♛ moi alcoolique ? C'est un euphémisme

lena & honey

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Vivre. Quelle putain de belle aventure cela doit être. Deux mois. Cela faisait déjà deux mois que James m’avait lâchement abandonnée devant l’autel. Comment faire pire ? Franchement ? En deux mois, je dois bien avouer que je partais légèrement en cacahuète mais c’est dur de s’en rendre compte. Moi-même, je dois bien avouer que je m’en rendais compte sans vraiment m’en rendre compte. Depuis quelques temps, je vidais un peu trop facilement ma réserve de vins et de bon whisky. En fait, depuis qu’il m’avait abandonnée. Accumulant cela à la perte de ma fille, je dois bien avouer que ça faisait un peu beaucoup. Puis il y avait eu mon histoire d’une nuit avec l’associé d’Erwin, clairement je n’avais pas fait la fière le lendemain au rendez-vous lorsque je m’en étais rendue compte. Erwin me détestait comme la peste et il pouvait bien me voir comme une salope, peu m’importait pour le coup. Je voulais oublier. Oublier la douleur. Oublier la souffrance qui était née au creux de mon âme lorsque je m’étais rendue compte qu’il ne viendrait jamais.

Je voulais chercher. Chercher un remède. Chercher une solution. Une bouteille de whisky à moitié vide dans la main, perchée sur dix centimètres de talons, vêtue d’un jean noir et d’un chemisier rouge, mes cheveux bruns tombant raides sur mes épaules, je déambule dans les couloirs du laboratoire avant de chercher ce dont j’avais besoin. J’avais volé une formule d’oubli dans les affaires de Regina vu qu’elle me laissait l’accès au caveau mais il me manquait quelque chose que je ne trouverais qu’au labo. Cependant en croisant le regard d’une jeune femme que je connais trop bien en cette tardive soirée, je me rends compte que je ne suis sans doute pas à D-Corp mais au laboratoire de l’université. Je m’arrête en chemin, manquant de peu de tomber avant d’essayer de retrouver un semblant d’équilibre alors que j’avais dans une main la bouteille de whisky et dans l’autre le papier contenant les ingrédients nécessaires à la création de la potion d’oubli. Mais à croire que j’allais pas pouvoir la faire vu que je ne possédais aucun pouvoir.

« Oh Honey…Ça va bien ? » demandais-je à la jeune femme avant de faire un pas en avant mais de me stopper « Ooooh, ça tourne. On va s’arrêter un peu. Voilà, on s’arrête…c’est bon ! » je rouvre les yeux et souris bêtement à la jeune femme « j’ai piqué un truc dans le caveau de Regina mais chut, faut pas lui dire ! » énonçais-je en mimant le silence avant de reprendre « je crois, j’me suis trompée de labo… » balbutais-je en regardant autour de moi.     

CODAGE PAR AMATIS

Honey Lemon avait toujours eu l'habitude de travailler tard, non pas parce qu'elle n'avait pas de vie en dehors du laboratoire ou de la faculté (c'était même le contraire tant la jeune femme était sociable) mais parce que, happée par sa tâche, elle oubliait souvent le temps qui passait, surtout si elle n'avait pas d'engagements dans la soirée. Netflix n'était jamais à une heure près, contrairement à Stefan Vulpesco, son ténébreux compagnon, qu'elle voyait régulièrement, la plupart du temps chez lui, dans son manoir, maintenant que son fils était au courant de leur idylle.
Ce soir-là, cependant, ils n'avaient pas prévu de se voir et même si elle l'aimait énormément, lorsqu'elle travaillait à ses projets, Honey ne pensait pas à lui. La jeune femme était focalisée sur son projet, au point parfois d'oublier que tout un monde gravitait autour d'elle et c'est justement pour cette raison que la jeune femme sursauta en apercevant Lena, chancelante, dans un des couloirs du laboratoires de la ville.
La jolie blonde avait bien perçu, lors de son premier passage dans ce même couloir, un mouvement dans le coin de champ de vision mais elle n'y avait pas prêté attention. C'aurait pu être une erreur mais il ne serait jamais venu à l'esprit de Honey qu'une personne mal intentionné puisse visiter le laboratoire. Pour y voler quoi, de toute façon ? A cette question, de nombreuses personnes auraient pu répondre que le cuivre se revend cher sur le marché noir et que certains de ses produits de chimiste ont d'autres applications mais personne n'était là pour répondre à cette question hypothétique qui n'avait jamais effleuré l'esprit, pourtant brillant, de Honey. Dans ce même esprit, l'ombre qu'elle avait vaguement perçu était celle d'un collègue, d'une partie du décor, voire, pourquoi pas, le fruit de son imagination et de sa fatigue.
Pourtant, force était de constater que Lena Davis, une autre scientifique de l'âge de Honey, était bel et bien au laboratoire. C'était sans doute elle que Honey avait perçu plus tôt, ce qui la conforta dans son raisonnement : aucune menace ne s'introduisait jamais au laboratoire de la ville. Mais pourquoi Lena, PDG de sa propre entreprise technologique, était-elle venue au laboratoire ? Elle n'y venait jamais, d'ailleurs, elle n'en avait pas besoin. Il y avait tout ce dont elle pouvait avoir besoin à D-Corp et peut-être même du whisky, ce que personne n'avait au laboratoire.
- Salut Lena, hésita Honey en s'immobilisant à quelques mètres d'elle dans ce même couloir.
La tête légèrement penchée d'un côté, elle l'observait attentivement, se posant mille et une questions et échafaudant tout autant d'hypothèses grâce à ce qu'elle observait chez Lena. Il n'était pas nécessaire d'avoir un doctorat en médecine (d'ailleurs Honey n'en avait pas) pour voir qu'elle n'était pas dans son état normal. Elle titubait et la bouteille de whisky largement entamée dans sa main fournissait un début d'explication convaincant. Son visage triste poursuivait l'explication, semblant indiquer qu'elle buvait pour oublier... quelque chose. Quoi, Honey n'aurait pas su le dire. Elle appréciait certes Lena mais n'était pas particulièrement proche d'elle et ne l'avait plus croisée depuis des mois, depuis le départ de Kara, en fait. Mine contrite, Honey regrettait, maintenant qu'elle voyait la jeune femme, de ne pas l'avoir fréquentée davantage. Peut-être que ça aurait pu amoindrir son apparent mal-être. Ou peut-être pas. C'était trop tard pour savoir si les choses auraient pu être différentes et, de toute façon, la scientifique n'avait pas de boule de cristal : elle n'aurait pas pu devenir sans croiser Lena qu'elle allait mal. De la même façon, elle ne pouvait pas deviner pourquoi elle serrait avec autant de force (ce qui était presque étonnant vu son état) un étrange bout de papier.
Songeant qu'elle aurait le temps d'éclaircir ce mystère plus tard, Honey adressa une moue sympathique à Lena et poursuivit la conversation en tâchant de ne pas avoir l'air de la juger. Même si elle avait bu, Lena n'était probablement pas assez ivre pour ne pas avoir conscience de son état. Du moins, la chimiste l'espérait.
- Ca va bien, oui, merci, déclara-t-elle cordialement mais sans exubérance, de peur d'enfoncer le clou sur le malheur de Lena. Légèrement mieux que toi, je pense, poursuivit-elle d'un ton égal en se rapprochant, craignant que la prochaine fois Lena s'effondre.
Le problème, c'était que Honey n'avait plus suffisamment de force dans ses jambes depuis son accident impliquant sa moelle épinière. Même si elle avait retrouvé des sensations et un signal nerveux qui lui permettaient de se mouvoir grâce à une canne, elle ne serait plus jamais en mesure de se relever en soutenant le poids de quelqu'un d'autre. Et comme il était tard, il y avait de grandes chances pour qu'elle et Lena soient à présent seules au laboratoire.
Heureusement, pour le moment, la jeune femme parvenait à maintenir son centre de gravité. Honey lui rendit son sourire avec bienveillance, imaginant qu'il y avait forcément une raison qui l'avait rapprochée à ce point du whisky et que ça n'aiderait pas Lena de la juger et de lui faire la morale. L'imitant, avec un index posé sur ses lèvres, la jolie blonde répondit :
- Promis, je ne dirais rien à Regina mais il faudra sans doute que tu finisses par lui rendre ce que tu lui as pris, tu sais ? tenta néanmoins la jeune femme.
A la réflexion, elle aurait préféré ne pas savoir d'où venait ce précieux papier. Puisqu'il appartenait à Regina, que Honey estimait, elle se sentait un peu mal de savoir qu'une autre de ses connaissances lui avait subtilisé quelque chose. C'était pour cette raison qu'elle lui avait suggéré de rendre le bien. Et qui sait ? Peut-être que l'idée s'ancrerait dans l'esprit de Lena qui finirait par la concrétiser !
- Enfin, ça ne presse pas. Tu es au labo de la ville, pas chez D-Corp, précisa-t-elle même si Lena en avait déjà plus ou moins conscience. C'est pas grave, si tu cherchais quelque chose on l'a peut-être ici aussi et on dépanne toujours les collègues, assura Honey avec douceur en lui caressant le bras. Tu veux peut-être aller t'asseoir dans mon bureau ? Il est pas loin, tu serais mieux, ensuite tu pourras peut-être me dire pourquoi tu voles Regina et tu promènes une bouteille de whisky ? Enfin, si tu veux, c'est seulement que tu n'as pas l'air très bien et comme j'ai un peu de temps on peut parler, si tu veux.
La dernière chose que Honey voulait c'était que Lena se sente forcée de parler, si bien qu'elle n'arrêtait pas de préciser qu'elle ne comptait pas lui forcer la main. Elle en faisait sans doute trop car elle avait généralement du mal à doser avec justesse ses réactions en société - tout particulièrement quand elle vivait une situation pour la première fois, comme c'était le cas ce soir-là.

♛ moi alcoolique ? C'est un euphémisme

lena & honey

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Je n’allais pas bien. Vous savez…cette sensation que tout vous échappe ? Eh bien, je l’avais ressentie à l’instant même où j’avais compris que je n’aurais jamais le droit à cette fin heureuse que je voulais tellement. Alors je crois que le whisky était devenu mon échappatoire, ça me permettait au moins d’oublier, pour un temps…oui ça me permettait de dire merde à cette putain de douleur qui se répercutait à l’intérieur comme un boomerang. Il fallait que j’avance, j’en avais totalement conscience mais j’avais l’impression que quelque chose en moi s’était brisé, et j’ignorais s’il pourrait reprendre un jour forme originale. La formule de Regina dans la main, la bouteille de Whisky dans l’autre, je déambulais, complètement ivre dans les locaux de ce que je croyais être D-Corp mais en réalité j’étais dans le labo de la ville où se trouvait Honey.

Je souris légèrement à Honey « Oh mais ça va ! » énonçais-je en levant le nez avant de respirer profondément, manquant de peu d’avoir la nausée. Néanmoins, par chance, je réussissais à maintenir mon centre de gravité alors ça allait, enfin ça semblait en tout cas et j’avais l’air apte à entretenir la conversation. Je lui fais comprendre que je m’étais rendue dans le caveau de Regina et que je lui avais piqué des trucs mais qu’il fallait pas lui dire. Je connaissais bien la colère de l’ex méchante reine et il ne valait mieux pas la réveiller « hein ? Oh…oh oui, j’lui rendrais. Toute façon, je sais même pas si je vais pouvoir le faire… » lançais-je alors en montrant le papier « c’est une liste des ingrédients pour une potion d’oubli je crois mais en fait, bah je sais pas si je pourrais en faire une vu que je suis humaine…et puis je suis pas Regina. Faudrait que j’lui demande… » portant la bouteille à mes lèvres, j’en bois encore un peu avant de lever le regard vers Honey « c’est drôle parce que c’est froid mais une fois en bouche, c’est chaud. » énonçais-je avant de rire légèrement.

« Je me disais que je m’étais trompée… » lançais-je alors « en fait, je sais même plus ce que je cherchais… » gromelais-je alors avant de jeter la bouteille de whisky encore à demi pleine contre le mur du labo, la faisant se briser avant de me rendre compte de ce que j’avais fait « désolée…je…j’crois je suis énervée. » avouais-je alors « j’en ai marre…j’en ai marre… » avouais-je alors que des larmes perlaient sur mon visage. J’étais bourrée mais également à bout de nerfs. Je fais un signe de tête à Honey « oh…d’accord….oui…d’accord. » énonçais-je alors. Je me retrouve très rapidement dans le bureau de Honey et m’assieds, manquant de peu de tomber. Retirant mes talons, je me retrouve pieds nus et lève le regard vers Honey avant de me masser les tempes « James m’a larguée devant l’autel le jour de notre mariage, Kara s’est barrée sans rien me dire et elle ne donne plus aucunes nouvelles, j'arrive plus à gérer la direction du Weekly Planet. Je veux oublier, juste oublier… » lâchais-je alors « Je crois que j’suis bourrée…mais genre complètement… » ajoutais-je alors tentant de garder mon attention sur Honey.     

CODAGE PAR AMATIS

On pouvait berner Honey sur quantités de choses quand il s'agissait pour elle de décoder les signaux non verbaux et les allusions. Pas on ne la bernait pas sur son état d'ébriété avancé ni sur son mal-être simplement en prétendant que ça allait. Lena allait mal, elle avait même un sérieux problème mais si elle ne commençait pas par admettre qu'elle avait un problème, elle ne pourrait jamais avancer et tenter de le résoudre. La situation, en résumé, était délicate. Et inédite pour la jeune femme qui, heureusement, ne manquait pas de bienveillance. Ca ne l'empêcherait peut-être pas de commettre des erreurs mais ça ne pouvait qu'aider.
La magie, en revanche, Honey doutait qu'elle puisse être la solution aux soucis, quels qu'ils soient, de Lena. Elle avait entendu dire dans les fictions que ce n'était jamais bon de s'en servir pour le gain personnel et, dans d'autres, qu'elle ne s'effectuait pas sans en payer le prix. Sans compter qu'elle nécessitait effectivement des compétences que Lena n'avaient pas et que cette dernière était suffisamment lucide pour s'en apercevoir. Quel dommage, songea la jolie blonde, que Lena, pourtant intelligente, ne soit pas suffisamment lucide pour constater d'autres détails (et non des moindres) à son sujet.
Elle devrait s'en soucier, mais plus tard. Le plus important à cet instant ce n'était pas de parler de la potion d'oubli qu'elle souhaitait concocter ni d'essayer de l'inscrire à un programme pour les alcooliques anonymes mais de s'assurer qu'elle n'allait pas de faire plus de mal dans l'immédiat. Le reste, il faudrait s'y intéresser quand elle aurait décuvé et tenter de le résoudre pendant le temps que ça prendrait.
Il faudrait aussi ramasser les bris de verre épars au sol et le reste de whisky qui s'y répandait maintenant que Lena avait jeté sa bouteille contre l'un des murs. Honey n'avait pas manqué de sursauter et comptait bien s'occuper du nettoyage avant l'arrivée des techniciens de surface le lendemain aux aurores. Ca ne serait vraiment pas cool de leur laisser commencer la journée de cette façon. Ils étaient payés pour maintenir le laboratoire propre pas pour réparer les frasques des scientifiques.
- L'alcool fait souvent ça, ça exacerbe les sentiments et désinhibe les pulsions, commenta doucement Honey en voyant Lena passer plus rapidement que la normale d'une émotion à l'autre.
La colère puis la tristesse. C'était à s'en fendre le cœur et si Lena n'avait pas eu l'air aussi instable Honey l'aurait serrée dans ses bras depuis longtemps. Une étreinte ne résolvait certes rien et offrait surtout à qui la recevait la cachette idéale pour ses larmes, mais ça ne pouvait pas aggraver les choses, bien au contraire. Lena avait clairement besoin de se sentir soutenue, physiquement et métaphoriquement.
- Je ne sais pas encore ce qui t'arrive mais je me rends bien compte que tu en as marre. Je ne peux pas te promettre que ça va aller car je ne lis pas l'avenir mais je vais essayer de t'aider, promit Honey en tâchant de concilier sa franchise légendaire et sa bienveillance tout aussi renommée. Allez, viens.
Doucement, la jolie blonde entraina, autant qu'elle en avait la force, Lena vers son bureau où elle trouva toute seule un siège vide à occuper. Par chance, même si elle avait manqué de tomber, elle s'était rattrapée à temps, épargnant à Honey la peine physique de l'aider à se relever.
Contrairement à son invitée, la jolie blonde ne s'assit pas directement, préférant préparer un café pour Lena. Elle en aurait bien besoin, vu tout l'alcool qu'elle avait consommé et puis, il fallait bien que la machine à café instantané dans son bureau serve une fois de temps en temps ! S'activer permettait aussi à Honey de ne pas regarder Lena directement dans les yeux, lui offrant ainsi un peu d'intimité si elle avait de nouveau besoin de vider ses canaux lacrymaux. Parfois, c'était plus facile de vider son sac sans la pression du regard de l'autre. Et d'ailleurs, Lena ne tarda pas à raconter, enfin, ce qui la mettait dans un pareil état.
Même si ses mains étaient occupées, le cerveau de Honey enregistrait une à une toutes les informations. Le fiancé de Lena l'avait laissée tomber devant l'autel. Oui, Honey, même si elle n'avait jamais envisagé de se marier pour le moment, savait à quel point ce moment de la vie était important et pouvait imaginer la peine et la colère de Lena. Elle s'apercevait aussi que jusqu'alors elle n'avait pas eu conscience que Lena avait un fiancé et s'en voulait. En revanche, Honey s'était effectivement aperçue du départ de Kara et, comme son amie, n'avait reçu aucune explication - non pas que Kara lui en devait. Elle l'appréciait beaucoup mais était moins proche d'elle que Lena pouvait l'être et, de fait, moins affectée. Ou peut-être davantage habituée aux fluctuations de la vie, qui semblaient exacerbées à Storybrooke. Forcément, de pareilles épreuves ne pouvaient qu'avoir un impact sur sa façon de diriger le journal à la tête duquel elle se trouvait. Honey grimaça, désolée et craignant de ne pas savoir trouver les bons mots.
Au moins avait-elle fait un café bien serré et chaud, c'était probablement un début encourageant.
Déposant la tasse sur le bureau dans un brut mat, Honey prit une longue inspira et se lança :
- Tiens, ça devrait t'aider à y voir un peu plus clair dans ta... nébuleuse d'alcool. Je juge pas, assura la jeune femme an allant s'asseoir sur son siège, de l'autre côté du meuble. Tu as l'air d'avoir affronté de sacrées épreuves récemment et, en fait je suis désolée de ne pas avoir été là pour toi. Je t'aime bien, tu sais, je n'avais pas conscience de tout ce que tu traversais et... Pour tout te dire je m'en veux un peu de ne pas avoir remarqué avant ce soir que tu allais mal. Même si on ne se voit pas très souvent, c'est pas vraiment une excuse. Mais je suis là maintenant et je vais faire ce que je peux pour que tu remontes la pente.
Honey profita de reprendre sa respiration pour adresser un sourire encourageant à Lena avant de reprendre :
- Je comprends mieux pourquoi tu cherches une potion d'oubli et pourquoi tu oublies ton chagrin dans une bouteille. Je vais essayer de ne pas juger les solutions que tu as mises en place pour t'en sortir à l'heure actuelle et me contenter de t'offrir une oreille attentive ou... On doit avoir des punching balls quelque part, si tu veux, réfléchit la jeune femme. Mais peut-être seulement après une bonne nuit de sommeil, tu ne crois pas ? Si tu veux on a aussi des lits, tu pourras rester dormir ici cette nuit et on peut ne pas trop discuter ce soir si tu n'es pas en état.

c'est un euphémisme

lena & honey

☾☾ Si un jour, on m’avait dit que James m’abandonnerait devant l’autel, que j’allais me bourrer la gueule et que j’allais péter un cable devant Honey en brisant une bouteille de whisky ultra chère. Je tourne le regard vers Honey avant de reprendre la parole après que la bouteille est été complètement brisée sur le sol.

« Désolée… » énonçais-je alors « je suis énervée si tu savais… » soufflais-je alors.

Avalant difficilement, je suis néanmoins la jeune femme jusqu’à son bureau avant de m’asseoir en manquant de peu de tomber quelques secondes avant. Je m’étais rattrapée de justesse avant de m’asseoir et lève le regard vers Honey avec difficulté. Je finis par expliquer à Honey ma situation et ce qui avait fini par me mettre dans cet état. Attrapant la tasse de café, je la porte doucement à mes lèvres avant de fermer les yeux quelques instants pour profiter de la chaleur du breuvage.

« Merci Honey. » énonçais-je alors avant de boire à nouveau un peu de café « tu ne pouvais pas savoir, je…je montrais pas que ça allait pas. Je me devais de continuer à faire comme si tout allait bien avec la direction de D-Corp et du Weekly-Planet, ma mère adoptive qui m’emmerde à chaque jours que Dieu fait…Merci de…Merci d’être présente Honey. » ajoutais-je alors.

Buvant une nouvelle gorgée de café, je pose la tasse et lève le regard vers la jeune femme avant de reprendre la parole.

« C’est vrai ? Tu…Je veux pas rester toute seule. » avouais-je alors que de nouvelles larmes perlaient sur mes joues « si tu savais…j’ai perdu mon bébé, James est m’a abandonnée devant l’autel, Kara s’est tirée sans rien dire et…au fond, ma mère adoptive doit avoir raison, j’aurais sans doute jamais droit au bonheur. » avouais-je alors.

CODAGE PAR AMATIS

Honey n'avait pas croisé Lena très souvent ces derniers mois mais, effectivement, si, comme elle le soulignait, elle ne "montrait pas que ça allait mal", la chimiste aurait eu toutes les peines du monde pour s'en apercevoir - surtout qu'elle ne s'apercevait pas toujours des signaux visibles chez les autres. Ou alors elle les interprétait de travers. Et cette volonté conscience de masquer son mal-être inquiétait d'autant plus la jeune femme - même si Lena ne semblait que mentir aux autres, pas à elle-même.
Puisque Lena était une femme d'affaires puissante, il était plus que compréhensible qu'elle ait tout fait pour sauvegarder les apparences. Des millions, pour D-Corp, était peut-être en jeu ainsi, en premier lieu, que sa crédibilité. Tout le monde, après tout, avait des problèmes - plus ou moins importants, certes - mais il n'y avait que les puissants dont les soucis s'étalaient dans les colonnes des magazines à sensation que Honey n'achetait jamais.
- Je comprends, assura Honey. C'est normal que tu sépares ta vie professionnelle de... tout le reste. Mais on n'est pas à D-Corp ou au Weekly Planet et tu as, j'en suis sûre, des amis, des proches, qui tiennent à toi et qui peuvent t'aider à aller mieux. A qui tu peux parler et si tu préfères parler à un expert, il y en a sans doute de très bons, ajouta la jeune femme, songeant que Lena n'aurait peut-être pas envie d'étaler l'amplitude de son malheur à des personnes qui la connaissaient et qu'elle continuerait de côtoyer quand elle irait mieux.
Honey ne répéta pas qu'en cas de besoin elle était présente car elle l'avait déjà dit et continuait de le démontrait. Mais elle appréciait grandement la reconnaissance que Lena lui témoigna et opina doucement. Pour elle, c'était normal d'agir de la sorte.
La jeune femme s'était attendue à ce que Lena accepte son offre, à savoir de rester dormir au laboratoire et avait, d'une certaine façon, pressenti qu'elle ne voudrait pas rester seule alors que dormir au laboratoire ne faisait pas, à l'origine, partie des projets de Honey. Même si elle adorait y passer des heures et des heures, elle n'y dormait jamais - ou alors pas volontairement car il avait dû lui arriver de s'endormir sur un travail qu'elle tenait absolument à terminer. Mais au vu des circonstances, la chimiste mit ses propres désirs et envie au second plan pour soutenir Lena.
- T'en fais pas, je vais rester, annonça-t-elle chaleureusement, le sourire aux lèvres. Je vais m'asseoir près de ton lit le temps que tu t'endormes et après j'aviserai sur la meilleure façon de terminer ma soirée avant de dormir moi aussi, explicita la jeune femme.
Honey aurait espéré que ces quelques paroles de réconfort seraient suffisantes pour apaiser les pleurs de Lena mais c'était sans compter sur l'autre nouvelle qu'elle annonça, comme ça, au détour d'une phrase qui était déjà très triste sans ce nouvel élément : en plus de tout le reste, elle avait perdu un bébé.
Parce qu'elle en désirait un ardemment, Honey sentit ses entrailles se serrer. Plus que jamais, elle était désolée pour Lena mais, contrairement à sa mère adoptive, voire à elle-même, la scientifique positive continuait d'y croire.
- Moi, au contraire, je pense que ta mère adoptive a tort et que tu trouveras le bonheur. Un jour, sans doute pas tout de suite car tu as vécu de douloureuses épreuves dont je ne peux qu'imaginer, et encore vaguement, l'intensité qui te rendent actuellement si triste te permettront de savourer encore davantage le bonheur auquel tu goûteras. Mais tu as le temps d'y penser, une chose en son temps. Tu as d'abord besoin d'une bonne nuit, affirma Honey.
Et comme Lena avait terminé son café, la jolie blonde l'entraina vers les salles de repos qu'elle-même utilisait pour la première fois. Honey marchait lentement mais ce n'était probablement pas un problème pour Lena qui était dans un état d'ébriété avancé et aurait eu du mal à s'y rendre au pas de course. Il leur fallut donc de longues minutes à déambuler dans les couloirs déserts avant d'arriver dans l'une des chambres de repos à la décoration sommaire mais au matelas confortable et à la couverture moelleuse. Lena y serait bien pour décuver. Alors tandis que cette dernière s'installait sur le lit, Honey prenait place dans un fauteuil près de la fenêtre pour lui signifier qu'elle n'allait nulle part.
- Tu peux dormir tranquille, je serai là à ton réveil, assura-t-elle.

Honey ne comprenait pas toujours toutes les situations sociales mais ce jour-là, celle de Lena, elle la comprenait non sans une certaine violence, comme si un bus venait la percuter à pleine vitesse. C'était comme si son amie transpirait de solitude. Que ça devait être horrible de se sentir aussi abandonnée ! Honey n'avait jamais connu pareille sensation, même dans ses pires heures, et ne souhaitait pas faire cette expérience, songeant qu'une telle épreuve pouvait à tout jamais dévorer l'étincelle de vie d'une personne. La jeune femme se demandait aussi si elle avait, métaphorique, les épaules pour soutenir et, pourquoi pas relever, son amie. Physiquement, elle n'avait pas les épaules mais heureusement ça ne comptait pas.
La chimiste choisit de ne pas partager cette inquiétude avec Lena qui, de toute façon, était en train de se laisser gagner par le sommeil. Ce n'était pas plus mal. Bien que les rêves ne résolvaient pas tout, ils permettaient au cerveau de récupérer voire d'analyser, quoique pas toujours de façon très évidente pour la conscience, par rapport à la journée qu'il avait vécue. Bref, ils étaient essentiels, même s'ils n'allaient pas guérir Lena de son alcoolisme et qu'elle se réveillerait avec la gueule de bois.
C'est pourquoi, avant de se coucher elle aussi, Honey prépara du doliprane et un verre vide près de Lena, sentant qu'elle en aurait besoin le lendemain. Puis elle chercha de quoi se tenir au chaud pour la nuit imprévue qu'elle allait passer au laboratoire avant d'envoyer un bref SMS à Wasabi pour le prévenir - sans toutefois rentrer dans les détails. Son colocataire ne connaissait pas Lena et Honey ne voulait pas qu'il ait d'elle un mauvais a priori.
Quand la scientifique eut tout réglé pour la nuit, elle chercha une position confortable pour dormir dans le fauteuil près de Lena et l'observa jusqu'à ce que le sommeil ne la gagne. La dernière image que ses yeux captèrent de cette journée fut qu'elle d'une jeune femme aux joues encore humides et salées mais que le sommeil semblait temporairement apaiser.

Le lendemain, Honey fut la première des deux femmes à se réveiller, aidée, il est vrai, par la position peu confortable dans laquelle elle avait passé la nuit. Certes, la jeune femme aurait pu aller dormir dans une autre pièce mais elle avait jugé mieux - pour Lena - de rester auprès de sa "patiente" (même si Honey n'était pas docteure en médecine) au cas où elle se réveillerait en pleine nuit et aurait besoin de quelque chose. Ou envie de vomir. Ou même de pleurer sur l'épaule d'un autre.
Les épaules de Honey, justement, de même que tout son dos, son cou et ses jambes, étaient totalement endoloris par cette nuit peu conventionnelle mais la jeune femme, craignant de réveiller Lena trop tôt, réprima ses gémissements. A la place, elle s'étira du mieux qu'elle put et se leva, constatant que marcher la soulageait.
Ses pas la conduisirent tout naturellement à la cafétéria où elle se prépara un thé et dénicha de quoi petit-déjeuner dans le plus grand des silences. Ce n'était pas comme ça que Honey préférait le laboratoire, elle le préférait plein de vie, d'expériences voire d'explosion, mais elle devait bien admettre que ce calme avait quelque chose d'apaisant pour l'esprit.
Une fois son petit-déjeuner englouti en quatrième vitesse, la jeune femme prépara quelques échantillons de gâteaux pour Lena et repartit vers la chambre de Lena, espérant qu'elle ne s'était pas réveillée pendant son absence. Honey aurait bien petit-déjeuner auprès d'elle mais il lui aurait été impossible de ramener sa boisson et de la nourriture tout en s'appuyant sur une canne. Elle avait donc compté sur l'heure encore matinale et la gueule de bois probable de Lena pour espérer qu'elle ne se réveillerait pas toute seule.
Et force fut de constater pour la chimiste qu'elle avait eu raison d'être optimiste car quand elle revint dans la chambre temporaire de Lena, cette dernière dormait encore profondément. Honey en profita alors pour poser sur la table de nuit les denrées qu'elle avait ramenées, qui venaient grossir les rangs du kit post beuverie prévu pour la jeune femme, puis s'installa à nouveau dans le fauteuil près de la fenêtre, peu effrayée par l'attente du réveil de Lena car son cerveau fourmillait de suffisamment d'idées et de projets pour la tenir occupée plusieurs heures.
Mais quand enfin Lena émergea, Honey tourna immédiatement son attention soucieuse vers elle et le "Oh putain" caractéristique d'une vive douleur dans la tête. L'attention se changea alors en moue désolée, quoique peu visible dans la pénombre que la scientifique avait volontairement maintenue pour préserver Lena de la migraine qu'elle aurait forcément.
- Tu m'en vois navrée, murmura la jeune femme. J'ai préparé un verre et du doliprane sur la table à côté de toi et je peux te chercher de l'eau si tu en as besoin, expliqua-t-elle d'une voix douce. Je t'ai aussi ramené des choses à manger qui devraient bien passer vu ton état et je peux te faire une tisane miel citron - c'est bon contre la gueule de bois, précisa la jolie blonde, notant cependant l'ironie du nom de la boisson.

- Voyons Lena, il ne faut pas avoir honte, murmura Honey sans quitter son amie des yeux pour s'assurer notamment qu'elle était suffisamment en mesure de coordonner ses mouvements pour prendre son Doliprane. L'addiction c'est une vraie maladie et ce n'est jamais de la faute de quelqu'un s'il est malade. Pour le moment tu es comme un hamster qui tourne dans sa cage, tu es prisonnière d'un cercle vicieux mais tu verras qu'il suffit d'ouvrir la porte de cette cage pour prendre une autre direction et faire autre chose de ta vie, assura la jeune femme d'une voix douce dénuée de jugement.
Honey n'avait jamais été dans le jugement mais toujours dans l'écoute. Elle estimait ne pas pouvoir analyser les vies des autres et leur attribuer une valeur ou une note car, ces vies, elle ne les vivait pas, se contentant, parfois, d'en être le témoin plus ou moins privilégié. De son point de vue, juger n'était pas le rôle des amis tout comme il n'était pas celui des parents. Si elle n'avait pas été athée, Honey s'en serait peut-être remise à une entité supérieure pour juger les Hommes mais elle était bien trop cartésienne pour ce faire. En fait, en dehors des affaires judiciaires, elle trouvait l'idée de jugement plus néfaste que bénéfique. Ce n'était pas, selon elle, en culpabilisant Lena qu'elle parviendrait réellement à l'aider mais bien en l'accompagnant avec bienveillance. Alors forcément, quand Lena accepta l'infusion qu'elle lui proposait, la jolie blonde s'empressa de la satisfaire.
- Bouge pas, je reviens tout de suite, je vais te faire ça, décréta la jeune femme, déjà à moitié dans le couloir quand Lena confia espérer ne pas avoir fait trop de bêtises la veille.
Honey s'arrêta alors en plein dans sa course pour la tisane et pivota sur elle-même pour croiser le regard de son amie et lui adresser une moue soucieuse et désolée. Pas parce qu'à sa connaissance Lena avait mis la ville sans dessus dessous mais justement parce que Honey ne savait pas vraiment ce qu'il en était. Hormis la bouteille brisée, elle n'avait rien vu au laboratoire mais ne pouvait pas savoir où Lena était allée avant et surtout dans quel état. En définitive, ce que la chimiste était en mesure de répondre ne serait probablement pas satisfaisant pour Lena qui avait - et c'était bien compréhensible - besoin de combler les trous dans ses souvenirs. Mais parce que Honey ne pouvait pas non plus inventer des connaissances qu'elle n'avait pas et que la bienveillance (encore elle) ferait probablement le reste, la chimiste se montra honnête :
- Moi je n'ai rien vu dont tu devrais avoir honte jusqu'à la fin de tes jours, en tout cas. Et de toute façon je ne parlerai à personne de la nuit dernière. Ca ne regarde que nous. Malheureusement, je ne sais pas où tu étais avant de confondre le laboratoire avec D-Corp et je ne sais pas ce qui a donc pu se passer. Mais ce que je sais c'est que tu es une femme forte, même si tu n'en as pas l'impression là, tout de suite. Même si tu as fait quelque chose qui viendrait à se savoir à ton travail, tu as en toi la force pour ne pas te laisser abattre et même tourner la situation à ton avantage.
Honey ponctua cette ferme conclusion d'un sourire amical et pivota de nouveau vers la sortie pour enfin aller préparer cette tisane salvatrice.
- J'arrive tout de suite et tu me raconteras ton rêve en buvant ta tisane ! Comme ça tu as un peu de temps pour remettre de l'ordre dans tes idées, l'encouragea-t-elle, ne pouvant qu'imaginer le mal de tête avec lequel Lena attaquait la nouvelle journée.
La jeune femme était bien contente de ne jamais être tombée dans aucune addiction à part celle au thé qui ne causait pas tellement d'effets secondaires (sauf sur la vessie) et qui ne comptait pas réellement. Tranquillement, à la fois pour donner du temps à Lena mais aussi parce qu'elle ne marchait de toute façon plus aussi vite qu'avant depuis son accident, la jeune femme se dirigea vers la cuisine du laboratoire et prépara enfin la tisane qui portait le même nom qu'elle. Le retour, quelques minutes plus tard, fut encore moins rapide que l'allée, car maintenant qu'elle était en plus chargée d'un mug d'eau bouillante, Honey ne voulait pas prendre le risque d'un accident. Mais dix minutes après avoir quitté Lena, elle était tout de même de retour auprès d'elle et déposait le mug sur la table de chevet, constatant que son amie avait fait bon usage des snacks que Honey lui avait préparés.
- Alors, ce rêve, reprit-elle comme si la conversation n'avait pas été mise en pause pendant près d'un quart d'heure. C'était quoi ?