« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Shinta n’était pas le genre impatient. Si un homme était la représentation même de la patience c’était lui. Il pouvait attendre des heures, simplement assis, et attendre. Il avait attendu que le temps passe, quand il était au japon, tout simplement. Que le temps passe et voir ce qu’il avait a faire. La patience, peut être aussi un manque de motivation à faire plus aussi, mais de la patience tout de même. Alors là, en face de la jeune femme, on pourrait croire qu’il serait aussi patient … mais non. Il avait cette impatience, impérieuse, de faire en sorte de revenir dans le temps … tout de suite. De repartir à l’époque, et de se jeter dans ses bras encore et encore comme l’enfant qu’il n’avait été qu’avec elle en réalité.
Liliann avait toujours eu ce « truc » de le rendre enfant. De le mettre à sa place. De le rendre immature comme l’enfant qu’il était aurait dû l’être. Bien sur, Shinta n’avait jamais blâmer son père pour tout ce qui s’était passé … mais il n’avait pas réussi à faire ce que Liliann avait fait de sa simple présence… et là, devant l’urgence de ses envies, il ne pouvait pas penser autrement que « elle est là » et « elle sera toujours là ». Quelque part on lui souffla qu’elle avait « toujours été là » dans son cœur … mais elle avait tout de même disparu un bon moment. Alors que là, elle était là… palpable, capable de prendre les câlins et de les rendre…
Et Shinta avait l’impression de redevenir l’enfant qu’il n’avait jamais été. Il avait cette chaleureuse impression d’être « en famille ». Comme dans les moments de grâces qui lui arrivait de vivre avec les autres garçons de la famille … mais là… c’était différent, c’était Liliann. Shinta écouta les paroles de la jeune femme et voulait les inscrire dans sa mémoire, dans son esprit, pour essayer de comprendre la jeune femme dans sa globalité.
- Je peux essayer de t’aider si tu m’y autorise.
Retrouver qui on est. Shinta c’était perdu dans une autre époque aussi. Il avait oublié qui il était, il était devenu un assassin… et pas n’importe lequel, un assassin de légende, un véritable tueur dont seul le nom faisait trembler l’ennemi. Il avait oublié qui il était, pourquoi il se battait, il avait oublié même avoir une âme. Le temps l’avait pansé. Le temps l’avait rendu comme il avait pu. Le temps l’avait changé, et il avait eu peur de ne jamais retrouver l’homme qu’il était réellement. Et il avait eu de l’aide pour se souvenir de qui il était. Alors il proposait la même aide à la jeune femme. Il lui proposait toute l’aide dont elle voudra, et toute l’aide qu’il pourra lui apporter. Kenshin observa la femme en face de lui. Il voulait lui dire tant de chose, mais il ne pouvait pas la couper dans sa force. Il ne voulait pas lui couper le courage qu’elle prenait pour parler. Il se permit juste de lui dire qu’il comprenait dans un murmure.
- C’est plus difficile de dire non que ce qu’on ne pense. Elle a fait ce qu’elle a pu.
Il espérait qu’elle l’entende, mais que ça ne coupe pas son envie de raconter encore l’histoire de cette princesse … une princesse qui a du se défendre seule contre une demande qu’on ne peut refuser, mais qu’on se doit de refuser bien évidemment. Il gardait sa main dans la sienne et répondait à ses paroles par des petites pressions délicates.
- Il a dû te falloir bien du courage pour pardonner et pour accepter de pardonner. Tu as fais ce qu’on demandait de toi, même si cela te faisait souffrir.
Pardonner à un homme qui voulait faire d’elle sa femme de force, ça se faisait pas. Pardonner à un père qui voulait faire de sa fille sa femme de force, ça se faisait pas. Pardonner à un roi ? Qui pouvait bien avoir le choix. En réalité, dans ce monde, elle n’aurait pas eu plus le choix. Mais elle avait survécu, et la fuite dont elle avait si honte avait été, au fond, le moyen le plus propice pour se sauver, et c’était ce qui comptait. Il trouvait cela triste que son mariage n’ait pas été d’amour, mais il ne pouvait que comprendre la manière dont tout avait été fait.
Quand elle parla de la suite, le pincement sur ses doigts se fit plus fort, mais il ne fit pas mine de montrer un visage de souffrance. Elle avait besoin de sa force, pour parler, pour se libérer de ce poids, au moins une petite partie, qu’elle portait seule sur ses épaules. Il attendit la suite dans le calme et la sérénité. Dans une émotion de tranquillité qui devait être bien venu avec l’histoire qu’elle lui contait.
Il suivait les mots qui sortaient de sa bouche. Il ne voulait pas imaginer, il ne voulait pas visualiser des images. Et étrangement il y arriva. Mais sa colère gronda dans un coin de son esprit. Il avait promis de ne plus jamais tuer, mais s’il trouvait son père, il le tuerait. Il n’était plus un assassin, il l’avait été, mais il ne l’était plus depuis longtemps. On n’était pas assassin en protégeant une personne que l’on aime. Il observa la baie vitrée alors qu’il cachait sa colère toujours derrière un visage de tranquillité.
- Anahis …
Répéta t il doucement. La tonalité de ce prénom lui faisait étrange. Il avait l’impression de dire un mensonge … ou peut être était ce justement parce qu’il était plus véridique que Liliann que cela le dérangeait. Il se demandait alors si c’était « peau d’âne » « Liliann » ou « Anahis » qu’elle considérait comme son véritable elle. Kenshin trainait Bottasai l’assassin comme un boulet accroché à ses pieds, et même s’il n’aimait pas ce nom, il ne pouvait le léguer ou le laisser. Cependant, il savait qu’il se sentirait toujours plus « autre chose » que lui. Il était Kenshin. Il était Shinta. Et Shinta prenait le devant de tout le reste. Validant le passé qu’il ne voulait pas avoir eu. Il caressa du pouce la main de la jeune femme pendant ses réflexions.
- Comment préfères tu que je t’appelle ? Je t’appellerais comme tu le préfères. Et je comprends. Cette maison a été le témoin d’un passé peu … … …. Voilà. Mais toi et moi on va rendre cette maison témoin d’autres choses, n’est ce pas ? Et tout ira mieux. Parce que ça ne peut aller que mieux.
Il pense alors à la régression vers la moyenne … C’était un principe assez simple, et qui donnait toujours envie de réfléchir. La régression vers la moyenne, c’était que même au plus mal, on ne pouvait qu’aller vers le mieux. Elle avait vécu le pire… et Shinta ne se permit même pas de comparer, et ne le fera jamais avec sa propre vie, et il y avait toujours une régression vers la moyenne. Elle avait assez souffert comme ça, elle pouvait enfin vivre, et profiter de la vie. Parce qu’il se fit le serment muet de rendre son monde à la moyenne. Et la moyenne c’était déjà le bonheur.
- Tu as survécu, tu es là, et c’est tout ce qui compte.
Il avait l’impression qu’il manquait encore des informations à cette histoire … mais il n’était pas sur d’avoir envie de la pousser à en dire plus. Il avait déjà l’impression de l’avoir pousser à en dire beaucoup trop. Il ne voulait pas qu’elle se sente obliger de lui parler. Mais Shinta sentait qu’il manquait encore autant … ou peut être plus dans son histoire. Après tout, il avait connu Liliann, et elle ne lui avait pas encore dit comment elle était passé d’Ahanis à Liliann.
eut-elle trouver qui elle est, avec l’aide de Shinta ? Son cœur a envie de dire oui, d’y croire le plus possible, de s’accrocher à cette éventualité et ne plus la lâcher. Son cerveau n’arrive pas à l’espérer. Il est plus rationnel, plus terre à terre, peut-être. Il sait qu’elle n’arrivera jamais à trouver de réponse à ses questions, qu’il est trop tard ou trop tôt, elle n’arrive pas à le savoir, à comprendre ce qui lui manque pour se donner un nom, une identité à elle. Doit-elle s’appeler Liliann, Anahis, Nahid ou Peau d’âne ? Est-elle l’une d’entre elles ou toutes à la fois ? Peut-elle devenir celle qu’elle a envie d’être ou se contenter de laisser couler, comme elle l’a fait jusqu’à maintenant ?
Elle ne sait pas. Ces réflexions lui retournent le cerveau, posent plus de questions que de réponses. Elle n’arrive pas à comprendre comment il pourra l’aider à se trouver, à enfin saisir qui elle est. Peut-être le peut-il. Peut-être pas. C’est, au final, un coup à jouer, une tentative à faire sans réussir à pronostiquer de succès ou d’échec. Mais Liliann a peur des conséquences, de l’impact que cela aura sur lui. Elle ne veut pas faire de mal aux Kamiya, qu’importe ce que ce mal peut être. Alors que doit-elle faire ? Il est, sûrement, trop tôt pour se décider, alors elle laisse tomber.
Peau d’âne s’enfonce, plutôt, dans les souvenirs du passé, de cette époque étrange qui a été la sienne, qui ne l’est plus depuis longtemps. Est-elle, au fond, la princesse de son conte ? A-t-elle la moindre ressemblance avec elle ? Ou n’est-ce, au final, qu’une illusion de plus, une idée implantée dans son cerveau pour lui faire croire qu’elle a, un jour, appartenu à la royauté. Elle ne sait pas répondre à ces questions-là non plus, pas plus qu’elle ne sait répondre à celle qui s’impose à elle, alors que Shinta intervient, dans son récit.
A-t-elle, véritablement, fait tout ce qu’elle a pu ?
Elle n’en est pas sûre. Quelque chose lui dit qu’elle aurait pu dire non, qu’elle aurait pu trouver, seule, un moyen de se refuser à son père, de se refuser au roi. Elle n’a rien fait d’autre que d’impliquer ceux qui ne le voulaient pas, exiger des autres une solution à ses problèmes, un moyen de se sortir de ses ennuis. Et elle a fait ce qu’on lui a conseillé, docile. Ce qui n’a pas fonctionné. Une âme a été fauchée, à cause d’elle, elle ne veut pas croire qu’elle a fait tout ce qu’elle pouvait, qu’elle n’aurait pas pu empêcher ce meurtre.
Shinta achève Peau d’âne, à l’instant où il la défend, où il lui trouve un courage qu’elle n’a pas, qu’elle n’a jamais eu et qu’elle n’aura jamais. Il ne lui a rien fallu d’autre qu’un peu de joyaux, d’or, de renommé, pour revenir dans la vie de son père et lui pardonner. Elle aurait pu rester sur ses positions, décréter qu’aucune excuse ne peut pardonner ce qu’il a fait. Mais à quoi bon ? Dans son sillage, la princesse aurait emmené un royaume entier, engendré une guerre qui n’avait aucun intérêt. Au fond, elle n’a pas eu le choix. Comme tout le reste de sa vie, Peau d’âne s’est contentée de faire ce que l’on attendait d’elle.
« Ce n’était pas du courage. »
Elle ne sait pas, elle-même, ce que c’était, au fond, mais elle sait que cela n’a jamais été du courage. Peau d’âne, malgré son nom, malgré sa réputation, est restée une princesse qui a besoin de briller dans les plus beaux vêtements, affublés des plus beaux bijoux. Elle a trouvé un certain réconfort, dans ce pardon, un besoin d’allier deux royaumes pour en former un plus grand, plus puissant. Pour qu’elle puisse être, ensuite, une meilleure reine que les autres. Au fond, c’est sûrement cela, qui l’a poussée à épouser le prince et pardonner au roi.
Plongée dans ses pensées, Liliann n’en ressort qu’en entendant Shinta l’appeler par son ancien prénom. Malgré elle, elle frissonne, se recroqueville un peu, dans son manteau. Elle n’aime pas ce prénom pour ce qu’il porte, pour le passé qu’il traîne derrière. Parce qu’il y a eu un homme pour l’appeler ainsi, d’une voix forte, calme et terrible, pour lui dire de venir, de ne plus bouger, de ne rien dire. Le ton de Shinta a beau être plus doux, chargé d’aucune ombre malsaine, Lili ne veut pas l’entendre. Elle pince les lèvres, consciente qu’elle a été la première à le dire, à le pousser à répéter ce prénom qui fut le premier de sa vie.
« Liliann ou Lili. C’est ainsi que je me nomme, désormais. L’autre… est mauvais, je ne veux plus l’entendre. »
Il n’est pas le seul, pourtant, de ses prénoms qu’elle n’aime pas. Il y en a un autre qu’elle n’a pas avoué, encore. Qui a longtemps été celui qu’elle a porté, comme un masque pour la cacher. Un nom tout aussi chargé de signification que le premier, un nom qui lui a été donné par un homme qu’elle n’a plus revu depuis qu’elle s’est mariée. Un homme qui n’a, sans doute, jamais existé.
« C’est ce que je désire, oui, affirme-t-elle, en caressant, à son tour, les doigts du Japonais. Remplir cette maison de bonnes choses pour que plus personne ne pense aux mauvaises. La laver de son passé pour lui donner un futur radieux. Si je le peux. »
Elle n’est pas certaine d’y arriver, mais elle aura, au moins, tout essayé. Pour la première fois de cette drôle de vie qui est la sienne, désormais, Liliann s’est accrochée à un projet, a donné tout ce qu’elle a pu pour le voir se réaliser, prendre forme et prospérer. S’il rate alors elle aura au moins essayé, et elle n’aura rien à regretter. En revanche, Lili n’a, dans ses mots, de pensées que pour la maison. Elle ne se sent pas concernée par ce qu’elle dit, par ce qu’elle devrait faire pour elle-même, pourtant. Elle sait, de toute façon, qu’il est trop tard pour se forger un avenir lumineux. Tout ce qu’elle veut, c’est avancer lentement, à son rythme, dans un présent ni bon ni mauvais, tantôt idyllique, tantôt catastrophique. Un présent comme un autre, en somme.
« Je suis là parce que mon père a été dénoncé par les deux seuls amis que j’avais, à cette époque. Je ne l’ai appris que récemment, et je ne sais pas comment les remercier. Sans eux, je serais morte. Je ne crois pas qu’ils l’aient bien compris, encore. »
Le petit sourire, bien que triste, sur ses lèvres, dénote presque avec ses mots, mais Peau d’âne se couvre de tendresse pour parler de cette partie de son passé. Elle n’a pas encore revu Maru, à ce moment-là, mais elle essaie de racheter sa dette à Ben, sans rien en laisser paraître. Parce qu’elle sait qu’il n’aimera pas, qu’il ira peut-être, même, jusqu’à la gronder. Elle est presque tentée, juste pour voir ce qu’elle n’a jamais vu, encore, sur le visage de son ami.
« J’ai été adoptée par une autre famille qui m’a donné ce nom, Liliann Poe. Une famille que j’ai fait exploser, de l’intérieur, juste parce que… parce que je le pouvais. Je ne saurais pas moi-même t’expliquer pourquoi, en vérité. C’est juste arrivé. Et quand ils m’ont tous détestée, comme je le méritais, j’ai fugué. Je me suis enfuie, sans avoir à m’inquiéter d’être trouvée. »
C’est, peut-être, la seule réponse valable, à toute cette histoire incroyable avec sa famille d’adoption : parce qu’elle n’a jamais réussi à se fondre dans la masse, à se faire une place, elle a fait son possible pour être rejetée, pour que personne ne soit tentée de la chercher. Puis elle est partie, dans les rues de New York, dormir à même le sol dans le froid de la grande ville.
« Un homme m’a trouvée sous un pont où je dormais. Il m’a proposée un toit, à manger, un métier. Je l’ai accompagné. »
Même sans avoir besoin de le lui dire, Liliann se doute qu’il doit deviner quel genre de métier peut être offert à une gamine perdue dans les rues d’une si grande ville. On ne devient pas PDG d’entreprise, après s’être roulée dans la boue, avoir dormi avec les rats. Elle était jeune, mince, malléable, c’était tout ce qui comptait. Et Lili savait pertinemment ce qu’elle faisait.
« Je savais ce qu’il attendrait de moi, mais je n’en avais rien à faire. Il m’a nommée Nahid, parce que ça se fait, dans ce genre d’endroit, d’avoir le nom d’une déesse, même après tout ça. »
Un passé qu’elle n’a jamais dit à son patron de l’époque, ni à personne. Parce que Nahid avait enfilé sa peau de danseuse et n’avait plus eu de passé. Oublié le père incestueux, oublié le piano, oubliés ses problèmes. Il ne restait que la danse et le temps, le temps qui passait tout doucement, jusqu’à ce que les doigts de l’autre se tendent vers elle.
« Tu dois comprendre, maintenant, pourquoi je ne suis pas quelqu’un de respectable, comme ils disent. J’avais le choix de le faire ou non, et je n’ai pas dit non. »
Avouer à Shinta le métier qui a été le sien, lui fait plus de mal que le métier en lui-même envers lequel elle ne garde aucune rancœur. Elle l’a juste fait, sans y penser, sans s’en inquiéter, et elle sait que si elle devait recommencer, elle ne se poserait, sans doute, pas plus de questions. Aujourd’hui, elle ne le peut plus, elle ne le veut plus, parce que les mains des autres lui rappellent celle qui n’existe plus. Parce qu’elle sait, aussi, qu’elle n’a plus rien d’une flamme tout juste allumée, qui danse sur la cire et brille fortement. Elle n’est plus qu’une tige rabougrie sur un reste de cire fondue. Même si elle se vendait, personne n’achèterait.
S et S Kamiya
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Personnage abandonné
| Conte : Kenshin | Dans le monde des contes, je suis : : Kenshin & Sanosuke (&Hiko²)
Shinta observa Liliann. De son regard plein de douceur qu’il posait, aussi, sur son père quand il disait quelque chose qui lui attrapait le cœur et ne le lâchait plus. Le genre de chose que Shinta sait qu’il pourra trouvé toutes les preuves du monde pour contre dire… cela ne marcherait pas. Pour Hiko, la phrase était « c’était moi qui aurait dû surveiller Sanada à l’époque, j’aurais du faire plus attention ». Liliann, c’était l’idée qu’elle avait d’elle-même qui était erronée. Mais il ne pourrait la faire changer d’avis en s’entêtant ainsi. Il le savait. Alors il se tut. Il ne reprit pas la parole après ses paroles. Il préféra attendre encore.
- Liliann. Lili.
Il répéta alors en lui offrant un sourire tendre et amical. Le genre de sourire qu’il devait bien lui faire enfant, même s’il lui manquait des dents. Le genre de sourire qu’il faisait par amour. On ne pouvait forcer ce genre de sourire à la fois tendre et inquiet. Et il le portait pour Liliann. Parce qu’elle était une personne qui comptait réellement pour lui. Pour avoir lui aussi un nom qu’il ne voulait plus entendre, il pouvait comprendre et ne redirait plus alors l’ancien.
- je comprends. C’est quelque chose de louable, et de merveilleux. Il y a bien qu’une personne comme toi pour avoir ce genre de pensée le sait tu ?
Lui ? Il avait fui les morts avec autant de vitesse qu’il l’avait pu. Un turbo aux fesses, il était sorti de SB dès qu’il l’avait plus et il avait fui tout le monde. Son meilleur ami/frère, son père/mentor, son petit frère/protégé. Il avait fui et n’était revenu que parce qu’il savait qu’Hiko pourrait se blesser à nouveau juste pour le faire regretter.
Shinta observa la femme devant lui. Il ne se doutait pas qu’elle avait vécu tout ça quand il la connaissait de ses yeux d’enfants. Une partie de lui s’en voulait de ne pas avoir pu comprendre cette souffrance qu’elle avait encore dans son cœur… une autre se disait que c’était normal, il n’était qu’un enfant après tout, et c’était la seule qui l’avait jamais fait ressentir comme cela. Un enfant dans un monde d’enfant. Et non plus un enfant dans un monde d’adulte qui ne voulait pas franchement de lui.
- Tes amis, je suis content qu’ils aient fait ça. Et je pense qu’ils ne l’ont pas fait pour être remercier, mais parce que tu comptais pour eux, alors j’imagine que la seule chose à faire pour les « remercier » serait d’être leur amie… même si cela signifie que je dois te partager avec eux.
Avait-il envie de partager sa Liliann ? Là tout de suite, non. Parce qu’elle était la mère qu’il n’avait jamais eu et qu’il n’avait que faire des autres… Devait il la partager ? Shinta savait que oui. Il espérait rencontrer les gens que Liliann aiment, les gens qui faisaient partit de sa vie, de son quotidien, qu’elle aimait. C’était la seule chose qui pourrait lui permettre de faire partager la femme précieuse qu’elle était à ses yeux.
- Je …. Je ne peux pas croire que tu mérites d’être détesté, je suis désolée. Et je peux encore moins croire que tu as fait quelque chose de mal, de manière délibéré. Les personnes comme toi, douce, tendre, familiale, elles ne sont pas … vilaines. N’essaie pas de me faire croire que tu puisses être la marâtre de Cendrillon je ne te croirais pas.
C’était tout, une certitude qu’il planta là. Et rien, ni personne, ne pourra lui faire croire que la femme qu’il apprécie autant puisse être vilaine. Il ne dit rien pour le fait de dormir sous un pont, dans le froid. L’image qui fut renvoyé l’attrista mais ne dit rien. Il pouvait tout à fait comprendre, admettre, et accepter la suite de l’histoire. Il ne pouvait pas s’empêcher de laisser ses yeux faire des images d’une Liliann, pourtant si gentille, seule, ayant froid et faim…. Et les gens qui passent dans la rue sans la voir. Shinta avait été un enfant dans une époque ou les mendiants n’étaient même pas considérés comme faisant parti de la société. Imaginer Liliann à leur place lui déchirer le cœur et il attendait la suite.
Il allait à nouveau répéter le prénom comme pour se faire une idée des chapitres de l’histoire qu’il entendait mais s’arrêta. Elle était Liliann, et il ne voulait pas l’appeler autrement. Il savait juste qu’une partie d’elle se nommait Nahid avant, et Kenshin ne pouvait que comprendre le sentiment. Cela le dérangeait, le grattait, comme une souffrance qu’il n’aurait voulu qu’être seul à connaître. Il voudrait lui dire que c’est faux, qu’elle n’avait pas vécu tout ça…. Mais il savait que ça ne changerait rien. Les faux souvenirs étaient aussi vivaces que les autres, et ça ne pouvaient pas changer.
- Je …. Je ne sais pas ce que tu veux que je te dise, mais je ne pense pas que tu ne sois pas quelqu’un de respectable.
Il n’avait pas envie de se comparer à elle… de lui dire, « tu sais moi je tuais des gens par centaine » parce qu’elle souffrait déjà assez de son passé…elle risquerait de le faire sien, sans qu’il ne puisse l’en empêcher, et il se refusait à cela. Alors il prit sa main dans la sienne et fit une pression dessus. Elle était respectable, et pure. Il secoua la tête doucement en retournant ses yeux sur elle dans un sourire.
- Le passé est passé comme j’ai entendu dans une chanson un peu moisi. Nous allons faire de cet endroit un lieu magnifique ou des enfants qui auront des soucis pourront venir, et discuter. Comme … ouvrir une ligne d’appel ? Pour les enfants qui n’osent pas parler ? Et des groupes de paroles ? Pour qu’ils puissent venir ce qu’ils se passent dans leur tête. Je suis sûr que tu pourras être la main tendue qui leur manque, parce que cette main…
Il releva la main qu’il tenait pour la montrer à leur hauteur à tous les deux.
- Cette main si douce a déjà sauvé une vie, de sur, et je suis sûr qu’elle a marqué, en bien, bien plus qu’une personne. Et qu’elle en marquera d’autres.
l ne comprend pas. À l’instant où il lui assure l’inverse, Liliann essaie de se persuader que ce n’est pas vrai, qu’il ne peut pas comprendre toute sa vie, tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle a subi. Parce qu’elle ne veut pas, au fond, que cette ombre tombe sur lui. Qu’il la prenne sur ses épaules comme elle s’est couverte, autrefois, de la peau de l’âne qu’elle a tué. Elle ne veut pas qu’il prenne sa douleur, qu’il la fasse sienne, qu’il la garde dans un coin de sa tête, de son cœur, pour ne plus jamais s’en débarrasser. Elle s’en veut, soudain, de tout lui raconter, consciente qu’il se ferme, lui-même, à la vérité pour ne pas ternir l’image de la femme qu’il a aimée comme une mère. Pourtant, Liliann est ce qu’elle a été. Elle a fait plus de mal qu’il ne peut l’imaginer.
Et s’il comprenait vraiment ? Si c’était elle, au final, qui se plongeait dans le déni pour ne pas voir qu’il a très bien compris sa vie, qu’il a réussi à peser ce qu’elle dit, à saisir tous les sous-entendus, les choses qu’elle n’a pas encore dites. Qu’est-ce que cela changera, pour elle, pour lui, pour eux ? Pour les autres, aussi. Elle n’en pas la moindre idée, Lili, et elle n’est pas certaine de vouloir tenter. L’inconnu lui fait soudain plus peur que jamais, dans sa drôle de vie. Elle a toujours fait face à l’obscurité sans s’en inquiéter, les bras tendus en avant pour tâtonner, trouver son chemin sans avoir peur de demain. Cette fois, face à lui, elle sent la frayeur la gagner, étreindre son cœur. Que fait-il faire, dans ce cas ? Peut-être continuer de tendre les mains vers l’avant et d’avancer, sans savoir si, dans les ombres, les doigts de Shinta attraperont les siens ? Elle a envie de tenter.
« Ce n’est pas vrai, se défend-elle, avec un sourire tendre. Ou alors, il faut définir ce qui est une personne comme moi. »
Une question piège, sans doute, à laquelle il ne vaut mieux pas se tenter à répondre. Qu’est-elle ? Encore et toujours les mêmes interrogations qui reviennent en boucle dans son esprit. Mais elle sait qu’elle n’est pas la seule à avoir ce genre d’idées, heureusement. Il y a tant de personnes, dans le monde, qui œuvrent mieux qu’elle pour le bien de ceux qui sont rejetés, de ceux dont personne n’a jamais voulu, de ceux qui, comme elle, finissent crachés dans la rue sans la moindre chance de rebondir, de réussir à trouver la bonne route à suivre.
« On n’aide pas quelqu’un pour être remercié, mais ça n’empêche pas de le faire tout de même. J’en ai besoin et envie, alors que doit-on faire ? Suivre leur envie ou la mienne ? »
Ce qu’elle demande sans dureté, sur le ton d’une véritable question qui lui tient au cœur. Même elle, elle n’a pas la réponse à cette interrogation. Elle se la pose depuis longtemps, bien trop longtemps, sans arriver à choisir un camp. Trop de pour, de contre, de chaque côté de la question. Il n’y a aucune solution.
« Et si c’était… eux qui devaient me partager avec toi ? »
Un sourire attendri étire ses lèvres sombres, pour lui signifier qu’elle le trouve mignon, qu’il a une façon de dire les choses qui lui gonfle le cœur d’un amour inconditionnel. Liliann n’a, peut-être, donné la vie qu’une seule et unique fois, mais elle a, dans le cœur, de la place pour tous les fils que ne sont pas d’elle. Tous ceux qu’elle a, un jour, voulu prendre entre ses bras pour les serrer contre son sein et leur dire que tout va bien, qu’ils ne doivent s’inquiéter de rien. Shinta, Sanada, Yahiko et même Sally. La liste est longue, mais l’amour est toujours aussi grand. Elle a de la place pour tout le monde, Lili, contre son cœur endormi.
« Ne sois pas désolé, c’est moi qui le suis. Je sais que c’est dur à avaler, mais je te jure que c’est la vérité. J’ai joué avec cette famille pour qu’ils me rejettent tout à fait. J’ai forcé le fils à m’aimer d’un peu trop près, j’ai poussé la mère à me détester, la fille à me mépriser. Je l’ai fait de mon plein gré et je ne l’avais encore jamais avoué. »
Elle s’en veut de lui donner la vérité ainsi, mais elle sait, Lili, qu’il ne croira rien de ce qu’elle dit, si elle ne lui balance pas la vérité en plein nez. Avec toute la franchise dont elle est capable, ses yeux noirs plongés dans les siens. Peut-il comprendre le mal qu’elle a fait de manière délibérée ? Peut-il le lui pardonner ? Elle a détruit une famille pour mieux se libérer de leur regard, braqué sur son épaule, de cette façon qu’ils ont eu de l’accueillir chez eux, elle, la poupée brisée. C’est ce qu’elle a fait, comme une dernière défense pour ne plus être aimée, parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir faire face à l’amour des autres, de le supporter.
Liliann se déteste pour cela, même si elle tente de mettre ces souvenirs de côté, de se dire qu’elle n’était pas totalement elle-même, que l’ombre de son père était accrochée à ses chevilles et soufflait un vent froid, au creux de sa poitrine. Mais elle sait qu’elle n’aurait pas dû agir ainsi. Elle sait que cela n’est pas juste, pour eux, qu’elle n’a jamais pris le temps de s’excuser. Elle est juste partie, vivre dans les rues de la grande ville, plus à l’aise, sous les ponts, que dans tous les lits de sa vie. Ou presque tous les lits, mais il est trop tôt pour penser à celui qu’elle a, parfois, eut envie de rejoindre en pleine nuit, la main posée sur la porte qui les séparait, sans oser entrer.
« Je ne veux pas que tu me dises quoi que ce soit, tu n’es pas obligé de parler. Je te donne ma vie, Shinta, à toi d’en faire ce que tu voudras. Si tu décides de respecter celle qui ne le mérite pas, alors tu as le droit de savoir pourquoi tu ne le devrais pas. Maintenant, tu es le seul à pouvoir te décider. »
Elle ne le forcerait ni à l’aime ni à la détester. Elle apprend de ses erreurs, la brune. Elle a conscience de ce qu’elle doit cesser de faire. Jusque là, elle a tout essayé pour détruire la tendresse des autres, à son sujet. Elle a blessé plus qu’elle ne le voulait, sans arriver au résultat escompté. Désormais, elle se contente de donner sa vérité et de laisser le libre arbitre se charger de la juger. S’il veut d’elle, elle sera là. S’il veut la détester, elle comprendra. Dans tous les cas, elle ne lui en voudra pas.
« Je… peux essayer de mettre en place une ligne, je n’y avais pas pensé. (Elle sourit.) S’ils n’osent pas parler, les groupes, c’est un peu compliqué. À cette époque, je n’aurais pas pu me tenir près des autres et leur raconter ce qui arrivait. Mais j’y penserai. »
Liliann se demande, à cet instant précis, ce qu’il voit, exactement, quand il la regarde de ses yeux noirs. Ce qu’il croit voir de si beau, chez elle, que rien de ce qu’elle peut dire ne ternira son image. Elle a, soudain, peur de l’estime qu’il a pour elle, qu’il finisse par être déçue parce qu’elle n’a jamais été. Lili n’est pas un ange, Lili n’est pas pure. Si elle l’a été, ses ailes ont été arrachées depuis longtemps. Il ne reste qu’un cœur en sang, une âme déchirée.
« Cette main n’a sauvé personne, Shinta. Elle n’a pas pu sauver ceux qu’elle aurait aimé sauver. »
Un aveu qui se coince au fond de sa gorge, alors que le souvenir d’une autre âme en peine s’impose à elle. Égoïstement, Liliann s’en détourne, reprend sa main au Japonais et fait quelques pas, dans le salon. Ses doigts glissent sur le grand piano, ses yeux sur les murs nus de tout tableau.
« Pour tout avouer, j’ai prévu un partenariat avec une peintre de la ville. Elle accepte de venir faire un atelier pour les enfants. Je pensais, aussi, contacter une pâtisserie. J’aimerais prendre contact avec l’orphelinat et récupérer, ici, les jeunes qui sont jetés dans la vie sans leur donner le temps de la comprendre. (Elle se tourne à nouveau vers lui.) L’annonce que tu as vue, c’est pour les enfants qui n’ont le droit de connaître que l’hôpital. Leur permettre de se rééduquer ici, dans un cadre plus privé, plus personnel, plus chaleureux, aussi. Toutes les blessures peuvent être guéries avec cette vue. »
Elle se plante devant les rideaux qu’elle a tant entrouvert pour voir le monde, dehors. De l’autre côté, il n’y a que la forêt, la vie qui remue en bordure de la ville. Parfois, tôt le matin, Liliann apercevait un lapin, un chevreuil ou même un renard se poser là, à la lisière du monde animal, à faire profiter le monde humain de sa superbe, de son calme. Même elle, dans ses douleurs, n’a jamais pu résister à une vue pareille.
« Qu’en penses-tu ? Je suis sûre que les enfants adoreront leur infirmier personnel, ajoute-t-elle avec un petit sourire, consciente que les enfants pourront lui faire autant de bien que lui leur en fera. Je pense qu’avec toi, je pourrai rendre tout ceci possible. »
S et S Kamiya
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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Personnage abandonné
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Shinta n’était pas le genre à se mentir, à ne pas accepter ce qu’il se passe et à « regarder ailleurs ». Il avait tué un homme. N’était ce pas le plus grand des crimes ? Il avait tué un homme dans chaque vie, et plus dans la précédente. Si depuis la fin de la malédiction, on n’a pas pu lui mettre l’étiquette de meurtrier, les deux passés qu’il possède, eux, l’avaient marqué en fer rouge. Alors il ne pouvait voir la femme en face de lui comme un monstre, quand lui, il savait l’avoir été.
Regrettait-il ce qu’il avait fait ? A l’époque de la guerre, on avait eu besoin de lui. Il avait été un pion, un assassin à la solde de personne qui voulait frapper politiquement le monde, renverser le pouvoir, faire « mieux »… Bien que le mieux fut relatif. Dans la malédiction, il avait tué un homme qui avait violé sa mère… Il ne l’avait pas fait exprès … Mais Shinta ne pouvait que se demandait si un jour, il aurait pu le faire consciemment. La mort de cet homme avait apporté la paix à leur vie. Une paix que Shinta n’aurait pas pu avoir avec l’existence de son géniteur sur terre.
Alors regrattait-il ? Il se souvenait d’une expression, ou d’une citation, qu’importe d’où elle venait « Regretter le passé, c’est courir après le vent ». Et en effet. Il ne pouvait regretter ce qui a été fait pour lui, dans un monde comme dans un autre. Maintenant, il avait plus de libre arbitre et il pouvait être le bien… et surtout faire en sorte d’aider les personnes bien … comme Liliann.
Elle n’avait commis aucun crime qui lui valait qu’il lui tourne le dos. Il n’était pas tout blanc, il avait eu son lot de faute qu’il avait enchainé même jusqu’au début de la malédiction … quand, dans son monde, Kaoru est morte pour le protéger d’un monstre qui avait pris sa place en tant qu’assassin quand lui il a déserté. Il se demanda alors, comme elle, ce qu’était une « personne comme elle ». Et il voulait peser ses mots. Alors il réfléchit à la formation de sa phrase. Comment lui dire, sans qu’elle ne reste dans son déni, qu’elle comprenne qu’il a compris, qu’il accepte … et surtout que c’est pour ça qu’elle veut tant aider les autres.
- Hiko me dit souvent « fais aux autres ce que tu aimerais bien qu’on te fasse ». Tu as été brisé, et tu as été obligé de faire des choix, des choses, qui t’ont poussé vers une vie que tu ne voulais pas totalement. Tu te sens à la fois coupable, et certainement, dit moi si je me trompe, honteuse. Tu ne veux pas qu’une personne puisse ressentir la même chose que toi. C’est ça une personne comme toi. Une personne qui, malgré tout son malheur, son passé, son inquiétude, ses peurs, font en sorte d’aider son prochain pour qu’il ne ressente pas la même chose.
Pour Shinta, elle était une personne bien. Par ce fait. Par ses actes. Ses actes actuels. Lui qui avait un lourd passé, il ne pouvait que comprendre que l’on veuille se racheter, dans une certaine mesure. Et c’était une force qu’il voulait voir évoluer. Liliann était une force de la nature à sa manière. La question suivante sur le fait de suivre une envie ou l’autre était épineuse. C’était une question qui se posait souvent. Si une amie veut faire des cadeaux, et que l’autre ne préfère pas, laquelle des deux devraient suivre l’autre ? Shinta pensait simplement au compromis qui pouvait se faire entre deux personnes. Et c’était ce qu’il faisait l’amitié.
- Suivre les deux envies. Ne leur dit pas « merci » mais fait le comprendre. Tu es une femme d’action… et là je ne parle pas de combat épique ou d’explosion, mais d’acte. Un sourire est une action. Et je pense que tu le feras plus clairement comprendre en utilisant tes actions, pour suivre ton envie, sans avoir à leur dire, pour suivre la leur … tu vois ?
Il essayait de trouver des solutions … en effet, et c’était un peu compliqué de trouver, et de comprendre comme mettre tout en place. Cependant, il savait une chose, si Liliann était amie avec une personne, c’était que cette personne était une personne bien. Et les personnes biens pouvaient comprendre les actions au-delà des mots. Il n’en doutait pas. Hiko le savait aussi. Shinta sourit à sa question suivante. Eux qui partagent avec lui ? C’était une idée.
- On doit tous partager. Mais tu sais, je serais heureux de rencontrer les personnes qui t’ont aidés dans le passé, et même maintenant. Après tout, dans mon cœur, tu es ma mère pour des raisons évidente, j’imagine bien que je ne sois pas le seul à ressentir cela.
Même s’il aurait préféré qu’elle ne soit sa mère rien qu’à lui… Une pensée un peu trop possessive et jalouse que Shinta se garde bien de dire. Il n’avait jamais eu de mère. Liliann avait été la figure qui avait fait office de mère. Il ne lui avait pas demandé son avis, c’était ainsi. Elle était la figure maternelle de sa vie… et elle était tellement douce, et … maternelle, qu’il se doutait que plus d’une personne devait avoir le même sentiment que lui à son égard.
- Je te crois. Mais … Je me demande juste pourquoi tu as fait ça ? N’était ce pas pour te protéger d’un rejet que du redouter ? On fait tous des erreurs quand on est plus jeune. La mienne fut de quitter Hiko dans mon monde, en me pensant indestructible. Je l’ai trahi. Pourtant on ne m’en tiens pas rigueur parce que j’étais jeune. Toi aussi, tu étais jeune, et tu venais de perdre tous tes repères pour un autre qui n’était pas chez toi…. Peut être que …
Il se pinça les lèvres alors qu’il était en train de réfléchir… on pouvait voir des engrenages rouillés se mettre en marche pour faire marcher la machine. Il essaie de trouver quoi dire pour lui dire qu’il comprends… mais que ce n’était toujours pas ça qui allait la faire passer pour une mauvaise personne à ses yeux. Il réfléchit.
- Et si on allait les voir ? Pour leur demander pardon ?
C’était une idée, un peu lancer comme ça, dans le vent. Une idée qui pourrait amener à rien et son contraire … mais si la jeune femme était toujours mal de cette histoire, peut être que le présent pourrait l’apaiser. Elle avait fait quelque chose de mal. Le mieux était maintenant de réparer les tords, de demander pardon, et de fermer cette parti de sa vie qui la bouffe encore à l’heure actuelle.
- Je ne veux pas ta vie. Fin pas dans le sens ou je veux en être propriétaire. Je veux juste que l’avenir soit plus radieux, et je suis sur que c’est faisable ! Encore plus maintenant qu’on en parle. Ma décision, je l’ai prise il y a déjà un moment, et je ne reviens jamais sur ma parole.
Il ne donnait que peu sa parole. Il ne la donnait que quand il était sur, et qu’aucune puissance extérieur ne pourrait le changer. Savoir ce qu’il pense de Liliann, ça ne changerait pas. Dans sa sincérité, et ses souvenirs, Shinta n’avait qu’une impression de sécurité avec elle. On ne faisait pas naître un sentiment pareil quand on était une personne mauvaise. On ne le pouvait pas. Pas avec lui qui avait eu sa vie à se retourner pour chercher quelqu’un voulant le kidnapper comme son frère. Que cela soit un inconnu ou son géniteur. Il n’y avait jamais eu en Liliann cette folie qui avait pris les yeux de l’homme qui l’avait engendré. Sa décision était donc simple. Il allait aimer Liliann jusqu’à la fin de ses jours, de cet amour enfantin qui lui tenait à cœur.
- La ligne, je ne pense pas que cela soit trop compliqué. Et on pourra certainement les faire recevoir sur nos téléphones portables. J’avoue que j’ai du mal à imaginer la quantité de personne qui auront besoin d’aide en même temps… mais si on peut avoir une ligne d’appel qui se renvoie sur nos téléphones ça fait déjà deux personnes. Et justement, les groupes seront pour ceux qui ont besoin des paroles des autres. Il arrive qu’on puisse avoir besoin de libérer sa parole, et de voir … juste qu’on n’est pas seul.
Shinta était le genre à n’avoir rien dit, à personne, jamais. Comment pourrait il dire qu’il est un tueur en série… ou un tueur tout court. Est-ce qu’on pourrait dire qu’il a fait un parricide ? Tout à fait. Plus personne ne pourrait le voir comme avant. Hiko et Sanada le savaient de leur ancienne vie, mais Shinta savait qu’il ne pensait pas à cette vie là comme à Shinta le meurtrier. Et il ne voulait pas voir, à nouveau, la déception dans le regard de Hiko. Shinta observa sa main et la prise. Dans une douceur qu’il ne connaissait que trop mal. Et il la plaça sur sa joue.
- Cette main m’a sauvé moi.
Il se doutait de qui elle parlait le plus. Et il ne voulait pas écraser son passé en le mettant au devant de la discussion… mais il fallait lui dire. Il fallait qu’elle comprenne. Sans elle, il aurait mis fin à ses jours il y a des années déjà. Il la laissa ensuite partir. Se soustraire de leur étreinte et marcher. Il écouta ce qu’elle avait prévu.
- C’est super. La peinture est un bon moyen de s’exprimer. Je suis prêt à faire cette partie là du travail. Je suis peut être spécialisé dans la rééducation, mais j’ai toutes les compétences d’un infirmier donc, il y a beaucoup de chose que je pourrais faire.
Il la laissa dans sa contemplation. Puis elle lui demanda ce qu’il en pense. Comme pour s’assurer une dernière fois qu’il était pour cette aventure avec elle.
- Je pense que plus le temps passera, plus il y aura des partenariats qui tomberont. Et pour la réinsertion des jeunes de l’orphelinat, tu pourrais aussi faire un réseau d’apprenti, ça aide toujours ? En tout cas je suis prêt à faire cela avec toi, chef !
Il sourit. Il n’appelait personne chef. Il ne considérait pas le chef de service de l’hôpital comme son patron. Il lui doit le respect pour la hiérarchie, mais ça n’allait pas plus loin… si le chef de service fait quelque chose de stupide, il le dit et passe pas par 4 chemins. Avec Liliann, il savait qu’il n’aurait jamais rien à dire, ainsi pouvait elle lui demander tout ce qu’elle voulait pour ce projet qu’il le ferait avec un plaisir qu’il ne chercherait pas à cacher.
- Je pense même qu’un partenariat avec l’hopital serait possible d’ailleurs. On est toujours en manque de personne comme des aides soignants, ou des femmes de ménages. Même si ce ne sont pas des métiers qui font rêvés, ça peut, peut être, être une expérience pour ceux qui le veulent, une entre aide entre les deux et un tremplin.
Depuis, il savait qu’ils avaient toujours besoin de personnel qualifié pour les aider. Infirmier c’était des années d’études, Médecin n’en parlons pas … Mais pour le reste, il y avait beaucoup de métier qui était souvent considéré comme « sous-métier » dans l’hôpital, mais qui était indispensable au bon fonctionnement de celui-ci. Peut être que cela pourrait intéresser Liliann. Après, il chercherait les connaissances qu’il avait, pour voir et trouver d’autres idées… mais c’était pour le moment la seule qu’il possède.
Il voulait lui aussi mettre une pierre sur l’édifice de bonté qu’était en train de mettre en place Liliann… même si cela devait être qu’une petite chose, il voulait faire parti de ce grand tout qu’elle allait faire naître au cœur même de SB.
es mots de Shinta sont étranges, comme une excuse jetée en travers de son passé, pour justifier ce qu’elle a fait alors que personne ne l’a poussée à le faire, même s’il veut s’en persuader. Sa vie avec son paternel n’excuse en rien son comportement avec sa deuxième famille. Personne ne l’a forcée à être méchante, à manipuler les autres pour arriver à ses fins. Cela n’y ressemble peut-être pas, avoué ainsi, mais c’est ce qu’elle a fait. D’une manière subtile, pour que personne ne le remarque, de la pire des façons, en somme. Liliann peut-elle jurer être quelqu’un de bien, dans ce cas ? Elle n’a tué personne, mais son poison est pire encore. Elle a rendu les autres coupables pour ne plus l’être elle-même.
Elle veut aider son prochain, oui. Comme une manière un peu maladroite de se racheter, même si elle n’y arrivera jamais. A-t-elle honte de ce qu’elle a fait ? De ce qu’elle a subi ? Elle n’en est pas certaine, Peau d’âne, mais elle n’ose pas le contredire. Peut-être a-t-il raison. Peut-être ne s’en rend-elle pas compte. Elle n’en a pas la moindre idée, en vérité. Elle sait qu’il n’a pas tort sur un point : Liliann ne veut pas que les autres enfants ressentent les mêmes choses qu’elle. Sauf qu’elle n’est pas idiote, la brune, elle sait pertinemment que cela n’arrivera jamais. Elle n’est qu’un rouleau qui s’écrase sur la plage et emporte, avec lui, une poignée de grains de sable. Toute la plage reste, elle, bien en place, ballottée par les autres vagues, sans personne pour les aider à s’en sortir. Elle préfère ne pas répondre, Peau d’âne, et sourit à l’homme qu’il est devenu.
« Je ne suis plus une femme d’action. »
Un gouffre béant semble, soudain, s’être ouvert entre eux. Il a toujours été là, en vérité, mais Liliann ne prend conscience de sa présence qu’à cet instant précis. Shinta a, en mémoire, une femme différente, une mère capable de dire non, de prendre les devants, d’user du peu de pouvoir qu’elle a pour obtenir ce qu’elle veut, pour elle, pour sa fille, pour ses amis. Désormais, elle n’est plus que l’ombre de cette femme-là, même ses sourires se sont ternis, assombris par ce désespoir qui l’étreint sans cesse. Lili ne veut pas dire merci avec des actes qu’elle ne saura pas faire. Elle veut montrer aux autres sa reconnaissance bien en face, avec des mots, de la sincérité. Un sourire n’est rien qu’un sourire, au fond. Il peut être faux, dissimuler. Ses mots, à elle, n’ont que rarement l’ombre du mensonge, accrochée aux talons.
« Certaines personnes ne comprennent pas les choses, si on ne les leur dit pas bien en face, tu sais. Je préfère dire merci, prouver que je le pense, plutôt que de le garder pour moi. Un sourire peut cacher une autre vérité. Des mots aussi, tu me diras, mais… je ne sais pas. »
Elle est, elle aussi, de ces personnes qui ne comprennent pas toujours ce qui n’est pas dit, qui ont besoin d’être bousculés dans leur certitude pour enfin percuter la vérité. Liliann ne veut pas croire qu’un sourire puisse lui être destiné, à elle qui n’est rien. Elle préfère que les autres ne perdent pas leur temps sur elle, qu’ils s’intéressent, d’abord, aux autres. Avec des mots, il lui est plus dur de nier (même si elle ne se gêne pas pour le faire), de jurer que ce n’est pas vrai.
« Un jour, peut-être, que tu les rencontreras. La ville est plus petite qu’on ne le croit. Je suis sûre que vous vous entendrez bien, aussi. »
Liliann ne doute pas que Ben, même s’il est fermé comme une huître, puisse apprécier la douceur de Shinta. Elle ne peut pas, pour l’instant, imaginer ce qu’il en sera pour Alec, mais elle espère, sincèrement que ses amis puissent tous s’entendre ou, au moins, se tolérer. L’inverse lui déchirera le cœur, à n’en pas douter, et elle préfère ne pas y penser.
Elle n’est pas sûre d’être d’accord, Peau d’âne, avec les excuses que lui offre Shinta. La jeunesse n’excuse pas tous les comportements du monde. Elle a fait du mal à des personnes qui ne l’ont, sûrement, pas mérité. Personne ne mérite d’être manipulé. Que se serait-il passé, si elle ne l’avait pas fait ? Elle serait restée avec eux, à vivre des jours tranquilles, elle n’aurait jamais rencontré Alec, ni celui qui a été son mari. Béryl ne serait pas née, sans doute. Hiko et elle ne se seraient jamais croisés. Ce qui l’empêche, égoïstement, de regretter tout ce qu’elle a fait.
« Ils n’existent sûrement pas. »
Ce qu’elle avoue dans un souffle, tout bas. À ce stade de sa vie, Lili se demande encore qui a vraiment traversé ses souvenirs, qui peut encore influer sur son présent, qui n’est qu’un souvenir inventé pour elle et n’a jamais existé pour de vrai. Tout comme elle se demande si Alec a vraiment été là, un jour, à ses côtés, à lui montrer des choses qu’il ne voulait pas, elle s’interroge sur la vie de sa famille d’adoption. Liliann a, même, la conviction qu’ils ne sont pas là, qu’ils ne l’ont jamais été. Ils ne viennent pas de cette ville, eux. Ils ont toujours vécu ailleurs, loin d’ici.
Elle sourit, Liliann, de cette manière à elle qui, pour une fois, se gorge d’une pointe de fierté. Elle est impressionnée par les mots de Shinta, par l’espoir qu’il a, au fond du cœur, et qu’il essaie de lui partager. Il n’a pas tort, au fond, mais elle a du mal à se laisser aller à ce qu’il lui propose, sans penser aux conséquences que cela pourrait engendrer. Alors, elle tapote gentiment sa main, dans la sienne, pour le rassurer sur son idée, et la rejeter en douceur.
« Nous ne sommes pas qualifiés pour ça, Shinta, nous ne pouvons pas prendre nous-mêmes ce genre d’appels. J’aurais trop peur de faire plus de mal que de bien. La porte de cette maison sera toujours ouverte, personne ne sera seul, jamais. »
Elle se demande, parfois, Peau d’âne, si elle devra quitter son travail à la salle de sport, abandonner Gajeel pour pouvoir terminer son projet et s’en occuper comme il se doit. Elle n’a pas envie de démissionner, pourtant, mais elle ne sait pas si elle pourra, correctement, gérer les deux en même temps. Doit-elle embaucher quelqu’un pour s’occuper de la maison quand elle n’est pas là ? Trop de questions auxquelles elle n’a, pour le moment, pas donné de réponse.
Liliann préfère se détourner de ses mots pour ne pas devoir avouer qu’elle n’a rien fait, que Béryl s’en est chargée pour elle. Même si elle a cru deviner qu’il n’allait pas bien, qu’il avait besoin d’elle, la brune n’a rien su faire pour lui venir en aide. Elle s’est contentée de jeter sa fille dans les bras de l’adolescent, de prendre la relève pour lui dire, de sa petite voix à elle, qu’il ne doit pas s’en faire, qu’elle veut dessiner des nuages blancs pour éclaircir ses rêves. Transformer les images effrayantes en jolies choses, c’est ce que Liliann lui a appris à faire, pourtant incapable de le faire elle-même.
« Tu as raison, ce sont de bonnes idées, je dois réfléchir à tout ceci et prendre le temps de tout mettre en place. »
La brune sourit, d’un sourire un peu plus marqué, moins triste, alors que son projet est promis à un avenir radieux, avec des personnes aussi motivées que lui. Elle ne doute pas qu’il pourra l’aider à réussir, à créer un lieu de paix pour ceux qui en ont besoin. Elle espère, sincèrement, que les choses iront tranquillement, que tout se passera bien et cet espoir l’étouffe un peu, pour tout avouer. Liliann ne s’est plus surprise à espérer depuis des années, sans arriver à savoir quand était la dernière fois qu’elle en a eu le droit.
« Nous allons faire quelque chose de bien, toi et moi. Main dans la main. »
Elle s’empare, à nouveau, de cette main si grande, comparée à celle d’autrefois et dépose un léger baiser sur le dessus. Avec lui, elle pourra aller plus loin, elle aura quelqu’un pour lui dire de ne pas abandonner, pour l’aider à continuer. Même si elle sait que ses amis auront ce rôle, un homme de l’intérieur sera encore plus précieux, plus influent, en un sens. Elle est prête à essayer de toute son âme, en tout cas. Elle le veut de tout son petit cœur qui bat, sans cesse, pour les personnes aussi douces que lui. Un petit cœur qui veut, soudain, abandonner son rythme endormi pour battre à l’unisson avec le sien et retrouver le monde. Cesser d’être spectatrice et redevenir actrice, de sa vie et de celle des autres. Jusqu’à son dernier souffle.