Novembre 2013 - un mois avant la fin du Sort Noir
Icare fermait les portes du cimetière dont il s'occupait, alors que le lieu devait être clos depuis déjà deux bonnes heures. Derrière lui, Emma Swan fermait les portes de la voiture de police sur un groupe de trois adolescents qu'elle venait d'arrêter. La nouvelle policière, nommée il y a peu alors que son arrivée en ville n'était pas si ancienne, avait en elle une bien curieuse dynamique, qui rendait les gens curieux, mais généralement amenés à l'apprécier. C'était le cas d'Icare, bien qu'il n'ait, avant ce soir, jamais échangé davantage qu'un bonjour cordial quand ils se croisaient au Granny's où elle avait déjà pris ses habitudes comme beaucoup des habitants de cette ville.
Navrée pour le dérangement, monsieur Skellington, lui dit elle en soupirant.
Ce n'est pas la première fois qu'on voit ces trois là perturber la ville la nuit.Icare lui adressa un sourire aimable.
Ne vous excusez pas, Mademoiselle Swan, ce n'est en rien votre faute. Son sourire toutefois prit un air amusé.
Je crois par ailleurs que c'est un signe positif, à Storybrooke.Emma haussa un sourcil, intriguée.
Trois jeunes qui boivent dans des lieux publics ? Lui demanda t elle en les pointants d'un simple mouvement de la tête.
Icare ferma les pans de sa veste, et haussa doucement les épaules.
Il y a quelques semaines encore, personne n'aurait osé prendre le risque de perturber la ville. Tout le monde ici a trop peur de madame le maire.La policière croisa les bras, curieuse.
Et donc ? Ce n'est plus le cas ?J'étais présent au Conseil Municipal la semaine dernière. Le cimetière n'est jamais dans les sujets abordés mais je reste un fonctionnaire qui travaille pour elle. Votre intervention a marqué tout le monde, expliqua t il.
Personne avant n'a osé tenir tête à Regina. Les choses changent depuis que vous êtes en ville. Les gens se sentent plus... inspirés. Il faut simplement montrer à ces jeunes d'autres moyens de profiter de cette nouvelle ère, conclut il avec un sourire en direction de la voiture de police.
Emma n'avait pas l'air de savoir quoi dire, peut être gênée ou... perturbée.
Et bien... j'en suis ravie... je suppose. Elle lui adressa un sourire poli.
Bon, je dois raccompagner ces jeunes gens. Bonne nuit, monsieur Skellington.Une des choses qui changeaient également ces derniers temps, était cet échange. Icare ne parlait à personne en ville, son quotidien simplement rythmé par les murmures du vent quand il prenait soin du cimetière, ou par le regard de cette douce inconnue à travers la fenêtre de l'immense maison en face. Emma Swan lui accordait une attention qu'on lui donnait rarement. Ce n'était pas un traitement de faveur, parce que c'était là où cette femme était spéciale : elle semblait donner de l'attention à tout le monde. Malgré les rumeurs sur son passé de prisonnière, Icare n'avait nul doute qu'elle était profondémment une bonne personne. Il entendait parfois les échanges qu'elle avait avec le fils de madame le maire (qui était d'ailleurs son fils biologique), quand Henry lui suggérait avec certitude que l'homme du cimetière était Jack Skellington. Emma se contentait de lui répondre que ce n'était pas très poli de faire des rumeurs sur un simple nom de famille, et que ce n'est pas parce qu'il travaillait là bas qu'il fallait le voir comme un mort. La remarque avait fait sourire Icare, amusé, mais elle était sympathique.
Au delà de ça cependant, Icare connaissait la même vie. Il quittait son domicile pour ouvrir le cimetière dès 6 heures du matin, il en faisait le tour pour le nettoyer, prenant même le temps d'aroser les plantes une fois qu'il avait fini de ratisser les feuilles mortes, arracher les mauvaises herbes et nettoyer les pierres tombales salies par le temps ou les oiseaux. Bien que Emma Swan donnait une dynamique agréable à la ville qui n'en avait jamais véritablement eu, la véritable lumière dans le quotidien d'Icare était cette femme mystérieuse qu'il voyait chaque jour et qui lui rendait son regard. Les choses changeaient peut être, mais Icare espérait que ceci ne changerait jamais.
Cependant, plus les jours passaient, et plus le quotidien de Storybrooke cessait de se ressembler. Le calme de la ville dont tout le monde était habitué avait davantage l'air d'être en plein essor d'une énergie nouvelle, et parfois un chaos total. Comme ce jour là où le petit Henry avait insisté pour qu'Emma fouille dans le mausolé Mills, persuadé qu'elle y trouverait les squelettes dans le placard de Regina.
Monsieur Skellington, je suis affreusement désolé, mais... marmonna t elle, désemparée.
... mais le petit n'arrêtera pas si on ne lui montre pas, devina Icare qui avait déjà bien cerné le personnage, même de loin. Bien sûr, il était terriblement irrespectueux de faire ce qu'il voulait faire, mais Icare s'attacha à la pensée qu'après tout, Henry était de la famille rattachée à ce mausolé. De toutes façons, personne n'appréciait vraiment leur maire, et tout le monde appréciait Emma. Icare n'hésita pas longtemps à leur donner l'accès, bien qu'il donna pour exigences que rien ne soit profané.
Henry fut bien déçu, puisqu'il ne trouva rien qui puisse prouver l'identité de sa mère adoptive comme celle de la Méchante Reine, ni de l'existence de cette malédiction fictive à laquelle il croyait. Mais il en serait bien davantage déçu de s'être lancé dans ce projet quand Regina était arrivée et les avait pris en flagrant délit.
Emma Swan, dans sa bravoure, avait défendue Icare de les avoir laissé entrer.
Ce n'est pas de sa faute, c'est la mienne. Quelque chose de suspect devait être vérifié, c'était une erreur, mon dossier est clos, affirma la policière, ferme. Icare sentait cependant que la maire, et sa supérieure de surcroît, ne lui pardonnerait pas pour autant. Mais pour le moment, Emma semblait bien davantage detestable que lui.
Pour le moment en effet, car plus tard, Icare n'aurait pas fini d'entendre parler de Regina. Les choses changeaient bel et bien à Storybrooke, et une seule personne détestait cela profondément : madame le maire, bien sûr, alors que son contrôle quasiment despotique sur la ville commençait à lui échapper.
Un jour, alors que Icare se rendit au travail, il croisa à nouveau le regard de cette femme, qu'il ne connaissait pas et dont il avait pourtant l'impression d'être tombé amoureux. Et un homme amoureux qui adresse un regard à la personne qui était le sujet de ses sentiments ne pouvait pas avoir un regard trompeur : on le voyait, dans ses yeux, qu'il était amoureux. Et Regina, un jour, le remarqua. Deux personnes que la Méchante Reine voulaient maudites, comme le reste de la ville, commençaient pourtant à avoir des sentiments l'un pour l'autre. Commençaient à se retrouver. Et alors qu'elle n'avait pas de contrôle sur Emma, il lui fallait bien dépenser sa colère ailleurs. Regagner son contrôle ailleurs. Comme empêcher un homme de revoir la femme dont il était amoureux.
code par drake.