« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Last Christmas, I gave you my heart but the very next day, you gave it away...
- Bonsoir, mademoiselle Nichols... Passez de bonnes fêtes ! - Merci Travis, passe de très bonnes fêtes aussi et bonne soirée.
Elle avait souri au jeune garçon qui se tordait les mains devant elle, un peu gêné. Depuis qu’elle l’avait aidé à réussir sa thèse de fin d’étude, Travis avait décidé d’intégrer son équipe où il était désormais un bon élément, gentil et prometteur. Comme le reste de son équipe, le jeune homme semblait gêné à l’idée de voir Evelyn toujours présente au bureau en ce réveillon de Noël. Il était le dernier à partir et il avait également, tout comme les autres une fois encore, évité de parler du sujet qui fâche : Wilson Wallander. L’équipe avait vu leur chef changer du tout au tout en quelques jours, il y a de cela une poignée de mois auparavant. Elle qui semblait avoir retrouvé le sourire avec le double non jumeau de l’amour de sa vie semblait désormais en froid polaire avec celui-ci. Personne n’avait compris. Ils mangeaient ensemble à la cantine un jour et le lendemain… après sa disparition pour la mission Magic League pour être plus exacte, prononcer son nom était devenu presque interdit dans l’équipe. Une seule s’était risquée à aller un peu plus loin, manquant cruellement de tact et de politesse. Tout le monde se souvenait encore comment la réponse lui avait été donné. Avec une colère maîtrisée et une fraîcheur plus glaciale que l’air de Sibérie, elle avait tout simplement congédié l’impolie qui n’avait cessé de lui poser des questions sur la subite disparition de Wallander des couloirs du service biologique. C’était ainsi que Travis avait rejoint définitivement l’équipe d’ailleurs.
La vérité, c’était qu’Evelyn souffrait. Elle ne l’avait pas montré outre cet emportement qui avait coûté la place d’une collègue. Elle avait même esquissé un sourire à Travis, comme pour le rassurer et l’autoriser à partir sans remord, ce qu’il venait de faire d’une façon gauche. Il y avait quelques mois, elle avait disparu avec sa fille dans ce monde qu’elle commençait à bien connaître à présent. Elle avait fini par en revenir mais elle avait compris que cette disparition avait causé un certain choc à son ami, toujours profondément marqué par sa propre vie sous ce dôme apocalyptique. Elle avait compris qu’il lui avait fallu du temps, mais le temps s’était à présent écoulé longuement et rien n’avait vraiment changé à cette distance qu’il avait décidé de mettre entre eux. Plus le temps passait et plus cela la détruisait. Elle ne parvenait à comprendre pourquoi il refusait de sortir de sa tête. Elle avait d’abord pensé qu’il était désormais le symbole que Wilson n’était plus dans sa vie mais elle savait au fond d’elle que ce n’était pas ça. CE Wilson n’était pas un vulgaire substitut, un ersatz qui avait aidé son deuil. Bien au contraire d’ailleurs, il en avait amplifié les épreuves. Mais avec le temps, elle avait appris à aller de l’avant, à laisser son Wilson reposer en paix, à lui laisser la place qui lui revenait dans son cœur mais une place désormais bien rangée, comme un souvenir précieux, laissant de la place pour aller de l’avant.
L’autre Wilson était désormais l’avant. Un avant qu’elle appréciait profondément en tant qu’ami, qui lui faisait du bien et qui faisait du bien à Iris. Un avant qui avait décidé finalement de sortir de sa vie brusquement. Encore une perte, une perte qu’elle ne parvenait pas à accepter. Ils vivaient dans la même vile, ils travaillaient au même endroit et elle avait même l’impression que son instinct de femme et d’humaine traduisait les sentiments de Wilson : des sentiments profonds, peut-être même plus complexe qu’une simple amitié et pourtant il ne faisait que reculer. Un pas en avant, quatre en arrière. Une situation qui avait le don de rendre Evelyn folle, elle qui aimer aller droit au but. Elle mourrait d’envie de le frapper jusqu’à ce qu’il avoue enfin ce qu’il ressentait mais elle n’en avait pas le droit bien entendu et devait à présent se contenter de ce calme plat, de ce silence assourdissant, d’une relation au stricte point mort qui la blessait plus que tout.
Elle avait poussé un soupir, comme pour se décharger de tous ces sentiments négatifs que ses souvenirs faisaient remonter et tourna son regard bleu acier vers la fenêtre sur sa droite. La nuit était tombée sur Storybrooke, il était 18h et la neige tombait lentement en flocons silencieux, rajoutant toute la poésie et la magie que ce jour de réveillon méritait. Il lui restait pourtant encore beaucoup de travail. Elle avait refusé de prendre congé en ce jour particulier. La semaine précédente, l’équipe avait reçu un tout nouvel échantillon biologique particulièrement toxique. A cette occasion, une partie du secteur biologique avait été passé sous quarantaine le temps des expériences et Evelyn espérait clôturer ce sujet passionnant au plus vite. De ce fait, elle avait donné Iris à garder à Chris, un ami qu’elle côtoyait souvent depuis la dernière mission Magic League et d’autant plus depuis que Wilson avait pris ses distances. Il l’aidait tant pour la petite que sur ses douleurs sentimentales et la blonde se sentait chanceuse d’avoir une oreille attentive à qui se confier. Se sentant coupable d’avoir laissé son enfant réveillonner toute la journée seule et culpabilisant encore plus à l’idée de ne pas la rejoindre tout de suite, Evelyn composa le numéro de Bilbot.
Bilbot, c’était le dernier cadeau de Wilson à Iris. Un petit robot jouet qui servait aussi de moyen de communication. C’était la petite qui avait trouvé le nom et il possédait également un petit écran et une petite caméra, permettant à Evelyn de faire des visiocall avec sa fille quand elle le désirait. Elle soupçonnait aussi Wilson d’en faire avec elle. Il s’était profondément attaché à la petite et c’était sans aucun doute une façon pour lui de garder aussi le lien. Iris décrocha à la deuxième sonnerie et le visage radieux de la petite blonde apparu sur l’écran du téléphone de sa mère.
- MAMAAAAAN ! - Heeeey mon bébé, comment ça va ? - Ça va. Je mange des gâteaux. - Tu manges des gâteaux ? C’est bien mon cœur. - Oui. Ils sont à la cannelle. C’est Chris qui m’a donné. - Tu t’amuses bien avec Chris ? - Oui…
Le « oui » de la petite avait été assez long, évasif, avec le regard fuyant. Evelyn savait que ce n’était pas contre le shérif, elle adorait le jeune homme. Mais c’était juste que ce n’était pas Wilson. La jeune femme ignorait pourquoi la petite avait lié un lien si fort avec lui, peut-être parce qu’il aurait pu être son père s’il était né dans ce monde ci plutôt que le sien, mais rien ne le remplaçait dans son cœur. Il lui manquait et on voyait que même si elle comprenait, Iris déplorait le fait que Noël ne soit pas fêter avec lui cette année. C’était aussi pour cela qu’elle avait espacé les moments de gardes de Wilson, qu’elle avait privilégié d’autres sources. Ce n’était pas pour le punir mais juste parce que c’était trop dur pour elle et qu’Iris souffrait aussi de cette situation ambigüe. C’était aussi pour cela qu’elle soupçonnait que Bilbot était désormais leur moyen de communication. Sentant qu’elle avait créé un froid entre sa mère et elle, la petite décida de changer de sujet.
- Tu viens bientôt ? - Oui mon cœur, je viens au plus vite je te promets. - C’est pour la fleur ? - Oui, je travaille sur la fleur, mais c’est presque fini. - Tu la ramène à la maison ? - Non, ça je ne peux pas, je t’ai dit qu’elle pouvait te rendre malade. - Tu fais une photo pour Bilbot ? - D’accord, je te ferai une photo. A tout à l’heure mon ange ? - Bisouuuus.
Elle avait vu le petit doigt potelé de l’enfant passer devant l’écran et en une seconde, Iris avait disparue, elle avait raccroché. Réprimant les larmes qui menaçaient de couler, elle se leva brusquement, lançant son téléphone sur son bureau, tout en reniflant un grand coup. Il lui fallait de l’eau, se changer les idées. L’innocence et la pureté des enfants étaient parfois comme la lame aiguisée d’un poignard. Elle ne cachait rien, était d’une franchise désarmante sur ce qu’elle ressentait, poussant Evelyn à culpabiliser chaque fois un peu plus. Si seulement son père était encore là… Il aurait déjà su quoi dire et quoi faire…
L’ancienne robot venait de se servir une tasse d’eau à la fontaine à eau quand brusquement un « diouuuuuu » se fit entendre tandis que ses yeux perdirent presque toute source de lumière, la perdant dans la pénombre. Tout le système semblait s’être brusquement coupé.
- Et merde…
Des bruits de volets déroulants l’informèrent que le système de sécurité s’était mis en route. C’était un protocole extrêmement strict quand il s’agissait de quarantaine et de plantes toxiques. Le système d’alimentation devait avoir une défaillance entraînant un sous-régime qui poussait désormais le laboratoire à se protéger en coupant toute source d’énergie annexe et énergivore inutile et en bloquant toutes les issues pour éviter les risques de contagions. Ne lui restant plus que la lumière des panneaux « exit » au-dessus des portes ainsi que les lumières des distributeurs de cochonnerie, Evelyn sortir de la cafétéria pour se diriger vers le couloir, ajustant sa vision nyctalope.
- Y’a quelqu’un ?
Y’avait forcément quelqu’un. Une personne de la maintenance, obligée de rester dans les locaux pour surveiller précisément le système de quarantaine, une personne d’astreinte qui avait visiblement accepté d’être payé double pour bosser un soir de réveillon de Noël parce qu’il ne devait avoir personne pour passer Noël avec lui…
Wilson Wallander
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This year, to save me from tears... I'll give it to someone special.
De temps à autre, le regard de Wilson se portait vers les baies vitrées pour observer les quelques flocons de neige tomber à leur rythme, doucement, avant de venir se déposer sur le sol blanc déjà parsemé d'autres de leurs confrères ayant précédemment chuté. Le spectacle était calme, et beau surtout. Depuis qu'il était arrivé dans cette ville, il ne se lassait pas des changements de saisons qu'il pouvait observer à différents moments de l'année, de ce cycle qui accompagnait les habitants au fil des mois. Il se souvenait encore de son absence, à l'endroit d'où il venait. La Nature n'avait plus ses droits où les combats et la guerre avait décidé de prendre place et il ne se rappelait que de Poussière qui tombait du ciel, et des nuages qui n'en étaient plus vraiment.
L'ancien robot soupira, reportant ses yeux fatigués sur l'écran d'ordinateur sur lequel il n'arrivait plus à aligner une seul ligne de code correcte depuis déjà des heures. Pourtant, il ne quittait pas les lieux et persistait à rester assis sur sa chaise roulante, chaque muscle tendu par cette position inconfortable qu'il gardait depuis trop longtemps, éclairé par les néons et les lumières des guirlandes clignotantes que des collègues avaient installer sur les murs de la pièce en guise de décorations de fin d'année. Pourtant, Wilson n'était pas très enjoué à l'idée des célébrations de Noël. Elles ne l'animaient d'aucune joie, d'aucun engouement, d'aucune sorte de satisfaction. La fin de l'année était synonyme pour beaucoup de rassemblement familiaux, de regard porté sur les choses accomplies pendant les mois précédents, de bilan... Mais lorsque lui faisait le sien, il n'arrivait à rien.
Son poing se crispa nerveusement sur le crayon qu'il faisait tourner machinalement entre ses doigts et il le relâcha, passant une main dans ses cheveux ébouriffés et se redressant vivement pour se dégourdir les jambes. D'un pas lourd et traînant, il sortit de la pièce pour vagabonder dans le couloir qui le mènerait jusqu'à la machine à cafés la plus proche. Il en avait déjà trop bu aujourd'hui, et il opterait certainement pour un chocolat chaud cette fois pour ne pas faire exploser la dose de caféine que son corps contenait déjà, mais il avait simplement besoin de s'occuper. Seules les lumières éclairant encore le bâtiment l'accompagnaient dans sa traversée et, tristement, il se rendit compte que jamais il ne s'était senti aussi seul.
Il y avait bien une compagnie qu'il aurait désiré avoir plus que tout au monde, en se l'interdisant pourtant à cause de toute la souffrance qu'elle pourrait lui causer. Son esprit s'était fermé ses derniers mois, il en était conscient et il ne voyait aucun autre moyen de se protéger. La solitude, finalement, était l'unique remède à la douleur lancinante qui l'habitait et qui pourrait le détruire si il n'en prenait pas immédiatement le contrôle. Certains événements avaient précipité sa décision, et la disparition des deux êtres auxquels il se sentait le plus lié n'y était pas étrangère. Il sentit son coeur se serrer à cette unique pensée, mais le soulagement prit le dessus lorsqu'il se remémora le dernier appel qu'il avait passé à une petite fille rayonnante et pleine de vie, manquant même de lui arracher un léger sourire. Il secoua cependant sa tête, ne voulant pas se laisser submerger par une émotion aussi chaleureuse qu'étouffante. Penser à Iris signifiait forcément penser à sa mère, et si il n'avait pas souhaité disparaître complètement de l'existence de la petite fille qui avait déjà bien assez subi en perdant son père, il ne lui était pas toujours aisé de supporter cette situation.
Wilson était profondément gentil, il n'y pouvait rien, c'était ainsi. Et il se doutait que les choses n'étaient pas faciles non plus pour Evelyn, s'en voulant de lui faire subir cette ignorance, cette distance et ce froid, sans pour autant pouvoir faire autrement. Elle devait comprendre que ce serait encore pire, si il se permettait d'être proche d'elle, n'est-ce pas ? Il se mordit les lèvres tout en arrivant près de la machine métallique, fouillant ses poches à la recherche de monnaie et appuyant machinalement sur les boutons jusqu'à entendre le bruit distinctif de la boisson qui se verse dans le gobelet en plastique. Il avait déjà vécu l'enfer, littéralement, il ne pouvait pas prétendre être malheureux à présent qu'il l'avait quitté. Alors pourquoi ne parvenait-il pas à trouver la moindre sérénité ? Il s'imposait ce mode de vie. Il n'avait aucune raison de se plaindre. C'était plus simple ainsi.
Le bruit strident de l'alarme qui résonna alors qu'il s'était perdu dans ses pensées le fit sursauter, et il lâcha immédiatement le gobelet qu'il venait de récupérer et qui s'écrasa au sol en venant éclabousser ses chaussures du liquide chaud. Il étouffa un juron en baissant les yeux, avant de reporter son attention sur ce qui l'entourait, tandis que l'obscurité se faisait presque entière avec uniquement les lueurs des sorties d'urgence qui persistaient encore.
"Qu'est-ce que c'est que ce bordel..." marmonna-t-il pour lui-même, les yeux écarquillés par la surprise et les sourcils froncés par l'incompréhension.
Les fenêtres furent rapidement bloqués par les volets de sécurité et il souffla malgré lui, comprenant qu'un problème devait être survenu dans l'aile biologique pour déclencher le processus. Dans un laboratoire scientifique, certaines recherches potentiellement "dangereuses" ou du moins non inoffensives pouvaient se dérouler, et si ce n'était rien face à l'attaque d'un sortilège, toutes les précautions devaient être prises pour ne pas mettre inutilement en danger les habitants de Storybrooke. Lorsque Wilson avait accepté d'être de garde cette nuit, pendant que tous ses collègues réveillonnaient ailleurs, il ne s'était cela dit pas attendu à ce que le moindre événement se produise. Après tout, tout était toujours relativement calme, il n'aurait pu s'en douter. Pourquoi cela devait-il arriver quand il se trouvait tout seul ici ?
Le protocole à suivre était simple, il devait tout d'abord aller vérifier les caméras de surveillance pour s'assurer que personne n'était enfermé dans une zone potentiellement contagieuse. Ensuite, il serait temps de s'inquiéter pour savoir ce qui s'était passé et comment faire en sorte que tout revienne à la normale. Attrapant le trousseau de clés qu'il gardait précieusement dans la poche de son jean, il s'activa pour sortir de la salle de repos de l'aile où il se trouvait et rejoindre la bâtisse principal. Le bruit de ses pas résonnaient dans le silence mais il restait aux aguets, craignant qu'une intrusion est aussi pu être la source de ses perturbations. Il avait presque l'impression d'entendre des bruits de pas, tandis qu'il se rapprochait de la grande cafétéria qu'il devait traverser pour accéder à la salle de contrôle. Ses doutes se confirmèrent lorsqu'il aperçut une silhouette, à l'intersection opposée à laquelle il se trouvait. Fine, assurée, l'ombre se mouvait avec précision et sûreté. Il ne l'identifia pas immédiatement, se rapprochant avec méfiance sans la moindre crainte, se demandant simplement ce qu'un employé pouvait encore faire là à cette heure en ce jour de l'année.
Il se stoppa net cependant, lorsqu'il distingua la couleur de chevelure de l'inconnue, alors qu'elle s'était déjà retournée en ayant perçu sa présence.
Wilson se trouvait à quelques mètres encore, les bras ballant le long du corps tandis que les clés pendant toujours au bout d'une de ses mains, la bouche légèrement entrouverte prête à laisser échapper des sons qu'il ne parvenait pas à réellement former.
"Eve." finit-il malgré tout par articuler, la voix enrouée, se raclant immédiatement la gorge après coup en baissant ses yeux qu'il avait gardé rivé sur elle.
Sa nervosité se réveilla soudainement, tandis qu'elle ne sembla pas en proie à la panique. Il s'inquiéta tout d'abord de sa présence, mais les longues secondes qu'il avait passé à la dévisager l'avait rassuré. Elle n'était à priori pas perdue, ni blessée, tout allait bien pour elle et ce n'était que pure coincidence qu'elle se trouve ici... avec lui.
"Tu... Qu'est-ce que tu fais là ?" l'interrogea-t-il néanmoins en se remettant à fixer un point derrière elle, sans plus savoir quoi faire. "Tu n'es pas chez toi ?"
Question stupide, se fit-il la réflexion en se donnant une tape mentale, ce qui devait se deviner à son expression désabusée face à ses propres paroles. Si elle était ici, elle n'était définitivement pas ailleurs. Et il était curieux de la savoir loin de sa fille alors que les familles se rassemblaient aujourd'hui... A qui l'avait-elle laissé ? Combien de temps comptait-elle encore rester travailler ? Est-ce qu'elle se sentait seule d'une certaine façon, elle aussi, pour venir ici aujourd'hui ? Il chassa cette idée de sa tête et se balança d'un pied sur l'autre, finissant par se rapprocher après un certain temps d'hésitation sans oser la regarder davantage. Il désigna d'un geste les clés qu'il avait encore entre les doigts.
"Je... Je dois aller vérifier ce qui se passe. Je suis de garde ce soir." affirma-t-il pour se donner contenance, en sachant très bien qu'il ne faisait que prononcer l'évidence. "Tu devrais venir avec moi. Je veux dire, tu ne dois pas rester seule. C'est le protocole. Tu pourra repartir pour aller fêter Noël avec Iris une fois que tout sera réglé."
Il osa un bref sourire en évoquant la petite, indécis et incertain. Il ne savait quoi ajouter. Il avait tout fait pour qu'une situation pareille ne se présente pas, et maintenant, il se la voyait imposée, sans savoir quelles émotions cela déclenchait réellement chez lui. De la satisfaction ? De la surprise, surtout. De la gêne, aussi. Et il se disait qu'il aurait mieux fait de rester silencieux, plutôt que de parler pour ne rien dire en se ridiculisant bêtement.
(c) DΛNDELION
Evelyn Nichols
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Je sens que ça va mal finir mais c'est pour une bonne cause... alors...
TechnoDino, rassemblement
| Conte : Wall-E | Dans le monde des contes, je suis : : EVEEEEE
Last Christmas, I gave you my heart but the very next day, you gave it away...
Son regard s’était durci instantanément à la vision de Wilson. De toutes les personnes préposées à être d’astreinte en ce jour, il fallait que ce soit lui... Pire ! Il fallait qu’elle soit coincée avec lui. Mais lorsqu’on y regardait de plus près, froidement, avec une logique imparable comme elle en était capable, était-ce vraiment si étonnant ? Ils étaient tous deux des âmes en peine à la dérive, préférant fuir cette fête sublime, si magnifique et si familiale car ils n’avaient plus l’impression de faire véritablement partie de la fête. Wilson avait tout perdu, sa vie, l’amour de sa vie, sa famille, tout pour atterrir ici contre sa volonté. Evelyn avait vu sa famille voler en éclat en perdant le seul être qu’elle avait l’impression d’être capable d’aimer en dehors de sa progéniture et maintenant le seul ami qui lui avait fait ressentir les étincelles étranges de la vie, celles qu’elle n’avait jusqu’alors connu qu’avec Wall-E ? Était-ce donc si étrange d’imaginer que c’était les deux personnes au monde qui souhaitaient fuir le moment de l’année où on célébrait le plus la famille et la joie qu’elle nous permettait de vivre ?
- Salut...
Sa voix avait été plus froide, plus tranchante qu’elle ne l’aurait véritablement voulu. Elle s’était évanouie pourtant dans un souffle plutôt que de se couper net, ce qui laissait présager de son choc, de son envie cachée aussi peut-être de ne pas refermer la porte directement à une possible conversation. C’était d’ailleurs lui qui l’avait amorcé, avec des questions somme toute bien logiques.
- Nous avons reçu une plante toxique il y a deux semaines. On doit l’analyser au plus vite afin de la renvoyer en confinement. J’ai commencé à effectuer certains tests dans l’après-midi et je me devais d’attendre les résultats en attendant. J’allais bientôt partir... rejoindre Iris... on passe Noël chez Chris cette année.
C’était plus fort qu’elle. Elle n’avait pas voulu le préciser et pourtant elle y avait ressenti une pointe d’un plaisir malsain à le lui dire, à scruter sa réaction, son regard, à espérer y voir une pointe de jalousie ou une pointe de douleur d’imaginer qu’elle avait pu le remplacer, que la vie pouvait continuer sans lui. C’était méchant, c’était violent et destructeur mais EVE n’avait jamais été la gentillesse incarnée, ça c’était Wall-E, elle c’était la guerrière, celle qui faisait ce qui devait être fait et qui n’hésitait pas à exploser tout sur son chemin si elle était énervée. Et là elle était bien plus qu’énervée, elle était blessée.
- Il est possible que la hotte refermant la plante soit en sous-régime... C’est forcément lié aux expériences dans le laboratoire biologique, nous sommes les seuls actuellement à avoir sur l’agenda un cas 4 et c’est d’ailleurs à cause de mon département que tu es d’astreinte.
Elle l’avait présenté d’une main comme pour prouver ce qu’elle était en train de dire. En tant que directrice biologique, c’était des choses qu’elle savait forcément, tout comme elle savait qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul cas 4 dans un bâtiment pareil comparé à la taille de Storybrooke. Et qu’elle savait aussi que selon son protocole, elle devait préciser à l’ingénieur technique d’astreinte toutes les informations utiles et nécessaire à la résolution de cette quarantaine. Evelyn avait hoché la tête d’un coup sec lorsqu’il lui avait précisé qu’il se devait d’aller voir, étant de garde. Elle s’était abstenue de lui préciser qu’elle s’en était d’ores et déjà rendu compte dans la mesure où elle venait de lui dire tout ce qu’elle savait, considérant que ce n’était pas très sympathique et que son envie de ne plus les voir ne méritait tout de même pas tant de méchanceté. Elle avait d’ailleurs eu, de façon totalement contradictoire, l’envie de lui proposer de l’accompagner mais fut bien heureuse de voir qu’il avait pris les devants, pour une raison de protocole qui lui permettrait peut=être de cacher son envie de rester quelques minutes de plus à discuter.
- D’accord, je te suis.
Elle avait hoché une nouvelle fois la tête avec une raideur toute particulière avant d’enclencher le pas, une nouvelle fois de façon paradoxale car elle n’avait aucune idée d’où il compter aller. Fort heureusement, Wilson finit par amorcer à son tour un premier pas et Evelyn se mit à le suivre dans le dédale de couloirs sombres à la recherche d’une solution. Ils firent quelques détours, constatant que les chemins les plus directes étaient parfois barrés par des portes de confinement. Une ballade qu’ils firent dans un premier temps en silence, un silence pesant, avant que la jeune femme décide enfin de le briser.
- Alors ? Tu es quel genre de collègue d’astreinte ? Celui qui a perdu un pari ou une partie de carte ou celui qui a bien voulu se dévouer pour autoriser les autres à passer un meilleur Noël que le sien ?
Elle avait essayé d’avoir un ton de conversation, plus doux, plus calme, histoire de détendre l’atmosphère. Elle avait besoin de savoir si tout cela n’était qu’un malencontreux moment de malchance ou si c’était une volonté affirmée de la personne car Wilson était désormais plus seul que jamais ? Bien qu’elle espérât ne pas à avoir à attendre qu’il eût perdu un pari, provoquant la colère d’une potentielle femme qu’il fréquentait, elle trouvait triste d’imaginer que c’était tout simplement parce que le jeune homme était désormais seul comme les pierres. Ils avaient beau avoir une relation plus que chaotique, jamais Evelyn n’avait souhaité son malheur, il ne méritait pas tout ce qui lui arrivait, il ne méritait pas d’être un atome, perdu dans l’univers, ne trouvant rien ni personne à qui se greffait pour tenter d’évoluer, de vivre une vie différente et peut-être meilleure. Prise de remords quant à son envie de lui faire mal tout à l’heure, elle finit par préciser d’une voix à moitié brisée par la timidité et le doute :
- Iris t’embrasse... Je l’ai eu au téléphone quelques minutes avant la coupure grâce au merveilleux robot que tu lui as offert... Je te remercie encore du cadeau d’ailleurs, ça me fait du bien de pouvoir la voir... Tu... Tu lui manques tu sais...
Elle avait dégluti, refusant de le regarder et remerciant le ciel qu’ils étaient désormais arrivé devant un immense générateur que Wilson avant entreprit d’ouvrir. Pour l’aider, Evelyn s’était alors emparée de la lampe de poche qu’il tenait dans l’une de ses mains afin de la placer au hauteur d’yeux et lui donner une meilleure vision de la situation. Ils pouvaient ainsi continuer à parler sans se regarder ou voire carrément changer de sujet, s’inquiétant pour les fusibles au besoin... un moment idéal.
Wilson Wallander
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This year, to save me from tears... I'll give it to someone special.
L'atmosphère était indéniablement étrange. Il ne savait pas si cela était dû aux seuls éclairages de sécurité qui tombaient sur le visage de la jeune femme en lui donnant cette allure fascinante, ou si ce n'était que la cause du malaise qu'il ressentait à se trouver seul en sa compagnie. Il baissa les yeux avant qu'elle ne puisse remarquer qu'il l'avait trop observé une fois illuminé par la lueur de sa lampe, tout en tentant du mieux qu'il le pouvait d'avoir toujours comme un pas d'avance sur elle durant leur avancée. Une façon comme une autre pour lui de se forcer à ne pas la dévisager.
"Ce n'est pas la même de remercier, ça m'a fait plaisir de le lui fabriquer. Et... vous me manquez aussi." prononça-t-il sans même s'en rendre réellement compte, avant que ses yeux ne s'ouvrent en grand lorsqu'il réalisa la signification de ce qu'il avait laissé échapper.
Dans un réflexe nerveux, il se racla la gorge et accéléra légèrement le rythme de leur avancée. Il se maudissait intérieurement de laisser son inconscient s'exprimer si aisément en de telles circonstances, alors que cela ne ferait qu'accroître la gêne déjà palpable entre eux. Quel imbécile ! Mieux valait faire abstraction de cet aveu involontaire et prétendre qu'il avait simplement mal choisi ses mots :
"Je me suis porté volontaire. Pour l'astreinte." enchaîna-t-il, le front plissé par l'anxiété et les lèvres toujours quelque peu pincées. "Je n'avais rien de particulier de prévu alors..."
C'était pathétique. Il en prenait conscience en l'admettant à haute voix et il se serait bien giflé si EVE n'était pas là pour le voir encore davantage se ridiculiser. Le robot secoua légèrement sa tête et réprima un soupir, tandis qu'il faisait tourner les clés entre ses doigts. Il jeta un coup d'oeil à son reflet dans la vitre du bureau de la sécurité qu'ils avaient finalement atteint, après ce qui lui semblait avoir duré une éternité. Sans un mot de plus, il en déverrouilla la porte et invita la jeune femme à y entrer avant lui d'un geste de la tête, sans que ses yeux n'osent se poser sur elle à nouveau.
Si ses gestes étaient assurés et mécaniques alors qu'il s'approchait de la console, s'activant à vérifier les écrans des caméras et à tapoter sur les touches du clavier pour vérifier les constantes sur d'autres des affichages, il ne pouvait ignorer le frisson qui persistait à parcourir son échine.
"Tu avais raison. Le problème vient de l'aile du secteur biologique." indiqua-t-il par principe, bien qu'il savait déjà avant d'arriver ici que les suppositions d'Evelyn étaient forcément bonnes. "Il y a eu un dérèglement des fluides atmosphérique dans toute la zone de recherches. Ca provient certainement d'un défaut d'équipement, ou, dans le pire des cas, d'une faille dans notre structure. Je ne sais pas si je peux régler le problème d'ici..."
Ses sourcils s'étaient froncés, son expression dégageant autant d'inquiétude que de concentration. De sa main libre, il attrapa le portable de fonction qu'il avait dans sa poche, faisant défiler rapidement le répertoire tandis que son regard passait des images du laboratoire qu'il avait figé aux écrans à celui du cellulaire. Rapidement, il envoya le code d'alerte qui avait touché le bâtiment en le plongeant dans l'isolement à son supérieur, ainsi qu'au superviseur technique de l'Institut et à celui des risques et catastrophes biologiques préconisé dans ce genre de situation. Wilson avait beau avoir été un héros dans une autre vie, il préférait à présent s'en remettre aux personnes les plus formées sur le sujet.
"Je n'ai qu'une vue d'ensemble d'ici, je ne peux pas vérifier les réglages en détail ni les modifier. Heureusement, comme nous sommes aux normes, ça ne devrait pas dégénérer. Pas avant un moment, du moins. On sera tranquilles tant que l'on reste dans les zones éloignées même si... on ne peut pas sortir avant que ce soit réglé." précisa-t-il en se redressant et en s'écartant de la console de sécurité, tout en passant fébrilement sa main dans sa nuque après avoir posé le téléphone d'astreinte sur le grand bureau. "Le temps que l'équipe arrive pour analyser la situation et juger du danger ou des potentielles conséquences, je pense qu'on a... deux heures ? Ou plus ?"
Son coeur battait trop fort à cette constatation et la panique commençait doucement à s'insinuer dans son esprit. Quelques minutes lui paraissaient déjà insurmontables, puisqu'il ignorait de quoi parler, quel sujet abordé, et encore plus comment se comporter en présence de la scientifique. Il aurait pu lui proposer de faire "secteur à part" en choisissant chacun un endroit où patienter de son côté, mais il ne pouvait se résigner à la laisser seule, craignant qu'elle se mette en danger en voulant d'elle-même aller gérer le soucis auquel ils faisaient face. Ou encore, si par malheur une autre complication venait à arriver, ne pas être à ses côtés pour l'aider serait la crainte qui le hanterait.
"Tu as faim ?" l'interrogea-t-il alors subitement en se retournant vers elle, son regard l'étudiant plus qu'il ne l'aurait souhaité maintenant qu'il la voyait plus clairement à la lumière des écrans. "Je sais que tu dois aller chez Chris après mais si tu as passé la journée ici... J'avais ramené quelque chose pour moi, je l'ai laissé à la cafétéria, si jamais tu veux qu'on partage. Ou il me reste des dossiers à gérer, sinon."
Il ne voulait pas s'imposer. Il ne voulait pas qu'elle se sente obligée. Il ne voulait pas non plus la blesser. Il avait été celui qui avait prit ses distances, il avait ses raisons, et la faiblesse dont il faisait preuve à cet instant, tout comme l'insolence presque d'une telle proposition après son ignorance, le rendait presque honteux.
"Chris est quelqu'un de bien. Non pas que je le connaisse vraiment, mais il est connu en tant que shérif et il fait bien son travail donc... Il a des enfants en plus, non ? C'est bien. C'est vraiment bien."
Wilson avait fait son possible pour ignorer ce détail qu'elle avait malencontreusement donné plus tôt. Il n'avait pas rebondit sur le sujet, avait feint l'indifférence, n'avait pas jugé utile d'y prêter de l'importance. Pourtant, maintenant que le sujet était mis sur le tapis, il ne pouvait s'empêcher de s'imaginer des milliers de scénarios possible dans cet espace étroit qu'était le bureau. La tension qu'il ressentait n'était rien face à la douleur que lui procurait l'image d'Evelyn et Iris, assises sur un sofa face à une cheminée et un magnifique sapin de Noël, riant aux éclats aux paroles d'un grand baraqué, parfaite représentation du paternel et du mari idéal prêt à tout pour protéger sa famille et la choyer. Sa mâchoire se contracta et il inspira difficilement, avant d'ajouter d'une voix rauque, simple murmure douloureux qui s'éleva à travers les bruits mécaniques des machines électroniques :
"J'espère que tu es heureuse."
Il s'extirpa du bureau au même instant qu'il termina sa sentence. Son crâne lui semblait être percuté par un marteau à intervalle régulier, tandis que sa cage thoracique menaçait d'exploser. Il en vint à penser que s'il trafiquait assez bien le système, que si il appuyait sur les bons boutons, il pourrait faire en sorte qu'ils puissent s'échapper d'ici avant que les choses ne dérapent davantage même si cette idée était des plus sordides. Il ne pouvait supporter une telle confrontation.
Pourtant il ne souhaitait que ça pour Evelyn : une vie simple, emplie de bonheur et de joie, tout ce qu'elle méritait d'avoir. Ce qu'il était incapable de lui apporter, tant il avait été brisé. Elle n'avait pas à le réparer, pas encore. Il ne pouvait la contraindre à une telle existence. Elle était trop pure, trop sublime, trop renversante pour n'être destinée qu'à une tâche si ingrate. Mais lui, dans toute sa naïveté, avait espéré qu'il serait le seul à pouvoir profiter de son éclat. C'était une pensée égoïste, ce n'était pas lui. Et il avait choisit de la laisser partir. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
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Evelyn Nichols
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Evelyn avait hoché la tête d’un air rigide lorsqu’il lui avait confirmé qu’elle avait eu raison. Il n’était pas nécessaire de s’en vanter. Après tout, elle n’était pas du genre à se vanter ou s’attarder sur ce genre de détail, l’égo était une notion bien plus mystérieuse et complexe que pour un humain normal. Elle avait écouté la suite non sans une certaine appréhension : elle espérait juste que la plante ne subisse pas ces dérèglements et qu’elle ne meure pas en dehors du fait qu’elle risquait peut-être de les tuer tous les deux. Elle s’était approchée des écrans pour pouvoir mieux les observer et son regard glissa ensuite sur le clavier. Il ne pouvait rien régler à distance. Ce qui était complètement idiot. Non pas que cela était de sa faute ou que c’était lui qui jouait le rôle de l’imbécile mais Evelyn se demandait bien à quoi servait un tel matériel et à quoi bon bloqué un pauvre jeune homme la vieille de Noël si celui-ci ne pouvait pas agir en cas de problème.
- Et donc... si toi tu ne peux pas régler la situation, qui le peut ? Nous attendons une équipe technique ou nous devons espérer que le système se régulera de lui-même ?
Les questions avaient certes étaient posées sans détour mais il n’y avait aucun jugement dans son questionnement, juste de l’interrogation car de tout ce qu’il lui avait dit, c’était une donnée qu’elle n’avait pas. Au même moment, Wilson avait pourtant repris la parole et leurs voix s’étaient entrechoquées lorsqu’il avait parlé de l’équipe technique qui devait arriver. Elle avait donc fermé les yeux d’un air entendu tout en levant la main comme pour lui signifier qu’il n’était donc de facto inutile de répondre à sa question. Son regard glissa une nouvelle fois sur le clavier. Wilson ne pouvait rien faire, cela prendrait au moins deux heures à l’équipe technique... devait-elle lui préciser qu’elle pouvait régler ce problème en deux fois moins de temps ? Elle avait piraté les bases de la Magic League, dans une vie lointaine qui lui semblait désormais plus qu’un rêve, elle avait même infiltré le programme du Marchand de Sable, ce n’était sans aucun doute pas un pauvre petit système de sécurité qui allait l’arrêter, aussi puissant et sophistiqué soit-il. Mais cela signifiait tout faire rentrer les choses dans l’ordre, rentrer chez soi, abandonner Wilson et fuir un moment d’intimité et de discussion qu’elle avait espéré pendant de long mois... A première vue, la plante n’allait pas si mal... elle ne devait donc pas se sentir mal à laisser les choses agir simplement. Après tout, elle ne mentait pas... elle ométait juste un détail primordial. Si les choses venaient à empirer elle interviendrait sans doute, mais pour l’instant, Wilson était plus important. Sa décision prise, elle déglutit et arracha son regard du poste de commande tout en lui tournant le dos.
- Tu as faim ?
La phrase l’avait brusquement sorti de ses songes et elle avait relevé la tête rapidement vers lui tout en le laissant poursuivre.
- Et bien... je ne voudrais pas trop manger avant le réveillon, ce sont généralement des repas très imposants et c’est impoli de refuser un repas de fête.
Elle l’avait précisé comme si elle avait récité une leçon car c’était le cas, vestige des dernières leçons de Wilson premier, père d’Iris alors qu’il avait donné tout son temps pour la rendre plus humaine. Pourtant, refuser de manger avec lui, c’était peut-être l’obliger à retourner à ses dossiers, c’était l’option qu’il avait mise en avant et elle ne voulait pas pour autant qu’il s’en aille. Elle ajouta un peu brusquement et avec précipitation :
- Mais je peux t’accompagner ? Je veux dire... toi tu manges et moi, je suis avec toi? Enfin... si tu veux, je ne veux pas te déranger, tu préfères peut-être être seul. En ce qui me concerne une pause me ferait du bien et de toute façon... je ne peux apparemment plus retourner dans mon bureau.
Elle avait lancé son bras en arrière pour montrer les écrans de sécurités sans pour autant les regarder. Un silence étrange s’installa alors. Comme s’il retenait de dire quelque chose et Evelyn fronça les sourcils comme pour tenter de comprendre ce qui lui arrivait. Et puis soudain, ce fut la douche froide, un début de conversation qu’elle ne voulait pas spécialement et qui était sorti de nulle part, comme un maudit traquenard qu’elle n’avait pas su éviter. Il s’était mis à parler de Chris et la jeune femme l’avait observer tout en laissant brutalement retomber son bras le long de son corps. Bien sûr que Chris était quelqu’un de bien. Excellent même. Elle sentait monter en elle une colère incontrôlable, une colère qui lui devait envie de vomir un cri bestial, qui lui donnait envie de devenir violente, de perdre tout self control et de se laisser aller à ce sentiment destructeur. Comme un signe avant-coureur, elle avait relevé la tête, une expression orgueilleuse sur le visage, elle avait gonflé la poitrine tandis qu’il faisait les questions réponses sur sa façon de s’occuper des enfants. ou quelque chose du style. Elle ne l’écoutait plus vraiment, bien trop concentré sur la façon dont elle allait lui crevé ses magnifiques yeux bleus.
Elle n’était pas idiote, elle avait très bien compris l’allusion. Elle avait bien compris qu’il pensait qu’ils étaient amoureux ou du moins, qu’ils avaient la même relation qu’elle avait eu jadis avec lui. Mais c’était faux ! Pour qui la prenait-il ? Pour un robot girouette ? Pour une femme sans cœur ni âme qui parvenait à rebondir et à remplacer les personnes sans le moindre remord et très rapidement ? Oui Chris était quelqu’un qu’elle appréciait beaucoup, mais ça n’avait rien de comparable avec ce qu’elle pensait de lui, Wilson. Elle avait envie de lui hurler tout cela, elle avait envie de lui faire du mal et maintenant que toute cette colère l’assourdissait de l’intérieur, elle se sentait brûlée vive, comme si la douleur faisait aussi son entrée. Il avait alors fait l’erreur, l’irréparable, la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase déjà bien trop rempli et il avait en plus osé fuir comme un lâche après après supposé ou espéré qu’elle soit heureuse. Il n’allait pas s’en tirer à si bon compte. Elle s’était ruée hors du bureau tandis qu’il marchait déjà dans le couloir, assez loin de part sa démarche rapide mais pas non plus au point d’être hors de portée ou à une distance qui aurait pu rendre la scène stupide ou risible.
- NON.
La phrase était partie avec la violence d’un boulet de canon. Le mot avait été aussi sec qu’il était court mais un étrange écho l’avait répercuté dans le couloir déserté et sombre. Elle serrait les poings, fulminant, attendant qu’il tourne son visage de lâche vers elle.
- NON JE NE SUIS PAS HEUREUSE. Comment tu... OSES me dire des choses pareilles ? Comment... tu … OSES !
Elle explosait littéralement en vol. Son pied s’était abattu dans un bruit violent sur le sol au moment où elle avait prononcé le deuxième “oses”. Elle s’était avancée de quelques pas seulement, d’un air menaçant, le doigt pointé vers lui en véritable signe accusateur. Elle n’avait pas cherché la proximité, elle avait avancé parce qu’elle avait de le frapper et s’était arrêté au bout de trois pas parce qu’elle savait que ce n’était pas bien. Pas bien du tout.
- Tout ça c’est de TA faute. TOUT ! Tu m’entends ? J’étais heureuse, AVANT. Mais à cause de TOI...
Elle en perdait ses mots. Et l’expression sur son visage qu’il avait sans doute pourtant voulu figer trahissait une douleur violente, dû à une mal compréhension de sa phrase, elle l’avait tout de suite senti.
- Non non NON ! Pas comme ça...
Elle s’était tiré les cheveux en arrière avant de faire un tour complet sur elle-même pour tenter de se calmer. On ne pouvait pas dire que ça avait un franc succès puisque sa voix était tout aussi forte lorsqu’elle reprit la conversation :
Je ne te parle pas de Wilson là, je ne te parle pas de ma vie avant ton arrivée. Wilson est parti et même si ça me fera toujours un mal de chien et bien... je passe outre. C’est ce qu’on appelle le deuil et c’est ruuuudement difficile. Mais c’est quelque chose de purement humain et je lui dois bien ça. Là je te parle d’après, de... NOUS.
Elle avait fait un geste violent qui l’avant montré lui puis elle avant de reprendre.
- J'étais heureuse AVEC TOI, Wilson. J'étais heureuse que tu étais dans notre vie... Je... Et un beau jour t’as décidé que c’était fini. Tu m’a fuit pendant des mois puis tu as accepté qu’on rentre dans ta vie et du jour au lendemain... Plus RIEN. Iris en souffre, j’en souffre, tout le monde en souffre !
Elle avait posé sa main sur son cœur en le regardant droit dans les yeux. Jamais elle n’avait ressenti ça. Elle ne se disputait jamais avec Wall-E, elle ne savait pas ce que c’était cette colère emplie d’une douleur causée par l’amour. Elle l’ignorait et le testait pour la première fois et elle ne parvenait plus à arrêter ce flot de parole, tout ce qu’elle avait contenu pendant tout ce temps.
- OUI, Chris est quelqu’un de très bien. C’est un très bon ami. Il nous a aidé là-bas, quand nous avions disparu. Il a sauvé Iris, il m’a permis de garder espoir. Il m’a promit qu’on rentrerait, qu’on te retrouverait sauf que quand nous sommes rentrés tu as apparemment décidé que nous n’en valions plus le coup. Alors il est resté. Il m’a consolé, il a consolé Iris. C’est un VRAI ami mais ça n’est qu’un AMI je n’arrive même pas à croire que je puisse être ce genre de personne. Comme si personne n’avait d’importance dans ma vie alors que c’est faux. TU avais de l’importance et moi contrairement à TOI, je ne jette pas les gens comme des kleenex.
Elle n’avait pas pu s’empêcher d’avancer à pas de loup à chacune de ses paroles, pointant du doigt un Wilson qui vivait l’instant comme il le pouvait. Elle avait fini sa dernière phrase avec un index qui avait été pointé si violemment contre la poitrine du jeune homme qu’elle était presque certaine de lui avoir créé un bleu. Elle avait son regard à quelques centimètres du sien, le regard glacial et colérique plongé dans le sien, le souffle court par toute cet énervement et maintenant qu’elle se permettait un moment de pause, elle se rendait compte que des larmes avaient roulé sur ses joues, des larmes qu’il pouvait clairement voir malgré l’obscurité du lieu. Ça lui faisait un bien fou d’avoir lâcher tout ça. Elle ne regrettait rien. Elle n’avait pas honte. Elle était presque sûre que Wilson la soutenait de là où il était. Et si ce Wilson-ci ne pouvait pas l’accepter, ce n’était pas son problème à elle.
Wilson Wallander
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I'm reminded of the fool I was I cut you off and fucked it up again.
La douleur qu'il ressentait déformait presque ses traits, alors même qu'aucun coup n'avait physiquement été porté à son encontre. Wilson n'avait que faire des attaques que son corps pouvait subir, puisqu'il considérait son enveloppe comme un vaisseau qui pouvait très bien se remettre et se régénérer suite aux coupures, aux attaques, aux blessures diverses que n'importe quel autre individu pouvait bien lui infliger. Seulement, et il en avait pleinement conscience plus qui quiconque, il existait pire souffrances que ces dernières. Les égratignures qui parsemaient son coeur et les plaies qui n'y étaient pas cicatrisées se remettaient à le tirailler, ce poids dans sa cage thoracique se faisant de moins en moins supportable, tandis que chaque mot supplémentaire que la jeune femme prononçait lui donnait l'impression qu'elle serrait davantage cet organe vital entre ses doigts pour le torturer.
Toute cette situation de confinement forcé, un soir de réveillon où seul la joie et le partage devaient régner, lui paraissait à présent bien insignifiante et absurde. Il aurait dû se douter qu'en passant du temps seul avec elle, après tout ce qu'ils avaient traversé, finirait à un moment ou un autre par les faire exploser. Il était peut-être préférable que ça se produise ici, plutôt que devant la petite Iris qui n'avait rien demandé, ou que face à des collègues impuissants qui n'aurait pu que les prendre en pitié. Ils avaient besoin de cette intimité. Et même si Wilson avait souhaité éviter cette confrontation autant que possible, il était trop tard pour faire marche arrière.
"Jamais, dans aucun univers existant, je n'ai pensé une seule seconde que vous n'en valiez pas le coup." prononça-t-il d'un ton d'apparence détaché, même tout dans sa mâchoire contracté à ses muscles tendus laissaient deviner sa contrariété. "Et bon sang Evelyn, tu n'imagines même pas à quel point j'ai crevé d'envie de venir vous serrer dans mes bras à votre retour, après avoir cru que vous étiez mortes."
Son regard ne la lâchait pas et il luttait pour ne pas hausser le ton malgré l'atmosphère empreinte d'une frénésie étrange. Devait-il se sentir mal d'évoquer ce sujet, alors qu'elle connaissait tout comme lui ce qu'engendrait la perte d'un être cher ? Ses sourcils se froncèrent, ses yeux suivant le chemin des larmes qui couraient le long de ses joues. Si ses émotions explosaient de la sorte, si elle ne parvenait pas à se contenir, c'était de sa faute. Cette réflexion lui tordait le ventre de culpabilité, alors qu'il aurait préféré pouvoir retourner dans le passé pour ne rien dire et l'ignorer. Mais, d'une manière qu'il n'expliquait pas, la satisfaction s'insinuait dans ses veines et dans ses esprits, un contentement malsain à l'idée que Chris -cet ami parfait que jamais il ne pourrait être- n'occupe pas la place qu'il s'imaginait. Jamais il n'aurait remit en cause la franchise, l'honnêteté brute, la sincérité sans faille d'Evelyn avec ceux qui l'entouraient. Wilson savait qu'il pouvait croire chacune de ses paroles sans jamais les remettre en doute. Cette affection qu'elle lui portait était réelle, tout comme tout le ressentiment qu'il provoquait en elle.
Il les torturait tous deux par sa distance, son comportement, son mal-être. C'était tout ce qu'il avait toujours désiré éviter. Alors pourquoi à présent que cela se produisait, il en était rassuré ? Pourquoi est-ce que savoir sa peine partagée faisait s'accélérer à ce point le rythme cardiaque qui le maintenait en vie ? Pourquoi est-ce qu'il était ainsi, chamboulé et incapable de se reconnaître ou se contrôler, dès qu'elle était à ses côtés ? Il était une personne raisonnée, réfléchie, qui prenait de la distance concernant toutes les envies qui pouvaient le traverser. Il avait développé une résistance à toute épreuve, en particulier concernant cette femme face à lui. Pourtant dans ce couloir d'un labo désert, à la lueur d'éclairages peu flatteurs, alors qu'elle pleurait, qu'elle l'avait accusé de tout ses maux, et que des vérités dont il aurait dû avoir honte avaient été prononcées, il détruisait volontairement chacune des barrières qu'il avait érigées. Il avait tout essayé, tout tenté, mais elle déterrait à elle seule toutes ses faiblesses qu'il avait si profondément enfouies.
"J'ai été con, je vous ai abandonné. Et je ne vais pas m'en excuser. Ce ne sera pas la dernière fois que je te décevrai ou que je te blesserai. On le sait tous les deux. Ce bonheur, là, celui que tu as cru ressentir avec moi... c'est que passager." poursuivit-il avec assurance et autorité, sans engager le moindre mouvement pour s'éloigner d'elle.
Au contraire, même. Ses bras étaient restés le long de son corps tout le temps où il l'avait écouté, mais sa main se releva finalement pour frôler le visage de celle qui était à la fois si proche et si distante. Il hésita, à peine une seconde, avant que ses doigts ne caresse sa peau humide, jusqu'à venir complètement se poser pour profiter de la chaleur qu'elle libérait. Inconsciemment, ce geste simple, banal, lui fit prendre une grande inspiration. Ses pupilles se dilatèrent en retrouvant les siens, s'y fixant comme s'il s'agissait du seul ancrage qu'il possédait pour garder le lien avec cette réalité si loin d'être digne d'un conte de fée. Elle dégageait tant de rage... Et elle était sublime.
"Tu peux m'en vouloir. Tu le dois même. Déteste moi. Maudis moi. Rends-toi compte que je suis loin d'être celui qu'il te faut et vire moi de ta vie une bonne fois pour toute." articula-t-il lentement, dans un murmure à la douceur douloureuse qui ne dissimulait rien du bouillonnement qui l'animait. "Parce que là, je suis sur le point de faire une nouvelle connerie et si tu ne m'arrêtes pas... ça se terminera en tragédie."
Avant que son esprit n'ait pu le ramener à la raison, son être entier se pencha en direction du sien dans un mouvement vif et avide qui ne répondait à aucune sorte de logique. Comme s'il désirait effacer complètement l'espace libre qui se trouvait entre leur deux corps, sans une once d'embarras ni aucune indécision, ses lèvres se posèrent sur celles d'Evelyn. Il y goûta la saveur salée de sa tristesse, sa paume brûlante enserrant son visage plus fermement tandis que sa main libre se portait à sa nuque, le frôlement de ses cheveux contre ses doigts lui procurant des frissons dont l'électricité le galvanisait sans qu'il ne puisse cette fois faire abstraction de tout le pouvoir d'attraction qu'elle possédait sur lui. Il était lâche, lâche et égoïste d'agir de la sorte, et d'une impulsivité qu'il n'avait pas connu depuis longtemps. Elle détraquait ses pensées et tout en elle ne lui inspirait que de l'intensité, de ses actes à ses émotions, qu'il exprimait à cet instant précis à travers ce baiser, tous ses sens focalisées sur cette femme au parfum enivrant.
Et aussi stupide et déplacée pouvait être cette pensée, il était prêt à cesser d'exister sur le champ si cela signifiait continuer éternellement à vivre ce moment.
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En un instant, tout s’était évanoui. C’était fou, absolument démentiel, c’était comme si son cerveau avec explosé à l’instant où ses lèvres avaient touché les siennes. Une explosion de saveur, de sensation, de douceur, de rancœur, de violence, d’amour. C'était comme si elle débloquait ses capacités pour la deuxième fois, comme si elle naissait pour la quatrième fois, comme si le monde s’auto-détruisait, se dérobait sous ses pieds et que cela lui faisait éprouver un plaisir incroyable. C’était peut-être même mieux que le sexe, peut-être même mieux que la drogue même si au fond, elle savait surtout que ces deux éléments avaient fortement avoir avec ce qu’elle ressentait. Elle était accro à lui depuis qu’elle en était tombée amoureuse, elle avait repensé à la possibilité du sexe à l’instant où ses yeux avaient fait augmenter son rythme cardiaque pour la première fois. Elle était heureuse, follement heureuse, de façon déraisonné, au point que ce ne soit peut-être plus du bonheur mais juste du plaisir à l’état brut, sauvage, volcanique. Elle n’était plus rien. Ils étaient tout.
De façon complètement déraisonné, ses mains étaient venues s’enfoncer dans ses boucles brunes. Avec une violence qu’elle ne contrôlait pas vraiment, sentait qu’elle l’avait plaqué contre le mur, qu’elle s’acharnait sur son visage, sur son crâne, ses lèvres toujours sur les siennes, son corps se collant encore plus au sien. Elle ne voulait plus ressentir la distance, elle voulait juste sentir qu’ils n’étaient qu’un, elle voulait qu’il puisse la traverser, entrer en elle, elle avait l’impression que son extase ne finirait alors jamais. Il n’y avait plus besoin de mot, plus besoin de larmes, plus besoin de réflexion, il n’y avait que leurs gestes, leur course effrénée à l’appartenance suprême. Pour la première fois de sa vie, elle avait l’impression que le robot qu’elle avait été n’existait plus, elle était femme, juste femme. Elle avait tant voulu être parfait avec Wilson, elle avait tout fait dans les règles de l’art car elle pensait que c’était par l’apprentissage et la retransmission qu’elle deviendrait humaine. Mais avec CE Wilson... elle avait l’impression que la théorie n’existait plus, que l’expérience ne pouvait être qu’empirique, elle se laissait guider par ses émotions, ses mouvements, laissant totalement derrière elle la raison qui la tenait tant.
Ses mains avaient quitté ses cheveux mais ses lèvres étaient toujours sur les siennes, elle avait passé ses mains sous son t-shirt, elle sentait son torse chaud sur ses doigts et cela ne renforça qu’un peu plus son baiser. Elle voulait tout. Tout de suite. Maintenant. Elle avait trop attendu, il lui avait trop manqué. Il n’aurait jamais dû faire ça, elle devait refuser. Il lui avait demandé de l’arrêter et elle n’avait fait que tout amplifié. Au diable la tragédie ! Elle l’acceptait. Elle avait toujours tout fait comme il fallait et IL en était mort. Elle refusait de tout faire selon les règles cette fois-ci. Elle évoluait, elle devenait complètement humaine, oubliant la raison au profit du désir, se fichant des conséquences futures tant que le moment présent durait. Son bassin s’était collé contre le sien et tout d’un coup... elle avait tout stoppé. Elle avait arraché ses lèvres des siennes, ses mains toujours posées sur sa poitrine brûlante. Elle pouvait ressentir les battements fous de son cœur. Elle avait immédiatement détourné le regard, posé sa tête sur son épaule, le nez niché au creux de son cou tandis qu’elle reprenait sa respiration.
- On n’aurait sans doute pas dû faire ça...
Sa voix n’était pas plus haute qu’un murmure.
- Mais... je m’en fiche. Parce que quoi qu’on tente on se fait du mal. Ce n’est pas en essayant de fuir ce qui existe qu’on aura moins mal, tu sais. On loupe juste de merveilleux moment. Et moi, je ne veux plus rien louper. La vie est trop courte...
Elle avait retiré sa tête de son épaule et ses mains de sous son t-shit et s’était mise à l’épousseter tout en rougissant.
- Désolée... Je... me suis laissée emporter... Et... Je ne t’ai pas fait mal ? Je crois que ta tête a cogné un peu fort...
Avec douceur, elle avait posé sa main sur le dos de son crâne et avait ressenti son état de sentait. Un hématome était en train de se créer.
- Tu vas avoir une bosse... viens, on devrait trouver des compresses de glaces à l’infirmerie.
Quitte à attendre, autant réglé ce qui devait l’être. Sans croisé son regard, elle avait glissé sa main dans la sienne et l’avait poussé à la suivre le long du couloir. Ils avaient remonté deux étages à l’aide des escaliers, les ascenseurs étant hors service de par de confinement. A l’aide du trousseau de Wilson, ils finirent par pénétrer dans la pièce et tandis qu’elle invitait Wilson à s’asseoir sur le lit médical, elle se dirigea vers le mini congélateur pour récupérer des compresses de gélatines gelées. Elle en enroula une dans une serviette et la posa avec douceur à l’endroit de la future bosse. Son regard croisa alors le sien et elle ne put s’empêcher de lui sourire, timidement.
- Pourquoi penses-tu que le bonheur que je pourrais ressentir avec toi ne serait que passager ? Parce que tu as encore l’intention de fuir ? Encore et encore ? Il faut que tu arrêtes de t’affliger tous les maux des mondes. Tu n’y es pour rien dans ce que s’est passé mais une chose est certaine, l’univers t’a donné une seconde chance d’être heureux... alors pourquoi ne pas tenter de la vivre pleinement ?
Elle était toujours debout devant lui et le regardait le plus sérieusement du monde, la compresse toujours posé sur sa tête.
Wilson Wallander
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I'm reminded of the fool I was I cut you off and fucked it up again.
Invraisemblablement, vacarme et silence se confondaient tandis qu'il ne savait plus où son propre corps débutait et où celui d'Eve se terminait. Il y avait ce bruit assourdissant des battements qui agitaient sa cage thoracique qu'il percevait dont il aurait pu ne jamais se lasser, ainsi que les siens qui s'emballaient tant que l'énergie qu'ils produisaient devait atteindre des sommets. Puis le mutisme de son esprit, absorbé par le moment qu'ils étaient en train de créer. Etait-ce seulement réel ? Il ne se posait pas la question. Et si un jour il devait perdre la raison - bien qu'il soit peut-être déjà trop tard pour ça - il était certain qu'il ne douterait à aucun moment de l'existence de ce contact. Tout n'était qu'instinct brut. Et plus elle se rapprochait, plus sa peau rentrait en contact la sienne, plus le monde semblait se retourner, mis sans dessus-dessous par l'effusion de sentiments trop longuement refoulés. L'apocalypse aurait pu avoir lieu sans qu'il s'en soucie une seconde. Tout ce qui lui importait était ce désordre qu'elle mettait dans sa tête. Plus encore celui qu'elle mettait dans son coeur.
Bien que, tout aussi férocement qu'il avait débuté, le moment cessa. Pourtant, au lieu de laisser ce même sentiment de vide qu'il ressentait continuellement habituellement, Wilson ressentait cette brûlure à la poitrine, dans le creux de son estomac, sur chaque parcelle de cette enveloppe charnelle qu'elle avait touché et qu'elle parcourait encore. Il entendait sa voix qui venait panser ses parts de lui calcinées par l'envie, les enveloppant de douceur et de pureté, l'aidant à en conserver la chaleur agréable sans laisser le temps à la douleur de s'installer. Mais l déluge de ses pensées, lui, reprenait de plus belle, malgré le barrage qu'elle commençait à construire pour l'empêcher de s'y noyer. Regrettait-il ? Non. Il aurait menti en le prétendant. Comment regretter de ressentir toute cette vie en train de bouillir dans ses veines ? Comment regretter d'être à ce point enivré par son parfum qu'il craignait de ne plus réussir à respirer correctement si jamais l'air autour de lui venait à en être privé ? Il ne se plaindrait même pas de l'élancement de son crâne à l'endroit où sa tête avait cogné le mur, parce que, bon sang, il était prêt à tout subir pour avoir encore et encore la preuve qu'ils avaient bien partagé ce baiser. Non, ce n'était pas qu'un baiser. C'était tant de choses à la fois.
Pour seule réponse à ses interrogations sur son état de santé, il l'avait regardé, avec autant de fascination que d'incompréhension. Elle ne pouvait pas penser ce qu'elle disait. Elle devait être perturbée, elle aussi. Il était impossible qu'elle soit prête à endurer davantage de souffrance en restant à ses côtés. Pourquoi accepterait-elle ça ? La vie est trop courte... disait-elle. Il aurait méprisé une telle énoncée en d'autres circonstances, considérant que ça n'avait pas d'importance, mais maintenant ? Il ne savait plus. Il était peut-être encore plus perdu qu'avant. Alors il conserva le silence lorsque la serviette entra en contact avec sa chevelure qu'elle avait emmêlé en s'y accrochant, faisant aisément abstraction du froid provoqué lorsqu'il releva sa tête pour cesser de fixer ses chaussures et venir de nouveau se perdre dans l'immensité du regard qu'Eve lui renvoyait. Il ne savait ce qui était le plus décontenançant : la manière dont il osait la regarder tant que sa volonté était encore brisée et qu'il laissait transparaître la moindre de ses émotions, ou toutes ces choses qu'elle lui disait et qui attisaient ses angoisses étouffées ? Probablement un savant mélange des deux. Il était partagé entre le silence et l'aveu, seuls ses sourcils se fronçant quelque peu pour exprimer sur son visage ce duel intérieur duquel il ne mit pas longtemps à décider de l'issu.
"Parce que j'ai peur." affirma-t-il donc dans un souffle sans prendre de détour. "Ce n'était pas le cas, avant. Je n'avais rien à craindre quand je n'avais rien à perdre. Mais tu es là et..."
L'ancien robot laissa sa phrase en suspens et releva sa main pour venir frôler le bras d'Evelyn, au bout duquel elle tenait toujours si adroitement la compresse destinée à apaiser le gonflement qui se créait à l'arrière de sa tête.
"J'ai peur de tout ce que je serai capable de faire, de dire ou de ressentir, de tout ce que je pourrai t'offrir, de tout ce que je pourrai causer. Parce que je ne peux pas promettre de ne jamais te faire de peine, à toi, ou à Iris, sans m'en rendre compte, sans le vouloir..." enchaîna-t-il sans détourner le regard ne serait-ce que le temps d'un battement de cils. "J'ai aussi peur de tout ce que je pourrai recevoir en retour. De ne pas réussir à l'encaisser. Ou de te lasser, de t'épuiser, de ne pas être assez, d'être trop..."
Il avait enserré avec délicatesse son poignet pour qu'elle cesse de se préoccuper de son hématome dont il se fichait éperdument. Il ramena également son autre main devant lui, les serrant entre ses propres paumes, comme si garder cet unique contact était ce dont il avait besoin pour ne pas cesser de s'exprimer.
"Je suis un robot cassé, Eve. Je le serai toujours. Il n'y aucun moyen de me réparer cette fois." exprima-t-il telle l'évidence que cette observation était, et dont ils étaient tous deux conscients.
Si il avait réussi à recoller les morceaux restant, certains s'étaient perdus en chemin. Et aussi douée soit-elle, elle ne pourrait le remettre en route pour que tout aille mieux comme elle avait déjà pu le faire. Au fond, c'était sans doute ça qu'il craignait le plus, qu'elle réalise trop tard que la machine qu'il était encore au fond ne fonctionnerait jamais vraiment correctement et que parfois, il ne le contrôlerait même pas.
L'étau était prêt à revenir à l'assaut pour serrer son coeur, mais quelques boulons avaient dû chuter pour ne pas le laisser trop fortement s'installer. Alors il parvint à l'inciter à se rapprocher, pour appuyer son front contre elle, sa respiration se calant au rythme de la sienne.
"Et j'ai peur de ne pas réussir à t'aimer comme tu devrais être aimée. Pleinement, follement, infiniment et ce en tout Temps." laissa échapper Wilson dans un murmure, sa bouche à quelques millimètres à peine de son ventre.
Les paupières fermées, il s'imprégnait de cette proximité qu'elle lui accordait sans qu'il n'ait jamais osé en rêver. C'était sans doute un miracle, en cette nuit de Noël. Un phénomène éphémère et fugace, qui lui rappelait celui des pluies d'étoiles filantes qu'il observait la nuit en pensant à elle. Et tout comme si il avait été possible pour lui de toucher l'une d'elles du bout des doigts, il ne résistait pas à l'appel de sa lumière avant qu'elle ne soit hors de portée, parce que après tout... La vie était trop courte pour s'en priver, n'est-ce pas ?
(c) DΛNDELION
Evelyn Nichols
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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Last Christmas, I gave you my heart but the very next day, you gave it away...
La franchise de Wilson avait été désarmante. La peur. Il était toujours question de peur. Pouvait-elle seulement lui en vouloir ? Après tout, elle avait eu peur pendant longtemps. Elle avait encore peur aujourd’hui. Et cela, elle le devait à tout ce qu’elle avait vécu. Et cet homme en face d’elle avait sans aucun doute subit bien pire. Alors pouvait-on lui en vouloir d’avoir peur ? Elle avait continué à le regarder, patience, la main toujours posée sur la compresse qu’elle tenait sur sa bosse naissante. Elle avait dégluti, hochant la tête avec raideur dans un signe de compréhension sans pour autant reprendre la parole. Elle sentait qu’il avait besoin de s’exprimer encore, de dire ce qu’il ressentait et elle ne s’était pas trompée. Ses peurs, elle les comprenait. Elle avait eu les mêmes, elle en avait eu aussi des différentes mais il les exprimait avec une telle ferveur, sans fuir, droit dans les yeux qu’elle avait l’impression qu’elles étaient insurmontables. C’était sans doute ce qu’il pensait, ce qu’il tentait de lui transmettre mais une petite voix au fond d’elle l’encourageait à ne pas y croire, à passer outre.
Elle avait posé ses yeux sur ses mains, celle qu’il avait ramené devant lui. C’était une mauvaise idée. Le froid n’avait pas eu le temps de donner tous ses bienfaits, il allait faire gonfler l’hématome. Elle avait voulu lui dire dans un élan de ferveur, les sourcils froncés, mais elle s’était finalement tue, voyant avec quelle volonté il la regardait, à quel point cela comptait pour lui de lui tenir les mains ainsi. Il parlait de robot cassé, irréparable. Elle refusait d’y croire. Tout était réparable. Peut-être pas de la même façon qu’elle avait réparé le premier Wilson dans son monde, de la façon dont l’autre EVE l’avait sans doute réparé lui, mais d’une autre façon. Il suffisait de la trouver. Elle était prête à y mettre le temps qu’il faudrait. Il lui parlait de peur, une nouvelle fois et avec douceur, la blonde avait détaché sa main de la sienne pour poser son index et son majeur avec douceur sur ses lèvres, l’intimer au silence sans aucune violence. Toujours debout devant lui, elle avait détaché son autre main, avait posé la compresse à côté de lui avant de lever doucement son menton pour le forcer à la regarder une nouvelle fois.
- La peur n’évite pas le danger. Tu connais cette expression ? Elle vient d’un livre, Survivre avec les loups de Misha Defonseca. La citation exacte est la peur n’évite pas le danger, le courage non plus. Mais la peur rend faible et le courage rends fort.
Elle avait retrouvé ça dans la base de données qui lui servait de cerveau et jamais elle n’avait autant compris une citation littéraire qu’en cet instant.
- Tu ne pourras rien arrêter Wilson. Si nous devons souffrir, nous souffrirons, si tu dois nous perdre, tu nous perdras. Ta peur ne nous sauvera pas. Et elle ne te sauvera pas non plus de ta douleur. Tu sais pourquoi ? Parce que même si tu nous évites...
Avec douleur, la main qui lui avait relevé le menton avait glissé lentement jusqu’à son cœur.
- … Ton cœur bat déjà trop fort pour y croire. Alors le jour où ça arrivera. Le jour où je ne t’aimerai plus, le jour où je mourrai, le jour où tu me feras souffrir... est-ce que tu te sentiras mieux de ne jamais avoir rien vécu de ce que tu voulais pour le même résultat ou est-ce que tu soupireras au moins à l’idée d’avoir vécu quelque chose ?
Elle déglutit avant de récupérer un tabouret de l’infirmerie afin de s’asseoir face à lui, avec douceur. Elle soupira, décidée à poursuivre son propos malgré la douleur que ça allait lui provoquer. Lentement, elle leva une main vers sa joue pour la lui caresser tendrement, effleurant sa barbe naissante de son pouce. La voix un peu prise, elle se lança :
- Tu sais... Je pense que je ne guérirai jamais de la mort de Wilson. A chaque fois que je vois notre fille magnifique, je le vois. Et parfois en pleine nuit, il m’arrive encore d’avoir des angoisses et des douleurs quant à sa disparition. Mais malgré le deuil qui ne regarde que moi, je sais que j’avance... Et quand j’ai besoin de me consoler, je me remercie de tous ces moments que j’ai pu vivre avec lui. Tous ces moments qui me font souffrir aujourd’hui de leur absence mais que je ne regretterai jamais car je pense qu’il aurait été pire pour moi de ne pas avoir vécu tout ça que de vivre avec ces souvenirs aujourd’hui. Tu n’as pas eu l’occasion de voir ta EVE en vie et je sais que cela a été dur pour toi... mais est-ce que ça ne t’aura pas aussi donné de la chaleur de pouvoir te souvenirs des doux moments dans les périodes sombres ?
Sa seconde main se dirigea sur son autre joue, emprisonnant son visage dans ses mains avec douceur. Une larme avait coulé sur sa joue mes elle refusait de la voir. Elle l’avait écrasé d’un geste rapide avant de reposer ses mains sur son visage.
- Tu es un robot cassé, Wilson, comme moi. Mais tu n’es pas un robot détruit, tu m’entends ? Tu as encore un avenir, tu n’es pas relayé à la casse et au broyeur. Tu manques juste d’un bon coup de polissage et d’une petite révision des circuits. Tu t’y connais pourtant mieux que moi là-dedans, non ?
Elle lui avait fait un sourire qu’elle voulait rassurant. Elle ignorait si la portée de ses mots parvenait à l’atteindre. L’affect, l’émotion, ce n’était pas ce qu’elle maîtrisait le mieux. Pourtant ses explications lui semblaient logiques, limpides même, d’une telle évidence qu’elle les avait sorties sans effort, comme elles les pensaient, comme si elles n’étayent rien d’autre qu’une loin mathématique.
- Alors aimes-moi... mal, en me faisant de la peine. En faisant trop et pas assez. En hésitant. Laisse-nous t’aimer. Tout aussi mal et maladroitement. Avec nos faiblesses et nos défauts mais aussi nos forces et nos qualités. C’est déjà trop tard... Iris t’aime... je...
Elle s’était stoppée, les morts étaient morts sur ses lèvres mais elle avait l’impression que sa voix avait tout de même raisonné dans l’infirmerie. Elle le savait, si elle le disait, elle ne pourrait plus revenir en arrière. Mais n’était-ce déjà pas trop tard ? Elle l’aimait. Qu’elle le veuille ou non. Et ne serait-elle pas bien piètre professeur en cet instant si elle lui montrait le contraire de ce qu’elle tentait de lui faire comprendre ? Passant sa langue rapidement sur ses lèvres comme pour les humidifier sous le coup du stress, elle s’approcha de lui lentement, déposant un doux baiser sur ses lèvres, simple, tout en douceur, un de ceux qui lui demandait le plus d’effort. A quelque centimètre de son visage, leurs nez se frôlant, elle avait retiré ses lèvres des siennes pour le regarder dans les yeux, avant de lui murmurer, comme une vaincue de la vie, de l’amour :