Une année s'était écoulé depuis son retour de l'Irak, douze mois en solitaire sur les routes de la côte Est des États-Unis. Autant de villes, de chemins empruntés au hasard, de bonnes et de mauvaises rencontres que d'aventures inoubliables. Et pas une seconde sans penser à eux. Sur les 3510 kilomètres des Appalaches Maru avait dédié une lettre pour chacun des membres de sa famille. Il s'adressa à Ben en ces mots :


Hey beau gosse, il m'est arrivé un truc super bizarre aujourd'hui. J'ai croisé sur ma route un cerf de Virginie aussi majestueux que renfrogné ( il avait le même sourire que toi ) . Le bougre était blessé à une patte, incapable de se relever. Mais impossible de m'approcher de lui sans qu'il ne menace de m’écorcher vif avec ses bois ( La encore ça ne te rappel pas quelqu'un ? ). Il aura fallut bien plus d'une heure et quelques paquets de chips pour qu'il me donne sa confiance. Après avoir soigné sa blessure il m'a soufflé au visage, s'est relevé et s'est enfuie dans la forêt sans même me remercier. Cette vision surréaliste baignée dans la lumière du crépuscule m'a particulièrement ému, cela m'a rappelé notre première rencontre. Je ne sais pas trop pourquoi je repense à ça mais, tu te souviens du Yoyo qui avait pété la dent de Jimmy Davis en maternelle ? Je me demandais si tu l'avais toujours, je crois que c'est le premier cadeau que je t'ai offert. J'aimais beaucoup ce jouet, je suis sûre qu'il plaira à Sally et qu'elle en ferra un meilleure usage que nous à son âge ( déso Jimmy ). Je te quitte bébé, I just can't wait to get on the road again

PS: J’espère que tu veilles bien sur ma planque à cookies


La fuite avait été longue, éprouvante et semée d’embûches. Il avait traversé des déserts sans boire ni manger, des nuits perdu en forêt à chercher de la chaleur dans des abris de fortune, guidé par son seul instinct. Aucune carte n'aurait pu dire vers où l'aventurier se dirigeait car il ne faisait que suivre des fantômes. L'enfant qu'il avait assassiné en Irak marchait à ses côtés éternellement sourd à ses pardons. Au fil de son périple Maru avait finit par s’accommoder de cette présence. Perdu dans l’immensité de la nature sauvage il avait appris à se faire une alliée de la solitude. Le jour où il comprit que ce fantôme n'était autre que celui de l'homme qu'il avait été, Maru fut prêt à franchir la première étape vers sa rédemption. La prochaine serait de rentrer chez lui et d'affronter le regard des personnes auxquelles il tenait le plus au monde.

Sur le chemin du retour, l'ancien soldat n'avait qu'une idée en tête, avouer à Ben ce qu'il avait vécue. Se débarrasser enfin de la culpabilité et de la honte qui le rongeait. Son ami était le mieux placé pour savoir à quel point la guerre vous transforme. Il allait très certainement le traité d'abruti de Robinson Crusoé en lui tendant une bière et tout redeviendrait normal. Mais à son arrivée à l'aéroport de Storybrooke, Maru fut pris d'une soudaine angoisse. Et si il ne comprenait pas ? Et si ses frères et sœurs venaient à l'apprendre, quelle image auraient-ils de leur grand frère, quel modèle serait-il pour Sally et Ishanee ? Trop tard pour faire marche arrière, mais trop tôt pour avouer. Maru attendrait le bon moment pour le faire, mais pas aujourd'hui, car aujourd'hui était un jour de retrouvailles.

Trop anxieux, il n'avait prévenu personne de son retour à par son meilleur ami. Il était à la fois terriblement excité et apeuré, l'adrénaline lui montait à la tête. Avec son allure de vagabond, le voyageur à la barbe fournie, à la chevelure ambré et à la peau tannée par le soleil n'était pas sûr que quiconque le reconnaîtrait. Il avait troqué ses éternelles chemises à cravate pour un t-shirt acheté en duty free, vous n'imaginez pas à quel point Maru était heureux de porter quelque chose de propre. Il rêvait d'un bain brulant, de pancakes au chocolat, d'œufs brouillés,de mac and cheese et d'un bon gros burger, tout sauf du poisson et des orties, sa seule nourriture depuis des mois. Le voyage l'avait amaigri et la vue de tous ces restaurants lui était difficilement supportable. Il glissa l'unique pièce qu'il lui restait dans la fente d'un distributeur automatique et regarda la machine avec des yeux brillants, attendant impatiemment que la barre chocolatée tombe dans le réceptacle. Seulement rien, le Twix resta coincé lamentablement entre deux Bounty. Si Ben avait été là il aurait certainement secoué la machine jusqu'à ce que toutes les friandises en tombent ou lancé une grenade à l'intérieur, un truc qui fait boum quoi. Mais Maru était quelqu'un de civilisé, il se contenta de donner une petite tape sur le capot en pensant très fort à quel point il haïssait les Bounty. Quand soudain La barre bougea d'un millimètre et parvint finalement à se frayer un chemin vers la sortie. Maru s'empressa d'enlever l’emballage de son Graal en chocolat pour enfin mordre dedans. Il poussa un râle de plaisir intense comme s'il venait de découvrir le goût d'un Twix pour la première fois. C'est seulement à ce moment là qu'il remarqua les regards braqués sur lui. Il avait peut-être exprimé sa joie un peu trop bruyamment. Le sourire franc et les joues encore pleine de chocolat, Maru salua les voyageurs qui, à juste titre, l'avaient pris pour un affamé. Il était grand temps que Ben arrive car son estomac criait famine...

Ben observait les cartes qu’il avait gardées soigneusement dans un coin… plus exactement dans un pot à Cookie. Chaque carte avait eu son temps sur le frigo, puis quand une nouvelle arrivée, elle finissait dans le pot à cookie au dessus du frigo. Il n’oubliera jamais la tête de Sally la première fois où elle avait compris que ce pot à cookie. … il n’y avait plus de cookie dedans depuis que Maru était parti.

Aujourd’hui était un grand jour pour Ben, qui après avoir déposé sa princesse à l’école était partit pour … ailleurs. Il ne l’avait encore dit à personne ce qu’avait décidé Maru, mais Ben ne pouvait en être que ravi ! Revoir son frère revenir au bercail était … plus qu’une bonne nouvelle. Tout le monde revenait doucement, et Ben ne pouvait pas nier que ça lui faisait un bien fou !

Arrivé à l’aéroport, il alla directement au terminal qui devait déposer son ami. Personne. Il observa un peu autour de lui et demanda si Maru Smith était descendu. La femme dit qu’il a bien été noté comme partant de *insérer aéroport de départ ici* mais qu’il n’avait pas enregistré de valise. Ben sourit par avance. Il allait appeler ishanee et Dinah pour aller faire du shopping avec …. Pas question qu’il lui prenne ses habits. Il finit par revenir au milieu de l’aéroport en cherchant Chebacca … oui parce que Maru sans douche ni sans se raser ni se couper les cheveux ça devait donner quelque chose de très approchant. Alors qu’il se retourna, il entendit au loin le son d’un ours qui mange du miel. Oh, il l’avait trouvé.

Arriver vers lui, il s’approcha à pas de loup et lui piqua le reste de barre qu’il venait d’acheter pour le manger sans la moindre honte. Il fit un sourire alors qu’il ne dit rien sur son accoutrement.

- Toi mon grand, on paie une chambre d’hotel, tu te laves, tu te coiffes et te rases et je t’emmène dans un restaurant hawaien ….

Il fit un bisou à ses doigts pour les envoyer en l’air dans un geste très très …. Etrange pour Ben. Il sourit alors que pour le coup, revoir son ami valait bien toute la honte du monde.

Alors qu'il s’apprêtait à dévorer son reste de barre au chocolat, une main sortant de nulle part l'a subtilisa au nez et à la barbe du pauvre Maru dont le ventre gargouillait toujours comme un vieux tracteur.

- Mon Choco.... Ben ? S'écria-t-il en reconnaissant ce frère qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps. Sauf qu'au lieu de sa grimace habituelle, le grand brun avait quelque chose de nouveau collé sur la figure, quelque chose de radieux, non il ne rêvait pas.

- Et depuis quand tu portes ce... ce truc-là sur ton visage? Je crois que ça s'appelle un sourire. Ça te va plutôt bien, va falloir que je m'y habitue ?

Maru était si heureux de retrouver son grincheux préféré, il savait que son ami n'était pas le plus câlin des hommes que la terre ait connu mais sous le coup de l'émotion il ne put s'empêcher de le prendre dans ses bras. Son ventre gargouillait toujours, surtout depuis que Ben avait parlé d'un restaurant hawaïen. Depuis quand il y avait des restaurants hawaïen à Storybrooke ? Il pensa que beaucoup de choses avaient du changer dans la ville la plus étrange des états unis durant son absence.

- Tu peux pas imaginer combien de fois j'ai rêvé d'un délicieux loco moco, j'ai même rêvé que j'étais un hamburger et que je devais me dévorer moi-même pour survivre... dis-moi qu'ils en font ! Tu te souviens de ce qu'on avait mangé à Hawaii ? J'avoue qu'un porc kalua ne serait pas de refus là tout de suite, et tu me dois un Twix !

Maru gardait un souvenir exceptionnel du grand festin de Luau qu'ils avaient dévoré à Hawaï lors des retrouvailles entre Ben et Sally. Ces deux-là lui avaient terriblement manqués, comment avait-il pu survivre loin d'eux aussi longtemps ? En voyant son reflet dans une vitre, Maru comprit très vite où son ami voulait en venir. Il n'était pas question d'aller au restaurant avec cette allure de vieux pirate, lui qui faisait habituellement la morale à tout le monde sur les bienfaits d'une chemise parfaitement repassée et d'un visage sans poils qui piquent. "C'est plus doux pour les bisous" était sa devise et serait peut-être même un jour son épitaphe. Sans aucun doute sa famille allait être surprise de le trouver dans un état pareil. Il tenta de peigner ses cheveux rebelles et de défroisser ses vêtements en vain.

- T'as raison il faut vraiment que je trouve une douche quelque part, t'aurais pas pensé à me ramener une chemise par hasard ? Ce t-shirt sent l'aéroport...tu crois qu'Ishanee pourrait faire quelque chose pour ces cheveux ? Comment va ma fille ? Et Dinah, et Sally et les mioches ? Et toi, qu'est-qui t'es arrivé on dirait le bébé soleil dans les télétubbies, tu brilles mon vieux, comme un bien heureux ! T'as beaucoup de choses à me raconter je veux tout savoir sur tout ce qui s'est passé durant mon absence. Mais avant, trouvons une chambre d'hôtel ! C'est toi qui conduit ?

Il avait lui aussi beaucoup de choses à raconter à Ben, mais ne se sentait pas encore prêt à tout lui dévoiler de but en blanc devant un hamburger. La boule dans sa gorge était toujours présente, le bonheur des retrouvailles, la peur de décevoir ceux qu'il aime, tout se mélangeait dans sa tête sans qu'il n'arrive à faire le tris dans ses émotions. Il espérait que Ben n'ait rien remarqué à son agitation, ni a sa jambe boiteuse, mais il n'était pas particulièrement doué pour cacher des choses et certainement pas à son meilleur ami...

Ben souriait… parce que la tête de son camarade allait son pesant d’or et qu’il n’avait pas pensé un instant à prendre une caméra pour le garder.

- je souris parce que tu rentres à la maison, asshole, et il était temps !

Est ce que Maru avait manqué à Ben ? Il ne l’avouerait pas … pas tout le temps en tout cas, mais oui. Son frère lui avait manqué. Et il était bien content qu’il en avait eu marre de faire son SDF alors qu’il avait une maison qui l’attendait.

- Et ne t’habitude pas trop, il va disparaitre quand tu recommenceras à me taper sur le système.

Ce qui arrive… souvent…. Maru et Ben, Ben et Maru, des amis que personne ne pouvait dissocier …. Mais Maru tapait plus souvent sur le système de Ben que l’inverse. A croire que c’était son petit jeu pour se sentir de bonne humeur.

- Ne parles pas de tes rêves à Sally s’il te plait le cannibale, mais oui vient. Il y en a un, et même si rien ne vaut les crevettes de Kamekona,

Observant lui aussi le reflet de son ami, il se dit que ça lui allait bien l’allure ours des caverne, mais que c’était déjà pris par lui… Lui il pourrait être l’ourson. Le Koda de son frère des ours en sommes. C’était une idée. Il ne pouvait pas y avoir de ours mal léché à SB, ça serait beaucoup trop voyons.

- Oh clamos sur les questions. On va te prendre une chambre d’hotel pour prendre ta douche et j’irais acheter une chemise. Ishanee pourra faire quelque chose, mais à ta place j’irais voir un professionnel vu l’état dans lequel ils sont. Ishanee va bien d’ailleurs. Dinah aussi. Sally super. Les autres je ne sais pas plus que ce qu’on reçoit de temps en temps par mails, je te ferais lire. La seule raison pour laquelle je suis heureux c’est que tu es revenu, je trouve que c’est suffisant non ? Oui je conduit.

Ben était gentil, mais il ne laisserait pas sa voiture tout de suite à l’homme. Pas tant qu’il n’aurait pas fait une bonne nuit de sommeil dans un lit. Ben ne posa pas de question pour le moment sur ce qu’il l’avait poussé à faire ça. Ni sur son état. Il sentait bien que ce n’était pas le moment, et loin de lui l’idée de repousser son ami. Montant dans la voiture, il s’arrête rapidement au premier hôtel sur leur chemin (pas très loin de l’aéroport d’ailleurs)

Le poids sur son cœur s'allégea, lorsque son frère lui confia être heureux de son retour. Maru était profondément touché, considérant que pour Ben ''asshole'' était un compliment et qu'il était aussi rare de le voir se confier de la sorte que de voir un sourire sur ses lèvres. Ce n'était peut-être pas grand chose, mais pour un sentimental tel que Maru cela comptait énormément. Il avait eu si peur de trouver des représailles à son retour, Ben aurait sans doute eu raison de lui en vouloir, bien qu'il ait envoyé des lettres tout au long de son parcourt, rien n'expliquait qu'il ait pu abandonner sa famille de la sorte. Sur le chemin vers la sortie de l'Aéroport, Maru ne tarda pas à reprendre les bonnes vieilles habitudes, à savoir : taper sur le système nerveux de Ben avec des gros bambous façon joueur de tamtam.

- Alors comme ça je t'ai vraiment manqué ? Toi aussi tu sais, tellement qu'il m'arrivait parfois d'entendre tes grognements dans les bruissements du vent « AsshOOOle » « AsshoOOOoole », mais c'était probablement juste une vieille chouette.

Le voyageur sans bagage traversa l'aéroport bondé avec une émotion particulière. Il était heureux de retrouver la civilisation, mais la vue d'autant de monde le déstabilisa au point de lui faire perdre ses repères. Pendant une fraction de seconde il perdit Ben de vue et se senti plus seul que jamais au milieu de la foule. Il tourna sur lui-même, la peur au ventre et le souffle coupé comme un gamin perdu au milieu d'un centre commercial. Quand enfin il remarqua que son acolyte n'était qu'à quelques mètres de lui, Maru retrouva son calme. Il espérait que personne n'ait rien remarqué, mais son cœur battait à tout rompre. Maru prit soudain conscience que quelque chose avait déraillé en lui, la peur de mourir et plus encore la peur de perdre sa famille s'était installée sous sa peau comme un parasite, lui foudroyant le cœur de son épine glacée. Il l'ignorait encore mais c'est bien cette peur qui était à l'origine de son départ, un traumatisme qui sommeillait en lui depuis la mort de ses parents et qui s'était réveillée ce jour-là en Irak. Mais Maru n'était pas du genre à se laisser abattre de la sorte. Ce n'était sans doute qu'une baisse de tension dû à la fatigue du voyage et à la faim qui le tiraillait songea-t-il en retrouvant son sourire.

- Oula, j'ai eu un genre de vertige, ça c'est les crevettes de Kamekona qui m'appellent ! T'as bien raison il n'y a rien de meilleurs au monde, j'espère qu'on aura la chance d'en manger à nouveau. Je te laisse le volant, mais promet moi que t'as appris à conduire depuis mon absence, je n'ai pas envie de retapisser ton tableau de bord avec la pauvre moitié du twix que j'ai mangé.

Après une course effrénée en slalome pour éviter les bouchons, la voiture se gara implacablement entre deux voitures devant l'hôtel dans un crissement de pneus digne d'un film d'action. Maru était accroché à la poignée de la portière comme a une bouée de sauvetage, le visage pâle, les cheveux décoiffés par le vent et les yeux grands ouverts sur un monde qui retrouvait peu à peu sa stabilité.

- Ça en revanche, ça m'avait vraiment pas manqué !

Les deux amis louèrent une chambre, ce qui laissa la jeune fille de l'accueil quelque peu perplexe au vu de l'accoutrement de Maru et de la tête de Ben qui n'était pas du genre à attendre une remarques déplacée pour la remettre en place. Elle n'avait peut-être pas non plus l'habitude de louer un chambre à deux hommes, bien que nous soyons en 2020, bon dieu, pensa Maru. Histoire d'en rajouter un peu le blond essuya une petite poussière sur l'épaule de son ami, le sourire aux lèvres de celui qui a en tête une bêtise à accomplir. Heureusement, l'hôtesse ne fit aucun commentaire et se contenta de les dévisager avant de leur donner une clée accompagnée d'un charmant sourire colgate. Troisième étage chambre 305 messiers.

- Elle y a pensé... tu sais qu'elle y a pensé. Ou alors j'ai vraiment une mine aussi affreuse que ça ? Je suis sûre qu'elle y a pensé.

Maru faisait évidemment référence au fait que beaucoup de gens s'imaginaient qu'il y avait plus qu'une relation amicale entre lui et Ben. Une chose est sûre, les deux amis s'en foutaient royalement de ce que les gens pouvaient bien penser. Ils arrivèrent dans la chambre où Maru s'écroula sur le matelas comme un vieux cachalot sur le sable.

- Le lit, quelle merveilleuse invention. Sais-tu ce que ça fait de dormir sur une paillasse ou à même la terre, dans des grottes et des arbres ? Mal aux fesses pour sûr, mais pas que. Je crois que je pourrais m'endormir là tout de suite, faire dodo... dans un lit, un bon gros dodo...

Maru était à deux doigts de s'endormir, mais Ben n'avait sans doute pas que ça à faire et de délicieux plats hawaïen l'attendaient non loin d'ici. Il se releva en grognant comme un ours mal léché et se dirigea vers la douche. Sous l'eau brûlante il relâcha toute la pression accumulée durant ses longs mois d'errance. Il resta sous l'eau quelques minutes, peut-être un peu trop longtemps, il n'avait plus conscience du temps qui passe. En sortant de la douche il croisa son reflet dans le miroir et ne se reconnu pas. Les traits tirés, les joues creuses et la barbe qui était décidément de trop lui donnait l'allure d'un vrai Robinson. Il se rasa avec ce qu'il avait sous la main pour retrouver un peu de sa véritable apparence, mais rien n'aurait pu arranger les valises sous ses yeux si ce n'était deux ou trois jours de sommeil complet. Lorsqu'il réapparut devant Ben il avait toutefois déjà une bien meilleure allure, ne manquait plus qu'à enfiler les vêtements propre que son ami était parti lui chercher.

- Alors, beau-gosse ou pas ?

Ben releva les yeux au ciel quand il se fit comparer par une chouette. Il n’était pas si chiant que ça… il avait bien ses petits moments, mais ce n’était rien comparer à la plupart des gens … non ? Puis, quand son pote était un trou duc, il l’était jusqu’au bout alors on pouvait lui pardonner. Il ne dit rien et continua alors tout simplement le chemin vers l’hôtel. Alors qu’il marchait, il se rendit compte qu’il avait semer son ami. Alors il s’était arrêté pour l’attendre. Le regardant, Ben savait que quelque chose n’allait pas… mais il n’était pas le genre à demander… Il faisait peut être la même erreur qu’avec Liliann ? Il ne pouvait pas le savoir. Il savait juste que son meilleur ami avait quelque chose … et que pour le moment il ne le disait pas….

Il fit semblant de rien. Lui répondant seulement un « ta gueule » à son commentaire sur sa conduite. Il savait tout conduire, et bien, c’était son pouvoir magique dans ce monde. Alors ce n’était pas un petit merdeux (cf Maru) qui allait lui dire qu’il devait apprendre à conduire. Tiens pour se venger, il roula sec vite et bien. Bien fait. Il sortit de la voiture à l’hôtel en tirant la langue. Ben passa outre la tête de l’hôtesse. De toute façon, depuis le temps il ne faisait plus attention à ce qu’on pense de lui et Maru. Officiellement, ils sont tous les deux papas pour faire famille d’accueil, alors un peu plus ou un peu moins….

- Tu as une mine affreuse. On dirait un ours qui serait passé sous une débroussailleuse.

Elle pouvait y penser, ça n’avait jamais été ça entre lui et Maru. En tout cas du côté de Ben. C’était son frère, pas quelconque idylle homosexuel que l’on pouvait trouver dans toutes les séries de leur jour.

- Degage du lit, va prendre une douche, je vais te trouver des vêtements.

Une fois que son ami était parti… Ben sortit tout simplement son porte feuille et sortit de la chambre. Et il toqua aux différentes chambres qu’il y avait dans le couloir. Il réussi à acheter un caleçon à 5 euros, un t-shirt à 3 euros, un pantalon à 9 euros et une paire de chaussette avait été donné par un enfant dans une chambre plus loin. Il était revenu et attendait que son ami sorte de sa douche pour partir.

- Non, tu es moche, mais au moins maintenant tu sens meilleur, il n’y a plus de mouche qui te tourne autour.

Il se releva pour partir par la porte. Il observa le lit, et son ami, et la clé de la chambre. Il soupira. Payer autant juste pour qu’il prenne une douche ça le désole … mais après tout, un vrai lit, bien meilleur que la literie d’hôtelerie, et une vraie maison bien meilleur que tout au monde l’attendait à SB. Alors il descendit et rendit la clé. Il regarda la jeune femme pour lui dire …

- 10 minutes, douche comprise, y a pas plus rapide que lui.

Et il disparu en attendant son ami dans la voiture pour partir manger des plats hawaïens. A force d’y penser il en avait lui aussi l’eau à la bouche alors il DEVAIT manger.

- Ben quoi, t'as quoi contre les mouches ? Sache que lorsque j'étais perdu dans la forêt s'il n'y avait pas eu ces mouches pour m'accompagner je serais certainement mort de solitude ! Adieu Ben Ranger la mouche, tu me manqueras Marguerite, et toi aussi Philibert !

Maru sécha une fausse larme sur sa joue boudeuse, fit un signe de prière et adressa une dernière pensée à ses amis les mouches. Il enfila ensuite les vêtements que son ami avait récupéré pour lui. Le t-shirt semblait beaucoup trop petit, mais il l'enfila sans problème. Une chance qu'il n'ait rien mangé depuis des semaines. Les chaussettes en revanche...

- C'est bien mignon ce petit motif dinosaure mais t'as cru que j'avais rétréci des pieds pendant mon voyage ? Tient tu t'en serviras de cache oreilles pour l'hiver.

La chaussette s'envola à l'autre bout de la pièce pour venir s'écraser sur la face de Ben, ce qui fit beaucoup rire le blond déjà réfugié dans la salle de bain par peur des représailles. Enfin vêtu d'une tenue que l'on aurait pu qualifier de convenable selon ses critères, Maru emboîta le pas à son ami, guidé par les bourdonnements de son estomac affamé.

- Alors, qu'est ce qu'on attend pour aller manger ? Je meurs de faim !

Maru grimpa dans la voiture côté conducteur avant d'être viré par son ami d'un tour de manche. N'ayant pas touché un volant depuis plus d'un an il était plus prudent que Ben conduise ce super bolide. Il n'empêche que le blond en mourrait d'envie et ne tarderait pas à lui piquer la place à la première occasion. La sensation de conduire lui avait drôlement manqué, mais plus encore la sensation de voler. Il ne connaissait rien de plus exaltant au monde que de conduire un hélicoptère, ça et le surf, et aussi les crevettes de Kamekona.

– Ok j'ai compris, mais la prochaine fois ce sera mon tour !

La mine faussement boudeuse, Maru laissa son ami prendre place et alluma la radio. Au premier son de la mélodie il se senti soulevé par un vif enthousiasme. Il allât même jusqu'à pousser la chansonnette au grand dam du conducteur. La ville qui défilait devant ses yeux était plus vivante et colorée que dans ses souvenirs. Il s'extasia sur chaque chose, comme un enfant qui ouvre les yeux pour la première fois. Pendant quelques minutes le poids sur sa conscience l'abandonna complètement.


–Tu sais...Je crois... je crois que je n'ai jamais eu l'occasion de te remercier, genre vraiment. Pour tout ce que t'as fait pour moi et les enfants... j'y serais jamais arrivé sans toi. Alors merci vieux. J'espère que t'as pris soin de notre garage car je compte bien reprendre du service le plus vite possible. Ah l'odeur du cambouis au petit matin !

Le garagiste se frotta les mains, il n'avait qu'une hâte : les plonger dans un moteur ! Il n'avait plus utilisé son pouvoir depuis plus d'un an, il n'était même plus très sûr de savoir sans servir. Réparer des choses était devenu plus qu'un tour de magie, quelque chose d'inconscient qui se produisait sans effort et pas seulement sur les objets. À son contact certaines personnes se sentaient étrangement à l'aise, confiantes et sereines. Sa sympathie étant naturellement communicative cela n'avait sans doute rien de magique, c'était tout simplement son don, celui d'avoir un grand cœur.

Ben se gara en face d'une superbe devanture recouverte de fleurs dont l'emblème était un requin blanc jouant du ukulélé. La musique battait son plein à l'intérieur du restaurant et une délicieuse odeur vint pimenter les narines du blond qui, sorti en trombe de la voiture, salivait déjà devant le menu. Les deux amis ne se firent pas prier pour entrer et s'assirent à une table. La décoration était chaleureuse et réconfortante, Maru y retrouva toutes les odeurs et les couleurs des îles d'Hawaï qu'il aimait tant. S'il devait un jour quitter Storybrooke c'est certainement là-bas qu'il choisirait de vivre, c'était d'ailleurs la destination qu'il avait choisi pour finir ses beaux jours. Lui et Ben la barbe blanche, sirotant des cocktails face au coucher de soleil sur les vagues. Il s'y voyait déjà.

– Ben...Je crois que je pourrais plus jamais me passer de cet endroit ! Est-ce que j'ai le droit de gouter a absolument chacun de ces plats fabuleux ? Promis je me rattraperais en heure sup.


Un serveur au large sourire s’évertua à noter sur son petit calepin tous les plats choisis par Maru qui avait bien du mal à se décider :

– Je vais prendre du poulet huli huli... non du calamar Luau... non poulet huli huli... non les deux ! Ainsi qu'un bon gros loco moco burger et pour le dessert des malasadas et du pudding coco. Ce sera tout merci.

Maru leva la tête et voyant la mine déconfite de son ami se ravisa sur le huli huli seulement... et le loco moco, et les malasadas...

Il observa son meilleur ami … un homme normal l’aurait trouvé fou, lui aurait dit d’aller consulter … ou aurait été dégoûté d’apprendre qu’il avait parler avec des mouches pour combattre la solitude … lui, une partie de lui avait envie de lui dire que c’était bien fait pour lui. Il ne fallait pas partir si longtemps, seul, si on avait peur d’être sans personne aux alentours …. Mais cette partie de Ben était celle qui était un peu méchante parce qu’il n’avait pas apprécié la désertion de son ami… ou plutôt mal accepté qu’il ne lui dise pas la vérité …. Donc il dit la deuxième chose qui lui passa par la tête…

- Philibert ? C’est moche comme prénom.

Et il était tout à fait sérieux alors qu’il ne fit pas de commentaire sur la mouche Ben Ranger. Certainement que cette mouche était parti, trop blasé pour supporter plus de connerie de la part de Maru … en tout cas ce n’était pas Ben que ça allait impressionner. Quand il lui renvoya les chaussettes, Ben les renvoya sur le sol. Il l’observa un instant.

- Tu as maigri partout excuse moi de penser que c’est le cas pour réellement partout. Heureusement que tu es encore célibataire.

Si Ben n’était pas du tout porté sur le cul comme pouvait l’être la plupart des gens… il avait apprit avec Maru a en faire des blagues. Ben savait qu’il n’avait eu qu’une seule femme dans sa vie, et c’était Illyana, la mère de Sally. Sinon … il n’avait jamais eu personne. Et Illyana était la seule avec qui il avait eu des envies de sport horizontal. Ben ne trouvait pas du tout cela bizarre et il se fichait pas mal de ce que tous les autres pouvaient penser. Une fois prêt, Ben ne fit plus de commentaire sur l’impatience de son ami … s’il avait fait en sorte d’être présentable, il serait déjà à table….

Dans la voiture, il ne préféra rien dire… Il n’allait pas laisser un homme au bord de tomber dans les pommes parce qu’il a faim conduire SA voiture toute retapé. Puis, s’il veut conduire une voiture, il pourra en retaper une au garage. Après tout, en plus d’être garagiste, c’était aussi une très bonne activité qu’ils avaient toujours plus ou moins fait. Prendre des voitures, les retaper, et les revendre. Gagner des sous en s’amusant, par Ben et Maru. Ben le laissa faire son enfant, et sourit de le voir si … insouciant au fond ? Il le préférait comme cela que comme il était dans ses messages.

- les enfants ? De quoi tu me chantes ? Moi je n’ai rien fait. Tu étais déjà mon meilleur ami je n’allais pas te laisser. Et ne t’en fais pas notre garage se porte à merveille.

Il s’appelle Maru’s Garage … mais Ben le considère comme le sien… comme sa maison. Il ne pensait pas pouvoir en partir un jour, et il savait qu’il n’en serait jamais viré. Quand les parents de Maru sont morts, Ben a tout de suite dit qu’ils allaient tout faire pour garder la fratrie soudée et unie. May Day (le père de Ben) voulait aussi cela. Et c’était ainsi que tout avait fini. May Day était parti ailleurs pour faire une retraite, très certainement à Hawai même si Ben n’en était pas sur à 100 %. Ben arriva au garage en pensant à son père justement, la barbe blanche en train de siroter son cocktail … et ça le fit sourire.

- Vas y régale toi, mais n’achète que ce que tu peux manger. On pourra repasser commander après. Et pareil pour moi.

Il ne savait pas du tout ce que son ami avait pris …. Il n’avait pour ainsi dire, pas regarder la carte une seule seconde. Il savait que quoi qu’avait décidé de prendre son ami, ça lui irait aussi. Il prit la serviette et lui tendit alors qu’il prit la sienne et fit pareil.

- Tiens gros bébé, tu vas avoir besoin d’un bavoir, dans mon souvenirs si lointain je me souviens que tu es un petit cochon quand tu manges, pire que Dusty gamin.

Aussi Dusty, son fils adoptif depuis très longtemps lui aussi, avait la faculté de ne pas rester en place, jamais, et de toujours vouloir tout faire …. Et donc … forcément … quand il mangeait il en mettait partout, même au plafond…. Maru était peut être un brin plus propre, mais un bavoir sur des vetêments neufs ça ne pouvait pas faire de mal. Le serveur arriva avec les entrées. Ben sourit alors et picora dedans avec son assiette.

- Bon et si tu me racontais maintenant pourquoi tu ne t’es pas nourri convenablement depuis qu’on s’est séparé ? Parce que tu as maigri pour de vrai. Tu sais que si tu avais besoin d’argent il fallait me le demander.

Parce que lui n’était pas allé faire, comme Dinah et Maru d’ailleurs, les Smith avait la bougeote …. Bref lui n’était pas allé faire le tour du monde …. Il était bien resté dans des endroits magnifiques, mais il avait travaillé, et il avait fait son possible pour économiser … assez pour avoir deux maisons, mais la seconde, se trouvant à Hawai justement, est un secret… pour personne juste il n’en parle pas et la loue à des vacanciers avec une entreprise spécialisé.

- Dinah, Sally, Ishanee et Liliann seront ravis de te revoir je n’en doute pas.

D’ailleurs …. Ben avait il parlé de Liliann à Maru ? Lui il la connaissait sous le nom d’Ahanis de l’époque de l’école … et il ne l’avait pas revenu depuis … Il n’était pas sur de lui avoir dit pour elle … mais c’était sa faute à ne jamais lui laisser le temps de répondre à ses cartes voilà !