Down and out

Franchement être à la tête d'une secte, c'était beaucoup plus compliqué que sur le papier ! Moi je pensais que j'allais avoir plein de partisans qui feraient tout à ma place et que moi j'allais simplement me faire adorer tranquille. En réalité, il fallait tout faire. Je devais organiser toutes les réunions savoir ce qu'on allait faire (même si nos activités consistaient à faire des sacrifices d'humain et d'animaux à... moi-même. Oui je suis mégalomane.) En plus, il fallait gérer les absences, vérifier que personne n'était là pour m'espionner u quelque chose du genre et tout ça en faisant croire à la police et aux pouvoirs publics que ma secte était totalement légale. Pas que le fait d'avoir une secte soit illégale, on est quand même aux États-Unis, mais je ne suis pas certain que la police apprécierait de voir que l'on tuait des gens. Disons que ça, c'était pas hyper légal. Enfin bref, on était en fin d'après-midi et il fallait que je trouve un humain à apporter jusqu'à la salle de réunion pour le sacrifier tout à l'heure. Au moins je serais certaine que je ne redeviendrais pas subitement fantomatique pour faute d'absence de meurtre. J'avais déjà tuée quelqu'un il y a deux jours de toute façon, donc je ne risquais rien.

Première chose : trouver une victime. J'étais devenue une experte pour ce genre de choses. Pour cela, je m'étais dirigé dans les rues de Storybrooke. Il y avait du monde à cette heure-là, mais il n'y en avait jamais assez pour m'empêcher de réaliser un kidnapping. Je pouvais kidnapper n'importe qui : j'avais déjà kidnappé des mamies, des bébés, des enfants, des quinquagénaires, des personnes qui faisaient deux fois ma taille et deux fois mon poids. Il fallait de tout pour faire un monde comme on dit. Mais il fallait avouer que les bébés et les enfants c'était ce qui était le plus pratique. Et, ils étaient particulièrement naïfs. N'ayant pas spécialement envie de battre un de mes records, je choisis la facilité. Je vis deux enfants jouer ensemble aux alentours du parc. Leur mère regardait d'un œil furtif ce qu'ils faisaient, trop occupée à discuter avec une autre maman. Voilà ce qui arrive quand on ne fait pas gaffe à ses gosses. Je m'approchais d'un grand sourire des enfants. J'étais déjà bien gentille, je comptais lui en laisser un vivant. Autant prendre le garçon : il était plus grand et toute maman préférerait avoir une fille de toute manière. Je leur dis que je venais de gagner au loto et que j'avais envie de faire plaisir aux enfants en leur offrant un jouet de leur choix. Bien sûr, ces idiots y ont crus. On pouvait vraiment leur faire croire n'importe quoi. Les deux commencèrent à me suivre, sans prendre le temps d'alerter leur mère, qui avait d'ailleurs changé de cible puisqu'elle avait l'air de discuter langoureusement avec un papa. Est-ce que le parc était le lieu de rencontre préféré des parents célibataires ? J'ai arrêté la petite d'un coup de main, lui disant que c'était chacun son tour, pour éviter de faire des jaloux. Elle avait l'air déçue. Tant pis. Plus tard, elle me remerciera. J'emmenais le petit jusqu'à une ruelle où je lui mis un sac sur la tête et quelque chose dans la bouche pour l'empêcher de crier.

Il suffisait maintenant de retourner à la cabane abandonnée dans la forêt où les réunions de la secte avaient lieu, la plupart du temps, sans me faire remarquer. Je réussis sans trop de problème grâce à mon pouvoir d'invisibilité. Celui-ci s'appliquait aussi à ce que je portais, alors je pris le gosse dans mes bras et traversa la ville tranquillement. J'avais prévenu tous mes fidèles, ne leur expliquant pas réellement ce qui allait se passer. J'aimais les laisser dans le mystère. En attendant que chacun arrive, je mis en place la salle. J'avais laissé le gosse dans un placard (j'aurais pu directement le mettre au milieu du pentagramme, mais ça ruinait l'effet de surprise, non ?). J'avais ensuite dessiné le pentagramme et mis des bougies aux extrémités. Oui, le pentagramme était d'habitude plutôt destiner à Satan mais, ce n'est pas comme si j'avais un symbole rien qu'à moi. Je faisais comme je le pouvais, comme je l'ai dis, ce n'était pas si facile d'être leader d'une secte. Mes fidèles arrivèrent petit à petit. Au moins, ils étaient à l'heure. Ils savaient très bien ce qu'ils risquaient en cas de retards ou d'absence de toute manière. Nous pûmes commencer la séance en toute tranquillité. J'amenais alors le gosse, au milieu du pentagramme et distribua des couteaux à tout le monde. Je retirais le sac de la tête du minus (mais pas ce qui l'empêchait de parler, même si j'aimais entendre la souffrance de mes victimes, il valait mieux être prudente). Alors que j'expliquais à mes fidèles comment nous allions disséquer ce spécimen, une femme s'introduit à l'intérieur de la cabane. Je la reconnaissais très bien, et elle n’annonçait pas de bons signes. C'était la procureure de la ville. Je lui fis un grand sourire, cachant le couteau dans mon dos.


-Bonjour madame la procureure ! Comment puis-je vous aider aujourd'hui ?

Down and out

Cette pauvre procureure n'avait aucune idée de l'endroit dans lequel elle venait de rentrer. Et surtout à qui elle avait affaire. La grande Blanche de Mitry n'obtempérait face à personne, encore moins quand elle avait toute une armée de fidèles à ses côtés. La procureure Atkins pouvait rêver de me coffrer autant qu'elle le voulait mais ce rêve devait rester tel quel. Jamais elle n'arrivera à me poursuivre, tout comme la police n'arrivera jamais à me passer les menottes. C'était peine perdue. Cela faisait des années que j'échappais à toutes les forces de l'ordre de la ville. Même des siècles si on comptait le monde des contes. Ce n'était pas aujourd'hui que cela changerait parce que madame la procureure avait enfin décidé de bouger son popotin et de me payer une visite. Il était temps que quelqu'un s'occupe de mon cas, non ? Je n'étais pas certaine que laisser une tueuse en série dans la nature soit une bonne chose mais bon vu l’efficacité de la police et du système judiciaire, je n'avais pas de souci à me faire.

J'hésitais pendant quelques secondes à comment procéder à cette invitée qui était loin d'être prévue. Ce n'était quand même pas croyable de se faire déranger en plein sacrifice ! Les gens n'avaient vraiment plus aucun respect de nos jours... Mais, je ne savais pas quoi faire d'elle. J'avais envie de m'amuser avec elle, lui laisser une chance de fuir avant que je ne lui tranche la gorge. Le chat s'amusait toujours avec la souris, et parfois, la laissait s'échapper. Pour faire durer le plaisir. Mais, sa présence ici pouvait être dangereuse, et je me devais de faire attention. Il devait rester quelques cadavres dans les placards de la cabane et... la présence du gamin au milieu du pentagramme ne présageait rien de bon quant à mes intentions. Avec son fichu mandat, elle était en toute légalité de fouiller chaque recoin de la cabane. Pas que la légalité m'inquiète mais je n'avais pas spécialement envie de fuir la ville quand Elena aura rassemblé toutes les informations compromettantes sur moi. Enfin, à l'heure actuelle personne ne pouvait m'enfermer, du moins sans pouvoirs mais je me doutais bien que la police n'hésiterait pas à demander l'aide d'un dieu ou d'un sorcier pour m'enfermer et là... ce serait fini de moi. Bon, je devais prendre une décision : tant la procureure que mes fidèles s'agitaient et, ça ne finirait pas bien si je ne les guidais pas.

-Mais bien sûr qu'on va vous laisser fouiller notre humble cabanon ! Ne faites pas attention à la décoration, c'est un peu glauque je vous l'avoue mais c'est très à la mode ! Un café ? Je me retournais, désignant un de mes fidèles. Tiens, toi, va faire un café à notre invitée, qu'elle se sente comme chez elle !

La procureure fut sûrement surprise du fait que j'accepte de la laisser rentrer sans me rebeller ou quoi que ce soit. Il fallait toujours surprendre l'adversaire, pour mieux l'attaquer ensuite. En réalité, j'aurais déjà pu la tuer une dizaine de fois, surtout maintenant qu'elle avait passé le pas de la porte et que je remarquais qu'elle n'avait pas amenée d'équipe avec elle. Est que cette femme était suicidaire ? On dirait bien... Elle regretterait sûrement son choix plus tard. Pour le moment, elle ne faisait qu'observer l'endroit dans lequel elle mettait les pieds. Dommage pour elle, elle ne pouvait pas m'arrêter pour la simple présence d'un pentagramme au sol et... ah oui, le gosse. Je devais m'occuper de ça. Mais, je ne pouvais pas m'absenter, puisqu'il fallait que je surveille la procureure afin qu'elle n'ouvre pas le placard rempli de corps. Heureusement, en tant que fantôme je n'avais pas d'ADN donc le lien avec moi ne pourra pas être fait, sauf par le fait qu'elle trouvait ces corps dans une cabane qui m'appartenait. Pas forcément une bonne chose donc. Bon, tant pis, il fallait que je confie la mission du gosse à un de mes fidèles. Je fis signe à l'un d'eux de s'approcher.

-Prends l'enfant et va le cacher. Dans une cave, une ruelle, une poubelle, peu importe. Donne moi juste l'emplacement exact quand ce sera fait. Ah, et achète lui à manger, je ne sais pas pour combien de temps notre invitée sera là, et on a besoin de lui vivant.

Il prit l'enfant par le bras et s’exécuta. Tous mes fidèles n'étaient pas des lumières mais, normalement, j'en avais choisi un qui pourrait faire le travail demandé correctement. Du moins je l'espérais. Je me retournais pour voir que ma procureure préférée était déjà passé dans la seconde salle. Le cabanon était en réalité une cabane de chasse que j'avais trouvé à l'abandon (à moins que j'avais tué ses propriétaires, je ne me souviens plus très bien) et qui était assez grand, une sacrée aubaine donc. Mais, c'était dans cette seconde salle que se trouvait le fameux placard, et je voyais qu'elle s'en approchait dangereusement. Un de mes fidèles me lança un regard paniqué, comprenant où elle se rendait, ce à quoi je répondis par un léger sourire en coin. Je me rendis invisible et vola en quelques secondes jusqu'au placard et rentra dedans avant d'attraper tous les corps, tenant debout, et les rendant donc invisible à leur tour. Elena ouvrit le placard peu de temps après et ne vit donc qu'un placard vide. Mon plan avait marché, comme toujours.

-Mais... Où est passé notre maîtresse ?

-La ferme ! Elle cache les corps du placard !

Encore plus discrets, je crois que c'était impossible à faire... Elena se retourna, surprise, ayant entendue chaque parole de leur conversation. J'en connaissais deux qui allaient mourir dés que cette entrevue avec la procureure était terminée... Cette dernière se tenait juste devant le placard, attendant probablement que je fasse réapparaitre les corps. Si c'était ce qu'elle voulait, alors c'est ce qu'elle aurait. Je me décalais des corps, les rendant visibles à nouveau. Mais la porte du placard étant ouverte et moi décalée, plus rien ne les retenait de tomber et trois corps, dont un d'un obèse, tombèrent sur Elena qui s'écroula sous leur poids. Je ne pus m'empêcher de rire de façon sadique tout en réapparaissant à mon tour.

-C'est bien joli les pantins mais ça ne tient même pas droit. J'espère qu'ils en feront de meilleure qualité.