« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
uelque chose de doux s’installe en elle. Une flamme vacillante sous un souffle froid qui, pourtant, ne cède pas. Elle danse d’un côté, puis de l’autre, lentement, très lentement. Elle réchauffe les parois de sa cage, à chaque balancement. Une flammèche ténue, à peine plus forte qu’une étincelle, mais elle est bien là, elle ne faiblit pas, elle fait face à l’adversité sans ciller. Indomptable, inarrêtable. Et sa chaleur est plus forte que tous les brasiers du monde. Elle réchauffe un cœur froid depuis trop longtemps, déjà. Un cœur qui n’a plus l’habitude de battre pour lui-même, seulement pour les autres, pour l’inquiétude qu’il éprouve à leur égard, pour l’amour qu’il veut leur donner tout en gardant une distance respectable. Désormais, il ne veut plus rester de son côté. La flamme essaie de sortir, de briser les barreaux de sa cage, pour se tendre vers la chaleur d’Alec, se mêler au brasier qui remue en lui. Se perdre dans un feu qui n’est pas le sien, tout en gardant sa propre identité, sans jamais se laisser consumer.
Cette petite étincelle de vie, au fond d’elle, la laisse songeuse, la fourchette plongée dans l’assiette, ses yeux noirs tantôt fixés sur la nourriture qui ne l’intéresse pas, tantôt levés vers Alec, ses cheveux noirs, son regard qui ne la voit pas vraiment. Elle a beau se dire de ne plus penser, de profiter d’un moment de pause, dans une vie aussi étrange que la sienne, elle n’y arrive pas. Les pensées reviennent au galop, les questions accrochées sur leur dos. Elle se demande si elle a vraiment le droit de nourrir cette flamme ou si elle doit la taire à jamais, l’étouffer sous une cloche jusqu’à ce qu’elle n’existe plus. Sauf qu’elle sait, aussi, que cette flamme ne mourra jamais. Elle restera à jamais coincée sous sa cloche, jusqu’à fondre les parois de sa prison et sortir, à nouveau, danser au grand jour. Alors que faire ?
Alec a cette façon toute à lui de lancer de l’essence sur cette flammèche. Sans même le savoir, sans même s’en rendre compte, en répondant seulement à ce qu’elle lui a dit. Elle se demande comment tout cela peut finir, si cela va finir. Seront-ils, enfin, débarrassés de quelques regrets s’ils se perdent, une nouvelle fois, l’un contre l’autre ? Comme une habitude sortie du passé, un besoin de renouer avec ce qu’ils ont partagé. Pour se persuader, peut-être, que tout ceci n’a pas été inventé par une autre, qu’ils décident, eux-mêmes, de se serrer dans les bras de l’autre. Elle ne sait plus ce qu’elle doit penser et la nourriture, sur sa langue, n’a aucun goût pour la déconcentrer. Elle se contente de mâcher sans y penser, d’avaler le peu qu’elle arrive à manger. Comme toujours.
Son attention n’est détournée de tout ceci qu’une fois qu’Alec reprend la parole pour balbutier quelques mots qu’elle ne comprend pas. Liliann relève les yeux sur lui et pose sa fourchette au fond de son assiette. La teinte rouge de ses joues est adorable et arrache, à la brune, un sourire attendri. Elle ne sait pas ce qu’il veut lui avouer, mais elle devine que cela sera, sans le moindre doute, touchant, mignon en un sens. Ce qui n’arrangera pas son histoire de flammèche immortelle qui ne cesse jamais de danser, dans l’espoir, peut-être, d’échapper à sa prison pour sortir, enfin, se montrer devant tout le monde.
Au fond, Lili ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il soit ainsi. Il y a quelque chose de si doux et timide, chez Alec. Comme un enfant qui découvre la vie à son rythme, avec quelques dizaines d’années de retard, parce qu’on ne lui en a pas laissé le temps, à l’époque de son enfance. Elle pensait qu’il saurait mieux qu’elle, qu’il avait eu le temps de découvrir le monde, de s’inquiéter de telle ou telle chose, d’expérimenter l’amour et ses travers, mieux qu’elle n’a pu le faire elle-même. Elle s’est trompée. Il n’a rien du Don Juan qui a l’habitude d’être aimé, tout du gamin qui connaît ses premiers sentiments. C’est tout aussi attendrissant qu’effrayant, en un sens, étant donné qu’elle a, soudain, peur de ne pas lui montrer les choses comme il devrait les apprendre, de lui faire peur à ne pas savoir agir comme il le mérite.
Que sait-elle de plus que lui, au final ? Les serments du mariage, la maternité, rien d’autre.
« Il n’y a pas de façon de faire, Alec, assure-t-elle, pour le rassurer. Je n’en sais pas plus que toi, pour tout avouer. C’est aussi une première fois pour moi. »
Ce qui peut paraître étrange, venant d’une femme mariée, mais Liliann n’a pas pris le temps des rendez-vous galant, avec celui qu’elle a quitté. Le seul oui donné au Prince a été celui de leur union, du nom échangé pour former une étrange famille. Ils ont, sans doute, sauté toutes les étapes, mais personne ne sort au bras d’une prostituée. Le seul moyen de la sortir de sa condition, de faire d’elle une femme « respectable » était cette bague glissée à ses doigts fins. Celle qu’elle a abandonnée chez lui et n’a jamais reprise.
À le voir maltraiter sa nourriture, Liliann sourit un peu et échappe, de cette façon bien à elle, un pouffement discret, à peine un souffle qui passe entre ses lèvres sombres. Il a la timidité de l’adolescence alors qu’ils sont, désormais, des adultes responsables, capables de prendre des décisions, de choisir de s’aimer ou non, de laisser tomber certaines étapes. Ont-ils besoin de réfléchir pendant des heures, de se tester alors qu’ils se connaissent par cœur ? Liliann n’a rien oublié des moments passés seule avec lui, à glisser les doigts sur sa peau si chaude pour l’entendre soupirer et se persuader, elle-même, qu’il y a toujours eu autre chose que des cours dont elle n’a jamais eu besoin. Maintenant elle sait la vérité.
« Je suis déjà venue chez toi, je sais comment c’est, tu sais. Pourquoi ça me dérangerait ? Le désordre, ce n’est qu’une preuve de vie. Cesse de stresser comme un adolescent, Alec, je ne vais pas te manger et tu ne me feras rien que je ne t’aurai pas autorisé à faire. »
Elle pense chacun de ses mots, la brune, et repose tout à fait la fourchette, dans son assiette à peine entamée, pour se lever de son siège. De deux pas, elle contourne la petite table et se plante à côté d’Alec, vers qui elle tend les mains. Ses doigts se perdent dans ses cheveux noirs et elle l’attire à elle pour poser sa tête contre son sein et le serrer tendrement contre elle. L’une de ses mains retombe dans le dos d’Alec et caresse, pensivement, le tissu de sa veste.
« Tout ira bien, ne t’en fais pas. Finis de manger et allons-nous-en. »
Ses mots essaient, tant bien que mal, de le rassurer lui, mais de la rassurer elle aussi. De lui faire comprendre qu’il n’arrivera rien de mal, qu’elle ne lui fera rien de mal, qu’il ne regrettera pas d’avoir accepté cette invitation étrange pour un gala qu’ils ont à peine regardé. Quand elle est sûre que son message est bien passé, elle se décale à peine, le force à relever la tête d’une main passée sous son menton et dépose, délicatement, un léger baiser sur son front. Puis elle s’écarte tout à fait, reprend sa place à table et finit de manger, lentement, coupable de ne pas finir son assiette alors que d’autres personnes, ailleurs dans le monde, n’ont pas de quoi se nourrir correctement.
Repas terminé, Liliann repose soigneusement sa serviette sur la table, lisse sa robe rouge et se lève pour tendre la main à Alec, un petit sourire aux lèvres.
« Viens, il est temps de rentrer. »
Ce qui lui vient presque trop naturellement et la rend, soudain, coupable auprès de ceux qui ont tant essayé de faire de chez eux son chez elle aussi. Lili pince les lèvres, mais ne détourne pas le regard. Elle ne veut plus fuir, désormais, et si ceci doit être sa vérité, alors elle ne reculera pas. Elle se sent bien avec lui.
Alec Sacabeu
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Personnage abandonné
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lec savait qu’il faisait beaucoup d’erreur, et qu’il allait en faire encore plus à l’avenir. Il ne savait pas comment être une personne dites « normale ». Il avait appris à utiliser son coprs, pour son corps, comme un objet. Il avait vendu son corps, pour le sexe, mais aussi pour ce rein qui lui manquait. Et il savait qu’il le ferait à nouveau s’il en avait le besoin. Car il n’avait aucune forme de respect pour son corps … pas la moindre. Sauf maintenant. En observant la jeune femme, il s’en voulait de ne pas être complet. Il se demandait si les marques qu’il sentait parfois sur son âme pouvaient se voir sur son corps. Alec connaissait son corps comme un homme connait sa voiture quand il est pilote de course. Il ne regardait pas son corps, il ne pourrait même pas dire, là dans l’instant, s’il avait des marques, une tâche de naissance, ou tout autre chose.
Il se demandait s’il pouvait alors faire quelque chose pour mériter Liliann un peu plus. Cela ne serait toujours pas suffisant, mais un peu plus était déjà mieux que le rien qu’il sentait en lui. Il voulait Liliann. Et il fallait qu’il apprenne comment être digne d’elle… et le mieux était de la prévenir avant de son incompétence la plus totale … et qu’elle n’hésite pas à lui mettre les points sur les i. Quand elle lui dit que c’était sa première fois, il ne pu que sourire.
Un sourire très grand, et très heureux. Dans un sens, ça le rendait heureux qu’elle expérimente le même sentiment que lui maintenant… Même si plus tard, il penserait à son ex mari et au fait qu’il avait fait n’importe quoi avec une femme si incroyable. Mais ça, ça sera plus tard. Pour le moment, il était juste content de savoir qu’il allait faire le chemin de cette expérience ensemble, et en la regardant, il avait même l’impression que sa peur s’envolait dans la pièce. Il rougit.
- Oui. Tu as raison. Et … …. D’accord.
La manger ? Oh. Il rougit encore plus en réfrenant une envie de passer à travers la table pour l’embrasser encore. Mauvais choix de mot … ou alors l’avait elle fait pour lui dire qu’elle savait ce qu’il pensait ? Etait il un pervers à penser à cela ? Il ne savait plus. C’était bien la première fois qu’il avait envie de faire quelque chose avec une femme. Il se rendit compte que depuis le baiser devant le piano, il ne voulait plus se souvenir, il voulait faire. Il se souvenait bien sur, mais la nostalgie n’était plus suffisante. Et il posa son regard sur elle et lui sourit de toutes ses dents.
- J’ai hâte de savoir ce que tu m’autoriseras alors.
Même si c’était simplement de lui caresser les cheveux en regard un film avec un pot de pop corn, il avait hâte de savoir ce qu’elle accepterait … et de vivre la fin de cette soirée avec elle. Il accepta le câlin qui le fit sourire encore. Encore. Et encore. Même une fois qu’elle était reparti à sa place. Il lui souriait parce qu’il avait du mal à ne pas se sentir pleinement heureux en ce moment même. Sa joie débordait par ses yeux plissaient de bonheur et son sourire étirait. Le bisou aussi l’avait rendu heureux. Si on partait du principe que le malheur et le bonheur étaient deux jauges qui devaient s’équilibrer… il semblerait que sa balance cassait lui envoyer maintenant tout le bonheur qui lui manquait. Il finit de manger. Ne laissant rien dans l’assiette pour lui sourire et prendre sa main.
- Oui. De rentrer ensemble.
Il avait la main dans la sienne et ne pu s’empêcher en se levant d’embrasser à nouveau les doigts fins de la jeune femme. Un contact qu’il trouvait reposant, et qu’il aimait avoir avec elle. Il finit par partir en se promettant de trouver un moyen de faire un don à l’association qu’il avait snobé durant toute la soirée. Aussi, il avait une Liliann magnifique avec lui, il ne pouvait pas se concentrer sur plusieurs choses à la fois.
Il prit un taxi. Qu’il paya sans rien demander et fit en sorte de sortir en premier du taxi pour ouvrir la porte à la jeune femme. Il savait que toutes les femmes n’aimaient pas cela, mais il espérait que ça lui plairait. Devant chez lui, on pouvait y voir le reste de boue qu’y avait été fait pour une des expériences de « bassin à truite » d’un de ses frères… Il en avait mit partout. Observant la robe de la jeune femme, le taxi partit alors qu’il mit un bras autour de son dos.
- Puis je ?
Dit-il alors qu’il la porta comme une princesse dans ses bras et traversa le terrain miné, boueux et glissant le plus vite possible pour la déranger le moins longtemps. Il la posa sur le perron alors qu’il observait la jeune femme à la lumière qui sortait de la nuit. Il sourit et ouvrit la porte pour la laisser passer.
- Tu connais déjà la maison.
C’était une certitude, non une question. Il avait sa main toujours dans la sienne dès qu’il l’avait reposé. Mais maintenant …. Que pouvait-il faire ? Que devait-il faire ? Ils venaient de manger, et la seule idée qu’il avait été peut être pas la meilleure des idées.
- Mets-toi à l’aise surtout et si tu as besoin de quoi que ce soit.
Sa main dans la sienne laissait pourtant peu de place à Liliann pour faire ce qu’elle veut … mais pour le moment il ne voulait pas réfléchir là-dessus. Sa main dans la sienne caresser ses doigts et il ne pouvait que sourire de ce qu’il ne pensait jamais possible. Etre heureux en tenant la main d’une femme. C’était le genre de chose qui n’arrivait jamais ….
C’était parce que ce n’était pas la main de n’importe qui, mais celle de Liliann. Il remonta sa main contre ses lèvres et les caressa à nouveau. Il avait envie de lui dire tellement de chose. De lui dire qu’il était heureux, pour une fois, de détester son métier. Qu’il était heureux d’avoir choisi cette soirée au lieu de l’autre, qu’il était heureux de l’avoir retrouvé, elle. Il s’approcha et fit simplement ce qu’il avait eu envie un peu plutôt déjà dans la soirée. Il mit sa main dans ses cheveux pour caresser les boucles qu’il pouvait, tout en caressant sa peau délicatement. Il n’avait plus besoin de le dire. Il était sur de lui, et très heureux.
e repas pèse moins lourd, sur son estomac, qu’à son habitude. Liliann sent qu’il est là, au creux de son ventre, qu’il attend de passer, qu’elle a plus mangé, en une soirée, que durant la semaine entière, sans doute, mais cela ne la dérange pas autant qu’elle l’aurait imaginé. Elle sait qu’elle ne reprendra pas goût à la vie, à la nourriture, aux choses simples qui font tourner le monde, si vite, mais elle ne peut que constater l’évidence : la présence d’Alec, devant elle, a une influence bénéfique sur sa personne. Elle a envie de s’améliorer, de sortir de ses ténèbres pour devenir quelqu’un de bien, de mieux pour lui, qu’il n’ait pas honte de traîner, dans son sillage, une ombre qui remue à peine dans la brise. Elle ne peut plus se contenter d’attendre que les choses lui tombent sur le coin du nez. Elle a besoin d’agir, de prendre, de donner. De vivre.
La main tendue vers lui, elle s’interroge sur ce qu’elle ressent, au fond de son cœur. Sur cette familiarité étrange, cette intimité qui s’installe naturellement entre elle et lui. Ses amis ont beau l’aimer de toute leur âme, elle a beau ne pas vouloir les perdre, pour rien au monde, elle s’est toujours sentie de trop, pas à sa place, à côté de la plaque. Combien de fois a-t-elle fui le garage ? Combien de fois s’est-elle tenue sur le seuil, à regarder la poignée, à se demander ce qu’elle fait, pourquoi elle squatte des vies qui vibreraient mieux sans elle ? Elle n’est pas certaine de pouvoir les compter. Pourtant, sans la moindre seconde d’hésitation, elle tend sa main à Alec, ces doigts qu’elle a tant détestés, qu’elle a tant voulu voir brisés. Elle veut rentrer avec lui, elle se sent déjà chez elle, près de lui. En a-t-elle le droit ?
Le doute la frappe, comme à chaque fois, et la fait hésiter. Heureusement, le brun s’empare de ses doigts avant qu’elle ne les reprenne, les ramène à elle pour ne plus les lui offrir, comme un cadeau empoisonné. Il referme la main autour de la sienne et Lili soupire, à peine, soulagée d’avoir été empêchée de faire l’impardonnable. Elle a l’impression que ses doigts trouvent leur place, rien qu’à eux, au creux de sa paume, qu’ils ont toujours été destinés à cette main-là et pas une autre. Et cette façon, qu’il a, de les lever à ses lèvres pour les embrasser, doucement, comme la chose la plus fragile qui soit. Liliann pince les lèvres, sans y penser, le cœur serré sur la vérité : brisés, il ne les aurait jamais embrassés de la sorte. Et pour la première fois de sa vie, elle est contente de ne pas avoir passé ce cap, d’avoir échappé, de peu, à cette folie-là.
Liliann récupère le manteau laissé au vestiaire et suit Alec dans le taxi, sans un mot. Le contact du tissu, sur ses épaules, la force à réfléchir, à s’imaginer la capuche poilue, abandonnée au garage, dans le couloir. Pourquoi n’a-t-elle pas ressenti le besoin de la glisser sur ses cheveux noirs ? Peau d’âne n’a plus envie de se cacher dans l’ombre de son gros manteau. Ses doigts ne quittent pas ceux de l’ancien étalon et c’est tout ce qui lui suffit pour ne pas sombrer dans ses vieilles habitudes. Elle sait qu’elle ne s’en débarrassera pas d’un claquement de doigts. De retour au garage, elle aura besoin de se réfugier à l’intérieur de sa chaleur, de refermer la capuche sur sa tête et d’attendre que le monde disparaisse, autour d’elle, avec elle.
Pour l’heure, elle n’a pas besoin de se cacher d’un homme qui la connaît par cœur, qui n’a jamais vu, sur son visage, les traits tirés de son désespoir, du puits sans fond qui a creusé son âme. Elle se contente de serrer, à peine, de cette façon bien à elle, ses doigts, jusqu’à ce qu’ils lui échappent, soudain. Liliann revient au présent, au trajet qu’elle n’a pas vu passer. Un temps de latence qui permet à Alec de sortir du taxi, de contourner le véhicule et de lui ouvrir la porte. Elle relève, sur lui, des yeux noirs chargés d’incompréhension, des lèvres pincées sur ce qu’elle ne veut pas exiger de lui. Il n’est pas son esclave, pas plus qu’elle n’a besoin de lui qu’il se prenne pour un prince, alors qu’il glisse une main dans son dos pour la porter.
Lili ne dit rien, le cœur serré sur ce qu’il ne faut pas faire, consciente qu’il vaut mieux, au fond, qu’ils s’en débarrassent dès le début. Elle attend qu’ils passent la boue qui n’était pas là la dernière fois et qu’il la repose pour la laisser entrer en première dans cette maison qu’elle aime déjà. Quand il lève, une nouvelle fois, ses doigts à ses lèvres, Liliann les reprend doucement. Elle glisse sa main hors de la sienne et se détourne, à peine, le temps de quitter ce manteau qu’elle n’a pas l’habitude de porter. Elle le plie soigneusement, avant de le poser dans un coin, le regard baissé sur les mots qu’elle doit lui donner. Elle ne sait pas comment le lui dire sans le blesser, alors qu’il n’a rien fait de mal et qu’elle ne lui en veut pas. Mais elle ne veut avoir aucun secret pour lui.
« Je ne suis plus une princesse, Alec. Je ne veux plus le devenir. »
Elle revient se planter devant lui, ses yeux noirs dressés vers les siens. Comme à son habitude, elle a peur, soudain, d’être dans le faux, de se bercer d’illusions, de rêver de ce qui n’arrivera jamais. Peut-être n’est-il jamais venu, ce soir. Elle s’est tenue seule, au coin du feu, le regard levé vers la mer du tableau, à attendre qu’il ne réponde pas à son invitation. Puis elle est rentrée, elle s’est isolée, a sombré dans ces cauchemars qui ne la quittent jamais. Comment se finira celui-ci ? Non, elle ne veut pas croire qu’elle a tout inventé. Alors, elle tend la main, la pose sur sa joue, s’empare de celle d’Alec pour la glisser, de force, au creux de ses reins.
« J’ai besoin de toi, mais pas de cette façon-là. Ne t’abaisse plus devant moi, s’il te plaît. »
Elle est, peut-être, la seule femme au monde à voir les choses ainsi, mais elle s’en fiche, Lili. Elle ne veut pas qu’il al récupère à la sortie du véhicule, qu’il la prenne dans ses bras comme si le monde allait la salir. Elle est déjà sale, Peau d’âne, un peu plus de boue ne souillera pas son âme. Il n’y a que ses caresses, à lui, pour lui faire croire qu’elle n’est pas si mal, qu’elle n’a pas fait tant de mal, qu’elle ne lui fera, peut-être, jamais aucun mal. Un dernier point qu’elle a du mal à croire et qu’elle a, pourtant, envie de croire de toute son âme.
« On dirait deux adolescents qui ne savent pas comment se dire qu’ils s’aiment, sourit-elle, légèrement amusée par la situation. Maintenant que j’y pense, la dernière fois que je suis venue… »
Liliann a, soudain, une lueur inquiète, au fond du regard, et s’empare de la main d’Alec pour le tirer vers la lumière. D’un regard appuyé, elle lui indique de ne pas bouger, alors qu’elle repousse la veste, sur les épaules du brun, la plie et la pose, près de son manteau, avant de soulever, délicatement, le bord de son t-shirt. Sans y penser, elle glisse les doigts sur la peau de son ventre, cherche une trace du coup dont elle a tant essayé de le sauver, cachée derrière des mensonges qui ont explosé dans la cuisine.
« J’ai eu si peur, ce jour-là… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé et tu n’es pas obligé d’en parler, mais j’espère que ça n’arrivera plus. Je ne suis pas sûre de le supporter. »
En dehors de la violence qu’elle exècre par-dessus tout, Lili n’a, surtout, pas envie de revoir le sang imbiber ses vêtements, la fièvre s’emparer de son front et ce sommeil si lourd dans lequel il est tombé, un pied tendu vers le vide, au-dessus de la mort. Elle s’est accrochée à lui avec tout son désespoir, Lili, pour qu’il n’ose pas la quitter maintenant qu’elle l’a retrouvé. Et, au fond, c’est un peu ce qu’ils lui avouent, ces doigts qui s’attardent sur son ventre, sans plus vraiment s’inquiéter de la blessure de ce jour-là.
« Je ne veux pas que tu sois blessé. Ne laisse plus les autres te faire de mal. »
Une supplique qu’elle souffle tout bas, comme pour lui en arracher la promesse, en espérant de tout son être qu’il s’évertue à ne pas trahir sa parole. S’il venait à être blessé à nouveau, elle ne saurait plus quoi faire, Liliann. Elle ne veut plus connaître la panique qui l’a étreinte ce jour-là, à peine capable d’étouffer les sentiments qu’il fait naître en elle, pour se concentrer sur le meilleur moyen de le sauver. Et si, la prochaine fois, elle ne le sauve pas ?
Alec Sacabeu
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our Alec, il n’avait ni agit comme un prince, ni comme un esclave. Il n’avait été que lui voulant faire plaisir à Liliann. Bon, il avait prévenu que c’était un boulet… mais il trouvait une bonne excuse à chaque acte qu’il venait de faire. Il ne savait pas s’il devait se justifier alors, même si dans les yeux de Liliann il y voyait des choses qu’il ne voulait pas. Il était venu lui ouvrir la porte parce qu’il avait eu besoin de le faire, comme pour dire qu’elle ne pourrait plus partir. Pour l’avoir porter, son cerveau avait juste pensé à sa robe et à la saleté de sa maison… Peut être aurait il dû faire le ménage avant, ça aurait été une meilleure idée. Il la laisse s’éloigner de lui, la regardant en attendant de comprendre ce qu’il avait ressenti. Quand elle parla, il ne dit rien, les deux premières secondes. Penchant la tête pour essayer de savoir quoi répondre à cela. Il n’était pas sur.
Il avait toujours dû « s’occuper des femmes comme des princesses », sauf celle qui voulait de la brutalité … Mais il n’avait jamais fait ça avec personne. Pour lui, ce n’était pas la considérer comme une princesse, juste …. Comme la chose la plus importante de sa vie, et il ne voulait rien risquer à cause de la boue … était il un macho de penser cela ? Qu’une femme avait besoin d’un homme pour être protéger ? Ce n’était pourtant pas son sentir exactement. Il voulait protéger Liliann. Pas n’importe qui.
- Je comprends.
Et c’est la vérité. Il comprenait ce qu’elle disait, ou non d’ailleurs. Il ne fallait pas qu’il réagisse avec elle comme le cliché de la princesse. Il pouvait le faire. Cependant, il ne se savait pas ainsi. Pour lui qui n’était jamais sorti avec une femme de son plein gré, il y avait plus d’une chose qu’il ignorait. Quand la main de Liliann toucha sa joue, il sourit. Quand elle lui demanda silencieusement de se rapprocher, il sourit encore. Ainsi, il savait qu’il ferait tout pour que jamais Liliann ne se sente mal à l’aise avec lui. Si pour cela il devait ne plus la porter pour traverser la boue il le ferait. Il la regarda dans les yeux.
- Je … je n’avais pas l’impression de m’abaisser. Crois-moi. C’était juste instinctif.
Il avait eu envie, et son cerveau avait trouvé toutes les bonnes raisons pour ça…. Avoir Liliann dans ses bras, ça lui avait fait plaisir en plus. Pas à elle. Mais il serait trouvé d’autres manières de l’avoir dans ses bras sans que cela soit bizarre. Elle était peut être la seule femme au monde à voir ça ainsi, mais il comprenait. Il laissa sa tête se reposer contre la main de la jeune femme. Après tout, ils n’avaient jamais été un couple normal. Atypique dans leur rencontre, dans leurs sentiments, dans leur manière d’être. Alors c’était tout à fait logique que le reste aussi le soit.
Il lui sourit alors tout simplement, pour illustrer le fait qu’il comprenait, et qu’elle n’avait pas à s’en faire pour ça. Il ne pouvait pas savoir qu’elle se pensait sale. Il ne pouvait le deviner en cet instant alors qu’il se perdait dans ses yeux. Qu’aurait il dit alors ? Aurait il avoué qu’il la pensait plus pur que le monde entier. Qu’il pensait que son âme avait été maltraitée par l’univers, mais que pour lui, elle restait éclatante ? Il ne savait pas. Il ne pouvait pas le savoir. Mais c’était le sentiment qu’il avait en la regardant. Comme un joyau que l’ont aurait roulé dans la boue. Il reste précieux. Elle lui était précieuse. Plus que quiconque.
Alors qu’elle les présenta comme deux adolescents, il sourit. Il n’avait jamais eu d’adolescence, pas plus qu’il n’avait eu d’enfance, alors pour lui c’était qu’une notion abstraite. Mais il comprenait ce qu’elle voulait dire. Alors qu’il allait lui répondre, il se fit embarquer sans avoir le temps de prendre son souffle. Il la laissa faire … et son incompréhension (à lui) se lisait sur son visage avant de sourire. Il ne bougea pas, comme elle lui avait demandé. Mais son sourire amusé voulait absolument tout dire de ce qu’il pensait. Il n’avait pas dû tout oublier leur retrouvaille dans le lit, parce qu’au début ils étaient dans le lit) mais il avait oublié le détail de sa blessure. Il l’observa. Il avait déjà pris une décision plus tôt dans la soirée, mais cette discussion lui donna encore plus de puissance.
- Je suis désolé de t’avoir fait peur. Ce jour là, j’ai juste eu la désagréable surprise de rencontrer le petit copain d’une cliente. Cela ne devrait plus arriver.
D’être attaquer par un parent ou amant d’un client. Cela ne pouvait plus arriver … pour la bonne raison qu’il avait prit la décision de ne plus jamais toucher une autre femme que Liliann. Combien de fois l’avait il toucher, dans leur passé commun ? Combien de fois se rappelle t il avoir préféré lui donner des cours que d’aller travailler ? Maintenant qu’entre eux étaient tombés la révélation d’un sentiment réciproque …. Il ne pouvait pas imaginer continuer à travailler.
Et il était presque sûr qu’elle accepterait qu’il continue de travailler s’il lui demandait. Ce qu’il ne ferait pas. Il ne le voulait pas. Il regardait la jeune femme, et posa ses lèvres sur son front.
- Je ferais en sorte que ça n’arrive plus.
Il ne pouvait pas être certains qu’il ne serait pas blessé à nouveau. Après tout, dans le monde, et surtout dans celui dans lequel ils vivent, il y avait toujours des facteurs qui n’étaient pas connu. Des choses incroyables qui pouvaient arriver à tout le monde, et à personne en même temps. Il ne pouvait pas promettre de ne plus être blesser alors. Il ne voulait pas risquer de casser sa promesse un jour, sur quelque chose qui n’étais pas de son fait. Mais il pouvait promettre de faire attention à ce que ça ne se reproduise plus.
La main de la jeune femme sur lui, il posa la sienne dessus. Il caressa doucement le dos de la main de la jeune femme. Il lui sourit alors qu’il était toujours proche d’elle, ses lèvres proches de son front.
- Je dois bien pouvoir trouver un travail qui ne risque pas me mettre en danger.
Venait-il de dire ainsi qu’il comptait bien évidemment changer de travail, de vie, de risques ? Oui. Est-ce que c’était tout à fait normal pour lui de le dire ? Oui. Il n’avait pas besoin de réfléchir plus longtemps. Il savait qu’il devait le faire. Il savait qu’il allait le faire. Pour elle, mais aussi pour lui. Parce qu’il avait envie de changer de vie et d’être digne d’elle. Ainsi positionner il se rendit compte qu’il n’avait absolument pas envie de la quitter … alors il sourit en frottant doucement ses lèvres à son front, profitant de ce contact.
- Je suis heureux de t’avoir retrouvé. Plus que je ne serais le dire.
lle sait ce que c’est, Liliann, la jalousie de la moitié oubliée d’un couple, après quelques caresses auprès d’un… professionnel. Heureusement pour elle, elle n’a pas eu à le supporter bien longtemps et a toujours gardé, auprès d’elle, des gros bras pour la protéger. Une protection assurée par l’établissement qui l’embauchait, à l’époque, et lui a permis d’avoir un toit et de quoi se nourrir correctement après quelques mois passés dans la rue. Sans les vigiles pour lui venir en aide, chaque fois qu’une femme éconduite venait frapper à la porte du club, Nahid n’aurait, sans doute, pas fait long feu dans le milieu. Qui lui serait venu en aide, à elle ?
Peau d’âne baisse ses yeux noirs à l’entendre si sûr de ce qu’il affirme. Comment peut-il promettre que cela n’arrivera plus jamais ? Les risques du métier, comme ils disent. Il ne peut pas continuer ses affaires sans attirer la jalousie et les mauvais sentiments. Le besoin de vengeance qui étreint le cœur de ceux qui ont été foulés au pied. Ces choses-là vont de pair et on ne peut se soustraire à l’une sans se soustraire à la seconde. Elle le sait, Liliann, elle le sent au plus profond de son coeur, pourtant… pour une raison qui lui échappe, elle n’a pas envie de comprendre les sous-entendus derrière ses mots calmes. Elle ne veut pas croire qu’il cesserait tout ce qui a été sa vie, jusqu’ici, du jour au lendemain, seulement pour elle, pour qu’elle ne s’inquiète plus pour lui. Ce qu’elle continuera à faire jusqu’à leur dernier souffle.
Alors, elle se ferme à la possibilité qu’il ait pu, en une poignée d’heures, déconstruire son passé pour penser, enfin, à un futur qu’il choisirait lui-même, qu’il construirait de ses propres mains. C’est tout ce qu’elle lui souhaite, Peau d’âne, mais les choses lui semblent si rapides qu’elle en perd le fil. Que doit-elle faire ? Que doit-elle dire ? Elle a l’impression de se revoir, elle, allongée sur le matelas mou de son club, nue, étendue aux côtés de celui qui caressait ses doigts en pensant à ce qu’ils ont été autrefois. Elle l’entend encore murmurer qu’elle a les plus jolis doigts qu’il ait vu, soupirer qu’il les veut seulement pour lui, tendre sous ses yeux noirs une bague qui a tout scellé. Son destin de malheureuse, de princesse crachée dans la rue, roulée dans la boue et recouverte d’une couche si épaisse de tristesse qu’elle ne peut plus s’en défaire.
Finira-t-il détruit comme elle, parce qu’ils sont allés trop vite ?
Elle n’en doute pas une seconde, en vérité, et cela lui fait peur. Liliann a envie de reculer, de fuir, mais elle ne fait pas le moindre geste. Elle reste campée devant lui, ses yeux sombres posés sur les doigts qu’elle a glissés sur la peau de son ventre, sans y penser, comme une chose si naturelle qu’elle se pare d’une nouvelle intimité. Elle essaie de se persuader qu’elle se trompe, qu’il ne laissera pas tout tomber tout de suite, qu’il prendra, d’abord, le temps de la réflexion. Tout est mieux qu’un coup de tête, une décision précipitée comme le jour où elle a dit oui à celui qu’elle n’a jamais aimé.
Sauf qu’il envoie tout valser dans un aveu glissé sur son front. Peau d’âne ferme les yeux et inspire lentement. Ses doigts se crispent à peine sur le ventre d’Alec. Elle sent le mal, elle le voit grandir en elle, remonter le long de son bras et contaminer l’homme qu’elle aime. Il suit ses pas, marche dans ses erreurs et elle n’arrive pas à l’arrêter. Elle ne veut pas l’arrêter. Égoïste, elle a envie de croire, pour la première fois depuis longtemps, qu’elle a le droit à ce bonheur-là, à cet homme accroché à son bras. Alors, doucement, elle repousse sa main, elle échappe au contact de ses lèvres, sur son front, et se fraie un passage tout contre lui. Elle trouve sa place, contre son torse, pose son oreille contre sa poitrine et écoute, sans un mot, les battements de son cœur, tout au fond.
« Tu n’y es pas obligé, je ne te demande rien. Je préfère que tu prennes le temps de réfléchir, que tu ne prennes aucune décision précipitée. J’ai fait cette erreur, Alec, regarde où ça m’a menée. Ne fais pas les mêmes bêtises que moi, s’il te plaît. »
Elle frissonne, entre ses bras, à l’idée de le voir marcher dans ses pas, à la possibilité, qu’un jour, il finisse recouvert d’un manteau d’hiver, à se cacher sous les poils de la capuche pour échapper à un monde qu’il n’arrive pas à quitter de lui-même. Combien de fois s’est-elle tenue sur le bord des voies, à se demander ce que cela ferait de passer un pied, de violer la frontière de la vie vers la mort d’un seul petit pas posé avec toute sa lenteur habituelle, pour, enfin, en finir avec tout ceci et rejoindre celle qui, de l’autre côté, lui tend ses petits doigts potelés ? Elle ne saurait compter. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’a jamais osé, inlassablement accrochée au dernier souffle qui remue en elle.
« N’en parlons plus pour ce soir, c’est mieux. Attends quelques jours pour repenser à tout ceci. »
Au fond, elle se demande si ces quelques jours de réflexion le feront changer d’avis. S’ils se revoient, d’ici la fin de la semaine prochaine, viendra-t-il lui dire qu’ils se sont trompés ? Que cela ne marchera jamais ? Elle a presque envie de l’entendre le dire, pour ne plus s’inquiéter de tout le mal qu’elle pourra lui faire, sans le vouloir, parce qu’elle ne sait pas faire autrement que contaminer ses proches de sa peine, ses malheurs, ses soucis qui n’en finissent jamais.
Elle a envie de l’entendre dire qu’elle n’est pas pour lui, comme elle l’a toujours pensé et, pourtant, paradoxalement, elle ne veut plus quitter ses bras entre lesquels elle s’est imposée. Inconsciemment, ses doigts sombres viennent se glisser sous le t-shirt d’Alec quémander la chaleur de sa peau. Elle sent la définition nette de chacun de ses muscles, dans son dos, des muscles dont elle connaît les lignes sur le bout des doigts, qu’elle n’a pas oubliés, depuis tant d’années. À l’époque, jeune, naïve, sous le charme de celui qu’elle n’aurait jamais pour elle, elle s’était persuadée qu’elle savait, mieux que quiconque, où appuyer, toucher, caresser, pour qu’il échappe à son métier et cesse de la voir comme l’élève qu’elle était censée être.
Aujourd’hui, elle sait que c’est la vérité. Plutôt que de lui faire peur, elle a, soudain, l’envie de vérifier que rien n’a changé. Elle échappe à ses bras pour glisser une main sur sa joue, l’autre sur sa nuque, ses yeux noirs plantés dans les siens avec une détermination qu’elle ne se connaissait plus.
« Fais-moi ce si beau sourire qui te va si bien et ne pensons plus à rien. »
Et avant même qu’il ait pu accéder à sa demande, comme un ordre étrange balancé entre eux avec tous les sous-entendus qu’il pourra lui imaginer, Liliann appuie ses doigts contre les cheveux noirs d’Alec et se dresse sur la pointe des pieds pour atteindre ces lèvres qu’elle a tant aimées. Juste une dernière fois, avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’ils ne viennent à le regretter, elle veut en profiter, cesser de se plonger dans les souvenirs pour, à nouveau, goûter au présent, s’assurer qu’elle n’en invente pas la moitié et remplacer la jeune et folle Nahid par Lili.
Alec Sacabeu
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Joe Manganiello
Personnage abandonné
| Conte : Barbie Coeur de Princesse | Dans le monde des contes, je suis : : Hervé
lec savait qu’il avait plus souvent été détesté qu’apprécier pour son travail. Les femmes, et les hommes, qui étaient venus le voir gardé une bonne impression de leur … activité commune, mais ils ne pouvaient pas s’enlever la honte la plupart du temps. Si on rajoute à cela la colère des autres, il savait que ce métier qu’il faisait pourtant depuis si longtemps était la voie la plus rapide vers la destruction. Et il n’avait jamais rien fait contre. Il n’avait jamais essayé de combattre ça … il était normal pour lui. Habitué à ce que son corps ne lui appartienne pas vraiment, et à ce que son âme ne pense pas au « politiquement correct ». Le respect qu’il avait pour lui-même était proche du zéro absolu.
Hier, il aurait pensé qu’il était au zéro absolu. Hier, il n’aurait même pas pensé au fait de ne pas avoir de respect… c’était juste comme ça et pas autrement. Maintenant, il pensait au proche. Et il pensait que comme il n’était pas au zéro absolu, il devait avouer que ce changement subtil ne pouvait venir que de Liliann. Elle lui donnait envie d’être une personne meilleure, et une personne meilleure n’utilise pas son corps sans penser aux conséquences. C’était une décision prise, et pour le moment, il ne pensait même pas à l’exprimer, c’était juste ainsi.
Lui qui s’était toujours dit que l’amour et l’attachement ne lui arriveraient jamais… tout en sachant au fond de lui qu’en réalité il était déjà attaché à quelqu’un, aurait bien du mal à exprimer maintenant ce qu’il se passait dans sa tête. Il lui prouverait au lieu de lui dire en avance, c’était mieux, et ça lui permettrait de trouver des idées de nouvelles orientations entre temps. En observant la jeune femme, il savait qu’il ferait pour le mieux.
Il ne voulait pas perdre de temps. Il ne voulait pas attendre. Mais il devait le faire bien pour ne pas que cela fasse totalement l’inverse. Il fallait qu’il prenne sa vie en main, tout de suite, pour être une personne meilleure. Pour lui et pour elle. Il fallait qu’il arrive à poser le temps. Et il allait y arriver.
Le câlin qu’elle lui donna, comme une évidence là encore, il était à sa place dans ses bras, lui fit un nouveau coup de cœur. Il avait envie d’être là pour toute sa vie et plus encore. Il ne pensait pas avoir vécu pareil tranquillité de toute sa vie. Même quand ils étaient ensemble dans cette grande ville à travailler pour un autre, il n’avait pas eu ce sentiment. Il était son professeur d’une matière qui ne devrait jamais être apprise, mais ressenti. Et pour une fois, il ressentait.
- Je le sais.
Elle ne lui demande rien. Et si il laisse les choses allaient ainsi, elle ne lui demanderait jamais. Mais lui, il le voulait. Lui, il le désirait. Et n’était ce pas elle qui avait fait le vœu qu’il fasse enfin ce qu’il voulait dans sa vie ? Peut être était ce un revirement trop soudain ? Peut être devrait il prendre le temps de réfléchir… mais il avait la conviction que, même s’il prenait des années pour réfléchir, il en viendrait au même point à la fin. Alors il n’avait plus envie de perdre son temps.
- Je vais réfléchir.
Mais il en viendrait au même point…. Si elle voulait qu’il prenne quelques minutes de plus… si cela lui permettait de détendre son inquiétude, alors … alors il pouvait le faire pour elle, et accepter cela. Il ne voyait pas ce qui pourrait l’empêcher de le faire…. Même si dans son cœur, et une partie de sa tête, il savait que la décision avait déjà été prise. Il savait que lui n’avait jamais eu envie de mourir… bien qu’il n’avait jamais été réellement attaché au fait de vivre… Maintenant, il se sentait un peu idiot de s’imaginer sans elle.
- Avec plaisir.
Dit il quand elle proposa de ne plus y penser pour ce soir. Tout ce qu’elle veut et plus encore. C’était bien elle qui faisait naître en lui cette envie de « vivre » et non plus de survivre. Il pouvait bien tout oublier pour ce soir. Il aurait tout le temps du monde pour se poser des questions, ou réfléchir, plus tard. Il savait que dans la tête de la jeune femme dans ses bras devait tourner des histoires qui n’en finissait pas. Il savait qu’elle devait douter d’elle, de lui peut être dans une certaine mesure. Mais lui n’avait plus aucun doute. C’était comme une évidence, et quand il sentit les doigts de la jeune femme parcourir son corps, il ne pouvait qu’être d’accord avec lui-même.
Il n’était plus celui qu’il était à l’époque. Et elle n’était plus celle qu’elle était non plus… mais pourtant, leurs changements avaient été telle que maintenant encore leur âme était comme … faites l’un pour l’autre. Leurs corps étaient fait pour se toucher, leurs regards pour se perdent l’un dans l’autre. C’était un sentiment tellement simple, et Alec savait ne pas l’avoir ressenti pour personne avant. Alors il lui sourit et même si elle ne l’aurait pas demandé, le sourire était là tout de même. Il aurait sourit parce que cette femme faisait naître en lui bien trop de bonheur pour qu’il ne puisse se voir sur son visage. Ses lèvres plaquaient contre les siennes, il se demandait si elle pouvait le sentir. Si elle pouvait voir qu’il souriait avec tellement de bonheur.
Il n’était pourtant pas en train de ne penser qu’à ça… étant donné que le baiser lui donnait des envies bien peu orthodoxe, et qu’il n’avait qu’une envie, se jeter dans ce sentiment de bonheur qui continuait d’augmenter sans pouvoir trouver d’arrêt. Alors il l’embrassa, comme on embrasse une femme que l’on désire réellement. Il l’embrassa comme jamais il n’avait embrassé personne avant. Il se laissa aller aux caresses qu’il n’avait jamais ressentit. Il se laissa aller à la quiétude, au bonheur, et avant qu’il ne comprenne lui-même toutes les conséquences de ses actes, le fondu en noir déferla sur l’écran. Il savait juste qu’il était heureux, qu’il sentait la femme avec lui heureuse, et n’était ce pas le principal ? Les gestes et les actes qui se firent derrière le rideau étaient tous teintés de ce respect et de cet amour qu’il ne pensait pas posséder en lui. Que Liliann faisait ressortir en lui. Il ne pouvait même pas le décrire en des mots, ou des termes. C’était juste impossible. Alors quand il pu attraper la jeune femme pour lui faire un câlin, son sourire était toujours des plus grands sur son visage. Chaque parcelle de lui, chaque respiration, voulait lui dire quelque chose de simple.
- Je t’aime.
Avant qu’il ne s’endorme dans les bras de la femme qu’il aime. Et pour une fois, il dormit avec des rêves doux et calmes. Comme si quelqu’un avait mit la dernière pièce dans la mécanique du bonheur, et qu’enfin, il pouvait commencer à battre.