Cilas respirait à peine, concentré, silencieux au possible. Il était lent, calculant le moindre de ses pas pour faire le minimum de bruit. Pour n’en faire aucun, d’ailleurs, demandant en son for intérieur à la forêt d’accorder à sa marche toute la discrétion qu’il lui fallait, pour qu’aucune de ses branches ne marque ses pas. On lui offrait le vent, qui bruissait agréablement dans les milliers de feuilles, d’herbes et de fleurs, comme le faisait-il autrefois dans les plaines d’Hyrule, ses forêts et ses montagnes, d’une brise toujours chaude et douce, ce qui le rendait nostalgique. Mais le temps n’était pas à la mélancolie : quand le vent qu’on lui offrait cachait aussi les sons de ses déplacements, il avançait, sans réfléchir à la capitale où il a grandit et le pays qui l’entourait et où il adorait voyager. Hyrule n’était plus, ou du moins leur vie là-bas. Tout le monde s’y est fait, mais Cilas n’apprenait à vivre dans cette nouvelle terre que depuis un an. Cela ne faisait aucune différence, cela dit. Il restait caché, qu’importe le peuple avec qui il cohabitait.

Il était assez proche, il n’était pas repéré, ni par la vue, ni par l’ouïe, et son angle était parfait. Il était meilleur avec une épée, puisque c’était ainsi que le Professeur Cassak, qui le formait à la chevalerie, et Sir Lakan, le chevalier qui l’avait fait son écuyer quand Cilas était jeune, l’avaient enseigné à se battre. L’arc était définitivement un art que maîtrisait mieux sa sœur, ainsi que son protecteur, Sir Link, et sans compter sur les archers prodigieux du peuple Piaf. Mais il avait appris. Il y a quatre mois, Cilas avait trouvé, par hasard et sans le vouloir, le refuge d’un Piaf, devenu humain dans son monde mais assez entraîné pour n’avoir rien perdu de l’agilité de ses ailes pour tirer. C’était ainsi qu’il avait obtenu un arc, basique somme toutes mais de manufacture Piaf ce qui était, qu’importe le niveau de l’arme, un gage de qualité. Il avait entrepris de s’entraîner tout seul pour, espérait-il, pouvoir chasser et gagner en indépendance pour sa vie de clandestin dans la forêt.

Alors banda son arc, visa le sanglier… et une migraine le pris violemment. Un sourire s’afficha sur son visage. Un sourire mauvais, satisfait, mais profondément maléfique.

Une vie à prendre, Sir Cilas, se délecta-t-il dans un murmure. Oui… oui ! Arrache lui sa vie de son corps, son coeur de sa poitrine pendant qu’il bat. Lacère sa peau, mutile sa chaire...

NON ! Hurla-t-il de sa propre voix.

Le sanglier leva la tête et détala à toute vitesse. La cible était perdue. Cilas ferma les yeux, serra les dents, prit une grande inspiration. Il lâcha son arme et sortit un des appareils que Lena lui avait confié. Un téléphone


Il rentra dans la cabane abandonnée qui lui servait de refuge, de façon illégale cela dit, et sortit les vieux parchemins confiés par l’apprentie sorcière. L’élève de Regina les lui avait donné quand il lui avait proposé son idée. Il voulait l’aide de la plus puissante sorcière, pour commencer, mais l’opportunité qu’offrait Lena était parfaite : un être dénué de magie qui voulait apprendre. Il pouvait lui confier la sienne, pour rendre Agahnim impuissant dans son esprit. Il devait juste être prêt.

Il l’était maintenant. Alors il mit en place les éléments du rituel que Lena lui avait décrit, en attendant son arrivée. Tout devait fonctionner. Le soir même, il serait victorieux, Agahnim serait impuissant et Cilas pourrait retourner auprès de sa sœur sans être un danger pour celle-ci et son pouvoir.

Mais il fallait croire qu’il n’était pas prêt. Car il ne se souvint pas l’arrivée de Lena. Il eut un black-out, et lorsqu’il revint à lui, il était aux côtés de l’apprentie sorcière, chamboulée, devant l’entrée d’une école souterraine, qui affichait une inscription lugubre.


Cilas poussa un cri de rage. Agahnim ! Il a pris le dessus ! Il avait trompé Lena, se faisant passer pour le prince, et avait fini par les envoyer… qu’importe où ça était. Il soupira Méfiez-vous, Milady. Si le Grand Conseiller Agahnim nous a amené ici, c’est en sa faveur, pas la nôtre. Restons sur nos gardes.

Evidemment, le Grand Conseiller avait eu la bonne idée de venir ici sans prendre d’épée avec lui...

cilas & lena

Cilas regardait cet endroit d'un air suspicieux. Lena lui demandait s'il était judicieux d'entrer, et le chevalier n'en était certainement pas convaincu : Agahnim les avait emmené ici, Cilas était certain qu'ils trouveraient ici davantage la source de plus grands pouvoirs que la solution pour les supprimer. Seulement voilà leur problème : l'environnement autour n'avait l'air hospitalier uniquement si on connaissait l'endroit, hors ce n'était le cas ni pour Lena , ni pour Cilas, déjà que ce dernier ne connaissait Storybrooke que depuis le début d'année 2021 et se familiairisait encore avec le monde.

Cilas soupira. Quelles étaient leurs options ? Dire que le projet de la journée était de se débarasser de la magie du sorcier... voilà encore un plan qui échouait. Il pensait que Storybrooke et ses ressources lui donneraient un avantage pour y parvenir, et il ne semblait pas que ce soit le cas, finalement.

Entrons, acquiesça Cilas à contre coeur. Mais uniquement pour leur demander notre chemin pour Storybrooke. Je sens qu'il ne faut pas s'attarder ici trop longtemps.

Ils s'avancèrent ainsi en direction du bâtiment nommé selon son entrée Académie des Arts Invisibles qui restait, selon Cilas, un nom pas bien rassurant non plus. On pourrait s'attendre toutefois à ce qu'un tel bâtiment soit d'un décor médiéval ou d'époque victorienne, où les sorcières étaient réputées, mais il semblait plutôt avoir été construit au plus tard dans les années 90, si ce n'est plus récent.

Cependant, l'intérieur ne laissait pas de doute : cette école avait tout d'une école de sorcière aux cultes obscurs. Cependant, l'ambiance qui y régnait n'avait rien de bien scolaire : le hall était bondé, d'élèves comme d'adultes, et l'organisation et l'ambiance y semblaient plutôt militaires qu'académique. Au fond du hall, on devinait une ancienne statue de Satan qui était détruite pour vénérer un nouveau culte de trois déesses sorcières. Cependant, ces nouvelles représentations n'avaient pas fière allure. Ils n'auraient par contre pas le loisir de demander l'histoire de leur culte et la situation religieuse actuelle, puisque leur entrée dans le bâtiment n'était pas passée inaperçue : c'était assez gênant, mais toutes les têtes étaient tournées vers eux.

Celle qui avait toute l'attitude d'une reine se tourna sévèrement vers eux deux, avant de regarder durement une autre femme à ses côtés.

Je croyais que l'école était impénétrable, lui dit la reine pleine de reproches.

C'est le cas, répondit la seconde. Les fidèles de l'Eglise de la Nuit ne peuvent pas entrer ici. Peut être sont ce encore des amis de Sabrina, mais elle est trop occupée à protéger son lycée mortel pour nous le confirmer, enchaina la tante de cette fameuse Sabrina sur un ton nom moins agacé.

La reine pointa le doigt vers Cilas et Lena. Si vous n'êtes pas des fidèles de l'ancienne Eglise de la Nuit venus pour renverser le nouvel Ordre d'Hécate, qui êtes vous ?

Cilas hésita, d'autant plus qu'il ne comprenait rien de tout cela. Cependant, quelque chose le rassurait : ils avaient l'air de fuir le mal, que représentait manifestement cette Eglise de la Nuit qu'ils avaient jadis été avant de devenir l'Ordre d'Hécate. Peut être Agahnim les avait emmené ici dans l'espoir d'aider les anciens adeptes de cette Eglise de la Nuit à reprendre le pouvoir, mais Cilas avait le dessus à présent et comptait bien empêcher ses plans.

Il y a un sorcier en moi qui, je pense, souhaite aider l'Eglise de la Nuit, avoua t il. Nous sommes venus dans l'espoir de renforcer vos rangs contre cette machination. Mon amie ici présente renforce ses pouvoirs, elle saura vous aider.

Cilas se tourna vers Lena comme pour vérifier qu'elle était d'accord, et surtout qu'elle comprenait qu'aider ces inconnus allaient dans la direction de leur objectif : nuir à Agahnim si ça va à l'encontre de ses objectifs.

La reine haussa un sourcil. Prudence ? Appela t elle, alors qu'une jeune sorcière répondit à l'appel en s'approchant de Lena et Cilas. Emmène les, et vérifie leur histoire.

cilas & lena

Cilas acquiesca, Lena avait bien résumé la situation. Cependant, il commençait à se demander si l'honnêteté entière et transparante avait réellement été une bonne idée. Ils venaient de se décrire comme des sorciers étrangers dont l'un est en réalité une entité qui n'était qu'un parasite désireux d'alimenter les armées de leur ennemi.

Cilas allait prendre la parole pour essayer de rendre leurs explications moins hostiles et essayer de leur donner davantage de chance, mais il fut interrompu par la surprise de la réaction de Prudence : un grand sourire amusé et presque... plein d'excitation.

Elle se leva vivement. Pour résumer, il vous faut un exorcisme, je me trompe ?

Cilas aurait pu sursauter s'il était debout. Un exorcisme... Agahnim n'étant pas un démon, il n'y avait jamais pensé. Un exorcisme... ce n'est pas contraire aux religions des sorcières ? Par rapport à... Dieu, et tout ça...

Prudence roula des yeux, exaspérée. Un faux Dieu, déjà, adoré par les mortels ignorants. Mais nous connaissons un exorcisme qui ne dépende pas de ce faux dieu, mais de la puissance de la sorcière qui l'accomplit. Sabrina l'a fait une fois sur un démon, je devrais pouvoir y arriver sur votre... parasite à vous.

Elle se dirigea vers la porte. Ne le dîtes pas à Zelda, elle s'y opposerait, rajouta-t-elle avant de les inviter d'un mouvement de la tête à la suivre.

Cilas se leva mais resta sur ses gardes. Pourquoi vous nous aidez aussi facilement ?

Si vous étiez réellement des ennemis, nous sentons que vous êtes bien trop faibles pour vous en prendre à nous. C'est bien plus probable que votre histoire tienne la route. On fait sortir cet...

Agahnim, compléta Cilas.

Agahnim, et on a une arme de plus contre l'Eglise de la Nuit.

D'un air satisfait, elle quitta la pièce, supposant que Cilas et Lena la suivraient. Par la force des choses, c'est ce qu'ils firent, Cilas en premier en faisant signe à Lena que tout allait bien. En fait, Cilas était plutôt content de la tournure des choses.

Je sais que notre plan était de vous confier la puissance magique d'Agahnim, mais de toutes évidences, il est trop fort pour cela, murmura Cilas à Lena en chemin. S'ils ont réellement un moyen d'expulser Agahnim, il sera sans doute plus facile de lui soutirer quelque chose.

Sans oublier le fait qu'il attendait ça depuis bien trop longtemps pour dire non à une piste aussi concrète qu'était cet exorcisme.

Ils entrèrent dans une chambre au milieu de laquelle, contre un mur, se trouvait un lit à baldaquin. Sur les poteaux de bois de celui-ci, se trouvaient des liens solides, vide. Prudence rejoint alors deux autres sorcières qui étaient déjà présentes ici.

Agatha, Dorcas, attachez le. Nous allons l'exorciser, leur dit-elle d'un ton lugubre.

Cilas avala de travers. M'attacher ? C'est nécessaire ?

L'exorcisme va provoquer votre Agahnim, et lui donner le contrôle pour le faire sortir. Vous voulez réellement être libre quand il aura le dessus sur vous ?

Cilas soupira et s'approcha alors du lit, sur lequel il s'allongea, laissant Agatha et Dorcas l'attacher aux poignets et aux chevilles.

Prudence fit signe à Lena de s'éloigner un peu par sécurité, alors qu'elle et ses deux soeurs s'alignaient devant le lit. Elle commença l'incantation.


Une douleur aigue frappa Cilas à la tête, et l'instant d'après, il perdit la main, comme attendu. Agahnim était enfin revenu, et son rire sinistre emplit la pièce, comme si l'exorcisme n'avait aucun effet. Les soeurs n'en furent aucunement perturbées toutefois.


Le rire d'Agahnim se fit plus fort, alors que son corps fut secoué par des spasmes violent : le sorcier luttait malgré ce qu'il voulait laisser croire.

Vos rituels sataniques ne serviront à rien ! Je ne suis rien des vulgaires démons que vos piètres donzelles ont combattu, se moqua-t-il.


Agahnim luttait toujours, mais rien ne semblait évoluer, rien ne semblait changer. Prudence serra les poings, alors qu'elle commençait à craindre qu'elle n'était pas assez forte : cet exorcisme s'appuyait sur la sorcière qui le pratiquait.



Le corps de Cilas commença à léviter à quelques centimètres du lit, mais Prudence ne s'en satisfit pas : elle sentait encore qu'Agahnim était imperméable à ses incantations.


Les liens se détachèrent soudainement, alors que Agahnim basculait son corps à la verticale, pour faire face aux sorcières. L'exorcisme ne lui faisait plus rien : Prudence l'avait juste réveillé, mais hélas, il n'y était pas davantage sensible. Celle-ci eut l'air desespérée.

Je ne suis pas assez puissante ! Fut-elle obligée d'admettre. Plus fort mes soeurs ! Elle se tourna vers Lena. Vous aussi !


Agahnim essayait d'avancer vers elles, mais la détermination des sorcières ayant grandi, il fut freiné dans ses mouvements. Prudence gagna en confiance.


Une onde de choc partit d'Agahnim et frappa toute la pièce, renversant toutes les sorcières au sol. Quand tout le monde reprit connaissance, Cilas respirait difficilement sur le lit, ayant repris le contrôle, mais sans être sûr qu'il allait mieux. Est-ce que... ça a marché ? Marmonna-t-il, sceptique.

Prudence se leva, et tourna sur elle même plusieurs fois, en panique, cherchant quelque chose du regard, avant de pester en jurant, avec un coup de pied dans un meuble renversé à côté d'elle. Je n'y crois pas... ça n'a pas fonctionné ! Votre Agahnim n'est pas un démon, on a réussi, tout au plus, à l'endormir.

Elle soupira. J'espère que vous serez utile très vite contre nos ennemis, avant qu'il n'en redevienne un, indiqua fermement Prudence à Lena, en pointant Cilas du doigt.

cilas & lena

Un exorcisme ? Elle était sérieuse en plus. Je restais proche de Cilas et ne quittait pas la sorcière des yeux mais ne disait pas mot. J’attendais de voir ce qu’elle prévoyait. M’humectant les lèvres, je finis par suivre Prudence en compagnie de Cilas. Je n’arrivais pas à leur faire cent pour cent confiance, ceci dit, c’était là le seul moyen sans nul doute de pouvoir nous renvoyer à Storybrooke, et je comptais bien y retourner. Je ne quitte pas Cilas des yeux avant de reprendre la parole.

« Il faut bien avouer que c’est sans doute une meilleure chose, étant donné la situation. En tout cas, ce qui compte présentement, c’est qu’ils puissent vous débarrasser d’Agahnim et ensuite, eh bien nous verrons. » énonçais-je alors.

Nous finissons par entrer dans une chambre assez étonnante. Un petit côté bdsm si on n’appuie la chose mais là n’est pas le sujet. Deux autres sorcières étaient présentes. Restant légèrement en retrait, je les regarde faire, prête néanmoins à agir si cela était nécessaire, surtout à l’égard de Cilas. Je ne quittais pas Cilas des yeux, espérant ceci dit que l’exorcisme ne soit pas dangereux pour lui, je dois avouer que l’idée c’était de rentrer à Storybrooke avec lui. Un frisson me parcourut lorsque le rire sinistre du sorcier raisonna dans la chambre dans laquelle nous nous trouvions.

Le corps de Cilas était secoué de toute part tandis que le sorcier tentait sans nul doute de lutter contre la magie des trois sorcières. Rien ne changeait tandis que l’exorcisme continuait. Je restais en retrait mais voulait agir, je voulais servir à quelque chose et ne pas être simple spectatrice de tout cela. Je voyais bien que Prudence avait du mal à agir, elle devait sentir que quelque chose clochait. Je fis un pas en arrière lorsque le corps de Cilas se mit à léviter à quelques centimètres du lit. Ce n’était clairement pas quelque chose que nous pouvions voir tous les jours même si à Storybrooke, on peut voir beaucoup de choses étranges, ça, ça restait assez intense si je puis dire. Les liens de Cilas se détachèrent alors que son corps était basculé à la verticale.

Rejoignant les trois sorcières, ma main saisit celle de Dorcas tandis que je joint ma voix à la leur. Cependant, Agahnim semblait résister aux formules. Cependant, il fut freiné dans ses mouvements par la détermination de Prudence, lié à la notre. Une onde de choc jaillit du sorcier avant de toutes nous frapper de plein fouet. Je me souviens simplement avoir fait un joli vol plané avant de retomber sur le sol. Reprenant connaissance, je me relève avant de me diriger vers Cilas tandis que ce dernier gisait sur le lit, semblant avoir repris l’ascendance sur le sorcier. Avalant difficilement, je pose mon regard sur Prudence.

« N’ayez crainte, je serais me montrer utile. Cilas est mon ami et j’ai peut être quelque chose qui pourrait nous aider à maintenir Agahnim endormi du temps que nous puissions trouver un moyen de vous aider contre vos ennemis. »

Fouillant dans la poche de ma veste, j’en sors un bracelet avant de le tendre à Cilas.

« C’est une amie à moi qui en possède deux, j'ai reproduit scientifiquement avec son aide plusieurs bracelet de ce genre. Ce sont des bracelets bloqueur de magie. Si ça peut fonctionner sur une sorcière comme Regina, ça peut surement fonctionner sur Agahnim et lui permettre de rester endormi aussi longtemps qu’on en aura besoin. » énonçais-je à ce dernier « c’est à vous de choisir si vous voulez le porter ou non. » énonçais-je alors tandis que je me tourne vers Prudence « Si vous m’aidez à contrôler l’intégralité de mes pouvoirs, je pourrais vous aider en retour. » énonçais-je à la jeune femme.

Lena & Cilas