Misérable têtard. Très bien. Il avait rarement eu à faire à des insultes, quelles qu'elles soient, il était trop gentil pour qu'on ait envie de lui en balancer, mais c'était une première intéressant. Têtard. Oh ça lui ressemblait peut-être un peu, il en savait rien en fait, il ignorait même pourquoi il portait la moindre attention à ce petit surnom.
Au lieu de s'attarder là-dessus, il aurait mieux fait de partir tant qu'il en avait encore l'occasion. C'était tout Wilson ça, ne pas vouloir admettre qu'une personne puisse ne pas... avoir de bon côté, tout simplement. Il se disait qu'avec ces jolies paroles, il arriverait au moins à la faire réfléchir un minimum, mais quand il l'a vit passer son coup de fil, il comprit que son humeur était sans doute descendue plus que de raison.
« Numéro cinq ? Vous donnez des numéros aux gens qui travaillent avec vous ? »Son regard trahissait sans mal la surprise et un peu le dégoût, aussi. Elle les traitait à ce point là comme des bêtes ? Pourtant, il avait cru comprendre qu'elle n'aimait pas les animaux. De toute façon, le fait que pour elle la limousine corresponde à la discrétion confirmait sa pensée : elle avait des problèmes dans sa tête et sa perception du monde était totalement à l'encontre de la majorité. Il ne fallait pas qu'il tente de comprendre le fonctionnement d'Yzma, il risquerait de devenir aussi fou qu'elle. D'un côté, il aimerait bien l'aider, parce que vivre comme ça ne devait pas être facile tous les jours, seulement elle ne semblait pas ouverte à ce genre de propositions. Elle semblait se complaire dans sa petite vie, son petit monde et ses illusions. La pauvre...
Il ne rata pas son évocation à la malédiction, malgré tout.
« Evidemment que je me trouve avant la frontière, sinon comment crois-tu que je pourrais t'appeler et me souvenir de toi ? » Ce qui signifiait qu'elle avait récupéré ses souvenirs. Ses souvenirs d'avant. Yzma était sa réelle identité. Une identité pas très enviable, étant donné qu'elle semblait gravement atteinte, peut-être les restes de ses souvenirs d'avant qui empiétait sur les anciens... Enfin un mélange étrange qui ne lui réussissait pas. En tout les cas, c'était un problème qu'il n'avait plus à régler : il ne s'agissait définitivement pas d'EVE. D'un côté, ça le soulageait énormément que cette femme en face de lui ne fasse pas partie de sa vie, même si son cœur se serra et... non, c'était mieux comme ça.
Plongé dans sa réflexion, il ne prit pas la peine d'écouter ce que disait la jeune femme en question. Elle semblait radoter en plus, à croire qu'elle était plus vieille qu'elle ne le paraissait. Il crut entendre un vague
« venir avec moi »,
« signer une preuve » et d'autre blabla inutile. Il hocha la tête machinalement, soupirant sans s'en rendre vraiment compte et, après quelques minutes à rester planter là, sortit en se disant qu'il n'avait plus rien à faire dans cette Ferrari cassé. Il allait lui donner son argent, elle serait contente et tout irait bien dans le meilleur des mondes (il a rien écouté je vous l'avais bien dit).
Il était sur le point de sortir son chéquier de la poche de son pantalon – qui n'avait pas prit la glace, heureusement – sauf qu'à ce moment précis, ses pieds ne touchèrent plus le sol. Il n'avait pas vu le gros molosse lui foncer dessus avec un air imperturbable et des muscles à faire pâlir n'importe quel bodybuilder. Wilson put simplement ouvrir la bouche comme pour s'opposer à un comportement aussi impoli, sauf qu'il n'osa pas contredire les gestes de cet homme, étonnement. Alors il resta raide comme un piquet, la main encore dans sa poche, content que ce qu'il supposait être « Numéro Cinq » le lâche enfin dans la voiture. L'autre voiture. La limousine discrète.
Ils le ramenaient chez lui ? C'était gentil de leur part ! … Non, un instant. Impossible. Elle ignorait où il habitat et, lorsqu'il capta le regard d'Yzma dans le rétroviseur, elle avait l'air tout sauf gentille. Le voyage ?
Quel voyage ? Ils ne se rendaient certainement pas dans un lieu paradisiaque, un parc d'attraction ou... un zoo. Elle l'amenait chez elle. Il en avait la certitude à présent. Si elle lui avait expliqué tout ça, il l'aurait suivi sans rechigner, il s'en fichait en fait. Son rendez-vous était tombé à l'eau, il l'acceptait, il ne se faisait plus d'illusions pour la suite. Will ignorait ce qu'elle voulait faire de lui pourtant, elle se sentait peut-être seule, vu son caractère ce n'est pas les amis qui devaient s'aligner devant sa porte. Surtout si elle les accueillait comme elle le faisait avec lui. Le molosse le tira par le bras, laissant juste ses pieds traîner sans qu'il ne puisse réellement marcher de lui même. S'il seulement il avait su, il serait resté chez lui ce matin et il l'aurait contacté par téléphone avant de balancer son petit mot.
Il se crut enfin libérer quand Yzma ordonna à son grand gaillard de le laisser, c'est seulement en sentant le sol se dérober sous lui qu'il comprit que ce n'était pas le cas. Willy était accroché comme un malpropre au mur. Un trophée, presque. Il ne voyait pas en quoi c'était drôle, lui trouvait ça dégradant et particulièrement désagréable. Elle l'amusa pourtant, avec sa petite fléchette, lui se doutant bien qu'elle n'allait pas la lancer. Ce n'était pas son genre, ça se voyait, elle parlait beaucoup mais à part tenter de l'étrangler, elle n'avait pas grandement agi – c'est son homme de main qui l'avait fait pour elle.
Ignorant s'il devait prendre sa remarque comme un compliment, il croisa les bras sur son torse, sentant que son cou commençait à être douloureux à cause de cette position, même si la compagnie de la plante verte ne lui déplaisait pas. Il aimait bien les plantes.
Elle le fit tomber, pas de la manière la plus délicate possible, arrachant sa chemise au passage. Si elle voulait le déshabiller, elle pouvait s'y prendre autrement ! Y'a des manières plus sympathiques de le faire, quand même.
« Bon. Je voulais que vous signez un constat pour financer les réparations de ma Ferrari, mais finalement je vais peut-être vous garder en otage le temps que le garagiste me dise le montant des dégâts. N'y voyez rien de personnel. Je n'ai confiance en personne. »Wilson fronça les sourcils, la fixant un instant et alla s'installer sur un des canapé du salon. Quoi ? Quitte à devoir rester, autant se mettre à l'aise.
« Si ça peut vous faire plaisir. C'est pas comme si j'avais un emploi du temps chargé... Je peux payer en trois fois par contre ? »Parce qu'en voyant l'état de sa demeure, les riches objets la décorant, sans compter la fontaine à l'entrée... Toutes ces choses devaient coûter affreusement cher. Tout comme sa voiture. Et en réparer la carrosserie en plus des quelques bugs intérieurs ne correspondait certainement pas à son budget annuel. Voir à l'argent qu'il pourrait récolter dans toute une vie. A cette pensée, il déglutit péniblement. Il se doutait en plus de cela qu'il n'était pas en état de négocier pour le paiement. Il devait y avoir un moyen de trouver un autre accord... non ?
« Je... Je peux avoir à boire s'il vous plaît ? J'ai chaud. J'ai soif du coup. » Il restait poli, il essayait d'engager la conversation... Il se doutait qu'elle ne le laisserait pas négocier pour le paiement mais il devait bien exister un autre moyen, un autre accord à passer... non ?
« Écoutez. Hum, je suis éboueur. Je n'ai pas de voiture moi-même alors payer pour la votre... C'est pas totalement de ma faute en plus... » Will se frotte la nuque, sentant qu'il s'empêtre sur un chemin qu'il va vite regretter d'avoir emprunter.
« Je peux essayer de la réparer tout seul, sinon ? J'apprends vite. Je pourrai en faire une vraie voiture de course ! Ou... Vous avez besoin de quelqu'un pour faire vos poubelles personnellement ? Le ménage ? C'est juste que je peux pas... je peux pas payer comme ça vous voyez... »Devenir l'employé d'Yzma le rebutait rien que d'y penser. Seulement, il n'avait pas le choix, financièrement. Avant, l'argent, il s'en foutait totalement mais à présent, il en avait besoin, pour son loyer, pour sa nourriture, pour ses dvds, pour ses vêtements (parce qu'en plus il n'avait plus de chemise). Son maigre revenu lui permettait de vivre confortablement mais ses économies y étaient passées quand Pandore était arrivée chez lui, il pouvait peut-être s'acheter une nouvelle télé maintenant mais... Pas payer une ferrari.
« On peut sans doute trouver un terrain d'entente... Non ? »Il tenta le sourire mignon, adorable, qui semblait rendre les gens « normaux » attendris. Après, Yzma n'était pas normale, alors c'était sans doute peine perdue.
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