Rufus avait toujours considéré Robin en égal et en camarade. Certes, il était son capitaine, il était celui qui avait le dernier mot dans leur monde. Mais depuis qu'ils étaient des résidents de Storybrook, il n'avait jamais fait attention que Robin assumait parfois un rôle de figure maternelle. Ou de gardienne. Il n'avait jamais cherché à poser des mots sur leur relation. Ca ne l'intéressait pas et qu'est-ce que des mots changeraient pour lui ? Il existait nombre de personne qui ne jurait que par l'intitulé d'une relation, qui manipulait leur comportement en fonction de ce que le titre de la relation indiquait. Une soeur, une mère, une amie, une camarade... Ca ne changeait rien pour Rufus. Robin était Robin. Elle était liée à lui au delà des mots. La vie de Rufus était entrelacée à celle de Robin, par un lien profond qu'on trouvait au sein d'un équipage.

Rufus était d'une nature assez inconsciente et lunaire. Sa notion de sérieux et responsabilité était franchement discutable et il avait la plupart du temps du mal à se figurer qu'une personne ait besoin de se concentrer sur quelque chose dans le calme. C'était une chose qui le rendait impatient. Il tentait, lorsque Robin travaillait et qu'il monopolisait - imposait - sa présence à l'archéologue de résister à l'appel de l'aventure et de la laisser faire son travail convenablement. La plupart du temps, au bout de plusieurs veines minutes à la regarder quasiment sans bouger, il finissait par battre des pieds dans le vide, faire le tour du bureau... puis se mettre à parler.

Et pour les jours de chance, il s'endormait brutalement sur le canapé.

C'était le cas aujourd'hui. Il avait emmené avec lui une petite boite de huit pillons de poulets d'un foodtruck qui le connaissait par cœur. Bien évidemment, il n'en avait proposé aucun à Robin, moins par politesse que par gourmandise. Rufus ne partageait que très rarement sa nourriture. D'autant plus quand Robin n'avait pas donné l'impression d'avoir faim. Alors il les avait entamé, sans prendre la peine de lui demander. Il lui avait raconté des histoires de combat de scarabée qu'il avait vu sur internet qui n'intéressait probablement que lui et en se couchant sur le canapé en regardant le plafond, il s'était endormi. D'un coup, brutal. Ca lui arrivait tout les jours, plusieurs fois. Il ne s'en était jamais inquiété, ça avait toujours été comme ça. A Storybrook ou dans son monde, Rufus s'endormait toujours partout. De fatigue, après la fin et parfois sans raison, il sentait que son corps ne le supportait plus. Il n'était pas sur que ce soit juste un trait importé de son conte... Les séquelles de la mort de Ace, peut-être... Son corps abimé par le gear second, surtout. Ou une autre pathologie qu'il n'avait jamais cru bon de déceler. Parce qu'il s'en fichait. Il plaisantait sur cette anomalie du sommeil. De toute façon, les porteurs du D mourrait avec le sourire... non ?

Endormis, il fait des rêves sans fonds, d'abord. Il rêve d'horizon nouveau, de tout l'équipage. Zoro était toujours le plus fort. Même en rêve, Zoro était impressionnant. " Woaaaah... " grogne t-il endormi, avant de glousser en rêve et se tourner dans le canapé, la main frottant le sol. Mais son rêve se charge d'une brume violette dont il se souvient vaguement. Celle de la malédiction. Il fronce les sourcils en dormant, se contracte. Il sait ce qui arrive... Ace entre lui et Sakazuki.

- Ace !!!

Rufus se réveille brutalement, à bout de souffle. Ses cheveux lui retombe sur le front, humide. Il déglutit, le regard se déplaçant le parquet, en revenant à la réalité. Puis sur Robin. Il l'observe, fixement, longtemps. Il se souvient de Sabaody. Alors il sourit. Un sourire rassurant. Un sourire qui signifie à la fois " Tu es là. " et " je suis là. " Il ne dit rien, porte sa main à son front pour essayer d'écarter ses cheveux quand il se rend compte que c'est un os de poulet qui tape sur son front plutôt que sa main. " Oh... "

Il fronce les sourcils. Un peu déçue de constater qu'il avait finit son poulet, mais surtout pour s'être tapé le front avec un os. Il remet l'os dans la boite, mais glisse du canapé pour rejoindre Robin à son bureau. Il met sa boite dans la poubelle et s'étire en baillant :

- T'es toujours entrain de lire, ça te donne pas mal à la tête, à la longue ? Puis il regarde ses mains, avant de les essuyer sur son pantalon en haussant une épaule. Ca se lavait, non ? Et puis tu vois pas le soleil ! Tu vas finir comme une petite plante qu'on pose à l'ombre, Robin !

Il sourit, avec innocence. Il forçait sur sa bonne humeur, pour donner l'apparence que tout allait bien. Il se penche sur le bureau, puis écarte délicatement le nez du livre de Robin en la regardant dans les yeux.

- De toute façon, c'est bientôt l'heure d'un second repas... Tu me laisserais pas y aller seul, quand même ! dit-il d'un air entendu en haussant les sourcils, ne m'oblige pas à t'en donner l'ordre, Nico Robin !

De sa carrière de capitaine, il ne se souvenait pas avoir donner réellement d'ordre à son équipage. Les choses se faisaient naturellement, sur une entente silencieuse ou simplement une parfaite symbiose..