« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
Il y a des absents sans retour. Des effacés au souvenir du monde.
Erwin & Hera
No traces remain
La boutique de la libraire se trouvait là, comme d’ordinaire. Il en connaissait le chemin, avant même que leurs destins ne se croisent de manière plus importantes ces derniers temps. Une petite boutique émergée rapidement mais qui avait su se faire une place parmi les commerces de la ville et se démarquer de la concurrence par une série d’ouvrages soigneusement choisis et un accueil aimable et aguerri. L’enseigne en bois au dessus de la porte indiquait à qui voulait le lire et le voir « Alexis’ around the corner ». Effectivement, l’édifice se tenait à l’angle d’une rue, à mi chemin entre les boutiques les plus vives de la ville et une rue déchargeant les commerces plus atypiques. Cela lui correspondait bien. Lorsqu’on savait le déceler, la boutique possédait de vrais trésors les plus variés et les plus intéressants. Et cela, le notaire le savait plus que quiconque. Du trottoir en face, son regard s’arrêta à la lumière qui brillait visiblement dans le commerce, laissant présager que les affaires continuaient de tourner malgré tout. Il pinça les lèvres, réfléchissant. S’il devait démarrer une quelconque recherche, il fallait commencer d’ici. Là, son lieu de travail et son principal lieu de résidence. Là, se trouvait nécessairement le commencement. Elle avait disparu trois jours plus tôt visiblement. Le notaire devait admettre qu’il n’y avait guère prêté l’attention d’adéquate le jour où il supposait que cela s’était produit. Mais, elle n’avait envoyé aucun message et cela l’avait surpris. Une femme amoureuse le faisait au minimum une fois par jour et pour un être aussi superbe et aussi rêvé et demandé que lui-même, il était même mieux de se rappeler à son bon souvenir, au minimum, deux fois dans une journée. Or, ce fameux jour, la libraire était demeurée muette et rien pourtant ne laissait présager une quelconque mauvaise humeur à son égard. Vers les environs de midi, s’en apercevant, il avait froncé les sourcils mais ne s’était résigné à envoyer un message des plus simples que lorsque se rapprocha la fin de journée. Car, non il ne s’inquiétait guère et trouvait juste le silence des plus étranges au regard du précédent de la veille au soir. Et puis...il souhaitait savoir où il terminerait la soirée afin de s’organiser en conséquence. Tout certain de sa future réussite, il lui envoya donc le message suivant :
« Bonjour ma chère, te voilà aujourd’hui bien muette, Serais-tu au fait d’un souci qui te guette ? Si c’est le cas, n’hésite pas à m’en aviser. Veux-tu tenter de savoir si ma présence peut l’apaiser ? »
Un message charmant, stylistiquement agréable et fort bien écrit, oui. Assez satisfait de sa prose, se congratulant de sa finesse, il avait poursuivit son œuvre, certain de recevoir l’appel et l’invitation. En vain. Dix-huit heures puis vingt avaient sonnées sans qu’un seul message ne vienne d’elle. Son étonnement s’était chargé de rancœur. Qui aurait pu refuser de lui répondre ? Qui aurait pu refuser de l’inviter ? Qui aurait pu refuser sa présence ? Vexé dans son immense amour-propre et privé de la soirée qu’il avait vu se profiler, il éteignit son téléphone et rentra chez lui, un rictus orgueilleux incrusté sur son visage hautain. Tant pis, si elle changeait ensuite d’avis, lui avait pris sa décision. Il n’avait pas daigné vérifier avant de se coucher et son ressenti se poursuivit jusqu’au lendemain lorsque, allumant le petit engin de technologie, il s’aperçut encore de l’absence de réponse. Quelle importance ? Il détestait lorsque les individus devenaient chagrins et moroses, cela gâtait sa belle humeur. Au final, qu’elle boude donc ! Mais qu’elle ne s’attende guère à ce qu’il lève le petit doigt pour elle. Il était au dessus des problèmes de la plèbe et puisqu’elle refusait éhontément son aide, qu’elle se complaise donc dans son malheur…. Ainsi avait-il pensé un long moment. Le silence s’allongeait mais il n’y pensait plus et avait vécu sa journée sans la moindre pensée fugace pour la libraire si ce ne fut que pour ricaner de l’infortune qui l’attendrait lorsqu’elle déciderait enfin ramper pour obtenir sa clémence… Il saurait bien se rappeler à son « bon souvenir » tout en lui enseignant la difficulté de satisfaire un roi. Néanmoins, tout aussi orgueilleux que pouvait être son égo, Preminger n’en demandait pas moins assez fin. Et si l’attitude l’agaçait, c’était notamment car il la trouvait incohérente… Elle ne lui ressemblait pas. Loin de représenter l’ombre d’une dispute, c’était ignorance froide à laquelle il se retrouvait confronté… Mais personne ne l’ignorait ainsi. Encore moins elle… Encore moins après son message. Elle n’en n’avait aucune raison. Aussi, lui sembla-t-il soudainement qu’il aurait pu lui arriver quelque chose. Il avait alors pressé son téléphone, appelant Midas pour exiger que ce dernier téléphona à la boutique pour un motif quelconque sous une identité quelconque – ce qui revenait à dire : celle du commun des mortels-. Après avoir insisté auprès des employés, Jérémie avait pu apprendre qu’aucun ne l’avait vu se présenter même la veille au travail et qu’aucun n’avait eu de contact récent avec cette dernière. « Mais elle reviendra très bientôt » avait indiqué un employé, du ton faux que les individus ordinaires employaient lorsqu’ils tentaient de dissimuler leur ignorance pourtant palpable. Cela l'avait convaincu alors de cette certitude intime: Alexis avait disparu.
A présent il se tenait là, devant la devanture de la boutique, les deux cartes de visite données par elle successivement, entre ses doigts. Où se trouvait-elle actuellement? Grelottante sous le froid? Ou malgré tout à l'abris? Qui diantre pouvait avoir intérêt à l'attaquer, elle? Elle ne semblait pas avoir d'ennemis... Même si l'organisation pour qui elle travaillait ponctuellement devait en posséder. Il rangea les cartes de visite dans la doublure de son manteau, puis traversa la rue, de sa démarche ondoyante, le vent froid glissant sur la fourrure de sa veste. Sans s’arrêter une seconde, il poussa la porte en bois, pénétrant dans le lieu, son visage s’ornant d’un sourire jovial. Flottait dans l’air un parfum frais et floral qui se mélangeait à l’odeur des livres, qu’il remarqua à peine, le nez affairé à humer son propre parfum. Si la décoration de Noël avait été ôté, il y avait quelques mois maintenant, restait pourtant une impression de convivialité propre à cette fête. La boutique avait été pensée pour être accueillante, chaleureuse. Preminger n’y était pas sensible mais restait néanmoins lucide quant à la sensation recherchée et il songeait qu’elle devait fonctionner sur autrui. Les gens recherchaient parfois un refuge, un lieu de lecture qui leur ressemblait. En tout cas, il ressemblait à sa propriétaire. Il se savait client occasionnel mais néanmoins peu régulier de l’endroit, préférant bien davantage y parcourir les lieux loin des horaires d’ouverture en sa compagnie. Cela attirait bien moins l’œil que sa glorieuse et lumineuse présence aux heures de pointe. Lorsqu’il venait, il achetait parfois, demandait conseil et parfois exigeait l’œil expert de la responsable sans que les vendeurs ne s’y émeuvent le moins du monde. Il déclamait toujours l’ensemble sous le même ton égal, chaleureux mais désintéressé qui décourageait d’office tout soupçon. La meilleure des couvertures. Aussi, ne souhaitait-il pas plus attirer l’attention hormis pour simuler un besoin de conseil urgent… Duquel découlerait une discussion qui bifurquerait assurément vers ce qu’il était venu chercher. Des réponses. Et il demeurait dans cet endroit une apparence d’inchangé profondément perturbante. Si elle avait laissé un indice...Ce serait ici. En tout cas, le lieux semblait en bon état, intact. S’il se fiait aux apparences, rien ne laissait présager que cet endroit ne possédait en lui, un quelconque indice.. S’il le fallait, il passerait à l’exploration de l’appartement, plus tardivement… Malgré tout, Preminger ne se fiait en rien aux apparences. Aussi demeurait-il aux aguets.. Il connaissait l’endroit par coeur et ne venait guère pour acheter et pourtant, malgré tout, son regard parcourut la pièce, s’accrochant aux nombreuses étagères qui montaient jusqu’à presque toucher le plafond, les couvertures colorées des livres accrochant l’œil connaisseur du notaire. Divers titres brillaient, à portée de main. Il tira des doigts la tranche d’un Moby Dick tenté par la reliure, feuilleta les pages avec une envie nouvelle. Le dirigea vers l’étagère puis le conserva néanmoins, tournant vers l’étagère suivante. Cela lui ferait une excuse…Ou plutôt une entrée en matière parfaite. Tout en étant une parfaite acquisition, faute de pouvoir se le faire offrir pour le moment. Il repéra la vendeuse châtaine qui discutait non loin de là et lui fit un signe de la main, symbolisant une demande de conseil. Le signe lui avait fait tourner la tête vers lui mais elle demeura néanmoins avec son client, au lieu de se précipiter vers lui, comme la bienséance l’aurait voulu, s’excusant seulement d’un regard bête désolé. Une bonne à licencier...songea-t-il. Cependant, Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, il eut un geste d’attente hypocrite et désigna les petits rayons, comme feignant lui accorder du temps. Il tourna vers le rayon suivant, tentant de saisir les mots prononcés par l’employée . Visiblement, elle se contentait d’un renseignement littéraire pur qui ne consistait pas un indice utile et son client hochait la tête, les bras remplis d’autres bouquins sélectionnés. Sans intérêt… Il tournait à l’angle du second rayon, pour avancer vers la caisse, à la recherche de son collègue , lorsque sa vue s’aiguisa soudainement devant la silhouette qui y patientait déjà. Plus que la deviner, il la reconnu même de dos, à la posture de son dos et de sa silhouette, à son port de tête. Le Monde était petit… Mais sa présence en ses liens corroborait la thèse de la disparition. Pourquoi diantre se serait-elle dérangée ? Le plaisir de la lecture ? Un sourire différent orna sa bouche et il abandonna sa démarche posée pour louvoyer complètement vers la déesse. Qu’elle n’ait pas eu vent de son apparition ou qu’elle le dissimulait importait peu… Si elle se trouvait là, c’est que d’une manière ou d’une autre, elle aurait bien quelque chose à lui apprendre, volontairement ou non. Qu’elle le désire ou souhaitât s’y soustraire, il comptait bien parvenir à lui extirper ne serait-ce qu’une infime miette d’utile à sa propre quête :
- « Héraaaaa, ma chère ! » déclama-t-il dans un souffle, en s’adossant au comptoir, lentement, permettant à leurs visages de se faire face. « Quel délicieux ravissement stupéfiant que de vous voir séant ! » ajouta-t-il avant de tourner une tête railleuse vers la déesse.
Parfois, la vision de la divinité se confondait pour l’ancien ministre avec l’incarnation d’une complexification non envisagée, haïssable même. Mais ce jour, non. Non, il n’éprouvait aucune amertume sèche à la vision de la femme froide et contrariée qui lui faisait face. Ni l’amusement sadique de leur dernière et brève entrevue. Cette fois, il y voyait une heureuse porte vers la Vérité. Ils venaient pour la même chose, pas pour les mêmes raisons… Le coin de sa bouche s’étira davantage, tandis que ses yeux croisaient ceux fermes et durs de la divinité. Un regard à en faire trembler plus d’un sous son courroux, sûrement, mais pas le ministre. Lui qu’elle avait déjoué sans gloire, la toisa de son éternelle vanité, poursuivant sous un ton affecté :
- « Que de surprises, mais que de surprises ces derniers Temps! … Je vous imaginais éperdument vouée à de titanesques tâches olympiennes et vous voici pourtant… Si simplement! Faisant d'ailleurs quelques...ordinaires emplettes.» son regard doré glissa sournoisement jusqu’à ses mains vides et le désintérêt flagrant qu’elle semblait afficher, impérieuse et sévère pour les alentours. Il se demanda soudainement si elle était apparue directement ou si elle s’était aussi donnée la peine de franchir la porte… Il ajouta toujours théâtral « Et pourtaaaant...comme vous ne vous embarrassez, d’ordinaire, ni de porte ni de droit, j’ai tendance à penser, fort adroitement je dois le dire, que la notion d’achat est à vos yeux ni plus ni moins qu’une douce fantaisie…Alors… Sauf à ce que cet... » il désigna les lieux d’un geste vaste de la main « cet endroit ne représente bien plus à vos yeux que ce que le bon sens saurait lui donner…car après tout, cela ne serait guère la première fois où vous manifesteriez pour lui une dose d’intérêt protecteur….Je gage que l’acquisition d’un ouvrage n’est pas la raison de votre présence ici. Oh épargnez-moi vos louanges, ce n’était guère difficile à deviner...»
Il gloussa à mi-voix, méchamment puis leva le menton avec orgueil, la voix toujours suffisamment basse pour ne paraître que pour l’employée que l’équivalent de deux individus devisant non loin de la caisse :
- « Jouons cartes sur table ma chère, nous nous épargnerons mutuellement la perte d’un Temps précieux. Nous savons tous deux pourquoi, mutuellement, nous nous trouvons ici. J’en déduis plus fortement que votre diviiiiine présence indique que ce n’est guère qu’une disparition anodine, sinon vous n’auriez pas pris la peine d’apparaître. Vous n’auriez même pas pris la peine de chercher cette gamine dont vous souciez si peu. » siffla-t-il fourbement les yeux s’illuminant d’une lueur malsaine « Mais puisque nous nous trouvons au même point et que nous recherchons le même but, je puis vous aider dans votre tâââche si vous le souhaitez. J’apprécie me rendre utile. J’ai, voyez-vous, moi même la fantasque envie d’y parvenir impérieusement rapidement et ce serait pour moi, un réel plaisir que de cheminer avec vous pour contribuer à cette résolution heureuse.... »
Il laissa un moment s’écouler pour la laisser y réfléchir. Elle saisirait la proposition, il le sentait. Malgré tout le dégoût qu’elle feignait ressentir pour lui, elle ne pouvait qu’admirer son intelligence, elle l’avait même admis par le passé. Tout au plus savait-elle qu’elle s’ajoutait un allié considérable en acceptant sa proposition...De plus, elle avait besoin de mener l’enquête surtout que visiblement, et cela était une information majeure qu’il se garda bien de verbaliser à voix haute...ses pouvoirs ne lui avaient été que d’un intérêt limité.
- « Je sais avec certitude que l’événement a du se produire il y a deux jours. En début de matinée. Je suppose qu’il a du avoir lieu ici. Et si c’est le cas, avant ou peu après l’ouverture du magasin. Dans tous les cas, j’escomptais fortement que l’un ou l’autre de ces deux employées puissent m’indiquer si cela avait déjà eu lieu lorsqu’ils sont arrivés… Mais je suppose que vous devez posséder également quelques certitudes ? » il s’interrompit puis interrogea « Vos pouvoirs vous ont-ils menée ici, je présume. Avez-vous la moindre idée de ce qui a pu se produire ? »
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Après la fin d’année mouvementé qu’elle avait passée, Hera aurait dû prévoir que le repos qu’elle avait accueilli avec félicité en début d’année était de courte durée. La déesse était dans sa chambre lorsqu’un des gardes lui avait annoncé qu’elle avait de la visite. Un peu surprise, elle avait observé la créature en lui demandant qui pouvait être ce visiteur surprise, espérant qu’elle n’avait pas affaire une nouvelle fois au cowboy mystérieux. Devant la réponse qu’il lui donna, elle regretta instantanément qu’il n’était finalement pas question de l’inconnu. Soupirant, Victoire avait hésité un instant avant de préciser :
- Dîtes-lui que j’arrive, qu’il m’attende dans la salle du Trône.
Elle n’avait encore jamais vraiment eu l’occasion de discuter seule à seule avec son “neveu” mais il était évident que leur relation n’était pas au beau fixe. Il était le fils d’Aphrodite, rien que cette pensée suffisait à le faire baisser considérablement dans son estime. Il était aussi à l’origine du Ragnarok, sans compter que qu’elle avait tenté de le tuer à deux reprises, juste avant sa naissance et lors de la prise de pouvoir de Phobos il y avait de cela deux ans. Peut-être que le jeune homme lui en tenait rigueur ? Elle avait demandé à ce qu’on la prévienne le jour où l’épée cesserait de brûler à l’Asbru, pourtant, la seule nouvelle qu’on lui avait apportée en ce jour était l’arrivée de son “neveu”. Il était fort à parié qu’il ne venait finalement pas pour déclarer la guerre ou revendiquer un statut quelconque. Vêtue de sa robe rouge et or, ses longs cheveux blonds coulant sur ses épaules, elle s’était dirigée d’un pas vif et altier jusqu’au lieu de rendez-vous. Les portes s’étaient ouvertes sur son passage et sans lui accorder un véritable regard, elle lui était passé devant pour lui faire face, se positionnant au niveau de son trône.
- Oui tu voulais me voir...
Elle venait de se mettre face à lui, ouvrant les yeux sous la surprise. En face de lui, le jeune homme tenait une licorne aussi petite qu’obèse dans ses bras qui l’observait calmement de son strabisme étrange. La licorne d’Alexis, Pétunia.
- Elliot ? - Oui, c'est moi !
Il s’était animé vivement remontant la licorne qui devait peser son poids dans ses bras. A première vue, il ne semblait pas en vouloir à sa “tante”, il semblait plutôt impressionné, ignorant comment s’y prendre que plus à chercher le conflit et la confrontation. Victoire avait haussé un sourcil en l’observant tandis qu’il poursuivait avec le même gène :
- Euh... bonjour Madame... Altesse. Hera.
Il lui tendit sa main avec un sourire contrit et le geste l’avait autant surpris que sa dénomination. Où était donc ce gamin qui prendrait bientôt la place du Titan Roi ? Il avait l’air d’être un enfant de 4 ans prit en faute qui ne savait plus sur quel pied danser ou même comment la nommer. Après un instant d’hésitation, elle avait saisi la main du jeune homme pour la lui serrer, plutôt rassurée à l’idée de ne pas à avoir à commencer une nouvelle guerre maintenant :
- Je sais pas comment vous... tu... préfères... qu'on s'appelle. Comment ça va ? - Je... vais très bien... et toi ? Je pense que le mieux est de ne pas s'encombrer de surnom trop compliqué. On se tutoie, on s'appelle par nos prénoms, cela te convient ? Après tout... nous sommes de la même... famille.
Elle avait réprimé une grimace en prononçant le dernier mot. Elle avait toujours eu du mal à considérer certaines personnes comme des membres de sa “famille” à la vue du passif mais maintenant qu’elle s’était portée volontaire pour protéger tout le monde, elle se devait de réaliser ce rôle avec tous, y compris son... “neveu préféré”. Tentant de dissiper le malaise, elle avait relancer la conversation :
- Tu voulais me voir ? - Ca va tranquille. Je suis en plein dans Steampunk 2077 en ce moment c'est de la BOMBE ! Mais... ça t'intéresse pas donc je vais direct enchaîner sur la raison de ma présence.
Elle avait hoché la tête d’un air entendu, n’ayant aucune idée de quoi il parlait juste avant, espérant qu’il arrive enfin au but. Il souleva un peu plus Pétunia une fois de plus et Hera posa les yeux sur la licorne :
- Ça me va pour le tutoiement. C'est bizarre... j'ai l'impression qu'on a déjà eu cette conversation, non ? J'ai souvent des impressions de déjà-vu. Bref.
Voilà qu’il s’égarait encore. Il se gratta la tête avant de reprendre :
- Donc, Pétunia. La licorne d'Alexis. Elle ne quitte presque jamais Alexis. C'est un peu une protection pour elle. Je pense qu'elle est capable d'étouffer quelqu'un en s'asseyant dessus.
Il précisa, bien qu’inutilement :
- La licorne, hein. Pas Alexis.
Elle l’avait écouté attentivement, bien qu’un peu perdue par ce qu’elle était en train de lui expliquer. Elle ne quittait jamais sa propriétaire, soit et pourtant elle était là, avec Elliot, alors à quoi rimait tout ceci ? La déesse l’observa un instant avec un soupçons de sourire sur les lèvres, tandis qu’elle se remémorait une de ses dernières rencontres avec l’animal. Elle revoyait presque le notaire bondir sur sa chaise, en retrait le plus possible du canasson qui avait semblé, sans grande surprise, détesté l’individu à la seconde où elle avait posé les yeux sur lui.
- Je vois... oui, je l'ai déjà vu à l'œuvre c'est une sacré dure à cuire... Jolie petite créature que tu nous as fait là...
Elle avait échangé un regard complice avec l’animal, un sourire en coin de moins en moins discret avant de reposer son attention sur Elliot, brusquement plus sérieuse :
- Mais pourtant aujourd'hui... elle est avec toi ? - Oui, ça montre qu'Alexis a des problèmes. Sinon, Pétunia resterait chez elle, ou à la librairie. Quelque chose n'est pas normal.
Elle était restée bloquée, comme en suspension après la nouvelle. Alexis avait des ennuis... Oui... décidément le repos ne pouvait pas faire long feu. Elle avait fini par cligner des yeux avant d’inspirer longuement. La gamine avait disparu et son meilleur ami venait lui demander de l’aide... à elle. Autant dire qu’il semblait évident que la tâche ne serait pas de la plus grande simplicité. Malgré l’évidence qu’elle n’y arriverait pas, elle avait tenté de sentir l’aura de la jeune fille, comme pour se raccrocher à quelque chose de rationnel. Bien entendu, elle n’avait pu la sentir nulle part et elle avait fini par hocher la tête d’un air entendu :
- On va tout faire pour la retrouver, ne t'en fais pas. Merci de... m'avoir prévenu. Nous sommes bien d'accord que c'est Pétunia qui est venu te voir, n'est-ce pas ? C'était à quel moment ? A l'instant ?
Il avait hoché la tête pour répondre à l’affirmative sur la première partie mais avait semblé hésitant sur la suite :
- Non... C'était y a trois jouuurs... J'ai enquêté un peu en free style mais comme ça donne rien, je me suis dit que...
Parfait, de mieux en mieux, elle avait disparu il y avait cela de 3 jours, personne ne s’en était aperçu hormis le meilleur ami qui était censé être l’être le plus puissant de cet univers et qui, en plus de cela, était rentré tellement bredouille de son enquête il demandait de l’aide auprès d’Olympe. Parfait. De mieux en mieux. Pourtant, elle ne voulait pas relâcher la tension de cette nouvelle sur le jeune homme qui avait fait de son mieux dans l’ensemble. Maladroitement, elle avait tenté un geste... “d’affection” dans sa direction en dirigeant lentement sa main vers son épaule pour la tapoter d’un air malhabile :
- Ce n'est pas grave. Je comprends. C'est ton amie et tu as voulu déjà en savoir plus de ton côté. Nous allons chercher et nous la retrouverons. Je ... je peux te demander de garder sa licorne en attendant ? Je pense que Pétunia sait parfaitement où elle va et si elle est venue chez toi, c'est qu'il y avait une raison...
Elle lui avait lancé un petit sourire encourageant avant de préciser :
- Est-ce que dans ton enquête tu aurais découvert une autre disparition ? Ou Alexis semble la seule ? - Apparemment, Hypérion est aux abonnés absents. Mais lui on s'en fout. De toutes façons, même quand il est là, il sert à rien.
Il l’avait marmonné d’une telle façon qu’Hera n’avait pas pu faire autrement que de dessiner un léger sourire sur son visage. Apparemment, le jeune homme ne semblait pas le porter dans son cœur et suite aux pillages des Temples, la déesse avait remarqué que, bien qu’elle n’eût jamais vraiment eu l’occasion de parler avec le Titan, il ne faisait pas l’unanimité parmi les dieux de par ses silences répétés. Le fait qu’il ait pu disparaître en même temps que la jeune fille en revanche avait quelque chose de rassurant. Peut-être avait-il juste besoin de s’entretenir avec elle ? Il n’était pas rare qu’il cache son Aura aux sens des autres et elle savait de la brune qu’ “Anatole” comme elle préférait l’appeler était l’un de ses amis. Mystère résolu alors ? Elliot était-il seulement jaloux de leur relation ? Restait néanmoins Pétunia qui était venu le chercher et...
- Vaiana n'est pas là non plus. Elle, c'est plus embêtant parce qu'elle est cool.
Voilà qui devenait embêtant. Vaiana avait la fâcheuse habitude de disparaître ces derniers temps. Ce qui semblait étrange c’est qu’Hermès n’avait pas donné l’impression de s’en inquiéter mais il lui arrivait d’être secret. Elle avait vérifié rapidement qu’il était toujours là et avait acceuilli la nouvelle avec soulagement losqu’elle avait pu percevoir l’aura de son frère. La jeune femme en revanche était précieuse selon certains, notamment Hyperion. Elle était une “Racine”... qu’est-ce qu’Alexis faisait au milieu de tout cela ? Déglutissant, un peu perplexe, elle avait presque peu entendu Elliot qui confirmait sa garde de la licorne :
- Ok je comptais la garder de toutes façons. Et on se tient au jus si on découvre du nouveau ? - Dès que j'en sais plus, je te préviendrai, fais-en de même, s'il te plaît. Dis-moi une dernière chose... vers quelle heure elle est venue te voir ? - Milieu d'aprem. Je sais plus exactement.
Elle avait hoché la tête d’un air entendu. Même si le gamin lui était toujours insupportable à sa façon, il avait au moins le mérite d’agir pour son amie et d’être venu la voir. Tentant un geste en son sens, elle se remémora son étrange façon de parler qu’elle décida de lui emprunter :
- Entendu, merci beaucoup Elliot et... on se tient... au jus donc !
Elle avait eu le temps de voir son air ahurit avant de se téléporter, un sourire amusé au coin des lèvres. Elle était désormais sur le trottoir d’en face, non loin de la devanture de la librairie de la jeune fille. C’était sans aucun doute stupide de venir ici, Elliot avait sans doute déjà dû faire l’exercice mais si elle voulait comprendre, elle se devait de recommencer de zéro. Il lui avait dit que la dernière fois om il avait senti l’aura d’Hyperion, c’était dans la librairie de la jeune femme, ce qui sous entendait qu’il était bel et bien allé la voir, que ce n’était pas juste un hasard. Quelque chose avait tourné mal entre ces rangées de livres, c’était ce qu’avait senti la licorne, sans aucun doute, avant de se précipiter auprès d’Elliot. A travers la vitrine, elle voyait son reflet désormais bien plus adapté à sa vie “d’humaine”. Ses longs cheveux blonds avaient laissé place à des cheveux courts et bruns, elle portait un pantalon d’équitation en tweed avec des bottes brunes en cuirs qui remontaient jusqu’aux genoux. Une chemise blanche entrée dans le pantalon et plus ample lui donnait un air masculin que la cravate à l’ancienne, nouée comme un lacet accentuait. Elle portait par-dessus une veste longue en tweed dans une coupe masculine et des ronds de cuir étaient placés aux niveaux des coudes. Observant l’intérieur de la boutique, elle remarqua que celle-ci était toujours en activité. Elle pouvait y voir du mouvement et des gens qui continuaient à déambuler parmi les étagères. Etrange. Ainsi donc Alexis avait des employés suffisamment dévoués pour faire fonctionner son fonds de commerce même lorsqu’elle disparaissait. C’était sans doute la gentillesse de la jeune femme qui avait permis “d’acheter” tant de ferveur chez eux et Hera en prit bonne note. D’un pas rapide mais gracieux, le port de tête toujours altier, elle traversa la rue pour entrer dans le “petit coin” d’Alexis.
Elle avait été accueillie par un jeune homme énergique et plein de bonne intention qu’elle avait pourtant refoulé assez rapidement, lui précisant tout de go qu’elle n’était pas là pour acheter mais pour tenter de comprendre où Alexis était... “partie”. Il l’avait alors invité à “faire comme chez elle” avant de se détourner pour s’occuper d’autres clients et Hera s’était concentrée sur l’aura du lieu. Elle n’avait rien de particulier à y dire : rien de louche, d’étrange, rien qui ne s’apparentait à une aura particulière ou inconnu. Aucun indice visible non plus, pas de trace, pas de marque... rien. Un peu perplexe, elle était revenue au comptoir de l’entrée, s’appuyant dessus avec un soupire. C’était un désastre...
- Heraaaaa, ma chère !
En parlant de désastre... ses poings s’étaient refermés presque aussitôt en entendant sa voix, comme si ça ne suffisait pas, il fallait qu’elle s’ajoute du poids sur le dos. Jamais rien ne pouvait donc lui être facile ? Elle l’avait senti s’appuyer, dos au comptoir, presque face à elle et elle avait lentement tourner la tête pour le toiser, son parfum surpuissant emplissant brusquement tout l’espace.
- Bonjour maître Dorian, quelle “douce” surprise.
Elle lui avait lancé un sourire poli bien que crispé. Il s’était immédiatement empressé de déblatérer un nombre de phrases conséquente et elle l’avait laissé faire tout en l’observant avec une certaine curiosité. Il parvenait toujours à partir au quart de tour, ainsi ? Sur tous les sujets ? Ou est-ce que c’éatit uniquement lorsqu’il était à son contact ou au contact d’une personne dont il pensait pouvoir tirer profit. Elle en aurait presque eu un ricanement mais elle s’en était gardé, se contentant de gardé le sourire poli en l’observant s’activé, relever des évidences, espérant apparemment qu’il lui fasse quelques confidences.
- Je vous rassure, je ne fais que trop rarement quelque chose de “titanesque”.
Là où cela était sans aucun doute une simple tournure de phrase pour l’autre, elle y avait vu pour elle une phrase qui n’avait ni queue ni tête qu’elle avait préféré relever avec la plus grande courtoisie, évitant soigneusement le sous-entendu qu’il avait tenté d’y mettre. Elle ne put s’empêcher pour autant de glousser d’un air amusé lorsqu’il avait parlé de sa façon de faire fi du droit ou des portes. L’avisant d’un regard à la fois amusé et plein de sous-entendu, elle avait précisé :
- Allons allons Maître Dorian, nous savons tous dans quelles circonstances je fais fi du droit, je vous faîtes pas plus blanc que vous ne l’êtes, personne n’y croirait. Quant aux portes, je l’ai pourtant bien emprunté en arrivant, c’est donc mon départ qui vous aura tant attristé.
Elle lui avait lancé une mine faussement triste avant de sourire malicieusement. Elle avait haussé les sourcils d’un air aussi amusé que détendu lorsqu’il lui... “proposa” de jouer cartes sur table afin de... comment disait-il ? “s’épargner mutuellement la perte d’un Temps précieux.”. Avec un nouveau ricanement, sans se départir de sa position elle précisa :
- Mais très cher, sauf votre respect, il me semble que je ne suis pas venue vous voir... A première vue, je suis la seule à qui vous faites perdre un Temps précieux, si je vous ennuie, rien ne vous empêche de vous détourner pour retourner... à vos emplettes ordinaires.
Elle avait avisé à son tour ses mains vides d’emplettes. Il avait un certain culot à lui demander des comptes. Elle ne lui devait rien, absolument rien et encore moins une quelconque information. Rien de toute cela ne le regardait après tout et il était loin, très loin d’avoir un pied dans le cercle divin, comment pouvait-il seulement s’imaginer avoir l’aplomb de lui demander quoi que ce soit ? Sous prétexte de quoi ? D’être le trésorier de Storybrooke ? De lier un lien, aussi fin était-il avec Hadès ? A moins que... Elle avait détourné son regard pour balader ses yeux vers sur les étagères, le faisant remonter jusqu’à la mezzanine au-dessus de leurs têtes, un sourire naissant sur ses lèvres.
- Et bien et bien...
Elle avait baissé de nouveaux les yeux vers lui, brillant d’un nouvel éclat.
- Peu importe au fond du point dont je me soucie de cette gamine, n’est-ce pas ? Ne serais-je donc pas la seule à m’en soucier plus que de mesure ?
Elle l’avait regardé intensément, tentant de comprendre cette chose qui lui échappait pourtant. Dorian se foutait éperdument de tout, sauf de lui-même. Il avait voulu jouer avec Alexis pour bien des raisons et la déesse avait espéré que cela renforcerait un peu la pauvre enfant qui en avait besoin pour devenir celle qu’elle était destinée à être, en dépit de ce que pouvait en penser son frère. Mais lui... elle l’avait souvent senti bafouer son mariage, cela allait de pair avec son égo, elle se souvenait encore de la jubilation dont il avait fait preuve au chalet de Noël et pourtant il était là, lui avouant d’une certaine façon qu’il cherchait également à savoir ce qui lui était arrivé. Était-ce de l’intérêt ? De l’intérêt dirigé sans nul doute, mais de l’intérêt tout de même, suffisamment d’intérêt pour le pousser à se déplacer, à enquêter de lui-même et même à le lui avouer malgré toute la hargne qu’il mettait dans ses jubilations. Un silence avait accompagné le regard qu’ils se posaient l’un sur l’autre. Si Hera avait pu admettre avec un certain intérêt l’intelligence du notaire et y avait aussi trouvé un certain amusement, il attisait aujourd’hui sa curiosité d’une toute autre façon qu’elle n’avait jamais imaginé. Se rendait-il seulement compte de ce qu’il faisait ? Il avait d’ailleurs commencé à jouer carte sur table de lui-même, lui précisant un moment bien plus exact quant à la disparition de la gamine. Elliot avait dit que Pétunia était allé le trouver en début d’après-midi, elle avait dû attendre d’être certaine qu’il se passait quelque chose avant de l’avertir. Elle avait continué à l’observer avec la même curiosité amusée, laissant sa dernière question mourir sur ses lèvres tandis qu’elle n’y répondait toujours pas. Avec un petit rire, elle avait fini par souffler impressionnée :
- Mais comment fait-elle ?
C’était un train de caractère qu’elle avait immédiatement remarqué chez Alexis, le premier qui avait été digne de son intérêt. Une petite humaine. Une simple petite humaine qui avait eu la maladresse de porter le même prénom que sa fille et recevoir le même pouvoir que son mari. Et aussi simple et ordinaire qu’elle était, elle avait su rallier son monde à sa cause. Tout son monde. Des humains, des sociétés secrètes, des dieux, des titans, des bons, des mauvais... c’était un pouvoir d’attraction qu’elle possédait sans même s’en apercevoir. Et voilà qu’à présent, même l’être abjecte vers lequel elle l’avait poussé s’était mis à avoir une certaine empathie pour elle. Peut-être l’ignorait-il encore, peut-être était-ce juste par intérêt mais elle avait pu déjà observer à quel point son égo était grand et puissant. Jamais ne se serait-il déplacé s’il n’aurait pas pensé la situation inquiétante pour lui, jamais même aurait-il montré son inquiétude et sa façon de se démener et pourtant, il était là, face à elle. Elle n’avait absolument aucune envie de savoir ce qu’elle avait fait exactement à ce type pour en arriver là, elle en avait une petite idée et la gamine devait sans aucun doute être plus habile de son corps et moins fragile et angélique qu’elle le laissait percevoir. Mais partait-on pour autant en croisade pour un joli corps ? Une chose était certaine, elle venait de trouver à Erwin Dorian un intérêt et un crédit qu’elle n’était pourtant pas prête de lui donner quelques minutes auparavant. Avec un nouveau rire silencieux et amusé, elle avait recherché l’aura d’Atlas à travers ce monde et les avait tous les deux téléportés sans plus de précision.
Il semblait qu’à Dublin et plus spécialement à Temple Bar, la nuit battait toujours son plein. La musique résonnait déjà de dehors et bien que l’intérieur ne fût ni dévoilé aux fenêtres ni à la porte du pub, Victoire avait eu un sourire goguenard sur ses lèvres, imaginant sans peine la guindaille qui devait s’organiser à l’intérieur alors que nous étions en début d’après-midi. Avec un sourire moqueur, elle avait posé la main sur la poignée de la porte en observant Erwin :
- Quelque chose me dit que vous êtes peu habitué de ce genre d’endroit, mon cher. N'oubliez pas de retenir votre respiration et de faire attention à vos précieux costumes, vous risquez d’en être légèrement... chamboulé.
Sans attendre de réponse, elle avait poussé d’un geste vif la porte pour entrer dans le lieu. Tout était sombre dans l’endroit, tamisé par des lumières artificielles et un puis de lumière que l’on pouvait tout de même voir à l’autre bout de la pièce. C’était le pub irlandais le plus touristique et le plus connu de Dublin mais il valait le détour avec son grand bar qui s’étalait sur tout le long gauche de la pièce et sur le coin en face de l’entrée, son mobilier de bois à l’ancienne, ses clients joyeux déjà alcoolisés ou venu se réfugier du froid de Février pour boire “a cup of tea” ou un bon irish coffee après le repas du midi. Comme elle s’y était attendu, le bar était donc bondé et même si la cigarette dans les lieux publics était interdite en Europe depuis un bon bout de temps, il continuait à régner une espère de voile fumant dans toute la pierre. En face du comptoir se tenait une toute petite scène de bois dans un angle. Il y avait de nombreux instruments, laissant penser que de nombreux “bands” pouvait parfois s’y essayer mais c’était bien plus le petit homme sur la scène qui avait retenu son attention.
Sa corne d’elle ne savait quoi dans la main, une blonde dans l’autre, le Titan titubait, visiblement bien alcoolisé. Le sourire amusé, la déesse continua à l’observer au loin, s’accoudant au bar, la pointe de son pied poser dernière le talon de l’autre. Ce n’était pas rare de voir Atlas dans cet état, qu’il soit feint ou non, elle ne savait jamais. Il beuglait “Still Loving You” de Scorpions en suivant la musique qui passait dans les haut-parleurs à côté de lui, les yeux fermés, visiblement habité par les paroles. Soudain, il avait ouvert les yeux et s’était illuminé en voyant la déesse :
- HERA !!
Il avait levé la main pour lui faire de grands signes. Il prit ensuite une gorgée de ce qui semblait être de la bière dans sa corne d’abondance et celle-ci lui glissa le long de sa barbe de façon peu ragoûtante. Il avait l’air bien misérable mais pour l’avoir vu à l’œuvre, elle savait que c’était bien plus un air qu’il se donnait, surtout quand la corne était remplie par autre chose que son fameux nectar dont elle n’avait encore jamais vu la couleur. Il semblait si chaleureux qu’elle en fu surprise. Jusqu’alors, elle n’était pas celle de la “fratrie” qui avait le plus copiné avec les Titans et bien qu’elle eût senti un certain feeling passer avec le petit Titan, elle ne pouvait pas non plus dire qu’ils avaient une relation qui respiraient la franche camaraderie. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, ils avaient quand même à décider sur le sort de Cerbère... Pourtant, de tous leurs “parents” c’était de celui dont elle se sentait le plus proche, celui qui lui semblait aussi le plus digne de confiance et susceptible de l’aider, la guider. Il était celui qu’on laissait de côté par son excentricité, c’était plutôt quelque chose qu’elle appréciait chez lui. De plus, elle était bien placée pour savoir que ceux qu’on prenait l’habitude de laisser sur le côté renfermaient un océan de secret... et que la première personne suffisamment perspicace pour enfin lui apporter du crédit était sans doute le plus apte à en devenir maître.
- VIENS TE DEHANCHER AVEC NOUS !
Il avait lâché la blonde qui semblait presque lui servir de pilier et il avait manqué de tomber à la renverse, perdant l’équilibre. La blonde l’avait alors rattrapé pour le mettre sur les pieds et la déesse en avait profité pour glousser avant de le rejoindre sur scène, plantant Erwin au niveau du bar, bien trop satisfaite de lui offrir sans aucun doute une scène qui les faisait tous baisser dans son estime et sans doute taperait allégrement dans son égo. Arrivée à la hauteur du Titan, elle avait passé sa main sur ses épaules avec un sourire :
- Et bien alors, on chante ses peines de cœur et on noie ses larmes dans l’alcool, très cher ?
Elle avait senit la main d’Atlas s’enrouler à sa taille, au-dessus de ses fesses. Contrairement à sa tenue avec la blonde, il n’y avait absolument rien de lubrique dans sa façon de faire, c’était bien plus respectueux, comme s’il voyait en elle encore et toujours une enfant, elle-même percevant sans doute l’“oncle” qui devait être. Il prit un instant pour la détailler de haut en bas, plus par minutieux et analyse que par perversité, un sourire appréciateur quant à sa tenue.
- Ça, ça c’est une femme comme on en fait plus.
Il avait tourné la tête vers la blonde et une brune que la déesse n’avait pas vue jusqu’alors et qui était pourtant bien à côté de lui depuis le début.
- Je vais vous acheter une veste en tweed, vous méritez une veste en tweed ! - Oooh Atlas ! T’es vraiment notre Titan adoré !
Hera avait eu un air surpris en entendant les deux jeunes femmes minauder son véritable prénom et parler de “titan”. Elle les avait observés avec un air de dégoût avant de plonger son regard dans celui de l’homme avec une certaine amertume :
- On est vraiment dans le secret des dieux ici !
Il était évident qu’elles ne l’avaient pas vraiment cru, le prenant sans doute pour un baratineur ivre mais cela n’en restait pas moins dangereux... enfin, plus pour les dieux que les Titans, qui pouvait être dangereux pour un Titan ? Toujours euphorique, Atlas précisa :
- C’est trop sympa d’être venu prendre des nouvelles ! - Mais je vous en prie, c’est bien normal. Je suis venue avec un... quelqu’un et nous avons besoin de vous parler.
Elle avait lancé un signe de tête dédaigneux vers Erwin et le petit Titan avait pointé son doigt vers lui, sa corne toujours bien en main :
- Barman, qu’on lui offre un verre, c’est sur ma note !
Comme si ce dernier s’étaot déjà attendu à ce qu’Atlas commande, il avait glissé une chope sur le comptoir que le notaire n’avait pas récupéré, soit par dégoût soit par lenteur. Le verre glissa jusqu’à l’autre bout du comptoir avant de chuter et se briser :
- Oups ! - C’est le moment !
La blonde qui venait de glousser s’était approché du Titan avec des yeux gourmand avant de se pencher vers lui. Il l’avait alors stoppé dans son élan pour tourner la tête vers Hera :
- Il est chaud ton copain !
Il avait alors détourné le regard pour se faire galocher allégrement sous le regard horrifié de la déesse. Elle avait alors senti des mains féminines se poser avec douceur sur son visgae et avant qu’elle n’eût le temps de réagir, la brune à leurs côtés avait posé ses lèvres sur celle de la déesse pour en faire de même. Victoire l’avait repoussé brusquement en posant ses mains sur ses épaules, remarquant alors que le verre brisé devait sans doute un signal d’orgie dans la mesure où tout le monde dans le bar était en train de s’en donner à cœur joie. De son côté, Erwin semblait être la proie du barman qui s’avançait également pour recevoir son baiser. Tentant de stopper ce moment d’allégresse, elle décida d’entrer au vif du sujet en reposant son attention sur le Titan :
- Alexis Child a disparu. Suivie d’Hyperion et de Vaiana... Nous avons besoin de votre aide... - Non.
Il l’avait stoppé si brusquement que la déesse s’était tue instantanément. Il avait secoué la tête de gauche à droite de façon démesurée, comme toute personne alcoolisée avant de la corriger avec un doigt accusateur :
- C’est Hyperion qui a disparu, suivi d’Alexis Child et Vaiana. C’est de toujours du plus fort au moins fort que ça disparaît.
Il leva alors sa main en l’air, comme suspendu dans sa réflexion avant d’ajouter d’un air triste :
- C’est toujours les meilleurs qui partent en premier.
Une fois de plus, la blonde s’approcha de lui, sans doute pour lui apporter un certain... “réconfort” à sa tristesse, l’embrassant une nouvelle fois goulument. Le Titan se laissa faire mais l’observa ensuite d’un air surpris :
- Mais y’a rien qui est tombé ? - Non mais c’était tellement beau ce que t’as dit...
Il se mit à réfléchir, comme se demandant s’il avait apprécié le baiser avant d’hausser les épaules et boire une nouvelle gorgée de bière. Agacée, la déesse attrapa fermement le bras de la blonde pour l’écarter de son chemin, la forcer à descendre de scène et voir ailleurs s’ils y étaient :
- Donc... Merci mademoiselle... Vous savez quelque chose sur cette disparition ? Attendez, la petite Motunui n’est pas censé être plus développée ?! - Je l’ai jamais vu nue je sais pas... - Au niveau des pouvoirs ! Vous avez dit que...
Les avait-il droguées ? Après la blonde, c’était la brune désormais qui s’attaquait au Titan en lui caressant la joue. Une fois de plus, Victoire l’attrapa par le bras pour l’obliger à les quitter tout en continuant :
- Peu importe, vous savez quelque chose sur cette disparition ?
Mais Atlas était toujours bloqué à sa précédente question. Il réfléchit un instant avant de préciser :
- Aussi développée que soit la petite Motunui, je n’ai jamais entendu dire qu’Hyperion ou qui que ce soit n’ai bloqué ses pouvoirs à elle. Faut dire que de toute façon, aucun d’entre nous en serait capable. Quoi qu’il en soit, c’est pas important cette disparition.
Hera le dévisagea, choquée. Rien n’avait de sens dans ce qu’il venait de dire, ni sur la potentielle puissance de Child, ni sur celle de Vaiana, encore moins sur le fait que tout ce beau monde avait disparu depuis désormais trois jours et que tout le monde semblait s’en fiche comme de l’an 40...
- Je vous demande pardon ? Attendez, que je comprenne tout, rien ne me semble logique... Comment Child pourrait être plus puissante si on ne parvient pas à bloquer les pouvoirs de Motunui... ? - Hein ? T’essaye de m’embrouiller ? De toute façon je ne parlerai pas. Et tu sais pourquoi ?
Il pointa un nouveau doigt accusateur vers elle :
- Parce que t’as pas assez bu pour encaisser ça...
Avec un soupire, Victoire précisa :
- S’il n’y a que ça pour vous faire plaisir... buvons !
Comme pour conclure ce marché, sans crainte de se faire voir par tout ce bar bondé, Atlas se téléporta un peu plus loin, juste en face d’Erwin. Il était désormais assis sur un tabouret, accoudé au comptoir et tandis qu’Hera se rapprochait d’eux d’un pas lent, elle l’entendit lui demander d’un air blasé :
- Ca va ?
Il n'y avait plus aucune trace d'alcoolisme ni dans sa voix, ni dans ses gestes. Une fois de plus, tout n'était que simulation.
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
Il y a des absents sans retour. Des effacés au souvenir du monde.
Erwin & Hera
No traces remain
Rencontrer Hera en cet endroit raisonnait comme une aide du Destin. Il y était habitué, sa sagacité, son talent le poussait toujours a obtenir de l’aide là où autrui se serait reclus dans la solitude. Hera ne l’appréciait que peu, en définitive, même si elle l’admirait énormément tout en s’en défendant et pour sa part, il disposait en sa personne d’une petite rancœur toute personnelle contre la déesse qu’il comptait bien expier un jour, en lui renversant la politesse. Il savait que ses précédentes actions notamment concernant la libraire n’avaient absolument pas été à son goût… Et rien que ce précieux rappel lui donnait prétexte à sourire davantage lorsqu’il se trouvait en sa présence. Elle rétorqua à sa remarque sur l’emprunt des portes d’entrée, l’incitant à ricaner davantage :
- « Oh mais bien évidement que votre départ m’a peiné. Nous avons tous deux un très grand respect pour la structure matrimoniale, après tout une grande part de mon travail consiste à conseiller de jeunes âmes amoureuses s’engageant pour le lien sacré que vous protégez taaaant. Nous avons tellement en commun en terme de valeurs » pouffant franchement à son nez.
Il la sentait curieuse, néanmoins. Plus que cela même intriguée. Sous couvert d’une moquerie froide dont elle possédait l’art certain, pointait le désir de connaître le lien qui le poussait à enquêter ici. Comme elle devinait, il n’était pas homme à se préoccuper du sort de ses semblables. A vrai dire, et il l’avouait lui même avec une évidence dénuée de remords, il ne se préoccupait que de lui-même. Son confort, sa réussite, son plaisir son ascension sociale et financière. Autrui ne résultait pour lui qu’un visage interchangeable, dont les traits différaient lorsque le besoin s’en faisait sortir. Il les utilisait comme les denrées consomptibles qu’ils étaient. Puis les relâchait loin de ses griffes voraces, les laissant parfois vivre. Seuls quelques-uns composaient l’élite de son « estime ». Des sélectionnés pour leur fidélité et leur usage plus durable, leur caractère maniable aussi. Une tête vide de tout autre pensée que celles qui pouvaient fleurir dans son esprit, voilà qui enchantait ses jours et ses intérêts. Pour le reste tout n’était que distraction et frivolité. Mais ses secrets, ses mensonges, ses manigances, les rouages subtils et tordus qu’il tressait dans l’ombre, eux demeuraient purement et entièrement siens. Ce qui le liait à la libraire échappait à la déesse. Il le devina en surprenant son regard s’égarant un bref instant vers le plafond qui séparait la boutique de la mezzanine. Et suivit son mouvement, le reproduisant à l’identique pour replonger ensuite ses yeux dorés dans ceux, intransigeants de la déesse, amusé. Elle ne savait pas. Sans le vouloir, elle le renseignait un peu sur l’étendue de son pouvoir. Elle avait perçu son infidélité à l’instant même où celle-ci s’était trouvée pleinement consommée, la poussant à se matérialiser dès le lendemain à son domicile. Depuis ce jour, il s’était interrogé sur la raison qui l’expliquait. Son intérêt manifeste pour sa personne poussait-elle cette divinité à le placer en permanence sous sa surveillance ? Ou ne s’agissait-il qu’une émanation de son pouvoir basé sur les liens matrimoniaux ? A présent, il possédait la certitude de la réponse. Et en devinait donc les failles. Oh. Il ne sous-estimait pas Hera. Jamais plus. Si elle désirait se donner les moyens de soustraire à autrui la vérité, elle en possédait les moyens. Des moyens méprisables, dénués de toute manigance, fondés uniquement sur la torture ou la magie, mais elle les possédait tout de même. Ces moyens dont il était dépourvu. Mais dans cette lutte mentale qu’ils se livraient à l’occasion, le pacte, l’utilité et la place qu’occupait Alexis Child dans son projet d’envergure, dans son irrésistible ascension vers le sommet, ça elle l’ignorait. Et cela força son regard à maintenir celui de la déesse, un pli mesquin glissant dans son sourire, tandis qu’elle ironisait sur les liens qui l’uniraient à elle.
- Oh Hera...Ma chère, me voilà à découvert.. » s’exclama-t-il alors portant une main vive contre son coeur, la seconde se déposant sur le bras de la déesse, tandis qu’il soupirait théâtralement « Oh vous n’avez pas votre pareil pour cerner l’âme humaine, ça en est déconcertaaaaant ! Me voilà à vous confier mon âme en peine transie d’amour et d’inquiétude ! En homme déchiré que je suis ! Aphrodite m’a, visiblement, jeté un sort que me voilà ici à errer dans la souffrance et le désaaaarroi…. » il se stoppa soudain, éclata d'un rire sonore et ajouta plus satisfait « Ou ne serait-ce que pour le divertissement ? Dans tous les cas, ne soyez pas jalouse, très chère».
De quoi la piquer au vif, assurément. Mais il n’eut pas le temps d’observer sa réaction. Sa dernière phrase fut englobée subitement dans une inspiration stupéfaite, tandis que les alentours se disloquaient autour d’eux. L’instant d’après, ils se trouvaient ailleurs et il recula sous le choc, tournant la tête de droite à gauche, pour observer les environs. Hera se trouvait toujours devant lui, mais la douce et chaleureuse petite boutique d’Alexis avait cédé la place à des lieux différents. Le climat humide, un vent plus froid qu’à Storybrooke et une petite ruelle rocailleuse abritait leurs présences. Ils s’étaient matérialisés devant ce qui semblait vraisemblablement être un bar. Sur une façade de briques rouges, sa devanture se trouvait parée d’un rouge sanguinaire, hélant les passants et les clients avec une agressivité fracassante. Le « Temple Bar » semblait être son enseigne. A en juger par les indications anglaises toutes plus incitatives à la beuvrie, ils se trouvaient au moins dans un endroit anglophone. Et face à un Temple du mauvais goût surtout. Hera s’était avancée, sans l’attendre, la main déjà sur la poignet de métal avant de se retourner vers lui, le prévenant d’avance quant à la déliquescence de l’endroit.
- « Comment fais-je sans vous, ordinairement ? Et dire que l’apparence splendide et délicate de cet établissement me semblait promettre l’excellence merveilleuse des plus grands restaurants gourmets… Me voilà bien désappointé ».
Il s’engouffra à sa suite dans l’établissement, laissant ses yeux s’acclimater à la pénombre artificielle et enfumée de l’endroit. Sans être profondément crasseux, les murs suintaient la bière, la sueur et les rires graveleux. La décadence. Il haïssait ces établissements. Ces concentrées de corps et d’excitation, ses effusions alcoolisées, son odeur. Pour autant, il ne s’en trouvait pas si éloigné que la déesse pouvait l’imaginer. Il avait connu la chaleur sale et poisseuse des tavernes humides avant d’accéder à la richesse. Il en détestait l’ambiance, l’ivresse, l’odeur, les gens qui s’y agglutinaient. Là… Cela suivait le même schéma, des tables de bois rondes ordinaires, banales où des gens s’attroupaient sans gêne, parlant haut des inepsies. Le long bar en bois à gauche, qui longeait toutes les salles où certains individus se pendaient, enchaînant sans vergogne des alcools diffus, interchangeables dans une ivresse sans saveur. Ils riaient forts et voilà tout. Chantaient parfois des mots qu’ils articulaient à peine. Pour le moment, le soleil se trouvant encore, l’endroit se trouvait peuplé d’étudiants, de jeunes gens ordinaires qui devisaient autour d’une boisson chaude, les blousons vissés sur leurs épaules. Ils s’y trouvaient bien, dans ce petit endroit miteux, déplorable et sans charme autre que l’ambiance que les soirées lui prêtait… Tournant la tête, tout en continuant de se frayer un chemin parmi les tables disposées sans sens dans la pièce, il aperçut un petit homme se déhanchant sur une scène, occasionnant un bref sourire moqueur sur ses lèvres charnues. Pathétique. Il y avait même un nain. On ne savait décidément plus quoi faire pour amuser la galerie… Toute la panoplie déplorable des clichés du genre se déversaient donc sous ses yeux hautains… Pathétique. Et après on s’étonnait encore qu’il faille asservir le petit peuple… Il avait rejoint Hera qui semblait observer le petit phénomène beuglant une chanson d’une voix approximative d’un œil tout aussi acerbe et mesquin que le sien et s’accouda au bar, en lui glissant à l’oreille :
- « Atroce, il conviendrait d’abréger ses souffrances Le ridicule dans toute sa splendeur... »
En attendant, il ignorait ce qu’ils faisaient ici, à s’accouder à la médiocrité et la bassesse dégradante du monde. Quelques badauds l’observèrent, levant le nez de leurs pintes de bière et il craignit bientôt qu’ils ne se jetassent sur lui pour le détrousser, au regard de l’opulence ravageuse qu’il présentait à leur nez. Lui comme Hera se trouvaient bien trop présentables et exquis pour être confondus avec le moindre reclus se terrant dans cet endroit misérable. Un repaire de coupe jarret que cela devait être à la nuit tombée… Néanmoins.. Preminger possédait l’ambivalence particulière de s’en effrayer tout en trouvant la proximité de la cruauté, stimulante….
- HERAAAAA
Une voix avait hurlé le nom de la déesse à travers le bar, le forçant à en trouver l’origine. Son attention s’arrêta, perplexe et interloquée vers l’individu dont elle trouvait sa provenance.. Le nain. Vraiment ? Comme une sorte de signal, Hera l’avait planté là, avec une telle indélicatesse qu’il ne prit pas la peine de l’y suivre, non. S’adossant davantage au bois froid du bar, croisant les chevilles, il se contenta d’observer l’étrange scène, les sens affûtés et l’attention ravivée. Qui pouvait donc être cet étrange petit gnome pour mériter l’attention d’une déesse ? Et plus que cela : une visite. De la bière semblait couler sur une barbe mal taillée, bue à même une corne gigantesque pour lui, et deux femmes blonde et brune se dandinaient à ses côtés , gloussant son nom dans de bécasses minauderies. Le bar bruyant empêchait le notaire de saisir l’ensemble des discussions qui se jouaient là-bas, mais l’individu criait si fort et les deux midinettes qui l’accompagnaient aussi dans les décibels qu’il parvint à saisir son prénom. Ainsi il se nommait Atlas… Et… Il riva ses yeux sur la petite taille de l’individu… Et… Et un Titan ? Ainsi le Destin possédait de l’humour. Ou alors, l’individu lui-même… Il aurait sot de penser qu’un être aussi puissamment célèbre qu’un Titan ne puisse pas modifier à sa guise son apparence. S’il façonnait et préservait celle-ci...c’est donc qu’elle lui plaisait. Il en appréciait l’ironie sûrement. Cette simple évidence lui accorda un degré de considération nouveau chez Preminger. Et une prudence se déclencha en lui, instinctive. Lui, le Maître des apparences, ne pouvait pas prendre en considération les images qui se déployaient sous ses yeux. Aussi puissante que l’était Hera, aussi important devait être cet homme, il ne fallait rien sous-estimer à présent que la cible se trouvait révélée à sa vue. Mais rien n’empêchait de se gausser devant le ridicule affiché… et l’air collé-monté que la déesse affichait, mal à l’aise. Elle le désigna brusquement, de son index impérieux, dédaigneux même et il lui retourna la politesse en souriant de son visage le plus exquis à l’adresse de son « ami ». Bien que sans départir de son visage, l’orgueil qui s’y incrustait si aisément une fois que le contexte l’y permettait, creusant son beau visage d’un éclairage retors.
- « Barman qu’on lui offre un verre ! »
Ses yeux avaient croisé le regard du Titan et déjà il s’exclamait de lui offrir quelque chose, comme soufflé de son importance. Déjà Preminger levait néanmoins la main, d’un geste d’excuse. Le barman déjà claquait la choppe sur le bois, la remplissant d’un liquide alcoolisé et odorant, qui le dégoûta instantanément. La civilité lui imposait d’accepter mais l’idée de déposer ses précieuses lèvres sur le métal sur lequel d’autres bouches peu ragoutantes s’étaient déjà entrechoquées l’écœura instinctivement. Mais le geste du barman le sauva de sa souffrance anticipée, si puissant, si rapide qu’il n’eut qu’à feindre la surprise et laisser s’écraser avec cruauté la choppe au sol. Une odeur forte de bière bon marché emplit ses narines et il passa la main sur son costume d’un air indifférent, chassant les gouttes qui étaient venues s’y percher, tournant la scène dans un sourire d’excuse. Et dans un moindre temps qu’il ne fallut pour le dire, la situation dégénéra soudain. Il observa d’un air stupéfait son voisin embrasser soudainement la serveuse qui passait par là, tandis que sur la scène Hera se faisait soudainement pris à parti par la femme brune qui accompagnait le nez. Il ouvrait la bouche pour ricaner lorsqu’il sentit deux mains lui enserrer le visage, le forçant à pivoter. Malédiction qu’est-ce que ? Le serveur, visiblement, ne semblait pas avoir trop mal pris le fait qu’il ait brisé un verre. Il le prenait même un peu trop bien à son goût..vu la manière dangereuse dont il avançait la bouche vers lui. Que diable. Il eut tôt fait d’enfoncer ses ongles sur le dos des mains qui s’étaient emparées de son visage, forçant l’agresseur homosexuel à lâcher un cri. Mais sans le lâcher pour autant :
- « On aime résister à ce que je vois ! » commenta-t-il même dans un piaillement joyeux qui arracha une mimique de dégoût au ministre. - « Si tu ne me lâches pas tout de suite, j’exploserai ton visage de petite vermine sur le bar, est-ce clair ? » cracha-t-il méchamment, renfonçant ses griffes.
Il ne possédait pas d’une force Herculéenne mais il disposait en revanche en lui d’une capacité de préservation mélangée à une méchanceté sans faille qui lui en aurait donné la capacité. Un éclair passa dans ses yeux et le barmaid le lâcha, un peu ébranlé, secouant la tête, risquant un rire nerveux :
- « Faut te détendre un peu, frère... »
Mais il s’empara bientôt d’une autre bouche à proximité, pour oublier cette désagréable menace, rendant à Preminger sa liberté dans un rire où se mêlait encore le choc. Mais à quoi ce malotru pédéraste s’était-il donc attendu ? Il n’était pas de ce bord et jamais au grand jamais aurait-il offert ses lèvres au premier et à la première venue. Tournant la tête, il constata pourtant que l’effet s’était répandu à l’ensemble du bar… Qu’était donc cette situation ? Etait-ce un tour d’Hera ou une émanation du pouvoir du Titan où se trouvaient-ils invités non conviés à une orgie publique ? La couleur rouge de la devanture cachait-elle plus d’une subtilité ? Pour autant, cela ne semblait pas dégénérer davantage. Juste une coutume, une avant-bouche désolant… Quitte à organiser ce genre de choses, autant sélectionner la clientèle pour en faire des mets de choix… Là…Il n’y avait qu’eux pour relever le niveau de la clientèle. Les deux filles qui suivaient le Titan traînaient quant à elle une aura vulgaire… Et en plus, Hera choisissait toujours ces moments d’euphorie générale pour poser les questions. Sans doute espérait-elle qu’il serait bien trop « occupé » pour y prêter attention mais c’était sans compter sur sa puissance. Son charisme pouvait être fort, sa détermination l’était tout autant. S’il avait deviné l’interrogation d’Hera, la manière dont Atlas beuglait presque chaque mot le rassura sur l’impossibilité de rater la moindre information.
- « C’est Hyperion qui a disparu, suivi d’Alexis Child et Vaiana. C’est de toujours du plus fort au moins fort que ça disparaît. »
Hera avait paru choquée et Preminger médita pour lui l’information, tout en rejetant d’un vaste revers de main une serveuse qui s’approchait de lui, un plateau d’alcool dans les mains.
-Tu ne sais pas c’que tu perds mon chou... » soupira-t-elle en haussant les épaules avant de faire les épaules.
En réalité, il ignorait ce qu’il perdait...mais pas ce qu’il gagnait vraisemblablement. Il tenta de méditer l’information rapidement, mettant de l’ordre dans ce que cela pouvait signifier. Il n’avait jamais eu encore l’occasion de comprendre la puissance du pouvoir de sa maîtresse mais l’avait deviné important. Suffisamment pour que les dieux s’intéressent à elle et prennent guère la peine de l’entraîner, elle simple humaine. La Foudre par son côté irrémédiable se trouvait être un pouvoir cruel. Elle n’en prenait peut-être pas la mesure, elle, mais lui oui. Ce pouvoir ne pardonnait pas. Il s’abattait, terrassant l’adversaire. Il ne se combattait pas. Comment combattre l’énergie ? Aucun élément ne pouvait réellement lutter. De cette faculté là, se trouvait une mine d’or de défense et d’attaque donc elle n’usait que peu… Et pourtant… Ce potentiel l’aiderait, il en était persuadé. Il l’aiderait à triompher de ses ennemis, dans ce Futur royal que le Destin prévoyait pour lui. A les dissoudre dans le néant du passé. Elle en possédait les capacités...et les propos d’Atlas semblaient appuyer ce fait. Hypérion… Il avait déjà entendu ce nom récemment. Elle l’avait prononcé au retour de l’enterrement, oui. Ce jour, où il l’avait attendue, toute la journée chez elle, lui offrant en apparence son temps précieux pour consoler sa souffrance et l’expier. En parallèle, s’était-il abreuvé des informations qu’elle lui avait livré à demi-mots, bouleversée encore. Hyperion…était un Titan. Un ami et il était l’homme endeuillé ayant perdu sa fille, sa création ce jour-là. Quant à la seconde, cette Vaimala, ce prénom ne lui disait rien… Mais il nota la réaction stupéfaite d’Hera, la manière dont elle rebondit sur elle, insistante. Elle n’était pas surprise de la disparition de cette dernière, non.. Elle était surprise de voir Alexis s’intercaler dans l’ordre des puissances entre cet Hypérion et elle. Preuve en était, elle força même le nain à descendre de scène, à cesser son manège, pour obtenir la réponse qu’elle cherchait. La réponse que l’ancien ministre guettait, les yeux luisants. Si cela s’avérait… Si elle se trouvait bien plus puissante que la déesse le croyait, comme elle avait été imprudente de lier le sort de cette jeune femme au sien. Lorsque Preminger trouvait un Trésor, il le conservait à jamais. Aujourd’hui était peut-être le jour qui lui permettrait de saisir la totale valeur de celui qu’il avait attrapé au vol, au détour d’un seul initial caprice. Cette valeur qui avait poussé le vaniteux à s’inquiéter de la disparition subite de la libraire. Tout était lié. Et tout serait scellé.
- « Aussi développée que soit la petite Motunui, je n’ai jamais entendu dire qu’Hyperion ou qui que ce soit n’ai bloqué ses pouvoirs à elle. Faut dire que de toute façon, aucun d’entre nous en serait capable. Quoi qu’il en soit, c’est pas important cette disparition. »
Au vu des découvertes, Alexis n’avait pas disparu de son plein gré mais elle suivait alors la trajectoire du Titan… Pourquoi ? Et pourquoi n’étaient-ils pas rentrés à présent ? Si la brune était imprudente, elle ne le serait pas suffisamment pour risquer de s’éloigner trop longtemps de sa lumineuse et si brûlante beauté. Et pourtant si le Titan affirmait que rien n’était grave...ne fallait-il pas se ranger à son avis ? En réalité, son esprit s’enflammait sur un autre détail. Une information distillée sans insistance par le nain mais qui engendrait quelque chose…. Quelque chose de bien plus grand.. Ainsi, Hyperion avait bloqué les pouvoirs de sa maîtresse. Pourquoi ? Quand ? A cause de leur liaison ? Ou cela avait-il eu lieu bien auparavant ? Et pourtant… Atlas l’avait dit aussi. Les meilleurs partaient toujours en premier…. Malgré la chute, malgré le blocage, elle demeurait puissante. A quel point l’était-elle sans obstacle? Autant qu’Hyperion ? Moins ? Plus ? Pourquoi ce dernier d’ailleurs, elle qui le considérait comme un ami, avait-il pris cette décision ? Il l’ignorait. Mais devait le savoir. Il le fallait. Toute cette Histoire si grande, ces enjeux colossaux qui dépassaient la nature humaine se trouvaient à sa portée. Lui. Parce qu’il fallait que ça soit LUI. L’Héritier des confins du monde, de ses limites, de ses frontières. Le Roi. Seul et unique. Parce qu’il le valait bien et que rien n’était hors de son pouvoir. Atlas frayait la foule à présent, restant muet aux interrogations perdues d’Hera. Cette dernière jouait franc-jeu. Dénuée de manipulations. C’était qu’à sa manière, le petit homme possédait son respect et une confiance de sa part. Elle qui semblait l’accorder à peu de personnes… Voilà qui était instructeur. Et utile. Il connaissait de la déesse l’air supérieur qu’elle accordait lorsqu’elle se trouvait en terrain conquis, en des lieux d’avance soumis à son pouvoir. Là, en ce lieu de beuverie, elle agissait à l’aveuglette, autant que lui. Pourtant plus instruite mais néanmoins pas nécessairement aux faits. L’individu qui s’avançait vers lui en revanche...Lui possédait le pouvoir qu’Héra affichait ailleurs. Il tirait les cartes d’un jeu dont Preminger ignorait encore les enjeux. Mais cela n’empêchait pas de lancer une partie. De s’y familiariser. Il perdit soudain le petit nain de vue, sursauta lorsqu’il l’aperçut devant lui, juché sur la chaise qui se trouvait à sa gauche, accoudé d’un air nonchalant.
- « Ca va ? »
La voix sonnait sympathique, calme. Et modérée. Il ne criait plus, ne titubait pas plus, se tenait droit, les yeux fixés sur lui, sobres. Ce fut à cet instant que Preminger eut la confirmation de ce qu’il avait préfiguré. Il n’avait rien d’un nain hormis la petitesse, face à lui, l’adversaire en plus d’être doté d’une puissance conséquente possédait aussi visiblement une affection toute particulière pour le théâtre. Pour la manipulation. Cela ne le dérangeait pas. Au contraire. Au moins Atlas possédait une valeur certaine. Plus conséquente que tous les individus qu’il lui avait été donné de rencontrer. Il s’assit alors, sur le petit siège rond et haut en face de lui, croisant les jambes, déposant sur le bar son bras non sans vérifier l’absence de traces alcolisées dans les parages. Puis poliment, il hocha la tête, dans un salut aimable à l’encontre de l’individu hirsute qui lui faisait face :
- « Oh et bien… Je suppose que oui. C’est aimable de vous en soucier. Vous vous nommez Atlas, c’est cela ? Enchanté ! Mais où sont mes manières ? Je me nomme Erwin Dorian Preminger. »
Il le savait. Il en était persuadé. Se tenait devant lui un éminent personnage du Cosmos, il ne pouvait ignorer qui il était. La question était plutôt de savoir ce qu’il en savait. Pour cela, il rangea au placard l’ensemble de son habituel badinage, adoptant une attitude à la frontière de la neutralité. Peut-être cela concerta-t-il son interlocuteur puisqu’il le regarda fixement sans cille. Ou plutôt c’était son charme irrésistible qui faisait effet. Evidemment ! Sans ajouter un mot, sans détourner le regard, il leva sa main droite par dessus le comptoir faisant apparaître un verre plein. Le regard de Preminger n’avait pu s’empêcher de se détourner du Titan pour observer le liquide, l’incarnation simple de la magie devant lui… Le liquide doré possédait la couleur du Champagne.. On ne se refusait rien… Il reporta son attention sur Atlas trouvant le silence long mais supportable. Il avait l’habitude de laisser les autres sans voix. C’était le cas pour lui également.. Toujours sans mot, le Titan approcha le breuvage de ses lèvres, le vidant d’un coup. Puis...en un clin d’oeil, le verre fut à nouveau complet. D’un seul geste, le nain le lui tendit, demandant subitement :
- « Pourquoi cet endroit ne te plaît pas ? »
Preminger avait cillé. Pourquoi diantre indiquait-il cela ? Il avait pour autant été des plus neutres. Effectivement, l’endroit ne possédait guère ses privilèges mais… Lisait-il dans ses pensées ? Comme dans cette désastreuse expérience récente qui lui laissait encore un goût amer ? La seule chose positive à en tirer avait été l’idée exquise qu’avait eu Alexis concernant ses cheveux. Le violet soulignait ses boucles avec une élégance qui lui était propre. Et puis, il voyait sa marque sur la jeune femme…. Mais à présent, elle avait disparu et le violet de ses cheveux avec elle. Atlas l’observait encore, la coupe dans la main toujours tendue vers lui… Il finit par l’accepter, avec une pointe d’appréhension qu’il dissimula sans peine. Il valait mieux ne rien refuser à un Titan et sûrement l’idée de boire dans la même coupe s’analysait-il comme une offrande de paix, mieux : d’amitié. Aussi, porta-t-il le breuvage à ses lèvres, précisant avant toute gorgée :
- « Hum, il correspond peu à mes accointances, mais j’avoue y trouver un intérêt tout du moins expérimental. C’est intéressant à tout point de vue.. Je cherchais es réponses. J’espère en trouver. Merci pour..le verre ? »
Il se voulait poli courtois, des plus sympathiques, aussi ne comprit-il pas l’attention soudainement reporté du Titan à un point derrière lui, jusqu’à ce qu’une silhouette féminine vienne entrer dans son champ de vision, se posant à ses côtés. L’arrivée d’Hera avait été observée par le nain. Toujours juché sur son siège, il lui déclara :
- « Tu devrais apprendre au jeune à s’amuser ».
Jeune lui était nécessairement destiné. Mais il n’en prit pas ombrage. La peau, le regard, la Beauté parfaite qu’il arborait donnait raison à cet étrange petit personnage. Quel âge lui donnait-il ? Tout au plus une trentaine, assurément. Mais il n’était pas rare que les clients s’extasient sur sa personne, lui donnant une vingtaine d’années. Il ne tourna pas la tête vers Hera mais nota de biais le petit sourire en coin qu’elle adressa au Titan :
- « J’y travaille… Mais je pense qu’il n’a pas vraiment besoin de moi pour certains choses .»
La déesse avait tourné la tête vers lui et Preminger l’avait à son tour dévisagé croisant son regard. Ses yeux étaient devenus morceau de glace. Oh voilà qui l’avait fortement mise en rage semblait-il ! Il lui dédia un sourire splendide, se contentant juste d’accroître la nuisance de ses yeux, reprenant une gorgée de sa boisson nonchalamment :
- « Ooooh mais l’amusement est une de mes aspirations principales ! N’est-ce pas Heraaaa ? » sa voix précieuse et haute perchée avait glissée une nuance douceâtre « Mais je suis un peu préoccupéééé. Voyez-vous, je cherche une de mes connaissances proches, Alexis Child » - « Et c’est quoi tes intentions envers cette Alexis Child ? »
La question d’Atlas aurait pu en désarçonner plus d’un, tout au mieux arracha-t-elle un sourire supplémentaire à l’ancien Ministre. Ses yeux toujours rivés sur Hera, il songea au combien cette situation devait lui donner l’envie de bondir. Sûrement regrettait-elle sa présence… Et pourtant, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle. Tout comme le jour de son « avertissement ». Il réfléchit à la manière de répondre et celle-ci lui vint, naturelle, évidente, tandis qu’il reportait son attention sur le Titan :
- « Mes intentions sont des plus plaisantes, elle pourrait en témoigner » C’était vrai. Il était évident qu’elle n’avait pu quitter tout ce qu’ils vivaient, personne ne le ferait, ce qui justifiait qu’il lui était forcément arrivé quelque chose…. Et cela liait cet Hyperion qu’il connaissait de nom ainsi que la jeune femme dont il venait de découvrir l’identité. Il jeta un coup d’oeil en biais à Hera « C’est une jeune femme des plus « aimables ». Je ne voudrais pas qu’il lui arrive un fâcheux désagrément, comprenez-vous ? » Sans réagir à son encontre, Hera avait renchérit à destination du Titan - « Comme je vous l’ai dit, cette disparition est des plus inquiétantes. Elliot Sandman est venu m’en faire part car il les cherche depuis quelques jours….ce qui est arrivé à votre frère ne vous inquiète pas ? » sa voix était montée surprise avant d’ajouter « Vous qui avez tant voyagé, vous n’aurez pas d’idée d’où ils ont pu atterrir ? »
Le regard de l’individu était demeuré sur lui, sondeur, clairvoyant jusqu’à l’intervention d’Hera :
- « J’aimais voyager comme ça, j’avais ma paix…. » lui répondit-il la voix dans le vague, la tête plongée dans les souvenirs, un air rêveur passant des ses yeux « Hyperion qui disparaît avec deux jeunes femmes… Moi, je dis qu’il avait peut-être aussi envie d’avoir sa paix…. »
Un petit frémissement s’était ressenti dans le verre du notaire, le forçant à pencher la tête. Visiblement, le Titan venait de le resservir en jus de pomme. Cela lui accorda un bref instant à réfléchir. Bien évidement, il n’accordait aucun crédit aux dires du petit être et il était persuadé que lui-même n’y croyait pas. Ce n’était juste qu’un test, une manière de les jauger, comme il l’avait fait quelques instants plus tôt sur la scène en jouant le jeu du désespéré notoire. Relevant les yeux vers ce dernier, il constata qu’il tenait désormais en main un verre identique au sien mais dont les bulles pétillantes ne laissaient aucun doute à l’alcool qui y résidait :
- « Ca lui fera du bien. Il a besoin de se laisser aller en ce moment. Il n’a pas toujours été aussi fermé, mais depuis quelques siècles, c’est un vrai fermé. Heureusement qu’il ne pue pas des pieds... » il avait eu un sourire entendu ajoutant cette « formidable information « On ne sent pas mauvais, nous, les Titans. Même quand on passe des années sans se lever. Et on ne transpire pas. Ca doit venir de là, l’absence d’odeur. Tu ne dégages rien, tu ne diffuses aucune odeur... »
Erwin médita l’information mi-dégoûté mi-fasciné. Curieux… Pourquoi donc ? Etait-ce lié à leur métabolisme ? Vu leur longévité, leur corps réagissait-il au ralenti ? Mais dans ce cas, cela n’aurait-ce pas du être le cas pour toute chose ? Dont la régénération ? Ou était-ce lié à une sorte d’aura qu’ils possédaient ? Ou ne possédaient à l’inverse pas ? Il n’empêchait que rien n’empêchait la propreté. Et surtout le luxe des effluves parfumées. Il pouvait affirmer sans mentir que quand bien même il disposerait d’un corps aussi dénué d’odeur, il se ferait un plaisir évident à continuer à distiller comme aujourd'hui, le parfum, son parfum, qu’il appréciait tant ! Il supposa aussi que si la précision semblait être utile au Titan, les dieux n’étaient donc ainsi pas concernés… Il y avait quelque chose qui différait dans leur nature donc. Et pour Alexis ? Elle était humaine, initialement. Ses pouvoirs avaient-ils modifié sa constitution ? Il l’ignorait mais le découvrirait…. Visiblement, elle était dotée d’un pouvoir plus conséquent qu’elle n’en n’avait conscience… Cet Hyperion le savait-il ? Sûrement. Si Atlas le connaissait, pourquoi donc l’autre l’aurait-il ignoré ? Il médita les paroles du Titan. Ainsi, ce dernier se sentait seul, renfermé… La mort d’Eulalie devait y être pour quelque chose, à en croire ce qu’Alexis lui avait appris avant de se rendre à l’enterrement… Néanmoins, la fissure semblait se révéler plus conséquente, plus ancienne. Pourquoi ? A cause de quoi ? Il y avait sûrement là des informations précieuses à connaître mais il ne pouvait guère s’en enquérir… Il ne connaissait pas l’individu. Et Hera semblait déterminée à ne pas franchir la porte qu’il lui laissait entrevoir… Quel dommage… Atlas ajouta encore :
- « Et si c’est pas pour ça, pour les filles et mon frère, dites-vous qu’elles sont avec lui. Ce qui augmente considérablement leurs chances de survie ! A la sienne ! »
Erwin avait levé son verre en même temps, portant le breuvage à ses lèvres ensuite, avant de répliquer, vu le silence d’Hera :
- « Oh et bien, si c’est à sa portée, il aurait tort de s’en priver… SI ça l’est, évidement…. » un sourire insolent naquit sur ses lèvres « Visiblement leurs sort ne vous inquiète pas ou tout du moins n’a pas l’air de vous préoccuper. Je suppose qu’il y a lieu de faire de même, donc. Même si je persiste à penser que cette disparition n’était pas prévue pour elle, ni naturelle. Les trois sont en mesure de se défendre… Même elle, n’est-ce pas ? Vu ce que vous suggériez...précédemment ».
Il y allait en louvoyant, gêné. Il n’y avait pas d’issue directe. Il ne pouvait emprunter la voie qui menait à ses véritables interrogations : à quel point était puissance Alexis ? Pourquoi avait-elle été choisie pour suivre un Titan dans un voyage lointain de force ? Quand reviendrait-elle ? Il devrait se contenter d’effleurer la vérité, puisque, de toute évidence, Atlas ne semblait pas décider à agir. Ce n’était qu’une « simple » humaine à ses yeux et son frère était puissant. Le fait qu’elle ne puisse pas être consentante pour participer à cette aventure ne semblait pas l’inquiéter. Comme pour confirmer ses pensées, le barbu déclara justement :
- « Des disparitions on en à tout le temps. Ça ne change pas de mon époque. Faut apprendre à vivre avec." après l’avoir longuement observé, une idée avait fait corps dans son esprit et il avait observé Hera ajoutant un petit sourire en coin « Des intentions plaisantes ! » il avait marqué une pause amusée puis ajouta « Elliot s'inquiète sans doute pour rien et vous aussi. Vous devriez vous détendre en attendant. Juste vous détendre. Tu as un mec en ce moment? Et toi? »
Le regard lent du Titan était passé entre Hera et Erwin les rattachant. Le notaire avait eut un rictus amusé face à son insinuation coulant un regard mesquin vers la déesse. Si cette dernière avait écouté tranquillement et concentrée l’ensemble du discours précédent du Titan, ses dernières questions la poussèrent à observer ce dernier d’un air abasourdi et interdit. D’un geste preste, elle repoussa d’un geste le verre du Titan même vide sur le comptoir :
- « Vous savez….avec tout le respect que je vous dois Atlas, je pense qu’il vaudrait mieux vous arrêter de boire, ça ne vous soûle peut-être pas mais j’ai l’impression que ça cause quand même certains dommages à votre tête... »
Elle lui avait jeté un bref regard en dérobé avant de reposer ses yeux sur Atlas d’un air presque suppliant. Oh, elle singeait le dégoût, mais il savait très bien ce qu’il en était. Preuve en était, elle commanda un verre, mécaniquement, par impulsion. Elle souhaitait se détendre et noyer… Sans se départir de ce sourire supérieur qu’il arborait, il finit par prendre le contre-pied de la réaction d’Hera :
- «Effectivement. Je n’aurais pas utilisé ce terme ». Il répondait pour son mariage..et pour Alexis aussi. Leur relation pouvait bien être rocambolesque, elle existait et il la considérait comme telle. Son esprit sournois ne résista pourtant pas à ajouter en direction d’Hera sur un ton de confidence « Certaines personnes n’aiment pas tout ébruiter. » Il observa néanmoins la commande avec une pointe d’envie. Puis y céda désignant sa coupe vide du jus d’orange « C’est délicieux mais sauf votre respect, je vais peut-être commander aussi quelque chose d’un peu plus fort ». - « Ca...ça me plaît ! » s’enthousiasma Atlas avant de renchérit « Dites-moi du coup… Comment un amateur de jus de pomme et d'alcool fort et une déesse inquiète trouvent un titan et ses deux femmes disparues? "
Hera avait bu une gorgée de son verre avant de préciser
- "De mon côté, j'ai discuté avec Elliot. Il m'a précisé que la licorne d'Alexis ne la quitte qu'en cas d'extrême urgence et que si elle était allé le voir, c'est qu'il y avait raison de s'inquiéter. Il a enquêter de son côté sans rien trouver pendant 3 jours... puis il est venu m'en parlé. Je suis retournés aux sources, à la bibliothèque où ils semblaient avoir été vu pour la dernière fois. Le téléphone de miss Child y était d'après ses employés, signe qu'elle avait bien ouvert avant de disparaître et qu'elle avait sans doute disparu là avec les deux autres. Et c'est là que j'ai rencontré mon cher ami… ».
Elle l’avait dévisagé, l’encourageant à parler, les yeux hostiles, le visage fermé, dans une retenue crispée qui la caractérisait bien à ses yeux. L’altière reine de l’Olympe. Hostile aux mensonges. Méfiante et solitaire. Il la toisa avec une amabilité mielleuse dont elle devinait sans peine la sournoiserie, déclamant à l’intention d’Atlas :
- « Pour ma part, j’ai essayé de contacter Mademoiselle Child il y a trois jours sans succès. Je sais que tout le monde s’empresse toujours de me répondre alors j’ai trovué ce manque d’engouement...des plus curieux. Comme je suis également conseiller municipal, j’ai noté que ses proches ne semblaient pas avoir de nouvelles d’elle. Je suis donc venu à sa boutique pour tacher d’en savoir plus et j’ai eu l’heureux plaisir d’y trouver » il pivota la tête vers Hera lui dédiant un sourire venimeux « ...ma douce amie. Et nous voici. »
Se soustrayant à l’amusant étau colérique de la déesse, il reporta son attention sur le nain, récupérant par la même occasion le verre qu’il venait de commander pour le porter à ses lèvres. Le titan observa son geste, avant de leur dédier un très grand sourire :
- « Ca se règle dans une couche, cette tension sexuelle entre vous »
Les yeux circonspects du Titan jouaient entre eux, passant de l’un à l’autre avec un enthousiasme évident. Preminger devina la déesse au supplice et manqua de ricaner franchement, se contenta d’un sifflement moqueur et léger, tandis qu’il croisait les jambes d’un air hautain. Oh, il ne doutait pas une seconde que cela fut possible. Il était la Perfection incarnée et par conséquent l’Homme le plus désirable au monde. Hera n’avait pas tourné la tête vers lui et il fit de même, se contentant de sourire au Titan. Ce dernier semblait se satisfaire de la situation, se faisant même, visiblement, un petit film mental puisqu’il ajouta songeur :
- « Ca me rappelle tant des souvenirs... »
Erwin trouva cela des plus ironiques. Hera devait s’en outrer, se drapant dans sa dignité « offensée », s’offusquant d’une comparaison réelle avec ce qui les liait. Aucun des deux n’avaient cependant accès aux souvenirs du titan ni ne percevait à quoi il faisait référence. Et autant l’un que l’autre étaient loin d’imaginer que ses souvenirs si présents le ramenaient auprès de Rhea la mère d’Hera… Semblant s’apaiser soudain, le regard du Titan revint de loin, se fixant sur les derniers événements, regagnant le Présent. Se fixant sur Erwin, il lui déclara :
- « T’’inquiètes pas, gamin. Ca va aller. Elle sera bientôt de retour. Profite de son absence pour t’ouvrir à de nouveaux horizons. Elle en sera plus que comblée par ton expérience acquise à son retour »
A vrai dire, Preminger en doutait sérieusement. Déjà parce qu’il n’avait pas besoin d’acquérir une expérience nouvelle dans aucun domaine et cela incluait celui auquel faisait référence le Titan. Et elle n’aurait pas pu le démentir si elle s’était trouvée là. Pour le reste… oh bien évidemment qu’il pouvait. Il pouvait avoir ce qu’il voulait s’il lui en prenait l’envie mais… Il ne courait pas après la chose à n’importe quel prix. Il était assez exigeant sur ce point et il devait admettre que la jeune femme le satisfaisait grandement. Atlas avait bu son verre cul sec avant de se lever gauchement de son tabouret, pour se diriger vers la porte, non sans tapoter le torse d’Erwin :
- « Ici les filles sont très ouvertes d’esprit »
Ca oui, il l’avait vu. Il n'y avait qu'à voir les sortes d'œillades qu'elles décernaient aux clients. Mais il n’en n’avait que faire, à vrai dire. Il riva son attention sur Hera qui sirotait encore son verre au comptoir, se demanda si le Titan l’avait incluse dans son espèce de « conseil de séduction »… Pour toute réponse au conseil d’Atlas, il avait opiné la tête dans un sourire, l'avait salué, le laissant poursuivre son chemin jusqu’à la sortie… Atlas n’avait rien dit, mais avait égrainé des indices, visiblement. A présent qu’il était parti… Erwin s’accouda davantage au comptoir, toujours prenant garde à ne pas poser sa manche dans une tâche suspecte, puis desservit à Hera un sourire sarcastique :
- « Merci du voyage, c’est totalement atypique…La clientèle de cet établissement est...fascinante. Et pour le moins obtuse D’ailleurs...Je bois à votre santé, ma chère Hera... » il s’approcha pour cogner son verre contre celui que la déesse tenait en main et murmura «Je crains qu’il n’y ait rien à tirer de plus de ce précieux individu… Hormis des conseils dirons-nous pour le moins audacieux en matière de séduction nous concernant…. »
Il ponctua ses propros d’un petit rire sournois, ses yeux mesquins se fixant ans ceux de la déesse, avant de porter son verre à ses lèvres. Le charme d’un bon verre de vin même dans ce genre d’endroit, surtout dans ce genre d’endroit, n’avait pas son pareil.
- « Faut-il considérer que notre enquête doit s’arrêter là ? « Ils sont en sécurité avec Hyperion, point final, attendons ? ». Aurons-nous mieux si même un Titan ne se montre pas inquiet ? » une moue amère se peignit sur son visage, tandis qu’il haussait les épaules, il détestait l’impuissance « La belle affaire… Nous devons considérer qu’elle est en sécurité quand bien même elle ne voulait pas partir, puisque nous possédons plus de curiosité que les Titans...Qui l’eut cru ?»
Il se piqua d’un rire orgueilleux. Il fallait en réalité s’y attendre en réalité lorsqu’on possédait un pouvoir dépassant l’entendement, sachant tout, il devenait difficile de s’inquiéter lorsque rien ne semblait nous échapper. C’était intéressant… Il rangea l’information dans un coin de son cerveau en contemplant son verre, puis riva son attention sur Hera :
- « Pourquoi pensez-vous qu’Hyperion a eu besoin de ces jeunes femmes ? Au point de les enlever… En quoi auraient-elles pu l’aider ? Qu’ont-elles en commun hormis leur magie ? » ces questions, il les posait tant à Hera qu’à lui-même, se perdant dans un instant de réflexion silencieux « Si nous nous contentons de ce que dit Atlas, nous devons accepter qu’elle a disparu avec un Titan pour une tâche que son frère ignore, pour un lieu qu’il ne peut localiser et en considérant que les intentions de ce dernier soient bonnes…. Et sans savoir quand un retour adviendra… Elliot lui-même ne connaît pas leur sort… Ca vous satisfait Hera ? Vous la maîtresse de l’Olympe… Vous-même, vous savez que ce n’est pas anodin ni normal... »
Mais disposait-elle des pouvoirs qui lui permettraient d’en savoir plus ? Il en doutait. Elle était paralysée, tout comme lui et il n’y avait aucune raison pour qu’elle le vive très bien. Sûrement se complairait-elle dans une confiance aveugle en Hyperion mais… ils ne disposaient de rien. Rien qui puisse justifier l’attitude subite du Titan, rien qui ne puisse expliquer la disparition… Si celle-ci se prolongeait devraient-ils alors se contenter d’attendre encore ? Et les disparitions étaient ordinaires dans le quotidien d'un Titan, Atlas l'avait dit lui-même. Il y avait des absents sans retour, des effacés au souvenir du monde... Il but une nouvelle gorgée de son verre, en silence.
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Erwin Dorian était un être détestable s’il en était. D’une grossièreté sans limite malgré tous les efforts qu’ils fournissaient pour se parer d’un manteau de manières précieuses et raffinées. Il faisait partie de ces hommes qui imaginaient que tout leur était du juste parce qu’ils avaient la décence de vivre et qui se pensait au-dessus de tout et de tout le monde. Loin d’être le plus beau spécimen de sa collection, Hera devait bien l’avouer mais malgré ses faiblesses qui lui faisaient dégringoler allégrement quelques places, il n’en restait à moins qu’elle rêve depuis à présent plusieurs minutes de lui éclater la tête contre le comptoir, plusieurs fois, de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’il ne reste que sa cervelle en bouilli entre ses doigts. Mais elle ne le pouvait pas. Déjà parce que cela serait sans aucun doute insupportable à récupérer sous ses ongles et qu’elle n’avait aucune envie de garder ne serait-ce qu’une infime partie de lui sur son corps. Ensuite parce qu’elle avait désormais un rôle qui lui empêchait d’autant plus de mettre les siens en danger ou à découvert. Sa dernière discussion avec le Président des Etats-Unis lui revenait en mémoire, comme cet horrible rêve de Noël et Erwin Dorian ne méritait absolument pas le privilège de foutre toute sa “famille” en l’air pour lui. Il n’y avait nulle tension sexuelle dans l’histoire, elle savait qu’Atlas se riait toujours de tout tant qu’il le pouvait et c’était sans aucun doute la pire des choses qu’il pouvait lui dire... ça et demander d’embrasser Aphrodite sans aucun doute... pour le reste, ce qu’il avait supposé sur ses propres tensions qu’il réglait dans une couche lui laissait un goût amer, réhaussait d’un certains dégoût et d’une curiosité malsaine. Elle voulait en savoir plus... et en même temps, ne plus jamais entendre parler de cette histoire. Et cela tombait bien, puisqu’il avait préféré repartir à ses petites occupations, tandis qu’elle restait avec l’autre Paon à côté d’elle.
Elle avait entendu son verre tinter et elle avait baisser les yeux en sa direction, apercevoir la main d’Erwin ainsi que son verre à proximité. Avait-il parlé ? Porté un toast, elle l’ignorait, bien trop perdue dans ses pensées pour ne serait-ce que daigner l’écouter. Néanmoins, elle l’imita lorsqu’il porta son verra à ses lèvres et tourna la tête vers lui, curieuse de la suite.
— Je crains qu’il n’y ait rien à tirer de plus de ce précieux individu… Hormis des conseils dirons-nous pour le moins audacieux en matière de séduction nous concernant…
— Atlas a toujours été un bon vivant... c’est sa façon d’appréhender les choses, les accepter.
Elle l’avait observé au loin avec une certaine curiosité, mêlée d’un profond respect. Ils avaient tous beaucoup à apprendre de cet être. Il se montrait insouciant, irrévérencieux, mais c’était sans aucun doute pour cacher au mieux ses lourds fardeaux. Elle l’avait connu dans d’autres circonstances, plus sombre, plus circonspects. Alors pour oublier, il faisait semblant de boire, se forçait à prendre la vie comme elle venait, de profiter de chacune des petites choses, sans ne se soucier ni de ses envies profondes, ni de ses terreurs et ses questionnements. Elle l’enviait un peu. Elle aurait aimé savoir-faire comme lui, faire fi par exemple de l’être abjecte que pouvait être l’homme à ses côtés juste pour passer un “bon moment” comme il savait l’appeler. Mais elle ne le pouvait pas, ses pensées la parasitait constamment, tout comme ses convictions... et sa rancœur... tenace.
De son côté, Erwin non plus ne lâchait pas l’affaire. Tenace à sa façon, ressassant le peu d’information, tentant sans aucun doute d’en savoir plus, autant pour lui que pour elle. Il voulait comprendre, il ne se satisfaisait pas ce qu’il avait. Et Hera voulait comprendre pourquoi. Il avait répondu avec une insolence inouïe quand elle avait relevé son action par le lien qui l’unissait à Alexis Child. Parlant à grand gestes, extrapolant comme un enfant, raillant et moquant une chose qu’elle n’avait pourtant pas dite. Elle n’avait jamais parlé d’amour, elle s’était juste demandé comment une jeune femme comme elle faisait pour toujours s’entourer de toute sorte de personnes qui finissaient par s’inquiéter, d’une façon ou d’une autre, pour une raison ou une autre pour elle. En somme, il avait fait la roue. Le Paon était l’animal fétiche de la déesse, elle le connaissait mieux que personne et elle savait que le volatile ne faisait la roue que dans deux situations : en période de séduction pour attirer d’autres femelles... ou pour impressionner un adversaire. C’était clairement dans la deuxième situation qu’ils s’étaient trouvé, il avait cherché à l’attaquer avant même qu’elle ne perce à jour la fin de son questionnement. Il la trouvait divertissante avait-il dit... Amusante même devant Atlas, car elle en était des plus “aimables”. Tout ce qui pouvait se rapporter à leurs ébats au combien nombreux comme elle devait s’en douter avec un paon de la sorte. Et pourtant, elle ne voulait pas croire que c’était uniquement parce que son engin le démangeait qu’il la cherchait aussi activement et qu’il refusait de battre en retraite devant le conseil d’un Titan. Elle avait eu un petit rire en l’entendant lui demander si cela la satisfaisait, pas un rire moqueur, juste un rire amusé. Faisant signe au barman de lui remplir de nouveau son verre ainsi que celui d’Erwin. Lorsqu’il lui donna le montant, elle fit mine de chercher dans ses poches avant d’en sortir quelques dollars :
— Vous prenez les dollars ?
— Ouais... ma femme se débrouille pour toujours avant de nouvelles pièces au change... elle fait la collection.
— C’est charmant. Alors voici pour vous, mon cher.
— Merci, M’dame !
— Oh, non remerciez-le plutôt lui, c’est lui qui paie...
Elle avait tourné la tête vers lui avec un sourire avant de lui tapoter amicalement l’épaule tandis que le barman s’éloignait.
— Détendez-vous, ça va aller, je vous ai fait économiser un vol, vous me devez bien ça. Allons dehors pour parler, voulez-vous... je crains un autre verre brisé.
Elle lui avait fait un signe de tête pour lui montrer l’extérieur tout en prenant la tête de leur petit cortège. Arrivé dehors, elle savoura la brise fraîche de Dublin en cette fin d’hiver ou ce début de printemps, tout dépendait du point de vue. Elle s’appuya sur le rebord d’une des fenêtres condamnées, son verre de vin à la main. Elle prit le temps d’observer les passants quelques temps, sirotant une ou deux gorgées avant de reprendre la parole avec calme :
— Je dois dire que... c’est décevant. Non pas que les recherches ne nous mènent nulle part, c’est notre lot quotidien, la patience, l’incompréhension et un jour la lumière. Non ce qui est décevant, c’est vous mon cher. Ou plutôt... vos réactions. Je pensais que nous avions une certaine... relation vous et moi.
Elle avait eu un mouvement de tête légèrement guindé, un sourire amusé sur les lèvres. Elle osa une œillade en sa direction avant de poursuivre sans le regarder :
— Tout ce jeu de chien et chat qui nous anime tant. Je pense que nous pouvons, sans oser nous vanter bien que vous en soyez plus que capable, considérer que nous entretenons une certaine animosité cordiale. Vous n’aimez pas que je fouine dans vos affaires et que je vous mette à l’amande en un claquement de doigts et... je ne vous aime pas. Enfin... tout ce petit comportement là.
Elle leva son verre presque à la hauteur de ses yeux pour faire tournoyer son index devant lui et lui faire comprendre qu’elle parlait de son attitude générale. Prenant le temps de prendre une gorgée de vin, elle explicita son discours :
— Voyez-vous, je me suis toujours figurez que vous étiez un homme doté d’une certaine intelligence. Que vous saviez suffisamment de chose de la psychologie de chacun pour savoir tirer votre épingle du jeu, vous rendre indispensable pour ensuite vous approcher de votre victoire. Je supposais que c’est ce que vous aviez fait à votre pauvre femme... aidé sans aucun doute par Regina Mills. Et c’est ce que vous avez fait avec Miss Child. Vous montrez en sauveur pour ensuite la pousser à plier. J’ignore si elle l’aurait fait sans monde aide, elle est capable de se montrer d’un redoutable caractère quand elle s’y met... je pense que je ne vous apprends rien. Et pourtant... tout ce que vous m’offrez... est décevant.
Elle avait tourné la tête vers lui pour scruter son visage, calmement, sans aucune animosité. Elle cherchait juste à comprendre, faire cartes sur table pour une fois, lui donner une ultime chance.
— Vous êtes dépassés par les évènements quand il s’agit de ce que vous appelez “la magie”, mettant tout le monde dans le même sac opaque dont vous ne connaissez presque rien. Vous le savez, vous ne pouvez rien contre ces coups du sort et c’est sans doute ce qui vous rends aussi haineux. Mais contrairement à Miss Child, vous ne profitez pas des mains qui vous sont tendues. J’aurai pu à de nombreuses reprises détruire une bonne partie de ce que vous aviez, je le pourrai sans aucun doute toujours et je n’aurai sans aucun doute nul besoin de pouvoirs cette fois-ci. Et pourtant je n’ai rien fait. Vous faites partie de ces gens qui pensent que tout ce qui les entourent n’est qu’insignifiance, que rien ne peut toucher à votre magnificence. Mon mari était comme vous... Mon... défunt mari.
Elle avait appuyé un peu plus son regard en même temps que le mot pour lui faire comprendre ce qu’elle voulait dire. Ce n’était nullement une menace... elle tentait juste de lui faire comprendre que de sentir constamment au-dessus de tout pouvait être dangereux, car nous avions toujours plus fort que nous.
— Vous êtes un être abject à première vue, vous n’en avait jamais fait mystère avec moi. Je pourrai me montrer utile et pourtant, vous vous acharnez à tenter de détruire à chaque seconde un peu plus cette relation entre nous. Ne vous y méprenez pas, cela ne me cause nullement de douleur, je fais partie de ces êtres qui ont vécu suffisamment d’années pour ne pas s’embarrasser de ce qui tente de les encombrer. Mais je pensais tellement plus m’amuser avec vous que je me sens au moins d’humeur à jouer carte sur table pour les minutes qui nous restent. Serez-vous pour une fois capable d’en faire autant ?
Elle l’avait toisé un instant, scrutant ses yeux, ses traits avant de détourner le regard pour boire une nouvelle gorgée. Observant la rue devant elle, elle reprit la parole :
— J’ai supposé que vous eussiez plus d’affinité qu’une simple distraction pour elle et vous m’aviez répondu avec un mépris et un manque de respect incroyable... sans compter que vous êtes partie dans cette supposition d’amour que je n’avais pas faite. Je ne dis toujours pas que vous l’aimez mais... je pense que ce genre de réaction excessive n’est pas anodine, même pour vous. C’est l’unique raison qui a fait que je vous ai emmené aujourd’hui... elle. Et ce qu’elle est capable de faire sur les gens. D’une façon ou d’une autre, Alexis Child semble laisser une trace sur les gens. Elle ne fait rien pour cela, c’est le plus sidérant. Absolument rien. Rien ne semble jamais calculé. Soit elle est la pire d’entre nous soit... elle a une aura plutôt rare. Car dans le second cas la seule chose qu’elle semble donner, c’est de l’Amour, de la générosité... même à ceux qui ne le mérite pas à mon sens...
Elle avait coulé un regard rapide en sa direction avant de poursuivre.
— Je pense qu’envers et contre tout, vous avez eu de la chance de croiser sa route... et elle a eu de la malchance de croiser la vôtre. Je suis sans aucun doute responsable d’une partie mais je ne le regrette en rien. Voilà pourquoi je me suis demandé comment faisait-elle. Car même vous... que vous le vouliez ou non... elle vous a atteint. Vous que personne n’atteint car tout lui est inférieur.
Elle avait eu un petit rire.
— Vous sembliez sincèrement chercher des réponses alors que je vous ai emmené. Je n’avais aucune raison de le faire comme je n’ai aucune raison de vous ramener et pourtant, alors que vous avez la chance d’avoir l’opportunité d’avoir plus de réponses que n’importe qui en croisant la route d’une déesse et d’un titan, vous vous permettez de vous montrer d’une grossièreté si incroyable qu’on meure juste d’envie de vous laisser vous débrouiller seul jusqu’à la fin de votre vie... alors dîtes-moi, êtes-vous plus stupide que je n’ai pu le croire ou le faites-vous exprès ?
Elle l’avait regardé de nouveau, avec une sévérité nouvelle, bien plus maternelle comme si elle venait de prendre en flagrant délit un petit garçon en train de voler dans le bocal à cookies. Soupirant elle avait ajouté :
— Je réitère donc ma question pour la dernière fois... qu’est-ce qui fait que vous cherchiez à ce point Alexis Child ? Est-ce uniquement par intérêt personnel ou avez-vous fini par avoir un certain attachement au-delà de vos petits jeux sexuels au combien distrayant, je vous crois sur parole ? Parce que l’homme que j’ai vu dans ce bar et qui m’a demandé il y a quelques minutes si je comptais abandonner aussi facilement, cet homme ne semblait pas juste vouloir retrouver une “distraction”. Et je dois bien l’avouer, celle-ci, je ne l’avais pas vu venir... et j’ai comme l’impression que vous non plus.
Elle avait émis un ricanement, sans méchanceté, juste amusée par la situation qui se révélait sous ses yeux. Elle observa le fond de son verre un instant, les quelques gouttes restantes du liquide rouge avec lequel elle joua une fraction de seconde avant de préciser :
— Hypérion ne les a pas enlevés. C’est la seule certitude que j’ai. Ce n’est pas son genre. C’est un Titan calme, posé, avec beaucoup de secrets. Et c’est un ami d’Alexis, ils sont vécus ensemble pendant presqu’un an. D’abord tous les deux puis dans une colocation où ils ont ajouté Vaiana de Motunui, entre autres. S’ils ont disparu ensemble, ce n’est pas un enlèvement, soit elle est partie avec lui de son plein gré, soit ils ont tous les trois eux un souci. Dans la mesure où vous n’avez pas de nouvelle, ni même sa mère, cela signifie que Miss Child n’a pas eu le temps de vous prévenir... je penche donc plus pour l’option 1. Mais si c’est le cas, cela veut dire que la chose qui les a attirés à elle est plus puissante qu’un Titan. Or, à l’heure actuelle, très peu de chose est plus puissante qu’un Titan.
Elle inspira profondément et pris le temps d’expirer en relevant la tête. Elle ajouta alors :
— Nous ne sommes pas plus curieux que les Titans. Nous sommes juste moins sages qu’eux. Ils étaient là bien avant tout de chose enfin... à peu près... ils ont appris depuis longtemps qu’on ne peut parfois pas se battre contre l’inconnu ou plus fort que soit... alors ils ne s’épuisent plus, ils attendent... et espèrent sans doute. Vous pouvez être sûr que si Alexis est avec Hypérion, elle sera effectivement le plus en sécurité qu’elle ne l’aurait jamais été avec l’un de nous deux. Tant par la force de son ami que par sa volonté de protéger les siens. Et pour répondre à votre dernier questionnement... est-ce que j’ai l’air satisfaite ?
Elle avait tourné la tête vers lui pour lui montrer un visage qui répondait sans un mot à sa question : un visage anxieux, énervé, quelque peu épuisé aussi de se battre contre des chimères, de réfléchir à ce qui n’avait pas de sens, sans pour autant être vidé d’énergie. La Maîtresse de l’Olympe n’était jamais vidée de son énergie, elle était toujours là pour tenir rang et place car tel était son devoir. Elle avait lancé quelques pistes à ses interrogations. Plus que de seulement lui faire la morale, elle lui avait donné l’exemple, comme une mère patiente qu’elle était malgré ses rancœurs. Elle le devait au moins bien à Alexis. Elle l’avait poussé dans ses bras sans s’attendre que ceci prendrait une telle tournure... elle espérait beaucoup de cette relation ratée entre les deux mais elle était forcée de constatée qu’elle l’était bien malgré elle et bien malgré les deux protagonistes, moins ratée qu’elle n’avait plus l’imaginé. Alors pour Child, elle lui donnait une dernière chance, c’était à présent à lui de montrer à quel point il pouvait être stupide... ou non.
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
Il y a des absents sans retour. Des effacés au souvenir du monde.
Erwin & Hera
No traces remain
En contemplant la déesse Hera régler leur consommation sur SA note, il songea que sa petite enquête avait pris un tournant des plus pittoresques, oui… Si ses dents grincèrent un peu par pure avarice, son esprit se désintéressait déjà des quelques broutilles gaspillées dans le règlement de consommation qui n’en valaient pas le huitième. Quelle importance cette infime somme possédait-elle dans son immense fortune ? Le geste autoritaire de la déesse était peut-être mu d’une envie de l’agacer outre mesure mais il se contenta pourtant de lui offrir une moue désabusée à peine rehaussée de sa hauteur habituelle. Il la suivit sans piper mot jusqu’à l’extérieur, trop content de quitter l’atmosphère étouffante et poisseuse du bar pour savourer une inspiration d’air frais. Incroyable comme l’extérieur paraissait à présent silencieux et calme. Même les passants au loin semblaient être assourdis en comparaison avec l’incroyable tintamarre qui régnait dans le bar…. S’adossant au mur, non loin de la déesse, il finit par porter le verre à ses lèvres, écoutant avec intérêt cette dernière s’épancher sur ses déceptions… Apparemment, il en était une. Il était même la seule. Quelle jolie plaisanterie… Tandis qu’elle embrayait sur leur pseudo relation doublée d’une œillade qu’elle se voulait complice, il trouva l’idée amusante. Entretenaient-ils comme elle le déclarait...une « animosité cordiale » ? Oh, oui. De prime abord. Jusqu’au jour où se révélerait l’opportunité de lui extraire toute sa substance jusqu’à la moelle. Jusqu’au jour où s’entrouvrirait la faille qui lui permettrait de s’emparer de son statut. Il n’y avait pas de réelle haine contre elle, pourtant. Elle disposait seulement d’un pouvoir qu’il convoitait… Et évidement, il y avait eu cette propension à toujours tenter de mettre son nez dans ses affaires, sans agir réellement. Cette facette d’elle là, en revanche causait une dose d’animosité chez l’ancien ministre.
- « Je suis vexé d’entendre que vous ne m’aimez pas...Quelle nouvelle stupéfiante...» commenta-t-il cyniquement « Je peux vous rendre la pareille, mais il est des traits que j’apprécie chez vous. Les petites satisfactions de « l’animosité cordiale » que nous entretenooooons…Et il est rare que je déteste réellement quelqu’un. »
Cela se trouvait lié avec l’indifférence méprisante qu’il accordait à chacun. Il ne ressentait rarement quelque chose à leur encontre sauf quelques faits plus dictés par leurs actions que leurs réelles personnes, Preminger ne s’intéressait réellement qu’à sa superbe personne. Hera poursuivait, commentant avec une dose d’aigreur ses actions, sa manière favorite d’amener la manipulation. Oui… L’importance de se présenter en sauveur restait délectable, il devait l’admettre. Il avait obtenu la Couronne de cette manière, en s’arrangeant pour qu’on ne puisse lui refuser.
- « Loin de moi l’idée de vexer votre aimaaaaable persooooonne, ma chère Hera… Le jour viendra où je viendrais sûrement en sauveur, pour vous proposer une offre que vous ne pourrez pas refuser. En attendant… »
Au regard de la contestation quelque peu agressive d’Hera, il devinait que son approche envers elle, presque frontale la laissant pantoise. Elle l’analysait hargneusement comme un faux calcul, l’associant à de la bêtise. En réalité...à quoi bon feindre quoique ce soit ? A quoi bon aurait-il servit qu’il mente allégrement en revêtant l’aimable costume de Maître Dorian, ce notaire affable et doux, si plein de bonne volonté ? Elle avait percé à jour cette exquise couverture si facilement, comprenant aisément sa vraie nature qu’il devenait inutile de tenter de la berner en s’y complaisant. Il aurait été stupide de penser pouvoir la tromper en lui servant une manipulation dont elle ne faisait nul mystère. Alors se contentait-il d’agir avec un naturel assez désarmant, lui renvoyant à la figure l’ensemble de ce qui constituait son statut avec un dédain ostentatoire. Oh, elle y voyait là une grossièreté proche de la folle stupidité, trop peu habituée à ne susciter aucune méfiance… Lui, préférait entretenir cette illusion là, se considérant dans son droit… Et puis, par trop s’était-elle incrustée sur ses terres, agissant de son pouvoir pour tenter de l’embarrasser. Au moins lui renvoyait-il la pareille. Et il se fondait dans la masse, entretenant à ses yeux l’insignifiance qu’elle lui prêtait. Si une couverture ne convenait pas, il en fabriquait une autre. Et pourtant..Elle ne cherchait pas tant cela. Elle continuait de l’interroger, de s’interroger quant à son attitude. Alors jusqu’à le comparer à son mari. Son défunt mari avait-elle dit. Preminger connaissait suffisamment la mythologie pour savoir quel Dieu possédait le titre de mari d’Hera et d’un Titre bien plus prestigieux encore…. Zeus. Le Possesseur de la Foudre. C’était d’une telle ironie.
- « Paix à son âme tourmentée... » commenta-t-il dans un rictus sournois. Il ne faisait aucun doute qu’elle semblait revendiquer un rôle dans sa chute, plus encore, ses yeux avaient brûlés d’une colère maîtrisée et pourtant encore présente… Hera était redoutable. Une adversaire redoutable, oh il le devinait sans peine… Pour avoir combattu et sûrement vaincu Zeus, elle ne pouvait que l’être « Pour avoir par taaant papillonné ailleurs, ce fut bien là une juste récompense… Remarquez, le portrait que vous dressez de lui est nettement différent de celui tant connu des livres. Chose incroyable que l’adaptation et la déformation qu’ont tôt fait de faire les auteurs et les conteurs d’histoire… J’avoue avoir fort peu l’impression de partager certaines choses en commun avec cet illustre individu. Mais j’admets peu connaître son histoire, ce fut l’une des digressions qui parsema mon premier entretien avec Miss Child… » un sourire naquit naturellement sur ses lèvres à cette pensée puis disparut bien vite « Mais… il ne s’agit pas de ne pas profiter des mains tendues, ma chère Hera… J’en profite. Mais à la différence de Miss Child, je suis parfaitement conscient de la nature de la personne à qui elle appartient. Je suis particulièrement conscient que vous disposez d’un pouvoir suffisamment conséquent pour détruire...plus qu’un vulgaire papier, n’est-ce pas ? » Sa main droite s’était relevée effectuant un vif geste gracieux, tandis qu’il ajoutait, ployant un peu le buste vers elle : - « Mais à quoi vous attendiez vous ? A une révérence ? Évidemment que vous pouvez vous montrer utile ma chère… Je le sais. Notez le aussi ma chère : je sais que vous avez bien plus de pouvoir que moi. C’est la raison pour laquelle ne cesse de tourner dans mon esprit une question, incessamment, face à cette main tendue : POURQUOI ? Pourquoi donc, du haut de votre divinité vous complaisez-vous à offrir une main tendue à un être abject, pour vous citer ? Vous le voyez sûrement comme une petite distraction. Vous pensez peut-être vous attacher ma gratitude, vous voulez démontrer votre supériorité en faisant ainsi. Ma chère Hera...vous savez parfaitement ce que je suis. Il m’est inutile de tenter de vous attendrir par un numéro quelconque. Je suis assez satisfait que vous m’ayez convié à cette situation il est vrai. Néanmoins, n’escomptez pas que je tombe à genoux pour glorifier votre statut. Je ne peux vous en vouloir vous ÊTES une déesse. Et j’en suis parfaitement conscient. Je n’ai cependant pas l’ambition de vous adorer pour ce que vous êtes. Je préfère de loin adapter ma position en fonction de QUI vous êtes. La bienséance voudrait que je vous remercie à grande voix, effectivement, je me tiens face à une déesse. Mais je m’en dispense bien volontiers, après tout, vous connaissez ma nature, à quoi rimerait cette farce ? Cela serait vous prendre pour une imbécile et me conduire en imbécile. Je pense que nous valons tous les deux mieux que cela. Je vous trouve intéressante. Pour la personne que vous êtes. Prenez-le comme un compliment. »
Portant le verre à ses lèvres, il en tourna ensuite le contenu dans un geste lent, en contemplant le liquide rougeâtre s’y mouvoir :
- «Puisque nous jouons franc-jeu. Je ne comprends pas ni ne vois pas ce que vous trouvez absolument sidérant chez Alexis Child. Que vous puissiez la considérer ainsi est stupéfiant, que vous puissiez en plus l’envisager comme la pire d’entre nous est abracadabrant… C’est une enfant charmante et pleine de dévouement pour les autres, vive, généreuse, est-il si surprenant que cela que la plupart de ceux qu’elle considère à justes raisons comme des amis puissent l’apprécier ? Ce n’est en rien de très différent de maintes héroïnes de contes qui peuplent cette ville. Si ce sont ses grandes fréquentations pour une humaine qui vous surprennent, voyez les choses sous un autre angle. Elle évolue à l’intérieur de cercles importants à Storybrooke du fait de sa « naissance » et d’autres capacités. Il est donc logique qu’elle soit amenée à sympathiser avec ceux qui fréquentent ces mêmes cercles. Elle n’a rien de particulièrement anodin. Il ne s’agit guère d’une petite libraire quelconque issue de nulle part, elle possède des liens la rattachant à des personnes de votre envergure, Hera.. » il avait laissé ses yeux s’enflammer un peu « Plus que de vous intéresser à l’impact qu’elle cause sur les autres, vous devriez vous intéresser davantage à celui qu’elle vous cause. Et le pourquoi cela vous surprend à ce point… Quelle trace laisse-t-elle donc sur vous, ma chère Hera pour que cela vous bouleverse autant ? Avez-vous perdu tant confiance en l’Humanité pour vous en émouvoir ? L’existence de la bonté ou son pouvoir vous étonnent-ils réellement ? Je vais vous dire ce qui vous semblera sûrement ô combien incongru dans ma bouche : vous pouvez avoir foi en l’existence de l’humanité.Cela sauve les individus...et cela les perd. »
La déesse, en bien des points, possédait une vision d’autrui proche de la sienne. Elle se savait intelligente, n’hésitait pas à manipuler les autres, à manifester sa force. Il devait admettre qu’il lui semblait déceler en elle une volonté de peu user de ses pouvoirs. Elle ne les utilisait qu’acculée, en détresse. Ayant décelé ses manigances promptement avec aisance… Il y avait vu la preuve d’une excellente analyse, d’une intelligence froide et réelle. A présent, il se demandait aussi si plus que cela, sa lucidité quant à ses travers ne lui venait pas de lui. Son défunt mari. S’ils se ressemblaient tellement, la réciprocité avait du lui sauter aux yeux… Mais bien qu’il pouvait admettre que l’ancien dieu des dieux lui ressembla un peu, il savait qu’il n’était en rien comparable à LUI. Mais peut-être qu’il tenait là, en face de lui, dans les yeux presque maternels que lui renvoyaient la déesse, la raison de tout ceci. Sa curiosité. Son impression de ne pas faire corps avec ce monde, qu’il lui était étranger. Son envie de le comprendre. Sa fascination pour tout ses aspects. Proche de la sensation du créateur face à sa création… Comme une soif de vie. D’un nouveau souffle. Il lui sembla soudain que derrière cette force surhumaine que sa nature lui donnait, se cachait un être moins assuré qu’elle ne voulait le faire croire. Si Zeus lui ressemblait un tant soit peu, il l’avait brisée aussi. Pas suffisamment pour la réduire à néant mais suffisamment pour nuire à sa propre estime. La haine qu’elle crachait à sa mémoire, la colère qu’elle dédiait à Preminger la renvoyait sûrement à ses propres effrois. Elle avait évolué pourtant. Son corps, son esprit s’en étaient endurcis, la Leçon avait été rude et ses stigmates encore réels mais elle s’était bâtie de par ses souffrances. Et devait donc être animée par la rage. Une rage de vivre, une rage d’exister…
- « Pour vous répondre franchement… Je cherchais effectivement des réponses. Et j’en ai obtenu, merci à vous. Vous avez été.. « très chic » commenta-t-il en français, avant de poursuivre reprenant son verre pour le terminer « Il m’est on ne peut plus difficile de croire, pardonnez-moi, qu’en revanche, aucune justification supplémentaire à « l’intérêt que je manifeste pour la disparition de Miss Child » ne guidait vos gestes lorsque vous m’avez emmené. Je pense plutôt que vous aviez besoin d’une autre perspective. Vous même cherchiez en vain. Et vous aviez besoin de ma vision des choses pour faire avancer cette enquête. Vous espériez qu’Atlas parlerait davantage en ma présence… Tout comme vos pouvoirs m’étaient utiles pour obtenir des informations sur sa disparition... »
Il avait eu un geste désinvolte et hautain, puis son rire cristallin s’éleva un peu dans la rue, se répercutant sur les vieilles pierres de la ville.
- « - Vous avez tort, dearest goddess… Vous devriez regretter l’Heure où nos trois chemins se sont croisés…Mais vous êtes aussi clairvoyante ma chère Hera… Effectivement… Je ne gaspillerai pas une seconde de mon temps pour une simple distraction interchangeable quelqu’en soit les qualités intrinsèques… » il leva l’index poursuivant « Si je la cherche à ce point, c’est tout d’abord parce qu’elle s’est volatilisée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire sans laisser de trace… Or, vous avez déjà pu le constater Hera… J’ai un réseau assez important… Disparaître de mes surveillances relève d’une véritable prouesse... Disparaître sans daigner m’en avertir relève du non-sens. Et pour en revenir à Miss Child elle-même...Je maintiens ce que j’ai dit. Je la trouve divertissante. Pas uniquement dans le sens léger du terme. Voyez-vous, maintes choses sont divertissantes… Cette disparition aussi l’est. Il s’agit d’un curieux mais intriguant rebondissement. Je ne vous ferais pas le plaisir de vous livrer les amples détails de mes plans… Je vous considère suffisamment pour savoir qu’il est de mon intérêt de ne pas les révéler. Et malgré toute l’intelligence que vous me prêtez, vous continuez à me sous-estimer suffisamment pour croire que je ne serais pas capable de vous déstabiliser ou plus… Peu importe… Continuez à le faire, si cela vous plaît… Disons pour vous agréer que j’ai trouvé en Miss Child un rouage imprévu de beaucoup de mes ambitions… Et...c’est une jeune femme appréciable. A pretty little and fierce woman. With a true potential… Comme un joyau brut. »
Un joyau brut qu’il se pensait capable de tailler. De la révéler à elle-même comme aux autres. Il n’ajouta rien, la laissant enchaîner sur la question d’Hyperion… Il l’écouta écarter la piste, envisager les hypothèses lentement. Elle pensait comme lui, Alexis n’avait pas eu l’occasion de réagir. Elle était partie contre son gré. Ou le retour s’avérait plus complexe…
- « Et qu’elles sont-elles ? Les choses plus puissantes qu’un Titan ? Afin de savoir s’il y a lieu ou non de les éliminer de cette équation. Parce que si c’est le cas...alors sûrement l’ampleur du problème s’avère de taille, n’est-il pas ? Cela devrait être l’inquiétude primordiale de tous les individus de votre espèce. »
Il l’avait dit sans méchanceté, comme une simple évidence. Si un individu aussi puissant que chacun lui présentait Hypérion, accompagné de deux femmes possédant un grand pouvoir individuel ne venait pas à bout d’un souci rencontré… Le souci devait donc être de taille. Pouvait-il s’agir...de Chronos ? Atlas n’aurait-il pas du être plus inquiet ? Se reposait-il pleinement sur son frère ou à l’inverse considérait-il que la situation ne prêtait pas à l’inquiétude ? Quelles voies respectaient ces êtres étranges ? Se venaient-ils en aide ? Ou l’individualisme primait-il ?
- « La sagesse des Titans? » répéta-t-il soupesant le mot, rivant ses yeux dorés dans ceux de la déesse « La sagesse viendrait ainsi s’opposer à toute intervention ? A attendre comme vous dites ? Oui… évidement. Il ne convient pas de se lancer aveugle dans une bataille sauf à souhaiter risquer sa vie. Mais elle suppose également qu’au delà de l’attente vienne la curiosité. Comme espérer vaincre ou dépasser quoique ce soit si l’on se borne à attendre sans chercher, sans s’instruire.. ? Sans savoir ? La connaissance permet d’appréhender. De s’adapter. Et l’intelligence permet la victoire. »
Lui dédiant à son tour un sourire mesquin, il haussa les épaules puis darda à nouveau son regard vers elle, tandis qu’elle l’invitait à l’examiner. Elle jouait le propre jeu qu’elle avait instauré entre eux, tombait un peu le masque pour se révéler mieux. Plus entière et plus humaine, sûrement. Il supposait que cela relevait d’un privilège qu’elle lui offrait presque malgré elle. Alors, il l’observa à sa convenance, opinant de la tête, répondant à la question... Etait-elle satisfaite?
- « Non. Évidemment, vous ne l’êtes pas… Tant de poids sur vos épaules, tant de responsabilités… » il soupira un peu théâtralement sans pour autant permettre à la moquerie de s’insinuer dans ses propos « Vous évoluez dans des sphères somptueuses, très chère… Mais je connais le poids du pouvoiiir... Chacun porte son fardeau. Le vôtre est considérable. Les menaces permanentes. Le Présent incertain, le Futur sombre. Quel fardeau… Mais c’est ce pourquoi vous vous trouvez là où vous êtes, Hera. Olympe ne pouvait choisir autre visage. Vous êtes le visage qu’il s’est choisi. Vous êtes de Taille. »
De taille à gérer les crises. D’une poigne à œuvrer, décider pour le bien des autres, quoiqu’il en coûte. Un visage qui avait expertisé la souffrance sans se rompre, un visage qui, éveillé au Mal savait le parer sans craindre les pertes et les conséquences. De taille à lutter contre Chronos. De taille à se réveiller une adversaire considérable. Souriant à la déesse, il continua :
- « Vous ne serez jamais satisfaite tant que les menaces existeront. Et elles ne cesseront jamais. Le Mal peut surgir partout.. Il habite dans tous les cœurs. Même le plus pur d’entre eux possède une flamme noire qui danse en lui, il suffit de l’allumer. Et parfois, il prendra le visage d’un être cher. Les traits d’un ami. Votre lutte ne cessera jamais. Mais vous êtes de taille, vous disposez d’une intransigeance qui œuvre en votre faveur… Cependant… Si un jour venant, vous souhaiteriez une aide… Sachez qu’en venant me trouver, vous frapperiez à la bonne porte » minauda-t-il, sa bouche s’arrondissant sous une moue mesquine « Oh, je sais… Vous ne m’aimez guère. Mais parfois, toujours à mon humble avis, l’intelligence doit prendre prendre le pas sur l’affectif. Vous sauriez à quoi vous attendre, vu votre esprit si vif. Mais vous vous entoureriez néanmoins d'une personne qui à défaut d'être fiable serait au moins excellente. Et lorsque l'on gouverne un si colossal empire, ma chère, il faut s'entourer d'excellence..." il fit une pause puis ajouta tranquillement "Rien ne presse. Je vous l’indique seulement, c’est une offre, disons même une proposition. Vous pouvez la décliner à présent, elle tiendra tout de même. »
Il tourna son verre entre ses doigts, l’admirant vidé. Une unique goutte de vin persistait au fond du verre, tenace. Une unique trace.
- « J’apprécie Enora. Ce n’est en rien excentrique ou caustique, j’apprécie ce qui est de valeur. Et elle en a. A bien des égards. J’ai toujours eu une virtuosité pour déceler cela.. Ma question sera simple : pouvez-nous faire quelque chose de supplémentaire ? Si non et si rien de tout ce qui se passe ne doit susciter crainte ou inquiétude quant à l’Avenir, et notamment le mien, alors j’attendrais. Si cela est la finalité, j’attendrais. Je sais attendre. J’attends depuis longtemps. »