C’était une journée de mai ordinaire. Le ciel était gris et les températures hautes me faisaient vivre un enfer, même assis à mon bureau. Effectivement, j'avais une chevalière magique me permettant de ne pas mourir au soleil, mais ma peau restait extrêmement sensible. Afin de me protéger un peu, durant les saisons chaudes, je préférais fermer les rideaux. Il faisait sombre dans la pièce et seule la lampe près de moi été allumé. Je n'en avais pas réellement besoin puisque je voyais très bien dans le noir, mais les humains auraient trouvé cela étrange. Donc, il fallait que je joue le jeu. Pour survivre en tant que vampire, il fallait être un bon acteur et réussir à s'adapter à son public. On devait se souvenir des limites du corps humain et les prendre en compte. Il fallait aussi comprendre les nouvelles technologies. Mon incapacité à me débrouiller avec l'internet était encore crédible en 2021 vu l'âge de ma mort, mais d'ici quarante ans, quelqu'un n’ayant du mal à utiliser un ordinateur serait quelque peu suspect. Je devais aussi cacher mes intentions, mes projets, tout ce qui entourait ma réelle identité. Personne ne voudrait avoir le grand Dracula Tepes comme le directeur d'un établissement scolaire ni un membre de la mafia et le propriétaire d'un futur hôtel. S'ils savaient quel danger rôdait dans leur ville, les habitants de Storybrook se seraient assurés de me faire disparaitre. Très peu de personnes connaissaient mon secret. Les "vilains" le savaient, bien sûr, mais ceux qui se trouvaient du bon côté n'étaient pas nombreux à connaitre mon passé. Seules une jeune femme se nommant Violette Parr et une autre dont le visage ne quittait plus mes pensées, Honey Lemon, savaient réellement qui j'étais. L'une étant déménagée, il ne me restait qu'une seule réelle alliée. Elle me connaissait, elle savait que j'étais un vampire et le plus grand d'entre eux. Pourtant, elle ne me craignait pas. Je ne sais pas si je méritais réellement sa présence dans ma vie, mais j'étais reconnaissant de la connaitre. Pour ce qui en est de l'autre jeune femme... Disons tout simplement que c'était une entente plutôt complexe entre nous. Elle avait accepté de me donner un peu de son sang en échange d'un service. Depuis qu'elle a quitté la ville, je n'avais plus personne pour la remplacer et je devais me contenter de sang en sac! C'était une alternative pratique, mais ce n'était pas aussi bon que boire du sang frais. Les humains pourraient comparer cela à devoir manger des restes réchauffés plutôt qu'un repas fraichement produit. On n'y prend aucun plaisir, même si les mortels semblent trouver aberrant que je puisse trouver du plaisir à boire du sang. Ainsi, être un vampire n'était pas simple, mais parfois le destin peut apporter un petit coup de pouce.

C'était l'après-midi quand on frappa à ma porte. La vieille chouette qui me servait de secrétaire passa sa tête crise au travers la porte, me regardant au-dessus ses vieilles lunettes noires.

- Mais monsieur? Que faites-vous dans le noir? Ouvrez-vous rideaux! Il fait si beau dehors!
- Non, merci miss Perwett. Je préfère rester ainsi. Que me voulez-vous?
- Et bien, il y a cette enfant qui a été envoyée ici par son professeur. Il semblerait qu'elle ait fait quelque chose. Une nouvelle fois! Ce n'est pas sa première fois ici, monsieur, l'ancien directeur la recevait souvent à son bureau! Je vous conseillerais de la renvoyer immédiatement de l'établissement! C'est un très mauvais exemple pour nos jeunes!
- Merci, mais laissez-moi juger de cela par moi-même. Faites-là entrer...

Bien sûr, la jeune femme le fit et arriva l'étudiante. La secrétaire rentra pour me donner la note du professeur et je la lus rapidement pendant qu'elle refermait la porte dernière elle.

- Et bien, bonjour... mademoiselle Nicols, c'est bien cela? Vous voudriez bien m'expliquer ce que vous avez fait pour arriver ici? Bien sûr, en détail.

Je reposais la feuille sur mon bureau et je croisais les doigts. Je lui lançais un regard quelque peu amusé. C'était bien la première fois que je recevais une perturbatrice dans mon bureau.

Le directeur de l'Université avait changé. Non, Robin n'était pas plus que cela inquiétée par le fait de devoir encore rencontrer le directeur. Apparemment, elle avait fait mieux que la fois où elle avait déclarée que sa spécialité était le meurtre. Peut-être qu'expliquer à toute une promotion d'étudiants comment mieux cacher un cadavre n'était pas une bonne idée. Aussi, elle attendit patiemment son tour sur une chaise près du bureau du directeur. Le soleil était magnifique, aussi fut-elle étonnée de voir la pièce relativement sombre à cause de rideaux très épais. La jeune archéologue avait l'impression d'être de nouveau à Thriller Bark, dans l'antre de Gecko Moria. Elle ne se doutait pas une seule seconde que ce pressentiment avait un fond de vérité. Bien qu'elle se disait qu'elle préférait mille fois affronter de nouveau le Grand Corsaire plutôt que d'affronter Bartholomew Kuma.

L'annonce de la secrétaire ne la fit même pas soupirer. Elle avait l'habitude des commentaires désobligeant de sa part, et ne voyait pas en quoi elle était censée être un exemple pour les jeunes. Robin fit son entrée, constatant que le bureau était encore plus sombre. Il y avait réellement quelque chose de suspect dans tout ça, mais soit. Elle attendait poliment que le directeur lise la note et commence son sermon. A sa grande surprise, il lui demanda sa version de l'histoire :

"C'est assez simple. Je suis, comme vous le savez peut-être, une membre de l'équipe universitaire du département d'archéologie. Je donne ainsi divers cours sur les civilisations en Amérique du Sud. Le hasard a voulu que nous abordions le cas récent du meurtre du professeur Stephen Queen, qui a été retrouvé sur un site archéologique à ma charge. J'ai alors simplement donné quelques idées sur les meilleures manières de se débarrasser d'un cadavre."

La jeune archéologue continuait de sourire malgré le côté gênant de sa dernière phrase.