« Attends, ça sonne. » dis-je à Norbert.

Je le sentais impatient.

« Tu sais quoi ? Au pire je décroche. » dis-je en tenant mon téléphone portable d'une main et en décrochant le combiné du téléphone de la Mairie où Norbert nous avait téléporté quelque minutes auparavant.

J'aurai pu directement atterrir dans le bureau du Maire en ce beau mois de novembre, mais je voulais faire les choses bien. Du coup, j'avais appelé. Même si physiquement, je me trouvais déjà dans le bureau du secrétariat. Quelqu'un venait enfin d'entrer !

« Ah ça tombe bien ! J'ai un soucis de permis de construire. L'espace à l'est de la ville. Là où y'a les arbres, c'est libre ? » demandais-je en raccrochant le combiné et en rangeant mon téléphone portable.

Je voulais occuper une partie de ce qu'on appelait la forêt. J'avais un grand projet !

Déjà fatigué de ma journée qui venait de commencer, j'entrais avec dépit dans le bureau du secrétariat de la mairie pour rejoindre ensuite mon bureau. Seulement, au moment où j'ouvris la porte je fus surprise de voir le visage hideux de l'ancien maire et de Norbert, son minotaure de compagnie. Dire que ce monstre dégoutant occupait mon poste actuel ! Je soupirais. A peine m'avait-il vue qu'il m'agressa de questions dont je n'avais que faire. Il ne manquait plus que lui pour ruiner ma journée.

-Vous pouvez appeler, comme tout le monde, vous savez. Cet endroit ne vous appartient plus et personne n'a envie de voir un visage aussi hideux que le vôtre de bon matin. Et encore moins celle de votre minotaure.

Sans répondre directement à sa question, je m'avançais jusqu'au bureau pour y poser mon sac de luxe.

-La forêt est un domaine public, donc non, c'est pas libre. Si vous voulez construire quelque chose, il va falloir trouver un autre endroit. Pour ça, il faut remplir une autre demande de permis de construire en suivant la procédure, pas en harcelant le personnel de la mairie. Ce sera tout ? Merci, vous pouvez disposer.

Je lui fis un petit signe de la main qui voulait dire "du vent" avant de m'asseoir à ma chaise et ignorer complètement cet énergumène.

Sur le coup, je fus surpris par un tel langage. Puis, je me rendis vite compte qu'elle plaisantait. C'était évident. Erwin, mon voiturier trésorier, lui avait sans doute dit que j'appréciais l'humour et par conséquent, elle faisait son maximum pour me satisfaire. Qui plus est, je portais un costume. Tout le monde était beau en costume. Même Norbert avait un noeud papillon sur son torse velu. Faut dire que depuis la soirée d'Halloween, il affectionnait tout particulièrement les noeuds papillons et il en portait tous les jours.

« Excellent ! J'adore ton humour. » lui dis-je, tout en jetant un oeil à son sac à main.

Est-ce qu'il plairait à Merida ?

« Si la forêt n'est pas libre, y'a sûrement un autre endroit. J'ai amené une carte. »



« Et là ? C'est vide là. Y'a juste des arbres. »

J'avais l'impression de pointer le même endroit qu'avant. Mais d'un autre côté, il n'y avait que ça de dispo et de suffisamment grand pour mon projet top secret.

Je haussais un sourcil à la mention du mot "humour". Je n'étais absolument pas en train de rigoler avec lui. je n'énonçais que des faits véridiques : il était hideux et j'avais envie qu'il dégage. C'est tout. Mais soit, je n'avais pas la foi d'expliquer à un vieux dieu à quel point sa mocheté m'aveuglait. Le plus vite j'en avais fini avec lui, le plus vite il dégagerait.

-Oui, oui bien sûr mon humour... Dire que des gens aussi bêtes sont dieux... dis-je pour moi-même.

Il me montra ensuite une carte annotée par ses soins de commentaires tout aussi stupide les uns que les autres. Le fait est : il ne voulait qu'un endroit de la forêt rien d'autre. Il me pointa les arbres, me disant que c'était vide.

-Il faudrait revoir le concept du vide. S'il y a des arbres à un endroit, c'est que c'est pas vide... C'est encore la forêt que vous me montrez, donc non, je me répète, c'est pas libre ! Je levais les yeux au ciel, exaspérée. Si aucun des quartiers de la ville ne vous va pour construire ce que vous voulez, vous pouvez déménager. Je pense que toute la ville vous en remerciera. Il doit y avoir de la place dans la campagne roumaine. Loin, très loin d'ici.

Après tout ce que j'avais accomplis pour la ville, voilà comment on me remerciait ? En me refusant un permis de construire dans une partie de la ville occupée que par des arbres ? Je ne comptais pas en rester là ! Si seulement Erwin avait opté pour une équipe compétente.

Si ça avait été moi, j'aurai pris les Addams ! Eux au moins étaient à l'écoute. Ils avaient un Grand Coeur et ils étaient compatissants. Faudrait que je glisse au père de s'inscrire aux prochaines élections pour que tout se passe pour le mieux à Storybrooke.

En attendant, le voiturier me décevait grandement...

Ne souhaitant pas poursuivre cette conversation, j'avais fait un signe de la tête à Norbert pour qu'il nous téléporte. Une fois chez nous, je lui avais adressé un regard en secouant la tête.

« Des jours sombres attendent Storybrooke. La ville n'est plus ce qu'elle était. C'est une équipe d'incompétents qui la dirige. Va falloir trouver un moyen pour que tout rentre dans l'ordre et vite. Ah et tiens, attend ! Ramène moi à nouveau chez la fille là. »

Si tôt dit, si tôt fait. Norbert nous avait une nouvelle fois téléporter devant la jeune femme. Ca faisait déjà une bonne minute qu'on était partit. Une fois face à elle, je l'avais fixé droit dans les yeux.

« Je reviendrais. » lui dis-je, avant d'attendre que Norbert nous téléporte.

Voyant qu'il ne le faisait pas, je lui adressais un nouveau regard voulant tout dire.

« Quoi ? » me demanda t'il, tandis que je soupirais.

« Téléporte nous. J'ai dit ma phrase. »

« Ah oui. » me répondit-il avant de regarder la blonde. « Il reviendra. » ajouta t'il avant de nous téléporter une nouvelle fois.

Ca gâchait peut-être tout qu'il répète bêtement ce que je venais de dire. Mais au moins le message était clair. On reviendra !