« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Elle avait senti la vie de ce petit être démarré... et elle l’avait senti s’arrêter. En un instant, son âme avait quitté son corps. Elle était restée en suspension quelques minutes autour de son ancienne enveloppe charnelle, au-dessus de sa mère et elle était partie pour le Grand Voyage, laissant derrière la douleur d’une perte, les larmes et la détresse d’une Mère. Hera avait tout ressenti, de la toute première vibration lorsque le fœtus était devenu bébé, lorsqu’elle en était devenue protectrice, jusqu’au terrible accident qui avait laissé Lena Davis en tant que “Mère abandonnée”. Elle ne connaissait pas la jeune femme. Comme toute celles qu’elle devait protéger, elle avait une certaine tendresse pour elle. Elle avait cherché à l’envelopper de sa protection à distance, ayant elle-même de lourds problèmes à régler à Olympe. Il n’y avait rien qui remplaçait ce genre de perte, seule le Temps pouvait faire son effet. Et dire que Victoire détestait cordialement son neveu... il lui apparaissait pourtant qu’à bien des égards, son travail et le sien étaient liés, tant dans les moments de bonheur que dans les moments de douleur. Le Temps qui bonifiait un mariage. Le Temps qui faisait d’une femme une Mère. Le Temps qui réparait les divorces et les pertes d’enfants.
Mais en ce jour d’accalmie, Victoire avait décidé de faire plus pour la jeune femme. Elle dépérissait à vue d’œil et la déesse pouvait percevoir sa douleur avec tellement de netteté qu’elle avait presque l’impression de vivre la situation à sa place. Cela en devenait intolérable. Elle n’était pas la seule pourtant. Il y en avait des milliers chaque jour dans le monde qui vivaient son fardeau mais la maîtresse de l’Olympe avait décidé de se concentrer sur Lena Davis plus intensément, sans doute parce qu’elle vivait à Storybrooke et que la ville la concernait plus que le reste. Dans une ville qui accueillait tant de conte où tout le monde était censé vivre “heureux jusque la fin des temps” il était rare de voir ce genre de chose, même avec la malédiction de Regina Mills. Peut-être aussi était-ce du au fait que la jeune femme vienne de ce monde, beaucoup plus cruel.
Avec douceur, elle s’était téléportée devant elle et avait avisé de son repas. Des restes de la veille dont un poisson qui semblait désormais bien trop cuit et sans saveur. Une lèvre moue de dégoût était apparu sur les lèvres de la déesse tandis que la brune sursautait, précisant sa peur sans pour autant paraître hostile. Avec douceur, la femme qui un pas en avant en sa direction avant de lui répondre :
- Je m’appelle Hera... Je suis désolée de vous avoir effrayé, je me suis dit que vous auriez peut-être besoin de parler... ou d’aide...
Elle avisa une nouvelle fois le poisson d’un signe de tête en haussant les sourcils d’un air dédaigneux :
- Et apparemment, vous en avez besoin... d’aide. Vous ne pouvez pas manger une erreur pareille très chère, déjà que vous ne mangez que trop peur.
Elle avisa ensuite le verre de vin.
- Celui-ci en revanche... trèèès bon choix... mais pas à jeun et avec modération.
Elle la dévisagea avec un sourire en coin, tentant l’humour pour tenter de dérider la jeune femme. Après un instant, elle montra d’un signe de la main le fauteuil qui se trouvait non loin du canapé sur laquelle Lena était assise.
- Je peux m’asseoir ?
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Lena Davis
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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Je te jure, je me sens tellement mal de t'avoir amenée inconsciemment dans cette histoire.
Elle s’était présentée et la déesse avait hoché la tête avec un sourire en coin à sa supposition. Bien sûr qu’elle savait déjà qui elle était. Elle n’aurait jamais pris la peine d’entrer chez une parfaite inconnue pour lui parler de son poisson trop cuit et de son mode de vie d'Hermite déplorable. Pourtant, le fait que la brune le remarquait témoignait d’un esprit vif que Victoire appréciait. La perte de son enfant ne l’avait pour autant pas totalement dénaturée. Elle avait regardé son poisson d’un air triste en approuvant l’horreur qui se tenait dans son assiette et la brune avait eu un petit signe de tête qui le concéder :
- Pour avoir faim, très chère, il faut aussi savoir se mettre en appétit, ce qui n’est clairement pas votre cas.
Elle avait fini par s’asseoir quand Lena le lui avait autorisé et elle avait accepté un verre d’un signe de tête. Il était malpoli de refuser une invitation à boire surtout lorsqu’il était question d’une bonne cuvée, elle était persuadée que Dyonisos ne dirait pas le contraire. Avec un sourire en coin, elle avait croisé les jambes, un sourire en coin sur les lèvres tandis qu’elle récupérait le verre que la jeune femme venait de lui servir. Elle l’avait levé en sa direction, comme pour lui porter un toast silencieux, avant de porter la boisson à sa bouche, goûtant toute la saveur, toute la rondeur du liquide.
- Vous savez tenir vos promesses, Lena. Je dois bien avouer que ce vin est des plus agréables.
Elle s’était excusée de la compagnie qu’elle lui offrait mais la déesse avait balayé son pardon d’un revers rapide de la main.
- Vous savez très chère même dans votre état, vous m’êtes d’une compagnie bien plus agréable que nombre de personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Ne vous en faîtes pas, si je souhaitais voir un joyeux luron, je me serais bien plus dirigé vers Dionysos qu’une mère en deuil.
Malgré la franchise et la puissance de ses mots, elle lui avait lancé un sourire tendre. Il ne servait à rien de tourner autour du pot, la jeune femme avait d’ailleurs d’ores et déjà deviner la raison de sa présence dans la mesure où elle lui rappelait ses attributs. Il fallait qu’elle l’entende, qu’elle l’accepte, que ça s'ancre dans une réalité. Elle était une mère sans son enfant et ce n’était pas en tournant autour du pot que cela allait régler la situation. Parfois les mots les plus dures pensaient mieux les blessures que la plus douce des crèmes.
- Effectivement, vous vous en souvenez bien. Certains de mes attributs sont plus souvent passés sous silence. De manière générale, je suis la déesse du mariage, des femmes en couche et des enfants. Je gère à ma façon bien nombre de choses qui rythme la vie des femmes et des enfants qu’elles portent et enfantent.
Elle l’avait regardé un instant dans les yeux, sans ciller. Prenant une gorgée de vin, elle l’observait toujours, pensive. Elle était en mauvais état, en très mauvais état, pouvait-on seulement l’en blâmer ? Reposant son verre sur la table basse, elle vit un geste vague de la main qui fit immédiatement disparaître le plat sur les genoux de la brune. Face à son regard surpris, elle se contenta de lui dire :
- Le supplice est fini très chère, il est hors de question que je vous laisse dans cet état. Il faut vous faire violence et je suis là pour vous aider. Alors vous allez retourner dans votre chambre, vous aller trouver la meilleure de vos tenues, vous prenez le Temps de vous pomponner et vous et moi sortons.
Elle lui avait lancé un sourire avenant mais décidé, les yeux perçants, ne lui laissant aucune autre alternative. Elle attendit patiemment que la jeune femme eu terminé, se changeant elle-même au passage, arborant quelque chose de plus léger, de plus pur pour le chemin que la brune devait parcourir. Une fois celle-ci de retour, elle l’observa de haut en bas, remarquant avec plaisir qu’elle avait pris sa demande au sérieux, se préparant, avec ou à contre cœur mais se préparant tout de même. La déesse se releva alors d’un bond, joignant ses yeux mains au niveau de son bas ventre :
Elle lui tendit la main, l’invitant d’un regard appuyé à s’en saisir. Une fois ceci fait, elle les téléporta toutes les deux dans un autre endroit, un autre décor. La nuit était largement plus tombée avec le décalage horaire et le jardin dans lequel elles avaient atterri était uniquement illuminées de petites lumières, rendant l’endroit tamisé, mystérieux et avec une dose de romance particulier. Au loin, on pouvait entendre le bruit des vagues qui venaient s’échouer sur la falaise dans un vacarme apaisant.
- Quitte à manger du poisson, autant être au bord de mer, n’est-ce pas ? Mais nous avions un petit détour à faire avant.
D’un signe de tête, elle l’invita à la suivre jusqu’à l’intérieur du jardin. Il y avait un peu partout de jolis bosquets de fleurs, des parterres savamment plantés et des oliviers. Au centre du jardin, en face de deux bancs en pierre blanche, se tenait une fontaine sous un grenadier. La fontaine était arride. On pouvait y voir une sorte de robinet qu’il était pourtant impossible d’actionner et d’où aucune eau ne s’échappait. Sur le haut de la stelle se tenait une statue protégée dans une stèle qui semblait inviter paradoxalement le visiteur à boire l’eau de la fontaine. Laissant Lena face à la statue, elle s’assit sur l’un des bancs derrière elle, croisant les jambes pour observer le dos de la jeune femme en lui expliquant calmement :
- Nous sommes dans un jardin de la fertilité. Celui-ci se trouve tout en haut de Capri. Isolé, désert hors période touristique, je pense que c’est l’endroit parfait pour vous. Ne faites pas attention à la Statue, je n’avais pas une très bonne tête ce jour-là.
Elle le précisa avec une pointe d’humour dans la voix, le sourire en coin, comme si elle commentait une photographie.
- La légende raconte que cette fontaine a été placée à cet endroit on ne sait comment. Mais une femme dans l’incapacité de faire un enfant venait chaque jour, sans relâche, tenter de puiser l’eau de cette fontaine aride. Chemin faisant, elle priait le ciel qu’un jour on lui donne un enfant. Le reste du village se moquait d’elle “pauvre sotte, jamais une fontaine aussi haut sur une falaise ne pourra donner de l’eau !” lui disaient-ils. “Y croire est aussi stupide que de prier pour un enfant. Tu seras enceinte le jour où l’eau jaillira dans ce bac” ajoutaient-ils en riant. Mais jamais la femme ne se détourna de ses prières et un beau jour, inexplicablement, l’eau se mit à jaillir de la fontaine. Sous le choc et folle de joie, la femme se mit à boire à la fontaine et 9 mois plus tard, elle donnait naissance à un magnifique bébé. Les Capresi se mirent alors à croire que la déesse Junon leur avait fait cadeau de cette fontaine. Ils décidèrent de créer un jardin de la fertilité et ce lieu est désormais un lieu de pèlerinage pour nombre de femmes désireuses d’avoir un enfant. Mais la légende raconte aussi que Junon est capricieuse, si elle donne généreusement, elle reprend parfois impitoyablement. Aussi, pour que certaines puissent couler ici des larmes de joies, d’autres doivent verser des larmes de tristesse. C’est donc ici que se retrouves les mères nouvelles et les défuntes mères...
Elle la laissa s’imprégner de ce qu’elle venait de lui dire, la laissant digérer tous les mots de cette légende avant d’ajouter avec douceur :
- Ce n’est qu’une légende. La mythologie n’est pas toujours douce envers moi, je dois bien l’avouer. Je n’y suis pour rien pour votre enfant, je n’ai ni le pouvoir de vie, ni le pouvoir de mort sur chacun d’entre eux. Je ne peux que les accompagner, aussi courte puisse être leur vie... et j’accompagne aussi leurs mères. Vous avez besoin de retrouver la foi, le courage, l’envie de vous battre et de vivre. Vous le méritez. Vous n’êtes pas une mauvaise mère. Vous êtes une mère à qui il est arrivé de mauvaises choses et tant que vous ne vous pardonnez pas... aucune eau ne pourra couler pour vous...
Elle la laissa encore quelques minutes, silencieuse, face à ses pensées. Il faudrait du Temps, Hera le savait et elle en avait beaucoup devant elle. Une éternité même, ce qui n’était pas le cas de Lena. Il fallait qu’elle l’aide à sortir de sa torpeur et elle était prête à y mettre toute sa patience. Au bout de longues minutes où il ne se passa rien, elle finit par se relever pour lui dire :
- Non ? Rien ? Bon. Rien d’étonnant, très chère, ce genre de chose prends du Temps. Mais le Temps amène parfois à la faim, j’entends presque d’ici votre estomac crier famine ! Allons-y !
Elle l’emmena dans un petit restaurant pittoresque, typique de l’Italie du Sud. Un de ces restaurants qui s’était construit à même le rocher de cette île sublime qu’était Capri. Un grand balcon permettait de voir et sentir la mer en contrebas. Il faisait encore bien trop froid en cette période de l’année pour manger à la belle étoile, mais Victoire avait demandé la table qui donnait sur cette terrasse, la baie vitrée pouvant faire office de lieu propice à la Beauté et à la confidence. La déesse laissa la jeune femme commander ce qu’elle voulait, du moment que ce soit meilleur que son maudit poisson réchauffé et croisa ses mains devant elle, lorsque le serveur eût pris la commande.
- Je vous écoute.
Y avait-il besoin de dire autre chose ? Il était évident que la fontaine ne coulerait qu’avec du travail et Lena devait se libérer de son poids, le travailler et il n’y avait alors rien de mieux que de pouvoir enfin parler, sans jugement, à quelqu’un, quelqu’un qui n’était pas lié à la Tragédie, de préférence.
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Lena Davis
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Je te jure, je me sens tellement mal de t'avoir amenée inconsciemment dans cette histoire.