« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Les beaux jours finissent toujours par revenir. Il y a des jours, des mois, des années qui peuvent paraître interminables, où on a la sensation qu'il ne se passe jamais rien, et il y a des minutes et des secondes qui bouleversent votre vie à jamais. L'un de ces instants, je l'ai vécu aujourd'hui.
Socrate se tenait là debout, face à moi, dans le jardin jouxtons le cottage. Il était vêtu d'une chemise blanche dont les manches étaient retroussées. Il avait un pantalon brun, de grosses bottes et une brouette qu'il venait de stopper dans son avancée. Il portait également une casquette. Je savais qu'il n'était pas friand du soleil et de sa chaleur. C'était un comble pour un être que j'avais créé lors d'une belle matinée ensoleillée afin de l'offrir en cadeau à une jeune femme, qui ô combien m'était précieuse.
Il se tenait là et il me regardait. Une seconde. Une minute.
En quittant le monde de Lyra et de Malcolm, je savais que ça allait être une toute nouvelle ère qui s'ouvrait à nous. Une ère remplie de mystères, de doutes, de solitude. On accueillait de nouveaux compagnons, et pourtant Ellie me l'avait dit. J'allais me retrouver seul.
« Pendant un petit moment, tu vas te retrouver tout seul. Je ne pourrais plus t'arracher à un monde pour t'emmener dans un autre. Mais je te promet que ça se passera bien. Ca ne sera que pour un Temps. Un minuscule petit mauvais moment à passer. »
C'était comme un pansement qu'on arrachait. Les humains prétendaient que ça ne faisait pas mal. Qu'il fallait mieux y aller vite que d'attendre, histoire de faire les choses biens. Socrate était quelqu'un qui avait tendance à arracher le pansement d'un geste bref. Parfois même sans y mettre trop de tact. Mais pas avec moi. Il avait ce respect envers ma personne, tout comme j'avais ce respect envers lui.
J'avais longtemps considéré que les créatures étaient différentes de nous. Qu'elles n'étaient pas aussi "humaines" que nous. Qu'elles ne méritaient ni d'être nos égaux, ni d'êtres traités de la même manière que nous. Elles n'avaient pas d'âmes. Mais avec Socrate, ça avait toujours été différent. Sans doute parce qu'il avait été créé pour une raison différente de toutes les autres créatures. Et que je tenais beaucoup à la raison de sa venue au monde.
« Malcolm ? Lyra ? Je vous présente Socrate. C'est un ami. Mon plus vieil ami. » lui dis-je en hochant la tête dans sa direction, avant de me mordre les lèvres et de tenter de garder mon sang froid. « Pantalaimon ? Asta ? Tout comme vous êtes une partie de Malcolm et de Lyra, il est une partie de moi. »
Je comprenais que le lien humain et Daemon allait au delà du partage d'âme. Ca demandait du travail, de l'acceptation. Il y avait des hauts et des bas. Mais au final, cela pouvait donner de très grandes choses.
« Socrate, ce sont nos nouveaux amis. Ils viennent d'un monde d'où j'ai été emporté avec Alexis et Vaiana, comme tu as du t'en douter. »
Il m'observait toujours, sans tourner la tête vers nos futurs compagnons de route. Je l'observais à mon tour, avant de lui adresser un petit regard se voulant rassurant.
« Ca va. » lui dis-je. « Tout va bien. » ajoutais-je, tandis qu'il tourna enfin la tête vers les jeunes gens.
Je le vis baisser les yeux vers Asta, avant de regarder en direction de Pantalaimon. Je me demandais si Asta avait repéré que mon Socrate était un chat lui aussi.
« Peux-tu leur indiquer une chambre à chacun ? » lui dis-je avant d'ajouter : « Malcolm et Asta partageront la même chambre, si ils le souhaitent. »
Je lui adressais un nouveau petit regard avant de tourner la tête vers les champs au loin et le petit pont qui se trouvait tout au bout. Socrate resta là quelques secondes à m'observer. Il avança d'un pas dans ma direction, mais quand je tournais la tête vers lui, il se stoppa. C'était mieux ainsi. Pour le moment. Il tourna la tête vers nos amis.
« Venez. » leur indiqua Socrate, sans rien ajouter de plus.
Mais bien entendu, il ne tarda pas à leur ajouter une multitude de questions.
« Vous n'avez pas de bagages ? Il faudra faire attention à ne pas mettre des poils de partout. Je dis pas ça pour vous, mais pour vos compagnons à quatre pattes. Oh mon dieu, ils parlent ?! Mais d'où venez vous ? »
Je les avais laissé à leurs occupations avant de faire route en direction du petit pont. Je revoyais le jardin dans lequel Ellie nous avait conduit, Malcolm, Asta et moi. Est-ce qu'elle avait eu vent de celui ci ? De cette demeure que j'avais créé ? Celle où je comptais partir tranquillement ? En y revenant aujourd'hui, j'avais d'autres projets, bien plus grand. Mais j'avais oublié ce petit détail. Celui où des jours de grande solitude se présenteraient à moi. Des mauvais jours avant le retour des beaux jours.
Soupirant, j'observais le petit ruisseau qui passait sous le pont. C'était vraiment un magnifique paradis. Elle s'y serait beaucoup plu, j'en étais persuadé. Mais peut-être qu'il fallait que ça se passe ainsi. Après tout j'avais dit au revoir à Ellie en quittant le monde de Lyra et de Malcolm. Ca ne devrait pas autant m'affecter, mais on s'attache à chaque chose, à chaque être, à chaque partie de ces personnes. A tout ce qui nous rappelle qu'ils ont été là, qu'ils ont existé, comptés pour nous.
Cet arbre pas loin, au fond du jardin... c'est un pommier que j'ai fait apparaître ici en même temps que le cottage. C'est sans doute le meilleur emplacement pour avoir une vue d'ensemble sur ce petit paradis et sur bien au delà. C'est l'endroit idéal pour y débuter le premier jour d'une toute nouvelle existence remplie de mystères et d'aventures. Je comprends qu'il ait choisi cet emplacement. J'aurais sans doute fait de même.
« Ca va. » me rassurais-je. « Tout va bien. »
C'est le premier jour du reste de ma vie. Il ne faut pas qu'il débute dans les larmes. Il faut qu'il débute comme si il s'agissait d'une page qui se ferme et d'une autre qui s'ouvre. Car en réalité c'est cela. Ce n'est qu'une page, d'un chapitre, d'un immense livre. Et il n'en est pas encore à sa fin. Pas encore.
Tournant la tête vers la jeune femme qui venait de me rejoindre, je tentais de paraître le mieux possible. Mais je n'arrivais pas à lui offrir un plus beau sourire que quelques traits naissant sur le visage.
« Socrate t'as fait faire le tour du cottage ? » lui demandais-je. « Vous pouvez aller où vous voulez avec Malcolm, Pantalaimon et Asta. Ici c'est chez vous. »
Je me demandais depuis combien de Temps j'étais ici, sur ce pont à contempler l'arbre. Est ce que ça se comptait en minutes ? En heures ?
« Pantalaimon avait très envie de venir ici. De découvrir ce monde. Je suis très heureux que tu ais eu le même souhait que lui. Et j'espère que Malcolm et Asta y trouveront leur bonheur. » lui dis-je en lui adressant un faible sourire avant de me remettre à regarder la vue au loin. « C'est un beau pommier, n'est ce pas ? » lui demandais-je. « Un magnifique pommier. Je suis sûr qu'elle aurait apprécié le choix de Socrate. »
Sous le pommier on pouvait y voir un petit tas de terre. C'était ici que reposait Gabrielle. C'était ici qu'une page se tournait.
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Etre en harmonie avec la Nature m'a toujours donné la sensation de participer à un grand tout. D'être en communion avec tous les éléments, toutes les personnes vivantes et aussi celles qui se sont élevés. Je ne peux pas les contacter, ni communiquer avec eux. Mais j'ai la sensation que quand je prend quelques instants pour réfléchir, pour méditer, je réussi à les toucher, ou tout du moins à m'en approcher.
Humer les odeurs de la terre, des sous-bois, du potager. S'émerveiller des couleurs du ciel. De ce bleu si bleu. Des nuages blancs qui prennent la forme de vestiges de notre passé. Observer Gabrielle dans le jardin brouter l'herbe dans un coin, puis passer à un autre et ainsi de suite. Tellement de choses qui me rapprochent jour après jour de notre Mère à tous.
Gabrielle reposait en paix. J'en avais la certitude. Elle avait réussi à s'élever, à sa manière. Elle avait rejoins la Nature, comme on allait tous finir par le faire. D'une manière ou d'une autre, je la retrouverais. Lyra a raison de le penser. Je la regardais avec attention, buvant ses paroles. Dans leur monde, ils ont une vision de la Nature que je partage et que j'apprécie grandement. Ils sont tout aussi élevés que par chez nous, même si ils semblent prendre plus le temps d'être en communion avec notre Mère à tous. Ici, la plupart des gens ont brisés ce lien, arrêtant pour ainsi dire de rêver. Je suis heureux qu'elle ait retrouvé ce don.
« Mon nom est Hyperion. » lui précisais-je. « Anatole c'est un nom que je me suis choisi en arrivant ici. C'est le cas de beaucoup de monde dans cette ville. Je t'expliquerais plus en détail dans les prochains jours. Cela dit, tu peux m'appeler comme bon te semble. Certains comme mon frère ou ma soeur, m'appellent Hyperion. D'autres, ont choisi de garder Anatole. »
Je m'étais habitué à ce nouveau prénom. A Titania, on ne m'aurait jamais appelé ainsi. Mais ici, c'était monnaie courante. Anatole est un nom passe partout.
« Je t'en prie. » lui répondis-je quand elle m'évoqua qu'il y avait autre chose qu'elle souhaitait me demander.
Sur le coup, je fus surpris par sa demande. Les placards étaient vides ? J'avais songé à tout en créant cet endroit, si ce n'était à remplir les armoires. Maintenant que le Cottage disposait d'invités, il allait falloir très vite y remédier. Surtout que de l'expérience que j'en ai, on est à peu près tous des estomacs sur pattes. Ca me rappelait d'ailleurs la magnifique et bonne brioche de Madame Polstead, ou encore ce phoque que les ours avaient pêchés et auquel j'avais eu le droit de goûter.
Un sourire était apparu sur mes lèvres. La jeune femme venait de confirmer mes dires sur la partie concernant les estomacs sur pattes. Elle me voyait donc ainsi ? C'était plutôt amusant et tellement représentatif de ma personne.
Malcolm venait de nous rejoindre, accompagné par Asta. Je les observais à tour de rôle, ainsi que Lyra.
« Venez. » leur dis-je tout en me dirigeant vers le Cottage. « Ici, on fonctionne avec de l'argent. C'est exactement comme chez vous. Mais j'ignore si c'est le même argent. Cela dit, vous n'avez pas besoin de vous en soucier. Si il vous faut le moindre truc, demandez. Socrate peut vous faire apparaître ce que vous souhaitez, ou je pourrais le faire moi même. D'ailleurs, je viens de remplir les placards. » ajoutais-je avec un petit sourire à leur intention.
Tout en marchant, je m'assurais qu'ils me suivent tous les trois. J'en profitais pour jeter un coup d'oeil en direction du potager. Pantalaimon s'y trouvais et il venait dans notre direction.
« Bonjour Pantalaimon. » lui adressais-je. « Nous allons nous mettre en quête d'un petit déjeuner, si tu souhaites te joindre à nous. »
Puis, je me stoppais net. Il y avait quelque chose qui venait de me traverser l'esprit. Me tournant vers mes trois compères, je leur adressais un regard, attendant que Pantalaimon se place juste à côté d'eux, ou de moi, en fonction de ses envies.
« On pourrait de suite débuter l'exploration du monde. Vous en pensez quoi ? Si on allait maintenant en Angleterre, vous auriez du bacon, des haricots, une tasse de thé... ou en Australie. J'ai entendu dire qu'ils faisaient une sorte de pâte à tartiner salé et amer à la fois. Il parait que c'est très bon. Le nom ne me revient pas. » songeais-je. « Atlas est allé en Colombie récemment. Il m'a dit qu'on lui a servis une sorte de soupe de lait avec de l'eau et des oeufs, mais aussi de la coriandre et des échalotes. Selon lui c'était très bon. Après, je vois plus cela pour un repas qu'un petit déjeuner. On devrait rester dans le classique. Les croissants et le café de France ? Oh non, attendez ! J'ai mieux ! Bien mieux ! »
Sans plus attendre, je nous avais tous téléporter devant un dinner.
« Ca m'a coûté une beurrée ! » s'était exclamé un monsieur d'une quarantaine d'années, avec son mouflet.
Ils étaient passés devant nous sans même se rendre compte qu'on était apparu comme ça. J'avais indiqué à mes amis le dinner d'un geste de la main en leur faisant un grand sourire, me montrant confiant.
« Pour ceux qui ont un doute, il y a des crêpes à l'intérieur et du sirop d'érable. »
Le Canada ! J'avais toujours eu envie d'y aller. Je savais qu'ils avaient une façon bien à eux de parler. Qui plus est, je raffolais des crêpes et là on allait en avoir de toute les sortes.
« A tantôt ! » s'exclama un serveur à un client avant de nous adresser un regard. « Bon matin ! Qu'est ce qui vous amène icitte ? »
« On vient se remplir la panse. » lui dis-je avec un grand sourire.
« Des touristes ! Venez parler avec moi ! »
Ils nous accompagna jusqu'à une table et nous laissa nous installer, tout en nous donnant des cartes à chacun. Ca ne semblait pas le déranger qu'on ait un chat et une hermine avec nous. Il leur adressa même un sourire, et eu un geste en direction du chat pour le caresser, mais je vis Asta se faufiler sous la table pour rejoindre l'autre bout.
« Ah c'est canaillou ! » dit-il avant de se faire bousculer malencontreusement par quelqu'un qui marmonner dans sa barbe. « Hé ! Grimpe dans les rideaux mon gars. La vie ça va ça viens. »
Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Il était véritablement amusant. Je sentais qu'on allait passer un bon moment.
« Vous savez quoi ? Donnez nous un peu de toutes vos spécialités. » lui dis-je en posant ma carte.
On allait goûter à tout. Et pour ainsi dire, j'allais dépenser sans compter... Le serveur nous quitta afin d'annoncer notre commande au comptoir.
« Je vous donnerai une carte. C'est quelque chose qui permet de payer et que vous pourrez utiliser sans limite. Ca vous sera utile quand je ne serais pas avec, ou qu'il n'y aura pas Socrate dans le coin. » leur annonçais-je. « Vos chambres vous plaisent ? Vous y trouvez tout le confort nécessaire ? »
J'en profitais pour me tourner en direction de Lyra et de Pantalaimon. Il y avait une question qu me brûlait les lèvres.
« J'ai demandé à Socrate de vous en donner une à chacun, mais si vous préférez rester dans la même, il n'y a pas de soucis. On pourra déplacer les affaires de Pantalaimon dans la tienne, vue qu'elle est plus grande. Ah et Malcolm ! » ajoutais-je à l'intention du jeune homme. « Je t'apporterais des livres dans la journée. Tu vas grandement les apprécier. Ca occupera tes soirées comme ça. »
Je ne savais pas quel genre de lectures il aimait, en dehors de celles assez... assommantes qu'il m'avait fait lire chez lui. Mais j'étais sûr que du George Sand lui plairait.
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En rejoignant Lyra dans ce bus et en m’asseyant à ses côtés, je comptais lui parler. Lui expliquer d'une manière simple et efficace, que je ne la comprenais pas. Elle avait un caractère un peu difficile. Ca faisait que très peu de temps que je l'avais rencontré. Très peu de temps qu'on vivait ensemble. A dire vrai, même pas une journée. Et elle arrivait déjà à me perdre. Ce n'était pas difficile de suivre une jeune femme. De la comprendre. De saisir ses pensées, ses envies et ses convictions. Mais dans son cas, elle était... un tantinet compliquée. Je n'étais même pas sûr d'employer le bon mot pour la qualifier.
Penchant la tête vers Pantalaimon quand ce dernier lui avait demandé si il était le bienvenue, je m'étais posé une question à laquelle j'aurai du trouver plus tôt une réponse. Avec ce que j'avais appris dans leur monde, il semblait évident que le Daemon d'une personne reflétait sa personnalité. Si j'avais fait des recherches sur les hermines, j'aurais peut-être pu en apprendre d'avantage sur Lyra.
Une hermine est un animal froid. Il se rapproche plus de la nature du chat que de tout autre animal. Il n'a pas des chairs saines, car sa bave est une sorte de poison. Ca m'aurait sans doute un peu freiné d'entendre cela. Quand il bave, il peut en plus rejeter de courts poils. Sa peau n'est pas bonne pour les vêtements de l'homme, parce qu'elle est froide. Et ce qui est en elle ne convient guère pour les médicaments, parce que sa chair est en quelque sorte vénéneuse. En gros, Hildegarde de Bingen, dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines, qu'on pouvait trouver dans la Bibliothèque d'Olympe, si je l'avais lu en long et en large, m'aurait permis d'apprendre que quand on rencontre une hermine, mieux vaut s'en ternir éloigné.
Est-ce que je devais m'éloigner de Lyra, ou l'accompagner dans son périple ? Je m'étais posé la question sans pour autant trouver une réponse immédiate. Je leur avais promis à elle et à Malcolm, de leur faire découvrir notre monde et de veiller sur eux. Je ne pouvais pas revenir en arrière. Et à dire vrai, je n'en avais pas envie. Quelque chose me poussait à continuer, même si le caractère de la jeune femme laissait parfois à désirer.
« Je suis venu pour m'émerveiller avec toi. » lui dis-je.
Je n'étais pas totalement sûr de ma réponse. En tout cas, je l'avais ponctué d'un petit sourire. J'ignorais si ça allait lui plaire ou non. En tout cas, j'avais répondu à sa question comme je le sentais réellement. Je ne voulais pas l'abandonner ici. Je voulais poursuivre le chemin avec elle.
« Mais à l'avenir, s'il te plaît, préviens nous quand tu compte t'envoler en plein repas. C'est mieux pour les personnes qui te considèrent comme une amie. »
Je penchais la tête vers Pantalaimon pour lui faire comprendre que je comptais aussi sur lui pour empêcher la jeune femme de fuir en pleine nuit. Qui sait où elle pourrait se rendre et face à quels dangers elle pourrait se retrouver. J'ignorais encore jusqu'où ma confiance en elle pouvait aller. Et si elle était capable de se sortir de toutes les situations.
« Vos tickets, s'il vous plaît ! » nous demanda un contrôleur du bus qui faisait le tour des sièges, tandis que le bus en lui même avait démarrer.
D'ailleurs, le dit contrôleur c'était retenu sur le siège pour ne pas tomber.
« Vas y mollo Diego ! Je prend le relai dès que j'ai fini le tour. » avait-il dit au jeune chauffeur, avant de nous adresser à nouveau toute son attention. « C'est son premier jour. Mais ça va aller. Je prend les rennes dès que je suis à nouveau sur le traîneau. » nous précisa t'il avec un grand sourire. « Alors mes petits, vous avez vos tickets ? »
Il était vraiment très... intéressant physiquement. Petit, moustachu, les cheveux un peu dégarnis. On allait avoir à faire à un sacré phénomène.
« Hum... certes. » dis-je avant de lancer un regard à Lyra.
Je doutais qu'elle ait pris le temps d'acheter un billet. Et encore moins qu'elle en ait pris deux au cas où quelqu'un apparaîtrait à côté de son siège et déciderait de l'accompagner dans son périple. Pendant que je cherchais un subterfuge, je voyais au regard de l'homme qu'il baissait de plus en plus. Au lieu de me fixer, il contemplait Pantalaimon.
« C'est une hermine. J'espère que ça ne dérange pas. Il est très sage et très propre. » dis-je avant de voir que Pantalaimon m'avait lancé un regard.
Je disais juste la vérité. Il était très sage et très propre. On devait le voir comme un animal ici.
« Bien sûr, il n'y a pas de soucis. On a eu un chat la semaine dernière et deux petits chiots tout mignon il n'y a même pas un mois de cela. Si ça avait été une girafe ou un éléphant, là ça aurait posé un soucis. Bien qu'avec la fonte dans le toit qu'on peut ouvrir, on aurait pu y passer la tête ! » lança t'il avec un grand sourire et un petit rire.
Hum... certes... songeais-je, tandis qu'il faisait des vas et viens de la tête entre Lyra et moi. J'adressais un petit sourire au monsieur en tentant de me montrer le plus convaincant possible.
« Je vais vous avouer quelque chose. » lui dis-je en lui faisant un signe de se pencher, ce qu'il fit immédiatement. « On n'a pas de billets. A dire vrai, on n'a pas beaucoup d'argent et... »
Une idée germa dans ma tête. J'ignorais si je l'avais prononcé à voix haute parce que je voulais embêter Lyra, ou si c'était juste parce que l'idée pouvait marcher.
« Voyez vous, nous venons juste de nous fiancer. Et je voulais offrir un voyage à ma chère et tendre, mais je n'ai pas les moyens. Du coup, on s'est dit que peut-être qu'on pourrait se glisser discrètement dans le premier bus en partageance de ce lieu si paradisiaque que celui où nous nous rendons. »
Je n'avais absolument aucune idée d'où on se rendait. J'espérais que Lyra n'avait pas choisi une destination au hasard. Même si ça semblait être le cas.
« Les chutes du Niagara ! » s'exclama une dame qui avait passé la tête entre nos deux sièges, afin de prendre part à la discussion. « Qu'ils sont mignons. Je me souviens que mon mari m'a conduite là bas. Mon cher Hector. Ca remonte à des années de ça. Notre mariage a tenu près de trente ans. Pour vous dire ! »
Je lui adressais un sourire chaleureux, avant de porter mon attention, une nouvelle fois sur le contrôleur, tout en prenant la main de Lyra, où une bague de fiançailles était apparue.
« J'espère qu'on aura autant de chances que vous ma très chère dame, de pouvoir contempler pareil émerveillement. »
« Qu'ils sont adorables ! » s'exclama la da... le contrôleur...
Il était étrange. Je l'avais prédit ! Je le vis sortir de sa poche de veston deux tickets qu'il tamponna avant de nous les tendre.
« Cadeau de la maison. Et en plus, on va vous faire un sortie digne d'un jeune couple ! Je vais parler à Diego pour faire un arrêt sur la route. Il y a quelque que vous devez voir ! Tous les jeunes mariés devraient passer par là ! »
Sans me laisser le temps de répondre, il se dirigea vers l'avant du véhicule, oubliant totalement son contrôle des tickets. J'en profitais pour rendre à Lyra sa main et lui laisser la bague pour rendre tout ça toujours aussi crédible que ça semblait l'être. J'en profitais aussi pour faire un petit sourire encourageant à Pantalaimon, tout en remerciant la dame pour son aide. Elle nous adressa un clin d'oeil avant de se remettre bien en place. Quant à mois, je m'étais bien mieux assis sur mon siège, attendant de voir la réaction de la jeune femme qui se trouvait juste à côté moi. Tout celà m'amusait beaucoup. Beaucoup beaucoup... !