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 Mouchard [pv - Ben Ranger]

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Mouchard [pv - Ben Ranger] _



________________________________________ 2021-02-28, 07:55



Mouchard
Onze ans. Onze ans à traîner dans les rues, taper des poings, lever la voix, percuter le monde pour se faire entendre. Onze années de sa vie offertes à une cause qui le dépassait, qui se foutait royalement de lui, qui lui riait au nez à la moindre occasion. Áron n’en pouvait plus. Il avait atteint sa limite le jour où il avait dû frapper fort, si fort, qu’il ne s’en était pas mieux remis que le frappé. Rendez-vous en prison sans passer par la case départ.

Enfermé, il avait eu le temps de réfléchir, ses yeux clairs rivés sur les fissures, dans les murs de sa cellule. Penser à ce qu’il avait fait, ce qu’il avait vécu, ce qu’il avait voulu défaire sans y arriver. Sacrifier l’humanité toute entière, la galaxie elle-même pour repartir de zéro. En aurait-il été capable ? Sans même pouvoir être certain de sa réussite, accroché aux paroles de celle qui fut, de loin, la meilleure amie qu’il eut jamais eue.

Áron s’appuya sur le guidon de sa moto, bien caché dans son casque intégral. Toutes ces histoires pesaient lourdement sur son esprit. Il ne savait plus dans quel sens il devait avancer, ce qu’il devait faire, exiger. Il ne pouvait plus croire ses supérieurs, se pendre à l’espoir d’avoir, un jour, le droit d’atteindre le but qu’il s’était fixé et qu’on lui avait volé, sans lui demander son avis. Tu seras un flic, oui, mais il n’y aura plus que toi pour le savoir. Si t’es démasqué, t’es mort, fais ce qu’il faut pour que ça n’arrive pas. Ce qu’il faut… Il était allé trop loin, beaucoup trop loin, pour convenir aux ordres.

Si la prison lui avait rappelé les chaînes, passées tout autour de son corps, juste avant son exécution ratée, au sein de son propre vaisseau, Áron ne se sentait pas libéré de ses entraves, depuis qu’il avait eu le droit de mettre les pieds dehors. Il les sentait, plantées dans sa peau, ancrées profondément en lui, tirer sur ses membres pour l’obliger à avancer de tel ou tel côté. Tout comme on le poussait, aujourd’hui, à se tenir devant cet établissement, nonchalamment posé sur sa bécane, ses yeux clairs fixés sur le glacier.

Derrière lui, l’effervescence lui semblait étrangère, comme partie d’un monde qui n’était pas le sien. Était-ce seulement sa Terre ? Áron avait compris, à force, qu’il s’agissait d’un passé auquel il n’avait pas pris part, un passé dans lequel les humains continuaient d’exploiter copieusement les ressources de la Terre. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Jusqu’à ce qu’il se dresse, jeune et fougueux, contre les injustices, les privilèges, et qu’il aille trop loin, beaucoup trop loin. Dans le futur, la Terre ne sera plus et tout sera de sa faute.

Áron se redressa, sur la moto noire, et retira son casque, qu’il passa à son bras. Quelques regards se tournèrent vers lui. Il fallait dire qu’il attendait là depuis une bonne vingtaine de minutes, sans bouger d’un pouce. Il était enfin temps de sortir de sa léthargie. Il enjamba le siège, retira les clés du contact et traversa la route, les épaules roulant à chacun de ses pas, ses yeux lançant des éclairs au premier qui croiserait son regard. Dans sa veste en cuir et son jean noir, il n’inspirait confiance à aucun des passants.

À la porte, il ouvrit pour laisser sortir deux adolescentes qui gloussèrent comme des idiotes. Il les regarda à peine, concentré sur son but, et traversa la salle directement jusqu’à la banquette la plus éloignée, dans le coin où on le verrait le moins, depuis l’extérieur. Quand on vint prendre sa commande, Áron demanda une glace au hasard, sur la carte, et regarda à peine le pauvre serveur. Il avait autre chose à penser, en vérité.

Ses yeux clairs profitèrent d’une fenêtre, juste à côté de sa table, pour fouiller les rues à la recherche d’un signe, d’un homme assez suspect pour puer le flic à plein nez. Peut-être même un uniforme, comme lui n’avait jamais eu le droit d’en porter. Son agent de probation, il savait qu’il ne la reverrait plus. La jeune femme avait dépassé des limites qu’il ne lui avait même pas demandé de dépasser, dans une envie soudaine, apparemment, de se mettre le criminel dans la poche. Il ne voulait pas en arriver là, lui, mais les choses l’avaient dépassé. La petite brune ne se tiendrait plus devant lui, sur la banquette, à pincer nerveusement les branches de ses lunettes, et ne plus oser bouger d’un pouce, à l’instant où il la regardait. Áron avait cru lui faire peur, au début, avant de comprendre que ça allait plus loin, beaucoup plus loin, beaucoup trop loin.

Prise en flagrant délit de falsification des documents, la brune avait été écartée de son dossier et Áron attendait, aujourd’hui, son nouvel agent. Au vu du fiasco de la précédente, il ne doutait pas de voir s’asseoir, devant lui, un homme. Sauf qu’il ne savait pas qui et qu’il était loin, très loin, de se douter qu’il reverrait, sur la banquette voisine, une figure du passé se poser là, comme pour narguer celui qui n’avait jamais pu devenir comme lui, bien qu’il le lui ait promis avec la certitude de celui qui a encore des rêves, des espoirs et de l’envie. Un gamin qu’Áron n’était plus depuis longtemps.


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Mouchard [pv - Ben Ranger] _



________________________________________ 2021-03-04, 15:59

Mouchard
Ben était pas content. Un peu comme s’il boudait, mais sans réellement savoir pourquoi. Observant le dossier qu’on lui avait remit… il avait la lèvre pincer et le regard plus perdu que jamais. En gros, il allait être agent de probation pour un homme… jusqu’à là pas de soucis, ça ne l’avait pas déranger de prendre cette casquette. Pour un homme qu’il connaissait… il était un peu plus déçu pour dire la vérité. Il avait beau lire le dossier d’ Áron …. Il se demandait toujours s’il ne manquait pas quelque chose dans ses données. Il avait toujours pensé qu’il serait un bon policier… et pour dire la vérité, Ben l’avait voulu en tant que coéquipier. C’était pour cela qu’il était allé voir à l’école de police pour parler à son ancien professeur. Pour lui dire de faire attention à cet enfant, qu’il avait du potentiel…

Et ce dossier … Ce dossier plein de choses qui n’allaient pas … Áron n’était pas l’homme qu’il pouvait lire sur le dossier. Il ferma à nouveau le dossier et le posa sur le siège passager. Il prit l’autre dossier. Un meurtre. L’ancien agent de probation d’ Áron. On l’avait plus envoyé pour tirer les vers du nez à Aron, savoir si oui ou non il y avait eu une relation extra professionnelle… et s’il l’avait tué. Il n’aimait pas ça.

Ni le dossier d’ Áron, ni le fait qu’il était le premier suspect sur le deuxième sujet… il n’aimait pas ça. C’est tout. Il y avait quelque chose qui le dérangeait. Il avait envie de gratter par-dessus la feuille pour en voir la réalité exposé. Il ne voulait tout simplement pas faire face à Áron… Il avait peur de ce que le jeune pourrait lire dans ses yeux.

La déception. La tristesse. La culpabilité. Et tellement d’autres sentiments qui le rendaient fébriles. Il ne pouvait pas être faible devant un suspect… il ne pouvait pas être faible devant un ex taulard qu’il doit aider à se réinsérer dans la société … si seulement il avait de la magie, il se transporterait dans le passé et ferait bien plus encore pour lui. Il ferait quelque chose de plus. Cette petite chose invisible qui rend les gens meilleurs, et qui les aident à rester sur le droit chemin.

Il prit les dossiers et les rangea dans un sac. Il n’avait pas besoin de les amener avec lui. Il savait déjà tout. Il ne savait peut être pas écrire, mais lire et retenir il savait le faire, et mieux que personne.

Il sortit de la voiture un peu après l’avoir vu rentrer dans le glacier. Etrange lieu de rendrez vous, mais ça ne le dérangeait pas. Il en avait déjà pris plusieurs des glaces ici, et ça ne serait pas un cadre professionnel qui l’empêchera d’en prendra une. Il se doutait qu’ Áron aurait fait en sorte de voir arrivé les inconnus… En tout cas, c’était ce qu’aurait fait Ben, et il ne pouvait pas croire que le garçon avait tout perdu de ce qu’il avait appris à l’école de police …. Alors il ne fit pas l’effort de se cacher.

Sortant de la voiture, il ne claqua pas la porte mais ne chercha pas non plus à être silencieux. Il posa un instant la main sur la voiture tout à fait réparer et opérationnel et il sourit. Cette voiture, il l’avait retapé, et maintenant il l’utilisait. Et cela lui faisait plaisir de voir qu’elle continuait de fonctionner alors que tout le monde disait qu’elle était bonne pour la casse. Il s’étira un peu alors qu’il rentra dans le glacier. Il fit un signe de tête au serveur. Un grand mince. Pas celui qui parle tout le temps, c’était déjà un bon point. Il lui demanda une boule de glace à la crème de marron et vient s’assoir en face d’ Áron sans la moindre hésitation.

Il n’avait pas envie de dire « bonjour ». Pas qu’il n’était pas poli, loin de là d’ailleurs… C’était juste que le bonjour se trouve mal venu. Il ne voulait pas forcément commencer par quelque chose d’aussi impersonnelle, et à l’inverse il savait qu’il devait être professionnel... Crotte alors.

- Aloha.

C’était bien. C’était bonjour dans une autre langue, et ça, même si Áron ne devait pas savoir que Ben était parti exercé pendant un temps, tiens sous couverture d’ailleurs ça me rappelle, son travail à hawaï. Il avait apprit plus d’une expression de là bas, et pour lui c’était une bonne idée.

- Avant de commencer, j’aurais une question tout simple, est ce que tu … te souviens de moi ?

Il n’avait pas fait en sorte de se montrer dans sa vie. Il n’avait été que le « policier sympa ». Peut être connaissait il son nom ? Mais Ben avait tout fait pour qu’il ne pense pas être « surveiller ». Ce n’était pas le sentiment qu’il avait eu envie de donner à l’enfant à l’époque … Il avait juste cru voir quelque chose … Quelque chose qui n’avait pas été vérifié, puisqu’il avait prit un chemin bien différent de ce qu’il avait espéré… mais il était en vie, et ça déjà c’était bien.

- Je suis ton nouvel agent de probation, et nous allons devoir aborder plus d’un sujet tous les deux pour nous entendre. Mais pour commencer, on va commencer par le plus simple de tout, les hélicoptères sont les meilleurs moyens de locomotion de la Terre, je m’en fiche qu’on dise que les avions sont moins mortels, d’accord ?

Commencer par un sujet qui n’avait rien à voir avec la choucroute pour mieux se détendre. Il ne voulait pas être un agent de probation qui juge et regarde de manière hautain les gens qu’il devait aider, encore moins quand la personne en question était Áron, un enfant encore dans les yeux de Ben qui avait encore un peu de mal à faire la part des choses. Si l’autre agent de probation avait été viré pour manque d’impartialité, avoir mit Ben était peut être un risque étrange. Il serait impartial, mais qu’on ne lui demande pas de le laisser tomber encore. Il avait fait l’erreur une fois, il ne la ferait pas deux.

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________________________________________ 2021-03-15, 10:06



Mouchard
Les yeux rivés sur la rue, Áron se demandait quel genre de policier on lui mettrait dans les pattes, cette fois. Il savait pertinemment que, même s’il n’avait rien fait à la précédente, ils ne referaient pas l’erreur de lui donner une femme, aussi professionnelle soit-elle. Celle d’avant avait fait ses preuves de nombreuses fois, mais il suffisait d’une regrettable erreur pour que tout finisse en cendres. Le brun ne l’avait pas draguée, pourtant. C’était à peine s’il la regardait et il était prêt à parier que son regard, sur elle, n’avait rien eu d’amical. Il jalousait son métier, en vérité, mais n’avait jamais pu le lui avouer. Parce qu’il était un criminel, pas un flic, encore moins un infiltré. Il n’avait pas le droit de le dire à n’importe qui.

Le brun s’imaginait un grand policier, peut-être même un baraqué, un gars qui imposerait le respect au premier coup d’œil, pour que Áron ne tente rien à son sujet. Ni de se le mettre dans la poche, ni de le pousser à bout. Il n’avait pourtant jamais voulu de mal à la précédente et ne comprenait même pas pourquoi elle avait voulu falsifier ses documents. Qu’avait-il fait pour qu’elle en vienne à ce point ? Il n’arrivait pas à se souvenir de l’information qu’elle avait voulu effacer de son dossier. À part, peut-être, quelques retards, voire absence, lors de leurs rendez-vous dans ce glacier. À moins qu’elle n’ait vu, un jour, sur lui, quelques gouttes de sang. Ce ne serait pas étonnant.

Les yeux clairs d’Áron glissèrent sur sa moto, plus loin dans la rue, et il observa attentivement un passant qui la matait sans retenue. Il serra les dents, conscient qu’il ne supporterait pas de voir l’autre la toucher sans lui demander son avis, et se força à détourner le regard pour ne pas exploser. Tout ceci, en vérité, le stressait. Il sentait, sans savoir pourquoi, ni comment, que les choses allaient vite déraper, qu’il n’était, peut-être, pas seulement question de le changer d’agent. Essayaient-ils de le renvoyer en prison ? Si le brun retournait derrière les barreaux, il n’était pas certain de pouvoir garder son allégeance envers la police de la ville. Il leur avait tout donné, il ne voulait pas leur en donner davantage. Il n’avait, de toute façon, plus rien à leur donner.

Les bras posés sur sa table, alors qu’on lui amenait sa glace sans qu’il ne jette un seul regard au serveur, Áron comprit le problème à l’instant où il vit le policier avancer vers la porte du glacier. Un visage que l’infiltré reconnaîtrait à jamais, peu importait les années qui s’emparaient de leurs traits et les vieillissaient l’un et l’autre. Il serra tant les poings, sur la table, qu’il s’enfonça les ongles dans la peau et sentit la douleur remonter ses bras, jusqu’à son cerveau. De tous, il avait fallu qu’on lui envoie celui-ci. De tous, on le faisait chier avec une ombre du passé. De tous, c’était, sûrement, le seul qu’Áron ne voulait pas voir ici.

Pourtant, comme il s’en doutait, ce fut bien à sa table que Ben vint s’asseoir. L’infiltré le fixa droit dans les yeux, un rictus aux lèvres, les dents si serrées qu’il s’étonna de ne pas les sentir exploser sous la pression. Il lui fallut quelques secondes pour essayer de se détendre et prendre une pose un peu plus nonchalante. Ce qui ne ressembla pas à grand-chose, en vérité. Il avait l’air toujours aussi sombre, prêt à défoncer son interlocuteur sans aucune raison. Du moins était-ce ce que son corps indiquait au monde entier et ce qui sembla alerter la table derrière, qui préféra changer de banquette. Au moins, ils pourraient discuter en paix, maintenant que les clients s’accordaient pour leur laisser une bulle de confidentialité.

Aloha. Áron battit des cils, sans comprendre. Il pinça les lèvres, fronça les sourcils, s’agita sur sa banquette. Il s’était attendu à beaucoup de choses, mais pas à ça. Heureusement, le brun comprenait, à peu près, ce que l’autre essayait de lui dire. Ce qui ne voulait pas dire qu’il comprenait ce que ça venait faire entre eux. À moins que l’autre ne se souvienne pas de lui. Après tout, Áron n’avait été qu’un gamin insignifiant, une âme de plus poussée sur le droit chemin, écartée des crimes pour… mieux y replonger, la tête baissée, parce que c’était ce qu’on lui demandait.

Sauf que ça ne collait pas du tout avec la question qui fusa, soudain, entre eux. Áron desserra les dents, les poings, s’assit au fond de son dossier et passa un bras par-dessus, alors que son regard glissait vers l’extérieur. Il inspecta la rue sans la voir. Sous ses yeux, il revoyait les souvenirs qui avaient été inscrits dans son esprit par une sorcière inconnue (il n’avait pas tout compris à cette malédiction, il devait bien l’avouer). Une bagarre qui avait très mal fini, du sang sur les poings, la rage au ventre, les dents serrées sur l’envie de continuer à les frapper, encore et encore, pour leur faire regretter d’être des abrutis finis. Puis l’ombre menaçante d’un grand policier, braquée sur son corps de gamin. Des dizaines d’uniformes qui se pressaient devant lui, passaient, repassaient, faisaient leur vie sans s’inquiéter du petit débile qui s’était pris pour un caïd.

Ben l’avait impressionné, sans le moindre doute. Il l’avait trouvé grand, carré, classe dans son uniforme, à en imposer par sa seule façon de se tenir dedans. Pour un gamin comme lui, ça avait été comme une révélation. Lui aussi, il voulait devenir quelqu’un de grand. Quelqu’un qui peut arrêter les criminels d’une main plaquée sur leur épaule. Alors, il l’avait observé, quelques fois, de loin. Posé de son côté de la route avec sa bande de délinquants. Jusqu’à ce qu’il se plante devant lui, fixe ses yeux clairs dans les siens et le lui dise cash : J’veux dev’nir flic, moi aussi. Je vais le devenir. Bah oui, tiens. Il s’était foiré en beauté, comme un abruti. Et maintenant, il ne pouvait même plus avoir l’espoir que l’autre ait oublié.

– Je me souviens, se contenta-t-il de répondre, d’un ton sec.

Áron aurait donné cher, pour la première fois de sa vie, pour se tenir dans la tête de Ben. Savoir ce qu’il pouvait penser du gamin qui savait faire parler les poings et ne s’était pas gêné pour le faire, pour continuer dans la voie qu’il devait quitter. Parce qu’il savait, l’infiltré, que l’autre n’était pas au courant de son véritable métier. Pour le bien de sa couverture, pour que personne ne le fasse chier. Pour ne pas être grillé et crever. Il se demandait, alors, quel genre de pensées pouvait fuser dans l’esprit du flic, dans celui qui avait cru bon d’avoir de l’espoir pour lui. Áron ne serait jamais policier. Il avait fait trop de mal, désormais. Il le savait.

– À quoi tu joues ?

Il ne comprenait pas, le brun, cette histoire d’hélicoptère. Qu’est-ce que ça venait faire au milieu de la conversation. Pourquoi parler de ça ? Pourquoi tourner autour du pot, plutôt que d’être direct ? Il savait, au fond, l’infiltré, qu’il ne devait pas être là seulement pour savoir s’il s’intégrait vraiment à la société, s’il avait trouvé un job, s’il faisait ses TIG comme il le fallait. Ben devait avoir d’autres ordres, d’autres points à aborder avec lui, un sujet que Áron n’avait pas très envie d’aborder. Non, il n’avait pas couché avec son ancien agent. Non, il n’en avait pas eu envie. C’était à peine s’il lui avait déjà touché la main mais, apparemment, ça avait suffi.

– Désolé, le vieux, je préfère largement les vaisseaux. Ça va sur Terre comme dans l’espace. Plus de liberté, plus de classe. Mortels… ça dépend de la manière de l’utiliser. Le mien était le pire de tous. (Il eut un sourire mauvais.) Dans ce monde ou l’autre, je reste un criminel recherché. Les gens ne changent jamais.

Áron n’aimait pas ça, mais il devait garder les apparences en place pour ne pas se faire griller. Jouer le dur, le méchant, celui qui n’a peur de rien. Ce qu’il était, au fond. Il ne disait que la vérité. Le capitaine avait tué des… centaines ? milliers de personnes ? et il avait été prêt à faire pire. Tuer la galaxie entière dans un maigre espoir qu’elle se renouvelle. De tout recommencer à zéro. Sans aucune garantie d'y arriver.

– Arrêtons de tourner autour du pot. Autant être cash. Tu veux savoir si je l’ai bai-… (Il eut un tic nerveux, incapable de tant d’irrespect pour l’agente.) Est-ce que tu me croiras si je réponds oui ou non ? J’en ai pas l’impression.



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________________________________________ 2021-03-16, 20:22

Mouchard
Commencer du début et voir la suite … voilà où partait les réflexions de Ben alors qu’il s’assit en face de Áron. Il ne voulait pas forcément le juger, bien que le jugement fût obligatoire dans leur situation, mais il voulait surtout comprendre. Personne ne lui avait demandé s’il connaissait Áron d’avant… personne ne lui avait fait le commentaire, ou l’amener à se poser la question… Ben aurait peut être dû le dire ? Qu’il avait une tendre affection, limite fraternel pour le gamin qu’avait été l’homme avant ? Tout le monde le prendrait pour un fou. Il n’avait pas été assez là. Et loin du regret ou de la déception qu’il devrait ressentir, il y avait surtout de la culpabilité.

Le gamin avait voulu devenir flic. La raison, il ne l’avait pas comprit, mais Ben avait juste eu envie de faire quelque chose pour lui. Montrant son dossier à des gens un peu plus responsable, qui pouvait voir la motivation et l’envie … Ben ne pourra jamais se pardonner, plus tard, la vie qu’il lui avait offerte en voulant montrer sa valeur. Pour le moment, il l’ignorait. Mais personne n’était dû, ça pourrait le détruire. Ben avait placé en ce jeune homme beaucoup de chose, d’envie, de respect, et même étrangement de l’amour qu’il bâillonnait comme il pouvait. Il fit un signe de tête quand il dit se souvenirs. Au fond, il aurait préféré que non. Qu’il lui dise ne pas le reconnaitre, ignorer qui il pouvait être, et juste profiter de ce nouvel anonymat pour l’aider réellement cette fois.

Il avait échoué une fois, pourquoi ne pourrait il pas échouer une seconde fois ? Cette pensée planquait dans son esprit, il reposa sur lui des yeux professionnels mais toujours avec la touche de chaleur qui leur était propre. Quand il lui demanda à quoi il jouait, il sourit.

- Cela s’appelle briser la glace. Tu devrais essayer de temps en temps.

Il ne voulait pas tout de suite se jeter dans la discussion. Il ne voulait pas … avoir à parler de ce qui les sépare, mais de ce qui les rapproche. La mécanique, ça le rapprochait de tout le monde, aux yeux de Ben en tout cas. Que l’on soit fort ou non, conscient ou non, une discussion même de la beauté esthétique d’une 4l était toujours mieux que le silence gênant avant un interrogatoire. Quand il parla de vaisseau, Ben fit clairement une grimace.

- Tu es déjà allé à Margarathéa là ? Je sais plus le nom de cette planète. La ville met à disposition une navette pour y aller … et clairement c’est le pire moyen de locomotion qu’ils ont pu imaginer.

Ben, comme beaucoup de monde à SB, faisait l’impasse sur la logique de pouvoir aller dans l’espace en navette, et de parler avec des aliens, alors que le reste de la société pensait encore qu’il était difficile de rester une heure sur la lune …

- Dans mon monde j’étais un hélicoptère. Les gens changent.

Il n’avait pas honte d’être un ancien hélicoptère, mais il était la preuve vivante que l’on pouvait changer. Il était passé d’une personne de métal à une personne de chair et de sang. Il était passé de volant à terrestre. Il était passé de sans jambe à bipede. Il était passé de pompier à policier. Ce qui n’était donc pas du tout pareil.

- Mais je serais ravi qu’un jour tu me montres ton vaisseau, s’il est aussi classe que tu le dis.

Parce qu’il n’avait connu donc que le vaisseau de la mairie, et clairement, il ne proposerait jamais plus ce genre de voyage intergalactique. Ben réfléchissait à cela quand Áron reprit la parole. Il l’observa, sans broncher, sans rien dire sur la vulgarité non plus.

- Je te croirais. Tant que tu me dis la vérité, je suis sûr de te croire. As-tu eu des relations sexuelles avec ton ancien agent de probation ? Et pourrait tu me dire ce que tu sais sur le changement d’agents que tu as subi ?

Il voulait savoir ce que l’homme savait avant de lui dire le reste. Comme la mort de cette femme, ou bien le fait qu’il était le premier suspect… bien que Ben était le premier à dire que ce n’était absolument pas possible … et son dossier ? Ben s’en faisait du PQ pour être poli. Il attendait sa réponse alors que sa glace arriva. Il mit une cuillère dedans et la porta à sa bouche en attendant la réponse.


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________________________________________ 2021-03-29, 19:40



Mouchard
Áron ne comprenait pas pourquoi c’était une ombre du passé qui resurgissait, soudain, devant lui. Il ne s’était, en vérité, jamais posé la question de l’existence potentielle de ceux dont il se souvenait, à cause d’une malédiction lancée sur lui sans qu’il ne comprenne pourquoi. Le capitaine était habitué, au fond. Il avait été maudit par la matière noire de son vaisseau, devenu immortel pour voguer dans toute la galaxie à la recherche des nœuds du temps. Cette fois-ci, il avait été coincé dans une boucle temporelle, de ce qu’il en avait compris. À quoi avait-ce servi ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais il gardait les souvenirs de choses qui n’avaient, donc, jamais existé.

Au fond, il n’avait pas été un gamin attiré par les combats pleins d’alcool et de sang. Il ne s’était jamais tenu dans un commissariat pour une nuit entière passée en garde-à-vue. Il n’avait pas été interrogé par Ben et ses collègues. Il n’avait jamais voulu devenir flic. Il était juste un criminel, plongé à fond dans les crimes, la drogue, le mal. Il n’avait même pas le rang de flic, seulement un dossier caché qui traînait, encore, d’une main à l’autre et qui finirait, tôt ou tard, jeté ou oublié. La preuve était là, devant lui. Ben ne savait pas qui il était, ce qu’il avait fait, pourquoi il avait besoin d’un agent de probation. Il ne voyait que le criminel à remettre dans le droit chemin.

À nouveau.

Une mission qui commençait bien. Ben et Áron se mataient comme des chiens de garde, prêts à se sauter à la gorge pour défendre leur camp. Le criminel devait garder sa réputation, le flic devait garder son intégrité. Ils étaient faits pour se détester, de toute façon. Peu importait la bonne volonté du policier. Il avait, devant lui, un homme qui méritait son passage en prison. Áron avait commis les crimes pour lesquels on l’avait jugé, sous le commandement de son supérieur de l’époque. Il n’était pas blanc comme neige. Il était aussi sombre que la matière noire dans laquelle il s’était baigné, après le pire crime de toutes ses vies.

– Alola… ?

Tentative ratée qui retomba comme un soufflet sur la table. Áron eut un rictus nerveux, la lèvre retroussée sur ses dents, et détourna le regard. Dehors, c’était mieux que les yeux de Ben posés sur lui. Briser la glace, ce n’était pas son genre, à lui. Il préférait qu’on lui fiche la paix et garder son allure de porte de prison décourageait généralement tout le monde. Ainsi, on ne venait pas lui demander l’heure, ni du feu, ni rien du tout. Il pouvait être tranquille et vivre sa vie sans problème. Ou presque sans problèmes, mais c’était une autre histoire, ça.

– Mon vaisseau n’a rien à voir avec une navette.

La main d’Áron vint, soudainement, se plaquer sur la table, entre eux, et ses yeux clairs lancèrent des éclairs à celui qui osait comparer son Arcadia avec une navette. Rien à voir, vraiment. Il pourrait caser des milliers de navettes dans son cuirassé. Il n’appréciait pas de le voir dévalorisé par un humain qui n’y connaissait rien. Son vaisseau avait été sa honte et sa fierté, le symbole de ce qu’il était devenu par sa stupidité. Il était, aussi, le réceptacle qui recueillait son ami et le véhicule qui lui avait permis de travailler avec Miime.

– Je ne suis jamais allé à Magrathéa, non. Je ne sais même pas ce que c’est. On peut… aller dans l’espace ?

Il atterrissait, sans le moindre doute, mais plongé dans les mafias et autres groupes criminels, il n’avait pas le temps de penser au reste. Son temps libre, il le passait dans la nature, à regarder la Terre vivre ses dernières années. S’il n’était pas dehors, il était dans les écoles, à essayer de sensibiliser les jeunes aux questions écologiques, dans un dernier espoir que les choses changent, avant qu’il ne soit trop tard.

Áron releva ses yeux clairs sur l’hélicoptère. Il n’aimait pas entendre, dans sa voix, la certitude que le brun pouvait changer. C’était trop tard, désormais. Il ne pouvait plus revenir en arrière. Ce qu’il avait fait dans sa vie ne serait jamais pardonné. Le capitaine n’était pas l’homme le plus recherché de l’univers pour rien. Il n’avait pas tué un homme seul, à coups de poings. Il avait détruit une planète entière et il avait été prêt à recommencer sur la galaxie.

– Pas moi, tu le vois bien. Né délinquant, je crèverai dans mes crimes, le sourire aux lèvres, les poings en sang.

Lentement, il esquissa un sourire forcé qui prit, très vite, des allures de grimace. Il n’aimait pas dire ce genre de choses et s’entendre les dire avec toute la sincérité dont il était capable. Au fond, il savait que c’était, là, son destin. Il devait payer pour ses crimes et il le faisait, à longueur de journée, dans cette vie pour qu’on lui pardonne l’autre.

– Mon vaisseau… (Áron fit tourner le verre de sa glace, entre ses doigts, l’air ailleurs.) L’Arcadia n’existe pas encore. Je ne peux rien te montrer du tout et je n’en ai pas envie. T’es mon agent de proba, pas mon pote. Si tu veux te faire une virée à Magrathéa, faudra te trouver un autre débile à emmener.

Ben devait mieux comprendre, maintenant, pourquoi Áron ne comprenait pas l’affection de son ancien agent pour lui. Il n’avait pas fait l’effort d’être agréable, ni poli. Il s’était contenté d’être ce que l’on attendait de lui : un criminel en sursis, prêt à retomber pour les crimes qu’il continuait de perpétrer, un peu partout en ville.

– Tu me croirais, répéta-t-il, sceptique. Alors crois ça : Je ne l’ai pas touchée. La main, peut-être, sans y penser. Mais ce n’est jamais allé plus loin. (Il se redressa, sur sa banquette, un air arrogant sur le visage.) Elle en a peut-être eu envie, elle en a peut-être rêvé, je ne dis pas le contraire. Les criminels, ça les fait toutes craquer, au fond.

Il se dégoûtait lui-même, pour tout avouer. Cette façon de parler, ce regard qu’il lança à Ben, cette impression d’être sûr de lui alors qu’il était tout le contraire. Il avait l’impression de vivre dans le corps de quelqu’un d’autre, de jouer un autre rôle que le sien. Sur scène, devant des spectateurs qui jugeaient le vilain, d’un doigt accusateur pointé sur son nez. À mort, aucun pardon pour le grand méchant.

– Elle a été gaulée en train de falsifier des documents à mon sujet. Je ne lui ai rien demandé, je ne sais même pas ce qu’elle a écrit ou effacé ! J’imagine qu’elle a été rétrogradée et qu’ils se sont dit qu’un homme, ce serait mieux, pour savoir si je mens sur mes journées. (Il haussa les épaules.) C’est mieux, alors ? Ou toi aussi, tu rêves de relations sexuelles avec moi ?

Peut-être, qu’au fond, il ne cherchait plus que cette excuse-ci, Ben censé trouver ses mensonges, offerte sur un plateau d’argent, pour finir sa vie au fond du trou, à expier ses crimes. Un petit tour en prison pour mettre un terme définitif à ses activités illégales. Ou crever entre les mains ennemies. Il ne restait plus qu’à définir qui était l’ennemi.


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________________________________________ 2021-04-01, 11:55

Mouchard
Ben voulait sourire à l’homme en face de lui. Il voulait lui rendre son sourire et dire de passer le plus vite à une discussion qui les mettrait tous les deux de meilleure humeur … mais il n’y arrivait pas. Il ne voulait pas sourire si c’était pour le brusquer, ou lui donner l’impression qu’il ignore ses crimes. Ben avait lu le dossier il ne sait pas combien de fois, en s’énervant contre le passé qui n’avait pas été dans le sens qu’il voulait. Il avait mordu ses ongles jusqu’à en saigner, et même sa fille qui pourtant arriver à le mettre de bonne humeur, avait échoué. Il n’avait pas réussi à l’aider, il l’avait peut être même précipité vers le pire, et ça avait eu le don de le faire se sentir mal. Comme un moins que rien… et il savait aussi que s’il se sentait comme ça, le garçon devait ressentir bien pire …

Alors il essayait de ne pas sourire, de ne pas paraître trop heureux de le retrouver en vie, trop triste de le retrouver dans cette situation, trop coupable de l’y avoir jeté même s’il ne savait pas encore dans quelle mesure… Il l’observait, observait ses réactions, sa manière de faire, de répondre … et il avait répondu à son Aloha. Même si c’était avec le soupçon de questionnement qu’il s’attendait.

- Je ne le connais pas, je ne peux pas le critiquais.

Ben ne regardait pas la télévision … pour lui Albator ou mon petit poney, c’était du pareil au même et l’histoire ne l’intéressait pas plus … bien que s’il apprenne que l’enfant était Albator peut être ferait il un effort, qui peut le dire ? Pas lui en tout cas. Pour le moment il n’était pas du tout dans cette réflexion. Il le laissa s’énerver, sur sa fierté apparemment mis à mal. Il ne voulait pas dire du mal de quelque chose comme son vaisseau … Ben savait qu’il pourrait aussi s’énerver si on lui disait que ses hélicoptères ne sont rien, alors que pour lui ils sont tous.

- On peut aller sur une planète, oui. Il faut aller prendre un billet à la mairie et faire tout un tas de paperasse, mais on peut.

Lui y était allé une fois, rapidement, et avec une affaire qui avait été réglé en prenant tout le temps et sans pouvoir profiter. A peine arrivé que le garçon avec qui il était s’était fait voler son porte feuille, et ils étaient restés dans la station spatiale pour le retrouver… au grand damn de Sally qui voulait visiter. Ben lui avait promit d’y retourner un jour …. Peut être pourrait il y inviter Aron ? Pas sur qu’il le désire, mais c’était une idée qu’il garda dans son esprit pour plus tard.

Ben observa l’homme en face de lui dans un silence qu’il laissa planait un peu… il avait envie de lui mettre la tête dans un pot d’échappement pour avoir osé dire ce qu’il venait de dire. Il soupira. Il savait ne pas vouloir réellement lui faire du mal… Ben n’était pas le genre bien qu’il menace de temps en temps des gens trop irrespectueux pour lui.

- Tu es né enfant au grand cœur. Que tu es le sourire aux lèvres, et les poings en sang, ça peut arriver à tout le monde, même au meilleur.

Pensait il que Ben n’a jamais tué personne ? Depuis qu’il était dans la police de SB, en effet, il n’avait tué personne. Quand il était à l’armée, il avait dû tuer. Maru aussi d’ailleurs alors que lui n’était même pas policier à l’origine… Ben aussi avait les mains pleines de sang, même si ce n’était pas le même cas de figure. Ben l’observa. Il avait toujours un regard chaleureux pour lui. Et on pouvait aussi lire dans son regard qu’il avait bien compris ses paroles, mais qu’il n’était juste pas d’accord.

- Tu es donc toujours autant sur la défensive ? Quand tu étais gamin aussi. Je ne suis pas ton ennemi, et je peux être ton pote si j’en ai envie, les autres ont plutôt pas intérêt à me faire chier sur ça. Pour l’Arcadia, il y a assez de personne qui se la pète sur leur QI pour t’aider à le retrouver je pense.

Ben ne se laissa pas abattre par la manière qu’il avait de vouloir l’envoyer baladé. Il peut toujours essayer. Il avait un fuck à faire au destin, et cette fois ci il n’allait pas laisser tomber Aron comme ça. Il allait tout faire pour l’aider, et si on l’emmerde … on allait enfin comprendre pourquoi on ne le considérait pas forcément comme le héros de son histoire… parce qu’il peut être un véritable trou du cul quand il veut.

Il écouta ensuite l’homme expliqué ce qu’il savait. Il sourit en le voyant être honnête. Ben le savait, il le sentait, qu’il cachait des sentiments bien plus gros sous sa carapace et sa manière de lui répondre confirmer tout cela.

- Ok. La main, peut être par reflexe, et pas plus loin. Ce n’est pas les criminels qui les font craquer, c’est ce que tu es. Surtout un agent de probation, tu penses bien que ce n’est pas toi son premier criminel. Elle n’a jamais eu de soucis avant. Toi tu es plus … toi.

Ben savait qu’Aron avait ce petit quelque chose en plus, ce « plus » qui le rendait plus … honnête, plus … Ben a toujours eu envie de l’aider, et il ne doutait pas que l’autre agent avait dû avoir la même envie coller au fond du cœur. Si elle voulait en plus du sport horizontal, ce n’était qu’un détail face aux sentiments généraux.

- Ce n’est pas exactement ce qu’il sait passer. Elle a en effet été rétrogradée. Elle a supprimé une partie de vos échanges du dernier mois, et elle a aussi effacé des recherches qu’elle avait fait. Je ne sais pas dans quoi tu trames, mais elle avait peut être commencé à mener une enquête. Peut être parce que nous n’avons aucune preuve de ce qu’elle pouvait écrire.

Ben le regarda. Relations sexuelles ? Il n’en avait eu qu’une fois, avec une femme. Il était un ancien hélicoptère et sa libido était proche du néant total. Il devait trouver l’amour avant de ressentir quelque chose dans ses hormones … et malgré ce que tout le monde pense, l’amour ne se trouve pas à tous les coins de rue. Il préférait ignorait tout ce qui avait un rapport au sexe.

- Un homme, et surtout un enquêteur. Je vais être cash avec toi. J’ai besoin que tu m’aides. Mais avant, il faut que je fasse mon boulot, et je suis sur que tu peux le comprendre, tu faisais quoi avant-hier vers 22 heures ?

Pitié un endroit avec témoin, pitié un endroit avec témoin … au moins ça éviterait de devoir prouver son alibi en plus d’avoir à chercher son innocence… Ce que Ben savait être. Aron était innocent, point. L’homme en face de lui ne pensait pas une seule seconde à l’agent de probation comme une femme morte, mais une femme parti.


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________________________________________ 2021-04-25, 19:51



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Un billet à la mairie, de la paperasse et ils pouvaient décoller pour une autre planète. Áron n’avait jamais entendu parler de ça, jusqu’ici. Comment était-ce possible ? Peut-être que son esprit avait, simplement, effacé l’information pour qu’il ne soit pas tenté par l’expérience. Il ne devait pas se laisser perturber par ce genre de choses. Rien n’assurait que s’il retournait dans l’espace, le capitaine réussirait à redescendre sur Terre et reprendre sa vie. Il aurait, peut-être, envie de rester là-haut, parmi les étoiles, de subtiliser une navette ou un vaisseau et de partir au loin, dans le silence infini de l’univers. Peut-être chercherait-il une planète qui, dans son monde, n’existait plus, détruite par ses ennemis.

Pour le moment, le brun préféra laisser ces questions de côté et se concentrer sur la suite. Une suite qui ne lui plut pas le moins du monde, ce qu’il fit savoir d’une belle grimace dégoûtée. Que savait-il de lui, Ben ? Áron n’avait jamais été un enfant au grand cœur. Il s’était plongé tout entier dans la délinquance dès le plus jeune age. Il s’était percé avec les coups, les cris, les insultes crachés sur le trottoir. L’envie de faire parler une violence inscrite en lui qu’il ne pouvait plus nier. Ce n’était pas lui, pourtant, il le savait. Au fond de son cœur, le capitaine ne comprenait pas qui était ce gamin turbulent lancé sur la route des flics. Il avait, lui, toujours fait partie de l’armée, capitaine de son cuirassé, le meilleur de sa génération.

Jusqu’à tomber au plus bas de l’échelle.

Dans ce monde, il avait fait l’inverse. La rue pour cour de récréation, la police comme but ultime. Un rêve qui n’était pas devenu réalité, qui lui avait échappé, peu à peu, à mesure qu’il refermait les doigts sur cette possibilité. Plus il approchait de sa destination, plus elle s’éloignait. Jusqu’à totalement disparaître de sa vue, de sa vie. Le brouillard posé sur sa route et qui ne se lève plus. Il ne serait jamais un policier. On avait beau le lui avoir promis, avoir fait miroiter l’uniforme devant son regard, il savait que ça n’arriverait jamais. S’il ne mourait pas avant, il serait enfermé pour ses crimes. Il avait dépassé trop de limites.

– Tu ne sais rien de moi. Tu t’accroches à une image inventée et tu supposes le reste comme ça t’arrange. Si je te dis que j’ai détruit la Terre et que j’ai été prêt à recommencer avec l’univers, tu vas dire quoi ?

La vérité balancée comme un poison qui s’écrasa sur la table. C’était ce qui était arrivé, ce qui aurait pu et aurait dû arriver si le capitaine n’en avait pas été empêché avant qu’il ne soit trop tard. Maintenant, il comprenait son erreur. Il savait qu’il n’aurait pas dû se lancer dans cette aventure, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que ça restait la dernière solution au problème de la Terre. C’était pour cette raison qu’il avait donné le détonateur à son successeur. Il ne serait plus là, lui, pour voir l’univers explosé, mais il savait que ça arriverait. Un jour ou l’autre, quelqu’un serait forcé d’appuyer sur ce bouton.

– Je ne veux pas. Il n’y a qu’un seul Arcadia et aucune copie possible. Ils peuvent essayer de le reconstituer, mais il leur manquera toujours la dernière… pièce.

L’essence-même de l’Arcadia reposait dans son énergie noire et la seule personne capable de la manipuler. Sans Miime, l’Arcadia ne servait plus à rien. Tout comme le vaisseau ne pouvait plus se dresser entre les planètes sans capitaine. Sauf qu’il n’était plus capitaine depuis longtemps et il ne méritait pas de le redevenir un jour. Peu importait le manque, l’envie de reposer ses mains sur le gouvernail, de tourner un grand coup pour percuter ses ennemis et aborder leurs bâtiments. Il ne pouvait plus être Harlock.

– Tch, cracha-t-il, en regardant dehors. C’est n’importe quoi.

Il ne savait pas ce qu’il pouvait répondre à ça. Que pouvait-il avoir de plus, lui ? Si ce n’était le frisson du danger qui courait sur ses talons, qu’est-ce que ça pouvait être ? Il ne voyait que ça, lui. Cette aura un peu dangereuse qui lui tournait autour et qui attirait le regard, malgré lui. Il était ce qu’il était. Dans un monde ou dans l’autre, Áron en imposait par sa seule présence, par cette manière toute à lui de regarder les autres, de s’en détourner, de se tenir assis comme s’il était le maître de son destin, du destin des autres, aussi. Ce qu’il n’était pas. Ce qu’il n’était plus. L’avait-il jamais été ?

– Une partie de nos échanges, répéta-t-il, sans comprendre. Je ne vois pas pourquoi. Je n’ai rien dit qui mérite qu’elle fasse une chose pareille. Enfin… il me semble pas. À moins qu’elle ait cru pouvoir recouper mes déplacements avec quelques affaires qui ne plairaient pas à vos patrons.

Ce qui était problématique, s’il en restait des traces. Áron faisait, généralement, attention à ce qu’il disait à son agent, pour ne pas replonger alors que ce n’était pas prévu. Avait-il pu faire une erreur ? C’était possible. Si ça avait coûté son travail à son ancien agent, il s’en voudrait, sans le moindre doute. Mais il ne comprenait pas pourquoi Ben aurait besoin de son aide là-dessus. Peu importait ce que le criminel ferait, il savait que l’agent ne retrouverait jamais son travail. C’était trop tard, maintenant.

– Avant-hier vers 22 heures… Tu te fous de moi ? C’est quoi cette question ? Quel rapport avec mon suivi ? Ou mon agent de probation ? Qu’est-ce que tu me caches ?

Il y avait un truc qui ne collait pas, une information qui lui échappait. D’habitude, personne ne lui demandait ce qu’il faisait deux jours avant, en pleine nuit. Sauf s’il y avait une enquête. Et il se doutait, au fond, du genre d’enquête qui pouvait relier un criminel à un agent de probation. Alors, Áron se pencha sur la table, le regard sombre, et parla le plus bas qu’il put.

– Elle a été tuée ? (Sa voix sifflait de haine.) Je peux pas te dire ce que je faisais avant-hier soir. Mes témoins, t’en veux pas. Mais je l’ai pas tuée. Alors, comment on fait ?

Ils étaient dans une impasse, sans le moindre doute. Áron passait ses nuits à traîner avec différents groupes criminels. Leur témoignage ne tiendrait pas deux secondes contre la police. Il était foutu. Et il se demanda, soudain, si ce n’était pas pour cette raison, justement, que le meurtre avait été commis cette nuit-là. La veille et le lendemain, Áron aurait eu des alibis qui tenaient la route. Mais pas ce jour-là.


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________________________________________ 2021-05-07, 17:52

Mouchard
Ben observa le jeune homme dans un silence et une immobilité qu’il n’avait que rarement. Il faisait toujours en sorte de mettre la prudence en premier. Pour se protéger lui de tout ce qui pourrait lui arriver, protéger la haine qui allait lui tomber sur le coin du bec, la perte des gens qu’il aime, la peur. Il avait tout ça, et c’était ce fait qu’il le faisait garde une distanciation sociale, et cela même si on en avait pas de covid dans cette histoire, il lui fallait rester éloigné des gens.

Il le fallait, il se forçait … parce que pour dire une vérité qu’il ne pouvait dire à voix haute, il s’était attaché à l’enfant qu’il avait connu. Il avait eu envie de le connaître, d’être quelqu’un pour lui. Il ne savait même pas pourquoi. Il l’observa en réfléchissant sur sa question.

- je te dirais qu’on a tous était autre chose avant, et que ça ne peut pas avoir la même valeur ici.

Il avait regardé Matrix avec sa fille … et après cela … Des questions avaient fusés. Existait-il réellement ? Ou est ce qu’il avait été inventé par un homme et ensuite quelque chose les avait amené ici en leur donnant des faux souvenirs dans des faux souvenirs ? avait il de l’adn comme les autres ou était il différent à cause de ce qu’il était avant ? Il y avait tant de question qui ne trouvait de réponse que dans le silence … alors savoir que l’homme en face de lui avait détruit la terre, et voulu faire pareil de l’univers …. Il sentait qu’il lui manquait bien des données pour être sur de comprendre et émettre un quelconque opinion.

- Je te dirais qu’il faut que tu m’en parles un peu plus pour que je comprenne, le contexte, l’idée, le pourquoi et le comment, si tu as envie d’en parler. Sinon je ne vois pas ce que tu peux attendre de réaction de ma part.

Il était un hélicoptère. Dans un monde ou les animaux, par exemple les vaches, sont des véhicules, par exemple des tracteurs, dans un monde ou on récolte du blé pour faire de l’essence et où l’on met des ombrelles dans un verre de kérosène parce que c’est bon. Il n’avait rien fait de mal dans son monde, mais il ne pouvait pas attendre, et ne voulait pas d’ailleurs, que les autres le juge sur son monde, ce qu’il était là bas, car le monde n’était pas le même. Ben l’observa et fit un sourire pour l’arcadia. Il ne savait pas ce qu’il manquerait, mais il ne pouvait que le croire et se taire alors. Il sourit encore devant son Tch jeter. Il ne pouvait que sourire de toute manière.

- Si tu le dis. Mais je suis sacrément têtu, il en faudra plus pour me faire changer d’avis.

Il fit un léger mouvement des épaules pour clore le débat. Il avait la vision d’Aron d’avant, peut être, mais il espérait que c’était vraiment plus proche de ce qu’il était réellement que de ce qu’il voulait montrer. Ben ne savait pas pourquoi il était tourné dans la délinquance, mais il savait que son fond n’était pas méchant. Même s’il était plongé dans une nostlagie, il écouta attentivement ce qu’il disait sur son ancienne agent de probation … Il aurait bien voulu comprendre ce qu’elle avait coupé, pourquoi et si c’était réellement pour Aron ou pour elle.

- J’aimerais que l’on revienne sur certaines de ces trous qu’elle a laissés pour les combler, si cela te va. Ne t’en fais pas, je sais bien que si je te demande ce que tu faisais à 14h, le 2 mai 2004 tu auras un peu de mal, mais surtout voir si selon toi il y a une ligne directrice.

Bien sur, si Ben savait que lui demander pour l’année 2004 était compliqué … il pouvait lui demander pour avant-hier, c’était normalement déjà plus frais dans son esprit. A la question qu’il posa, il garda un instant le silence, il ne savait pas comment lui dire. Il ne savait pas ce qu’il devait lui dire … et comment. Malheureusement pour Áron, il comprit tout seul. Il ne savait plus quoi dire et le regard.

- Je suis désolé. Elle a été en effet tuée avant-hier, vers 22h selon le légiste.

Il fit une courte pause en réfléchissant simplement à comment faire. Il n’avait absolument aucun doute que Áron soit innocent. Il le savait, et il pouvait le dire. S’il savait que la plupart des choses qu’il avait faite, c’était vrai … Ben savait aussi qu’il lui manquait une donnée pour comprendre.

- je te crois. Même si tu dis que je ne croirais pas en leur dire, toi je te fais confiance….

Il leva les mains en signe d’apaisement tout de suite avant qu’il ne lui sorte encore une fois qu’il ne le connaissait pas. Ben savait, et ça lui suffisait amplement pour le moment.

- J’ai déjà dit que je te prenais comme consultant, en faisant passer ça pour « il faut le garder à l’œil ainsi il ne pourra pas m’échapper », parce que la plupart ont déjà décidé que tu étais son meurtrier, mais je sais que non. Et quand je vais leur rabattre le caquet ça me fera bien rire. J’ai besoin de toi pour ça. Est-ce que tu accepterais ?



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________________________________________ 2021-05-21, 09:29



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Le déni de Ben lui pompait l’air d’une force que l’ancien capitaine n’aurait pas supposé lui-même. Pourquoi devait-il s’énerver autant sur si peu ? Il sentait, au fond, que la vérité de Ben était trop proche de celle qu’il aurait aimé avoir, de celle qui aurait dû être la sienne, si on l’avait laissé faire ce qu’il voulait : enfiler l’uniforme et, lui aussi, partir faire des enquêtes avec ses collègues. Maintenant, il était condamné à frapper des criminels, à extorquer de l’argent, traumatiser des innocents pour avoir l’air d’un bon toutou. Un chien qui n’avait plus ni crocs ni griffes pour frapper ses maîtres et devait suivre docilement, la gueule fermée sur ses aboiements. Désormais, il était impuissant.

Au fond, Ben n’avait pas tort : ils étaient autre chose, avant. Avant, personne n’aurait pu se mettre en travers de sa route. Harlock traversait la galaxie sans s’inquiéter de ce qu’on pourrait lui faire. Cent ans d’errance en tant que criminel le plus recherché de l’univers. Son Arcadia résistait à toutes les attaques et lui-même n’avait pas pu être exécuté, sauvé de justesse par celui qui avait été envoyé le tuer. Harlock était maudit, condamné à l’éternité pour la plus grosse connerie qu’il ait faite de sa vie. Ici, il n’était qu’un pion, incapable de tirer sur sa laisse, les gestes dirigés par ses nombreux marionnettistes. Ben serait-il l’un d’eux ?

– Que tu cesses de te bercer d’illusions, répondit-il, du tac au tac. Le gamin que tu as connu a été inventé par une autre et tu le sais. Je ne suis pas un homme bien, je suis un criminel. Point. Il n’y a rien de plus à savoir.

Non, Áron ne voulait pas parler des raisons qui l’avaient forcé à détruire la Terre entière. Évidemment, il ne l’avait pas voulu. Une erreur de calcul, dans l’urgence d’une situation trop injuste pour lui. Combien de vaisseaux avait-il détruit pour que les grands pontes de l’univers puissent passer des vacances sur Terre ? La Terre Sacrée devait rester sacrée. L’injustice le mettait hors de lui. Alors, il s’était retourné contre ceux qui l’employaient, contre ses propres collègues. Il avait demandé à Miime de détruire les autres cuirassés, sans s’inquiéter de ses sœurs, à l’intérieur. Il avait exigé que la Terre soit recouverte de matière noire. À quel point était-il un abruti ? Il aurait dû se douter que rien ne fonctionnerait comme il l’avait imaginé.

La matière l’avait recouvert tout entier pour le punir de ses méfaits.

Ben ne voulait plus en parler et Áron non plus. Ils étaient coincés dans une impasse et pour en sortir, ils ne pouvaient que se taper dessus. Ni l’un ni l’autre n’en avaient vraiment envie. Alors, ils abandonnaient le combat, les bras baissés pour ne pas frapper. Têtus, ils l’étaient tous les deux et aucun ne voulait revenir sur ce qu’il avait dit. L’ancien capitaine savait de quoi il parlait, il savait ce qu’il en était. Au fond, il ne mentait pas. Il jouait le rôle un peu trop loin, pour que Ben ne comprenne pas, mais il ne mentait pas totalement. Sa survie était en jeu, il n’avait pas le choix.

Cette fois, le brun ne dit plus rien, ses yeux clairs levés vers ceux de Ben. Il essayait de comprendre ce qu’il ne voulait pas lui dire, dans une retenue qui n’était pas la bienvenue entre eux. Les non-dits commençaient à stresser l’infiltré qui devinait, au fur et à mesure, ce qu’il dissimulait. La mort de son agente l’étonnait, le chagrinait, lui donnait des envies de vengeance qu’il se connaissait peu. Áron ne comprenait pas pourquoi on s’en était pris à elle. Ni le rapport avec lui, à part qu’il était, sans le moindre doute, le coupable idéal. Si ça n’avait pas été Ben, il savait qu’il serait déjà derrière les barreaux, incapable de prouver qu’il ne l’avait pas tuée.

– Est-ce que j’ai vraiment le choix ? grinça-t-il, avec un rictus mauvais.

Il savait, au fond, que Ben ne lui demandait pas vraiment son avis. Il en allait de sa vie, au fond. De son avenir. S’il ne collaborait pas, il serait envoyé en prison pour un crime qu’il n’avait pas commis et, cette fois-ci, aucun policier ne pourrait lui venir en aide, il en était certain. Alors, à deux, ils devaient faire tout leur possible pour trouver celui qui avait fait ça, pourquoi et comment. La justice étant ce qu’elle était, Áron ne jurait pas de ne pas se charger du cas du coupable avant que les fers ne lui soient passés aux poignets.

– Je ne vois pas le rapport entre sa mort et les trous qu’elle a faits, elle-même, dans ses rapports, mais donne-moi les dates et je ferai en sorte de répondre comme je peux. Je peux pas te jurer que je me souviens de tout ce que j’ai fait ce dernier mois. Ni que la réponse te plaise vraiment.

À ce rythme, Áron retournerait en prison, de toute façon. S’il voulait s’innocenter du meurtre, il devait avouer ses autres crimes. S’il ne le faisait pas, alors il serait accusé de meurtre. Peu importait la voie qu’il choisissait, il finirait dans le mur, alors il préféra jouer cartes sur table.

– Je préfère être honnête avec toi : Je ne me tiens pas à carreaux depuis ma sortie de prison. Ça n’a rien changé pour moi. Alors, oui, avant-hier, à 22h, je traînais dans un vieux hangar à écouter les patrons préparer un prochain coup et à entraîner les petits nouveaux à se défendre comme il faut. C’est ça, mon taff.

C’était, du moins, ce qu’il faisait depuis deux semaines et ce, jusqu’au prochain gros coup. Il avait réussi à monter dans l’estime de ses employeurs du moment et Áron intégrait toujours l’équipe qui prenait le plus de risques. Son professionnalisme était apprécié et ça le faisait bien marrer, alors qu’il rêvait de tous les voir passer derrière les barreaux.

– J’imagine que vous avez fouillé chez elle, enchaîna-t-il, en fouillant dans sa glace. Vous n’avez rien trouvé ? Il va falloir m’en dire plus. Tout, de préférence. Si tu veux que je t’aide à trouver qui l’a tuée.



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________________________________________ 2021-07-20, 21:59

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Ben écoutait Aron … Oui. Il avait raison que la personne qu’il connaissait avait été fait par un autre … et il savait aussi que toute sa vie dans le monde des contes aussi avaient été inventé par une autre … cependant, il considérait que ce qu’il avait pensé vivre avait forgé l’homme qu’il était ensuite devenu depuis six ans. Que c’était l’homme qui avait permis de rencontrer Illyana, d’adopter Sally. Blade Ranger, dans sa vie d’hélicoptère, n’aurait pas vécu tout cela sans avoir eu cette fausse vie dans ses souvenirs, dans ses pensées, et dans son cœur. Il lui avait fallu les deux pour être celui qu’il était en ce moment même … beaucoup considérait que ce qui était arrivé pendant la malédiction n’était rien qu’une illusion, que ça n’existait pas … mais lui ne le pensait pas ainsi … il pensait réellement que tout était à prendre en compte.

- L’homme que je vois en face de moi est un mélange entre cette illusion inventé et celui qu’il a été encore avant. Ose me dire que tes faux souvenirs n’ont pas un peu, un tout petit peu, changer l’homme que tu étais avant. Tu es une nouvelle personne. Plus et moins que les personnes que tu étais avant. Même les criminels ont le droit à la rédemption.

Bien qu’il n’était pas sur d’avoir bien fait comprendre ce qu’il voulait dire, il espérait qu’il est comprit le plus gros de son dénouement de pensée. Ben ne voulait pas que l’homme reste le gamin de ses souvenirs … le gamin était un enfant. Maintenant, il était un homme. Il savait que ce n’était plus la même chose. Mais il ne pouvait pas croire qu’il était devenu un monstre … s’il avait été un monstre dans ses contes, alors son passé illusoire l’avait forcément changé, et c’était en ça qu’il voulait croire. Il ne voulait pas non plus braquer l’homme, ainsi décida que la conversation était close … bien qu’il était le genre de personne qui pouvait être très arrêté, trop peut être, sur ses idées. Ben réfléchit à la question que Aron lui posait. Le choix ? Non pas vraiment…

- J’aimerais te dire que oui … que tu as toujours le choix. Si tu ne le fait pas, on risque de te mettre avec plus de force sur la liste des suspects… Au contrario, si tu acceptes de coopérer avec moi, ça me fera plaisir, tu seras officiellement « sous surveillance » pendant l’enquête, et en plus tu pourras prouver ton innocence.

Ben n’en doutait même pas une seule seconde … il se doutait que la mort de son agent avait certainement un petit rapport avec lui … mais il était sûr qu’il n’avait pas appuyé sur la détente, et ça ça lui suffisait pour lui faire confiance et pour l’inclure dans l’enquête sans demander plus.

- Ne t’en fais pas pour les réponses qui ne me plairont pas. Je préfère qu’elles ne me plaisent pas qu’un mensonge pour ne pas heurter ma sensibilité tu sais.

Pendant qu’il parlait, il sortit de sa poche de jean un calepin. Dessus, il nota des dates qu’il se souvenait plus ou moins. Il y en avait une petite dizaine. Tout venant du mois en cours ou celui juste avant. Les dates changeaient remontés qu’à ce moment là. Il entoura d’ailleurs la plus vieille d’entres elles. Il tendit le papier à Aron.

- Tu as le temps pour me dire. Celle que je t’ai entouré est la première fois qu’elle a modifié tes réponses, on pense. Avant il ne semblait pas avoir d’irrégularité.

Il avait bien sûr écouté ce qu’il avait dit sur ses patrons et les prochains coups et les petits nouveaux. Ben avait forcément fait une grimace. Il n’aimait pas qu’Aron se trouve la dedans, pas plus que de l’entendre parler de « petits » nouveaux… Cela avait de quoi le coincer un peu. Il finit par faire un sourire en posant un regard sur lui.

- On s’occupera du reste plus tard. Pour le moment, un délit à la fois si tu le veux bien. Je vais juste continuer à me persuader que je préfère que cela soit toi qui t’occuper des nouveaux plutôt qu’un autre.

Ben aimait à croire que si un nouveau était …. Trop dangerueux ou en danger, alors il lui viendrait en aide à sa manière. Il ne savait pas s’il avait raison. Il ne pouvait le dire avec une absolue certitude… il ne savait pas pourquoi Aron travaillait encore dans ce genre d’affaire, ni ce qu’il y trouvait … mais il voulait l’aider, et continuer à croire en lui pour le moment.

- Nous ne sommes pas encore passé chez elle. Nous avons trouvé le corps il n’y a que quelques heures, et pour le moment on a juste mit un garde en faction à sa porte pour que personne ne vienne fouiller chez elle, et dans son bureau, avant que les enquêteurs arrivent.

Il se montra du doigt, puis pointa Aron du doigt pour lui faire comprendre que les enquêteurs attendus pour fouiller la vie privé d’une morte … c’était eux deux. Il fit un large sourire alors qu’il attendait de voir si un lien sur les dates lui sautaient aux yeux … Ben réfléchit.

- Il faudra aussi que je te montre les différentes affaires qu’elle avait sur elle, peut être que tu remarquerais quelque chose. Pour le moment, je t’avoue que tu es la personne qui la connaissait peut être le mieux. Je ne l’ai jamais réellement croisé. Elle n’avait pas de famille. Ses parents sont morts y a des années déjà. On lui connait aucun petit-ami, aucun crush, aucun love interest, et ce ne sont que des mots que je viens d’apprendre.


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