Je roulais tranquillement vers chez Anna. Nous étions le 21 décembre et c’était moi anniversaire. Le premier jour de l’hiver. La ville était déjà dans le froid et ça me rendait fou de joie. Traversant la ville avec mon camion à glace, j’avais accroché une énorme affiche « Fermée cause anniversaire du propriétaire. »
J’étais plutôt satisfait de cette affiche. Non seulement les gens comprendraient, mais en plus, tout le monde saurait que c’était mon anniversaire aujourd’hui. J’étais l’esprit de l’hiver, alors forcément, il ne pouvait y avoir que ça d’important. Le premier jouer de l’hiver. J’étais d’ailleurs convaincu que pas beaucoup de personne importante dans cette ville avait ce jour là comme journée d’anniversaire. Je devais même certainement être le seul, et si j’étais pas le seul, j’étais quand même le plus important.
Garant mon camion à cette merveilleuse pensée, je me dirigeais vers l’appartement de chez Anna tout en sifflotant. J’étais un peu plus heureux que les autres jours. Ma dispute et ma rupture définitif avec Alexis m’avait rendu extrêmement triste. Aussi, j’avais passé du temps à travailler et uniquement à travailler. Je confectionnais toute sorte de glace aux parfums étranges pour passer le temps. Ce n’était pas très sain, mais ça m’éviter de penser.
De penser à elle, qui me regardait et qui me disait… « J’ai grandi. »
Ces mots résonnaient encore dans mon esprit, à m’en faire mal… La boule au ventre, j’essayais de pas y penser, et de rester sur l’instant présent. Mais c’était dur.
J’essayais de me rappeler mon objectif du jour : rendre la clef de chez Anna. Elle m’en avait fait un exemplaire, et je devais lui ramener. Je savais que ce n’était plus chez moi, Elsa me l’avait assez souvent rappelé. D’ailleurs, j’espérais fortement que cette peste ne serait pas dans la parage.
Tournant la clef, j’entrais, et quelque chose d’étrange me traversa l’esprit. Comment j’allais fermer la porte si je devais rendre la clef ?

« Qu’est ce que j’suis con... » marmonnais-je.

Je rentrais quand même. Peut être que quelqu’un était à l’intérieur. Vu l’heure que j’avais choisi, Anna devait être au travail. Je ne voulais pas la croiser. D’ailleurs je l’a fuyais depuis que j’avais revu Alexis. Tout de suite, en tant qu’ami, elle comprendrait. Et elle me dirait des choses que je n’avais pas du tout envie d’entendre comme « C’est terminé, Jack » ou encore « Passe à autre chose Jack » , ou même « Jack tu devrais arrêter d’essayer d’espérer... » bref. Des trucs que j’avais absolument pas envie d’entendre. Je m’avançais, bâton à la main, au milieu du salon. La capuche sur ma tête, parce que je faisais toujours ça quand j’étais triste. Timide, je lançais un petit.

« Y’a quelqu’un ? »

Mais personne répondit. Bon. Je devais trouver un moyen de fermer la porte et de rendre la clef. J’étais stupide, mais j’étais quand même ingénieux. J’allais ressortir, glisser la clef sous la porte avec un mot d’excuse. Je me ferai certainement engueulé mais quand j’aurai la force de lui parler de tout ça, elle comprendrait certainement. J’allais me diriger vers la table principale pour rédiger mon mot, quand soudain, j’eus une idée merveilleuse.

« Minute minute minute... »

Je parlais à voix haute, mais tout doucement. Ca m’arrivait beaucoup depuis que j’étais devenu invisible aux yeux de tous. J’avais une idée. Une superbe idée. Anna avait du me faire un cadeau. C’était une super amie. Et elle devait être au travail, puisqu’on était Lundi. Et Aster n’aurait jamais fermé un Lundi. Et le connaissant, il était peut être assez fourbe pour l’obliger à travailler très longtemps et très tard pour mon anniversaire. C’était peut être de la paranoia… Mais ça lui ressemblait non ? Ce qui voulait dire une chose : La maison était libre pour être fouillée. J’allais chercher mon cadeau, l’ouvrir, le refermer à l’identique. C’était un super plan. J’adorai les cadeaux, comme tous les enfants même si j’en étais plus trop un… Bon, j’en étais encore un dans ma tête. Et chercher ses cadeaux, ça faisait parti du jeu. Peut être même que je trouverai aussi mes cadeaux de Noël par la même occasion !
Je commençais par le salon. Ouvrant quelques placards, je les refermais soigneusement après chaque ouverture. On ne devait pas savoir que j’avais fouillé, c’était très important. Connaissant Anna et me connaissant, ils devaient être bien cachés. Donc toutes les cachettes étaient possibles. Des tiroirs jusqu’aux toilettes. D’ailleurs, je m’y dirigeais.
Ouvrant la porte des toilettes, je levais la lunette. Rien. C’était pas surprenant. Doucement, je me retournais et…

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH »

Je sautais en l’air. Ma tête se cogna contre le montant de la porte. Sonné, je poussais le spectre qui m’avait fait aussi peur et je me ruais dans le salon en courant. J’étais en colère. Très en colère. Parce qu’elle était encore là, à glander, comme d’habitude, et qu’on ne pouvait pas fouiller tranquillement sans être dérangé dans cette maison. Je me retournais vers elle, finalement, et je lui criais dessus. Je lui criais souvent dessus. On ne s’entendait pas beaucoup. En même temps, elle accaparait beaucoup Anna. Mon amie. Ma meilleure amie.

« Mais t’as rien d’autre à foutre que de te glisser derrière les gens quand ils sont aux toilettes ! T’as rien d’autres à faire sérieux ! »

Je bouillonnais. Si j’en étais là, c’était un peu à cause d’elle. Si elle n’avait pas existé, où si elle avait été suffisamment grande et indépendante pour prendre son propre appartement, je ne serai pas parti chez Sab. J’avais envie d’une coloc avec Anna, et elle m’avait volé ça. Je l’a pointais du doigt. J’essayais de me calmer.

« Ecoute. Ecoute. Ecouteee. Aujourd’hui, j’ai pas envie de me disputer. Aujourd’hui, c’est un jour spécial pour moi. C’est le premier jour de l’hiver. C’est mon anniversaire. Donc c’est MA journée. C’est pas ton anniversaire que je sache ? NON ! Alors pour l’amour du ciel, j’ai pas envie de me disputer avec toi aujourd’hui. Fais moi ce cadeau tu veux ? Bien. Si t’as rien à faire, tu peux m’aider à chercher celui qu’Anna a du caché ici pour moi. »

Voilà. Après lui avoir bien gueulé dessus comme d’habitude, je lui avais proposé une porte de sortie. J’étais pas un sauvage. Mais en même temps, entre nous, c’était électrique. Je pouvais pas m’en empêcher. Elle me sortait par les yeux, elle était pénible, elle râlait tout le temps, elle chantait tout le temps. J’avais cru vivre le paradis en revenant vivre chez Anna, j’avais connu l’enfer des chansons sous la douche, et des remarques déplacés qui pétaient plus haut que son cul. On le savait ça, qu’elle était du royaume d’Arendelle.