« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Finalement, tout est explicable, si on s'en donne les moyens.
Finalement, elle ne l’avait pas rattrapée. Tant pis. Sherlock marchait, tête baissée de sa démarche rapide et directe ses bras tenant ses avant-bras à cause du froid. Tout était… Confus, dans sa tête. Il s’était encore passé beaucoup de choses. Son cerveau avait eu du mal à tout enregistré, contrairement à d’habitude où c’était si facile. Là, on parlait d’émotions. Là, on parlait de ressenti. Sherlock n’était pas stupide là dessus… Mais il n’avait pas l’habitude. En somme, il avait besoin de digérer les informations avant de les comprendre. Comme quelqu’un de normal. Et c’était étrange d’être quelqu’un de normal ce soir. Sa route le mena vers le parc. Ce n’était pas tellement le chemin le plus court, mais Sherlock avait besoin d’y repasser rapidement. Pour fixer. Graver. C’était important pour lui. Alors que son regard fut attiré par une espèce d’ombre qu’il n’arriva pas à identifier, passant à côté du kiosque, une voix retentit derrière lui. « Sherlock ! »
Un bon dans sa poitrine, un sourire un peu bête, puis, il s’était retourné, le visage impassible, les sourcils légèrement froncés. « Oui ? »
Elle lui rendit son manteau. Puis lui demanda ce qui lui avait pris. Les sourcils de Sherlock se défroncèrent et un petit sourire désolé apparut dans le coin de sa bouche. Au lieu de répondre à la question, il attrapa son manteau. Il l’avait oublié. Pourtant, il y tenait beaucoup. « Merci. »
Et… Il n’avait pas répondu à la question. Tout simplement parce qu’il n’arrivait pas à exprimer ce qu’il ressentait. Ce qui lui avait pris. C’était tellement rare qu’il agisse comme ça… Qu’à la place… Il haussa simplement les épaules et fit une grimace étrange, entre l’excuse et l’incompréhension. Puis, il prit la foudre. Elle lui reparla encore d’Elliot. Aussitôt, comme par réflexe, il recula un petit peu de quelques pas. « Je ne suis pas très douée pour ces choses là. Ces explications, et ces... et j'ai pas envie d'être douée en ça. »
Sherlock baissa les yeux, et ricana un peu légèrement. Toujours son manteau dans les bras, il poussa doucement un caillou qui trainait là avec sa chaussure. Ses joues s’empourprèrent. En fait, ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde pour le moment. Mais… Au moins, ils se ressemblaient. Et ça, c’était un bon début. Lui non plus n’était pas tellement doué avec ces choses là. D’ailleurs, il n’arrivait toujours pas à faire la différence, entre ami, super ami et même petit ami. Si on appliquait les lois de la physique aux relations… C’était la même chose, mais avec une référentiel différent. Oui. C’était bien ça. La physique. Les mathématiques. C’était réconfortant. La suite fut plus complexe. Sherlock la fixa dans les yeux, impassible. Elle parlait du moment qu’ils avaient passé ensemble. Du fait d’être vivante. De se sentir à sa place. Alors qu’elle confirmait qu’elle n’y était pas vraiment. Sherlock leva la main et répondit au tac au tac. « Le monde, la maison… Ce n’est pas vraiment l’endroit qui le défini, ce sont les personnes qui sont avec nous. Tu es chez toi, à partir du moment où te te sens bien, c’est tout… Et… »
Et… Il en perdait tout son latin. Le détective cligna plusieurs fois des yeux. Pourquoi s’était si compliqué ? Pourquoi c’était si dur ? Il avait affronté les pires criminels en interrogatoire, il avait écouté les pires récits et les plus complexes… Mais là… Sur un sujet comme… l’amitié, ou des trucs qui s’en approchaient… Il avait l’air un peu pris au dépourvu. « Mais, tu es comme tout le monde. Tu es là pour toi, pour les autres. »
Pour moi aussi ? Non. Il ne fallait pas dire ça. Surtout pas ça. Sherlock n’était pas un expert en séduction ou en discours sentimentaux, mais il savait que ça, il ne fallait pas le dire. Surtout pas. Lui montrer son importance. Pour elle. Pour les autres. Et peut être qu’elle comprendrait son importance à ses yeux à lui. C’était un bon plan. Et pas trop compliqué. En fait… C’était comme les mystères et les énigmes. Les plus simples, c’était toujours les meilleures et celles qui ne venaient jamais aux yeux de ceux qui n’étaient pas des initiés. Peut être que si… Il charmait Nora, comme il résolvait les énigmes, ça marcherait ? D’ailleurs. Pourquoi il pensait à ça ? C’était ridicule. Pourquoi charmer Nora. Non, il allait lui bonsoir. Lui dire que c’était une fille formidable, qu’il fallait qu’elle arrête de se prendre la tête pour un oui, pour un non, ou pour un simple bâton. Qu’il fallait qu’elle vive. Qu’elle respire. Que le monde avait des couleurs, que tout le monde pouvaient les voir, mais qu’il fallait le vouloir pour bien les apercevoir. Oh. Belle métaphore. Il allait dire ça. C’était super beau. « Je t’ai juste ouvert les yeux. Le monde est en couleur, pour tout le monde. Il suffit de bien regarder pour les apercevoir. »
C’était pas mal. Pas mal du tout même, il en était assez fier. Même si ça ne ressemblait pas trop à la première version, c’était pas mal. Qu’est ce qui touchait sa main ? Ses yeux se baissèrent, et il se rendit compte que depuis qu’elle parlait, ses doigts étaient en contact avec les siens. Il ne put jamais dire, ou affirmer qui avait touché qui en premier. Ca avait été comme ça. Et il n’y avait pas d’explications à chercher. Parfois, comme disait son père, il n’y avait aucun mystère à résoudre. C’était juste… Comme ça. « On ne remercie pas les gens avec des baisers. Ca j’en suis sur. Pourtant, je ne suis pas un expert dans ce genre de code sociaux, mais ça je le sais. Il ne faut pas le faire. Surtout pas aux autres. »
Sherlock garda sa main en suspens, sentant celle de Nora proche… Une minute… Il avait dit quoi ? Pas aux autres ? Sous entendu lui c’était bon ? Mais pourquoi il avait dit ça ? Il fallait qu’il rentre. Qu’il s’enferme chez lui. Qu’il demande à John de lui prescrire de la morphine, et des antidépresseurs pour un mois. Il faisait n’importe quoi. « Tu me vois comme un clown ? Tu sais je n’aime pas spécialement les clowns. Je crois qu’on a au moins ça en commun, une mauvaise expérience là dessus. Et… Tu devrais arrêter de penser ça… Tu es... »
Il allait dire quelque chose de beau. Qui venait comme ça. D’instinct, sans réflexion, qu’il avait sur le coeur, et qu’il avait envie de lui dire. Parce que ça lui faisait du bien. De dire ça. Mais il n’en eut pas l’occasion, car elle recommença à lui parler du clown. Elle avait des obsessions. Les clowns, et les Elliots. « Oh ! »
Sherlock comprit. Tournant la tête vers l’endroit qu’elle désignait, il fit le Clown en train de rouler sur une espèce de vélo étrange, une guirlande trainante derrière lui, et chantonnant un petit air funèbre, mais… chanté avec un ton très rythmé et joyeux. Visiblement, il se promenait juste, et il ne les avait pas aperçu. « Viens. »
Sa main enveloppa la sienne, et ses yeux se plongèrent dans les siens. Au départ, leurs mains s’étaient juste effleurés, mais là, Sherlock l’avait faites glissé doucement et avait refermé doucement son emprise sur elle. « Baisse toi, et suis moi. » murmura-t-il.
Se baissant et tenant toujours Nora par la main, il l’entraîna à l’intérieure d’un immense arbuste. Se faisant très discret, il s’accroupit, et lui indiqua l’extérieur d’un petit geste calme. Il avait l’habitude de ce genre de filature. Voir, sans être vu, était une de ces spécialités. A l’intérieur de l’arbuste, avec cette obscurité, ils étaient totalement invisibles. Et l’avantage qu’ils avaient, c’était qu’ils voyaient très bien l’extérieur. C’était une bonne cachette. Enfant, Eurus ne l’aurait jamais retrouvée ici. Mais… L’inconvénient, c’était qu’ils étaient assez serré. Un peu gêné, il essaya de ratatiné sa grande silhouette au maximum. Mais… Il était très proche de Nora. Ses yeux restèrent dans les siens un moment, et il trouva la force de dire : « Observons le, avant de prendre une décision, et réfléchissons. Je ne le fais pas assez souvent quand je suis avec toi. »
Sous entendu, elle était tellement bête qu’il ne s’en donnait pas la peine ? Non ! Non non non ! Il ne voulait pas que ce soit interprété comme ça ! Mais… Est ce qu’il fallait qu’il lui avoue qu’elle le perturbait tellement qu’il n’y arrivait pas ? C’était peut être pire...et… Oh et puis. Zut. « Je veux dire que tu me troubles. Mais ce n’est pas important. Là, c’est d’agir. Observer, analyser, déduire, agir. »
Ah. C’est bon, ça revenait. Ses yeux se firent plus rassurant. D’ailleurs, ils se concentrèrent sur son front. Pas sur ses yeux beaucoup trop beaux. Enfin, bien formés. Enfin. Ca recommençait. Le front, oui, c’était très bien le front… « Qu’est ce que tu vois ? Je veux dire… Concentre toi. Et dit moi ce que tu vois précisément. Décrit moi la situation comme si j’étais aveugle. N’oublie pas de détails… C’est très important. Le moindre petit élément peut en réalité... »
Sa main était toujours dans la sienne. Il l’enleva doucement. « Tout résoudre. »
Son regard se détourna de Nora. Il eut du mal à se concentrer. Comment avait-il réussi à passer ? Quel corps avait-il vampirisé ? Comment s’y était-il pris ? Parce que, avant d’aller chercher de l’aide, il fallait répondre à toutes ces questions en récoltants quelque informations. Et ça, c’était dans ses cordes. « Oh, et je voulais te dire, tout à l’heure. Tu es très bien comme tu es. J’ai appris que ce n’était pas à toi de t’adapter au monde, mais au monde de s’adapter à toi. Nous sommes différents des autres, et c’est très bien. Ca nous rend unique, et c’est plus une force qu’une faiblesse… Mais, désolé, je te déconcentre. »
Sherlock, qui lui, avait fait sa propre observation, s’était retourné vers Nora. Les rayons de la lune ricochaient sur les fleurs de l’arbuste blanc, un [url=edia.ooreka.fr/public/image/osmanthe-fleur-blanc-carre-main-12225080.jpg]osmanthe[/url] à floraison tardive. Et au centre, Nora. C’était très joli. D’ailleurs, il en oublia le clown. Un peu. Il secoua la tête doucement comme si on lui avait jeté un vers d’eau. « Dit moi ce que tu vois, et nous croiserons nos observations. »
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Je m'étais accroupie, ma main dans celle du détective. On était caché par un arbuste qui diffusait une bonne odeur.
Se cacher, observer et étudier la situation, c'était le plan de Sherlock et je le trouvais plutôt rusé. On ne devait pas se montrer au clown. On ignorait si dans notre monde, ses pouvoirs étaient les même que dans le siens. Et peut-être qu'il fallait mieux savoir où il comptait se rendre, voir où il se cachait, afin de pouvoir plus facilement l'attraper. On ne pouvait pas le laisser circuler librement, ici.
Une chose était sûre, cette soirée était vraiment très particulière. On s'était retrouvé à une fête organisée par la Mairie, pour finalement devoir sauver Michoko et mes colocataires d'une situation extrême, avant de se retrouver chez Elliot et Lily pour un moment grandement gênant. Elliot s'était retrouvé nu face à moi ? Ca me perturbait toujours. Je l'avais toujours vue comme un garçon... ou plutôt comme un homme très charismatique et étonnement attirant. Et là, le fait de l'avoir vue... sous toutes ses formes, ça m'avait légèrement chamboulé. Je ne voulais pas le voir ainsi. Apple aurait surement dit que c'était une situation normale entre deux personnes qui s'aiment, mais il n'y avait pas deux personnes dans cette équation. Il n'y avait que moi. Moi, et une Lily amoureuse de son homme, ainsi qu'un Elliot amoureux de sa femme. Je n'aurais pas du le voir ainsi.
Au final, voilà qu'on se trouvait caché derrière un arbuste afin d'espionner un clown. On avait eu à faire à ce dernier il y avait même pas deux semaines. A croire que quand je me retrouvais en compagnie de Sherlock, ou de n'importe quel Holmes d'ailleurs, ma vie prenait un tout autre tournant. Il prétendait ne pas faire partit de mon monde, mais le siens était tout autant rythmé !
En tout cas, il avait du mal à se concentrer et ça lui arrivait de bafouiller parfois. Je trouvais ça plutôt... amusant. Même si ça m'embêtait qu'il agisse ainsi quand je me trouvais avec lui. Est ce que j'agissais de la même sorte face à certaines personnes ? Dorénavant, je tenterais de me contrôler.
Humant un peu l'air, et oubliant par la même occasion ce qu'on faisait ici, je reconnu enfin le doux parfum de la fleur qui se trouvait là. Je ne connaissais pas le nom de cet arbuste, mais les fleurs qui poussaient dessus, et encore à cette saison, étaient d'un blanc crème merveilleux. Il s'en dégageait comme une odeur d'abricot. C'était ce fruit que j'avais goûté en arrivant ici. A dire vrai, j'avais testé quasiment tous les fruits qu'on pouvait trouver sur ce monde. Et j'en avais trouvé aucun qui m'avait répugné. Au contraire. Ils étaient tous meilleurs les uns que les autres. L'abricot faisait partit de ceux que j'avais beaucoup apprécié. Sentir cette odeur ici, ce n'était pas désagréable.
Jetons un oeil par dessus l'arbuste afin de voir si le clown avait bougé, je l'avais vue descendre de son vélo à quelque pas d'un arbre. Il avait appuyé ce dernier dessus, avant de s'accroupir à son tour, et de sortir de sa poche quelque chose qui ressemblait à une cuillère. Voilà qu'il se mettait à creuser. C'était véritablement étrange et je me demandais bien pourquoi il faisait cela, et surtout... pourquoi il ne se montrait pas plus discret ? Je m'étais accroupie une nouvelle fois face à Sherlock. Il m'avait lâché la main.
« Il creuse. » lui dis-je tout en l'écoutant parler.
Ce qu'il disait me touchait. Il avait raison. Ce n'était pas à nous de nous adapter au monde, mais au monde de s'adapter à nous. Même si ce n'était pas facile. On doit tous faire un effort. Mes amis en avaient fait, et ils essayaient de me faire prendre conscience que j'étais ici comme chez moi. Cookie, Elliot, Apple, Violette... toutes les personnes que je cotoyait. Ce monde était remplis de gens bons. Mais ce monde n'était pas une terre facile pour y vivre. Toutes les époques avaient leur lot de problèmes.
En tout cas, il avait raison. Nous sommes différents des autres. Et je ne sais pas si c'est ce qui nous rend unique, comme il le dit, mais c'est plus une force qu'une faiblesse. Je savais qu'avec mes moyens, je pouvais aider les autres du mieux que je le pouvais. Et je me rendais compte grâce à Sherlock, que ce n'était pas uniquement moi qui était nouvelle ici. Dans cette ville, ils l'étaient tous. Il l'était lui.
Je le voyais m'observer. Observer ces fleurs. Je l'entendais me demander ce que je voyais par delà l'arbuste. Il voulait que j'observe une nouvelle fois. J'étais consciente de tout ça. Mais... il y avait cette chose dans ma tête. Je ne distinguais pas ce que c'était. Une voix ? Une sensation ? Une envie ?
Cette chose qui m'avait faite poser mes mains sur les joues du détective et m'approcher de lui, toujours accroupie. Puis, ça s'était enchainé d'une manière très naturelle. Comme si je savais précisément ce que je devais faire, et ce que je faisais. C'était étrange. Je l'avais d'abord embrassé, tendrement. Je ne réfléchissais pas à si je le faisais bien ou pas. Je tentais juste de lier mes lèvres aux siennes. C'était doux, intense et... ça faisait palpiter mon coeur.
Puis, je m'étais détachée de lui, l'observant quelques instants dans les yeux. J'avais la sensation d'être comme... envoûtée. Je n'arrivais pas à déchiffrer son regard. Etait-il surpris ? Intrigué ? Fallait-il que je m'excuse ? Mais au lieu de cela, après avoir rompu ce baiser un court instant et l'avoir observé, je m'étais une nouvelle fois avancée pour l'embrasser, passant une main derrière sa nuque pour nous lier encore plus.
Et quand ce fut fini, j'avais ôté mes mains de sur lui, conservant encore quelques instants les yeux fermés, et me mordant légèrement les lèvres. Je ne savais pas comment me sortir de cette situation. Je ne savais pas si j'en avais envie. Je l'avais embrassé. Deux fois. Trois, si on comptait la précédente fois. Et j'ignorais ce que je devais faire, maintenant.
« Merci... » murmurais-je en ouvrant les yeux et avant de laisser échapper un petit sourire. « Je sais... » poursuivis-je. « On ne remercie pas les gens avec des baisers. »
J'avais entendu ça quelque part. Peut-être de lui, juste quelques instants auparavant. Est ce que ça faisait de moi une vilaine fille d'embrasser pour remercier ? Est ce que j'avais fait cela pour réellement le remercier ?
« Je vais éviter que ça se reproduise. » lui avouais-je.
Je n'avais même pas joues rouges. Du moins je ne me sentais pas rougir. J'avais trouvé ce baiser normal. Du moins dans le sens où ça ne me choquait pas de l'embrasser, et ça m'avait paru être la chose à faire sur le moment, vue que... j'en avais envie.
« Tu embrasses bien... » laissais-je échapper.
D'accord. Là, peut-être que mes joues avaient légèrement rougis. En tout cas, j'avais croisé une nouvelle fois son regard, avant de me relever doucement pour voir où en était le clown.
Je n'en revenais pas... qu'est ce qui m'avait pris ? A cause de ce baiser, il avait disparu. Le clown n'était plus là. Je ne le voyais plus. Ni son vélo, ni sa cuillère, ni... ni lui quoi !
Me relevant totalement, j'observais bien mieux les alentours. Puis, j'avais tenté de prendre la main de Sherlock pour nous diriger vers là où s'était trouvé le clown quelques instants plus tôt, mais il était encore accroupis, du coup, je n'avais pas pu atteindre sa main. Ce n'était pas un soucis de toute façon. Il pouvait simplement me suivre. D'ailleurs, je m'étais dirigée vers là où le clown avait creusé. Il y avait un petit amas de terre retourné. Sans doute qu'il avait caché quelque chose dessous. Fallait qu'on sache de quoi il était question.
Observant une énième fois les alentours pour être sûr qu'il n'était plus là et pas nous faire surprendre comme des débutants, j'avais creusé la terre pour voir ce qu'il y avait mis. J'avais les mains légèrement pleines de terres au moment où j'avais trouvé juste un morceau de papier. Un petit morceau de papier plié en quatre.
Levant la tête pour observer Sherlock, je me demandais ce qu'il pensait de tout ça. Pas du baiser, mais du bout de papier. Est ce que c'était... enfin lui aussi pensait qu'il y aurait autre chose ? Hésitante, j'avais finalement ouvert le morceau de papier, afin de voir ce qui était noté dessus.
A bientôt Sherlock.
Ca n'annonçait rien de bon. Et il savait surement qu'on l'avait vue. Je me demandais bien à quel jeu il nous préparait...
CODAGE PAR AMATIS
Sherlock Holmes
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« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
J'ai fait un truc de dingue. Je crois. J'ai empilé une fille.
Il y a des milliers de façon de faire un thé. C’est descriptible, analysable. Quantifiable. Il y a des milliers de façon d’identifier quelqu’un simplement avec de la cendres de cigarette ou des traces de pas. C’est descriptible, analysable et quantifiable. Il y a aussi, des milliers et des milliers de façon de tuer quelqu’un. C’est descriptible, quantifiable, analysable. Il y a également des milliers de façons d’embrasser quelqu’un. On pose ses lèvres comme ça. Ou on fait comme ci. Mais… C’est indescriptible et inanalysable. C’est impossible de savoir. De dire, ce qui se passe. Pourquoi, comment, de quelle manière, dans quel but ? A ce moment, toutes ses questions sont sans réponses. Et… c’est plutôt agréable. Sherlock cligna des yeux. Lui rendant son baiser par deux fois. Répondant à cette immense envie, depuis qu’il a rencontré Nora. Cette chose inexplicable qui boue en lui, qui se tord dans son corps. Il passa son bras derrière sa nuque, et l’étreignit. L’espace d’un instant, pour lui, tout sembla s’arrêter. Son cerveau, cessa de fonctionner. Juste, l’instant. Le plaisir, l’envie, l’ivresse… Et le retour à la réalité. Comme quand on passe enfin le looping d’un grand huit. « Tu embrasses bien aussi. »
Sherlock n’avait rien d’autre à dire. Il n’avait rien d’autre à penser d’ailleurs. Seul l’héroïne lui montait aussi vite au cerveau pour couper toute sa réflexion. C’était fou… Car ça faisait l’effet de cette drogue, mais multiplié par 100. Il cligna des yeux à nouveau, et les rouages de son esprit se remirent en route. Lentement. L’arbre, Nora, le parc, Nora, l’évenement de la Mairie, Nora, leur cachette, Nora, le clown, Nora et encore Nora. Elle s’était levée. Et s’était dirigé ailleurs. Plus devant lui. Mais… Qu’est ce qui se passait au juste ? Soudain, tout lui revint en mémoire, comme un électrochoc. S’ébrouant, il se leva. Digne, rapide, sec. Marchant d’un pas assuré, conquérant comme jamais, il la rejoignit et l’observer faire. Elle creusa. Sorti un petit bout de papier et le tendit à Sherlock. Il le prit. Fronça les sourcils. C’était le moment d’utiliser ses capacités d’analyser et… « C’est un bout de papier… Avec des écritures dessus... » bredouilla-t-il.
Le détective cligna encore des yeux. Qu’est ce qui se passait ? Où était l’analyse du grammage du papier, de la calligraphie, de la façon dont était plié le petit bout de papier… Il aurait pu tant en dire… Mais… Pas aujourd’hui. Il regardait Nora et que Nora. En fait, il s’en moquait. Aujourd’hui, là maintenant, il n’y avait qu’elle. Le monde pouvait se passer de Sherlock Holmes pour ce soir. « Je te raccompagne. On n’en saura pas plus ce soir, je crois. »
Sherlock serra le bout de papier, qu’il avait doucement pris des mains de Nora. Il observa sa silhouette, puis son visage, à quelques pas de lui. Il avait envie de fondre sur elle et de l’embrasser à nouveau. Pas de savoir ce que voulait ce Clown. Il s’en fichait complètement. Mais… Il se retint. Il avait un minimum de connaissance sur les femmes pour savoir qu’il fallait arrêter là. « Rentrons, je te raccompagne. »
Ca faisait deux fois que Sherlock disait ça. Il ne voulait pas la raccompagner pour finir avec elle. Dans son lit. Surtout pas. Non. Il voulait simplement… Marcher avec elle, passer du Temps. Le laisser suspendu et… Ses pupilles se dilatèrent. Son cerveau fit un parallèle sur Elliot. Qu’ils venaient de quitter quelques instants auparavant. Peut être que c’était pour ça, qu’il était devenu Chronos. Peut être que, cette fille, était sa façon de suspendre le Temps… De ne plus avoir d’emprise sur lui… Il le savait… Il avait la clef de l’énigme du Ragnarok au bout des doigts mais… il préféra utiliser les siens pour caresser l’avant bras de Nora, tout doucement et dire maladroitement : « Je… euh… C’était très bien. J’en avais envie aussi. Ca c’est vu. Tu… On marche ? »
Et, il avait emboité le pas vers la maison de Nora. D’ailleurs, un bout de papier le gêné dans sa main. Il avait presque oublié de quoi il s’agissait. Il le jeta par terre. Qu’importe. Au bout que quelques pas, en silence, il se tourna vers Nora et trouva la force de lui dire : « J’aime bien. Quand on passe du temps ensemble. J’aime aussi quand on s’embrasse. Je t’aime bien. Je trouve que c’est une belle amitié. On devrait se voir plus souvent. »
En fait, ils étaient arrivé devant chez Nora. Il ne l’avait même pas vu… Avaient-ils fait un bond dans le Temps encore ? Non. Car elle semblait le regarder… Normalement. Non, ils avaient juste marché, l’un à côté de l’autre. Il avait senti son parfum en silence et… ils étaient arrivé. C’était très simple. Et cette simplicité plaisait à Sherlock, car il n’avait pas l’habitude. « Tu… disons… Après demain ? On va faire du sport ? C’est bien, ça. Du sport. Je passerai te chercher. Tôt. Je te tiens au courant. »
Sortant un marqueur de son manteau déchiré, il chercha un papier. Il n’en avait pas. Pourtant, il était persuadé d’en avoir tenu un, il y a seulement quelques minutes. « Mon numéro. »
Il lui avait pris l’avant bras, et lui avait écrit son numéro, et posé ses initiales. S.H. Tenant toujours son poignet… Il l’avait doucement attiré à elle. Et l’avait embrassé à son tour. Il n’y avait pas de raison de le faire une troisième fois. Il fallait toujours dire aurevoir. On n’était jamais certains de l’avenir. Ses lèvres restèrent sur les siennes, et il arrêta. Ces joues devinrent rosées à son tour et… l’enchantement fut brisé. Lui faisait un très léger clin d’oeil, il se contenta d’un simple... « Bonne soirée. »
Et, sans rien dire de plus, il fit demi-tour, son coeur déchiré de la quitter des yeux. Se dirigeant vers chez lui, il marcha lentement, sans véritablement voir où il allait. Une ou deux fois, il se surprit même à gambader par accident. Il ne se rendit pas tellement compte du Temps écoulé. Son regard se portait sur les différentes rues, qu’il suivait par automatisme. Soudain, il reconnu la rue d’en face. Il était arrivé et… BAM Il percuta avec violence le lampadaire présent dans la rue, devant le 221B, Baker Street. Ca faisait, très mal. « Oh, quel fracassant retour, mon frère. »
C’était Eurus. Sherlock porta une main à sa tête, il avait très mal, mais il n’était pas sonné. Enfin, il l’était encore, comme si le goût des lèvres de Nora étaient un poison qui l’empêchait de réfléchir… Mais… Le lampadaire n’y était pour rien là dedans. Elle sortait de la maison. « Fracaquoi ? » bredouilla-t-il.
Eurus écarquilla les yeux, sceptique. « Tu as peut-être une commotion. Que t’arrive-t-il ? Tu n'es jamais aussi maladroit, même quand tu es sous psychotropes. »
Elle s’approcha, pour l’observer avec attention. Il le savait. Elle ne lui faudrait que quelques secondes pour le deviner. Autant lui dire la vérité. Son arcade saignait légèrement, il s’essuya rapidement avec sa manche et dit : « J’ai empilé une fille. Je vais planter chez moi. »
Il ne s’était même pas rendu compte qu’il avait fait des erreurs. Quoi que… Il avait bien dit embrassé non ? Et rentrer ? Il avait un doute. Elle l’observa un long moment et fini par dire :
« J'hésite entre t'emmener aux urgences ou à la police. Parce que "empiler une fille" c'est presque inquiétant. »
Elle soupira, passa un bras dans son dos, et dit : « Viens on rentre, il faut que tu te reposes. »
Sherlock se laissa faire. Doucement, il monta les marches de l’escalier, et sentit Eurus proche de lui. Peut être était-ce dû au baiser de Nora, mais… ca avait éveillé la tendresse qu’il n’avait jamais eu. Une fois en haut des marches, il serra Eurus dans ses bras et dit : « On sert jamais assez ses proches dans les bras. »
Eurus se raidit. Visiblement surprise. Elle lui tapota le dos doucement. « Nom d'une pipe. Qu'est ce qui t'est arrivé? »
Elle rentra dans l’appartement, et déposa Sherlock dans son fauteuil. Un sourire un peu niais était sur ses lèvres et Eurus continuait de l’observer un peu inquiète. « Il faut que j'appelle John? »
Sherlock leva le nez, curieusement vers elle. John qui ? Ah ! Oui, John. Sherlock hocha la tête de gauche à droite. « Non non, merci. C’est bon… Ne t’inquiète pas… Je vais bien. J’ai juste embrassé une fille, et j’ai trouvé ça bien. Bref, je ne veux pas prendre plus de ton temps et... »
Sherlock marqua une pause, et fronça les sourcils. L’effet Nora était en train de se dissiper et ses sens revenaient. « Comment sais-tu que John est ici ? » « Je sais beaucoup de choses, mon frère. » dit-elle d'un ton mystérieux. « Tu voulais garder John rien que pour toi, n'est ce pas? »
Sherlock l'observa sans rien dire, elle semblait pensive. « Une fille... je la connais? »
Sherlock cligna des yeux plusieurs fois. Il semblait voir Nora partout. D'ailleurs, il remarqua que les yeux de sa soeur ressemblaient à ceux de Nora, et il sursauta. « Hein qui? Quoi? Non. Tu ne l'as connais pas. »
Sherlock hocha la tête de bas en haut. Sur de lui. Il était très bon menteur. « Tu veux que je reste ou que je parte? »
Elle semblait à la fois soucieuse... Et amusée. Sherlock mit sa main sous son menton et... Finalement, il déclara d'un air un peu enfantin... « Je veux bien que tu restes, mais qu'on n'en parle pas. On ne passe pas assez de temps ensemble. Je nous commande à manger, et on joue à un jeu. C'est très bien comme ça. Frank peut venir. A trois, Risk, c'est mieux. »
Et, il se leva, et alla chercher la boîte de jeu. Non sans savoir que ses yeux étaient dans son dos et analysaient ces moindre faits et gestes... Mais qu'importe. En réalité, il était heureux de la savoir là.
Au même moment, dans le parc de Storybrooke.
La nuit était là. Il faisait sombre. Sortant à son tour de sa cachette, un homme plia le journal qu’il avait dans les mains, avec soin. Son costume à carreau impeccable et ses chaussures cirés montraient que cet homme aimait prendre soin de lui. D’une démarche droite, directe et légèrement ampoulée, il se dirigea à petit pas vers l’endroit où il avait vu le détective Sherlock Holmes, ainsi qu’une jeune fille qu’il ne connaissait pas, à croupi en train de sortir un papier de terre. Bien sûr, il avait vu qui l’avait mis. Et, même s’il ne le connaissait pas, il avait eu l’intelligence de ne pas l’approcher. Posant son parapluie sur la « scène de crime », où la terre était encore retournée, l’oeil de lynx de l’homme s’approcha. Un petit papier, était mis en boule à côté. Il avait vu Sherlock le jeter. Le ramassant doucement, il le déplia proprement. Le lisant, ses sourcils se froncèrent. Lui, à la lumière de la lune, il analysa en une seconde le grammage du papier, la calligraphie et le pliage du mot. Ses sourcils se froncèrent un peu plus, devant… ce mystère laissa là, par le grand détective qui en était tant frillant. « Allons allons… Mais qu’est ce qui peut bien t’arriver, petit frère ? » déclara Mycroft Holmes d’un air curieux.
Et, sans un mot de plus, il alluma une cigarette, mit le papier dans sa poche et disparut dans la nuit.