« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Elle avait souri en recevant son SMS. Depuis quelques temps, elle qui n’avait un portable que pour les diverses connaissances humaines qu’elle pouvait avoir, elle avait désormais l’impression d’avoir surtout un portable pour lui. C’était encore celui qui utilisait le plus ce moyen de communication avec elle, quand il ne passait pas à l’improviste avec un raison complétement dérisoire. Il était parti et elle l’avait oublié, un homme de passage dans une éternité. Elle avait été peinée de le découvrir car même si leur entrevue avait été brève, elle avait été intense, particulière. Mais elle s’était résignée : un grand de poussière dans sa vie à lui, un passage dans son éternité à elle. Et puis il avait fini par revenir et à sa grande surprise, il était aussi revenu chez elle. Enfin ce “chez elle” qui ne l’était plus vraiment depuis qu’elle était devenue Maîtresse de l’Olympe mais ça restait tout de même leur parenthèse, leur endroit à eux. Il n’y avait rien eu de charnel depuis son retour. Juste des moments, des rires, des discussions. Des parenthèses dans leur éternité plus ou moins grande. Elle ne lui avait pas dit qui elle était devenue. Elle ne lui avait pas caché non plus. Elle n’avait juste pas trouvé utile de le mentionner. Adam avait des préoccupations vraies, humaines, qui la sortaient un peu de son monde compliqué de divinité et chacun de ses moments était une pause bien méritée qu’elle s’octroyait avec plaisir. Elle avait la sensation de goûter à ce que les siens avaient découvert pendant des années, se brûlant les ailes au passage à se croire de la même espèce, à croire que rien ne les séparerait jamais, oubliant le Temps, la vieillesse et la mort. Et chacun d’eux avait fini noyés dans un torrent de tristesse. Elle ne pouvait pas se le permettre et pourtant, bien que tentant de garder la tête froide face à cette terrible menace, son SMS l’avait mise en joie.
C’était la première fois qu’il lui proposait cela. Une sortie en ville, l’air de rien, à l’évènement organisé par la mairie. Une façon de faire autre chose, de sortir de leur bulle, de se montrer un peu plus ensemble aussi... Hera se fichait bien du regard des autres, elle n’en avait besoin et faisait désormais ce qu’elle voulait. Mais cela était peut-être important pour lui et l’idée que ça lui l’être la remplissait d’un sentiment indescriptible, une sensation de chaleur plutôt agréable qu’elle n’avait pas vraiment ressentie jusqu’alors. Ce soir-là, vêtue d’une cape écossaise et d’un pantalon en cuir, elle était descendue à Storybrooke, se téléportant à quelques mètres de la Grande Place où nombre de personnes étaient déjà présentes. Un énorme sapin trônait derrière une scène qui n’attendait visiblement plus que le discours désastreux d’Hadès. Cela lui faisait tout drôle, une fête de Noël, juste après les terribles événements qu’ils avaient traversés. Tandis qu’elle levait les yeux pour observer le haut du sapin, elle avait eu une pensée pour l’Amazone. La vie avait repris son cours, de façon festive et insouciante, mais la mémoire de la rouquine planait sur ceux qui savaient s’en souvenir. Humidifiant ses lèvres sur le coup de l’émotion, elle s’était mise à avancer en direction des stands, se disant qu’un peu d’insouciance ne lui ferait sans doute pas de mal. Pour reprendre des forces avant la nouvelle bataille.
Elle avait déambulé entre les différents stands, humains des odeurs de pains d’épices et de chocolat chaud, saluant d’un signe de la main les enfants qui tournaient la tête vers elle sur son passage, un sourire sur les lèvres. Il fallait bien qu’elle l’avoue, la Mairie avait bien travaillé. Norbert avait dû venir lui demander des fonds au moins deux fois mais au moins, l’argent avait été bien dépensé, bien mieux que dans les poches d’un petit être malfaisant qui devait se régaler de cette soirée. Elle s’était dirigée avec un sourire aux lèvres vers le stand de vin chaud et en avait commandé un verre poliment avant de tendre au vendeur sa monnaie.
- Bonsoir.... je vois que vous savez profiter de toutes les spécialités locales !
Elle avait reconnu sa voix hautaine et doucereuse à la seconde où il avait ouvert la bouche. Son parfum l’avait déjà trahi quelques secondes auparavant. Elle s’était alors tournée lentement vers lui, son verre de vin chaud à la main pour l’observer avec un sourire contenu et poli :
- Il faut toujours faire honneur à la table lorsqu'on est invité, n'est-ce pas ? Je ne doute pas que vous saurez profitez-vous aussi de certaines spécialités locales...
Elle avait laissé la fin de sa phrase mourir dans les airs tandis qu’elle avait menotté son regard dans le sien, le sourire toujours aux lèvres, la tension palpable entre les deux. Il n’était plus question de nourriture dans sa phrase et ils le savaient aussi bien l’un que l’autre. Préférant crever l’abcès qu’elle avait elle-même créé, elle ajouta d’une voix légère :
- Où est donc Georgia ? Elle ne vous a pas accompagnée pour cette soirée ?
Son aura ne la situait clairement pas sur la Grande Place. Elle avait faussement feint de la chercher, accentuant son jeu d’actrice pour se moquer sciemment du trésorier de la ville avant de le regarder avec une petite moue déçue tout en prenant une gorgée de vin chaud, ses yeux toujours fixés sur ceux d’Erwin Dorian. Celui-ci pencha la tête en relevant l’épaule après un ricanement qu’il ne dissimula pas, le dévoilant même bruyamment à son audimat :
- Que voulez-vous ! Je serais un bien mauvais citoyen si je ne prenais pas conscience des trésors anodins du quotidien de Storybrooke.
Victoire avait levé un sourcil, le sourire amusé mais glacial. Plus que de tromper sa femme, il montrait à quel point le sort de la jeune fille lui était indifférent. Il ne faisait ça que pour s’amuser. Mais il avait intérêt à jouer sagement... dans certains jeux il arrivait que l’on gagne ou que l’on meure, il n’y avait pas de moyen terme. Il la toisa malicieusement avant d’ajouter :
- Oh ne vous donnez pas cette peine, elle s’occupe des derniers préparatifs du réveillon. Quel...Dommage n’est-ce pas ?
Il avait posé sa main sur sa poitrine :
- Même si mon corps souffre fort heureusement je sais m’occuper en son absence...
Il avait conclu avec un sourire narquois auquel Victoire avait répondu avec un sourire méprisant. Elle avait alors avancé d’un pas en sa direction, réduisant l’espace qui les séparait.
- Oui... vous êtes un grand garçon, je ne doute pas que vous savez vous occuper de vous. Mais, faites attention très cher... A courir trop de trésors à la fois, aussi anodin soient-ils... on se retrouve sans le sou...
Elle avait posé une main gantée sur sa joue gauche avant de la faire glisser sur son épaule droite en la poussant avec grâce et sans douleur mais en le forçant à s’écarter de son passage.
- Veuillez m’excuser...
Il avait ricané tandis qu'elle lui était passé devant. Sans un regard de plus pour l’homme, elle s’était éloignée, se dirigeant vers un autre stand où Adam était appuyé. Avec un sourire amusé, elle s’était approchée, avant de lui préciser dans son dos :
- Décidément... Je vais finir par croire que le café est ton unique passion dans cette ville...
Elle avait levé les yeux vers la carte, un sourire mutin sur le visage. Il était effectivement accoudé à un stand de café et de chocolats chauds. C’était un peu le leitmitov de leurs rencontres. Il avait commencé en lui apportant un café et il était revenu une fois ou deux avec un autres, parfois trouvant d’autres excuses pour continuer les rencontres et la déesse s’était toujours prêté au jeu.
- Tu m’excuses, mais je suis déjà au vin de mon côté...
Elle lui avait montré son verre de vin chaud avant d’en boire une nouvelle gorgée.
- J’espère que tu es bon en jeu vidéo car même si l‘idée de faire des nouvelles choses à des perspectives des plus plaisantes, je dois dire que l‘électronique ne fait pas partie de mes passe-temps favoris... Il va falloir avoir de la patience avec moi, Monsieur Pendragon.
Elle lui avait souri une nouvelle fois, goguenarde, avant que le début du discours d’Hadès ne la force à rompre le contact visuel. Elle avait vu du coin de l’œil Alexis rejoindre la foule après avoir quitté le notaire et elle avait serré la mâchoire, un sourire moqueur aux lèvres... Elle n’avait pas envie que la gamine souffre mais elle espérait sincèrement qu’elle se réveille avant qu’elle ne doive s’en mêler auprès de Georgia Dorian et que si possible, elle sache lui mettre la raclée de sa vie. Mais Hadès avait fini par prendre la parole et elle avait levé les yeux, inclinant légèrement la tête sur la gauche, curieuse du spectacle :
- Amis Storybrookiens et invités divins, bienvenue à la cérémonie d'ouverture des festivités de Noël. Je sais, et on sait tous... qu'il y a eu un petit couac à l'événement d'Halloween. Rien de bien grave, et c'était totalement indépendant de notre volonté. D'ailleurs, la police enquête toujours sur le coupable et on approche du but. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, c'est un grand jour ! J'aurais bien commencé par la blague que je n'avais pas réussi à terminer la dernière fois, mais allez savoir pourquoi, on m'a dit de ne pas le faire. Regina a même précisé - en plaisantant bien entendu - qu'elle me mettrait dans un placard si je venais à la raconter. Par précautions, j'ai demandé à Norbert de retirer tous les placards de la Mairie. Mais bon... elle plaisantait évidemment... Bref... Storybrookiens, Storybrookiennes. Tout. Va. Bien. Votre Mairie veille au grain. Et pas qu'aux grains, d'ailleurs, on veille sur un tas de choses. Les céréales, les gants, les oeufs de poule... Nous avons dépensé un coût faramineux pour votre confort parce que rien n’est trop beau pour vous en cette fin d’année ! N’oubliez d’ailleurs pas que dès janvier l’impôt sera prélevé directement à la source, on vous y attend nombreux ! Joyeuses Fêtes de Fin d'Année à Tous !! Maintenant place aux festivités. Nous avons vue grand ! Mais pas trop non plus, afin de privilégier votre sécurité. Et c'est pour que vous soyez tous en sécurité que j'ai fait appel à mon fils, Elliot Sandman. Il a conçu un jeu spécial, rien que pour vous. Grâce aux petits pins qu'on va vous distribuer... d'ailleurs c'est déjà en cours, vous allez pouvoir voyager dans un monde aux confins du présent. Dans le sens où vous n'allez pas bouger, mais Storybrooke va bouger. Il y aura des cadeaux des partout. Des Pères Noëls. Plein de surprises. Ca sera juste un Storybrooke, ici même, aujourd'hui, mais en mode Noël. Et sur une période de trois jours pour que vous puissiez vivre cela à fond ! Hein fiston ? J'ai pas très bien compris de quoi il serait question, mais tout se passera bien ! Il vous suffit de mettre le pins sur votre veston, ou chose que vous portez, et vous laisser emporter, quand Elliot donnera le top signal de cet événement sans le moindre danger.
Le jeune homme qui était à côté de son père avait l’air plutôt mal à l’aise. Hera posa un regard glacial sur ce dernier, sans aucune empathie, le dévisageant comme un parfait inconnu :
- Euuuh... ouais. Avait-il dit en passant une main sur sa nuque.
Le dieu avait alors repris avec une certaine fierté :
- Elliot Sandman ! Bon, allez, on se lance ! Bon amusement à tous ! Une dernière chose importante ! G - S - 6 - 6 - 6 - Alabama. Si quelqu'un a cette matricule sur sa voiture, qu'il se rende immédiatement jusqu'à elle, car elle est devant une bouche dégoût et apparemment ça gâcherait la vue. Enfin bref, soyons solidaire.
Avec scepticisme, elle avait observé les gens donner des badges à l’assistance et tandis que les premiers étaient déjà en train d’épingler le leur à leur manteau, elle avait observé Adam :
- Tu es sûre que tu as envie que nous fassions cela ? Généralement, les inventions de ce gamin ne tournent jamais bien...
Elle avait fini par capituler en voyant son regard, inspirant grandement tout en levant les yeux au ciel. Accrochant avec mauvaise grâce le petit objet à côté de sa broche avant de croiser les bras dans l’attente de la suite des évènements. Et celle-ci ne se fit pas attendre. Son “neveu” tapa alors dans ses mains et Victoire se sentit perdre connaissance instantanément.
La bouche sèche, elle s’était réveillée avec un mal de crâne imposant. Comment cela était possible, elle n’en avait aucune idée mais elle ressentait autant la soif que sa douleur. Elle était allongée sur le ventre. L'air ambiant était humide, la pièce sentait le refermé et elle pouvait entendre un néon grésiller de façon inégale, clignotant au passage dans un boucan infernal. Elle avait alors ouvert les yeux. A sa grande stupeur, elle était dans une sorte de grande cave. Un sous-terrain pour être précis qui menait elle ne savait vraiment où. Elle était allongée sur un matelas miteux, une couverture de fortune recouvrant la moitié de son corps, le reste gisant au sol. Elle s’était relevée en position assise, constatant qu’elle portait désormais un pantalon noir moulant et élastique, des bottes de type rangers et un débardeur blanc. Passant une main dans ses cheveux, elle constatait alors qu’ils étaient plus court qu’à l’accoutumé. Perplexe, elle s’était relevée pour prendre connaissance de cette pièce qui avait tout d’une planque miteuse, trouvée à la va-vite mais suffisamment équipée pour ressembler à un Bunker. Elle était seule, seul un ordinateur allumé semblait lui tenir compagnie.
Lentement, elle s’était approchée de l’engin, s’asseyant devant afin d’en saisir la souris. Elle l’avait baladé sur le bureau avant d’ouvrir une page internet qui semblait avoir sauvegardé une page d’accueil. C’était un journal national. La date indiqué “23 décembre 2030”. En photo sur la première page, ses “frères” et “sœurs”. Son cœur manquant un battement quand elle comprit que c’était toutes les personnes recherchées dans le pays. Il y avait aussi sa photo, celle de quelques créatures et gardes qu’elle connaissait. Abasourdi, elle prenait alors conscience qu’elle avait visiblement voyagé dans le futur. Était-ce seulement la réalité ? Ou une simulation qu’avait créé Elliot ? Drôle de façon de fêter Noël. Hadès n’avait-il pas parlé de petits lutins et de cadeaux à travers la ville ? Au lieu de ça, elle était au milieu d’une chasse à l’homme ou plus précisément, d’une chasse aux dieux. Certaines images étaient en noir et blanc, une croix rouge sang leur barrait le visage. Eulalie, Basile, Poséidon et même, à sa grande surprise, Athéna. D'autres étaient spécifiés comme “recherchés”, dont elle. C’était une véritable chasse à l’homme et le divin en était apparemment la victime. Bouleversée par ce qu’elle venait d’apprendre et ne sachant que faire de plus, elle avait récupéré une veste en cuir qui était restée sur la chaise et avait remonté les escaliers du Bunker. Après avoir observé les environs à travers le judas, elle était sortie rapidement dans l’air glacial de ce 23 décembre 2030, seule... sans avoir aucune idée de la direction à prendre.
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Adam Pendragon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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I THINK YOU WILL
SET YOURSELF AFIRE,
BEFORE YOU REALISE THAT;
EVEN YOU CANNOT CONQUER.
| Conte : Merlin l'enchαnteur. | Dans le monde des contes, je suis : : Arthur.
L’odeur de café flottait dans l’air, pied-de-nez amusant à son attente près de la grande place du centre-ville. Ayant enfilé un manteau long et épais, Adam ne ressentait que moyennement la morsure du froid installé en cette fin Décembre ; il observait d’un œil tranquille la diversité d’habitants réunis sous des bonnets, des gants et des écharpes de toute sortes, qui semblaient plus qu’impatients de fêter Noël. Les fêtes de fin d’année étaient toujours un prétexte à se retrouver et, pourquoi pas, pardonner à ceux qui nous avaient fait du mal pour prendre un nouveau départ… Ce n’était pas le genre du prince. À dire vrai, il ne fêtait que rarement ce réveillon et ne devait un bon repas qu’à la gouvernante, Mrs Samovair, passionnée de traditions et d’occasions de réunir du monde ! Il n’avait pas le cœur à la contredire ou la désappointer, la laissant organiser ce réveillon et même installer un immense sapin dans le salon principal du château. Voilà bien longtemps qu’Adam ne lui interdisait plus quoi que ce soit, il aurait bien trop peur de se prendre une tape de magazine sur la tête. Il ignorait ce qu’elle avait prévue cette année mais il se doutait, vu les murmures conspirationnistes qu’il avait surpris avec d’autres membres du personnel, qu’elle préparait quelque chose de grandiose. C’était tout ou rien avec la vieille dame… Et parfois, tout signifiait beaucoup.
Cette année pourtant, Noël était particulier. Adam s’était absenté pendant de longs mois avant de revenir, il avait retrouvé d’anciens amis, changé son avis sur une sœur qu’il pensait disparu et même fait de nouvelles rencontres inattendues.
La plus surprenante d’entre elle était d’ailleurs la raison de sa présence en ville ce jour-là : il avait donné rendez-vous à Victoire à l’occasion du Laser Game organisé par la mairie. Non pas qu’il soit imbattable aux jeux vidéo, il leur préférait la réalité, mais la perspective de passer un peu de temps avec la déesse en dehors de leurs entrevues intimistes lui avait plu. Et effrayé, il fallait l’avouer. Leur relation avait démarré sur les chapeaux de roue, une passion explosive qui les avait poussés en dehors de ce à quoi ils semblaient habitués… Puis il avait disparu. Parti. Elle aurait pu lui en vouloir et le rejeter à son retour mais elle avait ouvert la porte de sa maison et, avec elle, celle de son esprit et de sa compagnie. Pourquoi pas, cette manière lui rappelait celle de son temps où faire la cour à une dame ne se résumait pas à lui envoyer un message pour savoir si elle était disponible cette nuit… Un peu de bonnes manières ne faisaient de mal à personne.
Surtout pas à ceux qui se voilent un peu la face derrière l’excuse de laisser du temps au temps. Adam avait eu envie de la voir et elle aussi, apparemment, puisqu’elle venait d’apparaitre non loin de lui. Altière en attitude et en paroles, bien qu’il esquisse un sourire amusé en désignant le gobelet qu’il tenait à la main : elle n’avait pas tout à fait tort. S’il y avait une cafetière au commissariat, c’était bien parce qu’Adèle avait jugé bon de l’installer plutôt que d’aller sans arrêt au Starbucks. Elle avait été la première à réaliser que la boisson amère rendait le prince bien plus sympathique. Peut-être n’était-ce qu’un prétexte à l’époque mais, depuis, il trouvait que c’était toujours le meilleur moyen d’aborder quelqu’un. La preuve.
« J’ai bien quelques autres passions, mais rien ne vaut un bon café. »
Sans accepter l’idée que l’une d’entre elle puisse se trouver devant lui, il hocha la tête en se rapprochant de Victoire.
« Je suis certain que tu t’en sortiras bien mieux que tu ne veux bien le croire. »
Se penchant légèrement vers elle, il ajouta sur le ton de la confidence :
« Sinon, je te montrerai volontiers. »
Adam faisait le malin mais il n’avait jamais vraiment fait de laser game non plus. Néanmoins, les entraînements de tir qu’il avait eu à la police devraient se révéler très utiles dans ces circonstances. Que craignaient-ils à part être désactivé quelques secondes parce qu’ils s’étaient pris un tir en traitre ? C’était un jeu. Un jeu inoffensif, bien que l’esprit de compétition profite parfois à créer des situations dignes d’un champ de bataille. Ils étaient là pour passer un bon moment et, même si ça demandait de faire confiance à de la magie divine, le prince espérait qu’ils allaient en profiter. Une détente, rien de plus, que demandait le peuple ?
Il accrocha son badge en écoutant le discours tarabiscoté du maire, haussant un sourcil derrière son gobelet de café. Trois jours virtuels ? C’était… Pour le moins original. Peut-être aurait-il dû lire les petites lignes de l’invitation placardée sur tous les murs de la ville ? Trop tard maintenant pour reculer. Trois jours à chasser des cadeaux de noël dans un Storybrooke virtuel. Trois jours en compagnie de Victoire… Qu’est-ce qui pouvait mal se passer ? Autant mettre toutes les chances de son côté : ils allaient bien s’amuser.
Elliot claqua ses paumes l’une contre l’autre et le monde réel s’évanoui en un instant.
* * *
Lorsqu’il ouvrit les yeux, Adam ne se trouvait plus du tout en centre-ville. Ni même à Storybrooke ? Au-dessus de lui se dessinait un plafond où courrait une fissure et une odeur d’agrumes régnait dans l’air. Instinctivement il porta la main à sa hanche, surpris d’y découvrir une arme et de constater qu’il était entièrement habillé. S’était-il endormi ? Se redressant rapidement, il porta la main à son front où une barre martela avec plaisir ses tempes et le contenu de sa boîte crânienne. Bon sang, cette symphonie en marteau majeur avait intérêt à s’arrêter très vite ! Est-ce qu’il avait bu au point d’oublier ce qu’il avait fait ? Faudrait qu’il touche deux mots au vendeur de café…
Posant ses pieds sur le sol, le prince constata qu’il portait des rangers sur une espèce de treillis militaire, accompagné d’un tee-shirt anthracite. Sa ceinture portait un fourreau d’arme à feu et un fusil de chasse trônait même sur la table de chevet de fortune à côté du lit. Il passa une main dans sa barbe blonde toujours présente, s’extirpant de là en chancelant légèrement. Où est-ce qu’il avait atterri ?
Des bruits de pas rapides résonnèrent et, l’instant d’après, la porte de la pièce s’ouvrit sur un homme visiblement surpris de le voir debout.
« Ah t’es réveillé, parfait ! Ramène toi, on en a trouvé une ! »
Se ramener où ? Trouver quoi ? Adam resta immobile, fronçant les sourcils et l’autre le toisa des pieds à la tête. Il attendait visiblement une réaction qui n’arrivait pas.
« Adam ? Ça va, mec ? »
Le blond secoua la tête légèrement, poussant un soupir en se massant le crâne quelques instants. Qui que soit ce gars, il ne le connaissait pas… Mais lui si. Mieux valait jouer la prudence et prétexter un mal de crâne – réel – que de poser des questions. Vu l’armement qui se trouvait dans la pièce, le prince se doutait qu’il n’était pas au milieu d’une maison d’enfants de chœur.
« Réveil difficile. »
Justifia-t-il, ce qui eut l’air de convaincre son interlocuteur. Ce dernier hocha la tête d’un air compréhensif mais les petits sursauts d’un pied à l’autre qu’il produisait laissait apparaître son impatience. Il combla l’espace entre eux et vint poser une main amicale sur l’épaule d’Adam.
« On connait tous ça ! T’inquiète, un petit remontant et ça repartira comme en 2021 ! »
2021 ? Attendez, quoi ? Comment ça ? Ils étaient en 2020 jusqu’aux dernières nouvelles… Qu’est-ce qu’il lui racontait celui-là ?
« Viens, pendant que tu dormais ils ont ramené uns de ces foutues divinités… On va peut-être enfin parvenir à mettre la main sur leur foutu nid ! Les indications que t’as filé étaient graves bonnes, on aurait jamais réussi sans toi. »
Rien n’avait de sens dans sa phrase mais, à défaut de pouvoir faire autre chose, Adam le suivi. Ils sortirent de la chambre et longèrent un court couloir qui déboucha sur un escalier. A l’étage inférieur, une grande pièce était plongée dans une demi-obscurité où il devina tout de même une table ronde couverte de bouteilles d’alcool, de paquets de cigarettes et de tout un tas de feuilles. Un peu plus loin, deux canapés – dont l’un éventré – entouraient une table basse devant laquelle trois hommes et une femme jouaient à un jeu de carte. Des armoires ressemblant à des casiers occupaient l’espace entre ce salon improvisé et une cuisine où trônaient de nombreuses boîtes de conserve. Il n’y avait aucune fenêtre, seulement des néons grésillant qui laissèrent penser à Adam qu’ils se trouvaient sous terre. Mise à part le bazar de la table, tout semblait plutôt propre. Militaire, même. Un logo, deux flèches croisées surmontée d’une tète de cerf et d’une cible, était peint sur l’un des murs.
A leur apparition, les hommes présents poussèrent une exclamation – ou bien était-ce parce que la jeune femme semblait les plumer royalement au poker ? – Et tournèrent brièvement la tête dans leur direction pour les saluer.
« Hey Joel, t’es pas encore avec Hunter ? » Lança l’un d’eux.
« J’pouvais pas y aller sans lui. »
Ok, donc il s’appelait Joel. En silence, Adam tentait de mémoriser chaque détail qui apparaissait pour comprendre où il avait atterri et avec qui. Réflexe de policier. Réflexe de survie. Le prénommé Joel s’approcha du frigo et en extirpa deux bières. Il les décapsula et en tendit une à Adam, l’autre à celui qui s’était adressé à lui.
« Boit ça, ça t’évitera de dire trop de conneries. »
« Toujours aussi aimable, commandant. »
Le grade semblait être une pique, vu qu’ils semblaient plutôt familiers. Adam porta sa bière à sa bouche pour éviter d’avoir à répondre quelque chose, avisant alors d’un journal jeté un peu en travers de la table. Jetant un coup d’œil vers Joel et les quatre autres, il se décala vers la table et toucha du bout du doigts les feuilles grisâtres : le Daily Mirror indiquait la date du 23 Décembre 2030. Qu’est-ce que… Quoi ?! Comment est-ce que…
« Tu viens ? Il nous attend pour faire parler cette salope. »
Le prince eu un léger sursaut, réalisant que Joel lui parlait de nouveau. Il avala rapidement sa bière en hochant la tête, décidant que refuser n’était pas prudent. Pour connaître les circonstances de sa présence ici, il devait éviter de se faire griller ou assassiner… Il n’était pas stupide, il avait bien remarqué les armes portées par les hommes sur les canapés et les carrures de chacun. Même la jeune femme semblait taillée pour l’armée, ses longs cheveux remontés en une queue de cheval serrée dévoilant un visage strict malgré les sourires. Cette dernière lui adressa d’ailleurs un clin d’œil lorsqu’ils passèrent à côté, auquel il ne répondit pas.
Ils passèrent par une double porte juste à côté de l’escalier, débouchant dans un long couloir sombre. Les lampes s’allumèrent lorsqu’ils avancèrent, dévoilant des murs gris et des portes de la même couleur. Ils parcoururent plusieurs mètres avant d’arriver à des escaliers métalliques qui résonnèrent, trahissant un lieu plutôt en hauteur. Leur descente, trois étages plus bas, se passa sans qu’ils ne croisent qui que ce soit. Joel semblait particulièrement satisfait puisqu’il n’arrêtait pas de lui répéter qu’ils avaient de la chance et qu’il espérait que tout ça se terminerait bientôt !
« T’es pas d’accord ? »
Pris de court, Adam répondit la première chose qui lui vint à l’esprit :
« D’accord sur quoi ? »
« Qu’on va enfin les buter, sérieux ! Dix ans qu’ils ont provoqué l’apocalypse et qu’ils continuent à exister… Mais on ne tue pas cinq milliards d’humains sans provoquer la colère de Dieu. À chaque fois qu’on en chope un, c’est un pas de plus vers leur extinction. Y’a qu’un seul Dieu ici, et c’est celui qui s’trouve là-haut ! »
Joel lui désigna le ciel et Adam hocha la tête pour simple réponse, se mordant l’intérieur de la joue. Ils arrivèrent face à une porte gardée par un homme tenant une kalachnikov. D’un coup d’œil, celui-ci les toisa et Joel extirpa un badge de son tee-shirt. L’autre hocha la tête et le laissa passer sa carte devant un boitier noir, faisant alors coulisser la porte sur une pièce très éclairée, elle.
Lorsqu’Adam mis un pied à l’intérieur, il entendit le souffle coupé de quelqu’un recevant un coup de poing dans le plexus solaire. Joel s’effaça de son champ de vision, rejoignant un homme à l’air sévère juste sur leur droite et lui laissa l’occasion d’apercevoir une femme au centre de la pièce. Ses poignets et chevilles possédaient des anneaux métalliques d’où émanaient une lueur bleutée, semblant la maintenir fermement sur une chaise. Ses cheveux blonds, défaits, tombaient devant son visage et dégringolaient jusqu’à son torse au pull déchiré. Elle avait le souffle très court, douloureux.
« Elle t’as déjà dit quelque chose ? »
Demanda Joel a celui qui devait supposément être Hunter.
« Pas encore. Mais ça ne va pas tarder. »
En réponse, un petit ricanement provint de la femme. Joel s’en approcha d’un pas vif et vint la saisir par les cheveux, relevant son visage face à lui. Malgré lui, Adam la reconnu pour l’avoir déjà aperçu au poste de police il y a un an ou deux : Sasha Hale. Il serra la mâchoire, faisant tourner machinalement un anneau qu’il portait à la main gauche… Gauche ? Était-il marié ? Mais à qui ?
Et pourquoi est-ce qu’il se trouvait du côté de ceux qui semblaient être ravis de malmener la créature ? Le puzzle encore incomplet commençait à trouver un semblant de sens… Insensé. Illogique. Des dieux. Une apocalypse. Et eux avec cet armement militaire, en train de rendre une justice dont il n’avait aucune idée. Était-il toujours à Storybrooke ? Et où était Victoire ?! Était-elle au moins toujours en vie quelque part ?
C’était quoi ce noël bordélique, merde ?!
CODAGE PAR AMATIS
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Il n’y avait rien que de la désolation tout aux alentours. Un peu perdu, Victoire marchait sans vraiment savoir où elle allait. Elle n’aurait jamais dû se lancer dans le jeu de ce gamin, elle le savait. Elle était désormais dans de beaux draps et sans aucune providence ou panneau annonciateur de ce qu’elle devait désormais faire. Les rues étaient désertes, le peu de gens qu’elles croisait avaient le visage terne et accéléraient l’allure. Elle-même tentait de le faire d’ailleurs, trop effrayée à ‘idée qu’on la reconnaissance. Comment avions-nous pu en arriver à cette chasse aux sorcières ? C’était une question qu’elle ne cessait de se poser, craignant qu’elle ne puisse être d’une façon ou d’une autre mêler à tout ceci, cette décadence, ce désenchantement. Elle avait alors senti que quelqu’un qui venait de nulle part lui avait prit la main brusquement. Avant qu’elle n’eût le temps de faire quoi que ce soit, elle avait été téléportée dans un endroit qu’elle ne connaissait absolument pas. Il n’y avait pas grand-chose sur cette toute petite planète hormis une habitation et... Pégase. Le cœur battant, elle s’était alors lentement retournée pour voir son frère qui l’observait, d’un air grave. Complétement bouleversée par la nouvelle, elle l’avait prise dans les bras :
- Tu es en vie !
Elle n’avait rien vu le concernant sur l’ordinateur, elle avait été en droit de se demander ce qu’il en était de son petit frère mais il avait apparemment la ressource nécessaire pour survivre à deux apocalypses. Devait-elle en être étonnée ? Une fois qu’on avait survécu à l’une, on pouvait sans aucun doute survivre aux suivantes. Elle s’était détachée de lui et elle voyait qu’il l’observait sans comprendre. Ce n’était pas vraiment Hermès. Une simulation plutôt de ce qu’il pourrait être dans 10 ans d’après ce foutu jeu :
- Bien sûr que je suis en vie. Tu t'attendais à quoi ?
Le mieux était encore de ne pas répondre. Cherchant ses mots, elle avait de nouveau regardé autour d’elle :
- Je... qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi m'as-tu emmené ici ?
Il haussa les sourcils, visiblement surpris :
- Je t'ai amené ici parce qu'on y est en sécurité. Qu'est-ce que tu faisais en bas ? - Je... cherchais des réponses...
C’était bien la seule chose à peu près cohérente qu’elle avait trouvé à répondre. Elle craignait de trop en dire et d’être à côté de la plaque, d’éveiller ses soupçons. La situation était suffisamment grave pour qu’il puisse se méfier de tout le monde, même d’elle. Apparemment, ils devaient avoir un plan établi et elle avait dérogé à ce plan. Il avait alors couvert ses arrières :
- Des réponses à quoi ? Il n'y a pas de réponses à avoir. On se cache. On attend. Tu as perdu la mémoire ?
Elle avait dégluti, cherchant une réponse valable à lui offrir. Elle avait fini par marmonner :
- Disons que j'ai eu une mauvaise nuit... - Il faut que tu rejoignes les autres au bunker. Ils ont besoin de toi. Je ne sais pas combien de temps on sera en sécurité ici, mais pour le moment, on peut parler tranquillement. Ils ont tous besoins de la déesse que tu représentes. Surtout elle non?
Elle ? Qui était ce “elle” ? Elle avait gardé un visage fermé, éloignant toute éventuelle surprise de ses traits. Sa façon d’insister sur ce “elle” montrait clairement que c’était quelqu’un à qui Hera devait tenir. Lui poser la question risquait de faire mauvais genre. Elle s’était contentée de baisser les yeux, comme pour lui faire croire à une réflexion honteuse, jouant avec l’anneau qu’elle portait à la main gauche et qu’elle avait remarqué un peu plus tôt. Elle semblait de nouveau mariée. A une femme ? Était-ce donc ce “elle” ? Une possibilité qu’elle ne pût pas exclure même si elle en aurait été fortement surprise. Ses premières pensées n’étaient pas allées vers une femme, si femme il y avait, elle était encore une sombre inconnue à l’heure actuelle. Elle se contenta d’hocher la tête avant de préciser :
- D'accord... mais toi qu'est-ce que tu vas faire ? Tu restes ici ? - Je vais faire ce que j'ai à faire. Je vous rejoins bientôt. Ne t'inquiète pas pour moi.
Il avait eu un air grave, jetant un regard en diagonale à Pégase. Cela ne lui annonçait rien de bon. Mais s’ils étaient réellement dans une simulation, elle ne pouvait rien pour lui et elle n’avait pa sà s’en faire. Elle n’y connaissait pas grand-chose aux jeux vidéos bien qu’Alexis eût tenté de lui expliquer certaines notions lors de ses bavardages incessants. S’il n’y avait qu’une chose qu’elle avait retenu, c’était la notion de “quête” et d’aide. Et si son “neveu” était réellement à l’origine de tout cela, il était fort à parier qu’Hermès était juste cette aide qui la remettait dans le bon chemin. Se faisant violence pour ne pas l’obliger à revenir avec elle et à ne pas s’en soucier, elle avait fini par hocher la tête d’un air entendu avant de se téléporter de nouveau dans le bunker.
Quelqu’un tambourinait déjà ardemment à la porte et la déesse avait remonté les marches qui la séparaient de la porte quatre à quatre pour ouvrir la porte à la volée. Une femme qu’elle ne connaissait pas la poussa, passablement énervée en laissant entrer un nombre certain d’enfant de tout âge dans le bunker.
- ENFIN !! Qu’est-ce que tu foutais bordel ?? On a failli se faire serrer ! - Je suis désolée... Je... - Allez les enfants, dépêchez-vous, entrez en silence, on va vous cacher !
La déesse les observa les uns après les autres, effarés. Ce n’étaient que des enfants... Certains n’avaient pas plus de 4 ans... d’autres étaient dans la fleur de leur adolescence... Des demi-dieux... et pourtant ils étaient censés tous avoir disparu. L’aura de la jeune femme qui les avait amenés n’était pas divine. Elle semblait plutôt être une humaine qui avait été ralliée à leur cause. Victoire observa son visage quelques secondes avec une certaine curiosité tandis que la brune prenait les devants.
- On va les cacher là juste une nuit, comme prévu. Un camion devrait arriver demain pour les emmener plus loin. Ils devraient avoir rejoint Diane au plus vite. J’espère juste qu’on s’est pas fait repérer, un type m’a paru louche sur le trajet... - Et tu les as quand même amenés ici ? - Et j’étais censée faire quoi, sinon ?! T’as vu combien ils sont ?!
Elle n’avait pas complétement tort, Victoire pouvait le concéder. Elle s’approcha de la carte qui se trouvait sur la table. Elle représentait le Bunker et Victoire constata que l’immense tunnel menait à une autre sortie, tout au fond, secrète. C’était sans doute par là qu’ils avaient prévu de sortir de lendemain... mais il n’y aurait pas de lendemain. Elle avait brusquement senti des auras s’approcher d’eux et elle avait replier la carte avant de la donner à la femme :
- Ils arrivent... prends les gamins et part ! - Qu... Quoi ? Mais et toi ? - Je vais les retenir. - Non... Non non on compte sur toi, il faut que tu partes toi avec eux, je vais les retenir moi, c’est ce qu’on s’était toujours dit. - Ces enfants te connaissent et te font confiance, ils ont besoin de toi ! Et ils seront beaucoup plus aptes à battre en retraite s’ils attrapent une déesse que s’ils attrapent une mortelle, sans vouloir te vexer. Alors dépêchez-vous !
Elle l’avait regardé un instant, pleine d’hésitation mais Victoire s’était déjà détournée, à la recherche de quelque chose d’utile qui pourrait l’aider à les ralentir. C’est à cet instant qu’elle les remarqua, ces fils rouges sur les murs qui semblaient être relié à quelque chose à l’intérieur du tunnel. Pour toute réponse, la main de l’inconnu passa dans ses yeux, lui tendant une sorte d’interrupteur.
- Pour le tunnel. Et ça... c’est pour l’entrée.
Elle lui en avait donné un second et Hera l’avait remercié d’un signe de tête. Plus qu’habitués à devoir fuir à première vue, les enfants s’étaient déjà mis en rang. Quelques secondes après, ils s’enfonçaient avec des lampes torches à l’intérieur du tunnel au pas de course. La déesse s’était alors téléportée à l’extérieur, dans une ruelle adjacente afin d’observer la progression de leurs ennemis. Ils venaient de débarquer dans d’imposant pick-up et fourgon blindés noir et une myriade de soldats armés descendirent des véhicules. Elle appuya sur le détonateur du tunnel et un bruit sourd se fit entendre. Le sol trembla violemment et elle entendit les hurlements des hommes qui s’activaient à défoncer la porte à grand coup de bélier. Le tunnel était désormais condamné. A moins de connaître la sortie, ils ne pourraient plus rejoindre les enfants ou pas avant d’avoir déblayé une grande partie. Ils étaient alors parvenus à enfoncer la porte et Victoire avait attendu qu’une majorité soit à l’intérieur pour faire sauter la seconde partie de la bombe, faisant partir en fumée une partie de la brigade. Pour cette seconde détonation, elle s’était mise bien en évidence, se rendant coupable de son crime afin d’être certaine que les survivants s’intéresseraient à elle plutôt qu’au reste du groupe. Cela n’avait pas pris plus que deux secondes. Elle avait vu l’assaut lui être lancée droit dessus et pour les appâter plus loin, elle avait couru. Se téléporter revenait à les faire abandonner et c’était tout sauf l’effet escompté. Elle était parvenue à fuir sur plusieurs ruelles, courant aussi vite qu’elle le pouvait. Elle qui n’avait vraiment jamais été physique, elle se remerciait d’avoir une condition divine qui lui facilitait grandement la vie.
Pourtant, chaque course avait sa fin et elle n’avait pas prévu que la sienne s’arrête si tôt. Sans comprendre comment cela était possible, elle avait brusquement senti quelque chose s’enfoncer dans son cou, comme les prises d’un tazer. Elle tenta alors de se téléporter et se rendit compte avec stupeur que cela lui était désormais impossible. Une violente décharge se déversa dans son corps et ses jambes se dérobèrent sous son poids. Elle chuta, la tête la première sur le béton. Elle ne pouvait plus bouger, à peine respirer et sa tête devait extrêmement lourde. Les voix se rapprochaient, elle pouvait sentir la vibration que causait les bottes de ses assaillant sur le macadam. Tout devenait de plus en plus flou. Elle entendit de loin une voix étrangement déformée par ses oreilles déficientes :
- On l’emmène et on remballe !
Elle se sentit alors brusquement empoignée et posée sur une civière. Le ciel était bleu... magnifique... et ce fut la dernière chose qu’elle vit avant que son corps ne s’engouffre dans le fourgon.
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Adam Pendragon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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I THINK YOU WILL
SET YOURSELF AFIRE,
BEFORE YOU REALISE THAT;
EVEN YOU CANNOT CONQUER.
| Conte : Merlin l'enchαnteur. | Dans le monde des contes, je suis : : Arthur.
Elle avait lutté pendant ce qui semblait des heures, aussi narquoise que souffrante, aussi insolente que railleuse, mais elle était morte. Et elle n’avait rien dit, ou presque. Quelque chose avait fini par sortir lorsqu’elle avait été sur le point de passer l’arme à gauche, et cet aveu avait semblé contenter Hunter. Mais au lieu de lui laisser la vie sauve comme il l’avait promis, il lui avait plongé une arme en plein cœur et l’avait achevée. Une vie rayée. Détruite. Et dans le silence de sa mort, le poids de la culpabilité et de la responsabilité. Celle de ne pas avoir pu la sauver. Celle de n’avoir pas pu dire quelque chose pour faire pencher la balance en sa faveur.
Lorsqu’il avait voulu parler, le regard de Sasha l’avait pris de court, comme un avertissement. Une menace silencieuse et un asservissement aveugle. Ne rien dire. Ne pas défendre. Ne pas bouger. Pour quoi ? Pour qui ? Pourquoi… Elle lui avait intimé de se taire. Elle lui avait livré cette infime marque de confiance, à lui, qui semblait pourtant le responsable de sa présence ici.
Rien ne tournait rond. Rien n’allait. Et pourtant Joël et Hunter bavardaient comme si de rien était.
Le tintamarre qui s’éleva des couloirs mis fin à tout échange quel qu’il soit. Instinctivement, les trois hommes tournèrent la tête vers la porte métallique qui s’ouvrit à la volée sur un compatriote.
« Y’a eu un attentat ! Le bunker était piégé. »
Joël lança un regard en direction d’Adam qui, outre le fait de ne pas comprendre, avait comme un mauvais pressentiment. Une sensation désagréable, insidieuse et nauséeuse qui ne le quittait pas depuis qu’ils étaient entrés dans cette pièce. Plus les minutes s’égrainaient, plus il songeait que rien ne tournait rond dans ce monde. Des dieux. Une fin des temps. Un Ragnarok. L’annihilation de la population mondiale. Des chasseurs de divinités. Un réseau international pour l’exécution de ces monstres si bien décrits. La perspective d’une fin en soit, d’un aboutissement, d’une extermination pure et simple de ceux qu’Adam avait pourtant déjà vu à Storybrooke. Comment tout avait-il put tourner de cette manière ? Comment en étaient-ils arrivés là ?
Comment... ?
« Des survivants ? » Questionna Hunter.
« Quelques-uns. On est en train de les rapatrier. Y’a aussi quelques civils. »
Hunter essuya la lame ensanglantée qu’il tenait, fixant toujours leur interlocuteur. Il n’avait pas l’air ému ou surpris, plutôt apathique et d’un calme aussi olympien que terrible. Son attitude tranchait très nettement avec le souffle court de Joël qui semblait en proie à une inquiétude soudaine.
« A-t-on au moins attrapé cette maudite déesse ?! »
L’homme déglutit, secouant finalement la tête de droite à gauche d’un air désolé. Sa main trembla légèrement sur le mur quand Hunter posa violemment le couteau contre l’un des plateaux d’acier, seul signe de son profond agacement. Adam ne connaissait pas cet homme depuis très longtemps mais tout en lui criait de s’en méfier comme de la peste. Il semblait planer au-dessus de lui une aura lugubre, véritable un panneau d’avertissement sur quiconque oserait l’approcher. Il y eu un silence tendu.
« Peut-être que les survivants sauront nous donner quelques informations précieuses. Nous n’étions pas sûrs de trouver qui que ce soit là-bas, les infos pouvaient dater… »
Hunter le fit taire d’un coup d’œil.
« Ce n’est pas d’informations dont nous avons besoin, mais de corps à exposer. Crois-tu qu’on se nourrît de mirages ? Crois-tu que nos morts seront vengés avec des promesses ? »
Joël secoua la tête.
« Vérifie nos sources, torture-les s’il le faut, mais je veux savoir comment ça a pu arriver. À chaque homme qui meurt, c’est un dieu qui gagne du pouvoir ; il est temps que cela cesse. Nous n’en sommes pas arrivés là en faisant affaire de suppositions. Prend exemple sur Adam : quand il affirme quelque chose, il le fait. »
Adam retint son souffle à cette affirmation, s’empêchant d’avoir l’air aussi paniqué que pouvait l’être son esprit. Il avait dénoncé le nom de Sasha ou, du moins, le pensaient-ils. Il avait dévoilé où elle se trouvait sans aucune raison valable à ses yeux ; était-il passé dans l’autre camp au milieu de cette simulation ? Aurait-il appris quelque chose et jugé que c’était mieux d’être parmi les chasseurs que les chassés ? Son père lui avait appris à combattre pour des causes justes et valeureuses… Qu’y avait-il de valeureux dans l’exécution sommaire des dieux de Storybrooke ou d’ailleurs ?
Malgré lui, il ne parvenait pas à comprendre. Tout ce qu’il connaissait d’Olympe, c’était via le poste de police qu’il l’avait appris ou par Victoire et il n’avait pas d’avis tranché sur la question. Si les choses avaient dérivé de la sorte, pouvait-il considérer qu’il avait fini par choisir ? Mais qu’est-ce qui l’avait poussé à faire ça ? Est-ce que ce futur était inévitable, ces décisions implantées et son choix de vie orienté ? Ne pouvait-on jamais revenir sur le passé ?
Niveau affirmation de soi, on était à des kilomètres de la maîtrise pour le coup. Adam n’aimait pas du tout ce qu’il était devenu et son pouce fit à nouveau rouler nerveusement l’anneau à sa main gauche.
Joel poussa un soupir résigné, toisant un instant le prince avant de hocher le menton.
« Je vais aller les interroger. Une information à du filtrer… Si nous avons un traître dans nos rangs, je le trouverai. Et il comprendra ce que ça coûte de s’allier avec nos ennemis. »
« Je n’en attendais pas moins. »
Joel porta la main à sa tempe dans un salut militaire et, sans attendre, dépassa Adam et l’inconnu pour disparaître dans les couloirs. Il ne l’avait pas invité à le faire et, pour le coup, le prince en fut soulagé. Torturer, aussi ancienne et vénérable que pouvait l’être la tradition, n’était pas sa tasse de thé. Ce qui étiat arrivé à Sasha lui avait suffi pour le moment.
Hunter enfila une veste posée nonchalamment sur le dossier d’une chaise et s’engagea en direction de la porte. Il adressa pourtant un dernier regard à Adam, attentif et… Poussé. Il eut l’impression d’être sondé depuis l’extérieur et fit de son mieux pour garder une mine impassible. Aussi apathique que lui. Au jeu des apparences, il n’était pas le dernier.
« Un problème ? »
Demanda tout de même son supérieur.
« Aucun. Dois-je me débarrasser du corps ? »
Il ne pouvait décemment pas laisser Sasha dans cet état, ici. Quelque chose lui soufflait qu’elle ne serait jamais traitée aussi respectueusement que si lui parvenait à s’en occuper. Il n’avait aucune idée d’om la mettre mais, au moins, ne serait-il pas obligé de remonter au milieu des autres et passer pour celui qui avait perdu la mémoire.
Hunter eu l’air surpris de la demande mais l’homme, toujours présent, sembla sauter sur l’occasion pour reprendre la parole :
« A ce propos… Votre femme a été retrouvée sur les lieux. »
Sa femme ?
« Ma femme ? »
« Elle se trouvait en poste dans une rue adjacente à l’explosion. Nos hommes l’ont interceptée en pensant qu’il s’agissait d’une fuyarde, désolé. Elle est à l’infirmerie. »
Il avait l’air sincèrement gêné a cette idée et, pour le coup, Adam se demanda ce qu’ils avaient bien pu lui faire. Il devait aller la voir, peut-être qu’elle aurait plus de réponses à lui apporter sur cette situation ? Hunter, toujours à quelques pas, haussa finalement les épaules.
« Le cadavre peut attendre, il ne risque pas de bouger. »
Un ricanement lui échappa. Les lèvres d’Adam l’imitèrent même si le cœur n’y était pas.
« Ah ces bonnes femmes… Toujours à vouloir faire un travail d’homme. Voilà ce que ça coûte de pas rester à sa place. »
Le poing du prince se serra, imperceptiblement, à cette énonciation. Une femme était tout autant si ce n’était plus capable que n’importe quel homme… Ce genre de pensée arrièriste n’était-elle pas dépassée en 2030 ? Si Héra l’entendait, elle serait sans aucun doute ravi de lui prouver par a + b qu’il avait tort. Mais mieux valait qu’ils ne se rencontrent pas. Du tout. Jamais. Même si ça impliquait de ne pas croiser la déesse dans cette étrange réalité.
« Il est tard, tu devrais la récupérer et rentrer. Garde ton téléphone, noël ou pas, l’assaut sera donné à l’heure. »
Le prince hocha la tête, saisissant son unique chance d’en apprendre un peu plus sur ce lui-même du futur. Hunter disparu et le prince adressa un dernier regard à Sasha Hale derrière eux… Tandis que la porte se refermait, il lui sembla la voir esquisser un mouvement d’épaule mais rien de bien sûr. Sûrement une illusion ou une réaction des nerfs de son corps endormi à jamais. Oui, se devait être ça. Il n’y avait que dans les films que les morts n’étaient pas tout à fait mort – ou dans l’intrigue divine.
Restait que… Adam n’avait strictement aucune idée d’où se trouvait l’infirmerie. Demander reviendrait à révéler qu’il n’avait pas toute sa tête et ça n’était pas le meilleur moyen de survie. Se mordant l’intérieur de la joue, il commença à partir dans une direction mais fut interrompu par la voix de l’anonyme :
« Euh… L’infirmerie c’est par là. »
Il se retourna vivement, avisant de la direction indiquée et du regard inquiet qu’il lui lança. Le prince passa une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière et prit un air maladroit.
« Désolé, faut dire que j’suis pas bien réveillé. »
« Je vois ça. »
Il le dépassa mais le type lui emboita le pas.
« Je peux venir ? »
« Pourquoi ? »
« Un de mes amis était dans le convoi qui a subi l’explosion. J’ai besoin de savoir s’il est en vie… »
C’était louable. Adam valida la demande d’un hochement de tête, gagnant un guide au passage ! Ils remontèrent dans les étages et les couloirs aussi neutres que solennels et rigides, croisant plusieurs autres personnes qui ne manquèrent jamais de les saluer. Quelle taille pouvait bien faire ce complexe ? Ils franchirent une large pièce où divers portraits étaient affichés aux murs, certains barrés d’une croix rouge et d’autres encerclés de post-it et autres documents… Parmi eux, Adam reconnu Apollon, puis Hadès barré d’une croix rouge, imité par Eloïse qui subissait le même sort vermeil. Étaient-ce les morts ? Les bafoués ? Tous les portraits étaient surplombés par celui, royal, de Victoire Adler. Une multitude de feuilles imprimées et de notes entouraient son visage impassible qu’il aurait reconnu entre mille…
Elle n’était pas barrée. Elle était donc en vie. Jusqu’à aujourd’hui du moins.
Son camarade suivi son regard et eut un reniflement désagréable. Les autres personnes présentes ne leur accordèrent qu’un bref regard, reprenant leurs écrans d’ordinateurs et pianotant des données inconnues.
« Le corps de l’hydre. Si on coupe les têtes, elles repoussent. Mais si on détruit le corps… »
Héra était-elle le corps dont il parlait ? Il serra les mâchoires pour retenir tout ce qui mourrait d’envie de sortir dans sa gorge, toutes les questions qui n’avaient pas de réponses, toutes les pensées qui le traversaient depuis qu’il s’était réveillé dans ce corps d’un lui de dix ans plus âgés. Ils dépassèrent la salle sans un mot de plus, son acolyte prenant sans doute son silence pour une validation.
Le panneau de l’infirmerie apparu après plusieurs autres secondes, dévoilant derrière une double porte ce qui ressemblait à un véritable service hospitalier. On y marchait vite, échangeait des propos compréhensibles par le corps médical uniquement, s’affolait ou affichait des airs sérieux au milieu de blouses et d’uniformes. C’était une pagaille organisée, comme l’aurait dit Adam. Des tâches maculaient le sol par endroit, du sang ou tout autre chose, mais de quoi vous relever encore le peu de cœur qui restait.
« Adam ! »
La voix provenait d’une femme, la même qui jouait une partie de poker un peu plus tôt dans le petit salon de détente. Elle portait une blouse blanche de médecin par-dessus sa tenue et s’approcha à grandes enjambées d’eux.
« Théa est par ici. »
Théa ? C’était comme ça que s’appelait sa femme ?
« Vous savez où se trouve Garrett ? Garrett McMillan, c’est… »
« Demander à l’infirmier d’accueil, je ne sais pas. »
Elle le coupa d’un ton à la fois doux et sec, empreint d’une poigne invisible mais ferme. Le type paru surpris et s’excusa du regard, se tournant alors en saluant Adam d’un geste de la main avant de s’éloigner. Voilà qu’il perdait un guide pour un autre. Décidément, on avait décidé de lui faciliter le trajet ? Il baissa les yeux vers le badge que portait l’inconnue : Dr Sarah Farlann.
« Merci. »
« Viens. Vous ne devez pas rester ici trop longtemps, sinon la barrière pourrait se dissoudre. »
Elle avait chuchoté, à la grande surprise du prince. Barrière ? Sans attendre qu’il ne la suive, Sarah se dirigea vers un couloir à droite et longea plusieurs brancards et boxes de soin. En quelques mètres, ils rejoignirent une porte coulissante qui s’ouvrit lorsqu’elle passa un badge devant. Aucun garde ne se trouvait à l’horizon, ce qui sembla la soulager quand elle observa les alentours.
« Ils ont renforcés les brouilleurs, heureusement qu’elle a la meilleure arme pour dissimuler son aura. Ne trainez pas, je vous attends à la borne d’accueil, j’ai encore quelques patients à voir… Même si cet attentat était mérité, il y a encore trop de morts et de blessés à déplorer. »
Sarah s’éloigna après un hochement de tête pour s’assurer qu’il avait compris. Rapide. Arme. S’en aller. Quitter cette base et pouvoir, peut-être, obtenir un peu plus d’air ? Il franchit la porte coulissante et s’avança dans la pièce… Découvrant alors Victoire, allongée sur un brancard, avec une marque rouge dans le cou.
La déesse qu’ils recherchaient. Le corps de l’Hydre. Était ici, sous leurs yeux et… Apparemment, parfaitement invisible.
Elle n’avait pas l’air d’avoir vieilli d’un pouce pourtant, dans le miroir qui se trouvait sur le mur à côté d’elle, il put apercevoir une toute autre silhouette allongée : une femme très différente, un peu plus petite, avec des cheveux longs et un teint halé. Rien à voir avec celle qu’il avait sous les yeux. Était-ce ça, l’illusion, la barrière dont avait parlé le médecin ? Apparaissait-elle aux yeux de tous comme quelqu’un d’autres ?
Qu’est-ce qu’il se passait, bon sang ?
« … Tout va bien ? »
Hasarda-t-il, n’ayant aucune idée de s’il avait devant lui la Héra de son époque ou celle de ce futur. Se mordant l’intérieur de la joue, il avança d’un pas dans sa direction et ajouta :
« Tu aurais bien besoin d’un café. »
Une perche tendue. Pourvu qu’elle la saisisse. Pourvu que ce soit bien elle, derrière ses prunelles. Juste elle.
CODAGE PAR AMATIS
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Elle avait fini par rouvrir les yeux avec difficulté. Sa tête lui faisait mal, non, à vraie dire, tout son corps lui faisait mal. Elle avait de nouveau cette sensation de gorge sèche. C'était très étrange, comme si ses pouvoirs et ses capacités avaient tendance à aller et venir au gré de leurs envies... ou de leur instabilité. Eblouie pendant quelques secondes par les lumières aveuglante de la salle dans laquelle elle était, elle avait cligné des yeux à plusieurs reprises tandis qu’une femme se penchait sur elle. Elle avait senti ses mains froides se poser sur son avant-bras, et sa voix lui paraissait lointaine et éteinte, comme si elle lui parvenait de par-delà une vitre épaisse.
- Théa ? Vous m’entendez ? Ne bougez pas, ne dîtes rien. Adam a été prévenu, il va arriver.
Théa ? Adam ? Se souvenant petit à petit de ce qu’elle venait de vivre, elle se contenta d’hocher la tête en déglutissant, laissant sa vision s’habituer à la luminosité jusqu’à ce qu’elle voient clairement les traits de la jeune femme qui était en train de s’activer devant elle. Elle semblait tendue, comme si elle craignait que quelque chose n’arrive mais ses gestes étaient doux et attentionnés. Elle se souvenait d’avoir été projeté au sol après qu’on lui ait tiré dessus, il n’y avait aucune raison qu’elle soit là, encore moins avec un tel traitement. Il aurait été bien plus logique qu’elle soit enfermée dans une cellule miteuse et sans aucun soin que dans cet hôpital. Elle s’était approchée de nouveau d’elle pour observer son visage et soigner visiblement une plaie qu’elle devait avoir sur la tempe. Se penchant un peu plus vers elle, elle murmura :
- Vous auriez dû être plus prudente. Vous avez le la chance que le bouclier fait toujours son effet. S’ils avaient compris, c’était fini...
Elle lui appliqua une compresse sur le front avec douceur avant de se reculer pour préciser à voix plus haute :
- Restez là, reposez-vous, votre mari ne va pas tarder.
Elle était ensuite sortie de la salle et Victoire s’était légèrement redressé. Elle avait alors croisé son reflet dans le miroir pour observer non sans une certaine stupeur le visage d’une autre, aux cheveux longs, au teint halé. Une autre qu’elle... qui semblait pourtant être elle... l’Egide. Elle ne voyait pas d’autres solutions. Soupirant, elle s’était allongée de nouveau sur son lit et fermant les yeux. Il fallait qu’elle se recentre. Elle devait s’appeler Théa aux yeux de tous, elle avait aussi parlé d’Adam qui devait arriver et son mari qui devait également “ne pas tarder”... Se pouvait-il alors qu’Adam... SOIT son mari ? La panique avait fait brusquement battre son cœur plus fort. Elle ne connaissait qu’un seul Adam, elle pouvait se tromper allégrement, le prénom n’était tout de même pas si rare... mais s’il s’agissait de la personne qu’elle croyait... se pouvait-il que... Son regard s’était alors raccroché à un calendrier. Comme le journal qu’elle avait découvert, il annonçait “Décembre 2030”. Ils étaient dans une simulation mais ils étaient aussi dans le futur. Et dans ce futur, Adam... était son mari... Elle qui s’était promis de ne plus jamais faire l’erreur, préférant observer le théâtre de loin, chez les autres. Était-ce un nouveau mariage de convention ? Qui était-elle pour lui ? Cette femme au teint ensoleillé ou celle qu’elle était véritablement ? A première vue, ils avaient aussi tout fait pour bien la traitait. Se pouvait-il seulement qu’il fasse partie de cette grande mascarade ? La mascarade...
Elle se souvenait de sa conversation avec Walker un mois et demi plus tôt. Elle avait été incapable de se téléporter au moment où le tir l’avait atteint. Il lui avait instantanément retiré ses pouvoirs. Comment l’égide avait tenu, elle n’en avait aucune idée, sans doute cette foutue zone 51 n’était pas encore parvenue à venir à bout des armes ou des protections divines comme ils avaient pu le faire avec les divins en eux-mêmes. Elle le revoyait, embêté, sympathique et menaçant à la fois. Et si... si Athènes s’était reproduit ? Et s’il avait mis ses menaces à exécution ? Et si c’était véritablement le futur... Elle n’avait rien fait pour l’en empêcher, pire, elle en était aussi peut-être responsable et elle se rendait coupable de la mort de certains de ses “frères” et “sœurs”. Complétement perturbée par cette idée, ses yeux avaient papillonné comme pour chasser avant l’heure des larmes qui s’apprêtaient à couler. Elle avait posé avec douceur le bout de ses doigts froids contre ses paupières. Elle n’avait pas le droit de flancher, pas maintenant. Si elle parvenait à comprendre comment ils en étaient arrivés là, peut-être avait-elle une chance de redresser le tir dans le présent. Peut-être Elliot lui donnait-il une solution... Elliot... la simulation... Adam ? Il était avec elle, se pouvait-il seulement que ce soit le véritable Adam, celui qui n’en savait pas plus qu’elle, propulsé dix ans plus tard ?
Au même moment, la porte coulissante s’était activée et Victoire avait sursauté. Au abois, les mains posés à la naissance de sa poitrine, elle avait observé d’un œil méfiant son visiteur. Son regard s’était adouci petit à petit en réalisant qu’il s’agissait de lui... d’Adam. Celui qu’elle connaissait, monsieur bougon en personne. Il se tenait devant elle, l’observant avec un regard étrange, comme s’il la voyait derrière le masque. Il avait vieilli, certaines rides s’étaient emparées du contour de ses yeux, de son front, sans rien enlever pourtant à son charme brut et insolent.
- … Tout va bien ?
Elle s’était contentée d’hocher la tête une fois, ignorant si elle devait en dire plus, à qui elle avait à faire.
- Tu aurais bien besoin d’un café.
Malgré la situation, un rire s’était échappé de ses lèvres malgré elle. C’était si irréel de l’entendre lui dire une chose pareille, comme un leitmotiv toujours aussi présent et qui lui faisait comprendre avec un soulagement palpable ce qu’elle avait d’ores et déjà supposé : il n’était pas plus de ce monde qu’elle. Elle pouvait presque voir à présent la tension et l’incompréhension au fond de des prunelles bleues. Elle avait alors passé la main sur son visage, savourant avec bonheur ce moment où elle ne se sentait enfin plus seule. Elle était en présent d’un ami, d’un allié et peu importait où cette simulation les menaient, ils iraient ensemble. Déglutissant, elle l’avait observé avec un sourire en coin :
- Et tu devrais peut-être lever le pied de ton côté, apparemment ça fait naître sur ton visages quelques rides prématurées.
Elle s’était levée de son brancard pour s’approcher de lui, le visage grave.
- Je suis tellement contente de... te voir... je ne sais pas ce que tu as vu de ton côté mais on ne peut pas dire que me concernant le passe le meilleur moment de ma vie...
Elle sonda ses yeux avant que son regard ne glisse sur le reste de son corps. Il semblait habillé comme le membre d’une faction, d’un commando. Se pouvait-il qu’il se trouvait dans l’autre camp ? Pourtant, ils étaient mariés, ses yeux se stoppèrent sur l’alliance qui portait à la main gauche, assez similaire à la sienne. L’Egide la dissimulait à bien des yeux, mais les siens. Elle avait CHOISI de lui laisser voir la vérité derrière l’illusion. Il n’était donc pas une menace... un agent double ? Elle avait ouvert la bouche mais il avait été plus rapide, lui précisant qu’ils devaient sortir de là. La déesse hocha la tête avec rigidité, se souvenant aussi de ce que la jeune femme lui avait dit et elle lui fit un signe de tête, l’invitant à prendre la tête de leur avancée. Elle l’avait rattrapé et avait coulé la main dans la sienne, entremêlant ses doigts aux siens. Lorsque le regard de l’homme avait croisé le sien, elle avait précisé :
- Tu viens récupérer à l’hôpital ta femme qui s’est faite malmenée par une bande de débiles mentaux, il me semble assez logique d’ajouter un peu... d’intimité à notre sortie...
Elle avait eu un sourire en coin, amusé sincèrement et pour la première fois depuis le début de cette étrange simulation de la situation. Passant les couloirs, ils avaient alors rejoint l’accueil où la femme les attendait. Elle avait l’air grave et tendu et Victoire fronça les sourcils. Quelque chose semblait ne pas se passer comme elle le voulait !
- Adam !
La déesse avait fait volte-face pour voir un homme s’avancer vers eux, kalachnikov accrochée à sa tenue d’élite, emmitouflé dans sa tenue d’intervention de la tête aux pieds. On ne pouvait pas voir sa bouche mais ses yeux annonçaient un sourire dissimulé. Il avait levé la main vers eux tout en approchant, comme pour préciser que c’était bien lui qui les avait appelés. Il donna une tape puissante sur l’épaule du prince avec un rire guttural :
- Ça va mon pote ? On se fait la grande vie, je dois vous ramener chez vous ! Salut Théa, tu vas bien ?
Il lui avait caressé vigoureusement le bras en lui souriant et la déesse avait eu tous les efforts du monde pour ne pas se reculer de ce contact opportun. Elle se contenta de lui sourire faiblement :
- Salut... j’ai eu des jours meilleurs. - Ben je me doute mais qu’est-ce que tu foutais là-bas aussi ? Tu sais que c’est dangereux, ça grouille de vermine... - Tu as raison... Adam m’avait prévenu pourtant mais... je n’avais pas vu que je m’étais autant éloigné... - Aaaarf c’est pas grave, l’important c’est que tu n’aies rien ! Allez, en voiture ! Les ordres viennent d’en haut ! Depuis les attentats on doit protéger nos meilleurs agents, du coup, c’est vie de palace pour vous.
Elle avait coulé un regard vers la femme qui s’était contenté de remplir un papier à l’accueil, lui glissant un tout petit regard inquiet. Elle avait sans doute prévu de les extrader différemment et son discours sur l’Egide lui revenait en tête. Elle espérait sincèrement qu’il n’y avait pas de quoi amoindrir définitivement sa protection dans le fourgon où ils auraient de très gros problèmes...Tout en déglutissant, elle avait tout de même suivi l’homme, resserrant sa main autant de celle d’Adam avant de grimper à l'arrière de l’énorme pick up aux vitres teintées. L’homme monta à l’avant et la voiture démarra presque instantanément. Elle avait lâché la main d’Adam, regardant par la vitre tandis que les deux hommes s’étaient mis à discuter... ou tout du moins, l’homme, Adam se contentant de répondre assez sommairement. Tout comme elle, il devait sans aucun doute marcher sur des œufs de peur de se trahir et elle devait bien avouer qu’il faisait l’exercice remarquablement. De son côté, Victoire observait la ville dévastée. Elle n’avait plus l’impression d’être à Storybrooke. A mesure où la voiture avançait et quittait les endroits malfamés pour rejoindre la grande ville, il lui semblait qu’ils étaient à Washington. Cela semblait plutôt logique compte tenu du fait que le pouvoir en place qui avait lancé cette chasse aux sorcières se trouvait à cet endroit. Priant mentalement pour que le voyage ne soit pas d’une longueur atroce, elle avait été soulagée de finalement voir la voiture s’aventurer vers des quartiers résidentiels plutôt calme et assez chics. La plupart de ces maisons devaient être envahis de résolu à cette cause absurde, des soldats, des fonctionnaires, des chefs de milice et rien que de pensée qu’elle pouvait vivre au milieu de ce type de vermine lui donnait la nausée. Il restait encore à comprendre comment ils en étaient arrivés là, le mariage, l’enrôlement d’Adam dans cette guerre absurde pour sans doute cacher son rôle à elle dans la résistance. Hermès avait dit qu’elle devait le faire pour “elle”... Elle avait pensée à une potentielle femme... mais c’était désormais impossible. Se pouvait-il que... ?
Son cœur manqua plusieurs battements. Elle refusait fortement cette pensée, de tout son être. C’était impossible. Elle n’aurait jamais fait ça. Elle se l’était jurée. Plus jamais. C’était trop dangereux et trop douloureux. Une faiblesse à l’état pur. Une énorme faiblesse, un crime commis par une victime. Et dans ce monde en plus de cela... non. Impossible. Il aurait fallu qu’elle le veuille et jamais elle n’aurait pu vouloir d’une chose pareille, pas dans ce monde, pas dans cette vie. Pourtant, la voiture finit par s’arrêter devant une maison blanche typique de banlieue. N’y tenant plus, la déesse se précipita à l’extérieur pour prendre un peu d’air. Elle fut bientôt rejointe par Adam et malgré les “au revoir” prononcés de part et d’autre, la voiture n’avait pas bougé. Elle avait alors tourné la tête en direction du perron. Une petite fille aux cheveux blonds, court, l’observait sagement, le pouce à la bouche. Elle était à côté d’un homme habillé en civile. Instinctivement, Victoire amorça un pas en leur direction, la petite s’apprêtait à se précipiter mais l’homme posa sa main sur son épaule, la maintenant à sa place. A vivre allure, la déesse remonta les marches qui menait à son allée puis l’allée qui menait au pas de la porte.
- Tu peux y aller maintenant Yseult.
La gamine sauta alors dans ses bras et Victoire la réceptionna parfaitement avant de poser sa tête sur son épaule. Elle marmonna d’une voix ensommeillée :
- Maman...
Et Victoire manqua de tomber à la reverse, révélant alors ce qu’elle avait espéré qui soit faut. L’homme grimaça un air d’excuse :
- Elle est crevée. Désolée Théa mais j’ai dû aller la chercher à l’école, quand on a appris ce qui s’était passé on a préféré la mettre en sécurité. Elle a pas eu le temps de faire la sieste mais tout est clean, vous pouvez y aller. - Merci.
Elle l’avait sans aucun doute un peu trop sèchement et elle lui était passé devant sans un regard pour entrer dans la maison. Elle avait tourné la tête à gauche, constatant le salon qui l’attendait et se posa sur le canapé avec une envie non dissimulée. Elle avait une fille... une nouvelle fille... qu’elle avait le droit d’élever, pour la toute première fois. Elle la posa alors sur ses genoux avant de prendre son visage dans ses mains pour l’observer. Elle avait les yeux aussi bleus qu’Adam, le regard aussi dur que le sien. Elle leur ressemblait, à tous les deux. Bouleversée, elle sentit les larmes lui monter aux yeux tandis que la petite l’observait toujours, le pouce dans la bouche, le doudou à la main.
- Pourquoi tu pleures ? Il arrive papa ? - Oui mon ange, il arrive...
Elle secoua la tête un peu trop longuement, comme pour tenter d’ancrer l’image d’Yseult dans sa tête, accepter sa présence, sa vie. La prenant de nouveau contre elle, elle sentit alors une larme couler sur sa joue, et une seconde sur son autre joue. Elle ferma les yeux pour se repaitre de ce contact, de son odeur, pour sentir son petit cœur contre sa poitrine, sa respiration forte et profonde. Elle entendit alors la porte d’entrée se refermée et Hera ouvrit de nouveau les yeux, croisant ceux d’Adam, tout aussi bouleversé qu’elle de prime abord, qui les observait, debout devant eux. Ils avaient une fille. Ensemble. Ils avaient créé un nouveau monde.
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Adam Pendragon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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I THINK YOU WILL
SET YOURSELF AFIRE,
BEFORE YOU REALISE THAT;
EVEN YOU CANNOT CONQUER.
| Conte : Merlin l'enchαnteur. | Dans le monde des contes, je suis : : Arthur.
Adam les observa entrer à l’intérieur à toute vitesse, le cœur au bord des lèvres et les pensées ayant déserté son esprit. Cette gamine. Cette petite, elle… Elle l’avait appelé Maman. Elle avait appelé Victoire, maman. C’était… Est-ce qu’elle était… Instinctivement, ses yeux descendirent vers sa main gauche où l’alliance sombre brillait encore d’un éclat tranquille. Elle avait la même et on l’avait appelé sa femme. Il n’était stupide, il savait qu’un couple pouvait être marié sans avoir d’enfants en commun mais, de ce qu’il connaissait de la déesse c’était tout bonnement impensable. Elle était une divinité, pas quelqu’un de mortel comme lui, pas quelqu’un qui prenait ce genre de décision en sachant que cela allait la faire souffrir de tout son saoul. Le prince ne savait pas si les enfants de dieux avaient une vie plus longue ou non mais… S’engager, aussi intimement et émotionnellement, semblait peser bien trop lourd dans la balance. Ils avaient apparemment accepté de vivre ça dans ce futur virtuel. Ils avaient… Fait quelque chose. Vécu tant. Vus beaucoup. Et pourtant, elle était là. En chair et en os.
Une fille.
« Quelque chose ne va pas ? »
L’homme était descendu des quelques marches du perron, arrivant à hauteur du prince. Il avait l’air soucieux, jetant quelques regards alentours et en particulier à la voiture toujours garée devant la maison. Un petit tic nerveux agita le coin de sa bouche. Pourtant Adam secoua légèrement la tête et poussa un soupir aussi las que dépassé.
« La journée a été compliquée. »
« Je veux bien le croire… Sarah m’a contacté dès que l’attaque a été connue. »
Il était donc du côté de cette Sarah Farlann… Potentiellement allié si on en croyait le déroulé des évènements. Mais Adam avait appris à ne jamais faire confiance à qui que ce soit, aussi marchait-il sur des œufs en présence de toutes ces personnes qui croyaient le connaître. Le trajet en voiture avait été une véritable épreuve et il se doutait que le lendemain serait identique s’ils restaient coincés ici. Peut-être que tout n’était qu’un mauvais rêve et que dans quelques heures, ils se réveilleraient ? Aucune idée.
L’homme pris son silence pour un remerciement sans doute, car il fit un petit signe de tête.
« T’en fais pas, je monte la garde. S’il tente une approche, je saurais l’accueillir comme il se doit. »
Il dévoila un sourire carnassier auquel le prince ne s’attendait pas. Une étincelle de malice brillait dans ses yeux, un regard qui semblait familier, et, l’instant d’après, son visage redevint parfaitement normal et neutre. Quelque chose souffla à Adam que ce type n’était pas aussi normal et humain qu’il voulait bien le faire croire en apparence… Un dernier coup d’œil en direction du véhicule aux vitre teintées, qui ralluma son moteur pour reculer, et il franchit les derniers mètres le séparant de l’intérieur.
À peine la porte fut-elle refermée qu’il entendit la voix de la petite fille provenir de la gauche, découvrant le corps de Héra enlaçant celui, bien plus jeune, d’un enfant qui semblait la sienne. La leur, à dire vrai. Leur enfant à tous les deux tandis que le regard de la déesse en disait extrêmement long sur le tumulte que cela provoquait en elle. Si elle pouvait ressentir les émotions d’Adam, elle constaterait qu’il en était de même pour lui. Incapable de prononcer quoi que ce soit, il finit par s’avancer dans le salon pour contourner la table basse et s’y asseoir. Juste là, en face d’elles. Juste… Là.
Sentant le poids de ses épaules s’affaisser et ses poumons refuser de lui fournir l’air dont il aurait besoin, Adam retint un soupir douloureux en posant sa main sur son genou. La veste l’étouffait. L’ambiance l’étouffait. Il la retira prestement et la laissa choir sur le fauteuil à côté, bougeant ses épaules pour tenter de détendre les muscles bourrus de son dos.
Rien n’allait. Et pourtant… Pourtant cette enfant semblait être l’espoir au milieu du chaos. Lorsqu’elle l’entendit se rasseoir, elle tourna sa petite tête dans sa direction et ouvrit de grands yeux clairs. Un sourire se devina derrière sa sucette et, l’instant d’après, elle tendait une espèce de doudou vers lui.
« Monsieur Lapin a été sage aujourd’hui aussi ! »
Adam n’avait aucune idée de la réaction à avoir en face d’une petite fille. Alors devant la sienne… Il lança un regard à Victoire et revint sur Yseult avec quelques secondes de latence.
« Félicitations à lui. Et toi, tu as été sage ? »
Elle hocha vivement la tête dans un petit rire si doux à ses oreilles. Lui qui pensait ne pas supporter les sons en provenance d’êtres humains mineurs… Il devait reconnaître s’être trompé. Ou bien était-ce l’exception qui confirmait la règle ?
« Oui ! »
Elle se mit à leur raconter le déroulé de sa journée, triturant les oreilles de son doudou et, malgré lui, le prince écouta absolument tout ce qu’elle avait à dire. Ça semblait extrêmement important. Ça ressemblait à une espèce de corde tendue pour les extirper tous les deux de cette gadoue informe où ils s’étaient enlisés. Un moment de simplicité pure, d’une promesse que cette vie à deux était possible alors qu’ils ne se connaissaient que depuis quelques mois. Est-ce qu’aviser de ce futur était censé leur donner un coup de pouce ou, au contraire, les convaincre de renoncer à quelque chose qui n’en serait qu’au début ? Pas de réponse à cette question. Pas de réponses à toutes les questions muettes qui se bousculaient sans se formuler. Pas encore. Hors de question d’interrompre la voix légère de leur fille qui semblait les tenir en haleine malgré eux.
Le monde autour d’eux s’était écroulé en un claquement de doigts… Mais ils avaient un phare prêt à les guider jusqu’à la surface.
* * *
Cette maison était la leur. A eux deux, ils avaient aménagé un espace protégé des yeux curieux, bâtit une espèce de plan au milieu du chaos et même créé l’espoir du lendemain en la personne de leur fille. Yseult, c’était son nom, était curieuse mais peu bavarde. Adam n’avait pas l’habitude des enfants, il ne savait pas ce qui était à faire ou non, perdu face à cette petite fille qui le reconnaissait et le prenait pour quelqu’un d’autre. Quelqu’un qu’il n’était pas, mais qu’il allait devenir ? Qu’il serait un jour ? Ce futur était-il écrit tel quel ou bien n’était-ce qu’une infime possibilité de ce qui les attendait ? Comment savoir ? Comment comprendre ? Comment… Réaliser qu’avec Victoire, une déesse immortelle, ils avaient songé à fonder quelque chose envers et contre tout ? Au-delà de l’entendement. Au-delà de la raison.
Une envie venue du cœur.
Silencieux, le prince fixait les escaliers où avait disparu la divinité avec leur fille. La nuit tombait doucement au-dehors, plongeant la maison dans une ambiance aussi tamisée que doucereuse. Il ne connaissait pas cet endroit qui lui semblait pourtant familier, comme une impression de déjà-vu sans pouvoir mettre le doigt dessus. Les murs du couloir étaient neutres, à peine quelques livres ou décorations. Le salon semblait un peu plus vivant, comme la cuisine ; mais il se dégageait d’ici une impression de temporarité. Comme s’ils étaient fixés mais pas solidement attachés, une espèce d’abri éphémère en attendant des jours meilleurs. Mais dans quel but ? Pourquoi être ici, au milieu d’une guerre visiblement entre humains et divins…. Avec l’une de ces mêmes déesses, protégée par un bouclier.
Rien n’allait. Rien n’avait de sens. Rien ne s’emboîtait correctement et les inconnues trop nombreuses commençaient à lui taper sur le système. Où étaient les cadeaux et les pistolets laser pour s’amuser ? Où était la simulation et où commençait la réalité ? Ils avaient signé pour un jeu sur quelques heures et voilà qu’ils se retrouvaient après l’apocalypse. Aucun jeu. Aucun rire. Aucune porte de sortie visible… Combien de temps est-ce que tout ça allait durer ?
Adam récupéra sa veste sur le dossier d’une chaise, observant le symbole à tête de cerf qui y était cousu. Des chasseurs. Des tueurs. Le bras armé illégal de l’humanité… Ce qu’il restait encore debout, en tout cas. Il n’avait pas fait attention àau cadre d’un éventuel président où que ce soit dans le bunker, sans doute aurait-il dû. Le petin sapin qui décorait un coin du canapé lui rappela que c’était bientôt Noël. Même à cette époque, ils continuaient à le fêter ?
Avisant de la voix de Victoire à l’étage au-dessus, il longea le couloir et arriva dans un bureau. Il se serait attendu à une bibliothèque comme au château mais il n’y avait pas grand-chose : une table en bois foncé, une chaise, un ordinateur posé dessus et des tas de feuilles ou dossiers. Une armoire de la même teinte que les autres meubles se trouvait sur le mur opposé. Adam découvrit cette fois une carte précise du monde accrochée et pourvue de nombreuses épingles à têtes colorées. Certaines retenaient la photo barrée d’un visage, ces mêmes visages qu’il avait vus un peu plus tôt. Des dieux morts…
Était-il possible qu’il soit bien l’un de ces chasseurs ? Que la déesse et lui aient sciemment voulu se mettre dans ces rangs ? Pourtant elle dissimulait son identité et au moins une personne étrangère semblait au courant du subterfuge. Il vint à se demander si Sarah n’était pas une créature anonyme glissée entre les mailles du filet elle aussi… Elle lui avait fait confiance et même voulu le couvrir. Les couvrir. Qui étaient-ils ? Victoire, encore, était déesse à Olympe il comprenait. Mais lui ? Son mari, le père de sa fille. Mais ensuite ? On ne portait pas l’uniforme qu’il avait revêtu sans raison. Soit il était contre l’existence des dieux, soit il était pour. Il n’y avait pas de demi-mesure dans ce jeu immense dont il ne saisissait pas les règles.
Il lui fallait des explications. Avant de parler avec Victoire, il voulait comprendre ce qu’il se passait.
Son œil se posa sur l’ordinateur et Adam tira la chaise pour s’y asseoir, soulevant l’écran qui s’alluma sur un fond bleu et la demande d’un mot de passe. Forcément, il aurait dû s’en douter ! Poussant un soupir, il posa ses doigts sur les touches et essaya les premiers mots qui lui vinrent à l’esprit : Yseult, Storybrooke, déesse, conte, apocalypse, hunter… Aucun ne fonctionna. Il tenta alors Pendragon, château ou encore Excalibur mais la petite barre se contentait de vibrer en signe de désapprobation. D’accord, si ce n’était pas quelque chose d’évident, peut-être qu’il fallait chercher un peu plus loin ? Victoire eu le même résultat, à sa grande déception. Il n’avait quand même pas… ? Il pianota café qui vibra, puis Starbucks mais le résultat fut le même. Ça aurait été trop facile et évident pour lui… S’il possédait cet ordinateur, ces dix dernières années avaient été vécues par un autre et non pas par lui. Si le mot de passe avait le moindre lien avec quelque chose qui s’était passé depuis, il risquait de ne rien trouver de probant.
Agacé, il se leva et fit quelques pas vers l’armoire. Elle s’ouvrit dans un petit bruit : à l’intérieur, quelques livres, des dossiers qu’il jugea rapidement comme étant d’anciennes notes de frais, d’anciens ensembles pourtant dépassés mais qui semblaient avoir leur place. Il remarqua quelques pochettes portant des noms mais aucune photo à l’intérieur. L’une d’elle arborait le logo de la tête de cerf et il s’en saisit, le descendant au niveau de ses yeux pour l’ouvrit : Adam y découvrit un papier officiel, signé par le président des Nations Unis, l’affectant au groupe des chasseurs en 2026 du territoire américain. Se trouvaient d’autres feuilles de validation, l’une d’elle notée « confidentiel » qui lui indiquait son affectation et le contenu de son contrat. Des documents officiels qui ne l’aidaient pas outre mesure, à part comprendre qu’il travaillait avec eux depuis quatre ans déjà et qu’il existait quand même un président quelque part. Il referma la pochette mais la garda en main, ses yeux clairs parcourant encore les quelques étagères peu remplies.
Sur celle du haut, quelque chose brilla. Le prince tendit la main et récupéra un petit paquet enveloppé de papier cadeau, portant le simple nom « Théa » dessus. Un cadeau de noël ? Encore aujourd’hui ? Étonnant. Affectueux. Un sourire en coin lui échappa malgré lui tandis qu’il revenait vers le bureau. Il y déposa le dossier et le paquet, les observant dans un petit soupir. Pas plus d’infos et toujours un ordinateur inaccessible. Peut-être que ce n’était pas le sien mais celui de Victoire ? Dans ce cas pourquoi y aurait-il le cadeau de sa « femme » dans l’armoire ? Tu te prends trop la tête, Adam.
Il posa son regard sur cette maudite ligne sur fond bleu. L’écran était foncé, d’un bleu pas brillant mais plutôt roi, un peu foncé, comme… Il se redressa. Se pouvait-il qu’il ait osé faire ça ? Non, ça serait…
Il pianota un mot de passe qui lui semblait risible : contravention. La fenêtre tournoya et, soudain, un bureau apparu devant lui.
C’était bel et bien ça… Mais quelle andouille, sérieusement.
Ce ne fut qu’une fois le petit geste de victoire effectué qu’il remarqua la présence de la déesse dans l’encadrement de la porte. Il se redressa sur ses jambes, l’air un peu confus mais repris bien vite du poil de la bête. Si elle était là, c’est que leur fille dormait probablement à l’étage… Restait à se retrouver face à face dans une situation complexe où aucun des deux n’avait d’informations.
« Elle dort ? » Demanda-t-il doucement, avant d’ajouter après sa réponse : « Elle… C’est… On a une fille. »
Oui, pour le coup, bravo Sherlock pour cette déduction que vous aviez sans doute très bien fait tous les deux ! Un silence un peu gêné s’installa entre eux. Adam se mordit l’intérieur de la joue et combla l’espace de quelques pas.
« Je ne sais pas si c’est notre futur ou si nous sommes dans le jeu d’Elliot mais si c’est la réalité, on a apparemment pris des décisions pour affecter toute notre existence. »
Non pas que ça le dérangeait, ça le surprenait surtout. Un état de choc, léger, promis.
« Une fille et on est mariés. Je suis apparemment membre d’une coalition qui pourchasse les tiens et tu es infiltrée à l’intérieur comme si de rien était… Ce qu’il se passe ici n’a pas beaucoup de sens et j’espérais que l’ordinateur pourrait m’aider un peu. »
Le prince désigna l’écran derrière lui d’un signe de tête. Peut-être qu’il n’y aurait rien à l’intérieur, il ne se rappelait pas avoir une passion pour la technologie mais aux grands maux les grands moyens. Passé une petite seconde de silence supplémentaire, ses sourcils se froncèrent en direction de Victoire. Elle avait l’air d’avoir vécu beaucoup de choses en à peine quelques heures… L’éclat de son regard était le même qu’actuellement mais son visage semblait empreint d’une gravité nouvelle.
Les dieux ne vieillissaient pas. Mais ils pouvaient sans doute être affecté par les évènements.
« … Tu as vu quelque chose avant d’arriver au bunker ? Qu’est-ce qu’il s’est passé pour toi ? »
Est-ce que tout allait bien ? Et, surtout :
« Tu as une idée de comment nous avons atterris ici ? »
Beaucoup de questions, trop. Mais dans cet univers, elle était sans doute encore celle qui en savait le plus.
CODAGE PAR AMATIS
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Elle s’appelait Yseult. Assise sur son lit, elle observé la petite ques avait fermé les yeux pendant son histoire du soir, les poings fermés au niveau de son visage, Monsieur Lapin dans une main. Elle savait apaiser les enfants, elle ne l’avait que trop peu fait avec les siens, on le lui avait toujours interdit. Elle vivait un instant privilégié, un moment fou et inattendu et elle avait brusquement envie qu’il ne s’arrête jamais. Au diable cette simulation, ce qu’elle devait faire, les autres, elle aurait pu rester à côté de cette petite fille jusqu’à ce qu’elle en meure, à lui caresser doucement ses cheveux blonds et bouclés, à entendre sa respiration lente et apaisée. Elle était sublime. Une si petite chose qui bouleversait brusquement tout son monde, qui renversait la vapeur si dangereusement qu’elle se sentait glacée par la peur. Cela ne devrait jamais arriver. Les enfants étaient une faiblesse, elle ne pouvait plus se permettre d’en avoir. Elle se l’était promis. Mais la petite existait déjà, alors autant en profiter.
Elle s’appelait Yseult. Prénom ancien et Moyenâgeux s’il en était, un de ces prénoms qu’elle n’aurait sans doute pas choisie seule. Elle était un peu d’eux deux, incroyable mélange harmonieux et égalitaire. Elle représentait une époque dans laquelle Adam avait évoluait, qui était ses racines, elle représentait la littérature, cette seule échappée belle qu’elle avait eu avec son mari, rêvant d’histoires d’amour tumultueuses et tragiques mais sincère et puissante, loin de celle qu’il lui faisait vivre alors. Tout en caressant toujours son petit front avec douceur, elle avait observé chacun de ses traits, comme hypnotisée devant ce petit être parfait. Elle avait sa bouche, elle pouvait déjà voir ses traits bien dessinés, et son petit nez ressemblait furieusement à celui de son père. Mais dans son sommeil, elle avait l’air décidé, un trait de caractère dans lequel elle reconnaissait ses yeux parents. Toujours sous le choc mais attendrie par la vision, elle avait eu un faible sourire avant de se pencher vers elle pour l’embrasser sur le front. Avec lenteur pour éviter de la déranger, elle avait fermé la lumière de sa chambre, ne laissant allumée que l’étrange veilleuse qu’elle avait demandé à garder, une sorte de bocal avec du sable doré qui tournoyait à l’intérieur, prenant différentes formes, tout en étant illuminé. Un délicieux halo de lumière qui semblait la guider vers ses rêves les plus doux.
Victoire était ressorti de la chambre en tirant la porte contre le chambranle pour couvrir le maximum de bruit et de lumière venant de l’extérieur. Elle avait fini par descendre les escaliers à la recherche d’Adam qu’elle retrouva dans un bureau. Appuyé contre le cadre de la porte, elle l’observa quelques instants sans rien dire, scrutant les anxiétés et les incompréhensions qu’elle pouvait lire sur les traits de son visage. Il semblait tout autant perturbé qu’elle. Elle avait hoché la tête avec un faible sourire quand il lui avait demandé si elle dormait. Elle n’avait rien répondu à sa remarque en revanche. Oui. Ils avaient une fille. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de remarquer l’évidence, il avait sans aucun doute besoin de digérer autant l’information qu’elle et la dire à voix haute pouvait sans doute l’aider à l’accepter. Elle avait eu envie de lui préciser que cela n’arriverait jamais, que c’était forcément une erreur, qu’elle s’était promis de ne plus jamais en avoir mais quelque chose l’avait retenu, la possibilité que les gens de ce monde ne soient en sécurité nulle part, pas même chez eux. Peut-être y avait-il des micros chez eux ? Peut-être n’était-il pas prudent de dire quoi que ce soit ? Avant qu’il n’ouvre de nouveau la bouche, elle avait posé son index sur ses propres lèves, l’intimant au silence de loin. Elle referma alors la porte et se dirigea vers un tourne-disque qui se trouvait dans un coin. 10 ans de plus dans le futur et cette chose existait apparemment toujours et était toujours dans les maisons... pourquoi pas... C’était sans doute aussi la meilleure façon de s’assurer de ne pas avoir un objet ennemi auprès de soi. La technologie avait dû considérablement été améliorée avec le temps et vu le monde apocalyptique dans lequel ils semblaient vivre, il y avait de fortes chances que toute technologie soit à la merci du gouvernent. Elle avait alors lancé le tourne disque et une musique de Jazz s’éleva dans la pièce. Un peu surprise, Hera avisa le morceau... elle ne s’était pas attendue à ce genre de choses mais pourquoi pas... peut-être était-ce l’un des siens, elle aimait assez la douceur de ce mouvement musical. Elle se tourna alors vers Adam et l’invita d’un signe de main à s’approcher d’elle, proche de la boîte à musique. Elle avait alors passé ses bras autour de son coup, juste après l’avoir invité à passer les siens autour de sa taille et de se mettre à tourner au rythme de la musique. Elle avait alors collé son visage au sien pour lui préciser :
- Je n’ai confiance en rien ni personne... la maison est peut-être sur écoute, mieux vaut être prudents...
Elle laissa quelques secondes pendant lequel il tenta de ressembler les morceaux, tenter sans doute d’en extraire un raisonnement cohérent dont il n’avait pas tous les éléments. Lentement, elle avait posé sa tête sur son épaule, humant son odeur comme pour s’apaiser de ce qu’ils étaient en train de vivre. L'un contre l’autre, elle pouvait presque sentir son cœur battre contre sa poitrine. Elle prit quelques secondes de ce moment sans rien dire, se contentant de danser, les yeux fermés avant de soupirer :
- Je suis arrivée dans le Bunker. Je suis dans la résistance... je ne sais pas vraiment comment tout cela a commencé mais des gens nous aide à cacher des divins. Il y avait des demi-dieux, beaucoup de demi-dieux et une femme me les a emmenés dans le Bunker. Ils devaient y dormir et partir le lendemain mais quelqu’un nous a trahi. Je l’ai faite partir avec eux et pour faire diversion, j’ai fait exploser le lieu en me rendant visible en espérant qu’ils me courseraient...
Elle prit un temps pour déglutir, lui laisser le temps de réagir aussi, avant de reprendre :
- Je crois que tu fais partie de ces monstres pour nous assurer une certaine sécurité. J'ignore comment nous avons fini mariés, quand et comment Yseult est venue au monde, mais cela me semble être la seule solution logique... Ce qui explique que tu me vois réellement, contrairement aux autres... J’agis en secret et tu couvres nos pas... Tu... tu es quelqu’un de bien.
Non pas qu’elle en doutait mais cela le confirmait au-delà de ses espérances. Adam n’avait aucun rapport avec les dieux, hormis elle. Il n’y connaissait pas grand-chose et pourtant, il risquait pour eux. Elle lui avait ouvert tout ce qu’elle s’était juré de ne plus offrir, le mariage, un enfant, il était forcément quelqu’un de bien, quelqu’un qui méritait au-delà de tout.
- Mon frère est vivant... il sait pour Yseult... Je ne sais même pas si ma fille a une seule fois vu mon vrai visage...
Il était évident que comme les autres, elle ne voyait qu’un mirage. Elle était bien trop petite pour qu’ils puissent prendre le risque de lui demander un secret d’une telle ampleur, pour qu’ils l’effrayent avec la possibilité qu’une seule de ses erreurs puisse causer la mort de ses deux parents. Elle ne l’aurait jamais permis. Elle n’aurait pas pu la livrer à ce si terrible sort. Une larme avait coulé sur sa joue à la pensée que dans ce monde, la seule fille qu’elle n’élèverait jamais ne saurait même pas à quoi ressemble sa propre mère. La larme vint mourir sur ses lèvres et elle en goûta la saveur salée et l’amertume sous-jacente en la faisant disparaître d’un coup de langue rapide. Elle se retira alors vivement de l’étreinte, se détournant de lui pour effacer les dernières traces de sa douleur tout en soulevant la patte du tourne-disque. Déglutissant, elle précisa alors sans le regarder :
- Il est tard... nous ferions mieux de nous coucher, demain une nouvelle journée nous attends...
Elle était sortie vivement de la pièce sans l’observer. Après avoir monté les escaliers rapidement, elle était allée dans la salle de bain directement, refermant la porte derrière elle, pour s’humidifier le visage à plusieurs reprises avec de l’eau fraîche. Même le reflet du miroir mentait... Tout en s’épongeant le visage de la serviette, elle se souvint qu’elle avait au moins ici la capacité de dormir et elle prit l’information avec bonheur. Un peu de repos, d’absence, d’extirpation de ce monde ne lui ferait pas de mal. Elle prit une douche et se brossa les dents. En sortant de la salle de bain, elle croisa Adam. Avec un faible sourire, elle lui précisa :
- Je vais me coucher, je t’attends pour tout fermer.
Elle se dirigea alors dans la grande pièce et constata qu’il y avait un dressing qui l’attendait derrière une porte blanche. Elle s’y engouffra pour y trouver ce qui devait être ses tenues du côté droit, celles d’Adam du côté gauche. Elle ouvrit plusieurs tiroirs à la recherche d’un pyjama qu’elle finit par trouver, en même temps qu’un petit paquet avec le nom d’Adam dessus. Fronçant les sourcils, elle l’observa quelques instants avant de se souvenir qu’ils étaient l’avant-veille de Noël. Elle reposa le paquet où il devait être et mit son pyjama, un haut et un pantalon de soie. Elle retourna vers le lit conjugal et avisa les deux tables de chevets. Elle reconnut alors celle qui devait plus lui ressembler et s’allongea de ce côté du lit. Lorsqu’Adam la rejoignit, elle était allongée sur le dos, les mains jointes sur le bas ventre et observait le plafond, dans ses pensées. Elle le laissa s’installer à côté d’elle. C’était la première fois qu’ils passaient une nuit ensemble. Rien de sexuel, juste une nuit, l’un à côté de l’autre. C’était étrange, presque gênant peut-être et en même temps, elle était persuadée que quitte à passer ce temps avec quelqu’un, elle préférait largement que ce soit lui. Lentement, elle tourna la tête vers lui pour lui lancer un faible sourire.
- Bonne nuit.
Sa main trouva l’interrupteur à tâtons et le noir se fit. Elle attendit plusieurs minutes dans sa position, se remémorant les actions de la journée, le danger, sa fille, son mariage. Après un moment, elle finit par demander en chuchotant :
- Adam ? Je n’ai pas vraiment l’habitude de dormir paisiblement, comme tu le sais...
Elle n’avait pas du tout l’habitude de dormir mais elle espérait qu’il comprendrait le message caché. Après un instant d’hésitation, elle demanda alors :
- Je peux dormir contre toi ? Dans... tes bras ?
Elle s’était faite réveillée par une masse qui était tombée lourdement devant elle. En ouvrant les yeux, elle constata qu’une fine mèche de cheveux blonds s’était posée sur son nez. La lumière du jour était légèrement perceptible derrière les volets. Yseult s’était apparemment réveillée et avait décider de s’allonger entre ses deux parents avec toute la brusquerie d’une enfant de cinq ans. Elle avait tourné la tête vers son père, puis vers elle. Adam était sans aucun doute également réveillé puisqu’elle demandait à voix haute :
- Ce soir c’est Noël... on fait des pancakes ?
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Adam Pendragon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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| Conte : Merlin l'enchαnteur. | Dans le monde des contes, je suis : : Arthur.
La nuit avait été aussi longue que parsemée d’insomnies et de rêves étranges. Douteux. Des flashs d’apocalypse et d’explosions, de tirs et de cris, des sensations malaisantes et à la fois une satisfaction douloureuse. Si c’était des bribes de cette vie, elle n’avait pas été des plus heureuses… Ou bien son esprit lui jouait-il des tours, entre ce qu’il avait vu et compris, pour lui fournir un semblant d’explication qui n’avait, de toute façon, aucun sens ? Adam l’ignorait. Il papillonnait du regard sans comprendre, fixant ce plafond qui restait inlassablement neutre alors que tout se chamboulait dans sa tête. Une guerre. Ils étaient au milieu d’une guerre mondiale et, à ce qu’il avait saisi, même plutôt au cœur de celle-ci. Victoire avait sa tête placardée absolument partout et il était difficile de comprendre à qui faire confiance ou de qui se méfier…
Vivaient-ils cette vie depuis tout ce temps ? Supportaient-ils tout cela sans jamais s’être fait prendre ? Comment avaient-ils pu concevoir un enfant alors que la mort rôdait tout autour et resserrait ses serres de plus en plus près ? Il avait retourné la question pendant de longues heures, observant parfois la femme dormir à côté de lui… Dormait-elle seulement, tournée face au mur opposé ? Adam n’avait pas le cœur de s’en assurer, simplement allongé à côté d’elle. Fait exceptionnel. Pas inédit, c’était déjà arrivé mais… Là, c’était différent. Très. Ils avaient une vie ici. Mais à quel prix ? Une fille, peut-être un héritage ? Un espoir pour les divinités exterminées les unes après les autres ? L’idée même qu’un monde meilleur puisse un jour apparaître ? Ou bien était-ce complètement autre chose, un dessein dont ils n’avaient aucunement conscience à l’heure actuelle ? Cette petite fille était soit un cadeau du ciel soit un piège redoutable, mais elle ne pouvait pas avoir été conçue et élevée dans la plus grande normalité. Sans doute qu’elle n’avait jamais vu le vrai visage de sa mère, c’était même certain ; trop risqué, trop dangereux, trop compliqué. Yseult voyait ses parents derrière leurs apparences. Elle voyait ceux qui l’avaient toujours élevée. Et s’ils n’y prenaient pas garde, ils risquaient de tout faire basculer par maladresse.
C’était comme marcher sur une corde au-dessus du vide, mais avec des bourrasques telles que tout vous poussait à chuter délibérément vers la Fin. Est-ce qu’ils avaient été envoyés à cette époque pour une bonne raison ? Ou bien le hasard venait-il de faire basculer les dés en faveur des exterminateurs ? Quelle était la raison de leur présence, hormis une erreur temporelle ? Ça ne pouvait pas être aussi stupide. Ça ne devait pas être aussi ubuesque. La magie, ou toute autre forme que ce soit, ne devait pas être manipulée de manière aussi aléatoire… Pas quand ils risquaient d’y passer l’arme à gauche et le reste avec.
Adam passa une main sur son visage, l’esprit tournant bien trop en boucle pour parvenir à s’apaiser convenablement. Parfois, le sommeil le prenait à revers, d’autres l’éveil lui rappelait l’ordre des choses à venir. Si bien que lorsque la lumière pointa le bout de son nez et qu’Yseult sauta sur leur lit, le prince y vit une occasion de chasser les derniers démons de cette nuit. Il se redressa en se frottant le visage, explorant celui de cette petite fille qui était la sienne. Allongée entre eux comme dans une famille normale. Aimante. Agréable. Une habitude qui semblait provenir du fond des âges car elle n’en était pas du tout gênée, triturant son lapin entre ses petits doigts.
« Des pancakes ? »
Répéta Adam, se remémorant la bonne odeur de ceux préparés par Mrs Samovar. Yseult hocha vivement la tête dans un petit sourire aux dents de lait.
« Oui ! Comme ceux que tu fais d’habitude ! »
Elle tourna son regard vers sa mère, puis de nouveau vers lui avec une petite moue agréable.
« Sitoplaaaaaaait. »
Ok, donc, il savait faire des pancakes dans le futur. Super. Pourquoi il n’avait pas plutôt montré comment remonter une moto ? Adam chercha une espèce de soutien du côté de Victoire mais son air semblait lui dire « tu es dans la panade, on va rire ! » très bien, puisque ça avait l’air d’être un défi à prendre personnellement… Il repoussa les draps, s’extraya du lit sous une exclamation ravie de leur fille et quitta la chambre, vêtu uniquement de ce bas de jogging qu’il avait trouvé la veille au soir dans l’un des placards. Des pancakes… Elle n’aurait pas pu lui demander un sandwich ou tout autre chose ? Le prince allait devoir faire un effort pour se souvenir de la recette de sa gouvernante, où ça allait barder sévèrement. Plutôt mourir que de s’avouer vaincu sans même avoir essayé.
À commencer par trouver les ustensiles dans cette cuisine inconnue. On était mal barré.
* * *
L’ordinateur ne lui avait pas révéler grand-chose au final. Quelques dossiers, quelques données, mais rien qu’Adam ne puisse vraiment utiliser pour en savoir plus. L’année. Le jour. Tout ce monde en destruction et aucune idée de comment revenir ni de quoi en faire. Il devait déjà accepter l’idée, folle, que Victoire et lui vivaient bel et bien ensemble et qu’ils avaient désormais une fille. Une fille qui l’appelait « papa » et qui lui parlait comme s’ils s’étaient toujours connus… Le prince n’avait jamais réfléchi à la possibilité d’avoir un enfant, alors se retrouver soudain avec une grande fille qui parle avait eu de quoi le déstabiliser. Manger avec elle. La voir vivre, sourire, passer du coq à l’âne et enchainer sur une autre idée à la vitesse de la lumière…
Il avait honteusement profité d’un moment où elle était occupée avec sa mère pour s’éclipser doucement, l’esprit encore chamboulé et torturé de ce futur qui semblait tout tracé entre eux. Ils n’avaient jamais posé des mots comme ceux-là avec la déesse, il ne pensait pas avoir à le faire dès lors que leur relation était encore au stade de la conception, et le temps semblait très mal choisi pour essayer d’en discuter.
Ça devrait attendre. Parce qu’il en allait de leur survie et, visiblement, de la survie des divinités comme des humains.
S’extirpant du bureau, Adam fut attiré par une porte sur la gauche et l’emprunta. Elle menait dans un garage mal éclairé. Tâtonnant sur le côté, il trouva l’interrupteur et l’alluma, révélant une pièce bordée d’étagères métalliques aux objets ordonnés. Du matériel de jardinage, de bricolage, même de mécanique car trônait un peu plus loin une moto légèrement dissimulée sous un drap vieilli. Il ne put retenir un sourire en la voyant, s’approchant pour passer sa main sur le guidon chromé. Elle ressemblait à son ancienne mais quelque chose était différent… En tout cas, elle semblait impeccable. Il devait passer du temps à la bichonner. Non loin, des caisses fermées attendaient au pied d’une étagère couverte de boîtes de conserves et bocaux. Quelques câbles sur le sol. Une porte en bois fermée qui devait donner sur l’extérieur.
Adam contourna les caisses pour s’approcher d’une grande tenture dissimulée derrière une haute étagère. Celle-ci semblait séparer la pièce en deux. Intrigué, il souleva le drap pour découvrir une voiture tout terrain qui n’avait rien à voir avec la propreté de la moto. Aux couleurs sombres, bardé d’éclaboussures jusque dans ses pneus crantés, le véhicule semblait avoir bien vécu. Tirant un peu plus, il remarqua que derrière les vitres teintées se trouvait tout un équipement quasiment militaire soigneusement entreposé sur les sièges. Il ouvrit l’une des portières pour le constater, fronçant les sourcils. Dans le coffre, d’autres boîtes entreposées. Elles contenaient de la nourriture, des couvertures, des affaires pour tenir un véritable siège et même des armes. Un fusil était soigneusement glissé derrière le siège conducteur, tandis que d’autres démontés attendaient dans des caisses. Un véritable équipement de pointe entreposé jusqu’au moindre centimètre disponible.
Ils se préparaient à fuir ou à affronter quelque chose, et ils étaient visiblement bien équipés.
Le prince s’appuya sur le bord du coffre, ses yeux analysant le contenu qui s’étalait devant lui avec la sensation que quelque chose n’allait pas correctement. Il était probablement un agent double au cœur d’une organisation internationale et… victoire était l’ennemi numéro un à abattre. Ils avaient des alliés. Elle était immortelle. Protégée par un bouclier qui changeait son apparence. Une attaque se préparait, Hunter avait visiblement toute sa confiance en lui pour cela et attendait probablement une victoire écrasante. Mais qui disait réussite disait mort. Et Adam avait vu bien trop de batailles dans sa vie pour savoir que personne ne sortirait vraiment vainqueur de tout ça. Même parvenir à rester vivant ne représentait pas une satisfaction suffisante… Il fallait mettre un terme à tout ça. Comment ?
Comment…
Ils n’avaient pas assez d’informations. C’était courir droit au suicide… Et pourraient-ils seulement revenir à leur époque en sachant ce qui arrivait dans ce futur ? Hypothétique ou réel ? Trop de questions. Pas de réponses. Pas d’avancée. Juste subir l’évolution des choses en essayant de ne pas mourir trop vite.
Il recouvrit le véhicule et retourna à l’intérieur, éteignant derrière lui et fermant la porte en silence. Les voix de victoire et Yseult le guidèrent jusqu’au salon où la petite fille s’émerveillait de la neige en train de tomber à gros flocons à l’extérieur. Debout sur le canapé, agrippée au dossier, elle tapotait la vitre comme si le responsable de la météo pouvait la voir le remercier dans un sourire. Elle ressemblait à sa mère. Au vrai visage de sa mère…
En les observant, Adam comprit soudain ce qui clochait dans le véhicule : il n’y avait de la place que pour deux. Yseult étant forcément l’une des passagères, il avait vu des affaires à sa taille. Ce qui signifiait qu’un seul adulte l’accompagnerait pour conduire et partir… Leurs eux futurs avaient prévus qu’un vivrait et que l’autre mourrait, probablement, si ce n’était pire.
Il déglutit à cette révélation, sentant sa gorge se serrer. À peine venaient-ils de rencontrer leurs filles que tout allait se terminer. Ce noël était leur premier et le dernier en famille. Il devait en parler avec Victoire. Il devait en savoir plus que ce qu'ils avaient vu chacun de leur côté. Ils devaient essayer de trouver une solution pour s'échapper de tout ça. Mais lorsque le téléphone vibra dans sa poche, le prince se douta que ce n’était pas pour de bonnes nouvelles.
CODAGE PAR AMATIS
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Elle avait gagné du Temps. Comment était-ce possible ? Elle dont l’immortalité rendait chaque seconde insipide, sans vie, similaire à la précédente et beaucoup trop proche de la suivante. Et pourtant, en ce jour de Noël 2030, il fallait bien avouer qu’elle avait reçu le plus beau des cadeaux, celui du Temps. Un Temps qui lui avait été enlevé maintes et maintes fois, si souvent qu’elle n’avait jamais cru pouvoir revivre ce moment. Elle avait espéré ensuite, pendant longtemps, très longtemps, qu’elle n’aurait pas à le vivre et encore aujourd’hui au cœur de cette simulation, elle priait pour que ce futur ne se révèle jamais. Elle ne pouvait pas s’empêcher de l’observer, intensément. Chaque mèche de ses cheveux blonds, son petit nez pointu, ses yeux d’un bleu puissant, celui d’Adam. La puissance qu’elle mettait dans sa fourchette lorsqu’elle piquait dans l’un de ses pancakes, l’attention toute particulière qu’elle avait lorsqu’elle saisissait la bouteille de sirop d’érable à deux mains pour en verser sur son petit déjeuner. C’était comme un tourbillon vertigineux duquel elle ne savait se détourner et duquel elle ne sortirait pas intact, elle le savait. Elle avait tellement voulu vivre cela avec ses enfants, avec chacun d’entre eux... Mais la vie et son mari en avaient décidé autrement, ils étaient alors devenus une fissure dans son cœur, une fissure si profonde qu’ils en étaient devenu une faiblesse, une terrible faiblesse et derrière son air aussi courageux qu’insolent, c’était ce qu’Yseult était... une faiblesse. Une faiblesse qu’elle ne pouvait plus se permettre d’avoir.
Après le petit déjeuner, elle avait vu Adam s’éclipser lentement sans rien en dire. Chacun avait sa façon de vivre la situation et elle ne s’était encore jamais demandé si le jeune homme avait eu envie un jour d’un enfant dans sa vie. Peut-être n’était-ce tout simplement pas le cas ? La voyait-il comme une erreur ? Pourtant il avait semblé si doux et si avenant avec elle, en dépit de son manque d’habilité dans la réalisation des pancakes. Voyait-il seulement leur relation aussi sérieuse ? De son côté, Hera s’était promis de ne jamais plus avoir d’attache auprès d’un homme, encore moins auprès d’un humain, le Temps sur cette Terre était tellement incompatible. Et pourtant, de force ou de gré, ils étaient mariés et avaient un enfant. La déesse brûler de comprendre pourquoi mais elle avait plutôt préféré prendre le Temps de s’occuper d’Yseult, ce petit cadeau qu’on lui permettait malgré tout ce qu’elle pensait d’avoir pour au moins une journée. Elles avaient dessiné et la petite avait montré fièrement ses capacités à ne pas dépasser (ou presque) lors de son coloriage. Elle avait montré une assiduité toute particulière dans la pâte à modeler et Victoire avait oublié le Temps, avait oublié Adam, prenant de plus en plus de plaisir avec l’enfant. Pourtant elle sentait que la suite ne serait pas de tout repos, Zeus le lui avait appris si souvent : chacun de ses moments de bonheur s’accompagnait forcément d’un moment de malheur.
Elle avait vu son air grave alors qu’il était revenu d’elle ne savait où tandis que Yseult ne le voyait pas, agrippé au dossier du canapé. Si Hera avait eu un sourire attendri en la voyant avec son air émerveillé observer la neige au dehors, il s’était petit à petit effacé en voyant le visage d’Adam, tout en caressant toujours le dos de la petite blonde. Elle avait voulu ouvrir la bouche en direction du blond mais la sonnerie de son téléphone avait retenti en même temps. Il s’était alors une fois de plus retiré en direction de son bureau et Hera avait alors vu que la petite fille avait tourné sa tête blonde et curieuse vers elle. Comme pour dissiper sa crainte, la déesse lui avait dit :
- Tu ne devrais pas aller à la douche, jeune fille ? On doit être toute propre pour accueillir le Père Noël, non ? - Je peux faire un bain ? Siiiitoooooplaîîîîît ?
Cela avait l’air d’être sa formulation favorite et Victoire ne pouvait que la comprendre. C’était impossible d’y résister tant la faute de prononciation et la voix qui l’accompagnait était adorable. Comment faisait-elle dans le futur pour lui dire “non” ? Sans doute avait-elle la tête un peu plus sur les épaules parce qu’elle était véritablement mère mais en cette journée, la brune n’avait aucune envie d’être une mère. Elle avait juste envie de lui faire plaisir, pour le Temps que ça durerait, accompagné du fait que c’était la veille de Noël. Avec un sourire en coin, Hera s’était relevée pour prendre la petite dans ses bras :
- Si tu es sage et que tu enlèves tes habits toute seule comme une grande en m’attendant dans ta chambre, aloooors... tu pourras prendre un bain.
Elle avait eu le même sourire malicieux avant d’hocher la tête une seule fois, comme d’un air entendu. Elle reconnaissait bien en elle leurs caractères à tous les deux, confondus, en une seule et même personne. Elle l’avait déposée en haut, dans sa chambre, avant de se diriger vers la salle de bain pour commencer à faire couler l’eau. Une fois assurée que la température était idéale, elle était sortie de la pièce en refermant la porte derrière elle pour dissuadée Yseult d’y entrer. De retour dans la chambre de la petite, elle lui avait tendu un de ses livres d’image.
- Le temps que le bain coule, tu peux lire ton livre. Je reviens tout de suite, ne bouge pas d’ici. Quand tu entendras mes pas dans l’escaliers, tu te déshabilleras, on est d’accord, Yseult ?
Une fois de plus la petite avait hoché la tête mais avec beaucoup plus d’enthousiasme cette fois-ci. Avec douceur, elle lui avait caressé sa petite tête blonde avant de l’embrasser sur le front et elle était sorti de la chambre en fermant la porte derrière elle. Rapidement, elle était redescendue, tentant de retracer le chemin d’Adam. Elle l’avait entendu descendre des escaliers à un moment, elle en était venue à la logique qu’il avait dut aller dans le garage. Il lui avait fallu quelques minutes pour comprendre la gravité de la situation. La voiture, les armes, les habits d’Yseult. Elle avait alors tôt fait de comprendre la finalité de tout cela, une finalité qui n’avait peut-être pas encore sauté aux yeux du blond : un sacrifié. Si elle pouvait facilement douter qu’il en était venu jusqu’à cette conclusion, elle se demandait surtout s’il était parvenu à comprendre, qu’elle serait la sacrifiée. C’était pourtant évident pour elle, mais pour un humain peut-être l’étais-ce moins. Toutes ces armes, ces vivres... si Victoire partait avec la petite, il était évident qu’elle n’aurait aucunement besoin de tout cela. Il lui suffirait de faire apparaître tout ce dont sa fille avait besoin. Non, si tout était là, c’était bel et bien parce que c’était lui qui partirait avec elle. Une fois de plus, élever un enfant ne lui était pas permit, comme une sorte de malédiction. Elle avait eu plus de chance avec sa petite dernière, mais il n’en restait pas moins que leur route se séparaient dès sa tendre enfance. Un peu bouleversée par la nouvelle, elle avait reculée, la main sur les lèvres, tentant de reprendre contenance. Ce n’était qu’une simulation et pourtant... tout ceci pourrait réellement arriver et rien que cette pensée servait à l’ébranler.
Elle avait sursauté en croisant Adam dans les escaliers, le regard grave. Il avait dû l’entendre descendre. La main sur le cœur, elle lui avait lancé un regard de reproche avant de lui passer devant un peu froidement :
- Yseult attend son bain.
Ce n’était pas contre lui, c’était juste qu’elle devait accepter ce qu’elle avait découvert. Elle avait pris l’habitude d’encaisser seule, de trouver ses solutions seule et plus que tout, de se raisonner seule. Ça n’avait pas toujours l’effet escompter. Comme n’importe qui, Victoire avait besoin de soutien par moment, mais cela lui était si étranger qu’elle ne parvenait alors pas à l’accepter directement. C’était comme une gêne qui s’installer au fond d’elle, une envie de fuir les bras et les mots qu’elle recherchait pourtant au fond d’elle. Comme un courant d’air, elle avait disparue. Elle était remontée à l’étage aussi vite qu’elle l’avait pu et seuls les petits bruits de pas précipités dans la chambre de l’enfant lui avaient redonné du baume au cœur. Apparemment, Victoire savait être une maire stricte, la petite vivait selon les règles et l’idée que son bain pouvait encore lui être retiré malgré l’eau coulant dans la salle de bain lui semblait être une option envisageable. Lorsqu’elle avait ouvert la porte, la petite l’attendait, droite comme un “i”, le souffle court, ses cheveux en bataille, en culotte.
- J’ai tout fini ! - Oui je vois que tu as “tout fini”, mon cœur.
Une fois amené dans la salle de bain et immergé dans suffisamment d’eau pour que son bain soit amusant mais pas suffisant pour qu’elle puisse se noyer, Hera resta à ses côtés, le sourire flou, perdue dans ses pensées. Ils avaient préparé une fuite, sans aucun doute grâce aux renseignements d’Adam. Le coup de téléphone qu’il avait reçu lançait-il l’assaut final ? C’était une supposition qui était loin d’être surprenante. Ils étaient à la veille de Noël, les rafles et les moments terribles de l’histoire avaient toujours été réalisés non loin de fêtes ou de moments serein afin d’éviter un maximum de soupçons. Dans un monde où on traquait tout ce qui relevait du divin, il n’était pas étonnant de tenter le tout pour le tout le jour d’une fête monothéiste. Comment pouvait-on encore y croire ? Une éclaboussure réalisée par le jouet de sa fille l’avait ramenée à l’instant présent et ses yeux s’étaient plongés dans ceux aciers et interrogateurs de sa fille :
- Papa il vient pas faire la pieuvre ?
Elle n’avait aucune idée de ce qu’était “faire la pieuvre” et était prête à parier qu’Adam n’en savait pas plus qu’elle. Mais c’était une occasion en or pour vérifier une dernière chose qui lui trottait dans la tête.
- Euh... si, papa va venir faire la pieuvre. PAPA !
Elle avait tourné la tête en direction de la porte, appelant Adam par ce surnom qu’elle peinait encore à lui identifier. Le blond avait fini par passer sa tête par la porte de la salle de bain et Victoire lui avait précisé :
- Ta fille te réclame... “la pieuvre”.
Elle l’avait regardé avec un sourire en coin, un air malicieux au fond des yeux, lui signifiant par la même occasion qu’elle n’avait aucune idée de quoi il s’agissait. Elle se releva alors pour se diriger à son tour vers la porte.
- Pendant que tu lui fais donc “la pieuvre”, j’ai besoin de vérifier quelque chose, je reviens. Merci.
Elle avait effleuré de sa main l’épaule du jeune homme avant de se diriger dans leur chambre à coucher. Elle savait ce qu’elle avait besoin d’y récupérer, l’étrange petit paquet qu’elle y avait vu la veille au soir, le cadeau destiné à Adam. Si elle eut quelques doutes quant à son contenu, elle ne pouvait plus en avoir aucun à présent. Tout avait une certaine logique. Avec douceur, elle l’avait fait tournoyer dans ses mains, caressant du pouce le papier coloré et brillant. C’était l’heure, elle le sentait. Le dernier repas sans doute avant que leur vie ne bascule définitivement. Assise sur le bord du lit, comme elle l’avait fait des années auparavant, dans la boucle temporelle en attendant la mort, elle avait attendu qu’Adam termine avec la petite et l’envoie jouer dans sa chambre. Lorsqu’il était entré dans la pièce, elle avait levé les yeux et lui, un sourire qu’elle voulait détendu et pourtant triste au bord des lèvres.
- Je suppose qu’il est temps que nous ayons une discussion ?
Elle avait posé sa main à plat, à côté d’elle sur le lit, comme pour lui signifier sans violence qu’elle aurait aimé qu’il s’y assoit. Elle avait attendu patiemment qu’il s’installe avant de préciser :
- Nous avons vu la même chose dans ce garage... j’ignore encore le contenu de ton appel mais quelque chose me dit que rien de bon ne nous attends, n’est-ce pas ?
Il avait relevé les yeux vers elle, elle avait pu voir son air grave et lourd de sens. Avec un rire pas plus au qu’un soupire, le sourire toujours aux lèvres, elle lui avait précisé d’une voix douce :
- Ce n’est qu’une simulation, Adam. Rien de tout cela n’est réel. Le cauchemar s’arrêtera bientôt.
Même si elle essayait d’être détachée de la situation, elle comprenait que ce n’était pas si simple. C’était un futur possible, c’était aussi leur présent à ce moment et qu’ils le voulaient ou non, ils se devaient d’agir en conséquence. Avec douceur, elle avait attrapé son poignet avant de retourner sa main et d’y glisser le petit paquet en précisant.
- C’est Noël un peu en avance... j’ignore même si demain existera encore... il vous protégera, tous les deux.
Elle savait déjà ce qu’il y découvrirait. Son fidèle Argus, sous forme de broche. C’était sa façon de lui dire avec douceur qu’elle devait se sacrifier. Non pas parce qu’elle l’avait décidé, mais parce que LEUR futur l’avait décidé pour eux. Et que c’était sans aucun doute la solution la plus logique. Posant les yeux sur le paquet, elle attendit qu’il l’ouvre en silence.
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Cette petite fille devant lui, qui venait de l’éclabousser sous un éclat de rire enfantin, elle avait tout à fait l’air de faire partie de sa réalité. Yseult reconnaissait son visage, s’amusait de sa voix, tendait ses petits bras dans sa direction et réclamait une vie quotidienne qu’Adam n’était pas à même de lui donner. Il n’était pas vraiment son père, lui avait disparu à l’instant où le prince avait pris sa place. Dans ce corps. Dans ses pensées. Dans sa vie auprès des siens, du danger et de l’enfant qu’il avait eu avec la déesse. Il ne pouvait pas lui offrir ce qu’elle réclamait, sans doute la mettait-il même en danger à l’heure actuelle à cause de leurs moments d’insouciance et d’incompréhension. Pourtant Adam ne pouvait se résoudre à agir comme s’il n’était pas concerné : il tentait de faire de son mieux pour paraître crédible, à défaut d’être légitime. Prendre la place d’un parent n’avait absolument rien de facile, il ne faisait pas parti du club et connaissait encore moins les us et coutumes des bambins… Heureusement que Hera était là, elle aussi, pour apporter un équilibre fragile à leur étrange trio.
Ils pataugeaient dans un marécage qui les dépassait, de très loin, tout en cherchant à garder la tête de l’autre. Était-ce égoïste que de vouloir oublier le reste et ne se concentrer que sur cette petite bulle de quiétude que leur offrait la maison ? Adam n’était pas tranquille. Sans doute ne le serait-il plus jamais dorénavant, et les responsabilités qui s’accumulaient autour d’eux ne faisaient qu’accentuer son sentiment de malaise. Il ne comprenait pas grand-chose et, pourtant, son esprit cogitait à toute allure pour trouver des explications et un sens à ce qui les attendait. Comment les tirer d’ici. Comment fonctionner en sachant ce qui risquait de les attendre, par-delà le temps ? Voilà pourquoi il ne fallait pas toucher à la magie et à la chronologie. Toute seconde passée était perdue. Toute seconde à venir était une occasion. Il ne tenait qu’à lui d’en faire une occasion manquée en se laissant dépasser par les évènements.
« Tu crois que le père noël viendra manger les pancakes qu’on lui a préparé ? »
Le blond cligna des yeux, tiré de ses sombres pensées par la voix fluette de la petite fille. Sa fille. Enveloppée dans un drap de bain aux motifs de renards, elle levait vers lui ces mêmes yeux acier qui le caractérisait tant. Indéniablement de son sang. Quelque part, une partie de lui. Similaire sans pouvoir l’être. Penché sur la baignoire à ouvrir le siphon de la baignoire, il secoua sa main pour en chasser l’eau dégoulinante et haussa un sourcil dans la direction d’Yseult.
« On les a mis là pour ça, non ? »
La petite hocha vigoureusement la tête.
« Oui mais sans le verre de lait ! Comment il va faire ? »
« Comment il va faire quoi ? »
« Bah sans lait, il pourra pas aller voir les autres enfants ! »
Adam lui ébouriffa les cheveux avec la sortie de bain, se demandant pourquoi elle s’inquiétait de choses aussi futiles qu’irréelles. Quoique, le père noël existait bel et bien. À Storybrooke. Faisant mine de réfléchir sincèrement à sa question, le prince fini par lui répondre :
« On lui mettra après le repas, sous le sapin. Heureusement que tu penses à tout. »
Elle eut un large sourire et plusieurs hochements de tête plus tard, elle se montrait conciliante à enfiler son… Pyjama (ça devait être ça Oo) en pilou-pilou. Adam lui appuya sur le nez tandis qu’elle l’aidait à ranger les jouets de bain dans l’espèce de filet accroché à côté de la baignoire, ce qui fit glousser Yseult. Il y avait un peu d’eau partout mais… Tant pis, non ? Faisant simplement attention à ce qu’ils ne glissent pas, le prince jeta une serviette sur le sol pour éponger et se retrouva dans le couloir avec la gamine.
Elle le fixait, il la fixa, elle le fixa, il…
« Tu veux aller… Dans ta chambre ? »
Qu’est-ce qu’on disait de faire à une petite fille pour qu’elle se tienne à carreau dans sa chambre sans qu’ils n’aient à avoir les yeux dessus plusieurs minutes ?
« Toute seule ? »
« Oui. »
Yseult eut une moue un peu boudeuse, baissant le menton vers son torse. Adam se mordit la lèvre inférieure. Si elle se mettait à pleurer, c’était perdu, c’était ça ?
« J’aime pas quand je suis toute seule. »
« Je dois parler avec… Maman. On dit que tu peux lire un livre ou jouer à un jeu jusqu’à ce qu’on vienne te chercher pour rester avec toi ? »
Elle parut réfléchir. Il ouvrit la porte de sa chambre et la laissa passer devant lui. Visiblement, la petite avait déjà eu affaire à cette situation où elle devait rester sagement dans sa chambre… C’était à la fois pratique et prodigieusement triste.
« Je peux jouer avec Pascal ? »
Qui c’était ça, Pascal ???
« Avec Pascal ? »
« Pascal le caméléon. Papa, t’oublies à chaque fois ! »
Elle désigna une peluche en forme de caméléon vert, qu’elle attrapa rapidement avec un livre aux couleurs violettes et doré. Elle se pencha sur son tapis et s’agenouilla, ouvrant les premières pages. Un conte pour enfants, Raiponce, de ce que le titre en indiquait… Alors qu’il allait reculer, Yseult releva très vite la tête.
« Vous venez me chercher après ? »
Plus qu’une question, une forme de supplication sous-jacente. Cette famille vivait dans bien plus de secrets qu’ils ne parvenaient déjà à en voir… Adam hocha doucement la tête, main sur la poignée.
« Oui. Et on passera le réveillon de noël tous les trois. »
La petite fille sembla s’en contenter et se mit à parler à la peluche caméléon qui lui tenait compagnie. Si elle savait lire ? Adam n’en avait aucune idée. Mais il ne demanda pas son reste et referma la porte de la petite chambre. Sa voix perçait légèrement de l’autre côté de la porte mais elle disparue rapidement au fil des pas qui l’éloignait, lui, pour rejoindre la chambre principale. Apparaissant à l’orée de la porte, il trouva Victoire assise sur le lit, laquelle l’invita à la rejoindre.
Adam prit place à ses côtés, sentant l’étrange lourdeur de l’air peser sur ses épaules alors qu’elle prenait la parole. Ses yeux fixaient le vague devant lui, ne sachant pas exactement par où commencer. Ou par quoi. Lorsqu’elle évoqua l’appel téléphonique d’Hunter, un peu plus tôt, il reporta son attention vers elle sans prononcer un seul mot. Elle savait. Elle comprenait. C’était étrange comme Victoire arrivait parfois à saisir du sens dans les silences ; Ils ne se connaissaient pas depuis si longtemps mais dans cette galère, ils étaient du même côté. Et plus les minutes s’écoulaient, plus ils se rapprochaient des catastrophes promises par leur arrivée à cette époque.
Ils devaient faire quelque chose. Mais quoi ? Interférer dans les projets de leurs « doubles » futurs risquaient de provoquer leur mort prématurée. Ils étaient parvenus à maintenir l’identité de Victoire secrète au cœur même de ceux censés la chasser… Prendre une décision, agir, ça pouvait leur coûter la vie. Celle de « leur » fille. Adam s’attarda sur ce visage à côté de lui. Elle était une déesse, immortelle. Mais ils avaient trouvé un moyen de tuer certains des siens et, s’ils mettaient la main sur elle, sa mort ne serait aucunement rapide. Ce serait même probablement un exemple de torture et de souffrance au-delà de l’entendement…
Quand ceux qui prêchaient leur Dieu devenaient le Diable…
Adam avait fixé le paquet qu’Hera venait de glisser dans sa paume. Ce n’était pas très lourd pourtant ça semblait peser des tonnes. Ses doigts étaient un peu frais, tranchant avec la chaleur du corps d’Adam, pourtant il ne la chassa nullement. Ce simple contact était devenu un peu plus qu’anodin. Il ne saurait décrire comment mais…
« Ça à l’air si… Réel. »
Commenta le prince, son regard acier posé sur le paquet qu’il ouvrait de gestes lents. Soigneux. Lorsque l’éclat de la broche brilla, le prince reconnu la forme altière d’un paon… Que voulait-elle lui dire avec ceci ? Il était vrai qu’elle avait un paon vivant avec elle dans la cabane des bois mais… ? Les protéger, tous les deux ? Était-ce un objet divin ?
« On dirait Argus. »
Commenta-t-il et, lorsqu’elle lui confirma que c’était bien lui, Adam fit tourner la broche dans sa main. Elle leur confiait son plus précieux volatile ou, plutôt, elle les confiait à sa protection. Qu’est-ce qu’il était ? Une espèce de bouclier lui aussi ? Un animal voué à la protéger ? Pourquoi dans ce cas le détourner de sa fonction première pour… Yseult, évidemment. Elle et lui étaient des humains, bien qu’elle soit issue d’une déesse. Cela la rendait-il à moitié divine ? Adam réalisa qu’il ne connaissait pas grand-chose aux divinités de sa ville. Dans tous les cas, elle était plus fragile que sa mère ; surtout en étant encore une enfant. Et lui ? Lui… Mortel. Vieillissant. Toujours moins efficace qu’une puissance venue des cieux, cela allait sans dire.
La Victoire de ce futur avait-elle voulu leur signifier qu’ils ne seraient pas assez forts ? Non, ça semblait stupide. Prendre la réflexion à l’envers. Ce n’était pas pour les blesser qu’elle avait choisi cet objet, mais bien pour leur assurer davantage de chances de survie. Vivre. Eux. Avec la voiture. Avec les vivres. Avec ce qu’il fallait pour se battre…
Sans elle.
« Si tout ceci est un cauchemar, comment se fait-il qu’on ressente chaque moment comme si c’était le dernier ? Comment peut-on ne serait-ce qu’imaginer que notre… Qu’Yseult n’existe pas ? Est-ce que c’est une invention de nos esprits ou bien ce futur est-il celui qui nous attend ? »
Elle était une déesse, peut-être qu’elle connaissait un peu mieux ces histoires de temporalité. Qui était exactement Elliot ? Et le maire ? Avaient-ils fait exprès de les expédier dans ce noël apocalyptique ? y’avait-il une leçon à en tirer ? Ou plusieurs ?
Adam chercha le regard de Victoire. Elle avait toujours cette flamme fière au fond des yeux, pourtant les rouages de réflexion se dessinaient derrière ses prunelles. Elle non plus n’avait pas toutes les réponses. La broche sembla le brûler dans sa main mais il tint bon. La redressant même un peu vers lui.
« Ce cadeau… Ça a dû te coûter énormément. »
A elle comme au double de cette réalité alternative.
« Merci. »
Nouveau silence.
« Est-ce que tu as compris comme moi ? »
Demanda le prince, sa main libre venant se poser sur le poignet de la jeune femme. Du pouce, il caressa la peau tendre à l’intérieur. Juste sous la paume. Juste à cet endroit si discret.
« Nous… Ils avaient choisi. Sans doute qu’ils voulaient mourir tous les deux mais que ses chances de survie à elle étaient indéniablement plus élevées. Peut-être qu’ils croyaient à une solution miracle ? Ou bien espéraient-ils que son sacrifice mettrait un terme à cette guerre ? Ou alors… »
Jamais ils n’auraient les réponses. Adam le sentait.
« J’ignore ce qu’il va se passer. Je sais uniquement que la quasi-totalité des chasseurs seront réunis cette nuit au QG pour préparer un assaut final. Et quelque chose me dit que c’est exactement le moment qu’ils attendaient pour agir… »
Son regard polaire glissa le long de son bras et remonta vers le visage de la femme qu’il avait suivi jusqu’ici. Tout ça pour une histoire de café.
« J’ai ouvert le cadeau qu’il avait prévu pour sa Victoire. »
Lorsqu’il avait récupéré l’appel de Hunter, ses doigts avaient machinalement attrapé le petit paquet et il l’avait déchiré. Au pire des cas, il lui aurait suffi de le scotcher à nouveau. Dans le meilleur, il trouvait quelque chose d’utile. Et ça avait été très utile, surtout lié à un certain plan sur l’ordinateur du bureau et à des informations annotées aux côtés de ce plan.
Relâchant le poignet de la déesse, il fouilla dans la poche de son treillis et en extirpa un badge semi transparent terminé par une corde sombre. Il le fit bouger un peu entre eux avant de le lui confier.
« Désolé, il n’y a pas de paquets pour le coup mais… Ce badge permet d’accéder à la base et d’ouvrir tout particulièrement une porte située au niveau deux. Je me suis demandé pourquoi est-ce qu’il lui offrirait le moyen d’entrer à l’intérieur alors qu’elle y était la bienvenue, sans pour autant être considérée comme une membre de leur bras armé. Alors j’ai tapé le code qui se trouve juste-là. »
Une suite de chiffre facile à apercevoir dans la partie noire qu’il tapota de l’index.
« Est-ce que tu as déjà entendu parler « d’armes titanesques » ? En particulier, d’un marteau ? »
Lui n’avait jamais effleuré ce terme de sa vie. Au regard d’Hera, Adam compris qu’elle, elle savait de quoi il retournait.
« Je crois que dans tout ce bazar, le Adam de ce futur a mis la main sur une arme qui pouvait aider sa femme, ou d’autres dieux, à mettre un terme à cette guerre. »
Si elle partait au front, elle n’irait pas sans rien pour l’accompagner et la protéger. Elle possédait déjà une espèce de bouclier qui la dissimulait aux yeux de tous… Les dieux seuls savaient ce qui avait encore été inventé par eux ou d’autres espèces divines.
Et même s’il commençait à saisir le sens et l’espoir que cela pouvait représenter, il restait ce sentiment amer que… Ce n’était pas leur guerre. Pas à eux. Pas à ceux venus d’un Storybrooke en 2020. Adam poussa un soupir lourd de sens, observant toujours la déesse.
« Tu dis que cette simulation s’arrêtera bientôt… Tu penses qu’elle se clôturera avant que les choses ne deviennent définitives ? »
Il ne voulait pas mourir ici. Il ne voulait pas que Victoire y laisse sa peau non plus. Et il ne voulait pas voir la peur dans les yeux de cette petite fille qu’ils avaient conçus et qu’ils aimaient, indéniablement. Il ne voulait pas de cette réalité.
Alors s’il existait une porte de sortie… Il était preneur. Et vite.