I like trouble

Poussant un petit soupir, Thomson regarda par la fenêtre de son bureau le ciel qui s'assombrissait d'heure en heure. Après avoir passé une bonne partie de la matinée à travailler sur un dossier administratif que lui avait donné Charlie, qu’il avait finalement terminé, il avait ensuite continué de rédiger la plaidoirie qu’il devait présenter pour son dernier examen à l’école d’avocats. Parfois un vertige le saisit quand il se disait que dans quelques mois, il avait peut-être fini ses études. Bien entendu, personne n’en doutait à part lui même. Il était quand même major de sa promotion, et comme Paul disait pour le rassurer, il faudrait qu’une météorite vienne s’écraser le jour de sa soutenance pour qu’on refuse de lui remettre son diplôme. Mais Tomy connaissait bien Storybrook. C’était infernal. En un rien de temps l’on pouvait se retrouver dans les enfers où attaquer par des aliens. Cette ville n’avait aucun sens, aucune cohérence, alors que lui-même venait d’un monde magique. Mais Storybrook … était Stroybrook alors forcément, il avait peur que quelque chose de mauvais arrive le jour de son examen. Il commençait déjà à se stresser, au grand dam de son frère. Même leur escapade improvisée, qui, oui, lui avait permis de se vider la tête, n’était finalement qu’un lointain souvenir tant son effet s’était dissipé rapidement. Enlevant ses lunettes, il commençait à avoir mal à la tête. Sans doute aurait-il dû ne pas louper la pause déjeuner et surtout faire une pause. Attrapant sa veste de costume foncée, il décida qu'il était temps de prendre une pause et d'aller marcher un peu. Charlie lui avait dit qu’il pouvait prendre une pause quand il le souhaitait, et en général, il n’en prenait pas, au grand dam de cette dernière. Là il lui ferait plaisir.

Il descendit les escaliers rapidement et il poussa les doubles portes du bâtiment avec force comme si sa vie en dépendait. Au loin, il entendait le bruit du tonnerre grondant. Il pencha la tête sur le côté, comme pour essayer d'analyser la situation. Voila trois mois que le temps s'était totalement dégradé et cela n'annonçait rien de bon. Il y avait des tempêtes à répétition et même si ce phénomène était courant dans les États Unis, là il y avait quelque chose d'étrange. Mais il ne s’inquiétait pas trop. C’était Storybrook. Après tout, il y avait toujours cette deuxième lune dans le ciel. Lui n’était pas choqué. Dans son monde, c’était le cas, et il ne trouvait pas ça moche. Peut être inquiétant, oui mais esthétiquement cela donnait une aura de science fiction à la ville. Marchant à une cadence assez rapide, il passa devant le Fantasia avant de s'y arrêter quelques instants. Il avait ses habitudes, prenant souvent un café et un donut', discutant avec les serveuses et Gabrielle quand elle était là. Sa mère était aussi une habituée à vrai dire et elle lui demandait toujours des nouvelles. Elle avait été ravie d’apprendre les fiançailles de la patronne, qui selon ses dires, était une jeune fille charmante qui méritait le bonheur. Oui. Tomy s’en fichait un peu. Il n’était pas très ragots à vrai dire. Pourquoi est ce que la vie de machine l’interesserait quand sa propre vie lui passait au-dessus de la tête. Il fit un petit sourire à l’une des serveuses, une petite brune, avant de continuer son chemin. Aujourd'hui, il avait envie de changer. Était-ce le vent frais venu de la mer qui lui disait de continuer sa route ? Peut être, mais dans tous les cas, il reprit sa marche dans les rues de la ville qui s'animait aussi malgré le mauvais temps.

C'est alors qu'un panneau attira son attention. Il était coloré et de grosses lettres formaient le mot Sundae Love, salon de thé et glacier. Jusqu’à présent, il n'y avait jamais fait attention, mais là il était attiré comme un papillon vers une lumière. Poussant la porte, l'ambiance était assez feutrée et calme, ce qu'il recherchait au fond de lui. Balayant la salle du regard, il alla d'abord au comptoir pour commander un thé noir aux écorces d'oranges et une belle part de gâteau à la framboise. Oui, il aurait pu commander de la glace, vu que c’était visiblement la spécialité de l’établissement mais il n’en avait pas envie. Tomy ne mangeait de la glace que les deux mois d’été et pour l’instant l’on était en Avril. Hors de question donc qu’il déroge à sa règle. Quant au milkshake, il n’aimait pas vraiment ça. Le thé noir était parfait, il ne voyait pas pourquoi il aurait commandé autre chose. La serveuse lui fit un grand sourire en lui disant qu'elle allait lui apporter tout ça, qu'il n'avait qu'à s'installer. La remerciant poliment, il se rendit à la place qui lui faisait de l’œil, dans le coin, juste à l'intersection entre la vitre et le mur. Se laissant tomber comme une masse sur le gros pouf, il poussa un soupir mais cette fois de contentement. Il avait bien fait d'arrêter de se prendre la tête avec son argumentaire et de penser à lui pour une fois. Contrairement à ce que Barlay pensait, il savait arrêter. Il savait dire stop quand il saturait. C’est juste qu’il ne le faisait pas souvent car il avait une grande capacité de travailler. Parfois il avait même l’impression qu’il ne savait faire que ça. Travailler. Paul disait que c’était triste. Lui ne trouvait pas. Après tout, il avait toujours été seul, dans ces faux souvenirs qu’on lui avait donné et le travail, du moins scolaire vu qu’il était jeune, lui donnait un but. Sa fausse mère n’était pas contre qu’il lise et qu’il apprenne. C’était son seul échappatoire et au final cela faisait écho avec sa vraie vie, d’avant, dans son vrai monde, où il était aussi un grand travailleur. Il n’avait pas beaucoup d’amis. Il avait du mal à se socialiser et d’ailleurs Barlay ne l’aidait pas. Il n’était pas comme lui, aussi joyeux, aussi extraverti. Il ne savait pas se lier aux gens et parfois il venait à se demander ce qu’il faisait là, pourquoi il était là. Il était comme un électron libre, sans attache car la seule qu’il avait eu avait été coupé violemment. Il savait que la mort prématurée de son père l’avait façonné. Il avait même compris, quelques minutes avant que le nuage violet de la malédiction ne les touche, qu’il s’était fourvoyé pendant toutes ses années, que lui-même s’était coupé du monde pour n’être qu’avec un souvenir. Sa façon à lui de gérer le chagrin. Et la malédiction n’avait rien arrangé. Là on l’avait vraiment coupé du monde, prisonnier d’une fausse mère. Cela faisait maintenant 7 ans que la malédiction s’était brisée et parfois, il se sentait encore seul. Pourtant, il avait retrouvé sa vraie mère, chez qui, il habitait. Son frère hyper collant. Ses amis. Paul, Eggsy, Canelle, Judith, Charlie. En vérité. Il n’était pas seul mais ce sentiment perdurait dans sa tête. Peut-être qu’il aimait être seul.

C’est sur cette réflexion qui tourna la tête vers la serveuse qui lui apporta sa commande avec un sourire avant de retourner à son comptoir. Tomy retourna à la contemplation des gros nuages gris. Il pouvait sentir dans l’air la tension électrique qu’il y avait. Ça n’allait pas tarder. Peut-être qu’il devrait y aller ? La raison qu’il avait lui dire oui mais il était bien, ici, dans ce café un peu éloigné du centre ville, dans une petite rue, où il n’y avait pas grand monde. Il était presque en paix. Il poussa un soupir, mettant un sucre dans son thé noir, commençant à le touiller doucement avant de lever les yeux vers la porte d’entrée. Il entendit la cloche et se prit à maudire le futur client, le coupant de cette paix mais il fronça les sourcils quand il s’aperçut de qui s’était. Un grand blond, le sourire au lèvres qui se dirigea directement vers le comptoir des glaces. Thomson le regarda attentivement. Dusty. Il savait que c’était le meilleur ami de son frère et d’Eggsy. Il les avait souvent vu tous les trois faire les quatre cents coups. Ils s’étaient quelquefois adressés la parole mais sans plus. Déjà parce que ce n’était pas le sien, d’ami et ensuite parce qu’il se disait qu’un gars comme lui ne devait absolument pas être intéressé pour lui taper la discussion. Après tout, Dusty était la caricature de l’étudiant sportif, hyper populaire, que tout le monde adorait et qui, il fallait dire, n’était pas réputé pour sa cervelle. Alors qu’aurait il fait à parler avec lui ? L’intello, major de promo, qui rasait les murs pour éviter qu’on ne lui rappelle le petit excès qu’il avait fait lors de la soirée d’intégration. À vrai dire, cela ne dérangeait pas vraiment Tomy. Il s’en fichait. Ce n’était pas ses affaires. Même s’il se surprenait toujours à le fixer. Barlay avait dit un jour, alors qu’il avait invité ses amis à un barbecue à la maison alors que leur mère n’était pas là, que Tomy ressemblait un peu à Kha dans le livre de la jungle. Le serpent qui fixait les gens pour les envoûter. Tomy avait trouvé ça si stupide qu’il avait pris son assiette de saucisse et qu’il était allé la manger loin dans le jardin. Seul.

Il tourna rapidement la tête vers la baie vitrée, pensant que Dusty ne le verrait pas comme ça. C’était bien entendu totalement faux. Quand il entendit son prénom, Tomy ferma les yeux en faisant une moue. Diable pourquoi n’avait il pas la paix ? Néanmoins, poli, il se retourna à nouveau, lentement, avec sa petite moue qui s’étira en un petit sourire de connivence.

“Dusty. Ravi de te voir.”

Ce n’était pas totalement faux. Ce n’était pas parce qu’il était neutre sur ce sujet qu’il était pas content de le voir. Ce n’était pas sur la personne même qu’il avait un grief. Pas sur Dusty, mais plus sur l’humain qui l’avait dérangé dans son moment de paix intérieur. Il l’avait salué, comme la politesse l’exigeait, et une petite lueur s’alluma dans son esprit, pensant que le jeune homme allait partir rapidement. Non. La lueur s’éteignit aussitôt quand il s’assit en face de lui, ce qui étonna réellement Thomson.

“Que fais tu ici ?”

Il se remit à touiller son thé, plus par nervosité qu’autre chose. Tomy n’était pas réputé pour être social, encore plus à la fac, et Dusty était à la fac avec lui. Il faisait un effort de lui parler mais avant qu’il ne lui réponde, une réplique cinglante jaillit sans même que Tomy ne puisse la contrôler.

“Et ne me répond pas que tu prends une glace, ça je l’ai compris étant donné que c’est le principe de cet établissement.”

Pourquoi est ce qu’il était sur la défensive ? Même lui était un peu étonné. Il mit ça sur le compte qu’il réfléchissait aux fois où il avait parlé à Dusty seul et elle était très rare. La perspective de discuter ainsi, avec une personne qu’il ne connaissait finalement pas si bien que ça le fit stresser et le fait que les yeux bleus foncés de son fameux interlocuteur lui donne l'impression qui le scannait jusqu'à la moëlle ne fit qu'augmenter son malaise.

“Je veux dire. Que fais-tu dans ce quartier ? C’est assez loin de l’université.”

«Hi Tomy, my name is Trouble! »

I like trouble

Thomson s’était dit qu’en allant dans un endroit où il n’avait pas l’habitude d’aller, il découvrirait de nouvelles choses mais il aurait surtout la paix. Il s’était lourdement trompé et il n’en revenait pas oh combien il avait pu faire cette erreur de jugement. Certes, il avait pensé à la possibilité de croiser quelques personnes mais il était assez loin du centre ville, assez loin de l’université, et à mi chemin entre le quartier Est et Nord, ce qui limitait tout de même les possibilités vu qu’il ne connaissait pas les gens du quartier réputé comme riche. La probabilité était donc vraiment très mince. Encore plus mince pour qu’il ne voit débarquer Dusty, le meilleur ami de Barlay et le gars que toute la fac connaissait tant qu’il était populaire. Bien entendu, Tomy n’avait rien contre Dusty étant donné qu’ils ne se parlaient quasiment pas. Un bonjour, un bonsoir quand ils se croisaient chez lui. Une réponse avec un signe de la main ou de la tête sur le campus. C’était tout. Mais là ! Mais là il ne pouvait pas faire comme d’habitude. Il ne pouvait pas l’éviter. En lui disant bonjour, il se demanda pourquoi est ce qu’il l’évitait déjà, outre le fait qu’il avait du mal à nouer de nouvelles connections. Il ne savait pas trop. Certes, il catégorisait en général les amitiés mais Eggsy était l’un des meilleurs amis de Barlay et il lui parlait tout à fait normalement. Bon, Eggsy avait été son ami avant celui de son frère, ce qui expliquait aussi ça, mais tout de même. Il resta sur l’idée que c’était parce qu’il représentait tout ce qu’il ne serait jamais. Populaire, apprécié, adoré, et surtout beau. Dusty était grand, mais pas comme lui, qui ressemblait clairement à un spaghetti que l’on avait fait trop cuire et que l’on essayait de faire tenir debout. Non, il était bien proportionné. Il était grand et musclé là où il fallait et plus d’une fois, Tomy s’était surpris à le regarder du coin de l’oeil, l’été, quand il s’amusait comme un fou. Jaloux. Oui c’était ça. Il était jaloux de lui. Comme il était jaloux de son frère. Ce n’était pas juste et souvent, il se consolait en se disant qu’il n’était peut-être pas une statue de dieu grecque mais qu’il avait un cerveau. C’était méchant, sans fondement mais cela lui permettait de mieux accepter la fatalité de la vie.

“Donc tu as fait tout ce chemin là … pour une glace ?”

Thomson le darda de son regard bleu perçant, empli de jugement, tandis que Dusty lui montrait sa glace, où cas où il aurait été aveugle. Voila; Beau mais con. Il était rassuré. Du moins ce qu’il essayait de se convaincre. Dusty avait quand même répondu à sa question par la seule réponse qu’il avait dit qu’il n’acceptait pas. Le fait qu’il soit ici pour une glace … or c’est ce qu’il avait dit, et en plus, lui-même, comme un débile, avait répété. Il s’était aussi mordu la lèvre, se retenant de secouer la tête. L’imbécilité semblait contagieuse.

“Pardon ?”

Tomy était tellement consterné par cet envahissement d’espace privé qu’il ne sut répondre que ça. Qui demandait à faire goûter sa glace à un inconnu ? Bon, il exagérait, ils n’étaient pas inconnus mais presque ! Ça ne se faisait pas ! Il n’allait pas partager sa glace ou tout sorte d’autre chose avec des gens, comme ça ! C’était … inimaginable pour lui.

“Non. Je n’en veux pas. Merci.”

Si le ton avait été froid quelques minutes auparavant, là il était digne des plaines de la Sibérie, avec le vent en plus. Dusty ne sembla même pas s’en formaliser à la vue de ses gestes et du fait qu’il sortit son téléphone. Tomy en profita pour boire une gorgée de son thé noir. Peut-être qu’il le prenait pour Barlay ? Où qu’il se disait c’est le frère de Barlay donc c’est pareil. Oui, c’était sans doute ça. Machinalement, Tomy serra son poing sur la table sans même s’en rendre compte. Il n’était pas Barlay et il ne le serait jamais. Il le savait très bien. Ça n’aurait pas été la première fois qu’on l’associe à lui. C’était normal, il en avait conscience, mais il ne se définissait pas que par son grand frère. Il était juste lui ! Cette fois il secoua la tête, pris dans un débat intérieur car s’il pensait ça, il vint aussi à excuser Dusty. Il était juste poli. Trop poli certes. Envahissant même. Mais ce n’était pas une raison pour le blâmer. Il avait juste voulu être gentil et il ne fallait pas qu’il prenne en compte les raisons de son geste. Sauf que c’était ça le problème, Tomy voulait toujours connaître les raisons de l’agissement d’une personne. Déformation professionnelle.

“Ce n’est rien.”

Perdu dans ses pensées profondes, Tomy pensa que Dusty s’excusait d’avoir passer sans soucier la barrière de protection qu’il avait mis entre eux. Non, la bulle que chaque personne avait et qui s’appelait espace privée. Mais non. Il s’excusait pour le téléphone. Tomy en était vraiment intrigué. Si intrigué qu’il en haussa les sourcils avant de faire un petit geste de la main pour vraiment signifier que ce n’était rien. Dusty reprit alors à parler à vive allure, lui posant tout un tas de questions. Il attendit qu’il finisse, ne voulant l'interrompre et étant déjà en train de réfléchir quand une pensée surgit de nulle part. La voix de Dusty était agréable à écouter. Elle était dans les tonalités graves, moins que la sienne car beaucoup plus rauque. C’était plaisant. Cependant, il fronça les sourcils. Pourquoi pensait-il ça ? Genre maintenant ? Il mit ça sur le compte du jugement qu’il portait sur lui depuis qu’il était arrivé, il fallait bien quelque chose de positif alors qu’il venait outrageusement de l’embêter. Heureusement, la serveuse arriva pour déposer sa part de cheesecake avant un grand sourire. Tomy pu focaliser son esprit sur autre chose.

“Tu as ta réponse.”

Pour l’imiter, il pointa de la cuillère la part de gâteau devant lui avant de reprendre.

“J’estime que manger une glace quand ce n’est pas la saison n’est pas quelque chose d’approprié.”

Il appuya bien sur le dernier mot, levant même son regard de la pâtisserie pour le planter dans celui de Dusty.

“C’est un cheesecake à la framboise et au spéculoos. Ça se marie très bien avec le thé noir à l’orange.”

Bon le cheesecake se mariait très bien avec tout en vérité. Tomy pouvait en manger des tonnes tant il aimait ça. Le seul avantage de son corps résidait en son métabolisme. Il avait beau manger des tonnes de sucres, il ne prenait pas un gramme. Sa mère disait que c’était rageant, et frustrant, et Tomy lui répondait qu’il fallait bien quand même qu’il en retire quelque chose de positif. Doucement et délicatement, il découpa avec le rebord de sa cuillère un morceau et le savoura, laissant un blanc dans la conversation. Il allait répondre à Dusty, mais pas maintenant. Maintenant il réalisait ce pourquoi il était venu ici. Le silence et la gourmandise et il se fichait bien de savoir si Dusty était impatient ou pas. Pas son problème. Il ne le regarda même pas, préférant se perdre dans les nuages qui étaient devenus entièrement noirs. Il dégustait tranquillement la pâtisserie, se délectant des saveurs avant qu’un orage éclate. Il eut un petit mouvement de sursaut qui le fit revenir dans la réalité. C’était vrai qu’il était là, dans ce salon de thé, avec Dusty. Il tourna lentement la tête vers lui, lui faisant une petite moue avant de poser la cuillière.

“Effectivement, je finis mon cursus dans quelques mois. En juin pour être précis. Je passe l’examen pour être avocat, comme tu le sais déjà. Je me laisse les deux mois d’été de répit et en Septembre je me lance en recherche d’un cabinet qui voudra bien de moi.”

Même si la joie ne débordait pas sur son visage comme son homologue, Tomy était content de finir. Il aimait étudier et apprendre, c’était sûr, mais là, au moins, il commencerait enfin à faire quelque chose de sa vie. À être utile à la communauté. En se souvenant du petit monologue de Dusty, il eut cette fois un sourire en se repassant le compliment qu’il lui avait fait. Oui, c’était un compliment que de dire que la ville serait chanceuse de l’avoir, même s’il se doutait qu’il l’avait plus dit par politesse que par autre chose. C’était toujours ça de gagné.

“J’y ai pensé. À aller ailleurs. J’aime beaucoup voyager et découvrir de nouveaux endroits mais …”

Voyager. Un but qu'il s'était fixé dès qu'il avait pu sortir de l'enfer de cette malédiction. Il savait que c'était des faux souvenirs, mais il avait encore la voix de sa ravisseuse, qui se faisait passer pour sa mère, qui lui disait que jamais il ne pourrait voyager à cause de sa fameuse maladie. Il avait alors regardé les atlas et les carnets de voyages d'explorateurs avec une envie brûlante de découvrir le monde. Quand il avait su que c'était faux, il s'était dit qu'une fois que sa situation financière le permettrait, il ferait le tour du monde. Non, mieux, le tour des mondes ! Il but une gorgé de son thé avant de reprendre.

“Storybrook est la ville où le taux de criminalité explose et où l’injustice règne de part son contexte disons … particulier.”

Cela l’énervait au plus haut point. D’accord, il comprenait que mettre au même endroit des dizaines d’univers différents pouvaient créer des tensions. Chacun n’avait pas la même éthique, la même morale, le même sens des devoirs, et la même envie mais il y avait des règles à respecter ! Cependant, Thomson se savait indulgent dans la mesure où la population de Storybrook a été contrainte de venir ici. Malmené par des faux souvenirs, il comprenait parfaitement qu’au moment de l’éclatement de la vérité, justice devait être rendu. Ce qui l’agaçait au plus haut point était le fait qu’au final, Regina, celle responsable de tout ça, n’ait pas été jugé. Elle n’avait rien eu ! Au contraire, elle avait même été élue maire, par des magouilles que Tomy soupçonnait. Alors oui, il se devait de défendre ceux qui étaient pointés du doigt parce qu’il savait que tout le monde ne gérait pas cette malédiction de la même manière.

“Je ne me verrais pas aller ailleurs parce qu’ici, il y a beaucoup plus de personnes qui ont besoin de mon aide.”

Néanmoins, il n’y avait pas que ça. Thomson allait bien se garder de dire à Dusty, que s’il ne voulait pas non plus quitter Storybrook était parce qu’il n’arrivait pas à gérer ses pouvoirs. Il ne savait pas ce que Barlay avait raconté, mais le connaissant, il avait déjà dû le dire, malgré le fait qu’il le lui ait interdit. Barlay ne savait pas tenir sa langue. Mais ça encore, ça pouvait passer. Non, Tomy craignait vraiment de faire du mal à quelqu’un sous un accès de rage ou de tristesse. Il avait bien vu ce qui s’était passé à la confiserie quelques mois auparavant avec Judith. Alors oui, Paul n’arrêtait pas de lui répéter que c’était parce que le chocolat était empoisonné mais Tomy savait bien que non. Le chocolat n’avait fait que ressortir son mauvais côté. Ce côté qu’il essayait de cacher, qu’il avait enfermé à double tour pour que personne n’en n’ait conscience. Que se passerait-il, s’il déclencherait ses pouvoirs à Paris ? Berlin ? il y aurait des émeutes et bien plus encore. On le porterait au bûcher. Non pire ! On l’enfermerait pour faire tout un tas d’expériences sur lui et c’était hors de question. Surtout que la règle du secret était l’une des règles fondamentales de la constitution de Storybrook.

“À vrai dire, j’ai suivi en plus de mon cursus de droit classique si je puis dire, plusieurs spécifications. Droit de la famille, droit pénal et droit de la santé.”

Le ciel se zebra d’un immense éclair, le tonnerre retentit et la pluie se mit à tomber fortement. Vu qu’ils étaient coincés là, ensemble, Thomson n’allait pas faire son asocial. Autant rendre ce moment agréable pour tout le monde, il passerait certainement plus vite. Il continua de manger son gâteau quand il releva la tête pour regarder Dusty qui lui parlait. Il n’avait jamais fait attention mais il avait les yeux aussi bleus que les siens. Non, ceux de Dusty étaient beaucoup plus foncés, tirant vers le sombre. Quand il planta son regard dans le sien, Tomy eut l’impression que Dusty sut ce qu’il était en train de penser, qu’il avait de beaux yeux et cela le mit mal à l’aise instantanément. Non, bien sur, Dusty ne pouvait pas savoir, il n’était pas télépathe, mais son regard était si pénétrant qu’il avait bel et bien l’impression qu’il sondait son âme. Il baissa son propre regard sur son assiette vide et termina aussi son thé.

“Et toi… tu ... tu es en cursus de sport non ? Tu envisages donc une carrière là dedans ?”

«Hi Tomy, my name is Trouble! »