froncent. Oui oui, c'est important, ils me donnent un air de psychopathe, ça pourrait faire fuir la hyène sans blessures à la clé...
Le silence règne soudain dans mon esprit, tandis que la concentration m'enivre. Débute une joute subtile entre la bête et moi. Qui fera le premier pas ? Le premier faux pas ? Sachant qu'avec une jambe non-fonctionnelle, c'était très facile pour moi de le faire...
3. 2. 1.
C'est parti !
Sans plus attendre, je bondis en direction de la pierre, me déplaçant plus à cloche-pied qu'autre chose, ce qui m'arrache un juron. Encore un. De son côté, la hyène bondit en avant, et je l'évite de justesse, ce qui me déséquilibre, me faisant mordre la poussière dans un grognement animal. Je n'ai que le temps de saisir la pierre, lorsque la bête rebondit sur le sol comme sur un trampoline et se dirige droit sur moi.
Crochet du droit.
Doublé d'un caillou. Pointu. Et gros.
Dans. Ta. Face.
Je parviens à la repousser, et elle secoue vivement la tête à côté de moi, visiblement sonnée par le coup qu'elle vient de se prendre. Elle grogne et crache, me montrant les crocs, tout en étant hésitante, ne sachant pas si repasser à l'attaque était la bonne stratégie. Je me traîne en arrière, serrant les dents à cause de la douleur et de la terre qui s'infiltrait dans mes plaies, pierre toujours en main.
C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop.
D'un geste enragé, sans plus aucune retenue de ma part, je lui jette mon arme en pleine gueule, ce qui semble lui briser la mâchoire, car elle gémit comme un chien battu en baissant la tête, soudain frénétique. Aveuglé par ma propre rage, emporté par l'adrénaline de l'instant, je bondis, rapide comme l'éclair, et saisis à nouveau la pierre, avant de frapper.
Une fois.
Deux fois.
Je suis à califourchon sur l'animal, qui est maintenant étalé sur le sol, et ne produit plus un son.
Trois fois.
Quatre fois.
Soupir.
Je relâche tout. Torse nu, pantalon en mauvais état, je suis couvert de sang, du mien comme celui de ma victime. La rage se dégage de mon corps comme un mauvais esprit qui m'aurait possédé ; devant moi se montre toute l'étendue de mes actes. La bête n'était vraiment pas belle à voir, au point que j'en ai presque envie de vomir. Mortifié, ça je le suis. Je ne suis pas quelqu'un de violent d'ordinaire. Ce n'est pas dans ma nature.
C'est quoi ma nature ? Je comprends plus rien... Je suis censé être Spirit, pas une bête sanguinaire, nom de Dieu !

- Putain... de... MERDE !

Je hurle ce dernier mot comme pour détruire le reste de frustration qui fait battre mon coeur à la vitesse d'un cheval au galop. L'heure n'est pas aux lamentations.
Maladroit, un peu tremblant et hésitant sur ma cheville amochée, je parviens tant bien que mal à me remettre debout, poings serrés, avant de me diriger vers les deux ex-lionnes et le blondinet.

- Est-ce que tout le monde va bien ?

Je laisse un instant de silence pour me rassurer et entendre chacune de leurs voix me répondre.

- Je crois que c'est fini pour ce round... mais on ne sait jamais. Il faudrait trouver un abri... et un moyen de se remettre un peu d'aplomb.

J'examine les alentours à la recherche de quelque chose qui pourrait nous aider. Un point d'eau, des lianes solides, de quoi se nettoyer un peu et faire une attelle pour Even.

- Va falloir immobiliser ton bras Even, c'est potentiellement cassé... Je ne suis pas médecin, mais on ne sait jamais. Ah, et...

Je fouille fiévreusement dans mes poches, à la recherche d'un petit bijou très utile pour... disons, soulager les lendemains difficiles, après avoir un peu trop sucé la bouteille le soir avant. Yes ! J'ai encore la boîte qui traîne au fond d'une de mes poches. Une petite boîte de pastilles anti-douleur naturelles -je suis contre la médication chimique-, parfaites pour les maux en tous genres -enfin dans mon cas, c'est surtout les maux de tête. Rien de grave, quoi.

- Il me reste quelques pastilles anti-douleur. Je sais pas comment vous fonctionnez, les lions, mais si vous avez besoin d'un peu de soulagement, ça marche super bien ces trucs, et c'est 100% naturel.

ça parait terriblement incongru dans la situation, mais qu'importe. Si une petite pastille de rien du tout peut nous permettre de souffler un peu, le temps de passer à la prochaine étape, je suis heureux de servir à quelque chose. Je tends la boîte ouverte en direction des autres.

Décidément, la folle aux longues dents m'agace au plus haut point. Et en même temps, j'admire son tact inexistant alors qu'elle est presque aussi blessée que moi.

- Barbare, check ! Herbivore, check et fier ! Et pour ta gouverne, je suis vegan. Ah pardon, tu dois pas connaître ce mot... ça veut dire que je ne mange aucune nourriture provenant d'un animal, directement ou indirectement. Logique en même temps, c'est pas parce que je suis devenu un de ces hommes blancs à la con que je vais me mettre à bouffer de la viande... Ce serait contre-nature, je crois que j'en mourrais. Et frapper une hyène avec un caillou, c'est pas non plus un exploit, pas la peine de me lancer des fleurs.

Les compliments, c'est pas mon truc, toutes mes excuses, princesse. Certes mon instinct grégaire semble avoir jeté son dévolu sur toi, mais... Quoi je mérite une récompense ?! Eh, j'étais un cheval sauvage avant, pas un gentil chien-chien à sa maman. Je sens à ta voix que t'essaie d'être sympa, mais ta formulation est complètement foireuse. Quoique une pomme ou un sucre... je dirais vraiment pas non. À vrai dire, j'ai l'étrange réflexe d'imaginer Even sortir une carotte de sa poche et me la tendre, paume ouverte vers le haut.
Je ne sais pas si c'est la fatigue où le fait que je ne dois plus avoir beaucoup de sang dans mes veines qui me fait devenir si agressif, déblatérant chaque mot comme le sifflement d'un serpent. Ou alors, c'est une combinaison des deux.

- Actuellement, la meilleure récompense, ce serait mon canapé, du vin blanc, ou une pomme, à la rigueur...

Je retiens un rire violemment cynique lorsque Simba, après avoir vidé le contenu de ses poches -ce qui se résumait à des trucs inutiles et un couteau-, lance qu'on aura qu'à se partager le chewing-gum. Je refuse de mâcher un truc qui aura été dans la bouche d'un de ces gros chats. C'est juste hors de question. À tel point que je croise les bras, perplexe, laissant mon aura pleine de mauvais karma les asperger de sa positive attitude.
En attendant, tout le monde a fait le tour pour les anti-douleurs. Je ne savais pas que ce truc allait m'être utile en dehors du lendemain de soirée moi... M'enfin. J'avale les deux pastilles restantes, sentant assez rapidement un soulagement bienvenue m'envahir la blessure dans mon dos et sur ma cheville.
C'est ainsi que chacun se met à proposer où aller. Je reste silencieux, sachant que je ne connais absolument pas les lieux. La grotte aux lions est plutôt une bonne option : couvert, fermé, et surtout, vide. Du moins, s'il reste un seul lion, je préfère encore rester dehors, quite à broyer le crâne de quelques hyènes supplémentaires.
Lorsqu'ils mentionnent Rafiki, mes pensées ont déjà divagué depuis longtemps en direction des plaines du Cimarron. Là-bas, au moins, j'aurais su quoi faire, quoi dire. J'aurais pu les guider vers des endroits où nous étions en sécurité. Notre principal ennemi aurait été les pumas des montagnes, et ces chats-là, je les démolis en deux temps trois mouvements. Question de pratique. Je me souviens que Rafiki, c'est l'espèce de singe-grand-sage-oncle-fou de la Terre des Lions... j'avais pas ça, moi, au Cimarron. J'avais ma meilleure amie, l'aigle. Quelle douce liberté, ces courses effrénées qui nous emmenaient d'un bout à l'autre des prairies... et même parfois, j'arrivais avant elle. J'étais rapide. Très rapide.
Mais ça, c'était avant.
Là tout de suite, avec une cheville dans cet état et du sang mélangé à la terre qui coulait nonchalamment en bas de mon dos, s'infiltrant dans mon pantalon et me chatouillant les jambes, je dois atteindre la vitesse d'une limace asthmatique. Même un escargot serait plus rapide, quoi. Et c'est hors de question que je me fasse porter par l'équipe de bras cassés -presque littéralement- qui est coincée avec moi en Terre des Lions.
Nope.
Mais lorsque Even se plante maladroitement dans les cailloux comme une débutante, j'ai presque le réflexe de la soutenir. En fait, je l'aurais eu si je n'étais pas déjà mal en point ; car alors que je voulais bondir dans sa direction, ma cheville m'arrache un grommellement presque inaudible, tandis que je commence à me demander comment je vais pouvoir survivre le reste de l'aventure...

- Allons-y avant d'avoir une autre troupe de hyène sur les bras. Je ne sais pas si on survivra une autre attaque, sans vouloir être pessimiste.

En fait, si, je suis totalement pessimiste et je l'assume. Mais bon, actuellement, je ne peux pas ouvrir la marche, encore moins guider les autres, alors autant les bousculer un peu, ça leur fera pas de mal. Plus vite on sera chez Rafiki, mieux ça sera... et tant pis pour ma boiterie.
Nous nous mettons alors en marche, les trois lions au-devant, et moi trainant des pieds derrière, refusant toute aide proposée malgré que je galère à mettre un pied devant l'autre... saleté de hyènes.

Bon, décidément, le blondinet semble déterminé à se la jouer. Déjà que c'est immature, j'arrive pas à croire qu'Even est censé être sa copine... Enfin je crois. J'ai rien compris à leur délire, et en toute sincérité, je m'en contrefiche.

- Il y a bien des gros chats et en tout cas un cheval, alors pourquoi pas des hyènes, petit malin ?

Bien que je me trouve quelques mètres en arrière, j'entends toutes les bêtises que celui qui est censé être mâle dominant déblatère sans réfléchir. C'est fou, même complètement soûl, je ne sors pas autant d'absurdités à la suite, et je sais de quoi je parle. Même le Chapelier possède plus de finesse et d'esprit. Pas que je le traite d'idiot, loin de là, il paraît qu'il est surdoué... mais bon, il vient de Wonderland, on sait jamais ce qu'il se passe dans la tête de ces individus bizarres.
Provocation suivante. Ok, c'est parti le blondinet. J'ai jamais prétendu être plus mature dans ces moments-là...

- C'est marrant, tu parles des lions comme si vous étiez une espèce de race supérieure, généreuse « parce que les chevaux ici acceptaient votre aide ». Je n'ai de compte à rendre à personne, tu n'es pas mon roi, gamin. En plus, je flaire la connerie à dix kilomètres, parce qu'en pleine savane, même dans le mondes des contes, il y a pas de chevaux, ou très peu. Tu vois mes cousins à rayures là ? On appelle ça des zèbres, ducon. Ah parce qu'on me trouve appétissant ?

C'est alors que sans prévenir, notre petit groupe se retrouve face à quatre chevaux. Oui, des chevaux. En moi s'installe une tendre allégresse pour cette vision, croyant revoir le Cimarron, persuadé que ce n'est qu'un mirage. J'ai l'impression d'être à nouveau à quatre pattes, sans ses blessures qui torturent mon corps, partant au galop avec les arrivants à ma suite....
Quand la réalité m'envoie son poing dans la gueule. Des chevaux. Équipés. En pleine savane. Dans le monde des contes. Qui ne sont pas des zèbres. Alors que nous sommes prisonniers. Envoyés ici par Scar.
Et bien sûr, Simba fonce tête baissée en voyant ça comme un oasis en plein désert. Un mirage, je vous dis. Quel abruti fini quand même... Je pousse un soupir de soulagement quand j'entends Even faire remarquer que c'est une situation très étrange dans le contexte actuel. Je suis tellement fatigué, blessé et agacé que je l'aurais prise dans mes bras pour la faire tournoiller en hauteur tellement je suis heureux d'entendre un peu de bon sens.

- Dixit le mec qui se plaint pour trois égratignures. Est-ce que j'ai râlé en me faisant bouffer la cheville ou démolir le dos ? Non. Alors va falloir te la fermer, petit joueur. Et ça se voit à quel point tu n'as rien compris aux chevaux, car avant de prétendre qu'il n'est pas convivial, essaie un truc génial : la co-mmu-ni-ca-tion...

Et sur ces belles paroles, je m'approche du cheval alezan, lentement, avec douceur. La particularité des chevaux est qu'ils n'avaient pas besoin que de sons pour communiquer quelque chose ; et fort heureusement, je parlais encore ce langage subtil. Enfin, tant bien que mal, parce que mon humanité a tendance à me retirer ce privilège...
Sauf que ce cheval rouge est étrange. Très difficile à cerner. La communication ne semble pas aisée, et je ne pense pas qu'il faut se risquer à lui monter dessus, car un cavalier doit toujours avoir l'approbation de sa monture avant de lui grimper dessus impunément...
Voyant Even en difficulté, je me dévoue pour l'aider à grimper malgré ma jambe en compote. Sauf que j'ai une escale à faire avant... Je m'approche du cheval noir, qui semble calme, puis lui caresse doucement le dessous de la tête, avant de lui flatter l'encolure, mon regard plongé dans le sien. Puis, levant un doigt comme pour donner un signal, sourcils haussés, je me recule soudainement pour lever les bras vers le ciel. Aussitôt dit, aussitôt fait ; aucun ordre n'est donné, une simple entente mutuelle sur une bonne blague s'est formée. le grand noir se met à faire des sauts de puce sur place, envoyant valdinguer son cavalier dans un buisson un peu plus loin, sans conséquences physiques, heureusement pour lui... Je décoche alors mon plus beau sourire au blondinet, avant de lancer :

- Sans rancune, gamin. Even, je te file un coup de main, et je t'explique rapidement. Techniquement, je ne supporte pas les gens qui montent à cheval, mais dans la situation actuelle, les chevaux n'ont pas l'air contre. Sauf le rouge, personne ne le montera, il a une aura étrange. Du coup, je propose la solution suivante : Gamin, tu reprends le noir quand t'auras moins mal aux fesses, Even tu montes le blanc si j'ai bien compris, et Tama, tu prends le vert, mais évite de le bouffer avant ou pendant la monte hein... Le rouge nous suivra, et je monterai avec Even pour éviter qu'elle tombe, parce que Tama je te vois bien planter tes griffes dans l'encolure du cheval et donc tenir toute seule... même si ça me plaît pas, t'es je pense la plus apte à tenir dessus. Sans vouloir te critiquer Even, mais bon, tu n'as pas l'air de trop t'y connaître en chevaux et c'est pas le moment de faire du chichi pour rien... Quoique Simba, tu veux pas monter avec ta copine ? Et tu l'aides même pas à monter sur son cheval ? Wow, quel sens de la chevalerie, je suis bluffé...

Je n'ai aucune idée si ma prise de décisions est la bonne, mais dans les circonstances, vu mon état, autant être le premier à mourir. Et puis, j'aurais volontiers piqué le cheval noir à l'autre abruti, mais ça aurait fini en baston et j'ai pas la force de le mettre KO.
Ni une ni deux, je m'approche du blanc, dont je gratouille l'encolure, puis l'arrière de l'oreille. Il reste immobile et m'observe du coin de l'oeil, approuvant visiblement ce qu'il se passait. Vraiment étranges, ces chevaux...
Puis, je m'appuie sur ma jambe valide et joint mes mains en demi-cercle, permettant à Even d'y appuyer son pied et monter sur la selle sans trop d'encombres.

- Je pense que les chevaux ont l'air de savoir ce qu'ils font. Contente toi de garder les rênes en main, en les laissant détendues. Si besoin, accroche-toi au pommeau, ici, devant toi ; et si tu as peur de tomber, serre les genoux. Le plus important est de bien répartir ton poids sur la selle. Moi, je m'installe derrière la selle, comme ça tu as la place de t'installer confortablement et de manière sécurisée.

Comme quoi l'épisode malencontreux que j'ai vécu au fort du Colonel m'aura appris deux ou trois choses...
Sauf que lorsque je m'apprête à monter sans laisser le choix aux gens -c'est pas le moment de jouer les adolescents émotifs après tout-, une grosse forme noire me bondit dessus sans prévenir... une hyène, qui m'attrape au niveau du bras gauche, me faisant basculer en arrière ! Je n'ai que le temps de me rouler dans une autre direction pour éviter un autre coup avant de me relever faiblement, affrontant la bête du regard...

- ****** DE ****** DE *****, c'est pas bientôt fini ?!