De bon matin (ou presque), Timothy poussa la porte de sa crêperie préférée. Il salua les serveurs d’un signe de main et d’un sourire amical, et vint prendre place dans un coin. Téléphone en main, l’asiatique passait entre les différentes conversations avec ses amis, sans savoir à qui il pourrait envoyer un petit message pour passer la journée. Canigou était, cette fois-ci, resté bien sagement à l’appartement, avec ses colocataires, pour leur tenir compagnie. Moignon ne pouvait pas traîner le berger allemand partout avec lui, tous les jours ! Il devait, parfois, lui ordonner de ne pas bouger de la maison. Surtout que Timmy n’avait pas prévu de rentrer avant la nuit et qu’il commençait à faire chaud, dehors.

Il hésita à envoyer un selfie à sa sœur ou à Hazel… voire à Bran, pour se vanter d’être à la crêperie et de s’en mettre plein la panse pendant qu’ils étaient occupés ailleurs, les ingrats. Aucun de ses amis n’était disponible et ce n’était vraiment pas juste ! Timothy commençait à croire qu’il aurait mieux fait de rester dans sa chambre, à jouer à la console, sans profiter du beau temps dehors. C’était ce que l’on attendait d’un geek, de toute façon. Alors pourquoi avait-il voulu sortir ? Un besoin, comme ça, de prendre l’air, de profiter du monde. Moignon avait, après tout, passé sa précédente vie à l’air libre, sans toit ni mur, rien que la verdure du Pays Trop Mignon.

Puisqu’il était là pour manger et noyer son chagrin dans la nourriture (ou quelque chose comme ça), Timothy posa son téléphone et se concentra, plutôt, sur la carte. Généralement, il commandait la plus grosse crêpe possible, avec un maximum de crème fouettée. Il était le plus heureux des hommes s’il pouvait y avoir quelque chose à base de noisette, à l’intérieur, à défaut d’avoir des noisettes entières ! Pour le coup, il se contenta de commander une crêpe pleine de pâte à tartiner, ainsi qu’une deuxième remplie au maximum de divers ingrédients.

Commande passée, il reprit son téléphone et lança un jeu-vidéo, un sourire aux lèvres, mais ses yeux noirs ne cessaient de se lever de l’écran pour chercher, dans la salle, une tête connue à embêter. Parfois, Moignon avait besoin de compagnie et s’incrustait dans la vie des autres, pour ne pas passer le reste de la journée tout seul. Sauf qu’il ne reconnut aucun client, du peu qu’il y en avait dans la crêperie à cette heure, et soupira un grand coup. Dire que d’habitude, il pouvait au moins embêter Jules ! Mais il eut beau lorgner du côté des serveurs et serveuses, il ne crut pas reconnaître celle qui avait l’habitude de le voir traîner dans le coin.

Le monde était contre lui, visiblement.
Trop abusé.