« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Il était un peu plus de 15h lorsque je reposais enfin mon tablier de cuistot. Cette journée de travail avait été éprouvante et j’étais heureux de la voir enfin arriver à son terme. Exceptionnellement, j’avais pris congé pour la soirée et j’étais heureux à l’idée de pouvoir m’éloigner un peu de l’ambiance oppressante du restaurant. Il faut dire que la vie aux côtés de mon clan n’était pas des plus reposantes. Il y avait tout le travail que je devais supporter au restaurant. Jonglant sans cesse entre le poste de cuisinier et celui de barman, je supportais une charge de travail assez élevée et ceci tous les jours de l’année. Il faut dire que les clients qui se précipitaient à nos portes était plutôt nombreux. La cuisine TexMex avait véritablement le vent en poupe et chacun voulait goûter à nos produits.
Cela dit, même si j’aurais voulu me venter de mes prouesses en cuisine, je savais pertinemment qu’il n’y avait pas que cela qui attirait les foules. Certains de nos clients comptaient parmi les plus grands amateurs de notre deuxième activité. Sans le crier sur tous les toits, nous comptions parmi les plus gros fournisseurs de drogues de cette ville. Chaque mois, un membre de notre clan franchissait les frontières de la ville et voyageait jusqu’à l’autre bout du pays pour rejoindre le Mexique. Là-bas, nous achetions de la drogue pour la revendre aux personnes intéressées de la région. C’était un marché bien plus florissant et bien plus rentable également. Norte publicité nous la faisions de bouche à oreille. Nous avions également pris l’habitude de cerner les clients du bar, proposant aux profils les plus intéressant de prolonger leurs expériences au sein de notre établissement. Ce qui bien souvent accepté avec un regard entendu.
Cela ne m’avait jamais posé de cas de conscience. Fidèle à mon poste, j’avais poussé plus d’une dizaine de jeunes à succombé à leur plus bas instinct en se faisait plaisir. Pour quelle raison est-ce que j’aurais culpabilisé ? Après tout, ils étaient adultes et pouvaient faire ce qu’ils désiraient de leur corps et de leurs esprits. S’ils désiraient se foutre en l’air, pour quelle raison les aurions-nous empêchés ? C’était au contraire une très bonne chose pour nos affaires.
Oui c’est effectivement ce que je pensais, jusqu’au jour où je croisais la route de Julian. Il s’était échoué à notre comptoir un soir, faisant la tournée des bars. Le roi des lémuriens était plus que désireux de pouvoir noyer son chagrin dans l’alcool. Après quelques verres, il s’était confié à moi comme beaucoup de clients avant lui. C’était également cela notre rôle en tant que barman. Donner une chance aux clients de s’épancher sur leur malheur dans l’espoir de pouvoir trouver une oreille attentive à leurs besoins. Julian m’avait alors parlé des problèmes qu’il avait rencontré, suite au rejet beaucoup trop violent de son abruti de petit copain. Au départ, je devais bien admettre que je n’étais pas si réceptif que cela. Je l’avais simplement aidé à se fournir un moyen de réellement se vider la tête et oublier tous ses problèmes en noyant son esprit dans les paradis artificiels.
Mais à force de discuter avec lui, j’avais découvert une personnalité drôle et attachante. Le monarque était véritablement quelqu’un d’adorable. J’aimais beaucoup discuter avec lui et petit à petit était née entre nous une amitié sincère. Je n’avais jamais véritablement eu d’amis dans cette ville. Les seules relations que j’avais étaient avant tout des relations professionnelles que je nouais avec les membres de mon clan. Nous travaillions et vivions ensemble, menant nos propres batailles face à ce monde que nous cherchions d’une certaine manière à dominer. Nous étions des prédateurs et agissions comme tel. Mais jamais je n’avais rencontré quelqu’un qui pouvait se montrer réellement gentil avec moi. Julian faisait ressortir chez moi cette facette de ma personnalité que j’avais si longtemps enfouie en moi. Je pensais l’avoir enterré à jamais le jour où j’avais quitté mes amis mammouth et paresseux pour suivre ma propre voie.
Mais là avec Julian, j’avais l’impression que tout me revenait en mémoire. J’avais toujours eu le sentiment que je me bonifiais au contact d’herbivores et le roi finissait par me convaincre que cette théorie était totalement fondée. Je ressentais une envie profonde de me battre pour ce pauvre malheureux qui me regardais avec un mélange de tendresse et de confiance dans son regard. Il me donnait envie de réellement être quelqu’un de bien et je finis par l’aider d’une toute autre manière.
Je me rappelais encore du soir où mon clan avait franchi les bornes. Notre chef Miguel, voyant en Julian une véritable poule aux œufs d’or, avait décidé de passer à la vitesse supérieure avec lui. Quand il n’était pas trop occupé à compter l’argent des recettes où culbuter toutes les latinos qui croisaient son chemin, il fabriquait ses propres drogues dans son laboratoire personnel. Ce qui est rare est cher, avait-il l’habitude de dire. Il espérait donc rendre le lémurien addict à ses propres créations afin qu’il le paie plus à chaque nouvelle conso. Voyant d’un mauvais œil cette situation, j’enrageais littéralement au moment où je vis mon ami faire un bad trip en les testant. L’emportant aux urgences le plus rapidement possible, je demeurais à ses côtés toute la nuit et me promit que plus jamais je ne laisserais une telle situation se produire.
Quelques temps plus tard, Julian filait à nouveau le parfait amour avec son pingouin. Personnellement. Je n’appréciais pas beaucoup Skylar. J’étais bien sûr heureux de voir mon meilleur pote aussi heureux et épanoui. Mais j’avais encore en travers de la gorge le coup qu’il lui avait fait la première fois. Savoir qu’il l’avait laissé s’engouffrer dans la plus noire des dépressions tout en revenant comme une fleur quelques mois plus tard pour lui compter fleurette, me semblait un peu trop suspect pour être honnête. Je gardais donc un œil sur lui, prêt à lui sauter à la gorge s’il s’avisait de refaire pleurer son nouveau compagnon.
De mon côté, je poursuivais mon histoire d’amitié avec Julian, tâchant de me montrer disponible à chaque fois qu’il le désirait ou en ressentait le besoin. Pourtant, mon sauvetage inopiné m’avait attiré les foudres de Miguel. Lui sauver la vie alors qu’il le faisait sur notre propre marchandise aurait pu attirer les regards suspicieux de la police sur notre petit commerce. Ce geste de rébellion je le payais extrêmement cher, en étant la victime d’un véritable passage à tabac dont j’avais conservé longtemps les cicatrices. J’avais encaissé les coups, le prenant comme la conséquence des conneries que j’avais pu faire auparavant. Je culpabilisais tellement de mes petites manipulations du début sur Julian, que je considérais que c’était dans le fond bien fait pour moi.
Mais les choses ne s’étaient pas réellement améliorées pour autant. Miguel était devenu suspicieux envers moi. Il craignait toujours que je puisse représenter un danger pour son petit business. Il avait peur que je finisse par trahir notre clan d’une manière ou d’une autre. Julian était devenu cet oiseau de mauvais augures qui pouvait à tout moment me ramener dans le camp des gentils herbivores. Il me faisait surveiller avec d’autant plus de prudence et je devais donc continuer à donner le change en leur présence.
Pourtant, ce soir-là, j’avais bel et bien décidé d’aller faire la fête avec moi meilleur ami. Julian m’avait invité à participer à l’une de ses nombreuses pool parties. Bon bien sûr, je vous mentirais si j’affirmais que cela m’enchantait réellement. Pas que passer du temps avec le lémurien me dérangeait. Je l’aimais profondément et goûtais sincèrement à tous les moments heureux que nous pouvions vivre ensemble. Mais je n’étais pas pour autant un fada des festivités en tout genre. D’ordinaire, je fuyais le club Moite, n’y mettant les pieds que pour les très grandes occasions. Mais j’avais l’impression que le roi avait réellement besoin de moi. Sans doute parce que son compagnon venait de partir à la guerre. Il devait sans doute se faire un sang d’encre pour lui et s’occupait l’esprit comme il pouvait. Je devais donc de m’y rendre pour tenir la promesse et pour lui prouver que quoiqu’il puisse arriver, il pouvait toujours compter sur ma présence à ses côtés.
J’avais donc pris ma journée pour me préparer et veiller à ce tout soit prêt pour ce grand moment. Ma première action avait été de me rendre dans un magasin pour procurer un maillot de bain. Cela pouvait paraître étrange dit de cette manière mais même après 7 ans passé dans la peau d’un humain, je n’avais jamais été la plage où avait pris une tête dans la grande piscine de la villa des lémuriens. Lorsque Julian m’en parlait, je trouvais toujours des prétextes bidon pour l’éviter. En réalité, comme tout bon félin, j’avais une peur irrationnelle de l’eau et mis à part les douches que je prenais par nécessité, je n’arrivais pas à comprendre la raison qui poussait les gens à s’amuser dans l’eau. Même l’idée de pouvoir éprouver du plaisir en pratiquant cette activité me dépassait totalement. Mais comme le dirait certainement Skylar, à la guerre comme à la guerre, j’avais signé pour le faire et ne pouvais m’y résoudre.
Ensuite, j’étais retourné chez moi pour finir de me préparer. Enfilant mon maillot sous des vêtements léger et estivaux, j’avais sorti de mon frigo quelques bouteille d’un cocktail blue lagoon que j’avais moi-même confectionné pour cette soirée. Sachant que Julian raffolait de mes cocktails, j’avais réellement envie de lui faire plaisir en m’investissant personnellement dans cette soirée. J’étais persuadé que ses invités apprécieraient également. Je plaçais donc les 6 bouteilles d’un litre dans une glacière, je saisis un sac de sport dans lequel je rangeais ma serviette et d’autres affaires avant de quitter mon appartement.
Arrivé à la villa des lémuriens, je ne pouvais m’empêcher d’admirer la sublime maison qui se trouvait devant moi. Il état certain que Julian avait une chance immense. Je savais que jamais je ne parviendrais à vivre dans un endroit pareil. C’était une pure merveille et j’étais certain que Miguel serait devenu vert à l’idée que je pouvais m’y rendre comme je le souhaitais. Enfin cela restait bien évidemment à voir bien sûr. Car les autres lémuriens ne me portaient pas forcément dans leurs cœurs. Comment aurais-je pu leur en vouloir. Après tout, j’avais manque de peu d’être responsable de la mort de leur roi.
Après avoir discuté quelques mots avec Maurice, qui me promit de s’occuper de mes bouteilles, il m’avait préparé deux verres à cocktail. Il m’avait alors dit que Julian se trouvait vers la piscine où les préparations pour la fête étaient menées à terme. Apparemment, j’étais arrivé beaucoup plus tôt que les autres. Je ne voyais pas pour quelle raison. Après tout, lorsque l’on donnait rendez-vous à 17h cela signifiait que les personnes se devaient d’être présentes pour cette heure-là, non ?
Lorsque j’aperçus enfin le maître des lieux, je ne pus que laisser un grand sourire éclairé mon visage. J’étais si heureux de le voir après tout ce temps. Mine de rien, cela faisait quand même quelques semaines que nos chemins n’avaient pas eu l’occasion de se croiser. C’est ce qui pouvaient arriver lorsque mes occupations m’empêchaient d’avoir la moindre vie sociale. Déposant alors les verres sur une petite table en verre qui se trouvait à ses côtés, je me rapprochais de Julian et lançais très heureux.
« Et voilà le plus beau des lémuriens ! »
Je fis encore deux pas pour serrer mon frangin de cœur dans mes bras. Je n’avais pas pour habitude de me montrer aussi démonstratif. Mais lorsque cela concernait mon meilleur ami, le geste venait tout seul.
« Je suis tellement content de te voir. Tu m’as manqué tu sais. »
Je m’écartais alors tout sourire et regardais les alentours. De partout, de magnifiques banderoles et décoration rendait le décor encore plus magnifique. Un buffet de boissons colorées, de fruits exotiques et d’autres mets trônaient en dessus de la piscine. A voir ce magnifique décor, je ne pus m’empêcher de m’exclamer.
« Vous vous êtes vraiment surpassés. Félicitations ! Quand tu accueilles des invités, tu ne le fais décidément jamais à moitié pas vrai ? »
Je retournais alors vers la table où j’avais déposé les verres et revint en lui tendant l’un d’entre eux. Tout fier, je déclarais alors en bombant légèrement le torse.
« Tiens c’est ma petite contribution à ta fête. Je me suis dit que ça te ferait plaisir. J’ai encore six bouteilles de cocktail mais je les confiées à Maurice en attendant que tes invités arrivent. A cette belle soirée. Tchin ! »
Je cognais alors mon verre contre le sien, appréciant la première gorgée. J’étais plutôt satisfait du résultat et espérait qu’il en irait de même pour les gens que j’allais rencontrés.
« Je suis vraiment désolé de venir si tôt. Mais ça nous donnera l’occasion de pouvoir bavarder un peu avant l’arrivée de tes fans totalement hystériques. »
Sans me rendre compte, je lui avais fait part de mes appréhensions par rapport à la soirée. Bien évidemment, je me sentais déjà nerveux à l’idée d’accueillir une foule tellement grande qu’on ne s’entendrait même plus parler. J’espérais également que Julian prenait l’entière mesure du gros sacrifice que j’étais en train de faire pour lui. En même temps, c’était sans doute le moment idéal pour parler de choses sérieuses et je n’allais pas m’en priver. Après tout, les vrais amis étaient faits pour ça.
« Alors dis-moi, comment tu vas ? Je veux dire depuis le départ de ton beau militaire. Tu sais ce qu’il devient ? »
Je plongeais alors mon regard dans le sien, attendant une confession sincère de sa part. Mais même si ce n’était pas le cas, je serais simplement heureux d’écouter ce qu’il avait à me dire.
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K. Julian Andrianamady
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Depuis que Skylar était parti, Julian avait eu des hauts et des bas. Forcément, la première partie avait été un bas profond. Comment avait il pu lui faire ça ? Partir ! Le laisser … à nouveau ! Mais cette fois, contrairement à la première, il ne s’était pas jeté à corps perdu dans tout ce qui pouvait lui faire oublier le chagrin. Non. Il avait réfléchi. Aussi étonnant que cela pouvait paraître, Julian avait réfléchi en discutant avec Maurice. Skylar ne l'avait pas quitté lui. Il avait quitté un travail qu’il n’aimait pas et là était la nuance. Il faisait ce qu’il aimait même si c’était dangereux. Est ce que Julian pouvait lui en vouloir ? Absolument pas. Au contraire, il aurait du être heureux pour lui, lui qui pronait de faire toujours ce qu'on voulait faire. Alors il prit du temps pour assimiler la nouvelle et eut une réaction mature qui surpris son entourage. Il reprit sa vie normale. Si Skylar faisait ce qu'il aimait, alors lui aussi. Il n'allait pas rester enfermé à la villa, comme une femme éploré attendant le retour de son mari. Non ! Il était King Julian ! Le roi de la fête ! Le roi des Lémuriens. Bien entendu, chaque soir il envoyait des dizaines de messages à Skylar. Il avait réussi, après avoir littéralement harcelé Caïn de lui passer un téléphone de sécurité qui pourrait envoyer des messages à celui de son partenaire. Il lui racontait ses journées, ce qu'il faisait, comment le Moite marchait, ce que ses lémuriens avaient fait, les nouvelles rencontres aussi, comme celle de jumeaux très intriguant et très marrant. Bref, il avait trouvé une forme de balance et d'équilibre où il ne s'inquiétait pas toutes les secondes sur Skylar. Il aurait le temps de le faire quand il dormirait parce que ça, Julian n'en parlait pas, mais les peurs qu'il avait ressortaient pendant les quelques heures de sommeil qu'il avait. Puis il faisait comme si de rien n'était. Comme toujours quand il s'agissait des cauchemars qui lui pourrissaient ses nuits depuis sa plus tendre enfance. Ce n'était pas pour rien si au final il avait voulu être un être de la nuit.
Alors aujourd'hui, Julian avait décidé d'organiser la première pool party de la saison à la Villa. Il avait invité du monde, comme souvent et cette fois il comptait bien qu'une personne en particulier vienne. Antonio. Celui qu'il considérait comme son meilleur ami. Un foussa ! Il en aurait rigolé. Bon ce n'était pas vraiment un foussa, en vrai c'était bien pire mais il n'arrivait pas à le voir comme un ennemi maintenant qu'il était humain. Antonio était gentil. Il avait toujours été là pour lui, ne l'avait jamais repoussé, ne l'avait jamais jugé et accepté quasiment presque tous ses caprices. Bon il avait poussé à faire quelques excès mais ce n'était pas pire que les autres personnes de cette ville. Julian appréciait sincèrement Antonio, et il avait besoin de son ami. D'un vrai ami. Sauf que Monsieur se défilait toujours quand il faisait des fêtes. Pourquoi, Julian ne savait pas mais là, non. Il lui avait quasiment supplié de venir et pour lui faire plaisir, pour avoir la chance de discuter avec lui, il l'avait même invité avant.
"On a fini d'installer la machine à mousse K.J !"
Julian remercia les techniciens d'un geste de la tête alors qu'il se baladait au bord de la piscine, vêtu d'une sorte de peignoir en soie noir avec d'immenses fleurs d'hibiscus dessus. Morty, Paco, Andy, et trois autres lémuriens étaient allongés sur les transats, écoutant la musique, les yeux fermés, ou sirotant quelques cocktails déjà préparé. Julian allait s'en servir un quand il remarqua la silhouette d'Antonio par la baie vitrée venir vers lui. Un sourire sincère naquit sur ses lèvres et il alla à sa rencontre en sautillant.
"Totoooooooo ! Julian est immensément content de te voir !"
Il l'enlaça alors sans même lui demander son avis, le serrant contre lui mais Antonio avait déjà prévu cette étreinte et Julian en profita avant de se reculer pour regarder ce qu'il lui disait sur la décoration. Forcément, il haussa le menton dans un geste très narcissique avant de regarder ses ongles colorés.
"Bien entendu. Pour qui me prend tu Antonio ? Je suis King Julian ! La perfection même, il est normal que quand j'organise quelque chose, tout soit parfait !"
Il eut un petit rire, regardant l'ancien tigre lui apportait un cocktail. Les yeux de Julian pétillèrent de malice tout en trinquant.
"Oooooh mais Julian te remercie beaucoup pour ça ! Surtout qu'il adore ce cocktail là ! Avec de la papaye et du curaço !"
Pour affirmer ses dires, Julian but de grandes gorgées par la paille avant de pousser un petit aaah de satisfaction. Il pencha la tête sur le coté, ne comprenant pas pourquoi Antonio s'excusait.
"Hein ? Mais non ! C'est Julian qui t'as fais venir avant ! Ça fait un moment que nous nous sommes pas vu et il avait envie de profiter de toi avant d'être accaparé par la fête !"
Il lui fit un grand sourire, ses dents blanches scintillantes au soleil. Il hocha la tête avant de lui prenant la main, ils contournèrent la gigantesque piscine pour descendre des marches et aller directement sur la plage privatisée du roi. Ils s'assirent chacun sur un transat.
"On sera plus tranquille pour discuter !"
Il but une gorgée de son cocktail avant de parler.
"Julian va plutôt bien. Il a prit conscience en vérité que Skylar ne quittait pas Julian pour Julian mais parce qu'il fait enfin ce qu'il aime et même si j'ai peur, je prends sur moi."
Julian lança un regard à l'océan, dont les vagues faisaient un bruit doux, réconfortant. Il n'y avait quasiment pas de vent, une légère brise.
"Oui, Julian lui parle régulièrement. Là il est encore en entraînement. C'est difficile mais ça lui plaît. Je n'ai jamais vu un sourire aussi heureux que celui qu'il a sur les photos qu'il m'envoie. Et si Skylar est heureux, Julian aussi l'est."
Bon si, il l'avait déjà vu aussi heureux, quand ils étaient en vacances tous les deux, dans leur cocon où personne n'était là pour les embêter. Mais à Storybrook, Julian pouvait sentir le stress quasi permanent de son partenaire qu'il n'arrivait pas à faire partir.
"Julian sait aussi qu'il va lui écrire des lettres. C'est tellement romantiqueeee !"
Dans un de leurs échanges, Skylar avait mentionné de lui écrire justement, pour lui raconter encore plus en détail. Ça faisait très seconde guerre mondiale et le coté fleur bleu de Julian en était sensible.
"Et sinon toi ? Comment ça se passe au bar ? Ton patron est toujours un horrible babouin ? Tu as rencontré l'amour ?"
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Antonio D. Canivorez
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"Certaines grandes histoires d'amitié peuvent naître dans les endroits les plus improbables."
"Un petit conseil d'ami. La prochaine fois que vous voulez me provoquer, évitez de me traiter de tigrounet ! "
| Conte : Age de Glace | Dans le monde des contes, je suis : : Diego, le tigre à dent de sabre
A peine étais-je arrivé à la villa que Julian me sauta au cou pour me faire un gros câlin. Même si j’avais beaucoup de peine à exprimer mes sentiments, son comportement me faisait réellement chaud au cœur. Il est vrai que je craignais beaucoup les réactions de mon camp. Je passais beaucoup de temps à appréhender les réactions de mon chef. Je craignais qu’il finisse par le rejeter à cause de la vie que j’avais sauvée et qui n’arrangeait pas ces affaires. Mais lorsque je sentais l’étreinte de mon ami, lorsque je voyais à quel point il était heureux de me voir, je chassais ces vilaines pensées de mon esprit. En un claquement de doigt, tout cela n’était plus que des foutaises sans importance. J’étais simplement fier d’avoir pris autant de risque pour lui. Il le méritait amplement. Il s’était toujours comporté de manière si adorable avec moi. J’adorais nos discussions et il me faisait beaucoup rire. Il avait cette capacité exceptionnelle de chasser les vilains nuages de mon esprit pour céder leur place à des rêves beaucoup plus doux et tout simplement à une certaine joie de vivre. Une gaieté qui était avant tout due à la manière dont Julian appréhendait la vie. Oh certes, je n’étais pas du tout du genre à aimer faire la fête. J’avais même tendance à fuir la foule comme la peste. Mais j’avais appris depuis longtemps que s’amuser de temps à autre pouvait faire beaucoup de bien. D’autant plus lorsque l’on passait du temps dans le cercle des proies et non plus des prédateurs. Je me rappelais encore la fois où Julian avait sursauté en apprenant ce que j’étais dans le monde des contes. J’étais devenu dans sa tête un foussa, un mangeur de lémurien. Pourtant, jamais il n’avait nourri aucune frayeur à mon égard. C’était une des choses que j’aimais beaucoup chez lui. Il ne jugeait jamais les gens sur leur origine ou sur leur apparence. Il attendait toujours de vraiment les connaitre avant de les ranger dans une catégorie ami ou ennemi. C’était une chose nouvelle pour moi et véritablement précieuse.
Me libérant de notre câlin, je lui avais ensuite parler en bien du décor qui se présentait à mes yeux. Il avait réellement fait un magnifique travail avec cette fête. Tout était magnifique et le fait que je le souligne le fit parader comme un paon. Levant les yeux au ciel en l’écoutant parler sans aucune gêne de cette perfection qu’il pensait avoir, j’avais tout de même fini par lui adresser un large sourire. L’ironie étant souvent une arme que j’employais dans mes relations sociales, je ne pus résister de lui envoyer une petite pique ponctuée d’un clin d’œil. J’espérais alors qu’il ne prendrait par la mouche et qu’il comprendrait que je disais cela uniquement pour plaisanter.
« Fais attention, Julian. Si tu laisses ta tête gonfler d’orgueil encore un peu plus tu risques de couler tout droit au fond de ta piscine. »
Je ris un peu avant de lui donner un coup de coude complice. Comme pour me faire pardonner, je finis par lui parler des cocktails que j’avais emporté pour la fête. Bien sûr, comme je m’y attendais, cette petite attention réjouis Julian au plus haut point. S’il ne tarissait jamais d’éloge sur sa propre personne, il savait toujours exprimer sa reconnaissance avec le même aplomb et son petit côté extraverti vraiment très touchant. Je ne pouvais que sourire et laisser ce sourire accrocher sur mes lèvres durant très longtemps.
« Mais je t’en prie. Je suis très content de savoir que ça te plait autant. J’espère que tes invités en penseront tout autant. »
D’ailleurs, en parlant de ses invités, je fus très surpris d’entendre la nouvelle de Julian. Moi qui m’imaginais violer les règles les plus élémentaires des fêtes lémuriennes en arrivant trop vite, je venais d’apprendre que mon ami l’avait fait exprès. Quel petit malin ! En vrai je savais que Julian l’était. D’ailleurs, il l’était bien plus que les gens pouvaient le penser. Même s’il ne payait pas de mine lorsque on posait pour la première fois les yeux sur lui, on pouvait facilement découvrir qu’il était rusé et qu’il possédait un sens assez poussé de la manipulation. Cela dit, dans le cas présent, je ne pouvais pas réellement lui en tenir rigueur. Bien au contraire. Cela me faisait vraiment très plaisir d’apprendre qu’il avait fait ça exprès pour que nous puissions avoir un moment rien qu’à nous. Certainement le seul moment de la soirée où je me sentirais véritablement à mon aise d’ailleurs. Je décidais alors d’en profiter autant que possible.
« C’est vrai tu as raison. Cela fait beaucoup trop de temps que nous ne nous sommes pas vus. Pour dire la vérité, j’aurais regretté de ne pas pouvoir parler un moment avec toi durant toute la soirée. Tu as très bien fait ! Alors, comme tu l’as dit profitons-en. »
Je connaissais le lémurien. Il aimait être le centre de toutes les attentions et bien sûr il serait le roi de la fête dans cette foule d’invités. Il n’aurait certainement pas une minute à lui et parlerait sans trop approfondir à toutes les personnes qui se présenteraient à lui. C’était une chose que j’avais beaucoup de peine à gérer lors de ce genre de festivité. On ne pouvait jamais réellement parler avec les gens. Tous nos sourires et nos petites blagues demeuraient des témoignages d’amitié de façade. Il était quasiment impossible d’aborder des sujets plus sérieux dans ce genre de circonstances. Alors je me laissais porter par les envies du lémurien, acceptant sans rechigner de le suivre la plage. D’ailleurs, c’était d’autant plus agréable que ses sujets eux-mêmes ne l’y avaient pas suivi. Ils étaient encore tout à leur affaire, faisant en sorte de rendre leur roi fier de leur travail.
Ce n’était pas la première fois que je me rendais à la plage avec Julian. J’affectionnais d’ailleurs beaucoup cet endroit. Très peu de personne pouvait se payer le luxe d’avoir une plage privative et elle était rarement aussi bien aménagée que celle-ci. J’appréciais de pouvoir m’allonger sur un transat, profiter du soleil tout en dégustant un cocktail. Bien sûr, ce que je préférais était de pouvoir échanger tous nos petits secrets avec mon grand ami. Il consentit enfin à répondre à mes questions concernant Skylar. Une nouvelle fois, c’était un type que je n’appréciais que très peu. J’étai plutôt du genre rancunier, sans doute que ma nature de prédateur tenace devait y jouer un rôle. J’appréciais réellement Julian, du fond du cœur, et j’avais beaucoup de peine à accepter de le voir s’accrocher à quelqu’un qui le ferait sans cesse pleurer. Cela dit, sortir avec Skylar était sans doute une très bonne chose pour lui avec du recul. Je le voyais devenir plus calme et plus posé. Il semblait réfléchir plus à la situation à laquelle il était confronté. J’étais particulièrement heureux de savoir qu’il n’était pas retombé dans ses travers déplacés. Pas une goutte d’alcool plus que nécessaire et d’après ce que je pouvais en juger, il était resté clean. Cela me rassurait beaucoup et cela m’enlevait une sacrée épine du pieds. J’avais réellement peur de devoir revivre cette situation où je m’inquiéterais pour lui chaque jour jusqu’au retour de son héros.
« Je suis très fier de toi, tu sais. Je pense que ton petit copain a compris la leçon. Tu sais que j’ai eu quelques difficultés avec lui au départ, mais je crois sincèrement qu’il souhaite te rendre heureux. Il ne prendrait pas le risque de te perdre pour quelqu’un d’autre. »
Je voyais tout à fait le genre de personne que Skylar devait être. Pas un mauvais bougre mais il devait avoir beaucoup de peine à exprimer ses réels sentiments. Il faisait beaucoup d’erreur dans sa vie mais lorsqu’il se donnait à quelqu’un, il devait le faire à fond. Il avait un grand sens de l’honneur et s’il avait décidé que Julian serait l’amour de sa vie et bien il y avait de grandes chances pour qu’il le reste. En tout cas, il avait plutôt intérêt. Je ne pourrais pas tolérer de voir Skylar se ficher ouvertement de son lémurien. Sans en faire la promesse à mon ami, je me promettais que s’il avait le malheur de le tromper ne serait-ce qu’une fois je n’hésiterais pas à lui tomber dessus pour le zigouiller. Qu’il se le dise !
En tout cas, s’il y en a un des deux qui ne dissimulait pas ses sentiments c’était bel et bien Julian. C’était réellement adorable de le voir se préoccuper autant du bonheur de son compagnon. Le savoir heureux suffisait à le rendre heureux et je ne pouvais que me montrer admiratif devant un tel dévouement de sa part. Il n’était pas difficile de comprendre que Skylar n’était pas heureux dans son travail. Je connaissais mieux que personne les signes qui témoignaient de ce malaise constant. Ce n’était peut-être pas un hasard au fond si le pingouin était souvent de mauvaise humeur et terriblement soupe au lait. Je me demandais d’ailleurs si sa mauvaise humeur constante pourrait avoir un effet négatif dans sa manière de traiter son compagnon.
« Je suis content pour lui s’il a trouvé son bonheur dans l’armée. C’est juste dommage qu’il doive se retrouver à l’autre bout du monde pour être véritablement heureux dans son job. Lorsqu’il rentrera tu devrais peut-être en parler avec lui. Il devrait être capable de trouver aussi ici quelque chose qui lui plaise dans la vie. Il serait capable de foutre en l’air l’harmonie de votre couple uniquement parce qu’il est trop obtus. Tu penses pas qu’il devrait songer à ce recycler ? »
Très honnêtement, je ne me préoccupais pas réellement de savoir si Skylar était heureux ou pas. Mais la vie professionnelle pourrait avec un impact sur sa vie privée également. A force de se trouver dans une situation qu’il n’est pas, c’est peut-être le bonheur de Julian qu’il mettait en danger. Je finis par laisser un sourire apparaître sur mes lèvres. Ce dernier était d’ailleurs un peu moqueur. Je n’aurais jamais imaginé le commandant écrire des lettres d’amour à son compagnon durant son absence. Comme quoi, il avait réellement changé et faisait des efforts pour lui faire plaisir. C’était très bien. D’autant plus que Julian était le genre de personne à douter constamment de l’affection des gens. D’après ce que j’avais compris il aimait que les gens lui disent constamment à quel point il tenait à lui. C’était une chose que j’avais comprise et que je tentais également de mettre en place. J’envoyais également régulièrement des petits messages au lémurien. Des SMS pour lui raconter de tout et n’importe quoi mais surtout pour lui prouver que je pensais régulièrement à lui. Cela semblait d’ailleurs lui faire très plaisir compte tenu des messages qu’il ne tardait que rarement à m’écrire en retour.
« C’est vrai que c’est adorable de sa part. Et toi alors ? Tu comptes faire la même chose ? Je suis sûr te connaissant que tu as déjà préparé des colis pleins à craquer à lui envoyer au front. Je me trompe ? »
Généreux comme il était, il devait non seulement avoir pensé à offrir des cadeaux à son amoureux mais également à tout le régiment. Il devait certainement être devenu la coqueluche des femmes de militaires de ses compagnons d’arme, et cela même sans même s’en rendre compte. La discussion s’orienta alors sur ma propre vie. Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire lorsque Julian évoqua mon patron qu’il ne semblait pas réellement porter dans son cœur. C’était une bonne chose dans le fond. Au moins, cela nous faisait un point commun supplémentaire. Je poussais un soupir complice avant de me tourner vers lui.
« Je l’aurais sans doute plus facilement traité d’hyène ou de vautour mais tu as raison le mot babouin le convient tout à fait aussi. Tu l’auras deviné, c’est pas vraiment la joie. Il est toujours aussi furax pour ce qui s’est produit avec toi. Il n’arrive pas à comprendre pour quelle raison je tiens tellement à te protéger. Et tu peux me croire, c’est certainement pas moi qui vais le lui expliquer ! Il doit être incapable de ressentir le moindre sentiment pour personne de toutes manières. Il confond le faire d’avoir des amis et d’avoir des esclaves à son service. C’est triste à dire lorsqu’on y pense. »
Je m’étouffais ensuite presque lorsqu’il évoqua le fait que je pourrais être en couple. L’idée ne m’avait jamais réellement traversé l’esprit à vrai dire. Bon c’est vrai que j’aimais particulièrement Carmen. Elle était très sympa mais je ne m’imaginais pas vraiment filer le parfait amour avec elle.
« T’es vraiment en train de me demander comment vont mes amours ? A moi sérieux ? Non Julian, je suis vraiment pas du genre à tomber amoureux. Tu devrais le savoir. Et franchement j’aurais pas envie d’entraîner ma petite amie dans un coupe-gorge comme celui dans lequel je vis. Peut-être un jour mais c’est pas d’actualité. »
Je m’arrêtais alors quelques instants avant de sortir mon portable de ma poche. Cherchant dans mes photos, je finis par lui tendre le téléphone. Sur une des photos, il pouvait voir une magnifique photo de voiture sportive flambant neuve. C’était ma grande fierté du moment.
« Elle est pas trop classe ma nouvelle caisse ? Je l’ai remportée dans une course illégale que j’ai faite l’autre jour en ville. C’est clairement pas le genre de voiture que j’aurais pu m’offrir avec mon petit salaire. Si tu veux un jour on pourra aller se faire une petite virée rien que tous les deux. J’ai très envie d’aller au Mexique, ça te changerait du climat morne de Storybrooke, tu ne crois pas ? »