« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Il était assez tôt. Très tôt même. Dehors, le soleil était en train de se lever et je le savais. J’aimais bien les aurores, plus que les couchers de soleil, et ça m’énervait de raté ça. En général, j’aimais bien voler et le regarder se lever. C’était un des rituels que j’avais et que j’affectionnais beaucoup. A la place, j’observais les deux gardes Olympiens face à moi. « Bien sûr Seigneur Hermès. C’est très simple. On reçoit le colis, on le valide, et on envoie la notification ! »
Je marquais un temps d’arrêt. Je le regardais dans les yeux. D’ordinaire, je n’étais pas tellement impressionnant, mais parfois… « Tu le fais exprès ? » « Je pense qu’il est comme ça Seigneur Hermès. »
Je me reculais, encore appuyé sur la pile de dossier qui était devant moi. Je les fusillais du regard et je soupirai. « Arrêtez de m’appeler comme ça. Appelez moi simplement Hermès, ou Wallace. » « Mais c’est le protocole, Seigneur Hermès. »
Il était presque au garde à vous. Bon. J’allais un peu les tourmenter. Après tout, j’avais déjà raté le coucher de soleil, et il fallait bien qu’ils paient. Et j’aimais bien jouer des tours. « Tu t’appelles comment ? » « Ernest. On m’a appelé comme ça. Et lui c’est Diogène. Seigneur Hermès.»
Je les regardais alternativement, puis je regardais la pile de dossier. J’avais laissé une liste claire de chose à faire, et comment les faire. « Vous aimez votre personnalité ? » dis-je en souriant. « Vous voulez dire personnage ? »
Je ricanais. « Non, votre personnalité, votre conscience, vos souvenirs. Tout ça. »
Ils semblèrent avoir enfin compris. Ils se regardèrent en disant un « Aaaah ! » et l’autre fini par me répondre. « Oui ! Oui oui bien sûr ! »
Je m’avançais, un peu menaçant, et je murmurais avec un certain ton, pour qu’on ne puisse pas savoir si c’était de l’humour, ou la réalité.
« Alors, si vous continuez à m’appeler comme ça, je vous la fais changer. Vous voyez ce que je veux dire... »
Je leur adressais un petit clin d’oeil. Les deux gardes devinrent blême. Quand un garde était détruit, je savais qu’il revenait, mais avec une toute nouvelle personnalité. Et que ce n’était plus du tout le même. Ils pâlirent. « Mais… euh… ah… Très bien Sei… M’sieur Hermès. »
Je me reculais. Prenant les deux casques posés sur la table, ainsi que les deux blousons, je finis par leur faire un très léger clin d’oeil. « C’était de l’humour. On reçoit la notification, on l’a lit, on vérifie, on envoie le colis, on se présente et le tour est joué. Faites ça bien. »
Les gardes reprirent tout d’un coup des couleurs. Je ricanais à les voir un peu penaud. En même temps, ils l’avaient cherché non ? Qui avait créé des être aussi… Bizarre ? Mettant mon blouson, pour éviter d’être trop encombrée, je me tournais vers eux. « Et si vous avez un doute, un vrai, demandez à Héra. Elle saura se défaire de ses obligations pour son frère adoré ! Embrassez là de ma part. »
On disait toujours ça. On ne savait jamais de quoi la vie était faites. Je regardais les deux gardes hocher la tête et je sortais, toujours en ricanant. Elle allait surement devoir gérer des trucs en plus par ma faute, et ça m’amusait beaucoup. Cela faisait longtemps que je n’avais pas joué un petit tour discret à quelqu’un. Et encore moins à ma sœur. J’attendis Vaiana plusieurs minutes encore. Le soleil était levé de moitié. Je l’observais, mélancolique. A côté de moi, ma vieille attendait patiemment. Depuis l’intérieur j’entendais : « Je suis pas sûr qu’on a été créé pour ça. » « C’est le second d’Olympe, on obéit et on se tait. » « Ouais, mais p’t’être qu’une grève lui ferait du bien. Ca le ferait redescendre ! T’as vu comment il t’a parlé… Bon, on a toujours pas reçu de colis. »
Je ricanais, et je m’asseyais sur la moto, profitant du soleil. En temps normal, j’aurai pu partir avec Héra, faire une virée comme on en avait l’habitude mais… J’avais choisi de demandé à Vaiana. Notre dernière aventure, plus qu’étrange, nous avait étrangement rapproché. Même si je lui avais dit que j’avais des « sentiments » par accident. Bien qu’à la réflexion, je savais qu’il n’y avait rien de tel. Et puis, de toute manière, j’avais déjà donné. Le Temps, ça se vivait surtout dans le présent, même si en théorie, il n’existait pas… Je la vis enfin arrivé, un léger sourire en coin se dessina. A peine là, je lui jetai le blouson et le casque. « Allez ! On va dans un endroit plutôt joli ! Mets ça, on sait jamais. »
Je lui montrais le casque, ainsi que le blouson. J’avais pris des trucs sobres, mais classe. « On va y aller doucement, d’abord je conduis, et après, je te laisserai essayé en te donnant quelques leçons… Et mauvaise nouvelle... »
J’enfilais mon casque, tout en lui faisant un petit clin d’oeil plein de sous entendus avec tout ce que nous avions vécu. « Tu vas devoir me tenir la taille et te coller à moi. Et quand tu conduiras, ça sera à mon tour ! C’est le prix à payer pour une virée d’enfer ma jolie. »
Pourquoi j’avais dit ça comme ça ? Peut être pour paraître cool. Une fois équipé, j’attendis qu’elle monte qu’elle s’accroche, pour démarrer. « Attention, j’espère que t’es prête. Et que t’aime les aigles. »
J’enclenchais la première, et je nous téléportais. Atterrissant vers une route, issus d’un endroit merveilleux au nord des Etats Unis que j’affectionnais beaucoup en raison des Pygargue à Tête Blanche. Oiseau emblème du pays.
Vaiana de Motunui
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Cinq matins par semaine, je me rendais au hangar Hermès Express. Une routine s'était installée au fil des mois et j'étais surprise de constater que cela me convenait. Un travail fixe, une paye fixe, une vie bien rangée. Etais-je en train de devenir quelqu'un de bien ? Ca me surprenait moi-même. Je ne préférais pas vendre la peau du coq avant de l'avoir tué -pardon Hei Hei- car j'étais bien trop instable psychologiquement pour espérer oublier mes vieux travers. Pouvait-on vraiment souligner une amélioration quand, malgré ma volonté vacillante, je finissais toujours par me poudrer le nez ?
Ce jour-là, je ne venais pas au hangar pour travailler, mais pour passer une journée avec le boss en road trip. Pourtant, nous étions jeudi, un jour banal, et les livraisons n'allaient pas se faire toute seule, même s'il m'avait assuré qu'il avait tout prévu. Sans doute qu'il avait utilisé la téléportation pour livrer la ville en un temps record. Je ne me posais pas de question. Il savait ce qu'il faisait. Et puis, je n'allais pas me plaindre de venir en touriste au boulot. Qui avait la chance d'avoir un patron aussi cool, franchement ?
Je me pointai donc en vélo, vêtue d'un jean noir, de ma veste molletonnée -il commençait à faire sacrément froid- et avec les cheveux flottant au vent. Hermès était appuyé contre sa bécane en mode relax. Il avait plutôt la classe dans son blouson de motard. Je descendis de vélo et le garai contre la paroi du hangar. A cet instant, je perçus des éclats de voix provenant de l'intérieur. Apparemment, deux hommes se chamaillaient. Je ne parvenais pas bien à entendre ce qu'ils disaient, mais il était question de livraison. Bizarre. N'étais-je pas la seule employée de Hermès Express ? D'ailleurs, il avait plus ou moins insinué que j'étais son associée, ce que je trouvais assez space puisqu'il me connaissait à peine. Il était vraiment du genre à accorder sa confiance trop rapidement. Je fronçai les sourcils puis me dirigeai vers le dieu des messagers.
Il me désigna un casque ainsi qu'un blouson noir renforcé. Tout était à ma taille.
"Vous connaissez mes mensurations, on dirait." dis-je avec un sourire mutin. "Quoique, je suppose que c'est un truc standard pour un blouson."
Au moment d'enfiler le casque, je grimaçai légèrement.
"Ah par contre, le casque est plutôt juste. C'est pas que j'ai la grosse tête. Mes cheveux prennent beaucoup de place."
Je souris de plus belle derrière la visière. J'avais un bon feeling concernant la journée à venir. Nous avions collectionné un karma tellement mauvais ces derniers temps que la situation ne pouvait que s'améliorer, n'est-ce pas ?
Je haussai un sourcil plein d'enthousiasme lorsque Hermès parla de me laisser conduire la moto. Avait-il une bonne assurance vie ? Etant donné qu'il ne pouvait plus se régénérer, il vivait dangereusement avec ce genre de proposition. En avait-il conscience ?
"Tu vas devoir me tenir la taille et te coller à moi. Et quand tu conduiras, ça sera à mon tour ! C’est le prix à payer pour une virée d’enfer ma jolie."
"Vous en faites pas, je vais vous coller bien comme il faut !" assurai-je avec une expression désinvolte.
C'était le deal dans une ballade en bécane. A force, je ne prêtais plus attention aux sous-entendus entre nous. C'était presque devenu une habitude. Il monta en selle et je grimpai derrière lui. Après une hésitation, je passai mes bras autour de lui. Tout compte fait, je fus plutôt raide durant les premières secondes. Cette proximité était étrange, même si je tentais d'en faire abstraction.
Je préférai me focaliser sur la promesse du voyage. Des aigles ? Evidemment que je les adorais ! J'aimais tous les animaux à poils ou à plumes.
Le moteur vrombit plusieurs fois avant que la moto s'élance vers l'inconnu. Bien qu'elle ne soit pas poussée à pleine puissance, la téléportation me donna l'impression de voyager à la vitesse de la lumière. Ebahie, je découvris une route au bord du vide, au milieu des montagnes verdoyantes et des pins. La paroi à droite, formée de pierres, était parcourue de petites cascades d'eau qui inondaient en partie la route. Dangereux et incroyablement magnifique. Où étions-nous ?
"Wow." laissai-je échapper, subjuguée.
Ce nouveau paysage avait totalement écarté ma gène. Je serrai Hermès contre moi et à chaque accélération, mon coeur battait davantage. Je n'avais pas peur. J'étais grisée par la vitesse. C'était comme prendre une forte dose de cocaïne. Je me sentais euphorique et invincible.
"Plus vite ! Plus vite !" criai-je à Hermès d'une voix exaltée.
Un sourire béat ne quittait plus mon visage.
"Et on va où comme ça ?"
Je criais toujours afin qu'il m'entende par-dessus le bruit du moteur, même si en tant que dieu, il avait une ouïe plus fine que la moyenne. Par moments, j'oubliais qu'il en était un. Quoi qu'il en soit, je me demandais le but de notre destination. C'était vraiment très intriguant. Pourquoi m'emmener faire une virée en moto et empiéter sur mon temps de travail ?
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Hermès
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Mais oui, bien sûr! Je compte moins que Vaiana ou Athéna!
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J’accélérai. Plus elle me demandait de le faire, plus j’obéissais aveuglément. C’était étrange. J’étais devenu fragile, sans ma régénération. Athéna, Apollon, Héra… Ils m’avaient tous dit de faire attention. Comme s’il avait peur à ma place. En même temps, c’était compréhensible… Mais… La mort avait des avantages. Savoir que c’était possible, de passer de vie à trépas, nous offrait une certaine adrénaline. Pourquoi je faisais ça, j’en savais rien. Je conduisais bien, en revanche, même si j’allais vite. J’accélérai dans les virages et je freinais avant. C’était la base de la physique… Je respirai à plein poumons. Autour de nous, les aigles pyguargue volaient au loin, je les voyais. La végétation était luxuriante et le glacier était en pleine reconstruction, signe que l’hiver approchait. Et il y avait surtout Vaiana. La sentir, proche de moi, c’était plutôt agréable ! Je me mis à ricaner tout seul sous mon casque, d’ailleurs, au bout de quelques minutes. Elle me faisait vraiment faire n’importe quoi. J’accélérai dans une ligne droite, poussant la moto à son maximum, mais en restant vigilant sur l’état de la route.
« Tu verras ! »
Elle m’avait posé la question, j’avais répondu, ivre de joie. Je me sentais bien. Je me sentais libre. Au bout de quelques minutes supplémentaires, nous passâmes plusieurs virages pour enfin le voir. LeLac MacDonald s’étendait devant nous, à perte de vu. Je pris une pente sévère, et je me dirigeais vers lui à bonne allure, bien que j’avais quand même réduit pour qu’elle puisse profiter du paysage. Au bout d’un certain temps, nous arrivâmes sur une plage, sauvage. La moto supporta la piste. Je venais souvent ici, mais rarement avec la bécane. Je me garais, et rompait le lien provisoire qui nous unissait. Finalement, en enlevant mon casque, je désignais le lac et la place de galet. « Alors ? C’est pas magnifique ? Je viens souvent ici, généralement pour pécho. »
Je posais le casque, tranquillement, puis je me dirigeais vers la plage de galet. Finalement, après quelques pas, je me retournais vers Vaiana en ricanant. « T’as compris ce que je voulais dire. Pour attraper des poissons. On est plus à ça prêt entre nous tu me diras... »
Passant une main dans ma nuque, j’avançais de quelques pas, et me dirigeait vers la plage de galet multicolore. La désignant, je soupirais un peu, mélancolique. « C’est généralement ici que je viens quand ça va pas trop. Je fais des trucs simples, lire, penser, pêcher. Pour me vider la tête. C’est un endroit que j’aime bien. Je voulais que tu le vois. »
Je mis les mains sur les hanches, et j’attendis qu’elle me rejoigne. Calmement, je regardais la surface de l’eau, presque lisse. Avec un sourire malicieux, je l’observais. La regardant dans les yeux, je maintenais mon regard, comme si je voulais que le message soit clair. « C’est calme. Mais pour moi, c’est ce que la Nature a de plus à offrir. »
Je m’accroupis, saisissant plusieurs galets de différents couleurs. C’était très beau, c’est pour ça que j’aimais venir ici. J’en tendais plusieurs à Vaiana. « Tout ça… C’est fait lentement. Par la fonte, et la régénération du glacier que tu vois au loin. Et c’est merveilleux. La Nature est merveilleuse, elle marche par cycle. Et ils ont tous leur importance. »
Je reposais les cailloux que j’avais dans la main, car c’était là qu’était aussi leur place. Avec un léger sourire aux lèvres, je me voulais apaisant. Je mis ma main dans l’eau qui était assez fraîche. Puis je secouais doucement ma main. Je me tournais à nouveau vers elle.
« Elle peut aussi être redoutable, comme un volcan. Et faire des choses terribles. »
Elle savait très bien de quoi je voulais parler. J’avais un peu envie de briser la glace entre nous. Quelques détails depuis que je la connaissais m’avait un peu troublé, et je n’étais pas idiot. « Tout ce que je veux dire, c’est qu’il faut penser au côté positif qu’elle a à nous offrir. Et que les choses merveilleuses ne se font qu’avec patience. Détruire est facile, construire est complexe et long... »
Mes yeux se perdirent à l’horizon, et ma vue se troubla. L’espace d’un instant mon esprit vagabonda sur l’eau, dans mes souvenirs, plein de mélancolie. Tout ça n’existait plus chez moi, le Nuage avait tout emporté. « Bref. »
Je me relevais, et je posais un doigt au milieu de sa poitrine, avec plus de détermination qu’autre chose, mes yeux dans les siens.
« J’vais arrêter de me la jouer grand-mère Feuillage. Ce que je veux te dire, c’est que quand tu as la sensation de perdre le contrôle, pense à ici. Patience, sérénité, et confiance en soit. C’est la clef du succès. Mais ne va pas dire aux autres que je suis si sage. De toute manière, je crois qu’il ne te croirait pas. J’ai mis des années à créer une fausse image de moi pour qu’on soit surpris le jour où ça surgira, va pas tout gâcher. Passer pour un idiot, c'est pas si facile que ça en a l'air. »
Cette fois-ci, j’éclatais de rire, en lui ébouriffant affectueusement les cheveux. Avec l’humidité, ça frisait beaucoup. Et c’était assez rigolo de les secouer pour les voir s’entremêler et faire des centaines de bouclettes. Je les observais en m’arrêtant de rire. Mais, mon regard se tourna derrière Vaiana. Un Ours et deux oursons venaient d’apparaître, se dirigeant calmement vers la rive, à quelques pas de nous. « Oh, c’est rien. Elle vient souvent avec ses deux petits. Une fois, elle a sorti un poisson sous mon nez. On ne risque rien du moment qu’on n’a pas de nourriture sur nous. »
Les observant, j’étais calme. Mais… Un peu moins, quand je vis la mère se tourner vers nous, renifler l’air ambiant, se lécher les babines et se diriger doucement vers nous. « Euh… T’as pas de bouffe sur toi ?! »
Vaiana de Motunui
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Je n'avais pas besoin de parler afin d'exprimer mon émerveillement : mon regard signifiait tout. J'avais l'impression de ne pas avoir les yeux suffisamment grands ouverts pour assimiler la beauté sauvage du paysage. La Nature était vraiment impressionnante. Où que l'on aille, elle trouvait toujours le moyen de nous surprendre.
Dès l'instant où j'avais quitté la moto, j'avais ôté mon casque et ouvert mon blouson. Le vent frais s'engouffra à travers mon sweat-shirt. Le frisson qu'il provoqua me fit me sentir vivante.
Ebahie, je m'avançai sur la plage des galets multicolores -en manquant de me tordre la cheville plusieurs fois, et mis un genou à terre pour en prendre plusieurs galets en main.
"Vous pouvez pécho tout ce que vous voulez avec un panorama pareil. Poissons, nanas... rien ne peut vous résister ici." dis-je pour commenter ses propos. "C'est une idée à creuser si jamais vous avez du mal à conclure avec quelqu'un."
Puis, il m'expliqua les raisons pour lesquelles il appréciait tant cet endroit : le calme paisible qui s'en dégageait l'aider à se recentrer, à retourner à l'essentiel. J'aurais voulu y parvenir. J'avais beau être fascinée par la Nature, je n'arrivais plus à m'y connecter. Quelque chose était fissuré en moi. J'ignorais de quoi il s'agissait, mais cela m'empêchait d'être sereine.
A son tour, Hermès saisit différents galets tout se lançant cette fois dans un cours de géologie. Bien que je ne sois pas spécialement bonne élève, j'écoutai avec attention. C'était passionnant. Il finit par reposer les galets et je fis de même avec les miens à contrecoeur. J'aurais voulu en garder au moins un, en souvenir. Mais d'un autre côté, il avait raison : leur place n'était pas sur un rebord de fenêtre dans mon appartement, mais sur la plage de ce lac, à être caressé par l'eau ou par les rayons du soleil.
Je plongeai les mains dans l'eau pure et glacée, et les passai sur mon visage. Un frisson parcourut mon échine. Après quoi, je me relevai pour observer la montagne qui se reflétait dans le lac.
Hermès orientait la conversation vers la violence parfois destructrice de la Nature et je sentis ma mâchoire se contracter. En mon for intérieur, j'avais toujours pensé que le pouvoir qui bouillonnait parfois en moi se manifestait de cette manière car je n'arrivais pas à le comprendre. Je ne saisissais pas pour quelle raison la Nature m'avait choisie. Pourquoi moi ? Je ne réussissais rien, je n'étais rien. Mon être était perverti par toutes les drogues que je prenais continuellement, et c'était la seule chose qui me permettait d'avoir un tant soit peu de contrôle sur mes capacités surnaturelles. Je ne voyais qu'une conclusion : la Nature s'était trompée. Il était Temps qu'elle oriente son choix sur quelqu'un d'autre.
J'avais le coeur trop lourd pour en parler à qui que ce soit. Et surtout, j'avais bien trop honte. C'est dur d'admettre qu'on est incapable de réaliser la tâche qui nous a été donnée.
Rentrant la tête dans les épaules, je sursautai quand je sentis le doigt de Hermès se poser tout près de mon coeur. Interdite, je le dévisageai. Patience, sérénité, confiance en soi. Trois qualités dont j'étais dépourvue. Il ne me connaissait pas si bien, en fin de compte. Quand allais-je le décevoir pour de bon ? L'échéance se rapprochait, c'était certain. Que se passerait-il, à ce moment-là ? Je déglutis. Je ne voulais pas le savoir.
Je me forçai à sourire quand il ébourriffa mes cheveux, pour donner l'air d'avoir suivi tout ce qu'il avait dit. En réalité, je détestais qu'on pose les mains dans ma chevelure. Tandis que je tentais de les aplatir, Hermès me fit remarquer que nous n'étions plus seuls. Je me tournai vers les trois ours qui venaient d'arriver. De toute évidence, la mère avait bien envie de tailler la bavette avec nous.
"De la bouffe ?" répétai-je, prise au dépourvu. "Euh... je crois pas..."
Je fouillai la poche ventrale de mon sweat puis vérifiai celles de mon jean noir. Non, je n'avais rien de comestible. La grande ourse avançait toujours vers moi, sa truffe humide humant l'air d'un air avide. Soudain, je compris. Je remontai ma manche et reniflai mon bras.
"Je crois que c'est mon odeur qui lui donne faim. Je mets de l'huile de Monoï parfumé à la vanille tous les jours après ma douche..."
Anxieuse, j'ajoutai :
"Ca veut dire qu'elle va vouloir me bouffer, vous croyez ?"
En tous cas, elle continuait d'approcher. Elle se lécha les babines et poussa un petit grognement qui invita ses petits à la rejoindre. Ils trottinèrent vers nous en se léchant les babines à leur tour.
"Okay... le buffet froid va fermer, désolée !"
J'attrapai Hermès par la main, récupérai mon casque et l'entraînai d'un pas vif jusqu'à la moto. Mieux valait déguerpir fissa.
"C'est fou, dès que j'arrive quelque part, la patience et la sérénité se barrent direct." fis-je remarquer tout en mettant mon casque. "Mais cet endroit était très cool pendant les deux minutes où on y est resté."
Les ours accélérèrent l'allure dans notre direction et je m'empressai d'enjamber la moto. Cependant, Hermès ne m'accompagnait pas.
"Boss ? Ca serait pas mal de partir genre maintenant non ?" fis-je, déstabilisée.
Il fit apparaître des poissons qui lança en l'air. L'ourse en attrapa un au vol et le dévora, tandis que les oursons se jetaient sur le second. Puis, il disposa des pots de confiture ouverts sur la plage de galets, afin d'entraîner les ours plus loin.
Je haussai un sourcil puis m'accoudai sur le guidon de la moto afin de l'observer. Ingénieux et amusant à voir.
"Vous êtes sûr que ça va suffire à les éloigner ?" demandai-je, sceptique. "Mon huile de Monoï est plutôt tenace. J'aurais bien pris un bain pour enlever l'odeur mais... l'eau du lac est quand même sacrément froide."
Je frissonnai à cette idée, bien qu'elle m'ait traversé l'esprit. Peut-être qu'il avait un meilleur plan.
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J’avais fait apparaître des pots de confiture et des pots de miel partout. J’avais également fait apparaître deux saumons d’élevage. Pensif, alors que Vaiana était plus ou moins parti en courant, je me demandais si j’étais aller les chercher dans un élevage bio. C’était hors de question que j’empoisonne ces trois magnifiques créatures avec les cochonneries que les hommes mettent dans les animaux. Pensif et amusé, j’observais les deux oursons se battre pour manger. « Tu as un sacré courage. La dernière fois que j’ai vu quelqu’un d’aussi courageux, je crois que c’était sous l’Empire Romain. »
Je ricanais, tout en me dirigeant vers la moto et terminait les quelques pas qui me séparaient de Vaiana. Je fronçais les sourcils, et poursuivit : « Tu te crois un peu trop irrésistible. Même si c’est le cas, c’est pas bien de le dire. »
Je ricanais doucement et je mis mon propre casque sur ma tête, lui faisant un léger clin d’oeil amusé. A la réflexion, je ne montais pas tout de suite sur la moto. A la place, je fis apparaître un espèce de parchemin et un stylo. Rapidement, je le signais et je le tendais à Vaiana. « C’est ton brevet de tutoiement. Tu devrais commencer maintenant. Ca me perturbe que tu me vouvoie. Une fois, un homme m’a dit que soit on vouvoie les gens parce qu’on les respectent énormément, soit parce qu’on les emmerde profondément. J’espère que tu me respectes. »
Je ricanais, lui laissant lire le petit brevet que j’avais établi. C’était du folklore, mais comme elle ne savait jamais trop si c’était du lard ou du cochon, je haussais les épaules. Toujours mon casque sur la tête, j’avançais vers Vaiana. Mes narines se dilatèrent. Je fronçais les sourcils finalement d’un air assez convaincu. « Hm. C’est vrai que c’est irrésistible… »
J’enfourchais la moto. Je mis rapidement un coup de kick pour démarrer. Rien. Broat broat. Puis que dalle. Je haussais les sourcils, enlevait le casque et descendit de la moto. Fronçant les sourcils, je mis les mains sur les hanches, et j’observais à la fois Vaiana, et la moto. « Bon. Je te fais le coup de la panne. Un grand classique... Surtout ici. »
Je me penchais sur la moto, me concentrant sur le moteur en fronçant les sourcils. Qu’est ce qu’elle avait encore ? Pourquoi j’avais pris une moto aussi vieille ? J’aurai pu faire apparaître un moto plus neuve. Mais je tenais à celle là et c’était avec celle que je voulais faire le road trip. Je fronçais les sourcils. « Si je te fais ça, peut être que ça marchera entre nous. »
J’avais une main dans le moteur et mon regard se porta sur Vaiana. Hein ? J’avais dit quoi ? A qui je parlais ? A la moto ou à la jeune femme à cheval sur ma bécane. Mes joues rosirent légèrement. Je vissais un peu une pièce, mais en vain. J’en avais pour une heure de mécanique. « Je parlais à ma moto… »
Oui bien sûr. C’était courant, les gens qui parlaient à leurs motos. Finalement, je me reculais, l’observant. Puis je regardais Vaiana. J’étais coincé. J’aimais les choses bien faites. Les trucs bien rangés, même si je pouvais parfois paraître bordélique, chaque chose avait une place. Si j’avais décidé de faire cette virée avec cette moto, et avec Vaiana, c’était pas pour rien. J’y tenais beaucoup. Je ne voulais pas faire autrement. Je m’étais projeté là dedans, et c’était hors de question de faire quoi que ce soit d’autre. Derrière, j’entendais les ours grognaient de plaisir. Je mis les mains sur mes hanches et regardait Vaiana. « Bon bon bon... »
Je me repenchais sur la moto. Par maladresse, j’effleurais la jambe de Vaiana de haut en bas. Mon visage remonta vers le siens, et quelque chose passa dans mon regard. Rien que ce contact m’avait électrisé. Je reculais, comme si j’avais réellement pris la foudre. « On va s’en passer ! On va s’en passer ! »
Passer de quoi ? De quoi je parlais ? Est-ce que je parlais encore de cette foutue moto. D’ailleurs, c’était de sa faute. Si elle n’avait pas décidé de tomber en panne, j’aurai jamais fait de quiproquo et j’aurai jamais touché sa jambe. Mais après tout, j’avais fait que l’effleuré. J’avais rien fait de mal. J’étais très gêné. Mais j’avais quand même au bout de quelques secondes réussi à regagner mon sang froid. « Bon. On va la laisser là. Le truc c’est que j’avais prévu d’aller ensuite dans les grandes lignes droites d’Arizona. Et à pied c’est vraiment moyen. On devait aussi traverser New York, allez en Floride sur la plage avec… Toute la journée tournée autour de cette moto. Et elle a tout gaché. Hm... »
Oui. Je m’emballais pour pas grand-chose. Mais encore une fois, quand j’avais quelque chose dans la tête c’était en général pas à moitié. Je l’observais, tendant la main. On aurait pu dire un enfant qui essayait d’attraper la pluie comme ça sous une goutière. « La vie est faites d’imprévu et il faut savoir rebondir dessus si on ne veut pas la gâcher. Dit un endroit, et je t’y emmène. Peu importe, du moment que je suis avec toi, le reste je m’en moque. C’était une journée pour nous, pour mieux se connaître, et ça doit continuer comme ça. »
Toujours la main tendue, je l’observais. Qu’allait-elle décider ? Dans quel endroit du monde allons nous aller ? On pouvait aller n’importe où dans la limite de mes capacités.
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Il était en train de se moquer de moi, là ? Irritée, je rétorquai :
"Je me suis enfuie pour ne pas être obligée de blesser ces ours s'ils étaient devenus trop collants. Je ne leur veux aucun mal mais si la maman avait cherché à me bouffer, il aurait fallu que je me défende."
Et je ne souhaitais pas me battre avec des animaux, car ils n'étaient pas foncièrement mauvais, c'était leur instinct qui leur dictait d'agir de cette manière.
Je haussai un sourcil lorsque Hermès me tendit le brevet de tutoiement. Il était sérieux ? Amusée, je le parcourus rapidement et me rendis compte que le dieu des messagers l'avait véritablement rédigé. C'est à la fois super drôle et super bizarre, mais je commençais à être habituée à ses excentricités. Ca pimentait le quotidien.
"Une fois, un homme m’a dit que soit on vouvoie les gens parce qu’on les respectent énormément, soit parce qu’on les emmerde profondément. J’espère que tu me respectes."
Je laissai ma réponse en suspens, me contentant de lui jeter un coup d'oeil énigmatique. Ce qui se passa ensuite fut plutôt étrange, voire carrément inquiétant. Hermès eut une sorte de crise de schizophrénie, puisqu'il se mit à se parler tout seul. Ou plutôt, il parlait à sa moto qui refusait de démarrer.
"Si je te fais ça, peut être que ça marchera entre nous."
Je tressaillis. Me faire quoi ? Son regard se porta vers moi. Je tentai de cacher mon embarras en gesticulant sur la bécane pour me donner une contenance. Peut-être aurais-je dû descendre ? Il précisa qu'il parlait à sa moto. Oui bien sûr... et Hei Hei est un pélican. Il aurait été beaucoup plus crédible s'il n'avait pas rougi. Je ne fis aucun commentaire et croisai les bras tout en l'observant, l'air faussement désinvolte.
Un nouveau frisson me parcourut lorsqu'il effleura ma jambe par mégarde. Il se redressa d'un bond comme s'il avait reçu un coup de jus. Il annonça qu'on laissait la moto sur place, ce qui me parut aberrant.
"Vous êtes sûr ? On va la laisser là, à la merci des pigeons et des mouches ?" fis-je, incrédule.
Il coula un regard vers moi et avant même qu'il dise quoi que ce soit, j'ajoutai :
"J'ai pas encore signé le brevet ! Du coup, je peux continuer de vous vouvoyer !"
Je tapotai le parchemin du bout du doigt avant de le rouler et de le ranger dans la poche intérieure de ma veste, avec le stylo. Après quoi, je la zippai.
"Je réfléchis pour le brevet. Je peux pas vous tutoyer. Le vouvoiement crée une distance entre nous et je crois qu'on en a vraiment besoin."
Je fis tourner ma langue dans ma bouche puis enchaînai pour ne pas laisser l'embarras s'installer :
"En plus, vu que vous avez engagé des gens, ça serait bizarre que je vous tutoie alors qu'eux non. Ca créerait un fossé entre employés, qui engendrerait forcément des inégalités et ils finiraient par crier à l'injustice. Vous voyez le genre ? Ca peut aller très vite, ces choses-là."
C'est fou à quel point je pouvais me convaincre de trucs complètement stupides. Je cherchais surtout un moyen de ne pas signer le brevet du tutoiement. J'avais l'impression qu'en apposant mon nom dessus, je laissai la porte ouverte à n'importe quel débordement entre nous. Nous avions réussi à bien nous tenir jusqu'à maintenant. Hors de question que ça change.
En entendant tout ce que Hermès avait prévu au fil du voyage, je sentis la déception m'envahir. Je voulais tout ça ! Rouler sur les routes d'Arizona, traverser New York, faire une escale sur une plage de Floride... Je savais que s'y rendre sans la moto enlèverait une bonne partie de magie. Il me tendit la main et me demanda de choisir une destination. Je baissai les yeux sur sa paume ouverte. La téléportation allait s'avérer beaucoup moins divertissante. Je souhaitais sentir de nouveau la vitesse et le danger.
C'est pour cette raison que je ne saisis pas sa main. A la place, sans aucune explication, je me mis en quête de quelque chose. Les ours étaient occupés avec les pots de confiture sur la plage, ce qui me laissait une grande marche de manoeuvre. Du moment que je ne m'approchai pas d'eux, ils ne risquaient pas de me calculer. J'attrapai une branche par terre, la soupesai puis la jetai sans ménagement. J'en saisis une autre, beaucoup plus lourde, et retournai vers Hermès. Je lui décochai un sourire audacieux et me plantai devant la bécane.
Là, je donnai un grand coup de branche dessus.
"Quand la manière douce ne fonctionne pas, faut employer la manière forte !" lançai-je d'un ton farouche.
Je la cognai une seconde fois, puis une troisième, juste au cas où. Après quoi, je jetai la branche un peu plus loin et enfourchai la moto. D'un geste sec et téméraire, je fis tourner la clé dans le Neiman. Aussitôt, un vrombissement retentit dans toute la vallée. Avec un sourire mi-réjoui, mi-stupéfait, je levai la tête vers Hermès. Les ours nous lancèrent un regard interrogateur, avant de se remettre à manger.
"Honnêtement, je pensais pas que ça marcherait." reconnus-je tout en passant une main dans mes cheveux.
Je m'empressai de me reculer pour tapoter le siège juste devant moi, afin que le dieu vienne s'installer. Mon sourire devint complice. Je remis mon casque et une fois que Hermès fut assis, passai mes bras autour de lui.
"Je suis prête." annonçai-je à son oreille. "Fais-moi décoller."
J'allais devoir le signer, son fichu brevet de tutoiement, en fin de compte...
La moto s'emballa et je me cramponnai instinctivement à Hermès. Je me demandai quelle direction il allait prendre en premier. New York ? La Floride ? L'Arizona ? Qu'importe, j'avais les yeux grands ouverts. Il n'avait pas encore choisi de nous téléporter, sans doute afin que nous puissions profiter des montagnes et de la route qui se découpait contre le flanc d'une falaise. Posant ma joue -casquée- contre le dos du dieu, je laissai mon regard se perdre dans l'azur du ciel. J'étais bien. Apaisée. Je ne parvenais à l'être que dans les extrêmes.
La falaise disparut, remplacée par une forêt dense. Machinalement, je tournai la tête vers cette dernière, presque hypnotisée par les arbres dont le feuillage rouge et or devenait des traînées de couleur dans notre sillage.
Soudain, il y eut un claquement contre la roue arrière. Je n'eus pas le temps de me pencher pour regarder que je sentis la moto tourner sur elle-même. Ce fut si bref que je ne réussis pas à assimiler ce qui venait de se passer. Je roulai au sol sans possibilité de m'arrêter. Ma tête heurta le bitume à de nombreuses reprises, provoquant des claquements terribles contre mon casque dont la visière finit par se fissurer.
Enfin, au bout de plusieurs secondes qui me parurent être une éternité, je m'immobilisai sur le dos. Un cri plaintif s'échappa de ma gorge et je grimaçai vers le ciel lézardé. Mes articulations étaient en feu. Mon corps tout entier bouillonnait. Un goût métallique tapissa l'intérieur de ma bouche. Au prix d'un terrible effort, je me tournai sur le côté. A travers ma vision floue, j'aperçus Hermès à terre, plusieurs mètres plus loin. Un homme sortit brusquement de la forêt. Il tenait une arme de pointe. Sans aucune hésitation, il visa sa gorge et tira.
Dans un geste dérisoire, je tendis la main vers lui. Ma paume était en sang.
Il va s'en sortir... C'est un dieu... Les armes ne peuvent rien lui faire...
Je peinais à formuler une pensée cohérente. Ma vision se faisait de plus en plus floue. Une odeur de pneu brûlé envahit mes narines. Le casque m'oppressait. J'avais l'impression de ne plus réussir à respirer. Encore plus loin sur la route, de la fumée s'échappait de la moto.
Soudain, une ombre tomba sur moi. Je levai les yeux et vis un autre homme, armé lui aussi. Un sourire mauvais passa sur son visage tandis qu'il me regarda. J'aurais voulu m'échapper mais le simple fait de ramper me paraissait insurmontable.
"Trop facile." commenta-t-il.
Il mit son arme en joue et tira. L'instant d'après, je sombrai dans l'inconscience.
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Hermès
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Mais oui, bien sûr! Je compte moins que Vaiana ou Athéna!
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Vous pouvez vous accrocher à tous vos artifices. Essayez de tout changer. Nous sommes nés ainsi.
C’était aller très vite. Trop vite. La roue de la moto était devenue incontrôlable. La suite, vous la connaissez. Quand on a un accident, tout semble à la fois s’arrêter et aller très vite. Ca ne m’était jamais arrivé, mais c’était la sensation que j’en avais eu. Le décor qui penche du mauvais côté, la douleur de l’impact, du bitume qui se déroule sous votre corps. Par chance, j’étais plutôt bien équipé, en raison de ma fragilité à me régénérer. Mais ça n’avait pas été suffisant. J’avais roulé, longtemps, et à chaque tour, je sentais des contusions se créer. Ce fut ensuite le chaos. Le plus total. Mon visage, sur la route d’abord, puis vers Vaiana. Etendu plus loin. Qu’est ce que j’avais fait ? Mon premier réflexe, fut de me relever, avec peine. Je ne pouvais pas me régénérer, mais j’étais quand même d’une bonne résistance. Tout revenait peu à peu, mes sens. Pourtant, j’entendais ce sifflement avec insistance.
« Va… Vaiana ! »
J’avançais vers elle. Si, j’avais eu l’intelligence de regarder d’abord autour nous, et de comprendre, j’aurai agi différemment. Si, j’avais vu l’homme sortir des bois, je me serai téléporté derrière lui et je l’aurai anéanti. Rayé de la face du monde pour avoir fait ça. Mais, faiblesse ou non, je n’avais d’yeux que pour son corps étendu sur le sol. Je ne regardais pas ailleurs, je ne ressentais pas les auras, hormis la sienne qui était encore bien que faible, bien présente dans ce monde. Alors, je m’élançais. Mais… Une douleur m’envahit dans la gorge. Je n’eus que le temps de me retourner pour voir qui avait fait ça. Et de lui lancer un regard qui en disait long.
Plus tard, plus long, à une durée indéterminée.
On raconte beaucoup de choses sur les dieux, les héros et les mythes. On sait qu’ils peuvent faire de grande chose, quand ils ont leurs pouvoirs. On sait également, que leurs actes ont tellement marqué le monde, qu’ils perdurent encore dans l’esprit collectif. Vous vous dites, c’est impossible. Vous vous dites, c’est stupide. Alors oui, c’est stupide, mais pas impossible. Il arrive parfois, que l’on puisse montrer certaines faiblesses. Et, en règle générale, elles nous coûtent beaucoup. C’était ce qui m’était passé à l’esprit, pendant que je me réveillais doucement. J’avais largement eu le temps de faire un bilan sur ma vie, entre la chute et le tir dans la gorge. J’étais persuadé que, c’était terminé. Qu’à l’instant où j’avais vu le fusil pointé sur moi, j’allais atterrir ailleurs, plus loin. Mais, quelque soit les lois de la Nature, certains ne semblaient pas vouloir s’appliquer avec moi. Quoi qui se passe, quoi qu’il arrive, je survivais. M’asseyant dans ma cellule, un peu vaseux, voir beaucoup, je pensais à tout ça. J’avais même eu une théorie. Je m’étais pensé à imaginé que la Nymphe qui avait aidé la Titanide à ce que je vois le jour, devait être une espèce assez particulière, car que ce soit Héra ou moins, quelques soient les événements, nous survivions. Soudain, je fus ramené à la réalité. Qui avait fait ça ? J’allais déclencher ma colère sur eux. Tout abattre, tout détruire. Je ne le faisais jamais, mais j’en étais capable, et là, j’en avais envie. D’instinct, je cherchais à utiliser mes pouvoirs pour faire apparaître mon armure divine. Mais, j’étais comme coupé du lien qui m’unissait normalement au monde, et rien ne vint. J’avais perdu mes pouvoirs. D’abord, la panique. Qu’allais-je faire ? Qui avait pu faire ça ? Quelque chose avait changé. Doucement, je mis ma main sur mon coup, me rendant compte que je disposais d’un élément nouveau. Une espèce de pastille, qui était dans un matériaux que je n’arrivais pas à identifier. Mais d’instinct, je savais que c’était ça qui me couper du monde. D’instinct. Ca revenait plusieurs fois. Car j’avais ça en moi. La survie. Mon regard passa immédiatement sur l’environnement immédiat. Nous étions dans ce qui ressemblait le plus à une cellule. Au sein d’une toute petite cabane. Tout était sommaire, fait de bois, à la va vite. La cellule comportait des barreaux, sur tout un pan de mur et je pouvais voir que la pièce était vide de personne. En revanche, plusieurs ordinateurs que je n’avais jamais vu, de haute technologie, ainsi qu’une multitude de cable à faire rendre fou quiconque passait l’aspirateur étaient présents. Je regardais tout ça, le regard vitreux. Rapidement, mes yeux comprirent qu’il n’y avait aucune échappatoire, et que j’étais peut être condamné. Puis, je me rappelais.
« Vaiana ! »
Soudain, je me tournais. Trouvait la force et l’énergie en moi nécessaire pour me relever. Je me ruais sur elle, et je m’accroupissais à ses côtés. Elle avait les mains, les coudes et les genoux ensanglantés. Mais un rapide coup d’oeil me permit de voir qu’aucune lésions n’étaient fatale. D’ailleurs, après avoir vu qu’elle allait bien, je me concentrais sur ma propre condition. J’étais à peut prêt dans le même état, à la différence d’une entaille assez importante au mollet, qu’on avait très sommairement compressé et soigné à la va vite. « Est-ce que tu vas bien ? »
Je l’avais pris dans mes bras. Pourquoi j’avais fait ça, j’en savais trop rien. C’est dans les moments comme ça qu’on se rend compte ce qui tient vraiment pour vous, peut être. Ou alors j’avais eu peur de tuer quelqu’un par accident. Quoi qu’il en soit, je la serrai un peu contre moi, remarquant l’odeur de monoï. Finalement, je la libérai, le visage un peu déconfit. C’était peut être pas le moment de se faire un câlin ? « Ca va aller. »
J’avais pris sa main, et, j’avais trouvé la force de sourire. Confiant. Je venais d’un monde où j’avais appris, qu’il était très important de garder foi et espoir en un avenir meilleur. Et je savais aussi que les autres, leurs attitudes, ça jouait beaucoup. Que seuls, nous n’étions rien, et qu’ensemble, nous étions tout. « Je suis là. Et je vais nous sortir de là. »
J’avais lâché ses mains. C’était une vraie promesse. Elle sonnait comme un espoir infini, parce que j’y croyais. J’y croyais de tout mon corps. Parce que je savais une chose. Nous étions des dieux. Vous pouviez nous enlever nos pouvoirs, ils n’étaient jamais loin. Vous pouviez nous réduire à pas grand-chose, nous revenions toujours. Nous étions là, encore et encore. Tenaces à travers les âges. Ce n’est pas nos capacités, nos pouvoirs, nos possibilités, qui faisions ce que nous étions. C’était juste… Comme ça. Il n’y avait pas à chercher plus loin. Alors, même si je me relevais comme un homme, simple et fragile, j’avais le regard d’un dieu. « Reste là. Je vais trouver une solution. »
Je m’étais tourné vers la cellule. Penché sur les barreaux, je regardais l’extérieur d’un air calme et posé. Ca ne servait à rien de gueuler ou de se précipiter. Il fallait que je réfléchisse. J’étais hors d’atteinte de tout, et je n’osais pas enlever la pastille dans mon coup. Je savais qu’elle devait comporter des sécurités. Avec un certain espoir, je me disais que peut être, Pégase ou les autres l’avaient senti. Pianotant sur les barreaux, finalement, je ne trouvais aucune solution immédiate. L’usage d’un tiers était donc nécessaire pour sortir. « Ohééé ! Y’a quelqu’un ! J’ai un peu mal à la jambe ! Je sais pas qui est le sagouin qui a fait ça, mais faut vraiment qu’il se renseigne sur comment on fait les bandages ! Oh, sympa. L’écran de veille de la femme à poil là bas ! »
Je jouais un rôle, depuis toujours quand j’étais comme ça. Parce que la vérité avait toujours trop dure à accepter. Et, la personne derrière moi était la première à voir qui j'étais vraiment, au fond de moi.
Vaiana de Motunui
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Rage is a quiet thing Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait Rage, is it in our veins?
| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde | Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie
...On a last chance power drive. (Bruce Springsteen)
▼۞▼
Groggy, hagarde, j'ouvris les yeux sur ce qui ressemblait à une cellule construite à l'intérieur d'une cabane en bois. C'était quoi ce délire ? Je mis un certain temps à me rappeler. L'accident. La douleur. L'odeur de brûlé. Hermès.
L'angoisse me saisit au coeur. Où était-il ? Que s'était-il passé ? La réponse vint d'elle-même quand je sentis des bras m'entourer. Son odeur m'enveloppa. Je me cramponnai à lui comme je l'avais fait quand nous étions sur la moto, mais mes mains blessées m'obligèrent à le relâcher très vite. Il était toujours vivant. Il allait bien. Je savais bien qu'un dieu, c'était coriace ! Je me laissai aller contre lui, un peu mollement, savourant ce simple contact.
"Je... vais." articulai-je.
Ma voix était enrouée. J'ignorais s'il avait entendu ma réponse à sa question. De toute façon, ça n'était pas vraiment une réponse. En réalité, j'ignorais si j'allais bien. J'avais mal partout. Lorsqu'il s'éloigna de moi, je me redressai pour de bon sur le banc sur lequel je me trouvai, grimaçant lorsque mes paumes me brûlèrent au contact du métal. Mes genoux et mes coudes étaient en piteux état, eux aussi.
Hermès semblait déterminé à nous sortir d'ici. Il cherchait activement un moyen de s'échapper, ou du moins d'attirer l'attention de nos geôliers. Dans un geste prudent, j'effleurai le dispositif collé contre mon cou. Un tressaillement me parcourut. Je détestais les corps étrangers. Les piercings n'étaient pas mon délire, quant aux perfusions, uniquement quand elles délivraient de la morphine. Je ne supportais pas ce truc accroché contre ma nuque.
"C'est sûrement un inhibiteur de pouvoir. Un machin dans ce genre." marmonnai-je en déglutissant.
Etant donné dont la manière se comportait Hermès, j'en conclus qu'il avait aussi perdu ses pouvoirs. Inutile donc de tenter d'appeler Hypérion ou qui que ce soit par la pensée. Nul ne m'entendrait. Le dispositif bloquait sûrement la télépathie.
Anxieuse, j'observai la plaie sur le mollet du dieu des messagers. Il devait avoir sacrément mal. Malgré tout, il se tenait debout.
Une seule question martelait mon crâne : pourquoi ? Pourquoi nous avait-on attaqués ? Qui nous cherchait des noises ? Ce genre d'attaque était plutôt inhabituel. Se pouvait-il que de simples humains aient réussi cet exploit ? Je réfléchissais autant que me le permettait mon cerveau en compote.
Puis, avec difficulté, je me levai et m'approchai de Hermès pour poser une main sur son épaule.
"Je pense pas que quelqu'un viendra. Pas tout de suite en tous cas."
Je haussai les épaules. Ca n'était qu'une théorie, sûrement stupide, mais je l'exposai malgré tout :
"S'ils veulent nous faire flipper, le meilleur moyen c'est de nous faire poireauter. Y a rien de pire que d'être dans l'ignorance. Les idées noires se développent très vite et la peur encore plus."
Je croisai son regard et affichai une moue dubitative. J'aurais aimé qu'il en soit autrement. J'aurais voulu être confrontée directement à nos ennemis afin de comprendre de quoi il retournait. Je détestais être dans l'incertitude. C'était un état d'esprit que je ne connaissais que trop bien.
Je refermai mes doigts autour des barreaux de la cellule, afin de tester leur solidité.
"Dommage que vous n'ayez plus votre super force. Vous auriez pu les tordre comme un rien."
Je me reculai de quelques pas puis plongeai les mains dans la poche ventrale de mon sweatshirt. Lorsque je sentis le contact d'un métal tiède contre ma peau, je fronçai les sourcils. Mes doigts écorchés parcoururent le relief de l'objet. J'écarquillai les yeux de surprise lorsque je compris.
L'instant d'après, je brandissai une clé sous le nez de Hermès. Toujours aussi stupéfaite et sceptique, je la glissai dans la serrure de la cellule, en me contorsionnant à moitié pour l'atteindre, puisqu'elle était fatalement tournée de l'autre côté. Les barreaux n'émirent plus aucune résistance : la porte coulissa dans un subtil grincement.
"Ok. Ca sent le piège." conclus-je.
Quel geôlier laisserait la clé à son prisonnier ? J'interrogeai Hermès du regard, puis hésitai quelques secondes avant de faire un pas hors de la cellule. Je m'attendais presque à ce que notre ennemi me tombe immédiatement dessus, façon piano comme dans les cartoons. Rien.
Hormis le ronron des ordinateurs, la cabane demeura silencieuse. Je m'approchai des machines et tentai d'y accéder.
"L'interface est bloquée. Il faut un mot de passe." déclarai-je, sans surprise.
Ca aurait été trop beau pour être vrai. Je tapai du poing contre la table et me redressai.
"Vaut mieux pas traîner dans le coin. Je le sens vraiment pas."
D'un pas alerte, je me dirigeai vers la porte que j'ouvris, puis m'élançai au-dehors. Une forêt immense semblait s'étendre à perte de vue. Où que se pose mon regard, il n'y avait que des arbres au feuillage rouge et or. Une odeur d'humidité emplit mes narines en même temps que le vent vif me cingla de toutes parts. Je fermai ma veste de moto déchirée et m'éloignai à grands pas de la cabane. Nous étions sûrement toujours dans le Montana, mais à quelle distance du lac Macdonald ? Impossible de savoir.
Brusquement, un détail m'alarma et je me tournai vers Hermès.
"Tu penses que tu vas pouvoir courir ?"
Je baissai les yeux vers sa jambe blessée.
"Si j'avais été au meilleur de ma forme, j'aurais pu te porter, mais là..."
Un pâle sourire décrispa les traits de mon visage. Un peu d'humour n'a jamais tué personne. Et puis, c'était notre manière de communiquer, tous les deux.
Reprenant la marche rapide, j'ajoutai :
"On doit mettre le plus de distance possible entre nous et cette cabane."
Je me pris les pieds dans une racine et manquai de perdre l'équilibre. Je me rattrapai de justesse contre un arbre. Je secouai mon pied prisonnier des racines et cela n'ayant aucun effet, me penchai pour le déloger, mon autre main restant posée contre l'écorce de l'arbre.
"Le truc qu'on a dans le cou..." songeai-je à haute voix. "Si ça se trouve, en plus de bloquer les pouvoirs, ça sert de balise. Si ça se trouve, ils savent exactement où nous..."
A cet instant, quelque chose siffla contre mon oreille. Je ne compris pas de suite ce qui venait d'arriver. Je découvris une flèche, plantée dans l'écorce de l'arbre, à une dizaine de centimètres de ma tête. C'est seulement lorsque je voulus bouger ma main que je compris le véritable problème : la flèche faisait barrage. Elle était plantée dessus.
Un glapissement m'échappa. J'eus l'impression de me liquéfier toute entière. Curieusement, je n'avais pas mal. Pas encore.
Blafarde, je tournai la tête vers Hermès pour planter un regard anxieux dans le sien.
"Qu'est-ce que tu attends ? Enlève-la ! Vite !"
Mon niveau de stress était tel que ma voix atteignait des aigus improbables. Je peinais à croire que c'était bel et bien réel. En tous cas, il n'y avait pas d'autre solution : notre ennemi n'était pas loin. On devait s'enfuir si on voulait avoir une chance...
Je jetai des coups d'oeil de tous côtés -autant que me le permettait ma position délicate- personne n'était à vue. Sans doute qu'ils se cachaient.
Me préviens pas. Me préviens surtout pas quand tu le fais... pensai-je, terrorisée.
Je ne voulais pas savoir quand Hermès choisirait d'arracher la flèche. Je fermai les yeux et tentai de me détendre, serrant les dents si fort que je les entendis s'entrechoquer.
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Hermès
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J’étais aussi resté le visage un peu pâle, collé contre les barreaux. Je regardais alternativement les ordinateurs et Vaiana. Soudain, elle sortit la clef de sa poche comme… comme ça. Je la regardais en fronçant les sourcils. Je sentais la blessure de mon mollet s’étirer un peu à chaque mouvement, mais je ne préférai rien dire. « Effectivement, ça sent le piège. Où un allié parmi eux. »
Finalement, nous sortîmes de là rapidement. Après avoir passé la clef, elle nous fit passer de l’autre côté. Boîtillant légèrement vers la sortie, je l’observais essayer d’allumer les ordinateurs. Je fronçais les sourcils, mes sens d’humains en alerte, puisque je n’avais que ça. J’avais du mal, mais notre aventure dans le temps avec Vaiana avait aiguisé un peu ses sens. « Ne perdons pas de temps. Oui, je peux trottiner. »
Après être sorti, elle se mit à courir. Je la suivais à bon rythme. Je préférai m’enfuir et souffrir que rester et mourir. De toute façon je n’avais pas le choix… Après quelques pas, elle se prit les pieds dans une racine. Aussitôt, je me penchais alors pour l’aider. J’entendis le sifflement caractéristique d’une flèche. Cela faisait des siècles que je n’en avais pas entendu. Je fronçais encore les sourcils, et je me relevais alerte. La flèche était fiché dans l’arbre et elle avait empalé la main de Vaiana. « Bouge pas, je vais te l’enlever, à trois. »
D’un mouvement sec, je m’étais relevé, sans prévenir, j’avais brisé la flèche. Saisissant la main de Vaiana, qui pensait que j’allais compter, je l’enlevais d’un coup sec sans rien dire, dans l’autre sens. Retirer une flèche, ça faisait énormément de dégâts. Leurs formes étaient conçu pour rester dans la chair et faire des dommages en l’enlevant. Folie des hommes… Ou des dieux. Car je ne me rappelais plus tellement qui avait eu l’idée d’inventer cette absurdité. Quoi qu’il en soit, je regardais sommairement la main de Vaiana. Et ça me coûta beaucoup. Un deuxième sifflement se fit entendre et cette fois-ci, elle fut pour moi. La flèche se logea au dessus de la cuisse, au niveau de ma fesse gauche. Sous l’effet du choc, je tombais sur la jeune femme, et j’eus une vision un peu troublée. « Humpf. »
Je serrai les dents. De mémoire, la dernière fois que j’en avais pris une, c’était quand j’avais aidé des marchands et leurs familles à fuir l’arrivé des croisées à Jérusalem. Bien sûr, la blessure avait disparu immédiatement cette fois là. Mais… Ca avait le mérite de toujours faire aussi mal. Me redressant avec un regard presque bestial, je saisissais l’avant bras de Vaiana et je criais : « Cours ! »
D’un coup d’oeil furtif, j’évaluais la situation. Deux hommes s’approchaient, grands, forts. L’un d’eux avait une arbalète et l’autre un pistolet. D’une main tremblante, je saisissais le reste de flèche, celle qui avait frappé Vaiana, et je la mis dans la poche intérieur de ma veste de moto. Emboîtant le pas, je voyais que les hommes essayaient de nous prendre en tenaille. Finalement, j’avançais trop doucement. Mais mon instinct de survie s’était réveillé. Comme toujours, celui qui m’avait souvent sorti de situation pire. Vaiana fit demi-tour et essaya de m’enlacer pour me soutenir et pour m’aider à avancer. Je la repoussais. Puis je la regardais dans les yeux. « Avance… » grognais-je.
Finalement, je réussis à trouver un rythme. La blessure à la fesse saignait, mais très peu, étant donné que la flèche était encore présente. Avec une grimace crispée, j’utilisais mon côté fort, pour avancer plus rapidement que quelqu’un en marche rapide. Chaque pas me coûtait beaucoup. De temps en temps, j’entendais derrière nous une branche qui craquait, signe que les deux individus commençaient à bien casser la distance. C’était fou, comment dans ce genre de situation, certaines choses qui relevaient plus de l’animal que de l’humain pouvait resurgir. Enfin, j’entendis un autre bruit. De l’eau. De l’eau vive. Immédiatement, une idée surgit dans mon esprit. J’accélérais. J’avais presque la même vitesse que quelqu’un qui court. Je savais que chaque pas me coûtait, mais si je restais, je mourrai. Et, comme disait Héra : tomber est permis, se relever est ordonné. Là, c’était plutôt… Tomber est interdit. Après quelques pas de courses, nous arrivâmes enfin devant le torrent. Sans plus attendre, je vis un immense tronc, qui tenait encore dans le sable d’une berge mais qui était prêt à partir avec le courant. « L’arbre, là bas. »
Je ne faisais pas de grandes phrases. Déjà parce que c’était inutile, et en plus parce que ça me coûtait beaucoup. Je courrais vers lui, comme une dernière chance. D’ailleurs, c’était la dernière. « Attrape le ! »
Avec tout ce qu’il me restait de force, je le délogeais de la berge. Immédiatement, la force de la Nature replit ses droits. Je fis un effort colossal pour le retenir de partir. Une fois Vaiana bien cramponnée, je m’élançais dans l’eau. Le froid me saisit immédiatement. Mais il prouvait qu’au moins, j’étais vivant. Le tronc se fit emporter par le courant… Il n’était pas assez vif pour nous faire mal, mais il était suffisant pour que nous nous déplacions bien plus rapidement que si nous avions couru. Avec un effort supplémentaire, je me rapprochais de Vaiana. Son visage était en face de moi, je la regardais dans les yeux, et un léger sourire apparut sur mon visage. « Ne… ne lâche pas. Même si je lâche, tu ne lâches pas… C’est important… »
Je somnolais légèrement. Le froid m’avait saisi, et je sentais que mes plaies commençaient à impacter mon corps. Je me cramponnais un peu plus. « On va se laisser porter, et dans un virage, tu saisiras la rive. On sortira de là, et on avisera pour la suite. »
Mes yeux se fermèrent. Je lâchais un peu le tronc. Soudain, je les réouvris. Plus vif que jamais je me cramponnais encore un peu. Passant le tronc sous mes aisselles, j’attrapais le poignée de Vaiana. « Tu peux le faire, il suffit d’y croire. Même sans nos pouvoirs, nous sommes ce que nous sommes, c’est très important et... »
Je glissais. Je remontais, je soufflais. Je la fixais et je rattrapais son poignée. « …et la Nature est avec nous. »
Vaiana de Motunui
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Zendaya Coleman *o*
Rage is a quiet thing Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait Rage, is it in our veins?
| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde | Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie
...On a last chance power drive. (Bruce Springsteen)
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Que venait-il de se passer ? Mon esprit engourdi par le froid peinait à rétablir la cohérence d'un monde qui venait de partir en vrille. Je n'avais pas tout assimilé.
Cela faisait plusieurs minutes que nous marchions à travers bois. Je ne me souvenais plus de quelle manière nous avions réussi à gagner la rive. Le froid me tenaillait de toutes parts, engourdissant de plus en plus mon corps et mon esprit.
Bouger, ne pas s'arrêter. Bouger, bouger... me répétai-je mentalement.
Je maudissais Hermès de m'avoir poussée dans l'eau glacée. Le vent était déjà très froid quand nous étions secs, alors à présent que nous étions trempés... Cela avait été comme sentir des milliers de poignards s'enfoncer en même temps dans ma chair. Dorénavant, une sensation nouvelle s'était installée, d'autant plus sournoise puisqu'elle m'engourdissait. Si nous nous arrêtions, nous allions mourir.
"F-Faudra m'expliquer co-comment t-tu as réussi à d-déraciner un arbre sans t-tes pouvoirs." articulai-je entre mes dents qui s'entrechoquaient. "A moins que... t-tu les aies re-retrouvés ?"
C'était peu probable, autrement il ne grelotterait pas de la tête aux pieds. Le mystère restait donc entier. Peut-être avais-je rêvé ? Le simple fait que nous ayons survécu accrochés à un tronc d'arbre dans des rapides avoisinait le miracle. Nous n'étions plus à ça près. Du givre s'était formé sur nos cheveux et s'accrochait jusque sur nos cils. Respirer brûlait la gorge.
"Le p-point p-positif, c'est que j-je sens p-plus du t-tout ma main." dis-je avec difficulté.
Le simple fait de parler devenait compliqué. J'avais l'impression que mon souffle se raréfiait, et que mon corps avait été cassé par la violence du courant. Le froid bien trop mordant m'empêchait de courir. Je baissai les yeux vers ma main blessée ; la plaie avait été "nettoyé" par l'eau mais le sang, qui coulait de nouveau, gelait presque instantanément. Pour l'instant, je ne sentais plus rien, le froid l'anesthésiait totalement. C'était tellement étrange d'observer l'un de ses membres en se sentant totalement indifférent et détaché. Etre au seuil de l'hypothermie était presque semblable à planer.
Au moins, nous avions semé nos ennemis. J'avais jeté des coups d'oeil de tous côtés aussi souvent que possible, mais l'engourdissement était tel qu'il devenait extrêmement difficile de tourner la tête.
Ma démarche devint plus lente. Je peinais à soulever les pieds. Mes paupières étaient lourdes. J'avais tellement envie de m'asseoir, juste un instant...
Ne pas s'arrêter. Bouger. Ne pas s'arrêter...
"Co-comment v-va t-ta fesse ?"
S'efforcer de parler maintenait en état d'éveil. Je n'avais rien trouvé de mieux à demander, afin que Hermès ne me lâche pas. Privé de ses pouvoirs, il était aussi fragile qu'un humain ordinaire. La force de l'eau avait cassé la flèche.
"Je... je me d-demande si ça n'aurait p-pas été mieux d-de mou-mourir sur le coup."
Je repensais à notre tentative dérisoire de leur échapper. N'aurait-il pas mieux fallu accepter notre sort et se faire tuer proprement d'une flèche bien placée ? La nuit commençait à tomber et nous étions peut-être en train de tourner en rond, au coeur d'une forêt qui serait bientôt plongée dans le noir. A bout de force et trempés de la tête au pied. Les perspectives de s'en sortir étaient maigres, voire carrément nulles. Je n'étais pas pessimiste, seulement réaliste.
Epuisée, je lançai un regard à Hermès. A ce stade, je ne lui en voulais même plus. Je voulais seulement m'asseoir et me reposer. Peu m'importait que je meure ou que je vive. Cela ne me semblait plus si grave.
C'est alors que des lueurs dansèrent à travers le feuillage obscur des arbres, telles de grosses lucioles. Je clignai des yeux plusieurs fois, avant de réaliser qu'il s'agissait de réverbères. Mon coeur manqua un battement. Une route bétonnée. Des maisons. Une ville !
Revigorée à cette idée, j'accélérai l'allure en prenant Hermès par le bras. J'avançai en zigzag, car mes jambes ne répondaient plus correctement, mais je ne voulais pas ralentir.
"On v-va s'en sortir." promis-je.
Il suffisait de trouver un endroit chaud, de se sécher et de changer de vêtements. Ensuite, il faudrait s'occuper de nos blessures.J'essayai de procéder par étapes afin de ne pas disjoncter.
Nous nous trouvions juste à l'entrée de la ville -appelée Forsyth- qui était d'une taille très pittoresque et rappelait les westerns avec sa rue principale en ligne droite bordée de bars et de rares boutiques. En voyant le mot "Motel" clignotant sur une devanture, j'entraînai Hermès à l'intérieur. L'endroit idéal pour survivre ! Juste avant, j'avais pris soin de cacher ma main blessée dans ma manche, afin de ne pas attirer d'éventuels soupçons, car personne hormis des gens recherchés par la police ne se rendraient dans un motel plutôt qu'à l'hôpital s'ils étaient blessés.
L'homme derrière le comptoir avait le physique d'un acteur hollywoodien, ou d'un prince charmant qu'on aurait pu trouver à Storybrooke. Etonnant de voir un gars pareil dans une petite ville paumée. Il n'avait sûrement pas réussi à percer à Los Angeles.
En entrant dans le petit hall de réception, la chaleur me coupa le souffle pendant quelques secondes. Elle m'enveloppa toute entière, si vite que je ressentis bientôt des fourmis parcourir mon corps. Engourdie d'une toute autre manière, je me dirigeai vers le standardiste. Je tentai d'ignorer les picotements lancinants qui parcouraient ma main blessée, à présent que la plaie se dégelait.
"Bonjour. Nous voulons une chambre."
L'homme nous observa d'un oeil interdit. Il est vrai que nous ne devions pas avoir fière allure, ainsi trempés, blessés et grelottants.
"C'est très urgent." précisai-je.
Il haussa un sourcil comme s'il hésitait à nous croire puis consulta un carnet près de lui.
"Nom, prénom, carte de crédit." énonça-t-il.
"Motunui. Vaiana. Et..."
Avec ma main valide, je tapai sur mes poches imbibées d'eau. Je n'avais plus de portefeuille ! Soit il était tombé à l'eau, soit nos ennemis me l'avaient pris. A en juger par le regard de Hermès, il en était de même pour lui.
"Je ne l'ai pas sur moi. Mais mon numéro de carte c'est le 5030 4244 5678." dis-je d'un ton assuré.
Evidemment, j'avais inventé. Je ne le connaissais pas par coeur. Le standardiste me regarda fixement tandis que ses ongles tapotaient sur le TPE.
"Et tu veux faire entrer les chiffres comment, là-dedans ?"
J'étais trop anxieuse pour relever le fait qu'il me tutoyait.
"Ouais, c'est sûr que c'est pas pratique." reconnus-je.
De plus en plus stressée, je réfléchis. J'avais l'impression que mon cerveau décongelait lentement et que mes oreilles sifflaient. Ma main me faisait de plus en plus mal. Je songeai que Hermès devait souffrir également. Il n'y avait plus de temps à perdre.
"Il est riche. Très riche." affirmai-je en désignant mon boss.
Et cette fois-ci, je ne mentais pas. Dès qu'il retrouverait ses pouvoirs, il pourrait faire apparaître autant de billets qu'il veut.
"Je sais qu'il n'en donne pas l'air, mais il l'est. Après tout, le gars qui a créé Facebook se promène en survét'. Mon ami est milliardaire. Si tu fais ça pour nous, je te jure qu'on te le rendra au centuple. Mieux que de gagner au loto."
A mon tour de le tutoyer. Peut-être que cela allait l'inciter à se montrer sympa ? Genre on devient copains ? J'arborai une expression déterminée afin de le convaincre.
"Et il s'appelle comment ?" demanda-t-il.
Prise au dépourvu, je cherchai un nom qui claque pour Hermès. D'ailleurs, en avait-il un ? Je réalisai que je l'ignorais, si c'était le cas.
"Le mec de Facebook." précisa le standardiste en continuant de tapoter le TPE.
Aïe... il cherchait à vérifier si je m'y connaissais. Je n'en avais aucune idée.
"Euh... je sais plus. Mais c'est pas important. Je vous dis qu'il est friqué à mort. Vous avez pleins de chambres libres ! Ca représente rien pour vous !"
D'un geste brusque, je désignai les clés accrochées au mur derrière lui. Le gars m'observa sans ciller.
"Tu sais combien ça coûte d'entretenir une chambre ? Linge de lit, serviettes de bains, gants de toilette, shampoing, eau chaude..."
Le faisait-il exprès d'énoncer toutes ces choses dont je rêvais éperdument ?
"Je sais que c'est une sacrée somme, mais justement on a de quoi vous donner le triple, même davantage, si vous..."
A cet instant, il se tourna vers les clés. Il en prit une sur laquelle était frappé le chiffre 6, pivota de nouveau, regarda Hermès de bas en haut comme s'il considérait qu'il avait plus l'air d'un SDF que d'un milliardaire, puis s'appuya sur le comptoir, vers moi. En me tendant la clé, il déclara :
"Une heure. Vous utilisez la douche et vous laissez les draps propres."
Je m'en saisis avec beaucoup trop d'empressement.
"Merci..."
Après quoi, je m'éloignai vers le couloir.
"Eh, Choufleur !"
Je fis volte-face, perplexe. C'était à moi qu'il parlait ?
"Trois fois. Trois fois le prix." dit-il en tapotant le TPE.
Je ne répondis rien. Son surnom était sûrement en rapport avec mes cheveux, qui étaient pourtant beaucoup moins bouclés que d'habitude puisqu'ils étaient bouclés et gelés en partie.
A peine la porte fermée, je lançai à Hermès :
"Prends ta douche en premier. J'appelle Diane."
C'était la seule dont je connaissais le numéro. Je l'avais appris par coeur "au cas où". Ce jour-là, j'avais eu une sacrément bonne idée. Cette initiative allait probablement nous sauver la vie.
Hélas, je m'aperçus très vite qu'il n'y avait aucune tonalité. Je retournai aussitôt à l'accueil, après avoir enroulé plusieurs mouchoirs autour de ma main -toujours cachée dans ma main- car autrement, le sang aurait goutté sur le sol.
Le standardiste semblait m'attendre : deux serviettes de bain étaient posées sur le comptoir. Sans lever les yeux de ses occupations, il eut un sourire en m'entendant venir.
"Y a pas de tonalité."
Continuant d'écrire dans son carnet, il dit :
"Je sais."
"Je peux utiliser votre téléphone ?"
A cet instant, il cessa d'écrire. Il leva les yeux pour le regarder avec un léger soupir. Il posa son stylo et s'accouda sur le comptoir. Puis, il indiqua le téléphone d'un geste du menton. Je pris le combiné avec ma main valide. Là encore, pas de tonalité. Mon expression déconcertée le fit sourire légèrement. Il se payait ma tête ou quoi ?
"Pourquoi ça marche pas ?" demandai-je avec toute la patience du monde.
"Il y a eu une tempête. Un arbre est tombé sur les câbles. Ca fait deux jours qu'ils essaient de rétablir la ligne. C'est partout pareil en ville. On a récupéré l'électricité, c'est déjà ça. T'es pas d'ici, hein ?"
Eludant sa question, je m'enquis :
"Y a un poste de police ?"
"Ouais, par là."
Il m'indiqua une direction floue derrière la vitre de l'entrée du motel. D'un pas décidé, je me dirigeai vers la porte pour m'y rendre de suite. Même si j'avais froid et mal à la main, la priorité était de prévenir les autorités. Nos ennemis étaient sûrement sur nos traces.
"A environ trente kilomètres au sud." acheva le gars d'un ton un peu narquois.
Une vague de découragement me submergea. Tout compte fait, mieux valait d'abord passer sous la douche. Me retournant, je remarquai que le gars m'observait de haut en bas, avec une expression mi-soucieuse, mi-intriguée.
"Tu as quel âge ?"
"Vingt et un ans. Pourquoi ?"
Mon intonation était pleine de défi. Que s'imaginait-il ? Que j'étais mineure et que je fricotais avec un type beaucoup plus vieux que moi ? D'un côté, Hermès faisait la quarantaine. Le standardiste avait de quoi se poser des questions. Il continua de me fixer sans ciller et finalement, lança :
"Allez va, Choufleur."
Il se remit à écrire. Sans un mot, je me dirigeai vers le comptoir, me saisit des serviettes pour retourner ensuite dans la chambre. Le bruit de l'eau m'informa que Hermès était sous la douche. Devinant qu'il n'y avait sûrement pas de serviettes dans la salle de bains, je baissai les yeux sur celles que j'avais dans les bras, me mordis les lèvres et me rendis dans la petite pièce. J'entrai à reculons, afin de ne rien voir involontairement. Je renversai plusieurs choses qui émirent des bruits sonores en heurtant le sol.
"Ca n'est que moi !" avertis-je Hermès tout en tournant la tête en fermant les yeux. "J'apporte des serviettes !"
J'ouvris prudemment un oeil et aperçus le lavabo. Je posai les serviettes en vitesse sur un coin de ce dernier avant de me précipiter dans la chambre, le coeur battant à tout rompre. Après quoi, j'enlevai ma veste et l'accrochai le mieux possible contre le radiateur afin qu'elle sèche un peu. J'aurais aimé faire de même avec tous mes vêtements, mais la perspective de me promener en petite tenue n'était pas envisageable.
Je m'assis au bord du lit et déroulai lentement les mouchoirs autour de ma main. Ils étaient imbibés de sang.