« La lecture est la clef de l'évasion !

Il y avait des fois où je me disais que j’étais beaucoup trop gentille, particulièrement avec les membres de ma famille. Pour Thanksgiving, Elsa qui de base devait être absente avait décidé de faire sa drama queen parce que j’avais invité François afin de passer notre version de la fête ensemble. Version radicalement différente de la fête de base au passage, et au vu des réactions de ma soeur, fallait pas s’étonner que je n’ose pas demander à Raiponce de venir. Elsa avait la critique facile, et s’énervait pour un rien. François n’avait même pas cherché à se disputer avec elle, au contraire il avait étonnamment tenté d’arrondir les angles. Mais pour une raison inconnue, ma soeur avait pris mon beau-père en grippe et des fois elle me faisait penser à une enfant. Cela m’était rarement arrivé avec Matthew -j’avais encore le temps cela dit- mais en discutant avec d’autres parents à la sortie de l’école, certains me parlaient des conflits qu’ils pouvaient avoir. Des fois où l’enfant s’emportait, et restait tellement dans son entêtement qu’il ne savait même plus comment en sortir ni comment s’excuser. Ben Elsa, c’était totalement ça : elle était tellement butée, qu’elle ne voyait même pas quand l’autre parti faisait des efforts.

Après ça, François avait demandé si au lieu de repartir au Canada ou faire le tour du monde comme il semblait être parti pour, c’était possible qu’il reste ici, avec nous. Et je n’avais pas eu le cœur de lui dire non. Comment pourrais-je froidement refuser alors que je savais qu’il allait pas bien en ce moment ? C’était en partie pour ça, que je l’avais invité à Thanksgiving, pour lui changer les idées pour lui montrer qu’il avait une famille ici à Storybrooke, qui tenait à lui. Qu’il pouvait prendre tout le temps qu’il souhaitait pour se reconstruire, qu’on serait là pour lui au besoin. Alors faisant fi des potentiels disputes, mes futurs envies de me mettre en PLS, de hurler mon ras-le-bol et potentiellement ma futur santée mentale j’avais dit oui. Parce que j’étais encore une fois trop gentille particulièrement avec les membres de ma famille.

Etrangement, la cohabitation ne s’était pas trop mal passée. Je m’étais attendu à des cris, des disputes incessantes mais force était de constater que rien de tout ceci n’était arrivé et je continuais à croiser les doigts pour que ça dure. En revanche, aujourd’hui Elsa était bizarre. Je ne savais pas quelle mouche l’avait piquée, elle semblait déterminer à ce que j’aille faire des courses. J’étais en congé, et j’avais fait les courses avant-hier autrement dit on allait pas mourir de faim, et tout ce qui nécessitait au bon fonctionnement de la maison avait été racheté ou les stocks refaits s’ils étaient en train de dangereusement baisser. Un peu agacé, j’avais fini par lui dire d’aller chercher Matthew pendant que je finissais de préparer le repas. Si elle souhaitait acheter quelque chose en particulier, elle n’aurait qu'à le faire elle. Il faudrait qu’elle arrête de constamment compter sur moi. Je sais pas trop ce qui lui prenait en ce moment, déjà l’autre jour quand j’avais voulu m’intéresser à ce qu’elle lisait, elle s’était mise sur la défensive. Elle avait peur que je juge ses goûts ou quoi ? En ce moment, mes lectures c’était des trucs du genre “Disney 5 histoires pour s’endormir” ou bien “365 histoires pour le soir” toutes du label Disney. Avec un petit garçon de quatre ans et demi, on pouvait pas dire que j’avais vraiment le temps d’explorer d’autres choses. Donc, vu sous cet angle là, j’allais clairement pas me permettre d’émettre un quelconque jugement sur ses livres. De plus, la lecture c’était quelque chose de très personnel. Des personnes pouvaient adorer un livre, et d’autres pouvaient parfaitement ne pas comprendre la hype autour, et le trouver médiocre.

Evidemment une fois rentré, Matthew se fit un plaisir de me raconter l'entièreté de ses activités scolaires, tout en mettant la table parce que c’était une activité de “grand” et il voulait toujours aider lorsqu’il s’agissait d’activités de “grand”. Généralement, je le laissais faire des tâches adaptées à son âge et sa taille tout en l’encourageant et le félicitant. Même si ce n’était pas grand chose, lui il avait l’impression d’avoir fait quelque chose de très important et je mettais un point d’honneur à ne pas le contredire là-dessus.

Avant l’heure de la sieste, on avait regardé un Disney je l’avais comme d’habitude laissé choisir et je fût agréablement surprise de découvrir que ce n’était pas un énième revisionnage de la Reine des Neiges qui m’attendait. Non, à la place Matthew avait décidé de jeter un coup d'œil à Peter Pan. Si j’émettais quelques réserves personnelles car certaines scènes pouvaient potentiellement être effrayantes pour un enfant de cet âge. Je me décidais de ne pas le contrarier et de voir comment ça allait se passer. D’ailleurs au final, il avait fortement apprécié et n’avait absolument pas eu peur. A la fin du film, j’étais parti m’occuper de préparer sa chambre au cas où il souhaitait faire sa sieste. Pas question de l’obliger s’il n’avait pas sommeil, on pourrait faire autre chose s’il n’en avait pas envie. Je lui avais acheté plusieurs livres de coloriages Disney dernièrement, il aurait le loisir de choisir lequel il voulait dessiner et quel dessin lui convenait le mieux.

Mon téléphone se mettant à sonner, je me rendis jusque dans ma propre chambre pour répondre à mon coup de fil, laissant le loisir à mon fils de faire ce qu’il voulait. Il s’agissait d’Aster qui avait une question à propos d’une livraison. Je lui donnais l’information dont il avait besoin, et raccrochais après lui avoir souhaité une bonne fin de journée. J’avais l’intention d’aller voir comment ça se passait pour Matthew, sauf qu’en arrivant l’information qu’il me partagea je ne savais pas trop comment l'interpréter. Il avait dessiné sa tante attachée. Est-ce que c’était à cause de Peter Pan ? Il avait voulu faire comme les pirates ? Se voyait-il dans le rôle de celui qui battait les pirates et délivrait sa tante ? Honnêtement, je commençais un peu à paniquer intérieurement :

- Ah oui ? Demandais-je. Tu me montre ton dessin ?

Je jetais un coup d'œil à ma sœur, qui avait simplement ri de la situation. Devais-je en conclure qu’elle l’avait vu et que ce n’était rien ?

"Tata Zaza a le livre"[/color] dit-il en désignant sa tante ou plutôt le livre qu’elle tenait.

Je clignais des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois avant que l’information ne fasse son chemin complet jusqu’au cerveau. Je ne savais pas exactement ce qu’était le bouquin en question, mais j’avais une petite idée concernant la tranche d’âge appropriée et ce n’était pas celle de mon fils.

- Mon chéri, est-ce que tu as sommeil ou tu veux faire d’autres dessins ? Regarde maman t’as acheté pleeein de livres de dessins. On doit avoir une conversation de “grands” avec tata Zaza.

Sans lui demander son avis, j’attirais ma soeur à l’extérieur de la chambre de Matthew. je n’avais en réalité AUCUNE idée de ce que je voulais lui dire, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait ça me regardait pas j’étais pas sa mère, elle était majeure et vaccinée. Simplement, si elle pouvait ne pas laisser traîner des bouquins qui n’étaient pas faits pour un enfant de 4 ans et demi ça serait cool.

- Bon euh écoute Elsa, ce que tu lis ça me regarde pas tu fais ce que tu veux de ta vie. Et je trouve ça même chouette que tu explores de nouvelles choses hum. Mais s’il te plait, Matthew a pas encore l’âge pour ça, et on est suffisamment exposé aujourd’hui à tous ces trucs, sans non plus commencer au berceau. Rien que d’y penser ça me colle des angoisses, alors si tu pouvais genre planquer ce genre de machin dans une armoire fermée à clé dont tu es la seule à avoir la clé dans ta chambre ou je ne sais où ça arrangerait VRAIMENT mes affaires tu comprends ?

Est-ce que j’avais aucune idée de comment aborder ça avec ma sœur ? Oui tout à fait, ça se voyait à des kilomètres mais en même temps j’étais pas formé pour ça moi. Pourquoi on dispensait pas de formations aux parents pour gérer ces machins ? Ça serait tellement plus facile.

« La lecture est la clef de l'évasion !

Sérieusement ? Le seul truc qui l’inquiétait c’était que Matthew entende ? S’il était plongé dans ses coloriages, la maison pourrait exploser qu’il en aurait rien a faire. C’était ça ou les dessins animés, généralement suffisait de mettre l’un des deux et plus rien n’existait autour de lui . En revanche, elle me prenait vraiment pour une cruche. Une pratique “thérapeutique” mais bien sûr, et moi j’étais la reine d’Angleterre. Je voyais pas pourquoi elle tentait de se justifier par tous les moyens, c’est pas comme si cet aspect de sa vie devait à tout prix passer par mon approbation. Elle était majeure et vaccinée, elle faisait ce qu’elle voulait encore une fois j’avais rien a lui dire. Si elle aimait ce genre de pratique, ça ne regardait qu’elle a priori. Moi tout ce que je demandais, c’était qu’elle laisse pas ça traîner à la porté de mon fils, c’était pourtant pas beaucoup demandé. Pour le reste, j’avais VRAIMENT pas besoin des détails, mais force est de constater qu’Elsa ne partageait pas du touuuut cet avis. Genre ses histoires avec François par exemple, a priori je lui avais pas fait un résumé détaillé de ce qu’il se passait quand j’étais avec Aaron donc j’avais pas besoin qu’elle se décide à me parler de ce qui avait bien pu se passer avec François ou qui ce soit d’autres. Il était pas censé être psy Aloysius Black aux dernières nouvelles ? Non parce que j’avais jamais entendu de psychiatre proposer ce genre de pratique en séance, ça me paraissait quand même un peu chelou. J’irais peut-être en toucher deux mots à Anya, de ce que je savais elle le connaissait plus ou moins, elle était pas spécialement entré dans les détails, mais quand même je trouvais pas ça hyper normal

Et évidemment, il fallut que François se ramène à ce moment-là partageant largement son avis d'experts sur le sujet. Honnêtement, j’étais pas gâtée moi en ce moment autant avec l’un qu’avec l’autre. Surtout qu’Elsa continuait apparemment de se payer ma poire, continuant sur son histoire de thérapie, tout en avouant avoir voulu me cacher le livre. J’étais pas stupide, et j’avais pas non plus 13 ans. A priori, je savais comment on faisait les bébés vu que j’avais un fils, donc a ce niveau là je pense que ça va, je m’y connaissais je gerais. Elsa continuait de s’enfoncer dans ses explications vaseuses. Si j’avais pas autant l’impression de me faire prendre pour une grosse idiote j’aurais sûrement laissé couler, de toute façon c’était pas nouveau qu’une fois acculé Elsa se mette à tout nier en bloc, s’enfonçant un peu plus et en étant tellement butée qu’il lui était impossible de faire marche arrière. J’en avais eu un petit aperçu avec le coup de l’hiver magique à Arendelle. Parce que ouaiiiis, François et “thérapeutique” dans la même phrase, j’y croyais tellement. Elle était au courant qu’il était le dieu des excès ou pas du tout ?

- Doonc, en résumé. Ton livre est à usage “thérapeutique” mais tu ne veux surtout pas que je tombe dessus, ou le lire en ma présence. Ensuite, je tiens à te rappeler que François est le dieu des excès, ça te dit quelque chose ? Et pour finir : Sous le lit de Matthew il y a pleins de trucs, notamment des jouets. De ce fait, il peut lui arriver très souvent de chercher quelque chose là-dessous. Les enfants adoorent planquer des choses là-dessous, et penser que c’est la meilleure cachette au monde. Rassure moi, t’as bien eu 4 ans un jour ?

Non parce qu' on savait jamais avec Elsa, des fois qu’elle me dise qu'à 4 ans elle était déjà parfaitement lucide des responsabilités qui seraient les siennes dans le futur, et qu’elle se comportait déjà comme une futur reine ou je sais pas quoi. Elle en serait capable, donc je préférais poser la question des fois que. Par moment je me disais qu’en tant qu’adulte on oubliait totalement qu’on avait été des enfants dans un passé pourtant pas si lointain que ça. Et que planquer des trucs sous le lit, ça en faisait partie. Les ados aussi aimaient bien faire ça, tout en pensant que les parents ne connaissaient pas l’astuce, mais ça c’est parce que c’est la suite directe de l’enfance si je puis dire. Quoi qu’il en soit, si Matthew pouvait éviter de tomber sur ce genre de lecture avant sa majorité au moins, ça m’arrangerait.

- Heuuu, faudrait savoir : un coup t’as manifestement pas envie que je sois au courant au point de tout faire pour que je parte, et planquer le bouquin au moment où je me retrouve dans la même pièce que toi et là d’un coup, tu me pose des questions dessus. Mais non, c’est pas tout à fait ma cam ce genre de truc. Et j’irais pas spécialement chez le psy pour me faire attacher tu vois. Après chacun ses goûts, si toi ça te convient tant mieux, je vais pas venir te juger et te dire “haaan c’est maaaal tu dois arrêter tout de suite”. C’est ta vie, pas la mienne j’ai rien a y redire. Surtout si c’est thérapeutique.

Et je voulais pas savoir ce qu’il se passait avec son psy. Si elle veut faire ce genre d’activité grand bien lui fasse, du moment qu’elle partageait pas les infos avec moi. La vie de ma sœur a ce niveau là j’avais pas une grande envie d’être au courant. Et d’ailleurs si elle voulait avoir des conseils, le mieux ce serait peut-être de discuter avec François qui avait l’air de s’y connaître. Mais je gardais soigneusement cette pensée pour moi. Si je la partageais à voix haute, Elsa irait encore s’indigner et me dire que non c’était pas ce que je croyais et a un moment me faire prendre pour une idiote ça allait cinq minutes. Je voulais bien rentrer dans son jeu, et faire mine de la croire quand à l’usage de ce bouquin s’il n’y avait que ça pour lui faire plaisir, vu qu’elle avait l’air de me voir encore et toujours comme une gamine qui n’avait aucune idée de tout ça, mais si on devait encore en débattre ma patience risquait d’être mise à rude épreuve.

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