Riene n'est plus vide...

Ce qu’il y avait de plus difficile dans le fait de vivre avec Antonio, c’était de devoir me plier à ses petites arnaques qu’il aimait tant faire au gens. Un moyen pour lui de gagner de l’argent facilement tout en assurant ses arrières avec ses tournées de marionnettes. Bien sûr, John et Gilderoy n’hésitaient jamais à le suivre dans ses combines. Les deux compères étaient aussi mauvais que lui. Mais moi je ne pouvais vivre sereinement tout en sachant que ce que je faisais faisait horriblement souffrir les gentilles personnes que je rencontrais. J’aimais pourtant profondément les gens et j’aimais partir à leur rencontre. J’étais certes très naïve, autant que le pouvait être une petite fille qui avait grandit beaucoup trop tôt. Mais j’apprenais à vivre dans le vrai monde. Ma curiosité et mon ouverture d’esprit pouvant parfois me faire très apprécié de mes compères.

Mais cela ne changeait rien au fait que les relations que je tissais avec eux étaient bien trop souvent faussées par ce travail que je devais effectuer pour survivre. Oh bien sûr, je savais que cela ne durerait pas éternellement. Un jour je retrouverais mon papa et je n’aurais plus à me préoccuper de cette vie réellement cauchemardesque. Mais en attendant, je me devais de prendre mon mal en patience. Et après tout qui sait, si j’expliquais à mes amis que je devais me faire par profit ce que j’avais vécu, peut-être que certains d’entre eux me pardonneraient et m’offriraient leur amitié pour de vrai. C’était ce que j’espérais au plus profond de mon cœur de bois mais ce jour n’était pas encore arrivé.

Ces temps-ci Antonio avait jeté son dévolu sur Stanley Ipkiss, le propriétaire de la banque Ipkiss qui était d’après les propos de mon protecteur riche. Un peu d’argent en moins ne pourrait donc pas lui faire de mal. Il m’avait laissé me charger de la méthode de tromperie sachant que je ferais le bon choix. D’un certain côté, nous nous ressemblions tous les deux. Nous étions tous deux de grands enfants qui n’appréciaient rien de plus que de passer du bon temps dans les rues décorées et festives de Noël. A dire vrai, nous aurions très bien pu nous entendre et je décidais de l’amadouer en tissant avec lui des liens particuliers. Après tout, si Antonio tenait tant à attraper un gros poisson, il fallait y mettre les formes.

J’avais arpenté toute la journée les rues de la ville sans rencontrer l’homme que je devais rencontrer. J’avais donc décidé de faire une halte pour m’acheter un bon chocolat chaud à la cannelle et une brioche aux raisins et à la cannelle. Bien que je n’aie pas beaucoup d’argent de poche, j’étais beaucoup trop gourmande pour résister à l’appel d’une bonne boisson sucrée, chaude et revigorante. C’est en continuant à arpenter les rues tout en observant tout sauf ce qui se passait autour de moi, que je finis par entrer en collision avec une personne. Renversant un peu de chocolat sur le manteau de l’homme, je laissais tombée ma brioche à peine entamée sur le sol enneigé de la rue. C’est pourquoi, ma première pensée fut pour cette pauvre pâtisserie perdue à jamais que je ne pourrais pas déguster.

« Oh non c’est pas vrai… ma brioche »

C’est ce moment-là que je me rendis compte que la personne qui m’avait bousculée se trouvait toujours devant moi et se confondait en excuse. Relevant un regard perdu entre le regret et la colère vers lui, je finis cependant par écarquiller les yeux, véritablement surprise.

« Ne vous excusez pas. Ce… ce n’ai rien… Je ne regardais pas où j’allais non plus. »

Puis finalement, je retrouvais très vite mes esprits pour me souvenir de la mission que mon patron m’avait confiée. S’il y avait bien un moment où je devais faire en sorte de reprendre les choses en main, c’était bien maintenant. Décrochant le morceau de barbapapa de ma chevelure, je le mis dans ma bouche et le dégustait avec plaisir.

« C’est vraiment délicieux ! Cela pardonnerait presque votre affront. Mais vous me devez tout de même une petite pâtisserie pour la peine. »

Je lui adressais alors un clin d’œil espérant qu’il répondrait positivement à ma proposition. Le voyant des sacs de sucreries plein les mains, je finis par lui adresser un peu clin d’œil.

« Oooh mais quelles magnifiques sucreries vous avez là. Vous êtes un bec à bonbons alors ? Notez que je ne vous le reproche pas, je suis moi-même amoureuse de sucrerie. Avez-vous déjà entendu parler du Jumping Rabbit situé à l’autre bout de la rue ? Vous devriez vous y rendre. C’est une boutique réellement merveilleuse. »