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Nakahara Chuuya
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Nakahara Chuuya

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________________________________________ 2020-12-23, 23:49

Dazai chan & Chuchan
Lonely
Touch me with the lights off and my chains on
Je venais à peine de digérer qu'on était des personnages de manga... Non, en fait je l'avais pas digérer. Pas digérer. Du. Tout. Rien que d'y penser, j'en avais un rire nerveux qui dégringolait tout de suite vers une angoisse naissante dans le creux de mon estomac. Et c'était pas de la faim. C'était vraiment l'angoisse. Cette chienne d'angoisse.

- Je délire... Et j'vais crever, c'est ça ? J'vais crever avant ce bouffon d'un mal incurable et il viendra ricaner sur ma tombe d'un air mélodramatique que j'ai réussi avant lui. Je... Putain, j'le hais !

Je ragea en balançant mon pied dans le vide. Il fallait que je pense à ce que Dazai allait penser de ma mort dans un moment pareil alors que, fondamentalement, j'en avais rien à foutre. J'en avais jamais eu rien à foutre de ce qu'il pensait de moi, c'est pas vrai !? Alors pourquoi j'y pensais alors que ça m'importait peu !? Il était hors de question que je me mente à moi-même. Si je dis que je n'en ai rien à foutre, c'est que je n'en ai rien à foutre.

Je déglutis péniblement en reprenant mon téléphone pour la cinquième fois. Je regardais l'écran éteins et le reposait aussitôt. Putain d'angoisse... Putain de Dazai. Je saisis alors brusquement le téléphone dans ma main, amorçant un mouvement brutale pour le jeter contre le mur, mais me ravisa aussitôt. Ca n'avait pas de sens de péter mon téléphone. Ca ne réglerait ni mon problème, ni ce que je pensais de Dazai. La tension nerveuse dans mon bras m'en faisait mal à crever. J'avais besoin d'éclater un truc pour ce que je m'apprêtais à faire.

- Putain, mais... merde, Chuuya là ! Bouge toi et tu l'appelles !

Je grinça des dents et appuyant mon visage contre mes mains. C'était un cauchemar, forcément. J'allais me réveiller. J'allais me réveiller et j'allais pas crever là, tout seul.
Depuis que j'avais pris conscience de la réalité, aussi absurde et ridicule soit-elle, j'avais ce sentiment infâme qui me prenait non seulement l'estomac, mais aussi la gorge. J'avais jamais eu vraiment peur... Ca me ressemblait pas, c'était pas cohérent, c'était...

- C'est débile, putain !

Une fois de plus, je prenais rageusement le portable en poussant cri de rage et le serra dans mes mains jusqu'à ce que la coque craque. C'était suffisant... Ca laissait au moins mes nerfs tomber temporairement. Depuis que la nouvelle de notre identité, si on peut appeler ça comme ça, nous était tombé sur le coin du museau, c'était panique à bord. La Mafia Portuaire en mode Titanic et tous autant qu'on était, on était des matelots entrain de crever à la dérive. C'était pas flambant et même carrément minable, mais au moins, on était tous au même niveau. Moi, les lieutenants, mes inférieurs, tous c'était une quiche dans les molaires et tout le monde au sol. J'avais peur et je pouvais pas le montrer. Seulement, on pouvait pas rester comme ça... Un manga, c'était une chose. Des pouvoirs, une autre. Et moi... Moi j'étais pas les autres.

J'ai jamais été comme les autres. J'ai toujours été un espèce de monstre qu'on regard du coin de l'œil pour pas qu'il te choppe à la gorge si tu lui mets un poil de travers. Je l'avais cherché et en même temps, je l'avais alimenté. C'était ma survie. C'est tout.

Et comme je suis pas comme les autres, je ne pouvais pas faire réellement bande à part. J'aurais voulu. Oh putain que oui, j'aurais voulu faire cavalier seul, sans personne pour compter sur moi et surtout pas devoir compter sur quelqu'un, mais je n'avais jamais pu. Je devais faire confiance à une seule personne, même si il fallait que ça me crame l'âme et la chair avec et bordel, ça m'en rendait malade à crever ! Il avait fallu que la seule personne en qui je devais placer une confiance aveugle, c'était le pire de l'univers.

Je pris mon téléphone pour la septième fois maintenant et le déverouilla enfin. Je me mis à taper sans avoir à m'en souvenir son numéro. Je me refusais de l'enregistrer dans mes contacts, mais je m'écœurais d'autant plus à connaître son numéro par coeur. Je relis les chiffres et cracha entre mes dents en regardant le numéro avec autant de haine que si j'avais eu ce sale clébard en face " fils de pute... "
Je leva mon pouce, à deux doigts d'appuyer sur appeler, mais je le reposa sur le côté du canapé.
Je ne me souvenais plus de la dernière fois que je l'avais appelé. Ca me paraissait lointain et en même temps, j'ai l'impression de l'entendre tout les jours, avec son air indolent comme si rien ne l'atteignait. Quel connard. J'ai jamais autant detesté quelqu'un. Rien que d'imaginer son air détaché, ça me foutait en rogne, mais bizarrement. J'avais l'impression de retrouver quelqu'un que j'avais perdu. Et peut-être qu'après tout, c'était réellement le cas. Je connaissais un autre Dazai. Pas plus sympathique et tout aussi infecte, mais un autre... pas celui que j'avais connu et qui me connaissait. Le seul à me connaître, en fait.

Définitivement, j'pouvais pas l'appeler comme ça, froidement. Vis à vis de moi, je pouvais pas le me permettre. Je me leva, versa une fond de sake dans un verre et rangea la bouteille. Je regarda le verre et décida que, quand même, un tel effort méritait bien d'avoir la bouteille à disposition. Je la ramena finalement et contempla l'étiquette. Tch'... Et en plus, il me faisait ouvrir une belle bouteille. " Sale fils de chien. " je rajoutais pour moi même, parce qu'être un fils d'une pute, ça ne devait pas suffire. Surtout pour une belle bouteille de qualité. J'alluma une cigarette et ferma les yeux en saisissait le téléphone, sans même boire. Il était posé sur mon oreille, calmement. J'entendais mon cœur me battre dans la gorge, me vriller les oreilles. Je n'avais pas envie d'entendre sa voix, oh non... Je sentais que j'allais avoir envie de lui arracher les yeux tout de suite. La seule solution que j'avais, c'était de déblatérer d'une traite et distinctement tout ce que j'avais à lui dire et ne pas lui laisser l'occasion de répondre. C'était ma seule barrière. Je soupira, avant de tirer sur la cigarette qui se consumait paresseusement entre mes doigts et appuya sur appeler. Qu'est-ce que j'étais entrain de faire, demander un service à Dazai ?
Bip... bip... Ma gorge m'en faisait mal à crever, mais dès qu'il décrocha je me redressa en croisant une jambe et enchaina directement :

- Ecoute moi, imbécile. Je veux pas t'entendre UNE SEULE FOIS, tu m'écoutes jusqu'au bout et tu la boucle. Je suis pas là pour t'entendre geindre sur ta situation de merde, on est tous dans le même bateau. Je...

Mauvais plan, très mauvais. Je n'avais pas envie de sortir ces mots de ma gorge. Je grimaça en appuyant mon poing sur mon front. Un torrent de haine avant envie de sortir de ma bouche et d'inonder Dazai, mais j'avais pas le choix. J'inspira lourdement pour ne pas faire poindre la moindre once d'hésitation dans ma voix et ne lui laissa pas l'occasion de me répondre.

- Tu bouges ton derche de feignant d'où tu es et tu viens, maintenant. Il est 22h45, je t'attends dans un quart d'heure à l'entrée de la forêt, celle derrière la déchèterie. Et à l'heure !!! J'en ai rien à cirer que tu sois occupé ou que tu sois loin, si t'es pas à l'heure, je t'avoine. Et essaye pas de te crever en chemin, c'est pas le moment !

Je fermis mes lèvres et je me rendis compte que je tremblais. Un mélange de haine et d'anxiété. Mon dos était trempé et mes mains moites. J'ouvris brusquement les la bouche, haletant, sans comprendre ce qui m'arrivait.

Malgré tout, je ravala ma salive et jeta un regard sur le côté, comme si je cherchais à croiser dans son regard confirmation. Mais ce blaireau était pas là.

- T'as compris ... ? Demandais-je de mauvaise grâce.

Pourquoi il avait fallu que je lui demande ? J'avais pas envie d'entendre sa réponse.
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Dazai Osamu
« The weak fear happiness itself »

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________________________________________ 2020-12-24, 17:18 « The weak fear happiness itself »




Touch me with the lights off and my chains on


“Now I have neither happiness nor unhappiness. Everything passes. That is the one and only thing that I have thought resembled a truth in the society of human beings where I have dwelled up to now as in a burning hell.
Everything passes.”

- Osamu Dazai, No Longer Human

Il est intéressant de savoir que ce qu'on appelait à voix haute "l'œuvre de notre vie" est littéralement... L'œuvre de notre vie. Osamu Dazai était un écrivain du XXème que ledit Osamu Dazai du XXIème appréciait beaucoup lire pour s'être senti proche de ses mots et de ses pensées. À travers lui, il s'était senti compris. Lorsqu'on lui demandait de s'exprimer et que Dazai n'y arrivait pas, il citait son écrivain favoris qui avait su poser en lignes ce qui le rongeait de l'intérieur. Désormais, il sait pourquoi.

Que la chute a été brutale.

Cela fait moins d'un ou deux jours, maintenant, que la malédiction a été levée et que les identités respectives de tous les habitants de la ville de Storybrooke ont pu être retrouvées - à quelques exceptions près, évidemment. Beaucoup ne l'ont pas digéré, certains ne l'ont pas plus mal vécu que ça. C'est au cas par cas. Et concernant ceux qui brûlent de l'intérieur, avec cette impression de sauter d'un gratte-ciel sans savoir lorsque leur corps frapperait durement le goudron de la terre ? C'est au cas par cas. Ils ne sont que le résultat de pensées et d'idées, un amas de mots - mais pas les leurs - qui organisent une histoire - mais dont ils n'ont aucun contrôle. Comment dire que cela, Dazai ne l'a pas prévu. Il a prévu beaucoup, beaucoup de choses. Il a toujours eu cette impression de se noyer dans un océan profond dont il connaissait les dangers. Il comprenait, il prévoyait et il réussissait. Le garçon n'est pas idiot, si on lui dit qu'un plus un font deux et deux plus deux font quatre, alors il sait d'ores et déjà que quatre plus quatre feront huit. Si son monde avait été un puzzle et son entourage les pièces, il aurait sans doute pu le compléter. Mais il sait qu'il y aurait eu des trous, des vides, des incohérences, et c'est pourquoi il n'a jamais vraiment compris l'intérêt du monde. Le sens. Il fallait voir au-delà des maths et de la logique, c'était beaucoup plus compliqué et si étouffant à réaliser. Néanmoins, si Dazai savait le poids de ce vide - paradoxalement - il ne s'était pas attendu à être une page dans un livre. Un personnage.

Lorsqu'il a su, en même temps que les autres, son regard s'est écarquillé pour un temps qui lui a paru infini. Il a réfléchi. Il a compris l'absurdité de la situation mais ça ne l'a pas fait rire. Ses pupilles ont diminué de volume, alors, et il s'est permis de garder le silence auprès de ses amis. Il n'a expliqué que l'essentiel, lorsqu'un membre ne comprenait pas un détail de l'histoire de la Méchante Reine ou bien de leur existence passée. Il est rentré dans son appartement le soir comme si tout était normal mais écœuré de la vie mensongère qu'il a passé à croire en quelque chose qui n'était pas, il est ressorti et n'a pas dormi. Aujourd'hui, Dazai Osamu a traversé toute la ville à pieds, marchant sans savoir où il allait. C'est Kunikida et Atsushi qui l'ont retrouvé avec peine, ils étaient très inquiet de son cas, le sachant déjà suicidaire à Yokohama. Ici, cela pouvait être pire. Kunikida l'a prié de rester avec eux. Ils trouveraient des locaux pour reformer l'Agence et tout redeviendrait comme avant, qu'il a dit...

"J'ai prévu d'aller quelque part. Dazai refuse poliment. Mais sa voix rauque trahit son humeur massacrante.

-Où ça ? Se méfie son supérieur.

- Au bar, sûrement. Il hausse les épaules. N'importe où.

- On vient avec vous ! S'exclame alors Atsushi avec détermination. Il est hors-de-question de vous laisser boire tout seul, pas dans cet état...

- Atsushi a raison. Un regard dur se plonge dans celui du détective solitaire. Tu n'es pas dans ton état normal, Dazai, et nous ne sommes plus dans notre monde. Si t-

- Si je quoi ?"

Et le silence s'impose de lui-même. Pourtant, il n'est pas difficile de deviner ce à quoi a pensé Kunikida lorsqu'on connait un minimum Dazai. Le suicidaire a toujours souhaité échapper à la vie en attirant sa propre mort, malheureusement et pour une raison que tout le monde ignorait - mais devait-elle forcément avoir un sens aujourd'hui ? - il n'y est jamais parvenu. Là-bas, du moins. Mais qu'en est-il d'ici, maintenant que plus rien ne les contrôle, ne leur donne la réplique ? Pourrait-il y parvenir ? Ce ne serait pas l'envie qui manquerait avec tout ce qu'a appris le garçon si récemment. Pourtant, il est encore là, se contentant de la marche et de l'alcool pour calmer son cerveau en ébullition. Sans s'opposer plus que ça à ses coéquipiers, il les invite au bar le plus proche jusqu'à une certaine heure. Dazai fait là-bas l'effort de sourire et de discuter, mais il ne se sent que comme l'ombre de lui-même jusqu'au troisième verre. L'alcool l'aide à oublier. Il a besoin d'oublier.

Puis un coup de fil coupe leur discussion. Dazai n'avait pas envie de répondre au début, trop préoccupé à boire, seulement Kunikida a insisté à sa manière, prétextant qu'à une heure pareille, cela doit forcément être important. Alors il a décroché et regretté immédiatement son geste la seconde suivante, lorsque la voix grinçante de l'interlocuteur s'est fait entendre dans toute la tablée. La grimace de Dazai en dit beaucoup également. Il sait qui est à l'appareil, s'est attendu à avoir affaire à lui au bout d'un moment - la malédiction ne pouvait pas l'avoir laissé sur le port de Yokohama par oubli, non, ça aurait été trop beau - mais si tôt ? Dazai soupire intérieurement mais écoute sans broncher (un peu quand même) Chuuya faire son monologue, passer par 12 chemins pour avouer qu'il a juste besoin de lui maintenant. C'est un récapitulatif plutôt simple à émettre.

"T'as compris... ?"

Ça doit vouloir dire qu'il a fini de parler, songe le détective. Sans avoir adressé un mot, ni même ouvert la bouche, il raccroche et pose le téléphone sur le coin de la table avant de lever la main pour faire signe au serveur, tout innocent.

"Un auuuuuutre s'il vous plait !"

Quelques secondes après, son verre arrive pour qu'il le boive d'une seule traite.

"Encore !

-V-Vous êtes sûr que c'est une bonne idée... Atsushi bégaye d'un sourire gêné. Vous n'allez plus pouvoir vous lever après..."

Le dernier verre de la soirée est apporté et Dazai se plie à le boire entièrement aussi avant de poser sa tête contre la table, le regard perdu dans le vide.

"Je vais en avoir besoin, crois-moi."

Personne n'est vraiment sur de comprendre de quoi il est question suite à cet appel, mais ils savent néanmoins que pour l'esprit de Dazai, il est peut-être préférable de le savoir à moitié endormi que complètement conscient de ce qui lui arrive aujourd'hui. Personne, pourtant, ne sait quel effort il fait pour avoir tenu droit durant toutes ces années. Personne ne sait à quel point il tanguait de l'intérieur alors qu'il résolvait des meurtres avec vivacité de l'extérieur. Ce n'est pas l'alcool qui aurait raison de lui, même s'il l'aurait souhaité.

Soupirant longuement, il se redresse de sa position de confort et quitte la table en payant sa part, remerciant ses deux amis d'avoir été là pour lui. Cette fois-ci, il est vraiment attendu quelque part et à une heure précise. 22h45. Oups, c'est à l'heure où il quitte le bar, le voilà déjà en retard. Heureusement, la déchetterie dont parlait Chuuya n'est pas très loin et c'est dix minutes plus tard que Dazai s'en approche avec lassitude. Mains plongées dans les larges poches de son manteau, il arpente les horizons à la recherche d'un garçon à la touffe rousse, haut comme trois pommes et massacrant déjà tout ce qui se trouvait sur son passage. Là où il y avait du bruit, il y avait Chuuya. Finalement, au loin, le détective l'aperçoit. Il s'avance dans la pénombre auprès du jeune homme chapeauté et l'observe un temps, en silence. Il plisse bien les yeux en s'abaissant légèrement à son niveau (parce qu'ils ne sont pas du tout du même niveau) et fait mine de réfléchir intensément. Finalement, après plusieurs longues secondes, il se redresse et acquiesce pour lui-même.

"Mh... C'est bien ce que je me disais."

Dazai sort son téléphone portable avec un grand sérieux et tapote sur l'écran. L'objectif est dirigé vers Chuuya et brusquement, un flash aveuglant s'active dans sa direction pendant une seconde. Le garçon tapote à nouveau sur l'écran et redresse un regard dédaigneux vers son partenaire.

"Tu es bien mieux en dessin."

L'ambiance étant donnée, il soupire alors longuement telle une victime dramatique à qui le sort du destin ne lui fait guère cadeau et tourne le dos à Chuuya en se plaignant :

"Boooonnn, pourquoi m'as-tu fait venir ici si ce n'est pas pour te comparer aux bennes à ordures de cette déchetterie, uh, Chuuya ? Un fin sourire s'étire sur ses lèvres. Tu sembles en pleine forme pour quelqu'un qui vient d'apprendre que toute sa vie n'est qu'une planche de mensonges en noir et blanc. Mais au fond j'imagine que, comme nous tous, la situation te dépasse."

Heureusement que même si tout un univers semble s'être écroulé sous leurs pieds, eux sont restés approximativement les mêmes. Et qu'est-ce qui, de nos jours, forment un monde si ce n'est pas les Hommes ? Dazai se rassure que malgré la disparition du Yokohama qu'ils connaissaient, les personnages qui y vivaient et donnaient vie à cette ville sont toujours là et dégagent la même essence unique à leur conte. Il a encore une branche sur laquelle s'accrocher.

panic!attack


Nakahara Chuuya
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________________________________________ 2020-12-24, 19:05

Dazai chan & Chuchan
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- Qu...

Il venait de raccrocher. Aussi brutalement et simplement qu’un coup de vent et ça m’atteignait comme une lame. Pourquoi est-ce que ça me faisait mal qu’il raccroche sans rien me dire ? C’était ce que j’attendais. L’entendre le moins possible et qu’il se pointe comme je lui avais demandé. Et pourtant, son attitude m’énervait une fois de plus. Je m’attendais à l’entendre jouer les fortes têtes désabusés, je m’étais préparé à devoir lui rabattre le caquet et bonne et due forme, mais rien. Il avait fait exactement ce que je lui avais demandé. Il l’avait fermé proprement et jusqu’au bout… Et ça lui ressemblait pas. Je tiquais intérieurement. Je devais l’admettre, mais je le connaissais. Il avait toujours été du genre silencieux mélodramatique dans l’âme, à faire de sa vie un théâtre où il était le pire des acteurs, mais ce silence glacial, c’était un autre niveau. J’avais pas envie d’avoir la moindre once de compassion pour cette tête de nœud, parce qu’il n’en avait certainement pas pour moi et pourtant, je savais bien ce qui lui posait problème, de nouveau. Et c’était pas le mien… Je m’en fichais de ses problèmes.

N’est-ce pas… je m’en foutais, au fond, non ?

Je me rendis compte que j’étais resté appuyé sur le téléphone, tout le temps de réfléchir à lui. Une fois de plus, il avait réussi à appuyer à un endroit qui fait mal dont je n’avais même pas soupçonné l'existence et le pire dans cette situation, c’est que j’étais sur qu’il n’en était même pas volontairement responsable. Quelle pauvre tâche, décidément.
Je claqua mon téléphone sur la table basse, vida d’un trait le verre qui y trainait et en resservi un deuxième le temps de prendre un chapeau et mon manteau. Je repris le second verre et observa calmement la main gantée qui le tenait. Je n’avais jamais réellement eu d’appréhension à utiliser Corruption, dans mes souvenirs. Tout ce que j’en savais m’apparaissait comme sorti d’un mauvais conte. J’étais capable d’être… ça ? Vraiment ? Je termina le verre et décida d'embarquer la bouteille. Foutu pour foutu, il l'avait déjà rendu mauvaise, alors autant la finir avec lui quitte à la gâcher avec panache.

J’arrivais au point de rendez-vous à l’heure… Et presque un peu en avance et évidemment, il était en retard. Heureusement que je ne m’attendais à rien, il n’allait certainement pas me faire la fleur d’arriver à point nommé. Il était suffisamment tard pour que plus personne ne passe dans le coin. Ou les rares qui passaient, on pouvait leur coller un taquet ou deux sans qu’ils bronchent. Qui va dans une déchèterie à cette heure-ci ?
Je profitais du temps perdu pour enfoncer l’aluminium d’une poubelle. Au moins, cette partie de mon pouvoir était intacte et je m’en servais comme si je l’avais fais tout le reste de ma vie. Un coup de pied suffisait à l’aplatir. Je regardais l’œuvre de mon pied, calmement. C’était une étrange sensation, comme si on avait rajouté des pages manquantes à mon histoire. Comme si j’avais toujours su qu’elle manquait, mais que je n’avais le droit de les lire que maintenant. Pour quelqu’un qui s’appelle Chuuya Nakahama, c’était risible. Je me mordis la lèvre, en lâchant un rire mauvais. La situation m’échappait et ça me déplaisait. Un bruit de pas feutré, me fit tourner la tête. Je connaissais la légèreté de son allure. Il fallait au moins lui reconnaître ça, il était discret, mais je reconnaissais le son. Ce n’était même pas une question de chaussure, c’était juste qu’il avait l’air encore plus léger qu’il n’y paraissait. Je tournais la tête vers lui. Le fixant dans la pénombre sans dire un mot. J’aurais voulu être ailleurs, à ce moment là… mais j’avais pas d’autre choix. Le silence dura un peu trop longtemps à mon goût, je me tourna complètement pour lui faire place et fronça les sourcils avec méfiance

- Qu’est-ce que t’as… Aïe !
Le flash m’aveugla et je recula brusquement en détournant la tête, Putain, mais t’es vraiment con, Dazai !

Je me frottais les yeux par la lumière en gémissant de douleur. Il en ratait pas une, même maintenant. Il méritait des claques pour apprendre, mais c’était peine perdu. « Si tu t’attendais à ce que je te dise merci, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au cou. T’as toujours été vilain comme un poux, pour toi ça change rien. »
Je releva les yeux, distinguant encore moins son allure de haricot après son attaque d’une bassesse inqualifiable. Je fis l’effort de ne pas répliquer à ses pics, mais je ne pu retenir un soupire sonore et rauque d’épuisement. Il m’avait à peine dit deux phrases que je n’en pouvais déjà plus. Mais, à ma grande surprise il dit quelque chose d’intelligent. Ca lui arrivait, assez souvent même, mais je ne l’entendais plus à force de fermer les yeux sur tout le reste. « comme nous tous » Alors il admettait que ça le dépassait. Humble de sa part. Je le regardais gravement, en ravalant ma haine. Je ne pris pas la peine de lui répondre que oui, moi aussi ça me dépassait. Il n’avait pas à l’entendre, même s’il le savait déjà. Je n'avais pas envie de lui livrer mes états d'âmes. Il ne le méritait pas et c'était bien la dernière personne qui devait savoir ce que j'avais sur le cœur et le ventre.

Il était venu pour une chose précise. La seule chose qui nous liait encore, surement. Et la seule chose que je ne trouvais chez quelqu’un d’autre. J’avais besoin de lui. Je ne pouvais pas le demander à quelqu’un d’autre que lui parce que c’était le seul couillon capable de me tenir en vie. C’était sa plus belle réussite.

- A ton avis ? dis-je à voix basse en retirant lentement mes gants, ne me force pas à dire ce que tu veux entendre, Dazai. J’ai plus la patience pour toi.

Je le contourna pour venir me planter devant lui. Je ne supportais pas de devoir lever le nez pour le regarder en face. Ma fierté en prenait toujours un coup de plus. Je grogna en soutenant son regard et posa mon poing tenant les gants sur son torse, sans le frapper, mais juste avec suffisamment de force pour qu’il le sente. Je n’enlevais que mes gants pour utiliser Corruption et il le savait. Je pris une longue inspiration. L’impression qu’on m’arrachait des aveux de force me tiraillait le ventre, mais je devais y faire face.

- Ton pouvoir marche encore, non ? Alors tu sais ce que tu as à faire. C’est la seule chose qu’on t’a toujours demandé, neutraliser les autres. Alors fais la seule chose que t’as réussi dans ta vie, me maintenir en vie à défaut de rater celle des autres.
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Dazai Osamu
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________________________________________ 2021-01-01, 15:13 « The weak fear happiness itself »




Touch me with the lights off and my chains on


Ne pas être seul peut faire toute la différence, car il suffit d'un mot, d'un geste ou d'un sourire pour oublier un instant qu'un poids nous écrase, nous oppresse à l'intérieur, nous coupe le souffle, nous noie, nous poignarde. Il suffit d'un regard pour savoir qu'il y a quelqu'un dans ce monde qui sait, autre que nous-mêmes, que nous existons et qui nous voit et qui s'inquiète, qui nous rassure. Le mieux, dirait Dazai, c'est lorsqu'en plus d'un verre d'alcool, deux autres s'y trouvent à vos côtés, suivis de rire, de discussions, parfois de silence. Autrefois, c'était Ango et Odasaku qui l'entouraient et lui faisaient oublier le poids. Aujourd'hui, d'autres personnes ont pris leur place. Lui-même n'est-il plus totalement celui qu'il était à l'époque de la mafia. Plus serein, plus sage, peut-être. Il sait que quelque chose a changé, il se sent légèrement mieux, comme l'avait prédit son ami décédé dans ses derniers mots, par le dernier souffle qu'il a sacrifié pour lui. Le vide demeure béant, froid, irrattrapable, mais quelque chose s'est désormais formé autour, quelque chose d'un peu plus chaud, un peu plus doux, un peu plus intéressant. Le jeune garçon a grandi pour devenir un homme qu'il espère meilleur et dont son meilleur ami saurait être fier en le regardant... quelque part, dans un ailleurs.

Il aurait aimé que la malédiction le ressuscite, si cela avait pu être possible. Non pas pour lui, ce n'est pas égoïstement qu'il y a pensé, mais pour Odasaku, pour qu'il admire de ses grands yeux le monde nouveau qui les entoure, celui qui lui aurait sûrement permis un nouveau départ et une vie meilleure à laquelle il aspirait avant de...
Dazai a songé à beaucoup de choses en marchant dans les rues de Storybrooke. Il y a vu beaucoup de monde, beaucoup de profils, tant qu'il n'a pas pu tous les retenir mais il jure que la plupart l'ont marqué. Les premiers jours après la levée de la malédiction sont forcément les pires, c'est dans ces moments critiques comme ceux-là qu'on réalise à quel point l'Homme - ou animal, objet, créatures... - peut être humain ou inhumain. Il y a de tout, parmi ce monde. Le meilleur et le pire. La vertu et le vicieux. L'actif et le passif. Dazai semble si passif alors qu'il déambule dans les rues, visite les quartiers, mais empêche malgré tout un homme d'en frapper un autre, aide une petite fille à retrouver sa route, explique à quelques passants l'essentiel qu'ils semblaient manquer ici-bas. Mais il réalise que beaucoup encore, semble lui échapper. Il ne sait pas s'il a envie de comprendre plus en profondeur quand il comprend le personnage qu'il représente. Un bouffon nihiliste penché vers le mystère et la retenue, le protagoniste solitaire qui sait et qui réussit et dont le passé demeure sombre, encore partiellement flou. Le personnage que tout le monde aime pour son charisme, son humour, l'attachement qu'il apporte et la réflexion qu'il pose. Finalement, le suicidaire ne fait que plus comprendre d'où provient le vide, le sentiment d'incomplétude qui le hantait autrefois. Il l'hante encore mais au moins, il sait. Avoir réponses à ses questions et à ses doutes, malheureusement, n'aident pas. Il est courant qu'une réponse amène une autre question, déroulant une réflexion longue et fastidieuse, qui ne satisfait jamais.

Ainsi Dazai avait préféré oublier un temps, d'où l'alcool. Puis l'appel est arrivé, les responsabilités l'ont contacté, si on pouvait appeler comme ça un coup de main pour un quelqu'un qu'on aimait pas à 23h du soir. Il aurait aimé ne pas y aller, pour tout avouer, lorsqu'assis contre la fenêtre, le chauffage allégeant son corps, sa boisson son esprit et ses amis tout à la fois, il reposait. Il était en confiance même s'il savait qu'il n'était pas chez lui, à Yokohama. Souhaiterait-il y retourner ? On lui avait dit un jour qu'une maison, ce n'était pas tant un lieu, mais les personnes qui s'y trouvaient. Retourner à Yokokama sans y retrouver les mêmes habitants aurait-il vraiment un sens ? Non, la réponse est vite trouvée. Quittant nonchalamment la table et son confort, il s'est pris le froid de l'hiver de la nuit, lui, son manteau et son écharpe. Il a traversé les rues, plus vides que cet après-midi désormais, puis a retrouvé Chuuya, son ancien partenaire, son adversaire, son allié parfois... Un tout et un rien. Aucun ne comprend ce qui les définit.

"T’as toujours été vilain comme un poux, pour toi ça change rien."

Ce qui est certain, c'est que les refrains ne changent pas.

"C'est pas ce que dit ma page fandom ~ Répond hautainement Dazai toujours en tapotant sur son écran. Même si je doute que tu saches ce que c'est."

Il a pu lire, déjà, ce qui était dit de lui, de son personnage, toute son existence fictive - réelle pour lui. Évidemment que les commentaires avaient su l'étonner, malheureusement pas dans le bon sens. Être aimé ne signifie pas être compris. Plus sérieusement, le jeune détective demande ce que souhaite Chuuya et la raison de ce rendez-vous nocturne. À vrai dire, s'il en avait eu quelqu'idées, il n'a rien confirmé dans sa tête. Il se passe tellement de choses en même temps qu'il s'attend aujourd'hui à tout, encore. Il préfère douter. Tout remettre en cause... Mais le roux rend les choses assez clair en retirant les gants de ses mains. Portant son poing sans élan contre la poitrine de Dazai, il peine à demander ses services sous le regard calme du détective.

"Tu veux utiliser Corruption ? Il marque un silence. Tu cherches à savoir ce qu'elle devient dans ce monde ? Puis suivi d'un autre silence réfléchi, il reprend : Je veux bien t'aider, Chuuya, mais sache que je n'ai pas non plus essayé mon pouvoir depuis la levée de la malédiction. Je ne sais pas plus ce qu'il vaut. Par ailleurs, si je n'arrive pas à contrôler la situation, qui sait comment les officiers mis à notre service temporairement réagirons à la menace. C'est un risque à prendre, conclut-il en levant les yeux au ciel, mais je suppose que tu y as déjà réfléchi et que tu sais ce que tu fais."

À vrai dire, il ironise un peu sa remarque, laissant supposer qu'au contraire, Chuuya prend des risques bien tôt. Cependant, il pense également qu'il a eu raison de l'appeler, Dazai ferait tout pour gérer n'importe quel imprévu avec ou sans son pouvoir. Son ancien partenaire lui fait une confiance aveugle pour ça - il n'a pas le choix - alors il n'irait pas le décevoir. Pas aujourd'hui.

"Très bien."

Se reculant de plusieurs pas, le détective laisse tout l'espace nécessaire à Chuuya pour faire ce qu'il a à faire. Il reste à l'affût si quoique ce soit se passe, pour qu'il n'y ait aucun dommage important et que la bête qui sommeille en le garçon ne lui échappe pas au dernier moment. Personne ne sait quelles sont les règles ici.

"Je reste à l'arrière. Annonce Dazai alors qu'il sort ses mains de ses poches et observe une dernière fois les alentours. Le terrain t'appartient."

Il est toujours difficile à imaginer que la vie de Chuuya tienne entre les mains d'un suicidaire comme le détective. Simplement en touchant la personne, Dazai peut annuler ses pouvoirs. Sachant Corruption, la véritable puissance du jeune mafieux, incontrôlable, il est un recours nécessaire à Chuuya. C'était ce qui leur a valu, par le passé, le titre de Double Noir, et la stratégie infaillible de mettre à terre efficacement leurs ennemis. Aujourd'hui, on parle plus d'un souvenir que d'autre chose, mais les réflexes demeurent. Du moins, à Yokohama. Storybrooke fonctionnent légèrement différemment.



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________________________________________ 2021-01-04, 17:12

Dazai chan & Chuchan
Lonely
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Je le regardais avec plus de patience qu’il ne méritait. La seule chose qu'il méritait, comme à son habitude, était myriade de claque. Il continuait de parler avec légèreté de… De quoi d’ailleurs ? Fan dom’ ? C’était érotique ? Je haussais les sourcils, en décollant légèrement les talons sur sol pour essayer de zieuter sur son écran. Et merde, il avait réussi à m'avoir encore une fois...


« Eh ? Une quoi ? demandais-je, avec une curiosité enfantine, et lève les yeux de ton téléphone quand tu me parles ! »

Ca avait toujours été la même histoire avec lui. Il arrivait à piquer ma curiosité, une petite partie certes, mais elle répondait malgré tout à l'appel qu'il lui lançait. Mais il s’en sortait pour gâcher le maigre espoir qu’il avait fait fleurir. Dazai était à la fois le pire botaniste et le meilleur élagueur, mais si je lui disais, je craignais qu’il ne le prenne pour un compliment. Raison pour laquelle, je n’avais pas envie de m’éterniser avec ce guignol. Il rendait dix minutes interminables et l’air irrespirable. La moindre chose ordinaire devenait un supplice dès qu’il arrivait dans les parages et la patience devenait une chimère. Je me demandais constamment comment il avait réussi à rebondir ailleurs que dans la mafia.

Tu veux utiliser Corruption ? Je hochais une fois la tête.

« Corruption n’est pas n’importe quel pouvoir, évidemment que je dois savoir… j’avais aboyé plus que dévoiler. Et évidemment que je sais ce que je fais ! »

J’avais vivement tourné la tête en croisant les bras, piqué à vif. Oui, c’était un peu précipité, mais c’était nécessaire. Je n’avais pas l’égoïsme de croire que mon pouvoir était le seul à être unique et qu’il avait conditionné une partie de ma façon de vivre et de me placer par rapport aux autres. Je devais en avoir le cœur net, comment Corruption se comportait ici. Qu’est-ce que je représentais et qu’est-ce qu’il représentait. C’était presque une forme de thérapie. Mais j’avais une appréhension, ou ce qu’on appelle « un mauvais pressentiment » bien que je me laissais rarement avoir par ce genre de boniment un peu mystique. Rationnellement, Corruption était tout simplement un pouvoir dangereux.

Je reste à l’arrière.

« Attends ! »

Je le rattrape avant qu’il ne recule. Il y a un petit détail qui me faisait tiquer depuis qu’il était arrivé. Un petit quelque chose assez ténu, mais que je n’avais pas réussi à identifier. Une odeur assez suave et chaude, ambré. Ca avait quelque chose de rassurant qui ne collait ni à l’ambiance, ni à Dazai et ça m’empêchait d’être complètement réceptif. En le dévisageant un petit plus longtemps, d’une expression d’aigreur de rigueur, je compris brutalement. Je tendais une main pour le rattraper fermement vers le col et le ramenait vers moi. Je forçais sur son manteau pour l’obliger à se trouver à ma hauteur. Je louchais sur ses lèvres et soupira en levant sur lui un regard sévère.

- Tu pues l’alcool. J’espère que ça ne vrille pas ton bon sens.

Je le relâchais sans plus de douceur. Certes, j’avais bu aussi, mais c’était pour me donner du courage à l’idée de devoir faire un tête à tête avec le roi des emmerdeurs. Ma raison était justifiée, son insouciance ne l’était pas !

« Dazai…, j’avais commencé, en regard ailleurs, débrouille-toi pour protéger ceux qui le mérite, si Corruption n’obeit plus à personne. »

Je ne voulais pas lui dire que je lui faisais confiance. Ni à propos de ma vie que je plaçais de plein gré entre ses mains, ni parce que j’espérais au fond qu’il avait de l’attachement pour de tierce personne. En apparence, je renvoyais un ordre et une directive, mais intérieurement je n’attendais rien de sa part. Je l’espérais simplement.

« Dès que je l’activerais, ne laisse pas le temps filer. Je n’ai rien à détruire, je suis juste là pour vérifier ce qu’il en est, pas pour que tu t’amuses, j’avais penché la tête en direction de mon épaule, mais mon regard errait quelque part sur le sol, je ne veux pas jouer sans savoir où on va… »

J’avais cette désagréable impression d’être entrain de justifier mon acte imprudent. Et par cette justification, j’admettais que j'en prenais le risque principalement pour me rassurer.

Je levais mes mains, fit courir mes doigts contre mes paumes. L’appréhension parcouru mon échine. J’avais mis du temps, à Yokohama, à apprivoiser ce pouvoir et à le faire mien entièrement. Il était dur d’admettre que j’étais si destructeur, que je mettais tout en danger, en voulait sauver et préserver ce que j’avais de plus cher. Ce pouvoir était paradoxal, je ne dirais pas nécessaire, mais il avait fait ses preuves… Fut un temps. Il ne l’était plus, depuis que Dazai était parti et m’avait laissé sur le carreaux, mais je ne doutais pas qu’en cas d’urgence, il répondrait à l’appel de ses intérêts. C’est pourquoi Corruption était essentiel à la mafia et pour tout ceux qui en avait besoin.

« Ô toi, contamination mélancolique et sombre, je commence avec langueur, fermant mes yeux en laissant tomber les gants sur le sol, laisse moi de nouveau faire mon apparition ici-bas… »

Ma voix avait été aussi douce qu’un souffle. L’ambition n’était pas de combattre, juste d’apaiser mon angoisse.

Je ressens un courant froid me traverser le dos, qui n’appartient pas à la brise hivernale. Ca ne fonctionnait pas comme ça. Corruption avait toujours été brulante. Elle consommait tout et moi y comprit. Elle faisait partie de moi et dévorait tout ce que je donnais, mais là, elle ne brulait pas. Elle avait à peine réveillé ses braises pour signaler qu’elle hibernait, tout simplement. Les marques sur mon corps s’étaient à peine donné la peine de se manifester, preuve qu’Okoju était quelque part, enfouit, mais ne me laissait pas faire appel à lui. Un faible signal rougeoyant émanait de mon corps, palpitant paresseusement, mais ignorait mes ordres. J’ouvre des grands yeux stupéfaits, en tournant mes mains vers moi. Une fois de plus, je me mets à trembler. J’avais cette sensation désagréable qu’on me privait d’une partie de moi. De ne plus être entier. Pourtant, le reste de mes pouvoirs marchaient. La gravité m’obéissait, mais plus Corruption… Arahabaki avait décidé de me tourner le dos.

« C’est… c’est pas possible, dis-je pour moi-même, oubliant la présence de Dazai. »

Je tendis la main, essayant de rassembler la gravité au centre de celle-ci, de la compacter, mais rien à faire. Corruption regardait ça de son œil de feu. J’avais l’impression que mon démon se foutait de moi et appréciait finalement de ne plus avoir à obéir.

Je balançais mon poing dans un arbre avec un cri rageux, augmentant lentement mon propre poids pour que la pression creuse une marque sur son tronc innocent. Est-ce que ça ne marchait pas parce que je n’avais rien à détruire ? Je jetais alors un regard enragé vers Dazai, mais ça ne suffirait jamais à me rendre hors de moi au point de réveiller Corruption de force, même si je repensais à toutes les fois où il avait réussi à blesser un endroit que je pensais inexistant.

Je serrais les points et cracha de nouveau, sans aucune forme d’affection :

« Ô toi, contamination mélancolique et sombre laisse moi de nouveau faire mon apparition ici-bas ! »

Je l’avais jeté avec rancœur dans le vent, énervé contre moi, contre Arahabaki, contre le monde. Je ne pensais pas les mots que je disais, ne réfléchissait même pas à ce que ça sous entendait. Je répétais machinalement une incantation que je connaissais par coeur en brûlant intérieurement... Blessé. Un faible sursaut de rage avait tremblé en moi, faisant vibrer un instant les marques de Corruption sans que celui-ci n’accepte plus de me rendre mes pouvoirs.

« Putain, pourquoi c’est à moi que tu fais ça… !? demandais-je à ma main, avant l’abattre une nouvelle fois contre l’arbre. »

Je tendis une main vers Dazai sans le regarder, blessé dans mon amour propre. Je ne me reconnaissais plus et ne reconnaissait même plus ce qui sommeillait en moi.

« Pitié, dis moi que ton pouvoir marche plus… »

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Dazai Osamu
« The weak fear happiness itself »

Dazai Osamu

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There’s parts of me I cannot hide
I’ve tried and tried a million times
La-da-da-de-da, la-da-da-de-da, la-da-da-de-da ~

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Embracin' the madness
My devils they whisper in my ear
Deafenin' me with all my fears


Welcome to my darkside

•••


| Conte : Bungou Stray Dogs
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________________________________________ 2021-01-17, 18:47 « The weak fear happiness itself »




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La malédiction doit être, pour tous contes confondus, l'une des épreuves les plus importantes qu'ils eurent à passer. Après tout, ce n'est pas courant de réaliser l'illusion de son monde, d'assumer un personnage mais aussi une nouvelle identité toute aussi fausse et tellement plus terne, pâle, insignifiante. Qu'est-ce qui va redresser le niveau alors que tout paraît au plus bas ? Storybrooke ressemble aujourd'hui à un cimetière d'âmes perdues en révolte. Se retrouver mais pas dans le même corps, pas dans la même réalité, avec un vide, des absents, des morts, des disparus ? Qui sait de quoi sera fait demain désormais ? Chuuya a eu raison de se poser la question. Il n'attend pas que la situation impose l'utilisation de son pouvoir, il ne veut pas qu'il y ait de morts inutiles, de destruction qu'il ne saurait gérer. Plus encore, Dazai songe, Chuuya souhaite savoir de quoi il est encore capable. Qu'est-ce qu'il reste de lui ? On ressent comme cette impression - et ce n'en était pas qu'une - que le Sort Noir nous avait retiré une part de nous-mêmes. Le vrai et le faux s'emmêlent et se démêlent sans cesse. Et dire que ce n'était que le début.

Dazai s'apprête à reculer de pas lourds qui lui semblent si léger pourtant mais se fait arrêter dans sa démarche. Son ancien partenaire s'intrigue de quelque chose que le garçon ne comprend pas tout d'abord, il a peur que l'alcool lui fasse faux bon mais heureusement, il fait assez confiance à Chuuya pour se concentrer à sa place. Lorsque ce dernier l'agrippe par le col et le ramène vers lui, à sa hauteur, Dazai maintient l'équilibre avec les mains dans ses poches et se laisse porter. Son regard se fronce légèrement tandis qu'on l'inspecte et les soupçons du mafieux se confirment très vite. Il ne perd pas le temps d'en faire la remarque ce qui fait légèrement sourire le brun qui est relâché en arrière.

"Ne t'en fais pas Chuuya, je ne suis pas toi."

Il sait tenir l'alcool plus que celui qui est venu lui faire le reproche, ainsi peut-il encore en rire. Néanmoins, si les deux ont pu boire, il reste vrai que le suicidaire est celui qui a vidé le plus de verres ce soir. Ça peut jouer sur son sens du discernement. Mais il n'avait pas prévu, cela dit, qu'à une heure pareille, on demanderait ses services. Enfin, ce n'est pas non plus la première fois qu'il se met en scène dans cet état, il sait ses points faibles et comment les gérer, Dazai ne doute pas de lui tant que la situation ne s'étend pas au-delà de son contrôle. Si Corruption reste le même qu'autrefois, alors il sait ce qu'il a à faire. Par contre, si ce n'est pas le cas... Si le pouvoir devient trop important, incontrôlable... Là, il y aura effectivement un problème. Mais le garçon ne dit rien pour le moment, il se laisse une marge de manœuvre et concentre son attention sur la bête qui doit s'échapper. Lorsque Chuuya lui demande de protéger le plus de personnes, il acquiesce avec sérieux.

Je ne veux pas jouer sans savoir où on va…

Moi non plus, se dit silencieusement Dazai sans se permettre de répondre à haute voix. Si tous deux se concentrent à la tâche, Chuuya reste la majorité du travail à effectuer, et pas le plus simple. S'il doit se concentrer sur quelque chose, c'est sur ses pouvoirs et non pas l'enchaînement d'une discussion qui aurait sans doute mal finie vue l'état du détective maintenant. Ce dernier savait en général quand il devait se taire. Lorsqu'il parlait - et que le monde pensait que c'était trop - il avait ses raisons, cachées au fond de son esprit. Ici Dazai n'a pas à parler, simplement à agir au bon moment, comme on le lui demandait.

C'est ainsi que sans un bruit, il laisse son coéquipier invoquer Corruption qui le submergera alors, comme il l'a toujours fait. C'est ce que le duo pensait depuis le début, et c'est pour cet outil de destruction qu'ils se préparaient. Mais alors qu'ils avaient prévu le pire, aucun n'avait prévu ce qui finalement est arrivé : absolument rien. Une sensation dissipée tout au plus pour Chuuya et un léger scintillement rougeâtre perçu de loin par Dazai. Dans les faits, rien qui ne témoigne de l'éveil d'Arahabaki. Il est là, quelque part, sûrement, mais endormi, le rouquin ne semble pas avoir réussi à le réveiller. Et ce n'est pas faute d'essayer. Sous le regard écarquillé du détective et seul témoin de la scène, Chuuya se tente à réveiller de force les pouvoirs qu'il possède en secret mais rien n'y fait. Sa frustration et sa colère se remarquent sur son visage crispé, même saoul, Dazai comprend tout ce que ça peut impliquer pour le garçon qui s'accroche à lui-même plus qu'aux autres. Okoju habite en lui, ce n'est pas un pouvoir comme un autre.

Lorsque le partenaire comprend ça et réalise qu'il n'y a rien à faire, il décide de s'avancer de quelques pas vers le maudit qui vient de frapper son poing contre le tronc de l'arbre le plus proche. Le regard enragé qu'il lui adresse par la suite fait froncer les sourcils de Dazai. Il l'entend réessayer et perçoit alors toute la haine qu'il essaie de rassembler pour la faire exploser et éveiller Corruption. Dazai plisse les yeux et l'appelle à seulement quelques mètres de distance dans l'intérêt d'arrêter ces enchainements vains d'invocations.

"Chuuya."

Mais ce dernier se concentre toujours sur ses mains et ce qui n'en est pas ressorti. Il s'énerve, crie à lui-même, à ce qui loge à l'intérieur mais ne daigne donner signe de vie. Il sait, pourtant, qu'il est là quelque part. Son poing part à nouveau sur l'écorce du tronc et comme vaincu, il semble au moins se calmer. Dazai, silencieusement, l'observe digérer la lourde nouvelle, comme s'il n'était pas suffisant de savoir ce qu'ils valaient en terme d'identité. Tout était remis en cause.
Puis la main de Chuuya se tend dans sa direction, celui-ci demandant à être rassuré dans son propre vide. Il ne veut pas être seul à avoir été mutilé de la sorte. Le suicidaire, pourtant, sait au fond de lui que de son côté rien n'a changé et se prête à le montrer en attrapant la main du garçon qu'il ne quitte pas des yeux.

"Voici mon pouvoir... Dit-il à mi-voix. Une énergie bleuté enveloppe sa main qu'il observe sans réaction. Il poursuit alors : La déchéance d'un Homme."

Même en Europe, aucun pouvoir similaire n'avait été aperçu dans le monde des deux protagonistes. Le pouvoir d'annuler un pouvoir... Un anti-pouvoir. Discret aux premiers abords, il pouvait néanmoins être indispensable et renverser toute une situation. Mais ce n'est pas pour ça que Dazai se fait connaître des organisations et qu'il en devient membre. Le détective n'a pas toujours été de la lumière et n'a pas toujours sauvé des vies. Aujourd'hui encore, la ligne se fait fine entre le bien et le mal. Dazai n'est pas pacifiste, doux et tendre. Il voit en la vérité un antidote et un poison : elle peut régler bien des problèmes, en causer tant d'autres et pourtant, dans les deux cas, elle n'est jamais très bonne à avaler. La vérité n'est pas douce, elle.

Et lorsque son pouvoir effet, échappé d'une auréole bleue, alors que la cible doit déjà y voir une différence, le jeune asiatique n'en reste pas là. Il agrippe plus fermement sa poigne, attrape le col de Chuuya avant de se retourner vivement pour faire basculer le corps au sol. Celui-ci cogne contre le goudron et Dazai attend patiemment, durement, que son partenaire rouvre les yeux sur lui alors qu'il le maintient par l'épaule. La vérité fait mal, elle est brutale mais à la fois, elle réveille. Elle envahie l'esprit et la douleur psychologique s'équilibre par la douleur physique que fait subir le détective au mafieux. Pendant quelques secondes, il maintient fermement le rouquin en place, le regard dur se plongeant dans le sien. Puis il se redresse, laisser son pouvoir s'évaporer alors qu'aucun contact ne lie désormais plus le duo et se décale sur le côté.

"Tu as deux formes de pouvoir. L'une est la gravité. L'autre est cette bête noire qui sommeille en toi. Cette dernière ne fonctionne pas comme les autres et la malédiction ne l'a pas non plus appréhendé de la même manière. Sa tête de décale à nouveau vers le concerné. Finalement, ça ne m'étonne pas que ton pouvoir ait été endormi de la sorte... J'ai pu visiter la ville depuis notre arrivée et tu n'es pas le seul dans cet état."

Beaucoup s'en plaignait d'ailleurs, de cette mutilation. Les pouvoirs, contrairement à ce qu'on peut penser, est une partie de l'identité. Ils se manifestent par le possesseur selon ses émotions, ses devoirs, ses valeurs. Ils ne sont pas utilisés de la même manière pour tout le monde mais plus encore, une fois découverts, ils sont intégrés en la personne et en son existence. Acceptés ou non.

"Et de ce que j'ai pu entendre, il ne semble pas y avoir de remèdes, pour l'instant. Le transfert de notre monde à celui-ci a causé ces dégâts mais comme nous n'en savons pas encore assez sur notre arrivée et si nous pourrions un jour rentrer chez nous... Poursuit-il sagement, son regard se perdant dans le feuillage. On ne sait pas non plus si la mutilation est temporaire ou définitive."

Ne pas savoir, ce n'était qu'une question de temps. Au vue du nombre d'habitants à Storybrooke et de leur variété, Dazai sait déjà que dans une semaine, des réponses plus concrètes seront adressées à la population. Ils ne resteront pas dans le flou indéfiniment. Ce n'est pas tant ça qui l'inquiétait. Ce qui l'inquiétait c'était la réaction de personnages comme Chuuya s'ils apprennent que leur vie est bouleversée à jamais.

"Une chose est sûre, Chuuya. Arahabaki n'est plus une force sur laquelle tu dois compter. D'ailleurs, ajoute-t-il avec sérieux, elle ne l'a jamais été. Tu n'es pas en mesure de contrôler un tel pouvoir, tu avais besoin d'un acteur extérieur pour ne pas sombrer jusqu'à ta propre destruction. Je ne pense pas que ça soit une si mauvaise chose... Qu'elle ne soit plus là."

Pour ces mots, Dazai sait qu'il va être contesté, que le possesseur de Corruption ne va pas se laisser faire. Il suffit de voir son état. Mais Dazai, peut-être sous l'influence de l'alcool - il ne sait pas - se sent lui aussi sombrer vers des vérités qui n'arrangent que lui. Voir Chuuya s'énerver a toujours eu tendance à le calmer, tout en l'agaçant intérieurement. Il se sent partir à un temps où Odasaku était à ses côtés...


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________________________________________ 2021-01-30, 17:34

Dazai chan & Chuchan
Il n'y était pour rien, mais qui d'autre que lui pouvait les prendre ?
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Chuuya.

Mon prénom résonne dans ma tête, brouillé.

Chuuya...

Il m'a l'air étranger, autre que moi, un prénom auquel je n'ai pas à répondre. Je ne le reconnais pas. Il n'a pas l'air de m'appartenir comme il n'a pas l'air de venir du monde réel. Je ne reconnais pas la voix de Dazai qui tente de me canaliser... si c'est seulement ce qu'il essayait de faire.

Ca t'énerve, n'est-ce pas ? Ricane la voix chaude dans ma tête.

J'enrageais, fulminait contre cette saleté de démon qui se refusait à tout appel, à moi qui, dans un autre corps, l'avait laissé dévorer ce qu'il voulait sans que je ne puisse rien dire.

« Ferme ta gueule... » marmonnais-je, sans savoir réellement à qui je m'adressais

Je reprends pieds dans la réalité au contact de Dazai. Un contact qui fait mal. L'aversion que j'avais pour lui n'était qu'un menu détail. C'était une des rares personnes à avoir pu me toucher la main en vrai et en ça, il ne connaissait même pas sa chance ! Je n'avais jamais été très friand de contact physiquement et m'en tenait au strict minimum. L'intimité du contact de ma main était, en soit, une marque de confiance particulière.

Son pouvoir fit effet sur moi. Ca avait toujours été une sensation contradictoire. Il portait en lui la libération et la captivité. J'en avais rarement eu la pleine conscience, car Dazai l'utilisait principalement quand Ojoku me dévorait entièrement. Je n'avais presque jamais eu à expérimenter l'annulation complète de mes pouvoirs. D'ordinaire, dans cet autre monde qui, pourtant, était notre origine, l'annulation se faisait brièvement, à couper le souffle. Elle bloquait Ojoku instantanément, assez longtemps après qu'il m'ait épuisé pour que je n'en ai qu'une vague sensation. Ojoku m'épuisait, mentalement, physiquement. Il me transportait en dehors de moi, dans une demi conscience où je répondais à son unique appel : la destruction. J'obéissais à ce que j'avais l'impression d'être une envie profonde en moi. J'entrais en une forme de symbiose avec Ojoku, nous ne faisions qu'un, consommant et ravageant tout sur notre passage.

Je soupirais tristement, sentant que Dazai brisait un sceau en moi. Mes pouvoirs volait en éclat, temporairement, certes, mais je sentais bien leur disparition. Tous. Arahabaki, la gravité, rien ne subsistait que Chuuya, tout simplement Chuuya. Quel horrible pouvoir il avait là... Le mien détruit de l'extérieur, mais le sien vous prenait de l'intérieur. Il opérait un démembrement d'une partie moi-même... Et cette fois, il se faisait complice au mutisme d'Arahabaki, m'empêchant alors même d'entrevoir sa présence en moi.

Tout ceci ne dure que quelque seconde, mais elles paraissent éternelles. La souffrance émotionnelle allonge le temps, et je ne le supportais que très peu. Ou pas du tout. Je ne pus réprimer un couinement plaintif, mon cœur se serrant en me sentant sans ressource, moi qui avait venait pourtant de découvrir, re-découvrir, mes pouvoirs.

Je tirais sur ma main, brutalement, pour me libérer de cette emprise qui me soumettait à son bon vouloir, mais mon ancien partenaire ne l'entendait pas de cette oreille. Foutu Dazai. Avant d'avoir le temps de réagir, il me plaque au sol. Je n'avais rien pour amortir le choc et encore moins le soutien de mes pouvoirs pour lui rendre au centuple. Le souffle coupé, je le fixe en souffrant à la première inspiration. On ne s'habituait jamais à se ramasser à plat dos, ça non. Je n'avais pas l'envie de répliquer, mais il méritait que je l'insulte puérilement, comme un enfant capricieux qu'on prive de ses jouets, mais à quoi ça aurait servi ? Ca n'aurait ni soigner mon égo, ni mes pouvoirs.

C'était étrange... Je me souvenais de tout ses moments, dans cette autre vie, où j'avais le soutien indéfectible de la gravité et l'assurance d'avoir Arahabaki à porter de main et pourtant, j'avais fais sans pendant des années, ici, dans ce monde où j'étais un autre Chuuya.

Tu es juste plus avantagé.

Je ne l'avais pas été, ici. J'avais été pendant 20 ans comme tout le monde et du jour au lendemain, je réalisais que j'avais été un autre. Mi-monstrueux, mi-providentiel, si tant est qu'on savait me manier.

Dazai n'appuyait pas si fort. Il me tenait fermement, mais ce n'était pas lourd, dans les faits. Et pourtant, la réalité altérait cette impression. Sa poigne avait l'air de peser des tonnes. Je me surpris à me demander si c'était ça, l'effet que faisait mon pouvoir ? Il donnait l'impression d'être soumis à une force qu'on se retrouvait incapable de contrôler ? Je grimaçais à cette idée, en le dévisageant sauvagement, l'ego ensanglanté. La Déchéance d'un homme était un pouvoir vicieux, le mien était simplement brutal. Je le fixais, crevant d'envie de lui sauter à la gorge, mais lui autant que mon démon intérieur en décidait autrement. Il me maintenait au sol, comme un chiot que le chef de meute s'est décidé à éduquer.

Dazai venait de me lâcher, mais il avait morcelé un peu plus toutes mes certitudes, si bien que même le retour à la normale de mes pouvoirs ne suffisait pas à me rendre mon aplomb.

« Tu n'es pas le seul dans cet état»

Qu'est-ce que je m'en tape du monde, tête de con. Je rugissais à l'intérieur. Je voulais qu'il souffre avec moi, lui et pas un autre.

Je voulais que ce soit lui qui soit privé de son pouvoir avec moi, puisque le mien marchait de concert avec le sien... Alors pourquoi pas l'inverse !? Je le fixais, meurtrit, sans pourtant lui livrer la mesquinerie de mes envies. Évidemment que ça allait m'affecter, que les autres puissent connaître le même sort... mais pas tout de suite. Il me fallait faire mon propre deuil avant. Et digérer l'humiliation d'avoir eu le pire partenaire comme témoin. Je le prenais ainsi.

Je me relevais lentement sur un avant bras, laissant mon regard errer sur le sol. Est-ce qu'Arahabaki faisait parti de moi, ou j'étais juste un réceptacle, sans plus ? Je fouillais dans cette mémoire trouble, celle qui s'était arrêté à Yokohama. Je nous revoyais, adolescent, comme deux animaux sauvages, avant d'être camarade. Le jour où nous avions hérités de notre surnom sombre... Est-ce qu'à ce moment là, j'avais eu l'impression d'avoir apprivoisé Arahabaki et le faire mien ou était-ce simplement du maquillage que j'avais barbouillé sur mon démon à l'aide de Dazai ?
Je l'écoutais, d'une oreille distraite. Je retenais, sans avoir l'air d'être présent. Je ne me mis à le regarder lorsqu'il parlait de « chez nous »

Il se remet à parler d'Arahabaki. J'avais le sentiment qu'il retirait sans douceur le joli drap qui cachait le démon à tout le monde. Je me releva, frottant mes mains et mon pantalon de la terre froide collé dessus.

« Qu'est-ce que tu comprends à ça, toi ? T'as toujours été là pour jouer mon parachute et ramasser ma redevance. C'est trop tard pour jouer le partenaire concerné... De toute façon, tu t'en cogne pas mal de ce que ça peut bien faire, non ? Tu stoppes les pouvoirs en claquant des doigts, ça doit être une notion qui t'échappe ! C'est pas à toi qu'on a retiré une partie de soit, c'est pas toi qui a un démon qui ronfle dans le ventre sans se donner la peine d'ouvrir l'oeil.»

Je gardais une distance froide entre nous. Je n'avais pas envie de l'approcher, même si chaque seconde de mon existence, sa simple présence me donnait envie de lui en mettre une, ne serait-ce que pour la forme.

« Toi, t'es entier. C'est injuste... Que ce soit moi de nous deux qui en pâtissent, je vrilla mon regard sur le côté avant d'embrayer directement sur autre chose, n'ayant pas envie de lui livrer abruptement mon orgueil abimé, Et puis à quoi ça rime, ce « chez nous » ? Tu te sentirais plus à ta place à Yokohama qu'ici ? C'est quoi les « vrais » nous, tu peux le dire ? » Je me rendais compte que je lui hurlais presque dessus comme un enfant qui attend des réponses. Pourquoi est-ce que c'était lui qui devait être le plus sage de nous deux ? Pourquoi il fallait que ce soit vers lui que je me tourne pour m'empêcher de tomber ? Mon ton avait celui des reproches, cherchait à lui mettre sur le dos le poids de mes angoisses, mais ce n'en était pas. Il n'y était pour rien, mais qui d'autre que lui pouvait les prendre ? « C'est le vrai moi, d'être séparé d'Arahabaki ? Sans ça, plus de Double Noir, plus de haut fait, plus de... »

Je levais mon poing en l'air, mais ne le dirigeait nulle part. D'une part trop loin de lui, lui porter le coup n'aurait rimé à rien. J'en étais venu à parler de nous, parce que c'était le seul moment où Arahabaki existait vraiment. Même à Yokohama, il ne sortait qu'en de rare occasion, mais ça faisait parti de ma fierté. Une fierté biaisé, certes, qui mettait tout en danger, mais j'accordais de l'importance au fait d'être un pion essentielle, lorsque Yokohama était en situation désespéré. Je laissais retomber mon poing, giflant simplement l'air.
Est-ce que je regrettais un temps qui n'existait que parallèlement à ma vie actuelle ? Un autre temps, presque factice, qui n'était en rien conciliable avec le monde où nous étions maintenant. J'appuyais mes doigts sur l'arrête de mon nez. Si nous ne finissions pas tous en hôpital psychiatrique, nous avions de la chance. Beaucoup de chance.

« Si tu avais eu pouvoir capable de te détruire... tu l'aurais laissé faire ? »

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« The weak fear happiness itself »

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________________________________________ 2021-02-10, 12:58 « The weak fear happiness itself »




Touch me with the lights off and my chains on


En voyant son ex-partenaire dans cet état, un état de retenu non-contrôlée alors qu'une colère profonde bout à l'intérieur et manque d'imploser à tout moment, Dazai reprend vite ses esprits. Le motif de sa présence n'est plus le même. Son pouvoir d'annulation devient inutile dans une situation où Chuuya ne peut plus réveiller Ojoku et la manifestation de ce chaos. Il dort en lui, désormais, et le mafieux doit ressentir chaque parcelle de cet esprit ravageur sans nullement pouvoir l'invoquer. Il perd le contrôle et paradoxalement, il ne l'a jamais autant eu qu'aujourd'hui : le jour où Corruption n'interfère pas avec lui-même et ne le détruit pas à petit feu. Si le détective sait que son pouvoir n'est plus nécessaire, il l'utilise néanmoins à la demande de Chuuya, sans s'arrêter en chemin. Dès lors que le garçon se retire de son étreinte, il le rattrape au poignet et l'entraîne brutalement au sol. Ses poumons ainsi que son cœur doivent avoir senti l'impact de plein fouet - sachant très bien que leurs conditions physiques ne sont plus celles de personnages de manga. Malheureusement. Alors pourquoi faire mal si le coup psychologique est déjà dur à porter ? On a demandé à Dazai de venir pour annuler quelque chose, et même si ce ne sont pas des pouvoirs, il se tient à la tâche. Dazai sait que parfois, pour calmer une peur, une colère, une angoisse... Seule la force obtient de bons résultats.

Il ne passe pas par quatre chemins, il ne cherche pas plus à rassurer son partenaire pour ce qui lui fait défaut désormais, cet handicap dont il aura du mal à se remettre. Le suicidaire sait que c'est une conséquences courante de la malédiction, Chuuya n'est donc pas seul dans cette histoire. Il semble qu'en passant de leur réalité à celle-ci, une limite de magie s'est comme installée - quelque peu inégale, bancale - mais qui régule leur porteur pour éviter toute démesure. La Méchante Reine avait-elle prévu le coup ? Difficile à savoir. Ce qui est sûr, c'est qu'à aujourd'hui et de ce qu'on en dit, on ne peut que s'y faire, que l'accepter. La cicatrice est invisible et seul le possesseur de pouvoirs sait ce qu'il a perdu en chemin. Le reste ne fait que semblant de comprendre. Chuuya, justement, pointe du doigt Dazai en le mettant dans cet autre groupe qui ne sait pas ce que c'est que de perdre une partie de soi. Comment peut-il contredire ?

"C'est vrai... On ne m'a pas retiré mes pouvoirs, je n'ai rien perdu suite à cette malédiction." Avoue-t-il droit dans les yeux, sans arrondir les bords.

Dazai ressent la distance physique qui les sépare comme le fossé qui se creuse entre eux maintenant qu'ils savent. Double Noir n'existe plus. C'est un chapitre clos désormais, officiellement laissé dans le passé. Le duo de choc dont on avait pu entendre parler, qui en avait fait frissonné plus d'un, mis à mort la plupart, n'est plus qu'un mythe. Dazai garde ses pouvoirs, mais il ne s'en servira plus pour réguler Chuuya, la malédiction s'en est chargé pour lui de façon permanente et c'est le garçon qui en subit les plus lourdes conséquences. Évidemment, il y a de quoi se demander pourquoi ? Pourquoi lui, pourquoi eux, pourquoi ça, pourquoi...
Comment dire en quelques jours que Storybrooke est leur chez eux, alors qu'on les a comme kidnappé de leur conte pour les amener sur une Terre dont ils ne connaissaient pas l'existence, tandis qu'ici, tout le monde connait la leur. Yokohama était leur maison. Dazai maintient cette pensée -

"C'est quoi les « vrais » nous, tu peux le dire ?"

Mais ici, il ne sait pas quoi répondre. Son regard s'écarquille légèrement, sachant s'être déjà posé la question les heures qui ont précédées. Malheureusement, il n'a toujours pas de réponses à offrir, ni à Chuuya ni à lui-même. Les vrais... Peut-on se dire vrai quand on ne sait même pas qui nous est. À y comprendre les faits, tous ceux qui se trouvent ici sont une création de quelqu'un d'autre. Comme l'Homme a son Dieu, l'œuvre a son créateur, et Dazai n'aurait jamais pensé les savoir aussi près - et aussi réels. Il a encore du mal à comprendre ce que vaut la vie, mais l'idée d'exister pour divertir autrui le dégoûte d'autant plus. Faire le bouffon... Ce qu'il faisait la plupart du temps. C'était donc pour l'audience ? Ou pour lui-même ? A-t-il choisi le chemin qu'il a pris ou l'a-t-on incité à prendre ce chemin ? Il sert les poings.

"Je-

- C'est le vrai moi, d'être séparé d'Arahabaki ? Sans ça, plus de Double Noir, plus de haut fait, plus de..."

Le mafieux lève son poing en l'air et le détective les garde dans ses poches, fronçant simplement les sourcils en décalant le regard. Il ne peut pas réaliser tout ce que tout ça implique, il n'en perçoit que le tiers et a peur que ça ne soit que le début. C'était beaucoup de vérités d'un coup. Ils ne sont que les dommages collatéraux d'un problème familial provenant d'un autre conte. Si ça n'avait pas pris tant d'ampleur, ils seraient encore les ignorants de Bungou Stray Dogs, mais au moins leur petit monde n'aurait pas été bouleversé et leur évolution - celle qu'a prévu leur créateur - filerait droit. Qu'avait-il prévu, d'ailleurs ?

"Tu n'as pas besoin d'Arahabaki pour exister. Finit par répondre l'asiatique. Tu ne t'en rends peut-être pas compte car il a toujours été à tes côtés mais tu ne vaux pas moins parce qu'il n'est plus là. Le vrai toi, c'est celui qui reste même quand tout ce qui t'entoure a disparu. En fait... Songe-t-il. Le vrai toi... Ressort justement aujourd'hui."

Son regard se redresse vers le rouquin. Il l'observe comme celui-ci devrait s'observer désormais. Dazai ne fait que jouer le miroir en incitant Chuuya à se voir maintenant comme il apparaît devant lui.

"Nous ne sommes plus à Yokohama. Officiellement, la Mafia Portuaire n'existe plus, elle ne peut qu'être recrée différemment ici mais ne sera jamais aussi puissante que ce qu'elle était là-bas. Les pouvoirs sont désormais très variés et diffèrent dans leurs origines. La police de Storybrooke doit déjà prévoir des programmes visant à encadrer leurs détenteurs, sans compter la malédiction qui s'est déjà chargée d'une partie du travail. Tu ne dois pas être le seul mutilé de l'organisation. Il marque une pause en se décalant sur sa droite. Comme je te le dis, tout nous a été retiré, ou du moins, beaucoup de choses l'ont été. Alors... Si tu dois te demander qui tu es réellement... Il te suffit de te regarder là, maintenant. Et tu devrais savoir."

Ce qui est véritable est ce qui ne dépend de rien. Une architecture, lors de sa construction, a besoin d'une structure et de mesures. Elle n'est qu'un chantier en multiples étapes jusqu'à ce qu'à la fin il ne reste que l'essentiel. Il faut un équilibre tel qu'en retirant le tout, elle tienne encore debout. Mais, l'Homme n'est pas une architecture. Il est toujours en construction est en développement. Il est donc normal qu'à lui retirer des béquilles, il tombe parfois. Tout ce qui rend l'être humain unique, c'est dans sa faculté à se relever malgré tout.

Chuuya s'attache aux questions et Dazai le comprend. Il ne leur reste que ça, après tout. Réfléchissant un instant, tout d'abord sérieusement, à ce que le mafieux demande, le garçon finit par fermer les yeux, la bouche en cœur. Il tord légèrement la voix :

"Ça dépend si le pouvoir en question fait mal. Tu sais comme je n'aime pas souffrir et je ne veux pas mourir dans la douleur !"

C'est sûr que si le pouvoir en question peut venir à bout de lui-même, comme un bon suicidaire, il doit songer à la question. Mais d'une certaine façon, en répondant à côté et avec humour, il esquive ce qu'elle pourrait vraiment pouvoir signifier. Il ne préfère pas y penser et encore moins y faire penser Chuuya. Le détective sourit.

"Toi tu ne l'as pas laissé te détruire, hei, Chuuya ?"


Il s'avance près de son ancien camarade de combat, le deuxième membre de Double Noir qui demeurera malgré tout dans leur mémoire. Il le fixe un temps et vient finalement poser une main réconfortante sur son épaule. Il songe à la question de tout à l'heure, celle à laquelle il aurait aimé le plus répondre.

"Storybrooke n'est pas si différent de ce que nous avions au Japon. Je pense que Yokohama était notre chez nous et le restera, mais je n'accepterais pas aussi facilement que Storybrooke serve de relève si vous n'étiez pas là pour la faire vivre."


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________________________________________ 2021-03-08, 18:48

Dazai chan & Chuchan
et si on avait un quelconque fil rouge, il a été coupé de force
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« Je n'ai rien perdu suite à la malédiction. »

Crevard. Je grimace, hargneux. Il avait en plus le culot de le dire sans sourciller. J'essayais probablement de voir au delà de la perte des pouvoirs, d'y voir plus. Parce que je voulais voir un peu plus que ça. Perdre Arahabaki était douloureux, bien sur, mais plus je me penchais sur ce que ça signifiait, plus je mesurais l'étendu de ce que je perdais... et de ce que j'avais perdu.

Heureusement que j'avais continué de m'en prendre verbalement à lui. Ca m'empêchait de sentir le vide en moi qui s'imposait de lui même. Les repères s'envolaient, mais les souvenirs restaient, avec cette certitude que ça ne sera jamais pareil et, pire, que ça ne l'avait jamais été. Je mélangeais mes souvenirs en essayant de démêler le vrai, du faux... Mon enfance dans le Maine ou celle dans les rues. Le roi des Brebis ou ce morveux casse-cou qui avait fugué trop tôt. Qui était le vrai Chuuya ?

Je captais, sans même regarder Dazai de face que j'avais réussi à toucher un point sensible. Je réagis, en écho, à sa propre attitude. Je ressens de la peine, en partie pour moi, mais pour lui. Mon empathie coulait sur lui, contre mon gré. Je pouvais prendre toutes les précautions du monde, j'en arriverais toujours à m'inquiéter de savoir s'il avait eu mal à un moment. Il ne méritait pas ces attentions, parce qu'il ne rendait rien, mais mon inconscient n'avait jamais écouté ma volonté. Et quand je voulais laisser mon inquiétude sur le bas côté, elle ressurgissait, toujours, pour me faire courber l'échine et baladait mon coeur comme bon lui semblait.

Je prenais pour moi une douleur que je lui supposais. Je l'inventais, peut-être, mais elle me permettait de croire qu'il partageait un tant soit peu ce que je ressentais. Je me fichais pas mal du reste du monde. C'était du pur égoïsme que mon angoisse dictait et je me raccrochais à ce que, je crois, j'avais toujours connu. Notre Yokohama et ce qui en faisait parti, même si nous n'étions reliés que par la tranche d'un manga. Ce qui était important pour moi, était fait d'encre sur des planches quadrillés. Ou alors, je calquais ce que Dazai prenait pour sa réalité...

Tu n'as pas besoin d'Arahabaki pour exister. 

Je lève brusquement la tête. J'essaye d'imprimer visuellement ses paroles dans ma tête, de force. Je veux les sceller, pour m'en souvenir, mais je n'ai que ma mémoire. J'ai peur de mal comprendre où il veut en venir et je ne veux pas lui montrer qu'une fois de plus, il a l'ascendant sur moi. Même dans un autre monde, même en faisant subitement revenir une seconde réalité, je me sentais une fois de plus dans son ombre, à être dirigé à la baguette parce qu'il avait trouver le moyen de me faire regarder là où il voulait.

J'inclinais les sourcils en le dévisageant, n'ayant plus moyen de dissimuler une émotion émue et blessée. Je voulais le croire, même si je n'y arrivais pas. J'avais toujours été d'assez bonne volonté. Dans les pires moments, j'avais toujours abandonné ma confiance entre ses mains, parce que je savais qu'il trouverait le chemin de la sortie avant moi. Mais maintenant, je me sentais seul, avec moi, un nouvel inconnu, pour me diriger quelque part... mais où ?

Tu ne dois pas être le seul mutilé de l'organisation.

Probablement pas, non. La réunion d'urgence avait été prévu pour demain, et je ne me voyais pas me pointer les mains dans les poches et de sourire naïvement à tout le monde que, même si ils ne voyaient pas souvent la couleur de Corruption, je ne savais plus m'en servir. Par principe, l'avouer me donnait mal au cœur.

Quand je lui avais demandé s'il se laisserait tuer par un pouvoir, j'avais naturellement pensé à Corruption. Je me permis de me souvenir des occasions de le sortir et c'était assez flou. Sa voix de crécelle suffit à me faire soupirer. Exaspéré, d'abord, je tourne les yeux vers lui, prêt à lui dire d'arrêter de jouer au con deux minutes. Je vois son sourire, mais ne le comprend pas. Intrigué, je cligne des yeux en penchant la tête sur le côté. Est-ce qu'il cherchait à désamorcer quelque chose ? Je lis mon prénom sur ses lèvres. Si je n'ai pas laissé Corruption me détruire ?

« Je n'ai jamais trouvé l'occasion de m'en servir seul en ayant la certitude que ça ne détruirait pas tout autour de moi, dis-je en répondant avec une nonchalance que je lui copiais, mais l'idée d'être volontairement détruit par Corruption ne m'avait jamais effleuré l'esprit, jusqu'à maintenant, mais si ça peut te rassurer, Corruption ne m'a jamais fais mal. Il m'a toujours épuisé certes, mais on ne peut pas dire que ça fasse mal. Je n'ai jamais eu complètement conscience de ce que c'était d'être sous son emprise. C'était comme un autre moi et que j'en étais le spectateur endormis. Une partie de mon cœur et de mon inconscient l'ont toujours légèrement dirigé, mais sans plus. Je n'ai jamais su lui dire stop. Ou alors mon moi profond est terrible. Si ça avait du me tuer, je n'en aurais probablement eu que conscience... C'est ça, que tu cherches ? Ou tu veux te voir mourir ? »

Je l'avais regardé de biais, avec flegme. Nous n'en avions jamais parlé, à ma connaissance. Je lui disais de la fermer, dès qu'il parlait de suicide. Je ne m'étais jamais posé la question de savoir ce qu'il voulait ni pourquoi il le cherchait. Je lui souhaitais ouvertement de mourir, mais la vérité était autre. Je m'étais inquiété un nombre de fois inimaginable. J'en avais des insomnies au point de débarquer chez lui subitement parce qu'il ne daignait pas répondre. La moindre blessure qu'il ramenait me rendait dingue au point que je me sentais de lui en donner une seconde pour essayer de lui faire la leçon. Mais il s'en cognait pas mal. Il n'avait jamais changé ses habitudes ou son désir de vivre. Il restait le même, aveuglement perdu dans tout le monde qu'il visitait. Je baissais les yeux vers sa main posée sur moi.

J'aurais sûrement du dérober mon épaule sous sa main pour m'enfuir, ou la gifler pour la retirer, mais je l'ai laissé en place. J'attendais qu'il ait finit de revenir sur Storybrook pour relever les yeux. Je le regardais longuement, en digérant l'information. Je souris, brièvement. Ma commissure se relève avec juste ce qu'il fallait de pudeur, puis je déglutis, avant de hocher la tête, pour lui signifier que j'avais compris.

« Tu es nostalgique ? De Yokohama, en général. De ce qu'on a pu être ? De ce qu'on a connu ? Je..., je pris une inspiration plus profonde, en laissant doucement sa main glisser de mon épaule, sans troubler son geste. Pourquoi prendre une telle peine ? Je n'ai pas eu de Brebis ici. J'ai grandis sans pouvoir m'appuyer sur un pouvoir quelconque et pourtant, je répète le même schéma de vie. »

Mais sans toi.

« Pourquoi, tu crois ? Pourquoi on se retrouve en face alors qu'on a mené d'autre vie ? Pourquoi tu es détective et moi, toujours bon à rien ? On répète un schéma qu'on a connu avant, quasiment sans bavure. J'ai jamais été assez romantique pour croire qu'on était tous liés par le destin, je levais mon auriculaire pour lui présenter, et si on avait un quelconque fil rouge, il a été coupé de force. »

Je refermais aussitôt ma main et la rangeait dans ma poche. Pendant un court instant, la rancœur avait traversé mon visage.

« On est toujours pareil. Comme un chat et une souris. Ou un chat et un chien. L'ADA, la mafia, toi ou moi. On se court après parce qu'on s'ennuie et qu'on a rien trouvé de mieux pour se sentir exister. Je tapais dans un petit caillou pour le faire flotter dans l'air, en souriant d'aise parce que ça, j'en étais toujours capable, est-ce que tu te lasseras le premier ? »

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________________________________________ 2021-04-21, 00:55 « The weak fear happiness itself »




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Et malgré les années qui ont passé et qu'ils ont traversé séparés, il semble qu'à l'appel de l'un et de l'autre, ils soient replongés dans la terne histoire de deux enfants dont l'humanité ne semble que poussière. Seuls près des frontières de Storybrooke, ils airent comme deux spectres d'un jadis qui n'existe plus et n'existera sûrement plus jamais. La philosophie d'Héraclite suppose bien qu'on ne se baigne jamais dans le même fleuve, faibles humains dépendants du temps ?


Tu es nostalgique ?

De ce qu'on a pu être ?

De ce qu'on a connu ?


Dazai n'avait pas profondément abordé le sujet avec ses coéquipiers. Toute la beauté de leur relation faisait qu'aucun d'entre eux ne voulaient qu'un lieu et une malédiction change ce qu'ils ont toujours été et souhaitent rester. Au fond, le détective suit cette même logique avec plaisir lorsqu'il sait à quelle point cette solution est facile à embrasser. Tant qu'ils sont unis, rien ne changera. Cependant, même si d'extérieur rien n'est bouleversé, on ne peut arrêter une réflexion quant à ce qui a été perdu et découvert. Surtout découvert - car on découvre ce que l'on a perdu. On découvre aussi, parfois, des choses que l'on a jamais eu. Dazai s'est douté qu'un sujet comme celui-ci tomberait à un moment donné mais il n'avait pas su avec qui cela s'engagerait. Maintenant il sait. Il ne peut pas dire en être déçu, une partie de lui sait que les créateurs ne mentent pas : Chuuya est le seul vivant à autant le connaître et sûrement le seul à autant le comprendre. Si une personne doit poser ces questions au garçon, alors il est normal que ça soit lui.

Il ne les esquive pas. Lentement, il relâche son étreinte et range sa main dans sa poche mais alors qu'il songe à répondre, Chuuya enchaine sur une autre que Dazai écoute tout aussi attentivement, comme tout ce qui suit. Le détective s'est tout d'abord dit que suite à la malédiction, le chamboulement des souvenirs de son ancien partenaire se sont impactés à ceux de sa véritable vie - fictive, ironiquement - et que ne sachant à qui se confier, Dazai devient le désigné. Ce n'est peut-être pas au parrain qu'il se confierait de tout ça, encore moins maintenant qu'il sait ce qu'il a perdu en chemin. Quant à Akutagawa, cela aurait pu être le cas, et peut-être que si ce n'est aujourd'hui, le conversation finirait par arriver plus tard. Mais alors que Chuuya avance dans son introspection, son interlocuteur réalise le rôle qu'il trouve dedans.

"Est-ce que tu te lasseras en premier ?"

Un caillou soulevé dans les airs, tous deux se mirent à le fixer comme une moindre distraction. Dazai a froncé les sourcils en s'approchant pour attraper la pierre et l'enfermer dans sa paume, le sort s'annulant.

"Ce sont des questions que tu souhaitais me poser à Yokohama... Il tourne les talons vers Chuuya. Ou bien le Sort Noir t'en éveillent de nouvelles ? Il plonge un regard sévère dans celui du jeune mafieux à l'image d'un pique venant percer la paroi pour y lire à l'intérieur. Il reprend : Il y a encore quelques jours, j'étais un écrivain suicidaire fuyant un mariage et toute une lourde existence insensée pour venir me poser dans une petite ville du Maine. Maintenant que j'ai retrouvé mes souvenirs, je sais que je suis détective et que Osamu Dazai n'est pas le pseudonyme que j'ai pu utiliser pour écrire des livres. Il dérive le regard sur côté. Je ne suis pas un écrivain. Pas lui, non. Et tu n'es pas un bon à rien, Chuuya. Je ne sais pas ce que tu as pu vivre, ni même ce que tu en ressors, mais ces souvenirs sont fictifs et ce que tu es aujourd'hui est ce que tu as toujours été. Si tu n'es pas satisfait avec ça alors c'est à toi de le changer."

Dazai fait la morale mais au fond sait qu'il n'est pas exactement question de cela. Il sourit.

"Mais je ne t'apprends rien."

Puis, lentement, il s'avance face au mafieux.

"C'est bien pour ces raisons que j'ai quitté la Mafia Portuaire et suis devenu détective à la place. L'expression fermée qu'il renvoie fait écho non pas à l'ennemi mais au partenaire qui par le passé avait cherché à ce que Chuuya soit accueilli au sein de l'organisation, au dépend des Brebis, et pour le bien de celui-ci. Son regard présente le guide qu'il avait et peut encore être pour les autres. Ce que tu appelles chien et chat et ce que prônait autrefois nos patrons respectifs pour l'équilibre de la ville. Et à mon avis, ils n'ont pas l'attention d'arrêter. Quant à nous, nous ne sommes que les acteurs de ce système dans deux camps opposés."

Est-ce que tu te lasseras le premier ? La réponse était évidente. Il s'était lassé en premier. C'est en partie pour cette raison-là qu'il avait quitté la Mafia. Il s'était lassé de la violence, lassé de ne rien y trouver qu'encore plus de violence. Il avait été lassé par la trahison, la perte... Toujours la perte. Il l'avait dit, pourtant, il le savait : Il perdait toujours ce qui lui tenait à cœur. Alors il était parti... Et ainsi, il se donnait de quoi remettre à blanc le tableau. Il n'avait pas songé que lui aussi trahirait les siens mais est-ce qu'il faisait la différence avait tout ce qui se faisait déjà au sein d'une organisation criminelle ?

"Et quant à se courir après... Menton relevé, Dazai observe un instant les étoiles, pensif. Je ne crois pas que ça soit par ennui. On pourrait faire pleins d'autres choses et pourtant, nous avons choisi de défendre ce qui pourrait le plus s'approcher d'une famille - pour deux errants qui n'en ont pas - et c'est ce qui nous anime. Finalement, poursuit Dazai en tendant une main close au mafieux d'où il laisse tomber le caillou plus tôt récupéré. Nous courir après, comme tu le dis si bien, c'est la raison de vivre que nous nous sommes donnés."

Son sourire s'élargit et ses traits se détendent pour qu'il reprenne sous un ton plus léger :

"Je te tiendrais au courant lorsque je me lasserais, si tu veux. Comme ça tu pourras te préparer ~"

L'asiatique n'est pas certain d'avoir tout dit - non en fait, il en est sûr - mais il ne sait pas si ses propos ont touché Chuuya dans cette passe qu'il semble affronter seul. Il sait, néanmoins, à quel point la Mafia peut lui faire du bien. Après avoir été chef d'une organisation trop rapidement et cela simplement pour ses pouvoirs, il a pu être accueilli et utilisé pour son potentiel au sein de ce qu'il peut appeler aujourd'hui une famille. Dazai ne s'était pas trompé en le recommandant.

"Est-ce que ça va aller ? Son ton se fait inquiet mais aussi protecteur, à l'écoute et distant à la fois. Tu comptes parler des séquelles de la malédiction sur Arahabaki au parrain ?"


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