L’assistance sociale avait pris une petite semaine de congés. Elle avait besoin de faire une pause niveau boulot pour se concentrer un peu plus sur ses enfants, et notamment sur Even. April lui avait appris que Samuel s’était enfin déclaré mais vu que sa fille ne lui en avait pas parlé, la blonde se posait pas mal de questions. Notamment celle de savoir pourquoi diable sa fille n’était pas venue lui en parler aussitôt qu’elle était rentrée à la maison ?! Sa fille la prit par surprise en venant dans son bureau lui proposer de partager des crêpes et un thé.

- Even ?! Je ne savais pas que tu étais à la maison aujourd’hui… J’ai toujours plus ou moins envie de crêpes ! Mais, ma puce, pas de thé avec. On prend un chocolat chaud plutôt, non ?

Ensemble, la mère et la fille se dirigèrent vers la cuisine et tandis qu’Even préparait les crêpes et tout ce qui allait avec, Anita se chargea de préparer deux tasses de chocolat chaud. Et une fois installées, la plus âgée ne tourna pas longtemps autour du pot.

- Pas que je n’aime pas ces moments juste toutes les deux… Mais j’ai l’impression que ce n’est pas sans raison que tu as fait tout ça. Qu’est-ce qu’il se passe Even ? Demanda-t-elle à sa fille.

Comme le lui avait dit April, elle connaissait bien sa fille. Et là, Even était en plein doute. Mais pourquoi ? Samuel s’était enfin déclaré, la vie devrait être belle non ? La lionne se promit de découvrir ce qui n’allait pas et de rendre le sourire à sa fille adorée.

Sans en avoir l’air, Anita observait sa fille à la dérobée alors qu’elle était en train de préparer l’un de ses fameux chocolats chauds. Elle connaissait sa fille par cœur, elles avaient toujours tout partagé, jusqu’à récemment du moins. Quoi qu’il en soit, la lionne avait bien compris que quelque chose tracassait Even et ces dernières années, quand sa fille était perturbée, c’était souvent à cause de Samuel. Puisqu’elle savait que les deux s’étaient enfin déclarés, l’assistante sociale avait comme l’intuition que la conversation qu’elles allaient avoir tournerait autour de cette situation. Ce qui en soi convenait parfaitement à la quarantenaire qui voulait que sa fille lui avoue les choses, enfin.

- Oui… Dit-elle doucement, attendant la suite alors qu’elles étaient installées devant leurs tasses de chocolat.

Et enfin ! Even la mettait enfin au courant de ce qu’il s’était passé entre Samuel et elle. Franchement pour le coup, Anita était un peu vexée de savoir qu’April avait su l’évolution de cette relation avant elle, alors que vraiment, son duo avec sa fille se disait toujours tout, au contraire du jeune homme qui était plus discret sur sa vie sentimentale. Donc ouais, elle l’avait mauvaise d’avoir appris la nouvelle par sa meilleure amie et non par sa fille. Mais bon, c’était ainsi…

- C’est angoissant mon cœur… Mais c’est ça l’amour. C’est donner le pouvoir à quelqu’un de te briser en mille morceaux. On a beau vouloir croire que c’est toujours la plus chose qui puisse nous arriver, c’est aussi la plus compliquée, parce qu’il faut se faire confiance et avoir assez confiance en l’autre pour accepter qu’il connaisse nos faiblesses mais ne s’en serve jamais. Ou dans le cas de Samuel, c’est accepté qu’il puisse de nouveau t’oublier un jour. Commença-t-elle d’une voix douce. Mais Even… La question que tu dois te poser, ce n’est pas « et si », mais plutôt « est-ce que ça en vaut la peine ». Toi seule peut décider que oui, ça vaut la peine de prendre tous les risques. Ou pas. Personne ne peut savoir de quoi l’avenir sera fait… Mais si on ne prend pas les bons moments quand ils se présentent, comment pouvoir avancer ? Alors je te pose la question : est-ce que ta relation avec Samuel vaut la peine que tu puisses souffrir ? Demanda-t-elle à sa fille.

Au fond, c’était à cela que tout se résumait. Anita s’était posée la même question quand elle avait rencontré le père de ses enfants. Surtout après qu’il l’ait abandonné avant la naissance de Nala. Cela ne l’avait pas empêché de remettre ça, et au fond elle avait bien fait : Mheetu était né grâce à cette prise de risque. Donc tout passait par cette question : cela en valait-il la peine ?