« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Liliann navigue dans une brume intense, comme un nuage compact, opaque, qui écrase sa poitrine et embrouille sa vision. Elle est à la fois ici et ailleurs, partout et nulle part, perdue entre la réalité et l’illusion, le passé et le présent. Parfois, elle ne sait plus. Elle fixe ses yeux noirs sur ce qui se présente à elle sans arriver à deviner ce qu’elle doit voir. Elle se persuade que, si elle le voit lui, debout au milieu du salon, une main traînant sur le grand piano, il n’est pas vraiment ici, qu’il ne peut pas être ici. Elle ne veut pas savoir s’il s’agit de la vérité. Il ne peut pas. Point. Retour à la ligne. Commençons une nouvelle vie, un paragraphe sans lui.
Un courant d’air fait claquer une porte et Lili ouvre les yeux sur le piano noir. Elle inspire cet air de renfermé dont elle essaie de se débarrasser en recrachant tout dans un filet sifflant entre ses lèvres entrouvertes. Ses doigts effleurent les touches blanches, les touches noires. Elle n’appuie pas sur le clavier. Elle se contente de caresser le vernis, de se souvenir de la sensation, sous ses doigts, d’imaginer le son qui sort du grand piano. À nouveau, un courant d’air, comme un souffle qui passe dans sa nuque et lui fait, malgré elle, baisser la tête. Elle sait qu’il n’est pas là, qu’elle doit s’extirper des souvenirs et reprendre sa vie.
Lili soupire.
L’illusion explose avec une sonnerie. La brune s’empare de son téléphone et regarde le réveil qui s’affiche à l’écran. Elle éteint le rappel et se lève, repoussant le siège du piano pour se frayer un passage dans la grande maison et sortir de ce labyrinthe. Lili n’a aucun fil rouge à suivre pour trouver son chemin, entre les souvenirs de sa vie ici et les restes de la bâtisse abandonnée. Elle se perd, un instant, dans l’image vivace d’une main qui se tend vers elle. De longs doigts fins qui ouvrent la porte d’entrée et lui dit de se dépêcher. Tu vas être en retard pour ta leçon. La voix sort de nulle part et Liliann frissonne, perturbée par la douceur d’une époque qui n’a, au final, jamais existée.
L’air frais, dehors, l’arrache aux faux souvenirs qui se fraient, sans cesse, un passage jusque dans sa réalité. Peau d’âne rabat la capuche poilue, sur son front, et enfonce les mains dans les poches. Elle a rendez-vous, aujourd’hui, elle ne doit pas traîner.
Le manoir se dresse devant elle, imposant. Liliann lève ses yeux noirs jusqu’au toit, redescend sur la porte d’entrée. Elle jette un nouveau coup d’œil à l’adresse, sur son téléphone. Elle ne s’est pas trompée. La brune cligne plusieurs fois des yeux et vient se présenter, avant d’attendre, dans un coin pour ne pas gêner, que son rendez-vous vienne la chercher.
Lili ne joue plus depuis 2012, cette année où des petits doigts potelés ont quitté les siens à tout jamais. Pourtant, aujourd’hui, elle attend une élève, pour lui apprendre à jouer. Elle ne l’aurait pas fait pour n’importe qui. Liliann a, encore, trop de mal à poser les doigts sur un piano pour accepter l’invitation du premier venu. Néanmoins, cette élève n’est pas la première venue. La brune garde, de cette élève, un souvenir clair, précis, d’une époque maudite pendant laquelle elle a, déjà, essayé de lui apprendre à jouer. Les choses ne se sont pas finies de la meilleure manière. Lili n’a jamais su pourquoi la jeune s’en est prise à son piano, mais elle ne lui en veut pas. Elle devine, derrière le geste, une sorte de besoin, presque vital, de s’en prendre à elle ou à ce qu’elle possède. Par maladresse, jalousie, désespoir, peu importe au final, le résultat est le même : Liliann est là et elle n’a pas peur de ce qui arrivera.
Si ça peut aider la jeune femme, Lili s’en fiche de devenir son souffre-douleur. Alors, elle attend.
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Ce matin, je m'étais réveillée dans la Crazy House, la colocation regroupant ceux qui viennent du pays des merveilles. Je n'y restais que rarement, préférant la tranquillité que m'offrait mon véritable chez moi. En particulier depuis que j'essayais d'éviter Thomas le plus possible. Fort heureusement, il avait un appartement à lui, évitant qu'il soit tout le temps au manoir. Il fallait quand même avouer que le manoir était très confortable et était assez grand pour qu'on y soit tranquille sans que personne ne vienne gêner. Contrairement à ma maison, le manoir avait un grand piano à queue à l'intérieur et que peu de monde utilisait. Et j'en aurais besoin pour la leçon que je devais prendre aujourd'hui.
En effet, j'avais décidé de reprendre un peu le piano. Dans mes souvenirs, je jouais du piano. Encore un loisir dans lequel j'avais voulu exceller. Mais, comme toujours, je n'avais pas réussi. J'avais rencontrée une grande pianiste : Liliann. J'avais déjà pris des cours avec elle, à l'époque. J'avais entendue parler d'elle et m'étais dis que les cours étaient le meilleur moyen pour comprendre pourquoi elle était meilleure que moi. Et, comme disait l'adage, l’élève dépasse toujours le maître. En voyant que ça ne marchait pas spécialement, et étant très peu patiente, j'avais cassée son piano dans un moment de furie. Bizarrement, Liliann ne s'était pas énervée, chose qui me mit dans une furie folle. Je détestais celles qui se faisaient passer pour des petites filles parfaites à ne jamais s’énerver. J'avais cassée son piano quand même !
Enfin... J'avais remarquée qu'elle vivait à Storybrooke, maintenant. Il était donc grand temps que je prenne ma revanche. J'avais réussi à la contacter, ne sachant pas si elle se rappelait ou non de moi. Elle n'avait fait aucune remarque sur notre rencontre passée mais avait acceptée de me donner des cours. Parfait. Le piège était en place. Je lui avais donc donnée rendez-vous à la Crazy House, raison pour laquelle j'y avais dormi. Je m'étais préparée rapidement ce matin, attendant l'arrivée de la professeure de piano. J'avais fais un peu de ménage la veille, parce que peu importe qui était l'invité, je n'invitais personne dans un lieu sale. Je regardais tranquillement un divertissement qui passait à la télévision, puisque je n'avais pas grand chose de mieux à faire en attendant, quand j'entendis la sonnette. La voila. Je la fis poireauter quelques minutes, elle le méritait bien et partit la chercher.
Je regardais par la fenêtre et la vit en train d'attendre près du portail. Je l'ouvris grâce à la commande à distance et lui dit dans le micro qu'elle pouvait entrer. Puis, j'ouvris la porte et lui fit signe de me rejoindre. Je ne savais pas si je devais faire comme si je me rappelais d'elle ou non, mais ce serait trop risqué de faire comme si on ne s'était pas rencontrées. Une fois à ma hauteur, je la salua poliment.
-Bonjour, Liliann. Comment allez-vous ? Vous avez pu trouver facilement ? dis-je, avant de reprendre presque directement, ne souhaitant pas entendre sa réponse. Je suis vraiment ravie de vous revoir, et de pouvoir reprendre des cours avec vous. J'ai un bon souvenir de ceux qu'on avait déjà pris ensemble, il y a déjà quelques années, c'était pour le moins... éducatif.
Je lui fis signe de me suivre pour l'emmener jusqu'au piano. Je ne savais pas encore comment j'allais me venger, agissant plutôt comme les choses venaient, mais je savais déjà que je ne pouvais pas détruire le piano comme la dernière puisque celui-ci appartenait au manoir, et non pas à Liliann. Je n'aimais pas spécialement faire du mal physiquement aux autres, préférant largement la torture mentale mais si c'était la seule chose que je pourrais faire, je n'hésiterais pas une seule seconde. On passa dans plusieurs pièces, toutes plus grandes les unes que les autres, pour enfin arriver dans la salle de danse, qui contenait le piano. Cette salle me rappelait des mauvais souvenirs, et avait tendance à me rendre beaucoup plus énervée que je ne l'étais déjà. Pas spécialement à cause de la pièce en elle-même mais ce qu'elle représentait. Je ne pouvais plus danser, quelque chose que j'aimais passionnément depuis mon accident. Mais, je n'avais pas la force de changer le piano de place. Autant physiquement que mentalement.
Comme souvent dans sa vie. Elle attend, dans un coin, que le temps passe sur elle et l’emporte au loin. Elle est coincée dans son propre rythme et n’arrive pas à suivre celui du monde. Elle ne cherche même pas à le suivre, en vérité. Le temps qu’elle prenne une inspiration, recrache le tout dans un souffle discret, le monde pourrait bien être à feu et à sang. Elle, elle serait toujours là, comme une statue de cire, à attendre que le soleil brille si fort, sur sa peau hâlée, qu’elle finira par fondre, couler, ne plus exister.
Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples. La brune a beau lever la tête, laisser les rayons du soleil tenter de réchauffer sa joue, ils ne la brûlent jamais. Elle reste faite de chair et de sang, vivante. Alors, elle se réfugie sous sa capuche touffue, se love dans l’obscurité du gros manteau et attend. C’est ce qu’elle fait le mieux, attendre. Ce qu’elle a toujours su faire à la perfection, en restant immobile, comme en pause, presque morte. Elle attend que le monde la force à reprendre un rythme qui n’est pas le sien.
Devant elle, le portail s’ouvre soudain.
Lili lève les yeux sur l’ouverture automatisée de l’entrée. Dans l’interphone, une voix, légèrement déformée par le système électronique, l’autorise à entrer. La brune incline la tête en remerciement et se faufile dans l’ouverture, jusqu’à la porte d’entrée. Attendre au pied du portail ne l’a pas dérangée. Une heure aurait pu se passer qu’elle ne s’en fait pas. Alors, quand Dinah passe la porte pour lui faire signe de la rejoindre, Liliann se contente de faire ce qu’on lui demande, sans se plaindre, sans rien ajouter de plus.
Une fois à sa hauteur, la brune fait glisser sa capuche, sur ses cheveux noirs, et regarde sa nouvelle élève. Elle voit, dans ses traits, les souvenirs d’une époque lointaine, d’une jeune femme qui pose les doigts sur le piano, essaie de suivre ce que lui dicte sa professeure. Lili se souvient de tout, comme si elle vivait l’instant, maintenant, alors que les souvenirs ont, déjà, plusieurs années. Elle se souvient, aussi, du beau piano que la belle blonde a cassé, dans un geste incompréhensible pour la Princesse. Elle ne sait pas ce qu’elle a fait, ce qui a poussé son élève à s’en prendre à son instrument. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle ne lui en veut pas. Même maintenant que la malédiction a été brisée. Elle en a vu d’autres, Peau d’âne.
« Bonjour, Dinah, répond-elle, avec un petit sourire. »
Lili ne répond pas à la suite. Elle sent que les questions n’attendent pas de réponse et se contente d’écouter ce que la blonde a à dire. Les mots sonnent faux et sont, pourtant, choisis avec soin. Personne ne pourrait jurer que Dinah mentait. Liliann, elle, ne le fera pas, en tout cas. Elle se fiche de savoir qu’on lui mente ou pas. Elle prend les mots comme ils lui sont donnés, sourit un peu, pour être polie, et emboîte le pas de son élève.
Elles traversent, en silence, quelques salles, toutes plus grandes les unes que les autres. Liliann pose, sur chacune d’elle, un regard indifférent, qui glisse sur les murs, les meubles, les objets. Elle est habituée au luxe, la Princesse, et ne s’impressionne pas de celui qui règne ici. Elle a compris, depuis longtemps, que les habitants de Storybrooke ne sont pas tous différents de ce qu’elle a, elle-même, autrefois été. Vivre dans un château, en revanche, n’est pas une chose qui plairait, aujourd’hui, à Lili. Elle préfère, de loin, le garage de Maru. Même s’il s’agit, là, d’une chose qu’elle n’avouera pas à Ben.
La salle de danse semble immense. Liliann découvre les murs, le plafond, le sol. Elle a, déjà, retenu le chemin de la porte d’entrée à cette salle-là et saurait, sans le moindre doute, sortir du manoir d’elle-même, sans l’aide son élève. Pour l’heure, il n’est pas question de partir. Lili centre son attention sur le piano à queue, à mesure qu’elles s’en approchent. Les mots de Dinah passent sur la professeure, sans la toucher vraiment. Elle passe un doigt sur la marque de l’instrument, incrustée dans son vernis, et relève ses yeux noirs sur la blonde.
« C’est un bon piano, dit-elle, en appuyant sur quelques touches. Accordé. Prends place. (Elle désigne le siège du piano.) Où veux-tu reprendre les leçons ? Depuis les bases ou là où nous en étions restées ? »
Liliann se décale sur le côté du piano pour laisser à Dinah la place de s’asseoir sur le siège. Ses doigts traînent sur le haut du piano et son regard dérive sur les cordes, offertes à la vue de tous. Elle aime voir les mécanismes s’activer, les cordes bouger à l’instant où les touches sont enfoncées. Néanmoins, son attention n’en est pas moins dirigée sur son élève et la question qu’elle se doit de poser, en plantant, à nouveau, ses yeux noirs dans ceux de Dinah.
« Veux-tu vraiment apprendre à jouer ? »
La question est posée dans un souffle, sans aucun jugement dans la voix. Lili sait ce que ça fait, d’apprendre une chose que l’on ne veut pas vraiment apprendre, pour des principes qui nous dépassent ou des envies qui ne devraient pas exister. La dernière fois, Dinah a cassé un piano. Si, cette fois-ci, Liliann doute que la colère de la jeune femme s’oriente vers un si bel instrument, elle ne peut, néanmoins, pas s’empêcher de s’inquiéter des véritables envies de l’élève. Après tout, il ne sert à rien de forcer quelqu’un à apprendre quelque chose qui ne l’intéresse pas le moins du monde.
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C'est un bon piano. Bien sûr que c'en était un. Bien mieux que celui que j'avais cassé. En vérité, je n'y connaissais rien en piano, mais le mien était forcément meilleur que le sien. Il n'y avait aucun débat. Elle appuya sur quelques touches, pour vérifier qu'il était accordé. Bien sûr qu'il l'était. Pour qui me prenait-elle ? Je n'étais pas une débutante. Je savais très bien reconnaître un piano accordée d'un paino désaccordée. Et je savais faire la vérification toute seule, je n'avais pas besoin d'une "professeure" pour le faire. Dans ce cas, je ne l'avais pas faite, bien sûr, j'avais mieux à faire, donc l'exemple était mal choisi. Mais ça, elle n'avait pas à le savoir. Elle m'ordonna de m'asseoir en désignant le siège. Je ne recevais d'ordres de personne. Et encore moins d'elle. Je prendrais lace si j'en avais envie. Je croisais alors les bras, comme une enfant capricieuse. Elle n'eut pas l'air d'y faire attention. Face à ce manque d'attention, je me résignais. Après tout, je l'avais appelée pour prendre des cours. Et pour la détruire, certes, mais à la base, sa venue était due à une demande de cours.
Je finis donc par m'asseoir à ses côtés. Elle me demanda où je voulais en reprendre. Depuis le début ou depuis la dernière leçon qu'on avait fait ensemble. Elle se rappelait donc de moi. Pourquoi avait-elle acceptée de venir alors ? Si elle se souvenait que j'étais la personne qui avait cassée son piano, pourquoi accepter de me revoir, encore plus pour me donner un cours. Tout cela n'avait aucun sens. Liliann cachait sûrement quelque chose derrière sa nature passive. Peut-être avait-elle décidée de se venger de moi et agissait comme une parfaite petite innocente alors qu'elle attendait seulement le bon moment pour me poignarder dans le dos ? J'y croyais difficilement. Liliann n'avait pas l'air d'être le genre de personne à faire cela. Sa nature passive semblait être sa vraie nature, aussi triste que cela puisse paraître. Mais, je devais tout de même me méfier.
-Reprendre depuis le début ? J'ai l'air d'être une débutante ? Bien sûr, j'aimerais effacer ce qui s'est fait par le passé, mais reprendre les leçons depuis le début ne semble pas être le meilleur moyen pour ça, non ?
Je n'attendais pas de réponse de sa part. De toute façon, elle haussera juste les épaules et fera ce que je lui dirais de faire. Vraiment intéressante cette personne. Ce que j'avais dis était bien sûr un énorme mensonge, je n'avais aucune envie d'effacer ce qui s'était passée. J'étais fière d'avoir détruit le piano de cette pianiste qui pensait être meilleure que moi. Mais il fallait faire croire que j'avais tournée la page, que je l'avais fais venir ici pour m'excuser. Il fallait qu'elle baisse sa garde. C'était essentiel. Je la vis regarder les cordes avec attention avant de reposer les yeux sur moi. Elle me demanda, sur un ton qui était loin d'être celui du jugement, si je voulais vraiment apprendre à jouer. C'était le moment. Le moment de présenter mes fausses excuses. je devais tout donner. Je baissais la tête, comme une si j'étais faible et honteuse pour fixer les touches du piano avant de lui répondre.
-J'aime le piano mais... non, en effet, ce n'est pas pour ça que je vous ai fais venir. J'ai vraiment honte de ce que j'ai fais la dernière fois que nos chemins se sont croisés. Je voulais vous présenter mes excuses...
Oh mon dieu, j'étais si mielleuse. J'avais envie de me secouer. Heureusement que ce n'était qu'un rôle. Mon but était de lui faire baisser sa garde et, au moment où elle s'y attendrait le moins, je frapperais. Je ne savais pas encore comment, mais la patience était une vertu non ? Je la poussais du siège, de plusieurs coups de fesses pour prendre tout le siège pour moi. Avais-je besoin d'un cours de piano ? J'allais lui prouver que non. Je n'avais pas touchée un piano depuis un certain moment, mais je connaissais une musique par cœur, pour l'avoir jouée en continu à une certaine époque. Imagine de John Lenon. Je posais mes mains sur les touches. Avant de commencer, je jetais un coup d’œil à Liliann.
-Regarde. J'appelle pas ça avoir besoin de cours.
Je me retournais en faisant claquer mes cheveux en arrière et commença à jouer. Plus j'avançais dans la chanson, et plus les souvenirs remontaient. Au bout de quelques minutes, j'appuyais sur la touche finale et fit un grand sourire. j'adorais cette chanson, elle avait le don de me faire remonter des sentiments enfouis. Je me retournais de nouveau vers Liliann, grand sourire aux lèvres. je me levais, posant une main sur ma hanche.
Il y a comme une tension, dans l’air, sur laquelle elle pourrait presque refermer les doigts, tirer un peu sur le corde pour voir ce qui en sortira. Liliann sent, sait, a toujours su, au final, depuis l’instant où elle a accepté de donner ces leçons, que les choses ne couleraient pas d’elles-mêmes, tranquillement, jusqu’à rejoindre la mer et se mêler au reste, sans le moindre remous. Dinah ne semble pas femme à se mêler au reste du monde. Elle veut se démarquer, briller plus fort, plus longtemps. Lili comprend ça. Elle sait ce que c’est, de se comparer à d’autres, de voir glisser, devant soi, un but que l’on n’atteint pas, jamais, peu importe les efforts donnés pour y arriver. Elle se souvient de doigts qui couraient plus vite que les siens, sur les touches du piano, de cheveux plus soyeux, d’une bouche joyeuse, d’un regard rieur. Un but qu’Anahis n’a jamais pu atteindre, pâle reflet de ce qu’a été sa mère, avant elle. Jusqu’à ce que l’envie de lui ressembler la quitte, aussi vite qu’une bourrasque de vent en pleine tempête, aussi brutalement qu’une gifle sur sa joue.
Liliann prend une grande inspiration, discrète, pour s’écarter des souvenirs d’un autre souffle, dans son cou. À ses côtés, Dinah a cessé de croiser les bras, l’air déterminée à ne pas faire ce que sa professeure lui demande, pourtant, gentiment, sans arrière-pensée. Elle s’assoit sur le siège du piano et Lili se fait petite, sur le bout du banc. Elle n’a pas peur de toucher la blonde, de la tacher de la crasse qui colle à Peau d’âne. Néanmoins, elle ne veut pas la déranger, la forcer à affronter un contact non-désiré. La brune a beau être déconnectée, à côté de sa propre vie, elle n’en reste pas moins une spectatrice, fine observatrice. Elle sait que la jeune femme ne l’aime pas. Elle ne lui en veut pas. C’est juste comme ça. Il n’y a rien qu’elle puisse faire contre ça. Rien qu’elle ne veuille faire contre ça.
La réponse de Dinah laisse Lili sur une voie dangereuse. Elle s’enfonce dans les souvenirs de la malédiction, des doigts de la blonde qui martèlent le piano, de la haine qui l’a poussée à s’en prendre à l’instrument. Elle n’a jamais compris, Peau d’âne, pourquoi son élève ne s’en est pas prise directement à elle. Elle ne lui en veut pas, mais elle aurait préféré qu’elle ne fasse pas de mal à son piano. Si Lili est habituée aux brimades, aux coups, à toutes sortes de traitements auxquels la blonde ne penserait même pas, il n’en est rien pour l’instrument. Inconsciemment, Liliann passe une main sur le vernis noir. Elle sait que Dinah ne cassera pas celui-là. Même si elle le fait, alors sa professeure utilisera une partie de son héritage pour le remplacer par un autre. Il en faut plus, tellement plus, pour perturber Peau d’âne.
« Le passé est le passé, se contente-t-elle de répondre. Pas du début, alors. »
La brune vit constamment un pied dans le passé, un pied dans le présent. S’il existait un moyen quelconque pour s’en débarrasser, retourner en arrière et effacer, elle serait, sans doute, la première au courant, la première à l’utiliser. Une telle chose n’existe pas et il faut vivre avec les souvenirs. Si Liliann peut passer, facilement, au-dessus de ce passé commun entre elles, alors Dinah peut le faire aussi. Même si la pianiste doute qu’elle en ait envie. Ce que la blonde essaie, en tout cas, de lui faire croire en baissant la tête et prenant un air désolé, coupable.
Lili ne s’attendait pas vraiment à ce genre de réaction de la part de son élève. Elle fixe sur elle ses yeux noirs, sans répondre. Quelque chose lui dit que ce n’est pas vrai, qu’elle ne regrette rien. Liliann s’en fiche éperdument. Que Dinah s’en veuille ou non, elle, elle ne lui en veut pas. Les choses sont arrivées. Point. La brune ne cherche pas plus loin. Elle n’a pas envie de se venger et reste persuadée que la blonde pourra, à tout moment, recommencer. Comme un besoin de trouver, quelque part, quelque chose, quelqu’un, pour évacuer ses mauvais sentiments, un mal-être peut-être. Liliann sait ce que ça fait d’être mal dans sa peau, d’avoir besoin de s’échapper. Elle-même en a eu besoin, à une époque. Elle ne s’en est pris à personne, mais ce genre de choses ne se manifestent pas de la même manière chez tout le monde. À ce titre, Lili comprend. Elle est prête à être ce quelqu’un, ce défouloir, si ça peut faire du bien à la jeune femme. Elle s’en fiche, elle. Elle a cessé de s’inquiéter de ces choses-là depuis longtemps déjà.
« Je ne t’en veux pas et j’accepte tes excuses. N’y pense plus, ce n’est pas grave. »
Que ses excuses soient sincères ou non, Lili décide de les accepter. Elle préfère laisser toute cette histoire derrière elles, même si elle sait pertinemment que ce ne sera jamais vraiment le cas. Elle-même ne peut s’empêcher de revoir la Dinah de la malédiction, quand elle pose ses yeux sur elle. Une Dinah qui se rappelle immédiatement à elle, à l’instant où la blonde donne des petits coups de cul pour virer Liliann de son bout de banc. La brune se laisse faire sans rien dire et quitte l’assise pour se mettre debout, à côté du piano.
L’arrogance de son élève a quelque chose de perturbant, comme un besoin de dissimuler une certaine fragilité sous une armure imperméable. Lili ne dit rien. Elle se contente de regarder les doigts qui s’agitent, sur le piano, d’écouter la mélodie de la chanson. Elle connaît l’air. La musique est jolie, même s’il ne s’agit pas des partitions que Liliann a apprises, en jouant du piano. Ses professeurs avaient ce côté coincé que l’on retrouve dans tous les clichés. Elle, elle n’a pas ces limites. Elle enseigne ce que le monde veut apprendre, elle ne force rien. Le classique, la pop, le jazz. Peu importe.
« C’est vrai, approuve-t-elle, avec un hochement de tête. Tu n’as pas besoin de cours. (Lili pose une main sur le piano et les yeux sur Dinah.) Tu ne m’aimes pas. »
C’est un constat qui tombe entre elles comme une évidence, avec toute la franchise brute de Peau d’âne. Elle n’a pas besoin de tourner autour du pot pendant des heures, la vérité est simple. Lili ne juge pas. Elle se contente de dire ce qu’elle voit.
« Si tu veux des cours, je te les donnerai. Mais souhaites-tu vraiment que ce soit moi ? Que tu m’apprécies ou non, ça ne change rien pour moi. Alors tout dépend de toi. »
Liliann s’écarte du piano de quelques pas et regarde la salle de danse dans laquelle elles sont. Elle ne cherche pas vraiment à observer les lieux, mais à donner le temps à Dinah d’accepter ses mots, de les comprendre et de réfléchir à sa réponse.
« C’est une belle chanson et tu la joues très bien, commente-t-elle, finalement, avec un peu de retard. Tu l’aimes, ça s’entend. »
La brune repose son regard sur Dinah et sourit, d’un petit sourire doux, d’une professeure à son élève prometteuse.
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Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire quand j'entendis que Liliann avait accepté mes excuses. Mon plan marchait, elle tombait dedans aussi rapidement que mon filet se refermait sur elle. C'était parfait, je n'aurais pas pu espérer mieux. Encore un peu plus et je pourrais frapper, une bonne fois pour toute. Me débarrasser de la concurrence, comme je savais si bien le faire. Mais, jouer avec Liliann ne me procurait pas vraiment de plaisir. Elle ne rendait pas les coups, elle se laissait faire, las, comme si tout ce que je faisais lui glissait dessus comme de l'eau. Au moins avec Weenonah, je m'amusais. Elle répliquait et cela permettait de m'amuser. J'aimais faire souffrir les autres en réalité, ça me redonnait confiance en moi. Peu importe si je les blessais, l'important c'est que moi je me sente bien, et quel meilleur moyen pour ça que de les rabaisser ? Je n'en voyais aucun.
Pourtant, ce petit sourire disparut de mon visage. A la fin de ma performance, en réalité, quand elle m'affirma que je ne l'aimais pas. Qu'est ce qu'elle en savait déjà ? Elle lisait dans mes pensées cette petite idiote ? Je la regardais intensément, les sourcils froncés. Le plan ne s'était finalement pas passé comme prévu. Mais ce n'était pas un problème. Un chat retombait toujours ses pattes. Ce n'était pas parce que les choses changeaient de direction que le but final avait changé. Loin de là. Elle voulait faire tomber les masques ? Soit. Je ne l'aimais pas, et alors ? Que pouvait-elle bien y faire ? Elle était sur mon domaine. Ici, c'était moi qui commandait. Elle me posa ensuite une question légitime. Voulais-je qu'elle me donne des cours de piano ? Bien sûr que non ! Je la détestais et je voulais seulement la voir échouer. Elle finit aussi par me faire des compliments sur ma performance, que je balayais d'un mouvement de la main. C'était un peu tard pour ça. Je n'avais aucune idée de si ses compliments étaient sincères ou non, et je m'en fichais. Je me levais du siège pour m'approcher de plus en plus d'elle.
-Bien. Tu as raison. Je ne t'aime pas. Et donc ? Cela ne m'empêche pas de vouloir prendre des cours et tu es la seule personne que je connais qui joue du piano. Je voulais être polie pour que les choses se passent bien, mais si tu prends ça comme ça, alors... détestons nous. Tu ne pourras t'en prendre qu'à toi même si ça finit mal.
Rattacher la culpabilité de ce qui allait se passer sur son ennemie. C'était parfait. En réalité, je ne savais pas si ça marcherait ou si elle s'en fichait. Elle me donnait déjà l'impression de porter toute la culpabilité du monde sur ses épaules, alors celle-ci en plus ne devait pas lui changer grand chose. J'attrapais soudainement sa main droite, caressant doucement ses doigts. Ses petits doigts qui passaient leur temps à ses faufiler sur les touches de piano. Que ferait-elle si elle ne les avait plus ? En tout cas, elle ne jouerait plus de piano. Tout le monde saurait ainsi que j'ai toujours été la meilleure, une fois la concurrente principale retirée de la compétition. C'était aussi simple que cela. Je relevais ma tête, regardant Liliann avec un sourire qui se voulait attendrissant.
-Tu as de très beaux doigts, ils seraient parfait à se faire... écraser !
Sans attendre une seule réaction de sa part, je la tirais d'un coup sec, posant sa main sur la piano avant de refermer le clapet du piano. Un bruit sourd se fit entendre, qui résonna dans toute la salle, et sûrement encore plus loin dans le manoir. Je vis que Liliann avait réussi à retirer sa main à temps. Je haussais les épaules. Je n'attendais pas moins d'elle. Il fallait être complètement stupide pour se laisser écraser les doigts, aussi nonchalante qu'elle pouvait paraître, la jeune femme avait quelques réflexes. C'était bon à savoir. Connaitre son ennemi était quelque chose d'extrêmement important. Comme disait l'adage, il faut être proche de ses amis, mais encore plus de ses ennemis. Je me dirigeais vers la porte, laissant ma concurrente se remettre de ses émotions. Ma pauvre si tu pensais que c'était fini... Je tournais la clé dans la serrure, nous enfermant dans la salle. On allait bien s'amuser...
Quelque chose lui souffle à l’oreille que la situation dérapera plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru. Lili ne se fait pas d’illusions : en acceptant ce rendez-vous, en entrant dans cette maison, elle savait que les choses ne finiraient pas bien. Elle n’en a pas grand-chose à faire, au fond. Ce n’est pas si grave. Elle doute que la blonde soit capable de la tuer et, même si c’est le cas, ça ne change rien, absolument rien. Peau d’âne serait presque reconnaissante d’avoir, enfin, quelqu’un pour la débarrasser de cette vie, de ces souvenirs qui fourmillent derrière ses paupières, de toutes ces scènes qu’elle ne veut plus revivre, sans cesse. Mais elle sait qu’il n’en sera rien. Si Dinah lève la main sur elle, elle ne la tuera pas pour autant.
Liliann reste, donc, parfaitement immobile, à quelques pas du piano, alors que ses mots n’ont pas l’impact escompté. La pianiste ne cherche pas à énerver Dinah, elle se contente de dire ce qu’elle pense, de penser ce qu’elle dit. Les choses sont ainsi, entre elles. Il n’est pas utile de s’enfermer dans le mensonge. La vérité est flagrante, plus évidente qu’un nez au milieu de la figure. Lili ne fait qu’énoncer ce que tout le monde sait déjà : l’élève ne veut pas de son professeur. Ce ne sont pas des cours de piano qui intéressent la blonde, mais la présence d’une victime parfaite, dans le manoir qu’elle habite. Quelqu’un qui prendra les coups sans répliquer, un punching-ball qui restera silencieux et se contentera de lever les yeux, d’accepter son sort. Si ça peut lui faire du bien, Liliann n’a pas peur de prendre des coups. Que pourrait-elle lui faire, de toute façon, que Peau d’âne n’a pas déjà subi ?
Dinah approuve les dires de Liliann. Elle ne l’aime pas. Elle ne sait pas ce qu’elle a fait, pour ça, mais elle ne cherche pas, non plus, à comprendre. Le résultat est là, peu importe qu’elle sache pourquoi ou non. Comprendre ne changera rien à la situation. Dinah a fait de Lili son ennemie depuis trop longtemps, maintenant, pour qu’elle puisse rattraper ça. Elle n’en a même pas envie. Elle sait que c’est peine perdue, qu’il vaut mieux laisser couler. Liliann sait qu’il n’est pas évident, pour tout le monde, de la supporter. Elle a souvent semé, derrière elle, des muscles crispés par la haine, des envies de lui faire du mal, de la secouer, de lui faire cracher la vérité. Certains pensent qu’elle cache quelque chose de mauvais, de profondément malsain et qu’il vaut mieux s’en débarrasser. La vérité, c’est que Lili ne cache rien. Elle n’a plus rien à cacher. Elle est vidée.
« Je ne te déteste pas, eut-elle le temps d’articuler, avant que Dinah ne lui attrape la main. »
Depuis le temps, l’instinct de Lili n’existe plus. Elle voit le danger sans s’en inquiéter. Ses doigts, entre ceux de la blonde, sont une cible parfaite. Elle le sait, elle le sent. Elle n’essaie pas de les lui reprendre. Elle se contente de baisser ses yeux noirs pour regarder la caresse qui passe sur ses phalanges. Le compliment se plante dans le cœur de Liliann comme la pointe d’une dague empoisonnée. Elle pince un peu les lèvres à cette affirmation, alors que le souvenir d’un autre visage se superpose à celui de Dinah. Un homme d’un autre temps qui, lui aussi, aimait complimenter ses doigts de pianiste. Mais il ne les aimait pas. Pas plus que Dinah.
Les mots frappent Lili avec un temps de retard. Heureusement pour elle, un vieux réflexe, puisé dans le passé, sauve sa main du clapet du piano. Celui-ci se referme brutalement sur les touches, dans un clac qui résonne dans tous les os de Peau d’âne. Elle serre, contre son cœur, cette main qui a failli être écrasée, sans la moindre raison. Sur ses doigts, pourtant épargnés par l’attaque, Liliann sent la douleur qui pulse, remonte sa main, son bras, explose dans les souvenirs qui l’assaillent. Un autre, avant elle, a déjà essayé de lui écraser les doigts, pour avoir osé se tromper dans la mélodie. Sauf que lui, il a réussi. Combien de temps a-t-elle dû cacher cette main aux yeux du monde, le temps que la blessure se calme ? Le plus dur a été de continuer de jouer, après, alors que les bleus bouffaient sa peau hâlée.
Liliann prend une grande inspiration, saccadée par la puissance du souvenir, et relève les yeux vers Dinah, qui s’éloigne. Veut-elle partir, l’abandonner ici, après avoir essayé de lui briser les os ? Lili n’essaie pas de la retenir. Elle regarde ces doigts qui auraient pu, soudain, ne plus pouvoir, de toute sa vie, toucher un piano. Au fond d’elle, une pointe de tristesse cachée sous l’espoir que ça arrive. L’instrument est un poison qu’elle ne veut plus avaler et duquel, pourtant, elle n’arrive pas à se détourner. Si, enfin, Lili ne peut plus se laisser tenter… Ses réflexions sont coupées par le clic de la serrure, alors que Dinah verrouille la porte de la salle de danse. Peau d’âne sent le piège se refermer sur elle, l’enfermer avec la haine de la blonde, la rendre vulnérable. Elle baisse les bras, sans montrer la moindre envie de se défendre. Elle n’a pas peur de ce qui va arriver.
« Je peux te présenter d’autres professeurs, dit-elle, naturellement, comme si rien ne s’est passé. »
En vérité, ça serait presque mieux pour Lili aussi. Elle ne veut pas enseigner le piano. Elle ne veut plus. Elle ne l'a jamais voulu. Mais Liliann ne sait pas dire non, elle n'a jamais su. Ce qui a failli lui coûter la vie. Ce qui pourrait bien lui coûter la vie, aujourd’hui, mais elle en doute. Dinah a besoin d’un défouloir, pas d’un cadavre sur la conscience.
« Que comptes-tu faire de moi ? Ça n’a pas vraiment d’importance, au final, souffle-t-elle, finalement, avec un petit sourire. Vas-y, fais-toi plaisir. Je ne me défendrai pas. »
Liliann se détourne du piano qui traîne son ombre dans son esprit, essaie de ramener à elle des souvenirs sur lesquels elle ne veut plus se pencher. Elle s’approche de la fenêtre, pose les doigts sur la vitre, délicatement, le regard baissé sur la route. À une autre époque, déjà, Anahis se tenait entre les rideaux, à attendre qu’un passant lève les yeux sur ses bleus, appelle quelqu’un pour la sortir de son enfer. Comme à l’époque, elle sait qu’il n’en sera rien. Ce n’est pas grave. Elle accepte son destin.
« Pourquoi as-tu cassé mon piano ? »
La question lui échappe, mais elle n’essaie pas de la retenir. Visiblement, Dinah n’a pas peur de s’en prendre directement à Lili, alors pourquoi, à cette époque, la blonde n’a pas fait pareil ? La question tourne en boucle dans le crâne de Liliann. Elle ne lui en a pas voulu, elle, mais son mari… Elle se souvient de sa colère comme s’il était là, à côté d’elle, à lui crier qu’elle aurait dû se défendre. Peut-être, oui. Peut-être pas.
Codage par Libella sur Graphiorum
Dinah Price
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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And when she does relief comes setting in
While she hides the scars she's making underneath her pretty clothes
She sings: Hey baby can you bleed like me?
| Conte : Wonderland | Dans le monde des contes, je suis : : Dinah, le chat d'Alice
La nonchalance de Liliann avait toujours pour don de me mettre vraiment mal à l'aise. Elle n'avait rien à faire de ce qui pouvait se passer. Je pouvais très bien l'attaquer qu'elle se laisserait faire. C'était désolant d'en arriver là. Je ne savais pas ce qui l'avait rendu comme cela, mais je préférais ne pas le savoir. Elle me faisait déjà pitié maintenant, pas besoin d'en rajouter. Elle ne me détestait pas, disait-elle. Ah oui ? Donc quelqu'un qui cassait son piano, elle ne le détestait pas... C'était un concept étonnant, mais de sa part, c'était presque normal. Mais alors quoi ? Elle m'adorait et voulait même me remercier ? Je préférais faire comme si je n'avais pas entendue. Je ne voulais pas entendre sa peine et ses faux sentiments. Puisque c'était ça. Des mensonges pour me piéger. Mais, je voyais clair dans son jeu. Je ne me ferais pas avoir, je ne la prendrais pas en pitié. Non, si elle était là c'était pour qu'elle souffre. Non pas l'inverse.
Bien sûr cette idiote avait su éviter mon attaque. Surprenant de sa part, d'ailleurs. Et tout ce qu'elle osait dire après une telle action, c'était qu'elle pouvait me présenter d'autre professeurs en haussant les épaules comme une victime. Je détestais que l'on me tienne tête autant que l'on ne fasse rien. j'avais simplement envie de la secouer. Son existence ne rimait à rien. J'avais l'impression qu'elle ne faisait qu'errer, se laissant porter par les événements n'ayant pas la force de se défendre face à quoi que ce soit. Pathétique. Je sentais la colère monter, comme toujours dés que quelque chose n'allait pas dans mon sens. A quoi bon perdre mon temps à essayer de la faire souffrir si tout ce que je faisais ne semblait pas la toucher. J'attrapais le pot qui se trouvait juste à côté de la porte que je venais de verrouiller et le lança sur le sol dans un excès de rage, non loin de l'endroit où Liliann se tenait. Il éclata en plusieurs morceaux de verre, dont l'un se planta dans la jambe de mon ennemie. La vue de cela me fit sourire. C'était une simple coupure rien de grave mais juste de voir que je pouvais la faire saigner me remplissait de joie.
-Je ne veux pas de tes autres professeurs ! Non, tu vas rester là et tu vas souffrir exactement comme je le souhaite. Cette coupure n'est que le début.
Je ne voulais bien sûr pas la tuer, ni même réellement la blesser physiquement. J'étais bien plus douée pour la violence psychologique. Bien sûr la coupure était un plus mais ce n'était pas tout. Mais, bien sûr, Liliann avait le don de m'énerver encore plus, de me pousser dans mes retranchements. Elle me provoquait. Me disant qu'elle ne se défendrait pas. Et le pire c'est que je ne savais pas si elle était sérieuse ou non. Qu'elle ne se défende pas était possible elle était si... lente et impassible mais, c'était tout de même un réflexe basique humain ! Personne ne pouvait se faire battre sans réagir, c'était inhumain. Mais, ce n'était de toute façon pas ce que je comptais faire, qu'elle reste tranquille.
-Honnêtement ? Je ne sais pas quoi faire de toi. Je veux te voir souffrir, te faire regretter d'être née. C'est tout ce que je sais. Mais tu es trop coopérative, ça m'énerve !
C'est alors qu'elle se déplaça jusqu'à la fenêtre. Peut-être allait-elle enfin agir ? S'enfuir par la fenêtre était une idée. Nous étions au rez de chaussée alors elle ne risquait rien. Et même si elle se faisait un peu mal aux jambes, ce serait toujours mieux que de rester là, avec moi. Mais, elle ne fit rien de tout ça. Elle posa seulement sa main, regardant ce qui l'attendait dehors. Son manque de réaction était vraiment quelque chose que je ne supportais pas. Et alors, sans même se retourner, elle me posa la question qui pesait depuis qu'elle était arrivée. Celle qui devait être sur le bout de ses lèvres dés que je lui avais ouvert la porte. Mais, je pouvais comprendre. J'avais détruit son piano il y a de nombreuses années de cela sans raison apparente. Elle voulait une conversation honnête, les masques étant maintenant tombés ? Bien, c'était ce qu'elle aurait.
-Pour que tu ne joues plus. Sans instrument, un pianiste n'est rien. Je le savais, et j'en ai profité pour te faire souffrir. Je ne supporte pas que tu sois meilleure que moi, Liliann. On m'a toujours dépassé dans tout ce que je faisais. Si être meilleure n'était pas suffisant, mon seul choix était d'éliminer la concurrence. Et regarde... ça a fonctionné. j'ai beaucoup moins entendu parler de toi et des tes qualités de pianiste après cet... incident, n'est ce pas ? Je gagne toujours.
Les choses échappent à tout contrôle, glissent entre ses doigts qui ne tentent même pas de les retenir. Liliann n’a jamais eu aucun contrôle sur la situation, ni sur celle-ci, ni sur aucune de toute sa vie. Elle s’est toujours contentée de suivre le courant, de faire ce qu’on lui demandait sans rechigner, sans se plaindre, sans réfléchir. Elle n’a pas cherché à comprendre pourquoi ses amis n’en étaient pas vraiment, pourquoi sa mère dormait plus souvent, pourquoi son père s’est réfugié dans l’alcool, comment il a pu poser les mains sur elle, les poings, aussi. La seule fois où elle a pris le contrôle, ce n’est que parce qu’on le lui a demandé, pour accomplir un travail que d’autres auraient trouvé honteux, mais auquel Lili ne pense pas en mal. Ce n’est qu’une étape de sa vie catastrophique, un autre malheur qui lui a permis de survivre, encore un peu.
Face à elle, Dinah est un électron libre, une variable aléatoire, un coup de vent dans une plaine qui n’en a plus connu depuis longtemps. L’herbe ploie sur son passage, mais se redresse une fois qu’il n’est plus là, sans y penser, sans montrer le moindre signe de ce qu’elle a vécu. Lili est ainsi. Elle laisse Dinah faire d’elle ce qu’elle voudra. Elle n’a pas peur des séquelles physiques, des coups, de tout ce que pourra faire la blonde, contre elle. Liliann a déjà connu pire, dans la vie. La seule chose qui l’inquiète, un peu, à peine, c’est la manière dont elle pourra le cacher aux yeux indiscrets, à ceux qui ne doivent, plus jamais, s’inquiéter pour elle. Elle ne désespère pas. Elle trouvera.
Dinah s’empare d’un pot, à portée de mains et le lance à Liliann, qui n’esquisse aucun mouvement de recul. Il explose près de ses pieds, en milles morceaux qui volent tout autour. L’un d’eux se plante dans la jambe de Lili qui baisse les yeux sur la blessure. Le morceau de verre se dresse, juste à côté de son tibia, comme une provocation à laquelle la brune ne répond pas. Elle se contente de tendre les doigts, de pincer l’éclat et de tirer d’un coup sec. Dessous, le pantalon troué laisse voir une tache de sang, puis une goutte, deux gouttes, qui coulent le long de sa peau hâlée. Lili relève les yeux vers Dinah et écoute la réponse de son élève.
Elle ne veut pas de professeurs. Elle ne veut pas apprendre à jouer du piano. Au fond, Liliann le savait déjà. Au moment-même où elle a pris l’appel de son ancienne élève, Peau d’âne a senti le piège à loup se refermer sur sa cheville. Elle a regardé les dents acérées, plantées dans sa chair, et s’est contentée d’accepter ce que l’avenir lui réserve, sans s’en inquiéter. Elle n’a pas peur de la blonde, elle n’a peur de rien, en vérité, spectatrice d’une vie qu’elle ne joue plus elle-même. Si cela peut faire du bien à Dinah, Lili ne proteste pas. Elle ploie l’échine et se laisse faire. Peu importe le mal qu’elle subira, Liliann peut supporter. Elle l’a déjà fait.
Les mots de la blonde ramènent l’attention de Peau d’âne sur elle. Ses sourcils se froncent un peu, sur ses yeux noirs. Elle ne comprend pas pourquoi Dinah a de telles envies. Elle ne cherche pas à comprendre. Elle accepte la vérité comme elle lui est donnée. Néanmoins, elle ne peut empêcher un petit sourire d’étirer ses lèvres, sous l’ironie de la situation. Elle sait que ça ne plaira pas à la blonde, mais elle ne cherche pas à se moquer d’elle. Son ambition est juste… comme un chat qui réclame, à un génie, d’être transformé en chat. Un gâchis pour un résultat qui est déjà là. Doit-elle le dire ? Le taire ? Liliann se tâte, en regardant pas la fenêtre. À quoi bon le garder pour elle, de toute façon ? Tout le monde doit, déjà, le savoir.
« C’est déjà le cas, souffle-t-elle, tout bas. Tout ce que tu me feras n’y changera rien, Dinah. Je regrette déjà d’être née. Dans ce monde-ci ou dans l’autre, les choses sont les mêmes. Alors, fais de moi ce que tu voudras. »
La vérité est balancée sans tristesse, sur un ton égal, comme un constat objectif que tout le monde peut comprendre par lui-même, mais que personne n’ose dire. Peau d’âne n’a pas une vie de rêve. Elle ne croit pas aux contes de fée, à la beauté de l’amour, au destin. Elle ne croit qu’à la vilenie du monde, à l’avarice des hommes et leur perfidie. Elle ne cherche plus à atteindre le bonheur, car le bonheur n’existe pas. Il n’y a que le mal, partout, peu importe ce que l’on essaie de faire pour le repousser loin, très loin. Il finit toujours par frapper. Comme Dinah a essayé de la frapper, pour se venger d’une femme qui n’a jamais voulu être meilleure qu’une autre.
« Me briser les doigts aurait été plus simple que de casser mon piano, dit-elle, comme une évidence. »
Liliann ne comprend pas la jalousie de Dinah, à son encontre. La pianiste ne pense pas être si douée, dans son domaine. Elle n’a jamais voulu apprendre à jouer, à devenir ce qu’elle est devenue, à donner des cours à d’autres enfants qui, eux non plus, ne voulaient pas apprendre, poussés par leurs parents. Elle ne comprend pas ce besoin de se débarrasser de la concurrence, de devenir la meilleure de sa catégorie, au prix de tant de malheurs. La fin de son discours, néanmoins, bloque la respiration de Peau d’âne, dans sa gorge. La vérité est loin de ce que Dinah croit savoir, si loin. Même sans piano, Lili aurait pu continuer à jouer. Il suffisait de le faire réparer ou d’en acheter un autre. Son mari s’était même empressé de le faire, pour qu’elle ne quitte pas son travail, pour qu’elle continue de faire ce qu’elle savait faire. Mais les choses ont tourné d’une autre manière et Liliann n’a plus eu la force de jouer.
« Cette histoire n’a rien à voir avec ce que tu as fait à mon piano, Dinah, avoue-t-elle, du bout des lèvres. Le piano cassé a été remplacé. J’aurais pu continuer à jouer. Tu aurais mieux fait de me casser les doigts, l’instrument n’avait rien à voir avec ça. »
Peut-être que, ainsi blessée, Peau d’âne n’aurait pas eu à supporter la mort de sa fille, à porter son corps froid jusqu’aux urgences, impuissante face à l’inévitable. Peut-être que les choses auraient été autrement et que Lili ne serait pas, aujourd’hui, une mère ratée, une épouse ratée, une femme ratée. Elle s’en fiche, au fond, de ce qu’elle est devenue. Mais la mort de Béryl a tout chamboulé, dans sa vie, et de cela, Peau d’âne ne s’est jamais remise. Elle ne s’en remettra, sûrement, jamais.
« Tu aurais pu devenir meilleure que moi, en te donnant le temps d’apprendre. Tu compares ce qui n’est pas comparable. J’ai toujours joué du piano et tu venais d’apprendre. C’est normal qu’il te faille du temps, mais je pense que tu aurais pu me dépasser, parce que tu en avais la volonté. » (Lili cède, finalement, à une drôle d’envie qui lui prend au cœur et s’accroupit, pour rassembler les morceaux de verre brisé.) « Je ne suis pas ta concurrente. »
La pianiste pense ses mots, mais elle sait qu’ils ne feront qu’attiser la haine de Dinah, au lieu de l’apaiser, comme elle l’aurait aimé. Elle prend sur elle, Peau d’âne, tant pis. Elle se contente de fixer le sol, ses longs doigts se tendant vers les bouts de verre pour nettoyer et éviter qu’à l’avenir quelqu’un se blesse sur quelque chose qu’elle a, plus ou moins, causé.
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Est ce que, pour l'amour de Dieu, cette pétasse pouvait arrêter de se victimiser à la moindre occasion ? C'était vraiment fatiguant. Son attitude me dérangeait. Être aussi peu dérangée par l'idée que quelqu'un veuille vous faire souffrir, c'était déconcertant. Et vraiment bizarre. Elle devait voir un psychiatre, et rapidement parce que cette femme était tout sauf normal. Mais je savais ce que j'allais faire. J'avais toujours un plan B, peu importe la situation et celle-ci ne dérogeait pas à la règle. Elle s'en fichait de souffrir ? Bien, aucun soucis. Je m'attaquerais à ses proches alors. Si cette idiote en avait au moins... Au moins, ça, ça la fera peut-être réagir. Enfin. C'était tout ce que je voulais : une réaction. Je voulais voir la peur dans ses yeux et qu'elle me supplie de l'épargner. Ce n'était pas si compliqué pourtant ? Simplement un petit effort de sa part, cette égoïste...
-Tu as raison : m'attaquer à toi ne sert à rien. Tu es bien trop nonchalante pour que je réussisse à te faire souffrir. En revanche, tes proches... Tu devrais faire bien attention à eux. Un accident est si vite arrivé.
Et la voilà qui critiquait mes choix pour la faire souffrir. Je ne pouvais pas y croire, j'étais en train de rêver ? Cette idiote essayait vraiment de me conseiller quant au meilleur moyen de la faire souffrir ? Est-ce qu'elle voulait organiser une conférence la prochaine fois ? "Les pour et contres de chaque technique pour me faire souffrir", présenté par Liliann Poe. Elle était complètement cinglée. Bien sûr que j'aurais du lui casser les doigts ! Mais à l'époque, j'étais un peu moins méchante et je préférais ne pas attaquer les autres physiquement. Ce qui est encore vrai d'ailleurs, je préfère éviter la violence sur d'autres personnes. Du moins, quant c'est moi qui doit m'en occuper. Commander quelqu'un était beaucoup moins grave. Mais, c'était un tout autre sujet. Le problème résidait toujours : elle se tenait là en face de moi, toujours bien capable de faire du piano, et toujours mieux que moi. J'allais la planter, tout simplement. Quelque chose de simple, sans bavures et au moins j'en serais débarrassée. Une folle de moins sur cette planète.
-Je ferais attention d'y penser la prochaine fois, puisque tu as l'air de vraiment aimer ça. Masochiste, va.
Mais quelque chose dans son discours m'interpella. Elle disait que le piano cassée n'était pas ce qui l'avait fait arrêter de jouer. Pourtant, j'en étais certaine, elle avait arrêtée de jouer peu après cet incident. S'était-il passé autre chose que je ne savais pas ? Ma chère Liliann qui me cachait des choses ! Quel dommage... Moi qui pensait que nous étions amies... En tout cas, je comptais bien savoir tout de cette histoire et y mettre mon grain de sel. Ce que je pouvais adorer mettre le chaos partout où j'allais... Un véritable plaisir.
-Mais si ce n'était pas le piano cassé qui t'as poussé à arrêter de jouer, alors que s'est-il passé ? Dis moi tout, je t'écoute. Ce n'est pas comme si tu pouvais aller quelque part de toute façon.
D'un simple geste, j'indiquais la serrure de la porte, lui rappelant que je l'avais fermé à clé. Elle était ma prisonnière et j'étais impatiente de la torturer jusqu'à ce qu'elle me donne toutes les réponses que j'attendais. Je ne lui demandais pas grand chose, simplement une histoire. Je ne pouvais pas passer à côté de l’opportunité de connaitre ce qui s'était passé pour pousser la grande pianiste à arrêter la seule chose pour laquelle elle était douée. C'était probablement quelque chose de grave, et c'était ça qui rendait les choses amusantes. Pour moi, du moins. Mais là voilà qui repartait déjà dans ses délires. Elle n'était pas ma concurrente, selon ses dires. Bien, mais alors qui ? Le seul moyen d'être challengée était d'avoir un concurrent, quelqu'un que l'on devait battre, comme un but à atteindre. Si elle n'était pas cette personne, alors qui ? C'était une véritable question que je me posais. Tout le monde avait besoin de concurrents pour avancer. Mais je n'aimais pas trop ce qu'elle disait. Ce n'était pas parce que j'étais une débutante que je ne pouvais pas être meilleure qu'elle. j'avais cette facheuse habitude de penser qu'à la seconde où je tenterais quelque chose de nouveau, je serais très bon. Mais, c'était rarement le cas. Rien ne se faisait sans un travail acharné à côté. Et pourtant, je l'avais réalisé ce travail acharné. Je pouvais encore me remémorer les longues journées passées devant mon piano à essayer de m'améliorer. Dans le seul but de dépasser Liliann, d'être meilleure qu'elle. Et si elle n'était pas ma concurrente alors qu'aurais-je fait ? Sans but à accomplir ? J'aurais abandonné au bout de deux jours.
-Bien sûr que tu es ma concurrente, pauvre idiote. Et tu devrais t'en réjouir, au lieu d'affirmer le contraire. Je t'ai choisi ce rôle parmi tant d'autres pianistes comme toi, alors montre que tu le mérites. Être en concurrence avec quelqu'un comme moi, c'est une bénédiction. Et, dans un sens, tu m'as aidée. Sans le désir de te battre, je ne serais jamais devenue aussi bonne que je le suis maintenant. Mais ce n'est pas fini, je finirais par te battre. D'ailleurs, toi qui n'a pas jouée depuis si longtemps, montre moi ce que tu vaux.